Et voilà la troisième et dernière partie de cette fic. Cette fois-çi c'est le point de vue de Ivy qui est abordé, pour combler les blancs et aussi pour apporter l'épilogue. Finalement j'ai réussi à intégré Hartigan ainsi que son pire ennemi le fils du sénateur. Juste une petite précision sur les prénoms, Ivy s'appelle comme en référence à Poison Ivy, non pas la méchante dans Batman, mais le personnage de la serie Pin-Up, de Yann et Berthet (cf : http/pinup. ). Et le prénom de sa petite sœur, June, fait écho à celui de la femme de Lex, Alice, à cause de la chanson Alice et June d'Indochine. Voilà y a pas grand chose de plus à dire, alors bonne lecture.

Ivy

Comme tous les matins je rentre chez moi, après avoir bossé toute la nuit. Je vais dormir une partie de la nuit et je retrournerais arpenter les rues à la nuits tombée. Avec un peu de chance je croiserai ma petite voisine, une gamine qui a atterri ici un peu par hasard et que j'ai pris en affection. Je m'en souviens comme si c'était hier, de notre première rencontre, si on peut appeler ça comme ça. Elle courrait droit devant elle, comme un animal traqué. Lorsqu'elle s'est effondrée à terre et que ces trois malfrats sont apparus, visiblement à ses trousses, je n'ai pas cherché à en savoir plus. J'ai sorti l'arme que j'avais sur moi et j'ai tiré. Ils ont détallé aussi, sans demander leur reste, car tout le monde à Basin City sait que dans la vieille ville ce sont les prostituées qui font la loi et c'est ce que je suis. Chloé n'était qu'une gamine à l'époque et elle a vraiment eu de la chance de débarquer dans la vieille ville, cette nuit là.

Je l'ai faite soignée. Et je me suis aussi renseignée sur elle, Dwight sur ce coup là m'a été très utile. Je voulais savoir comment une fille aussi jeune avait pu débarquer, comme ça, sans rien à Basin City, pas vraiment réputée pour sa vie tranquille. Pourtant c'était pas la première gamine que je voyais arrivé ici, fuyant la misère, la violence d'un foyer, ou quoi que ce soit d'autre tout aussi sordide. Mais elle, c'était différent, elle ressemblait à si méprendre à June, ma petite sœur, enfin elle se ressemblait à ce à quoi aurait du ressembler June, si on l'avait laissé atteindre l'âge de dix-huit ans.

Je me souviendrais toute ma vie du jour, où ce flic, Hartigan, peut-être le seul flic intègre de Basin City, nous a annoncé la mort de June. Elle avait été enlevée, puis séquestrée, torturée, violée et pour finir tuée. Il connaissait le coupable, tout le monde le connaissait, il y a eu nombre de victimes, d'autre petites June qui n'arriverons jamais à l'âge adulte. C'était le fils du sénateur Roark, mais à Basin City, les Roark sont tout puissant. Je sais qu'il a essayé de le faire tombé et qu'il est en prison pour ça. Mais rien ne ramènera June.

Bref, j'en ai appris assez sur le passé de Chloé pour savoir qu'elle était en danger et qu'elle pouvait nous être utile. Voilà comment Chloé Sullivan est devenue Kelly Thomson et qu'elle s'est mise au service de la vieille ville, en tant qu'informateur.

Mais qui est-ce qui peut frapper chez moi, à cette heure-ci ? On est en plein milieu d'après-midi, tout le monde sait que je dors à cette heure-ci.

-Qu'est-ce que c'est ?

-Ivy, c'est moi, il faut que je te parle.

Chloé ? Mais qu'est-ce qu'il lui arrive ? Elle a l'air affollée.

-Clochette ? Mais qu'est-ce qui t'arrive ? Tout va bien ?

-Oui. Non. C'est compliqué, je peux entrer ?

Quelle question ! Je m'écarte pour la laisser entrer dans l'appartement.

-Aller, vas-y, raconte !

-J'ai vu Lex au Kadie's, aujourd'hui. Je ne sais pas du tout ce qu'il fichait là. Et je ne sais même pas s'il m'a reconnu. Oh mon dieu, Ivy ! Qu'est-ce que je vais faire s'il met son père au courant ou même quelqu'un d'autre ?

