J'avais prévu de faire vite, mais je n'ai pas pu tenir ma promesse... (la rentrée, quoi!)

Question : quid des"rar" qui ne sont plus "allowed" ? Autrement dit, quelqu'un connaît-il le fin mot de l'histoire à propos de cette nouvelle politique sur le site interdisant qu'on réponde aux reviews dans nos chapitres ? Pour les reviews des personnes enregistrées, je veux bien (un clic sur "reply" et c'est fait). Mais pour les autres ?

Donc, je remercie Amducias (dsl pour le retard) et Oxaline (le tome 6, quel choc !), ainsi que Gwenaelle et UnDo (à qui j'ai répondu par les voies "légales").

Bonne lecture !


Chapitre 18 : Trouble et apaisement

Les yeux de la femme étaient plus noirs que la suie, et pourtant ils brillaient plus fortement que des flammes. Le reste de son visage en devenait flou tant l'attention était retenue par ce regard de braises ténébreuses. On était attiré par ces yeux, comme on l'est par le vide : avec un sentiment de répugnance, qui peine à combattre l'envie qui nous prend de plonger, de se jeter dans l'inconnu et de voir l'éternité s'étirer sur des minutes, des heures, des années, alors qu'en réalité votre mort va intervenir en quelques secondes.

Les yeux de la femme disaient tout cela : une âme débordante, vive comme le feu, traîtresse comme la mort.

Sirius frissonna et la femme inclina la tête, un léger sourire au coin des lèvres, en guise d'assentiment.

La vision changea. Un serpent blanc immense, tête redressée, le fixait de ses yeux rouges, sifflant doucement. Sirius avait l'impression d'être seul avec l'animal, dans une petite cellule sombre aux murs de pierres nus. Physiquement, il n'y avait qu'eux deux. Cependant, une voix ne cessait de résonner contre les parois, comme le souvenir du cri étouffé d'une personne morte en ces lieux…


Severus se réveilla relativement plus apaisé que les fois précédentes. A ces côtés, Patmol dormait encore, en boule et la gueule entrouverte. L'animagus s'agitait un peu dans son sommeil, ses pattes secouées de légers soubresauts. Rogue sourit, comme on sourit de bien-être sans savoir pourquoi. Il se sentait à nouveau lui-même, ce qui n'avait pas été le cas ces huit derniers mois, depuis sa toute première nuit avec Sirius.

Il avait mis du temps notamment à admettre qu'il aimait le foutu maraudeur. Le verbe «aimer» lui laissait une drôle d'impression dans la bouche, un arrière-goût d'anciennes humiliations, de haine mutuelle… Tout un passé commun qui n'avait rien de rose, rien qui eut pu prévoir une liaison naissante. Une liaison qui s'installait sur la durée…

Severus avait fait un premier pas, gigantesque, en tirant un trait sur ces années scolaires, du moins sur tout ce qui concernait les rapports houleux et bagarreurs qu'il avait eu avec Sirius. Or il y avait eu tant de choses, dans son existence, auxquelles il avait dû renoncer avec regret, qu'il était de fait heureux de faire le deuil de cette partie-là de sa vie. Maintenant le présent, et pourquoi pas l'avenir, pouvait lui offrir plus que la solitude, le désespoir, l'amertume et la rage. Il avait la possibilité de vivre dans l'amour : un monde qu'il n'avait jamais espéré découvrir, pas même avec sa mère, à qui il préférait ne plus penser désormais…

Une décision lui était donc venue naturellement. Et il était enfin prêt à la tenir.

Pour leur présent, et leur avenir, il se devait d'être totalement honnête vis-à-vis de Sirius. Durant ces huit mois, il s'était pourtant caché, devenant peu à peu aussi inaccessible pour son amant que s'ils étaient demeurés ennemis d'enfance. Or si c'était bien l'amour qui les unissait à présent, Severus savait que Sirius comprendrait ce qui avait motivé ses choix. Il comprendrait pourquoi il avait gardé clos le secret qu'il allait lui révéler. Aujourd'hui même.


Le serpent siffla et Sirius entendit une voix de femme dans sa tête. Il sut sans hésitation qu'il s'agissait de la femme aux yeux noirs. Et il sut enfin lui donner un nom.

