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Rodney McKay laissa Katie Brown devant les serres du labo de botanique et poursuivit son chemin, jetant un regard par-dessus son épaule. Parfait, John ne le suivait pas. Il avait très bien remarqué l'expression de stupéfaction douloureuse qui avait crispé les traits du militaire quand Katie avait arrangé son col. Et il en avait rajouté, prenant le bras de la botaniste avec ostentation.
Bien entendu il n'y avait rien entre Katie et lui que de la sympathie. Un temps ils avaient envisagé une relation plus...approfondie mais ils s'étaient vite rendu compte l'un et l'autre que cela ne fonctionnerait pas. Et cela s'était soldé par une relation amicale mais non dénuée d'une certaine affection.
Rodney voulait que John souffre. Il voulait qu'il paie pour la douleur qu'il lui avait infligé, pour la souffrance qu'il ressentait chaque jour. Et la trahison, l'humiliation. Il se revoyait caressant le sexe dur, il se souvenait de l'excitation du colonel et du jet brûlant sur son ventre… et le premier coup.
Rodney voulait que John paye pour cette déclaration qu'il avait faite au militaire. Il s'en souvenait avec une douloureuse précision : John avait dit « je t'aime » et Rodney avait répondu « Je t'aime plus que tout » de tout son cœur, avec tout l'amour qui mûrissait en lui depuis, il s'en rendait compte maintenant, depuis leur première rencontre dans cette base glacée de l'Antarctique.
Depuis un mois il se passait sans arrêt le film des événements, tentant de comprendre, de trouver une explication. Mais rien ne pouvait justifier à ses yeux l'attitude du colonel.
L'alcool, peut-être ? Mais même si John était éméché ce soir-là, ce n'était pas une raison suffisante pour perdre la tête comme il l'avait fait .
Mais comment en étaient-ils arrivés là ? Rodney se souvenait de tous les deux avant cette soirée fatidique : La complicité, les missions, les confidences et…les propos ambigus, les gestes équivoques. Il avait le souvenir de s'être fait la réflexion qu'ils marchaient sur des œufs, qu'ils devaient appréhender les conséquences de leurs petits jeux.
Des petits jeux qu'il pensait si innocents.. Il savait maintenant qu'il n'y avait jamais rien eu d'innocent dans tout cela.
Ils avaient joué avec le feu et maintenant ils payaient.
Rodney tenta de rejeter ses pensées et de se concentrer sur la tache qui l'attendait : Un jumper avait présenté de nombreuses avaries et ils allaient tenter un vol d'essai après réparation.
Le scientifique avait fait des pieds et des mains afin que ce ne soit pas le colonel Sheppard qui pilote l'appareil et s'était débrouillé pour que ce dernier l'apprenne.
Mais curieusement il n'était pas satisfait de lui. C'était mesquin, digne d'un esprit revanchard.
Le cœur lourd, il prit la direction du hangar aux jumper.
A suivre…