Lex Luthor, il n'y avait que lui pour la perturber autant. C'est à cause de lui qu'elle est arrivée ici, enfin de lui et surtout de son père. Personnellement, je savais que Lex Luthor était dans le coin, il vient régulièrement chez les Roark. Et comme il m'arrive de travailler pour les Roark, je sais toujours quand il est dans les parages, mais je n'en ai jamais parlé à Chloé, je ne voulais pas raviver inutilement de vieilles blessures. Mais qu'il tente quoi que ce soit et il va vite comprendre qui fait la loi dans la vieille ville.

-Tu n'as rien à craindre, tu fais partie des nôtres, depuis longtemps, maintenant. Tant que tu te trouveras à proximité de la vieille ville, il ne pourra rien t'arriver.

La pauvre, elle a l'air complètement perdue. Je la comprends un peu, elle a l'impression d'être rattrappée par un passé qu'elle croyait loin derrière et ça fausse tout ses repères. Je connais cette sensation.

-J'ai un aveu à te faire, je savais qu'il était en ville. En fait ce n'est pas la première fois qu'il vient à Basin City depuis que tu es parmi nous.

-Et tu ne me l'as jamais dit ?

Et la voilà qui se met en rogne, elle a vraiment les nerfs à fleur de peau, déjà qu'en temps normal elle se met facilement en colère.

-Il est plus ou moins en affaire avec les Roark. Il loge même chez eux d'après mes infos. Et oui, j'ai préféré te tenir éloignée de tout ça.

-Tu aurais tu me le dire quand même. Ce n'est pas à toi de décider ce que je dois savoir ou non, je suis une grande fille.

-Je sais, je sais. Je suis désolée. D'après ce que j'en sais il devrait être là ce soir, à la petite sauterie qu'organisent les Roark. Tu veux que j'essaye de lui transmettre un message ou quelque chose ?

Oh non, je connais ce regard là, elle va me demander une faveur et je sens que je ne vais pas aimer ça du tout.

-Non je viens avec vous, en tant que prostituée, bien sûr. Il faut que je lui parle en tête à tête.

Et voilà, je le sentais venir gros comme une maison, c'est hors de question, c'est bien trop dangereux.

-C'est hors de question.

-Ivy, ça ne serait pas la première fois que je joue à ce petit jeu.

-C'est différent.

-Et en quoi, s'il te plaît ?

-Les Roark sont dangereux et leurs soirées réclament des compétences particulières, pourquoi crois-tu que Gail ne laisse que les anciennes y aller ?

C'est pas pour rien que Gail tient les novices, l'écart de ce qui se passe chez les Roark. Nombre de filles sont revenues traumatisées, blesséer, voir pire de chez les Roark, certaines même ne sont jamais revenues. Ces gens sont violents et le pouvoir qu'ils possédent sur Basin City, qu'ils considèrent être leur ville, fait qu'ils peuvent faire tout ce qu'il désire en toute impunité. Et pour continuer d'avoir sa liberté, la vieille ville aussi ferme les yeux sur les crimes des Roark, même lorsque des filles sont impliquées.

-Merci je sais tout ça. Écoute s'il le faut j'en parlerai à Gail et tu sais qu'elle me laisserait faire pour ne pas mettre la vieille ville en danger. Donc que tu sois d'accord ou non, j'irai avec vous ce soir.

-Très bien, très bien, puisque tu sembles si décidée. Mais je te préviens, une soirée chez les Roark, c'est loin d'être une partie de plaisir.

Je n'aime pas du tout l'idée qu'elle nous accompagne chez les Roark. Mais je ne vois pas ce que je pourrais faire pour l'en empêcher, surtout si Gail a donné son accord. À part l'attacher peut être, je pourrais demander à Gail, c'est sa spécialité, mais je n'ose imaginer sa réaction si j'essayais un truc dans ce goût là. On arrive tout juste chez les Roark. Je la sens nerveuse. Ce que je peux comprendre, même les filles les plus endurcies sont nerveuses lorsqu'il s'agit d'aller chez les Roark et pour cause.

