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John Sheppard arriva dans la salle de contrôle et remarqua immédiatement qu'il y régnait une agitation inhabituelle. Il pressentit la catastrophe.
Elisabeth et le docteur Zelenka étaient plongés dans une discussion animée. Ils s'interrompirent quand ils s'aperçurent de la présence du militaire.
Elisabeth vint à sa rencontre :
-Colonel, j'ai de mauvaises nouvelles : Le jumper qui devait faire un vol d'essai est porté disparu. Il s'est écrasé dans l'océan et nous avons perdu sa trace. Le docteur Zelenka a pu établir un instant la communication avec Rodney mais il semble que la vitre ait explosé. Ils ont dû se réfugier dans le compartiment à l'arrière. Impossible de rétablir la communication avec ses occupants. Mais tout espoir n'est pas perdu, ajouta t-elle précipitamment en voyant John blêmir. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour les sortir de là.
-Mon Dieu, Rodney, balbutia le militaire. Il sentit ses jambes se dérober sous lui et s'appuya contre la paroi. Ce n'était pas vrai, il n'allait pas perdre Rodney encore une fois. C'était injuste. Ses mains tremblaient. Il sentit la peur le gagner.
-Colonel, reprenez-vous. Il entendit la voix d'Elisabeth parvenir jusqu'à lui comme dans un brouillard. Nous avons besoin de vous. Si vous voulez retrouver Rodney vivant, vous devez réagir.
Le ton était ferme. John reprit pied immédiatement. Elisabeth avait raison. Il interrogea Zelenka du regard.
-Plus le temps passe, moins ils ont de chance de s'en sortir, expliqua sans détour le scientifique. Le manque d'oxygène, la pression de l'eau qui s'exerce sur les parois du jumper, le froid. Un de mes collègues tente actuellement de déterminer le point de chute. Cela nous aidera à le localiser mais malheureusement le docteur Bryce qui a étudié les données des anciens sur les fonds marins nous a signalé qu'ils atteignaient des profondeurs très importantes.
Le militaire passa la mains dans ses cheveux dans un geste nerveux. Il se sentait de nouveau glisser vers la panique.
Ressaisis toi John, allez un effort. Fais-le pour Rodney, se morigéna t-il. Nom de nom, il est en danger et ce n'est pas le moment de craquer.
-Nous devons le sortir de là. Enfin je veux dire, les sortir de là. Sa voix avait repris de l' assurance mais elle tremblait encore un peu.
Elisabeth Weir lui prit le bras et l'attira dans un coin de la pièce.
-John, commença t-elle, je sais à quel point Rodney compte pour vous alors si vous voulez l'aider ne vous laissez pas aller. Tout espoir n'est pas perdu. Nous pouvons les sauver mais pour cela nous ne devons pas nous laisser abattre. Il faut nous mobiliser dans le seul but de les sortir de là-dessous et pour cela nous devrons prendre diverses décisions. Alors si vous pensez être trop impliqué émotionnellement et que vos sentiments pourraient interférer dans vos jugements et vos actions je peux demander au major Lorne de vous remplacer.
-Non, Elisabeth, ça ira, j'ai pris un coup, c'est tout. Mais merci quand même. Il sourit, rasséréné. Comme d'habitude la dirigeante d'Atlantis avait trouvé les mots justes. Elle le connaissait bien.
-Alors au travail, John !
Le militaire se dirigea vers le groupe de scientifique. Ils allaient sauver Griffith et Rodney et quand il aurait tiré ce dernier de là il ne lâcherait plus tant qu'il n'aurait pas obtenu son pardon.
Quelques heures plus tard un second jumper s'immergeait dans l'océan. Le colonel Sheppard et le docteur Zelenka étaient à son bord. Le tchèque était nerveux, il n'était pas dans son élément et avait tout d'abord émis quelques réticences à se lancer dans l'aventure. Mais le colonel et Elisabeth l'en avait convaincu. Et puis il ne doutait pas que McKay en aurait fait autant pour lui. Malgré son caractère difficile il n'aurait jamais laissé un collègue en danger sans tout tenter pour le sauver. Il observa son coéquipier du moment avec curiosité.
Le colonel était soucieux, bien sur. C'était normal. Il y avait deux hommes en danger de mort là-dessous et le temps leur était compté à eux aussi. Mais Zelenka qui ne manquait pas d'intuition pressentait autre chose. Il scruta le militaire : ce dernier avait les traits tirés par l'anxiété, les yeux rougis et les mains qui tremblaient légèrement. Zelenka savait ce que c'était que la peur, il l'avait bien connue autrefois et cet homme assis à coté de lui, tendu à l'extrême était manifestement terrifié à l'idée d'échouer. Le scientifique était prêt à parier qu'ils tentaient de sauver une personne qui était chère au colonel. Très chère même. Et comme il se doutait bien qu'il ne s'agissait pas de Griffith, la conclusion s'imposait d'elle même. Les sentiments humains étaient mystérieux et prenaient parfois de ces chemins !
La voix du colonel Sheppard le tira de ses pensées.
-La baleine, là, elle effectue des cercles au dessus de quelque chose. C'est le jumper !
Ils l'avaient trouvé, ils avaient trouvé le jumper ! Il ne restait plus qu'à contacter Rodney.
Cinq minutes plus tard ils se posaient à coté du vaisseau échoué et activaient le bouclier.
Il n'y avait pas de temps à perdre : Sheppard et Zelenka se précipitèrent et se saisirent du scientifique l'entraînant vers le premier jumper tandis que la baleine passait au-dessus d'eux comme pour un dernier adieu..
A suivre…