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Rodney McKay escalada les rochers, évitant de poser les pieds sur la mousse humide. L'exercice lui faisait du bien. Pour la première fois il laissait son esprit se vider, se concentrant sur l'effort physique. Cela lui faisait un bien fou.

Il avait besoin d'un peu de solitude et si la petite Aela était la plus remarquable petite fille qu'il eut jamais connu, bien qu'il aurait été le premier à admettre qu'il en avait pas connu beaucoup, elle était aussi une sacrée pipelette. Bavarde comme une pie, curieuse, posant toute sorte de questions, racontant sa petite existence à Rodney.

Et ce dernier, à sa grande surprise se plaisait en compagnie de cette enfant si vive et si agréable. Aela, bien qu'étant une incorrigible bavarde était exempte d'hypocrisie et de vanité. Tout chez elle était clair et limpide. Elle acceptait son don de clairvoyance avec simplicité, sans en tirer d'orgueil.

Quand Rodney était arrivé sur la planète, il n'avait pas été surpris de se rendre compte qu'Aela et son grand-père l'attendaient. Le vieil homme lui avait ouvert les bras et souhaité la bienvenue. L'enfant était manifestement heureuse de le retrouver. Il avait été accueilli comme un ami et touché par la simplicité de ces gens qui ne demandaient rien en retour.

Comme si cela allait de soi d'aider un étranger dans la peine.

Rodney s'était décidé à prendre ces quelques jours de congé après la visite de John à l'infirmerie. Ils n'avaient pas eu besoin de mots pour se dire qu'ils s'aimaient mais est-ce que lui, Rodney, pouvait ou devait oublier ce qu'il s'était passé sur cette planète ? Est-ce qu'il pouvait pardonner ?

Et cette violence dont John avait fait preuve ? Rodney la redoutait plus que tout. Il avait peur que cela ne recommence, que John panique de nouveau. S'ils devaient construire une relation, cela serait sur des bases de confiance mutuelle et certainement pas de crainte.

Il arriva en haut de la petite falaise et se hissa sur la crête. Il eut le souffle coupé par la beauté du paysage. A ses pieds s'étalait une vaste plaine dorée qui s'étendait jusqu'à de hautes montagnes qui bouchaient l'horizon. Les sommets enneigés perçaient le ciel bleu. Il y régnait une atmosphère de sérénité et de paix. L'air était vif. Rodney resserra sa veste et s'assit. Ses pensées revinrent vers celui qu'il aimait.

Il entrevoyait des débuts de réponses :

Oui, il pouvait pardonner à John mais non, il n'allait pas oublier. Il ne fallait pas que cela recommence, il ne le tolérerait pas. Si John venait à lui, ce serait en homme responsable et capable d'assumer ses sentiments. Sinon ce n'était pas la peine. Rodney se voyait mal vivre dans la peur de recevoir des coups de celui qu'il aimait.

Parce qu'il aimait John Sheppard. Il l'aimait tant..

Il entendit un bruit, comme une petite chute de pierre derrière lui. Surpris il tourna la tête.

oooooooooooooooooooooooooo

John Sheppard se mordit la lèvre inférieure. De mauvais souvenirs remontaient à la surface. Il se trouvait exactement à l'endroit où il s'était écroulé dans l'herbe humide, à moitié saoul plus d'un mois auparavant après avoir tabassé Rodney.

Le militaire n'avait pu attendre plus longtemps le retour du scientifique. Il n'avait pas eu besoin d'interroger Lorne pour se douter de sa destination et après trois jours de patience, il avait "emprunté" un jumper pour rejoindre Rodney.

Et voilà qu'il se retrouvait à l'endroit même où il avait commencé à vraiment réaliser la gravité de son acte.

Il ne recommencerait jamais. Il avait sérieusement dérapé et avait perdu son self contrôle. Ses sentiments lui avaient fait si peur quand cette nuit là il avait réalisé qu'il aimait Rodney, qu'il le désirait. Il n'avait pas été capable d'assumer. Un homme ! Il aimait un homme. Jamais il n'aurait cru cela possible auparavant, dans cette autre vie, sur la Terre, avant qu'il ne rencontre Rodney McKay et se sente irrémédiablement attiré vers lui.

Les yeux fixés au sol il sentit la honte l'accabler de nouveau. Il était tombé si bas cette nuit là. Il avait découvert une facette de lui qu'il ne connaissait pas et ce n'était pas la plus agréable.

Rodney lui pardonnerait-il ? Il soupira et son regard rencontra une petite paire de pieds nus. C'était cette petite fille, Aela, celle par qui tout avait commencé.