À peine sommes-nous entrées dans la pièce, où doivent se dérouler les "festivités" comme ils disent, que je le vois, assis nonchalemment dans un fauteuil. C'est vrai qu'il est plutôt bel homme et qu'il dégage un certain charisme. Je me retourne pour regarder Chloé et je comprend tout de suite à son regard, que, elle aussi, l'a vu. Et sans plus se préoccuper de ce qui se passe autour d'elle, elle se dirige droit vers lui, d'un pas moyennement assuré. Lui aussi l'a vue entrer et il la regarde maintenant s'avancer. Sans plus de cérémonie, elle s'asseoit sur ses genoux. Ils échangent quelques mots, avant de se lever tous les deux. Après une courte conversation avec notre "hôte", ils se dirigent vers la porte. Avant de sortir, elle m'adresse un signe pour me dire que tout va bien. Mais je suis sûre que lui aussi a vu son geste et ça ne me rassure pas vraiment.

Toute la soirée, j'ai eu la tête ailleurs, ce qui ne m'a pas empêcher de faire mon boulot. Il n'y a plus grand chose qui puisse me perturber suffisamment desormais pour m'empêcher de faire mon boulot. Avec le temps, on apprend à dissocier le corps de l'esprit, on devient une sorte de poupée, que plus rien n'atteint. Mon corps est là, des hommes en profitent, mais mon esprit est ailleur, il est complètement focalisé sur Chloé et sur ce qui pourrait lui arriver et je m'attend au pire. La soirée est maintenant déjà bien avancé et elle ne s'est pas trop mal déroulée, enfin pour une soirée chez les Roark, c'est à dire qu'il n'y a pas eu trop de blessées. Mais Chloé n'est toujours pas réapparue. Je ne peux pas m'empêcher de me faire du soucis. Ce Luthor ne m'inspire aucune confiance.

Je n'ai toujours aucune trace de Chloé lorsque je quitte la propriété avec les autres filles. Nos "hôtes" ne se sont même pas aperçue qu'il y en avait une de moins à repartir, preuve du grand intérêt qu'ils nous portent. J'espère vraiment qu'il y a une bonne explication au fait que Chloé ne soit pas réapparue et qu'il ne lui est rien arrivé.

Il est dix heure et toujours rien, pas l'ombre de Chloé. Gail aussi commence à s'inquiéter, même si c'est pour des raisons un peu différentes des miennes. Mais même si elle se fait du soucis pour Chloé, comme pour toutes les autres filles sous sa "responsabilité", c'est surtout les repercussions sur la vieille ville qui l'inquiète. Dieu seul sait ce qui pourrait se passer si les Luthor venaient mettre leurs nez dans nos affaires, ou si les Roark apprennent qui est Chloé en réalité. La trève entre les filles, les flic et la mafia est fragile. Et la dernière chose que nous souhaitont ce de voir à nouveau les hommes revenir dans la vieille et de retourner à l'ère du proxénitisme et de la terreur.

Il est presque midi, quand finalement elle frappe à ma porte. Je devrais dormir depuis longtemps, mais il m'était totalement impossible de trouver le sommeil.

-Iv' ? Tu es là ?

Je lui ouvre furieuse. J'espère qu'elle ne serait-ce qu'une vague idée du soucis que j'ai pu me faire.

-Bon sang Chloé, mais où t'étais passé ?

-J'ai passé la nuit dans la chambre de Lex et je ne me suis réveillée que ce matin à onze heures.

-T'as passé la nuit avec Lex Luthor ?

-On c'est juste contenté de dormir. Il ne voulait pas me laisser redescendre jouer les prostituées et j'avoue j'en ai profité.

Finalement elle n'a jamais vraiment été en danger et si je pige bien, il a même essayé de la protéger. Finalement mon intusion n'était pas aussi juste que ça. Tout ce que j'espère maintenant c'est qu'il n'est pas fait trop de dégats d'un point de vue sentimental.

-Tu as bien fait. Bon je suis contente que tu ailles bien.

Son téléphone sonne.

-Thomson.

-...

-Désolé Annette, un petit contre temps.

