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-Non, colonel Sheppard, vous ne pouvez pas voir le docteur McKay, nous nous occupons de lui.

Le ton était ferme et le militaire sentit que le vieil homme ne céderait pas. Ce dernier se tenait sur le pas de la porte et tenait la main d'Aela. Il se dégageait du chef une telle autorité que John Sheppard comprit qu'il n'obtiendrait rien de lui.

Il s'était écroulé et endormi au pied d'un arbre. La fraîcheur de l'aube l'avait réveillé, désemparé et hagard. L'herbe était humide de rosée et ses vêtements étaient trempés. Il n'y eut aucun répit pour lui. Les événements de la nuit lui étaient revenus instantanément en mémoire. Il se sentait plus mal qu'il ne l'avait jamais été de toute sa vie. Et horrifié. Mon Dieu, qu'avait-il fait à Rodney ? Il n'arrivait pas à le croire. Il aurait voulu que tout cela ne soit qu'un rêve. Il allait se réveiller et le scientifique serait là, amical et ils échangeraient une de leurs plaisanteries stupides et tout irait bien.

Mais non. La réalité était bien là. Sordide. Mais comment lui, John Sheppard, un type plutôt sympa, fiable et qui ne manquait pas de sang-froid, il l'avait assez prouvé lors des différentes missions, un héros, presque, avait-il pu perdre la tête à ce point là ?

Un héros ? Il eut un rictus amer. Il était un immonde salopard oui. Il fallait qu'il voit Rodney, qu'il lui explique…Il s'arrêta net. Qu'il lui explique quoi ? Il ne comprenait même pas ce qui lui avait pris. Mais au moins lui dire quelques mots.

Mais le chef l'en empêchait. John n'était pas en position de force pour l'exiger. Il tenta le coup encore une fois.

-Il est de mon devoir de m'assurer que tous mes coéquipiers sont en sécurité. Je suis le responsable de cette expédition.

-Votre équipier est plus en sécurité actuellement qu'il ne l'a été ces dernières heures répliqua le vieil homme sans se démonter. D'ailleurs Teyla pourra vous le confirmer puisque vous semblez vous en soucier mais pour l'instant, il est sous ma protection.

John tiqua en entendant le dernier mot. Qu'est ce que le chef croyait ? Il n'avait pas eu l'intention de tuer Rodney tout de même. Il n'était pas un criminel ! Il serra les dents.

-Vous reverrez le docteur McKay au moment de partir. Il serait bon que vous preniez des dispositions afin qu'il n'ait pas à marcher jusqu'à votre…jumper, c'est bien le nom, n'est-ce pas ?

John acquiesça.

-Je vais voir le major Lorne, il va s'en occuper. Puis ravalant sa fierté : Vous savez tout, n'est ce pas ?

Le vieil homme se contenta de le regarder un instant mais ne répondit pas.

Il finit par tourner les talons et disparut dans la maison, entraînant Aela avec lui.

Ooooooooooooooooooo

Rodney McKay émergea du sommeil. Cette fois-ci les événements de la nuit lui revinrent immédiatement en mémoire. La douleur le tenaillait. Son visage était en feu et son poignet était sanglé dans une attelle. Il se trouvait dans une pièce inconnue. Le vieil homme s'était occupé de lui et lui avait fait avaler une espèce de mixture et Rodney avait sombré dans l'inconscience. Il avait dû dormir longtemps. Il se sentait un peu nauséeux.

-Ca y est, vous êtes réveillé ? Aela était penchée sur lui et l'observait d'un air grave. Grand-père vous a emmené ici et vous a soigné cette nuit. Vous avez le poignet dans un état ! et la moitié de votre visage est aussi bleue que…vos yeux !

-Aela, laisse donc le docteur McKay se reposer. Tu es décidément trop bavarde ma petite fille.

-Mais il vient de se réveiller grand-père ! Elle se retourna vers Rodney : J'ai aidé grand-père à s'occuper de vous. Je vous ai entendu cette nuit quand vous aviez besoin d'aide et je suis allé chercher mon grand-père, déclara la petite fille avec fierté.

-Je ne me souviens pas avoir appelé, répondit le scientifique avec étonnement.

-Pas comme ça, pas avec les mots. Je vous ai entendu dans ma tête. Elle se tourna vers Rodney et lui murmura d'un ton contrit : je crois bien que c'est de ma faute ce qui est arrivé, j'aurai dû me taire hier. Grand-père dit toujours que je parle trop. Dites, vous me pardonnez ?

L'enfant avait la mine anxieuse.

-Ce n'est pas de ta faute, Aela. Tu n'y est pour rien dans tout ça, répondit le scientifique avec sincérité.

Il le pensait réellement. A quelque part il avait toujours su que cela allait mal se terminer. Même s'il n'avait jamais envisagé un dénouement aussi terrible.

Aela soulagée sourit.

-Je suis contente, docteur McKay. Merci. Est- ce que vous voulez que je vous confie un secret ? Puis sans attendre la réponse, elle se pencha sur le scientifique et lui murmura quelques mots à l'oreille.

Rodney la regarda d'un air grave.

-Laisse-nous maintenant Aela intervint le vieil homme, je dois parler au docteur McKay.

Aela s'éclipsa. Le vieillard s'approcha du lit et Rodney sentit les larmes lui monter de nouveau aux yeux. Il tenta en vain de les réprimer.

-Pleurez si cela peut vous faire du bien. Les larmes elles même ont leur utilité. Il s'assit sur le bord du lit. Vos blessures ne sont pas trop graves. Vous vous en remettrez. Je parle des blessures du corps. Pour celles qu'il a infligé à votre âme, c'est au fond de vous que vous trouverez la force nécessaire afin de les guérir. Ce sera peut-être long. Tout dépend de vous. J'ai peu de conseils à vous donner : Ne vous apitoyez pas sur vous même, ne vous repliez pas et ne vous complaisez pas dans la haine et la rancune. Je ne dis pas que vous devez absolument pardonner. C'est à vous de voir. Et puis laissez un peu le temps passer là-dessus. Cela vous aidera peut-être à apaiser votre colère.

Maintenant, une dernière chose : Vous allez repartir vers votre monde mais je voudrais que vous reteniez ceci : Si c'est trop difficile, si vous cherchez un jour un asile, notre porte vous sera ouverte. Aela sera heureuse de vous revoir. On dirait qu'elle a un petit faible pour vous. A ces mots Rodney esquissa un sourire. Le visage du vieil homme s'éclaira. Venez sans hésiter. Promettez le moi.

Le scientifique se saisit de la main ridée et la pressa doucement.

-Je promets, je viendrais.

A suivre…