Vivian et Danny étaient déjà sur place pour une nouvelle disparition. Il pleuvait à torrents. Naelle l'aperçut de loin et se dirigea vers lui. Il était dos à elle et seul.

- vous avez une piste, monsieur l'agent ?

Elle sortit son dictaphone et voulait l'approcher de sa bouche. Elle riait, ce qui le fit se retourner. Voyant que c'était elle, il sourit.

- Noelle, qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-il.

- on m'a envoyée sur cette enquête pour me punir après le faux article.

- désolé d' être ton fardeau!

Il ne pouvait pas être si loin de la vérité. En réalité, Naelle était ravie d'enquêter avec lui.

-Au fait, belle capuche ! Ajouta-t-il.

- beau parapluie !

- merci, répondit-il.

- alors agent Taylor vous ne m'avez pas répondu. Une déclaration à faire ?

- et bien, on ne dit jamais rien aux journalistes tant qu'on en sait pas plus, c'est la règle, mais pour toi je peux faire une petite exception.

Elle sourit et appuya sur la touche « marche » de son dictaphone.

- je suis prête !

Mais l'appareil ne fonctionnait pas.

- merde ! Les piles sont nazes !

Danny se mit à rire.

- c'est pas marrant !

-je crois que l'ancienne méthode peut faire l'affaire, suggéra-t-il.

Elle acquiesça et sortit donc un petit calepin de sa poche avec un crayon.

- voilà, je t'écoute, dit-elle.

- no comment, dit-il en s'éloignant avec un regard malicieux.

- c'est malin ! sourit-elle.

Toujours sur place, l'agent Delgado rejoignit ses collègues en adressant au passage un regard assassin envers Naelle qui murmura aussitôt :

- ravie de te revoir aussi !

Eléna s'approcha de son amoureux.

- qu'est-ce qu'elle fait là?

- qui ça ? répondit-il.

Danny était occupé à recueillir des preuves et ne regardait pas autour de lui. Elle fit alors un signe de tête en direction de Naelle.

- elle suit l'enquête.

- vraiment ? demanda-t-elle, contrariée.

- elle est journaliste Eléna et c'est ce que les journalistes font.

- très bien, du moment que ce n'est pas toi qu'elle suit, dit -elle en s'éloignant.

Danny la regarda et secoua la tête, il trouvait insensé et ridicule ce qu'elle insinuait. Or, elle n'avait pas tort, au contraire, elle avait même tout deviné car Naelle avait demandé expressément à son patron de la laisser suivre cette affaire car elle savait qu'elle allait y voir Danny. Elle lui avait menti car ce n'était pas une punition : c'est elle qui s'était proposée. Ce n'était pas professionnel, elle le savait, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher, elle devait le faire, il lui manquait trop. Et justement, durant l'inspection, discrètement et sans que personne ne s'en aperçoive, surtout pas Eléna, elle en profitait pour le regarder.Martin ,aussi, arriva sur les lieux et il fit un geste de la main pour saluer Naelle.

Une dizaine de minutes plus tard, la journaliste voulait quitter le terrain pour retourner à la pêche aux infos lorsque Danny revint la voir.

- alors t'as trouvé quelque chose ? demanda-t-il.

- et toi ?

- je parlerai si tu parles.

- tant pis, de toute façon, je te parie que je résoudrai cette enquête avant toi, dit-elle.

- tu oserais me faire ça ?

Elle fit oui de la tête.

- vous avez l'air bien sûre de vous, jeune fille ! À moins que ce ne soit du bluff ?

- t 'aimerais bien le savoir, hein ?

- en tout cas, si j'accepte, j'espère que tu n'es pas trop mauvaise perdante, dit-il avec un large sourire.

- non, par contre en ce qui te concerne, j'en suis moins sûre !

- j'ai deux tickets pour voir les Mets et c'est bien placé, alors, si par un malheureux concours de circonstances, il se trouve que tu gagnes; ils sont à toi.

- je n'aime pas le basket.

Il se mit à rire.

- quoi ? demanda-t-elle.

- c'est du base-ball.

- ah d'accord, dit-elle, gênée.

- sinon je te les offre quand tu perdras.

- non, je crois que je vais m'abstenir.

- tu abandonnes déjà ? Décidément, c'était trop facile.

- hors de question mais on a qu' à parier pour l'honneur.