Annette, si je ne me trompe pas, c'est une fille qui travaille avec elle au journal. Je crois que je l'ai croisé un ou deux fois et si je me souviens bien, elle est un peu cintré, un peu surexcité et totalement excentrique.

-...

-J'arrive, je suis là dans une demi-heure maxi.

-...

-J't'écoute.

-...

-Alexandre ?

Alexandre ? Lex ne serait pas le diminutif d'Alexandre par le plus grand des hasards ? Mais qu'est-ce qu'il lui veut encore ? Il ne peut pas lui foutre la paix au lieu de la perturber un peu plus.

-...

-Autre chose ?

-...

-À toute.

Elle raccroche, perdue dans ses pensées, tournées vers lui je suppose. Je la tire de sa réflexion, j'ai besoin d'en savoir plus. S'il a l'intension de la revoir, je ne vais pas le laisser faire sans prendre quelques garanties.

-Alexandre ?

-Je pense qu'il s'agit de Lex et visiblement il m'attend au Kadie's. L'ennui, c'est que je ne vais pas pouvoir y aller tout de suite.

-Tu veux que...

-Non ! Je t'interdis de te mêler de ça, c'est à moi de le faire. Compris ?

-Compris.

Ce qui ne va pas m'empêcher d'aller mettre une ou deux choses au point avec monsieur Luthor. Il a fallu suffissement de temps à Chloé pour retrouver une vie à peu près stable, c'est pas pour que je laisse ce type y foutre le bordel en moins de deux jours.

Je sais qu'il lui faudra bien une heure pour se rendre au Kadie's, même si c'est à côté du journal. Il faut que je me débrouille pour non seulement y être avant elle et aussi faire qu'elle ne me surprenne pas en grand conversation avec son Lex.

Le temps de m'habiller plus convenablement, de régler deux, trois trucs et en trois quarts d'heure je suis au Kadie's. De plus en chemin j'ai croisé Dwight qui s'est fait un plaisir de m'accompagner. Dwight est incapable de refuser quoi que se soit à une femme qui semble être en danger, il est même aller jusqu'à tuer. Et comme il a beaucoup d'affection pour Chloé, il n'a même pas cherché à réfléchir. Dwight est une sorte de mentor pour Chloé, que je soupçonne d'en pincer un peu pour lui, ils partagent la même passion du journalisme. Dwight était photographe au Times dans une autre vie, un brillant photographe, il aurait pu avoir le Pulitzer, s'il n'y avait pas eu cette femme Ava.

Je l'ai repéré dès que je suis entrée, il faut dire aussi qu'il ne passe pas inapperçu, surtout ici. Lui aussi m'a vu et je comprend à son regard qu'il sait qui je suis et peut être aussi ce que je viens faire ici à la place de Chloé. Comme je souhaite lui parler seul à seul, je demande à Dwight d'aller m'attendre au bar et d'assurer l'arrière garde en cas de problème. Et à peine suis-je assise qu'il "attaque".

-Où est Chloé ?

-Elle sera là d'ici un petit quart d'heure. Mais je voulais vous voir avant.

-Et pourquoi ?

-Je veux m'assurer que vous ne lui causerez aucun tord.

-Ça n'est pas dans mes intentions. Je veux juste lui remettre quelque chose avant de repartir.

-Et qu'est-ce que c'est ?

-Ça ne vous regarde pas. Écoutez, je n'ai jamais voulu de mal à Chloé, c'était mon père et il est définitivement inoffensif. Je sais que vous voulez la protéger, mais c'est à Chloé de prendre cette décision, non ?

Il a l'air sincère et le plus incroyable dans tout ça, c'est que je suis sûr qu'il est sincère. Pourquoi ? Aucune idée. N'est-ce pas ironique, moi qui n'est plus, depuis longtemps, confiance en la gente masculine, sauf à de très, très rares exceptions, je me retrouve à avoir confiance en un homme que je ne connais pas et qui n'a pourtant pas la réputation d'être fiable. Allez comprendre.

-Très bien.

Je me lève et vais rejoindre Dwight. De toute façon, je ne peux pas faire grand chose de plus. Et j'aimerai autant que Chloé ne me voit pas attablée avec son nouvel "ami".