«Je n'ai pas besoin de me présenter…

«- Non, Léonine… Bien que je ne t'ai pas reconnue tout de suite. Tu ressembles énormément à Severus. Physiquement, vous êtes indubitablement de la même famille. Mais l'âme que je devine dans tes yeux… -Sirius se glaça en disant cela.- Ton âme fait de toi plus une étrangère qu'une sœur pour lui !

«- Sssss… Pourquoi m'insulter ? … Que sais-tu de Severus que je ne sais déjà ? Tu ignores ce qu'en tant que frère et sœur nous avons vécu ensemble…

«- Certainement pas grand chose, persifla Sirius. Jamais il ne m'a parlé de toi avant ta lettre, puis ton numéro au tribunal ! Tu n'es qu'une mythomane !

«- Peut-être… Mais cela vaut mieux que d'être un amant frustré, qui se balade à quatre pattes, en battant de la queue… Severus ne te laisse plus tirer ton coup, n'est-ce pas ?»

La perspective d'être mordu par le serpent retenait Sirius de lui sauter dessus pour le déchiqueter.

«C'est bien, Gryffondor, siffla le serpent sur un ton sarcastique. Mesure bien ton courage avant d'agir !»

Black s'accroupit et se prit lentement la tête entre les mains. Ce n'est qu'un rêve, ce n'est pas réel, ce n'est qu'un rêve…

«Tu dors effectivement… Mais je peux t'assurer que tu ne rêves pas. J'ai en autres facultés celle d'être une excellente légimencienne. Tu ne peux rien faire contre cela.

«- Qui est-tu en réalité ? fit Sirius en relevant la tête. Es-tu véritablement une espionne ? Es-tu mangemort ?

«- Je suis mangemort, déclara-t-elle. Et j'espionne effectivement. Je tue aussi à l'occasion.

«- Mais pour qui ? explosa Black.

«- Veux-tu vraiment le savoir ? Je ne tiens pas à te le dire de toute manière… Je veux te parler de Severus. Tu l'aimes, ça, j'ai pu m'en rendre compte sans difficulté. Lui te concernant, je sais pas. Mon frère me semble en tout cas bouleversé depuis qu'il te fréquente… Enfin… Plus bouleversé que d'habitude exactement. Il se défend de se complaire sur son triste sort, mais c'est ce qu'il a toujours fait. Severus a une âme de victime…

«- La ferme.

«- Oh, mais chacun est comme il est ! Toi le dominateur, lui le dominé. Mais ce n'est évidemment pas lui qui a le rôle le plus facile. J'en sais quelque chose, je tiens le même à l'occasion. Severus, lui, a du mal à accepter sa nature de masochiste. Le fait qu'il ait eu une enfance déplorable n'a pas aidé… S'il est devenu mangemort, c'était en parti un moyen pour lui de se venger du monde… Il a vite désillusionné. Il s'est alors venger sur ses élèves. Mais je me demande dans quelle mesure, il ne rêve pas d'être dominé, de quelle manière que ce soit, par cet élève qu'il hait tant… ton cher filleul Harry Potter…

«- C'est bien ce que je disais, tu es une mythomane.

«- Oui, un cas psychiatrique qui est en train de te poser des cas de conscience.

«- J'en viens à croire que tout ce que tu souhaites est de nous séparer ! Ridicule !

«- Pas tant que ça… Si vous êtes heureux ensemble, je pourrais ne souhaiter à Severus que de vivre le plus longtemps possible ce bonheur. Mais tu sais que ce bonheur m'est intolérable et tu es prévenu sur ce que je peux faire. Si au tribunal, j'ai finalement lâché prise, c'est que je n'ai pas eu le choix. Mais le jour où je pourrais m'immiscer entre vous, je le ferai…

«- Tu es malade. Ne me dis pas que tu aimes Severus, je ne le croirai pas. Et qu'est-ce ça signifie quand tu dis que tu n'as pas eu le choix ?

«- Pas plus que ce que j'ai dit… Quant à l'amour que je porte à mon frère… il ne regarde que moi et lui…»

Le serpent se détendit soudain en avant et fondit sur lui. Sirius se réveilla en haletant. Il descendit du lit, s'ébroua nerveusement et quitta l'apparence de Patmol. Il se passa une main tremblante sur son visage en sueur.

Il devait parler à Severus, briser ce silence qui n'avait que trop duré. Deux mois pratiquement qu'ils ne s'adressaient plus la parole. C'était trop bête et absurde.

