Cela faisait bientôt 2 mois depuis le nouvel an que Naelle était à Seattle car elle avait réussi à décrocher un stage de reporter dans une école de journalisme grâce à Danny mais n'avait eu aucun contact avec lui depuis.

Ce dernier était justement suspendu pour des soupçons de viol portés à son égard par la mère d'une disparue dont il avait refusé les avances et traversait donc une mauvaise passe.

Ce soir-là, n'en pouvant plus, il rentra seul à la maison, inconsolable, avec une bouteille de whisky qu' il venait d'acheter à la supérette du coin.

Il se décida à l'ouvrir pendant qu'il consultait les messages de son répondeur. C' étaient juste des publicités ou des rappels de facture non réglées. Il mit sa bouche sur le goulot de la bouteille mais stoppa net quand il entendit le dernier message :

- salut, c'est moi, Naelle. Je voulais te dire...j'ai appris la nouvelle , ils en ont parlé aux infos. Je suis vraiment désolée Taylor et sache que même si je suis loin je pense à toi .Voilà.Écoute, dans ma chambre j'ai toujours pas de ligne, mais je te donne le numéro d'une cabine du coin, c'est le 555 123, j'y serai à 20h alors si tu as envie de parler, n'hésite pas, ok ? Je sais que tu n'as rien fait et que tu seras bientôt blanchi. J'en suis sûr. Accroche-toi, Daniel.

Daniel, ce nom résonnait dans sa tête. La situation devait vraiment être grave si Naelle se mettait à l'appeler comme cela, pensa-t-il.Puis il regarda sa montre, il était 22h , fou de rage, il lança sa bouteille contre le mur qui se brisa en mille morceaux. Il était encore plus désespéré, il avait manqué la seule personne à qui il avait envie de se confier et qui n'avait pas le moindre doute sur son innocence.

Le lendemain, il se rendit tout de même au travail. On voyait qu'il n'avait pas le cœur à ça. Rester à un bureau pour faire de la paperasse, très peu pour lui. Il préférait nettement être sur le terrain.Jack s'en aperçut et le renvoya chez lui.

Il n'avait pas la force de rentrer dans son appartement vide alors il traîna, l'âme en peine, jusque tard dans la nuit.Il passa devant un bar mais résista à la tentation préférant se diriger vers chez lui. Il ouvrit la porte et c'est là qu' il la vit avec ses 2 valises, debout, dans son salon. Il la fixait, immobile, le silence aurait pu s'installer si elle n'avait pas allumé la radio.

- salut , mon avion vient d'atterir, le concierge m'a reconnue et a bien voulu m'ouvrir, dit Naelle.

Danny ne put s'empêcher de sourire. Il imaginait déjà à quel point elle avait dû être aimable avec ce dernier pour obtenir son accord. Il ne la lâchait plus du regard.Son amie la plus fidèle disait cela en s'avançant petit à petit jusqu'à lui faire face; il était adossé contre la porte d'entrée. Elle vit qu'il avait les yeux rouges et savait à quel point son travail comptait pour lui. Elle avait aussi remarqué les éclats de verre sur le sol mais n'aborda pas le sujet.

- oh, Daniel, viens là.

Elle le prit dans ses bras, il la serra très fort. Il avait sa tête sur son épaule. Elle murmura à son oreille :

- chut ,ça va aller , je te le promets.

A ce moment là, une chanson de Karla Anderson résonna dans la pièce :

What else can I do But bring a blanket for you
To wrap around your shoulders Or put upon your knees
Try to keep the cold away Keep your heart from turning blue
What else can I do But bring a blanket for you
What else can I do But lend my shoulder to you
To bury your head in And let the teardrops roll
I'll try to hold your head up high When the rest of you is falling through
What else can I do But lend my shoulder to you
I have tears for you when another tear won't fall When you feel like dying or feel nothing at all
When there's nothing left we can do or say I'll pray
What else can I do But share the silence with you When every word has been said And every piece of ground has been turned Nothing makes any sense And no answers are coming through
What else can I do But share the silence with you

Elle commença à l'embrasser sur le front puis déposa plusieurs baisers sur sa joue à la fois doux et tendres, il la serra encore plus fort contre lui. Il était tellement heureux de la revoir.Cette nuit là, ils s'endormirent sur son canapé. Naelle ayant la tête dans le creux de son épaule.

Le lendemain, ils se rendirent ensemble au tribunal, assis l'un à côté de l'autre. A l'heure du verdict, elle voulut mettre son bras dans son dos quand au même moment, il prit la main de la jeune femme et la serra fort pour l'entourer avec la sienne. Finalement, Danny fut relaxé pour fautes de preuves, un non-lieu fut prononcé et de retour chez lui, ils discutèrent.

- tu restes pour combien de temps ?

- on m'a donné une permission de 2 jours alors je repars demain, dit-elle.

-tu peux rester là si tu veux, je te prête mon lit et je prends le canapé.

- non , c'est gentil mais je vais aller à l'hôtel, c'est préférable.

- j'insiste !

- je ne crois pas que ce soit une bonne idée, Elena pourrait se méprendre.

- ça n'a plus d'importance, c'est fini avec elle.

- quoi ?

- donc tu vois tu n'as pas de soucis à te faire, elle n'a plus rien à dire.

- Je suis désolée.

- vraiment ? demanda Danny.

- oui pourquoi ?

- et bien je sais que tu ne l'as jamais porté dans ton cœur, dit-il avec malice.

Naelle sourit.

- oui, mais vous aviez l'air heureux ensemble et je veux que tu sois heureux.

- c'est du passé .

- elle a cru que tu étais coupable, c'est ça ?

- c'est vrai que j'ai lu le doute dans ses yeux mais ça n'allait déjà plus depuis noël et ça a été la dispute de trop. Alors, tu restes ?

-d'accord, mais je prends le canapé, répondit-elle.

-hors de question !

- j'insiste ! Dit-elle.

- j'imagine que je n'ai pas le choix.

- non ! sourit-elle.

Danny avait de nouveau une mine grave. Le silence s'installa.Après plusieurs moments d'hésitation, il lui avoua ce qu'il avait sur le cœur.

- je voulais te dire…

- oui ?

- merci, vraiment.

- c'est rien, répondit-elle.

- non, justement, ce n'est pas rien. Personne n'avait fait ça pour moi auparavant.

- oui, je sais, je suis quelqu'un d'unique, ironisa Naelle.

- ça, c'est le moins qu'on puisse dire.

Il prononça cette phrase en la fixant. Le cœur de Naelle battait à cent mille à l'heure.

- en plus, je crois que tu es la seule à m'avoir appelé Daniel et 2 fois en plus, plaisanta-t-il.