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Rodney McKay ne dormait pas.

Couché dans son lit, les yeux grands ouverts, il écoutait le vent dans les arbres et observait distraitement les ombres des branches qui se dessinaient sur le plafond de sa chambre.

Mais ses pensées étaient ailleurs. Elles revenaient sans cesse à la déclaration de l'enfant : « Vous vous aimez…Vous êtes amoureux l'un de l'autre ».

La phrase tournait et retournait sans cesse dans son esprit. Etait-il amoureux ? Aimait-il le colonel Sheppard ?

Il chercha en lui, écartant tous les faux-semblants, les provocations, les paroles dénuées ou pleines de sens échangées sur un ton badin avec le militaire.

Alors…oui. La réponse était oui. Il aimait, il désirait de tout son cœur cet homme là.

C'était incroyable ! Comment cela pouvait-il arriver ? C'était un sentiment bizarre, étrange, inconnu.

Mais véritable. Terrifiant mais véritable. Comment avait-il pu tomber amoureux d'un homme ? Il croyait savoir que s'il avait des tendances homosexuelles, il en aurait eu conscience depuis longtemps. Mais à quoi pensait-il là ? Il n'y avait rien de programmé ni de rationnel. Il aimait John Sheppard. Un point, c'est tout. C''était un sentiment nouveau. Il devait faire avec.

Un claquement sec interrompit ses pensées. Quelqu'un venait de s'introduire dans sa chambre. Il reconnut aussitôt la stature de l'homme qui occupait ses pensées.

Son cœur fit un bond. La silhouette se pencha au dessus de lui. Il se demanda s'il n'était pas en train de rêver.

-McKay, murmurait l'apparition, Rodney !

-Colonel ? interrogea le scientifique.

-Rodney ! John Sheppard rabattit le drap d'un mouvement brusque et se jeta sur lui. Rodney, gémit-il, Rodney…

Les lèvres du militaire s'écrasèrent sur les siennes, forçant leur ouverture. La langue de John s'introduisit avec force en lui alors que ses mains soulevaient déjà son tee-shirt.

John sentait l'alcool, avait un goût d'alcool. Rodney désorienté ne savait pas comment interpréter l'information. Il désirait John et ce dernier était là, couché sur lui, l'embrassant, le désirant avec force.

Rodney capitula et entoura de ses bras le cou du militaire. Il rendit le baiser avec ardeur.

John Sheppard l'embrassait, le dévorait, le faisait chavirer. Sa langue tournait et retournait dans sa bouche. Et ses mains…Ses mains caressaient sa peau, la brûlait à chaque passage, lui arrachant des frissons de plaisir.

-Enlève ton pull Rodney, gémit John, je veux te toucher plus encore. Enlève-le,ordonna t-il, je t'en prie..

Puis impatient il fit lui même passer le vêtement par dessus la tête du scientifique.

Le militaire était au comble de l'excitation. L'odeur de Rodney, la douceur de sa peau, l'envie qu'il avait de lui. John Sheppard, dévoré par la passion, couché sur le scientifique tremblait de tout son corps.

-Rodney, sens, sens comme j'ai envie de toi ! John déboutonna sa braguette et baissa son pantalon. Il saisit la main de Rodney et la posa d'autorité sur son pénis en érection, incitant les longs doigts du scientifique à s'enrouler autour. Touche moi, caresse moi, je suis dur pour toi !

Rodney obéit, excité. Il imprima à sa main des mouvements de va et vient, caressant le sexe si dur, si doux.

-Rodney, cria John, je te veux, oui, encore !

John sentit son amant accélérer la cadence.

-Rodney, je t'aime, cria t-il en jouissant, je t'aime ! Et il éjacula.

Rodney McKay sentit le jet brûlant atterrir sur son ventre.

-Je t'aime John, répondit-il. Je t'aime plus que tout.

Rodney sentit la main du militaire s'introduire dans son caleçon et saisir son sexe dur. Le militaire reprit ses lèvres brutalement. La main descendit sur ses testicules puis se saisit de nouveau de son pénis.

Et tout bascula.

John Sheppard se redressa d'un coup. Ce fut comme une douche froide. La vague de la réalité le submergea et il réalisa l'énormité de la situation.

-Non, gémit-il, non, c'est pas possible, je ne veux pas.

-John, que se passe t-il ? Questionna le scientifique soudain incertain.

-Non ! le militaire s'agenouilla au dessus de son amant. Non ! Je ne veux pas, je suis pas un pédé !

-John que t'arrive t-il ? Rodney étendu sous lui commençait à paniquer.

-Je…j'ai jamais fait ça avec un homme, je suis pas un pédé, hoqueta le militaire.

Des larmes commençaient à couler sur ses joues.

-Moi non plus John. C'est la première fois pour moi aussi. Calme toi.

-Non, hurla le militaire, c'est de ta faute ! Je veux pas, je veux pas !

Il leva le bras et le premier coup partit. Il assena une gifle magistrale à son amant puis il perdit le contrôle. Son poing fermé atteignit Rodney sur la joue et les coups se mirent à pleuvoir. Il attrapa le poignet qui lui avait donné tant de plaisir et le serra violemment en criant :

-C'est de ta faute ! j'en suis pas, moi ! sale pédé ! je suis un homme, moi !

Rodney McKay, hébété, tenta de se protéger de la grêle de coups. Le bonheur venait de virer brutalement au cauchemar. Il tenta de se défendre. Son poing atteignit maladroitement le militaire à la mâchoire. Le coup ne fut pas violent mais eut au moins le mérite de sortir le militaire de son brouillard. Il émergea, restant là, contemplant d'abord perplexe son poing levé. Puis il regarda Rodney, couché sous lui, terrifié, puis ses yeux revinrent à sa main serrée. Il sortit de sa torpeur et réalisa, horrifié, ce qui venait de se passer.

-Rodney, non ! non !

Il se rendit compte que le corps sous lui était agité de tremblements. Il se releva d'un bond, remontant machinalement son pantalon.

-Rodney ! supplia t-il. La terreur qu'il lut dans le regard de l'autre homme finit de le dégriser. Il ne pouvait supporter ce regard.

Pris d'une brusque nausée il s'enfuit de la chambre.

A suivre…