-Alors ?

-Aussi bizarre que ça puisse paraître, je suis quasiment sûre qu'il ne lui veut aucun mal.

-Ouais, ben moi, je n'ai aucun confiance en ce type.

De toute façon, on ne peut pas dire que lorsqu'il s'agit d'homme, Dwight est confiance en beaucoup de monde, à part Marv peut être. Il ne lui a même pas parlé mais il a déjà son opinion, mais c'est pas ce que je lui demande.

-Tout ce qu'on peut faire pour le moment, c'est garder un œil sur Chloé et veiller à ce qu'il ne lui arrive rien. Et le faire de loin, afin d'éviter qu'elle ne s'en rende compte, sinon on va passer un sale quart d'heure.

À peine quelques minutes plus tard, je la vois entrer. Elle ne s'est pas rendu compte de notre présence et c'est pas plus mal, elle n'a d'yeux que pour lui. Elle se précipite vers lui et s'asseoit à sa table.

Ils discutent quelques instants. Il lui a donné deux enveloppes kraft dont il m'est impossible de deviner le contenu. Et puis je suis bien trop loin pour entendre leur conversation, de plus on ne peux vraiment pas dire que l'endrois est des plus silencieux. Mais elle a l'air émue et confuse aussi.

Puis tout à coup elle se jette sur lui et l'embrasse presque sauvagement, à tel point que Dwight en a une grimace de dégout. C'est bien ce que je craignais, elle est retombée pour lui. La première fois qu'elle m'a parlé de ce type, j'ai tout de suite compris qu'elle avait des sentiments pour lui et des sentiments profonds. J'avais peur que leur rencontre ne reveille ces sentiments endormis, et ben ça n'a pas raté et bien comme il faut qui plus est. Et à voir avec quel enthousiasme il répond à ses avances, je suis presque sûr que c'est réciproque. Mais franchement où est-ce que ça peut les mener ? Ils ne vivent pas dans la même ville, ni même dans le même monde, cette relation pourrait être dangereuse pour l'un comme pour l'autre.

Ils finissent par se séparer. Rapidement ils se lèvent, je le vois déposer de quoi payer leurs consomations et ils sortent.

Nous sommes en train de payer à notre tour, prêt à les suivre, quand une petite blonde furibonde s'approche de nous.

-Explication, maintenant.

-Clochette ! Expliquer quoi ?

Comme si elle allait croire ne serait-ce qu'une seule seconde que nous sommes là par hasard.

-Tu te fous de ma gueule Iv' ? Je peux savoir à quoi vous jouer tous les deux ? Qu'est-ce qui vous prend de me suivre ?

-J'aime pas ce type.

Là Dwight y a pas de doute tu nous aides beaucoup. C'était un argument hautement constructif.

-Écoute, on tenait juste à s'assurer que tu ne courrais aucun danger. Lex Luthor n'a pas vraiment la réputation d'être un enfant de cœur.

Même si j'ai presque envie de lui faire confiance. Je crois que j'ai plus peur de ce que pourrait faire Chloé, que de ce qu'il pourrait lui faire.

-Je sais Ivy, mais je n'ai pas besoin que tu me maternes autant. De plus je croyais t'avoir demandé de ne pas te mêler de ça ? Et j'ajouterai que je connais Lex beaucoup, beaucoup mieux que vous.

-Tu sais ce que tu fais ?

-Parfaitement.

-Bien. Vas-y, il t'attend je crois.

Pas besoin d'être devin pour savoir ce qu'ils vont faire. J'espère juste qu'elle sait ce qu'elle fait et qu'au final cette histoire ne la fera pas trop souffrir. Mais j'en doute, même s'il ne veux pas la voir souffrir, je ne vois pas comment leur histoire pourrait bien se terminer.

