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John Sheppard tentait vainement de se concentrer sur la cible mouvante qui se déplaçait le long du mur. Il jeta un coup d'œil dans la lunette du P90 et appuya légèrement sur la détente.

Le coup partit, provocant un impact dans la paroi à quelques centimètres de la cible.

Le militaire poussa un juron et reposa son arme. Ce n'était pas la peine de continuer, il n'avait vraiment pas la tête à cela.

Ses pensées revinrent vers Rodney et il se remémora l'incident survenu au mess il y avait quelques heures de cela.

Il avait reçu un choc mais il aurait dû s'y attendre : Rodney ne voulait pas qu'il le touche.

Le scientifique était passé devant lui, portant son plateau en équilibre précaire à cause de son poignet bandé et la jello avait commencé à glisser sur la pente.

Sans réfléchir le militaire avait posé la main sur le poignet et l'avait relevé afin de rétablir l'équilibre.

Au contact, Rodney avait fait un bond et lâché le plateau. Le contenu s'était répandu au sol, éclaboussant les chaussures du colonel de gelée bleue.

Et John avait réalisé que tout était pire que ce qu'il pensait.

Rien n'allait s'arranger.

Son cœur se serra. Rodney ne supportait plus le moindre contact avec lui.

Depuis des semaines, le militaire était passé par de nombreuses phases, de la culpabilité profonde à l'auto apitoiement, se dévalorisant ou bien fuyant sa responsabilité, rejetant la faute sur l'alcool absorbé qui lui avait fait perdre la tête.

Mais tout ceci n'était que foutaise. Il était responsable de son acte et il le savait.

Il s'assit à même le sol et ses pensées revinrent à cet instant où Rodney était sorti de la maison, Aela à ses cotés. John avait tout d'abord été épouvanté par l'état du scientifique.

La moitié de son visage était recouverte par une ecchymose violacée et son poignet était retenu par une attelle. Il se tenait un peu voûté et était d'une pâleur extrême.

Rodney ne lui avait pas accordé un regard. Le chef expliquait à Lorne, assez fort pour que lui, John entende que le docteur McKay était tombé cette nuit dans les escaliers en voulant chercher à boire et que c'était Aela qui l'avait entendu et était allée chercher de l'aide.

Et Rodney avait acquiescé.

Le chef ne s'était pas adressé au colonel Sheppard, non. Il s'était seulement assuré que ce dernier entende bien la version officielle de l'affaire. Celle que Rodney avait décidé. Puis il avait posé son regard sur lui et John qui pensait y trouver une accusation ou tout au moins de dégoût n'y avait lu qu'une immense pitié.

Et il avait baissé la tête, honteux.

Et cette honte le poursuivait jour et nuit.

Il avait tenté de parler à Rodney mais ce dernier lui avait adressé un regard qui l'avait anéanti. Un regard indifférent, glacé.

Puis Rodney avait détourné les yeux et depuis ne les avait plus posé sur lui.

Et cela lui était intolérable.

Le militaire avait essayé de s'excuser, de se justifier, il l'avait imploré au moins vingt fois, supplié mais le scientifique était resté implacable, fixant à chaque fois ses chaussures quand John lui adressait la parole.

Même lors des réunions, Rodney refusait de le regarder. Et s'il devait lui adresser la parole, il le faisait de manière impersonnelle et concise.

Et John et Teyla ! Ils savaient bien sur. Il n'avait aucun doute là-dessus. Le major Lorne ne frappait plus jamais à sa porte, histoire de discuter de chose et d'autre, une bière à la main. Il ne lui proposait plus de venir regarder un match où un film dans ses quartiers.

Un film…Tous ces films partagés avec Rodney, collés l'un contre l'autre, se passant le saladier de pop corn, leurs doigts s'effleurant de façon intentionnelle. Même quand ils étaient tous les deux, ils occupaient le centre du divan.

Ces missions, ces moments partagés, parfois presque…intimes, des sourires, des gestes, des piques..de tout cela il ne restait plus rien.

Et le reste ! Il n'arrivait même plus à bander. Une semaine après leur retour, désemparé et ne sachant plus très bien ou il en était, il avait donné rendez-vous à une biologiste qui lui faisait depuis longtemps des avances. Et bien entendu, ils avaient fini au lit. Et là, rien, nibe, le fiasco total. Rien à faire. Il était obnubilé par ce qui s'était passé avec Rodney et ne pensait à rien d'autre. Il avait essayer de s'exciter, la fille l'avait aidé de son mieux. Elle avait été patiente. Un moment il avait cru y arriver mais son début d' érection était tombé. Il n'arrivait pas à se concentrer.

Heureusement qu'il s'agissait d'une femme intelligente et compréhensive. Elle n'allait rien ébruiter. Mais tout de même son orgueil de mâle en avait pris un coup.

Il n'arrivait même pas à se masturber. En fait il n'arrivait pas à se donner du plaisir, tout simplement.

Le militaire se demanda s'il ne devait pas consulter Heightmeyer mais cela l'aurait obligé à tout déballer. Et il n'en était pas question. Il ne pouvait pas s'y résoudre.

Il était dans une impasse.

Il jeta avec rage son P90 sur le mur en face. L'arme pulvérisa une des cibles intacte et s'écrasa sur le sol.

John se prit la tête dans les mains et se mit à pleurer.

A suivre…