- ou pourquoi pas un petit-déjeuner ? C'est le perdant qui offre.

- ça marche, pari tenu alors ! Affirma-t-elle.

Il tapa dans la main de son amie et commença à s'éloigner.

- Prépare ton chéquier, cria-t-il.

- je ne m'avancerai pas trop à ta place, tu n'as pas encore gagné !

Deux jours après, le FBI était toujours dans le flou. Jack avait donné ses instructions : Danny et Vivian devaient se rendre à la fac que fréquentait l'étudiante disparue. Ils interrogèrent donc les étudiants de sa classe de littérature. Il ne restait plus que son petit ami à voir. Il était à la bibliothèque avec une jeune fille au style gothique comme lui. Elle était habillée tout en noir, avec un bonnet et des dreadlocks. En les observant rire ensemble au loin, Danny fit un commentaire.

- tiens donc, il n'a pas l'air bouleversé par la disparition de sa copine.

- effectivement, c'est le moins qu'on puisse dire, répondit Vivian.

Les deux agents fédéraux s'approchèrent de leur table.Ils aperçurent le jeune homme mais son amie était de dos.

- bonjour, agent Taylor et….

Il marqua un temps d'arrêt car il avait reconnu la jeune femme. C'était Naelle. Elle devait sûrement être là pour enquêter, se dit-il. Vivian, qui, auparavant, avait seulement aperçu la journaliste à travers une vitre, ne la reconnut pas avec tout ce maquillage sombre et prononcé, son accoutrement et les percings partout sur son visage.

- et Johnson du FBI, continua Vivian. Nous enquêtons sur la disparition de …

Pendant qu'elle parlait, Danny fixait Naelle.Finalement, il se concentra à nouveau.

-non, désolé je ne sais rien, répondit Aaron, le petit ami de la disparue.

Danny aperçut un livre sur la table.

- de la littérature, hein ?

- oui, MJ est calée sur le sujet, répondit l'étudiant.

Danny regarda Naelle qui évitait son regard. Elle savait qu'il l'avait reconnue néanmoins elle aurait préféré l'éviter et il l'avait senti.

-vraiment ? Laissez-moi deviner, vous travaillez sur des auteurs français?

- oui, comment vous le savez ? demanda le jeune homme, étonné.

Vivian aussi était surprise. Pour une fois, elle ne voyait pas du tout où voulait en venir Danny. D'habitude, elle le comprenait si bien.

- oh une simple intuition…charria-t-il.

Naelle baissa la tête.

- et vous mademoiselle, vous savez quelque chose ? Demanda Danny.

- non, désolée, répondit la journaliste.

- vous êtes sûrs ? c'est très important, dit l'agent du FBI en la regardant.

- t'as pas saisi ? Elle a dit qu'elle n'en savait rien !

Danny n'aimait pas le ton employé par Aaron alors il le regarda de travers.

- c'était clair, pourtant ! ajouta Naelle.

Sa réponse sèche surprit Danny. Il la regarda avec incompréhension.

Elle le fixa avec un air d' impuissance.

- très bien, mademoiselle….reprit Vivian.

- Duhamel , MJ, dit-elle.

Sa réponse fit sourire Danny car il voyait qu'elle avait emprunté le nom de famille de son patron au journal. Il s'arrêta alors sur le choix de son prénom.

- Mary Jane, c'est ça ? demanda Danny.

- oui, comme ma mère.

Il savait qu'elle était sincère cette fois, Jack avait lu son dossier devant toute l'équipe quand il l'avait rencontré et il connaissait donc tout de sa famille.

- alors MJ, quelle est la dernière fois que vous avez vu sa copine ? demanda Vivian.

- vous savez je suis nouvelle ici alors…

- Viv, je crois qu'on devrait les interroger à part, tu ne crois pas ?

- d'accord, Danny, suivez-moi, MJ, dit Vivian.

Naelle, hésitante, se leva.

- attends, je te laisse Aaron, je me charge de la fille, ok ? Dit Danny en regardant Naelle.

- comme tu veux.

Vivian demanda au jeune homme de la suivre et ils s'assirent plus loin. Pendant ce temps, Danny et Naelle discutaient à la table qui se trouvait devant eux.

- tu peux m'expliquer ce que tu fais là ? demanda Danny.