-Tu viens le chercher ? cela sonnait plus comme une affirmation que comme une question. John hocha la tête.

-Je ne lui ferais plus de mal, déclara t-il.

Mais qu'est-ce qu'il lui prenait ? Voilà qu'il se justifiait auprès d'une enfant !

-Je sais, répondit Aela avec sérieux. Tiens, voilà mon grand père !

Le vieil homme s'approcha et scruta le militaire sans un mot. John eut l'impression que le vieillard lisait dans son esprit. Il eut comme un frisson mais ne dit rien. Il avait l'impression de passer un examen. Les yeux du vieux ne cillait pas et John se sentit comme nu. Il ne pouvait rien cacher. Il songea qu'il avait dû passer l'examen avec succès car le vieil homme se détendit.

-Oui, vous avez raison, vous avez réussi, déclara le grand-père avec un sourire amusé.

John sursauta. Mince, l'homme lisait dans ses pensées. Mais comment était-ce possible ?

-C'est un don, c'est tout, répondit le vieillard à la question muette. Cela n'a rien d'extraordinaire. Aela elle, voit dans les esprits et aussi dans le passé et un peu dans l'avenir.

Il hésita un instant et reprit :

-Vous avez changé mais soyez vigilant. Ne laissez plus cette violence qui est en vous prendre le dessus parce que vous n'aurez pas de deuxième chance, cette fois ci.

John Sheppard acquièsca.

-Allez, Aela va vous montrer le chemin.Et ensuite reviens tout de suite ma petite fille. Elle est très curieuse, ajouta t-il à l'intention du militaire alors renvoyez là moi dès que vous aurez retrouvé votre ami.

John sourit. La petite main se glissa dans la sienne et il se laissa guider.

oooooooooooooooooooooooo

Rodney était assis, là, les joues un peu rouges à cause de l'air vif et piquant. Ses yeux rivés sur lui brillaient.

-Rodney ! souffla t-il.

Le scientifique se jeta dans ses bras. Ils s'étreignirent avec force Leurs lèvres se joignirent dans un baiser passionné. John se détacha le premier avec regret mais c'était nécessaire :

-Rodney, je ne te demande pas d'oublier ce qui s'est passé, commença t-il. Mais je te jure que cela ne se reproduira pas. Je t'aime, j'ai besoin de ton amour et je te demande pardon.

Le scientifique sourit. Il ne doutait pas des sentiments de son compagnon. Même dans les pires moments lors de cette nuit de cauchemar quand le vieillard avait soigné ses blessures, Aela l'avait assuré de l'amour que John avait pour lui. Elle lui avait glissé cela à l'oreille comme un secret. Mais l'amour ne suffisait pas. Il fallait pardonner aussi. Et Rodney avait pris le temps qu'il lui fallait pour le faire.

-Je te pardonne, John, j'ai confiance en toi et je t'aime, murmura t-il.

Il se laissèrent tomber au sol. John s'assit, écartant les jambes et fit s'installer Rodney entre, l'entourant de ses bras. Il colla sa joue contre celle de son amoureux, le serrant contre lui.

Les deux hommes restèrent un long moment ainsi, goûtant le bonheur de s'être retrouvé. Puis Rodney finit par se retourner et passa ses bras autour du cou de John. Ce dernier l'embrassa de nouveau. Les langues se mêlèrent et les mains se baladèrent, avides de découvertes. Leurs souffles se précipitèrent. Les lèvres de John se perdirent dans le cou chaud de son compagnon. Il brûlait de désir. Rodney le sentit. Lui aussi avait envie de John.

Il lui saisit la main.

-Descendons, suggéra t-il avec un petit sourire provoquant. Je crois que nous serons mieux à l'intérieur.

-Et pour quoi faire, par exemple, demanda John avec malice, reprenant leur jeu favori. Il sourit avec bonheur. Cette fois ci, tout était clair entre eux, l'essentiel avait été dit. Ils avaient joué avec le feu et en avait subi les conséquences. Maintenant le jeu pouvait continuer…pour leur plus grand plaisir.

-Je ne sais pas moi, tu as une idée peut-être ?

-Peut-être, peut-être souffla le militaire à l'oreille de son amoureux. Nous allons voir ça.

-Voir quoi ?

-Si tu continues, c'est entre deux rochers que je vais te faire voir ça et tant pis pour le froid !

Leurs mains se joignirent et pressés par le désir ils reprirent le chemin du retour.

A suivre….pour le dernier chapitre.