Il regarda l'heure à la pendule, qui indiquait un peu plus de dix heures. Severus devait être en ce moment le cou enfoncé jusqu'aux potions, priant qu'aucun chaudron n'explose jusqu'à la prochaine classe. Sirius tâcherait de le choper après le repas de midi et avant la reprise des cours. En attendant, il allait rendre visite à Lupin, qui était en convalescence après la pleine lune.


Severus avait un premier cours à 10h ce jour-là. Il était exactement moins 12 avant l'arrivée des sixièmes années de chez Gryffondor et Serpentard. Et, bien qu'ayant ses notes sous la main, il ne savait pas ce qu'il allait leur dire quand ils arriveraient.

Le sentiment d'apaisement qu'il ressentait à peine deux heures plus tôt s'était mué en une inquiétude dérangeante. Il se rendait compte qu'il redoutait par-dessous tout la réaction de Sirius. Il avait peur de son jugement. Peur d'être en définitive rejeté. De se rendre compte que l'amour qu'il croyait ressentir n'était qu'une illusion, une façade de sentiments. Comme tout le reste… Il avait besoin de s'y préparer «psychologiquement». Or surveiller chaque mouvement de Londubat ne l'aiderait sûrement pas.

Il jeta un dernier coup d'œil à l'horloge : moins quatre. Les élèves avaient peut-être déjà quitté leur précédent cours. Ne réfléchissant pas deux fois aux implications d'un tel geste, Severus sortit précipitamment de sa salle de classe et s'échappa des cachots, espérant ne pas tomber sur ses élèves en remontant l'escalier. Il déboucha dans un couloir, quasiment vide. Quelques regards le dévisagèrent, surpris, mais il prit sur lui ne pas s'y attarder. Il allait bientôt atteindre la porte de service, celle qu'utilisait Rusard et les elfes de maison, quand il aperçut avec horreur, venant de sa droite, le groupe d'élèves qu'il était sensé avoir toute l'heure à venir. Accélérant sensiblement le pas, il parvint à destination avec trop de précipitation pour avoir été discret. Il n'avait plus qu'à prier qu'aucun de ses élèves ne l'aient vu.

Par un couloir dérobé, il déboucha finalement dehors, sur les rives du grand lac. La nature printanière était paisible. Il faisait un peu frais, mais l'air était doux et revigorant. Severus inspira plusieurs fois avec plaisir et commença à marcher le long de l'eau grise. Il laissa ses yeux suivre les ondoiements sur la surface placide du lac, et il lui sembla que ses pensées s'écoulaient de même. Cette simple marche allait lui vider l'esprit, lui faire le plus grand bien. Déjà, il sentait revenir en lui l'apaisement. Bien. Très bien. Il sourit.

Il arriva alors à la lisière de la forêt et s'assit tranquillement sur une vieille souche. Il regarda le château qui s'élevait sous ses yeux et sourit à nouveau. Il lui faudrait expliquer à Dumbledore son absence aux cours aujourd'hui, mais cela ne le préoccupait guère plus dans l'immédiat. Bientôt il irait rejoindre Sirius, et, c'était décidé, il lui dirait tout…

«Bien, Severus. Très bien

Le professeur reconnut aussitôt la voix, mais n'eut pas le temps de réagir, car un coup insidieux au bas de son crâne le plongea précipitamment dans le noir.


Pour info, il reste trois, quatre chapitres à cette histoire (sans compter l'épilogue, niark ! ... y a toujours un épilogue pour annoncer la suite... re-niark !). Severus va passer des heures sombres dès le prochain...

A part ça, PUB : j'écris actuellement plusieurs histoires, dont deux en ligne qui font partie de mes préférées (je sais, c'est totalement subjectif tout ça). Il s'agit d'Ego te execror (à laquelle je viens de donner une nouvelle finalité), mais surtout Potions et trahison, qui est boudée de manière incroyable ! (peut-être parce que c'est nul, me glisse un petite voix dans ma tête... NAN, c'est pas si nul que ça... même pas vrai en plus...) Bref, à l'occasion, allez y faire un tour, car elles ont leur intérêt elles aussi...

En attendant, commencez pas à bouder celle-ci. Alors, reviewer :c'est rapide, un clic, ça tache pas, ça mord pas, ça fait pas les gros yeux... et ça fait plaisir à l'auteur ! Alors, merci à vous ! ;-p