- ça se voit pas ? de la littérature ! sourit-elle.

- sérieusement, qu'est-ce que t'as découvert ?

- et toi, tu sais quelque chose ?

- toi d'abord, dit Danny.

- tu oublies le pari ?

- ok alors chacun son tour. Est-ce que tu sais si ton «pote» est dans le coup?

- non, je ne pense pas.

- t'es sûr ? pourtant il n'a pas l'air inquiet.

- c'est un garçon…dit Naelle.

- et alors ?

- alors il cache ses sentiments mais je crois qu'il a vraiment peur pour elle, répondit-elle.

- c'est ça son alibi ? une question de sexisme ?

- oui, il y a cet argument et il m'a dit ce qu'il a fait, samedi, le jour de la disparition de sa copine. En plus, je connais ses amis et ils confirment.

Danny regarda Naelle d'un air réprobateur.

- quoi ?

- pourquoi ne pas m'avoir dit ça tout de suite ?

- tu as parié contre moi je te rappelle, répondit-elle.

Il sourit.

- c'est toi qui as eu cette idée...

- Le FBI sait quelque chose ? demanda-t-elle.

- pour l'instant, on privilégie la sphère familiale.

- c'est-à-dire ?

-on pense que le problème se situe plutôt au niveau des parents.

- Quel genre de problème ?

- j'en sais rien et je t'en ai déjà trop dit, répondit Danny.

Naelle était légèrement contrariée.

- au fait, tu sais que c'est coupable d'emprisonnement un outrage à agent du gouvernement ?

- quel outrage ? Demanda-t-elle.

- tu as été malpolie envers nous, tout à l'heure, avec ce Aaron.

- il le fallait, je devais faire semblant d'être de son côté pour qu'il continue à être mon « pote » comme tu dis et qu'il me confie des choses, non ?

Danny s'apprêtait à répondre lorsque Naelle remarqua que Vivian avait fini son interrogatoire.

- ils arrivent !

- au fait, MJ, j'adore ta tenue et les percings, c' est des vrais ?

Naelle fit de gros yeux comme pour dire que ça aurait été un cauchemar pour elle si ça avait été le cas, ce qui fit sourire Danny. C' est à ce moment que Vivian et le « pote » de Naelle furent revenus.L'agent fédéral reprit alors son sérieux.

- très bien mademoiselle, je vous remercie d'avoir répondu à mes questions.

Danny prononça ses mots en se levant puis il lui fit un clin d'œil.

- de rien, sourit Naelle.

Les deux collègues s'en allèrent juste après ça. A l'extérieur du bâtiment, ils discutaient.

- je ne crois pas que ce jeune homme y soit pour quelque chose. Et toi ? tu as quelque chose sur la fille ?

- tu me charries, Vivian.

- pourquoi tu dis ça?

- c'était Naelle Lewis ! La journaliste avec qui j'ai travaillé sur l'affaire Holloway. Elle est en couverture.

- oh mon dieu ! Je ne l'avais pas reconnue.

- ça, je veux bien le croire.

- je comprends mieux ton attitude maintenant ! ajouta l'agent Johnson.

- de quoi tu parles ?

Danny était sur la défensive.

- je ne t'avais jamais vu sourire autant avec un suspect .

Il ne savait pas quoi dire et était même gêné que Vivian ait remarqué leur grande complicité mais il n'aurait pas su en donner la raison.

- ah oui, maintenant que je me souviens : elle était sur le lieu de la disparition avant hier, n'est-ce pas ? demanda-t-elle.

Danny fit signe que oui.

- mais qu'est-ce qu'elle faisait là ?

- décidément, elle ne passe pas inaperçue! Tu es la deuxième personne à me demander ça, répondit l'agent Taylor.

- pourtant, je croyais qu'elle avait été promue et s'occupait à présent de tout ce qui avait attrait à la finance et non pas des enquêtes fédérales.

- je sais, c'est une punition signé de son patron, à cause de son article mensonger.

- tu lui as révélé quelque chose ? demanda Vivian.

- à propos de l'enquête ? Oui on en a parlé. Je lui ai dit qu'on soupçonnait les parents et elle est certaine que le petit copain a un alibi solide.

- fais attention ne lui donnes pas trop d'infos, elle risque de nous doubler sur ce coup-là ! plaisanta sa collègue.