J'ai travaillé toute la nuit, mais je n'ai eu Chloé en tête toute la nuit. Et comme toutes les nuits, je rentre au petit matin. Je suis à peine entrée depuis une heure que j'entends des bruits sur le pallier, des bruits de pas et un cri : "Moi aussi". C'est la voix de Chloé, ça ne fait aucun doute, je pourrais la reconnaître entre mille. Moi aussi quoi ? J'ai peur d'avoir compris. Quand j'ouvre la porte, je la trouve effondrée sur le pallier, pleurant toutes les larmes de son corps. La pauvre, elle a était rattrapé par ses sentiments, des sentiments très enfouis, qu'elle croyait oublier, des sentiments qui en plus sont, j'en suis persuadée, partagés. Et la séparation n'en est que plus douloureuse. Je la prend dans mes bras pour la réconforter, parce que, après tout, même si elle vit depuis longtemps parmi nous, elle n'est qu'une gamine de même pas vingt-cinq ans. Après quelques minutes, assises sur le pallier, je la fais se lever et je la raccompagne à son appartement.

Elle a pleuré une bonne partie de la journée et je ne l'ai pas quittée. Il n'était parti que depuis quelques heures qu'il lui manquait déjà. Je sais qu'elle a passé la plus belle nuit de sa vie, ce sont ses mots et qu'au petit matin il lui a dit qu'il l'aimait. Et puis la vie a repris son cours. Mais elle ne l'a pas oublié et attendu qu'il revienne comme promis.

Et comme promis, Lex est revenu voir Chloé régulièrement. De temps en temps, d'abord, puis de plus en plus souvent, jusqu'à venir tous les week-ends. Forcément j'ai appris à le connaître, un peu, à comprendre qu'il est assez différent de ce que les gens croient qu'il est. Pour autant que je sache il n'a jamais cherché à contrôler ou à influencer sa vie. Il lui a toujours laissé le choix, il n'a jamais essayé de lui faire quitter de force Basin City.

Et puis un jour, elle est partie, elle la suivit, elle ne supportait plus l'idée de vivre loin de lui et l'attachement qu'elle nous portait ne suffisait plus à la retenir ici. Et je n'ai pas non plus cherché à la retenir. Biensûr, j'ai été triste de la voir partir, au fil des ans je m'étais vraiment attachée à elle, elle était un peu devenue ma famille, mais elle était heureuse et c'était le plus important. Gail a été un peu contrarié de perdre son meilleur informateur et elle a râlé pour la forme, mais je sais que dans le fond, elle était contente de la savoir heureuse. Après tout, elle porte une affection presque maternelle aux filles les plus jeunes, qu'elle considèrent être sous sa responsabilité.

Elle est venue nous voir souvent par la suite, elle a toujours gardé le contact avec la vieille ville, Lex ne l'en a jamais empêché et même si je commençais à bien le connaître, ça m'a surpris, un reflexe sans doute. Certaines d'entre nous ont même été invitées au mariage, mais il n'y a que moi qui y suis allé et franchement c'était uniquement pour Chloé, car je ne m'y suis pas vraiment sentie à ma place. Ensuite j'ai vu grandir leurs enfants, deux filles et un garçon, tous plus adorables les uns que les autres. Ils me prennent pour une sorte de tatie, mais avec le temps ils ont finit par comprendre que quelque chose de différent me liait à leur mère.

Aujourd'hui je suis une vieille femme, j'ai fini moi aussi par quitter la vieille ville et je vis tranquillement dans une petite maison au bord de la mer. Et ce grâce à Lex.. Un jour il est venu me voir et il m'a offert une grosse somme d'argent. J'ai cru, au début, qu'il voulait me payer pour que je m'éloigne de Chloé, même si je ne comprennais pas bien pourquoi il avait mis si longtemps à le faire. Mais en fait non. Il voulait juste m'offrir une porte de sortie au cas où un jour, j'en ai besoin ou tout simplement envie. Comme il l'avait fait pour Chloé, ce jour là au Kadie's. Il disait que c'était pour me remercier d'avoir pris soin de Chloé à sa place, d'avoir réussi là où il avait échoué.

Chloé passe encore me voir de temps en temps, parfois seule, parfois avec Lex, ou même en famille. Les enfants sont grands, maintenant. Et je vais bientôt mourir, Chloé le sait c'est pourquoi dernièrement elle a rapproché ses visites. Mais je ne suis pas triste, ma vie a été bien remplie et grâce à Chloé et aussi un peu à Lex elle a retrouvé un sens.

Fin