De femme à femme (2)
- Milo aurait adoré cette vue…
C'était une constatation, juste une froide et simple constatation. Même nostalgique, le Verseau ne pouvait s'empêcher d'être fidèle à sa propre nature. C'était une confidence dissimulée par le voile de la logique.
Je tournai la tête dans sa direction et ne pus réprimer un sourire. Le verre entre les mains, le regard nostalgique perdu au loin, quelques mèches de cheveux qui dansaient autour d'un visage au contour parfait, appuyant nonchalamment contre la rambarde son corps athlétique… Oui, me dis-je à moi-même, Milo aurait vraiment adoré cette vue…
Plantés par Saori Kido, nous avions décidé de nous rendre sur la terrasse pour siroter notre cocktail.
A bien y repenser… c'était une magnifique soirée. Le ciel était clair et sans le moindre nuage, l'hôtel surplombait le Pirée, nous offrant une vue imprenable sur l'horizon. Oui, vraiment c'était une magnifique soirée…
Adossés à la terrasse, nous laissions nos regards errer avec plaisir sur le paysage noir des flots reflétant la clarté de la nuit avec perfection. J'ai préféré cette vision à toutes celles des lumières et des clartés artificielles de la grande salle du restaurant. Je me sentais mal à l'aise dans ce monde moderne… pas à ma place. Ce n'était pas là mon monde… et je me sentis en terre étrangère plus que jamais.
Un regard sur le côté… un regard sur Camus… Je m'interrogeais. Comment pouvait-il être autant à l'aise si loin du sanctuaire ? Où avait-il apprit ces manières d'homme du monde qui semblait si bien lui coller à la peau ?
Camus avait décidemment un magnétisme bien trop important pour mon propre bien…
Français, il était ma bouée au sanctuaire, ma bouffée d'air natale.
Chevalier, il était ma bouée dans ce monde si étrange, le seul à être normal à mes yeux parmi tous ces personnages fantasques et mondains.
C'est drôle quand j'y repense, Camus a souvent été mon île, mon pilier lorsque je me suis sentie dérivée.
Il était si beau ! Il était si sage !
Nous dégustions nos verres en silence, puis une phrase… juste une phrase. Pourquoi a-t-il brisé le silence ?
Un regard noyé sous les flots de la nuit. Dans cette partie du balcon, éloigné de la porte vitrée, à l'abri de cette lumière artificielle, on ne se voit pas… on se devine. On se découvre. C'est une nuit qui invite à la confidence… c'est une nuit qui invite à toutes les folies.
J'ai eu chaud tout à coup. J'ai senti une bouffée de chaleur envahir tout mon être.
- Parle-moi de lui.
Milo était un homme que je ne connaissais pas. Pas ce Milo là, pas celui qui méritait cette intonation dans la voix de Camus. Non, ce Milo là, je ne le connaissais pas.
Un sourire habilement dissimulé par quelques mèches rebelles me prouva que c'était là un sujet que le Verseau ne détestait pas.
- J'avais sept ans lorsque je l'ai rencontré pour la première fois. Je venais d'arriver au Sanctuaire, je ne parlais pas la langue, je ne comprenais rien. Milo venant d'arriver lui aussi. La première fois que je l'ai vu, j'ai vu un petit garçon effrayé comme un animal sauvage qui ne cessait de jeter des regards haineux autour de lui, comme pour défier le monde entier et prouver sa bravoure.
Un instant de pause… son regard partit loin, si loin… des années en arrières.
Je m'imaginais un petit garçon apeuré, terrorisé, mais ne voulant pas le montrer cachant sa terreur derrière un masque de courage feint.
- Il refusait de tenir la main de son maître. Il parlait fort, et gesticulait beaucoup. Je ne parlais pas encore le grec mais je n'ai pu décoller mon regard de ce petit garçon de mon âge dont le comportement orgueilleux, à mon sens, révélait bien plus de colère et de peur que toutes les paroles qu'il pouvait prononcer et dont d'ailleurs, je ne comprenais pas le moindre mot. Un geste de la main au loin, un simple salut, un sourire mutuel de découvrir un enfant du même âge… ce fut le premier contact.
Camus soupira. Perdu dans ses souvenirs, je pouvais deviner dans son âme qu'il revivait avec plaisir sa première rencontre avec le futur petit Scorpion. Oui, je pouvais imaginer le soulagement de ces deux enfants ravis à leur vie quotidienne par le destin. Soulagement de découvrir, dans un univers brutal et si différent, la vue d'un autre enfant de son âge. On se dit dans ces moments - et c'est peut-être égoïste - mais on se dit qu'on n'est pas le seul… On est tous passé par là !
Les enfants sont si innocents… on a tendance à l'oublier lorsqu'on voit les chevaliers aujourd'hui adultes. Mais assassins, espions, guerriers… tous ont été enfant un jour ou l'autre. Tous… guerriers, chevaliers, marinas ou spectres… On a tous cette partie commune de notre histoire : celle d'un enfant innocent désigné par le doigt impitoyable de la justice divine. Des petites mains d'enfants qui aimaient jouer avec la terre et la boue… Seraient-elles aussi teintées de sang aujourd'hui si les Dieux ne nous avaient pas désignés ? Oui ! Mais pour les enfants sacrés c'est différents ! Les chevaliers, eux, auraient pu avoir un avenir alternatif.
Perdue dans mes propres réflexions, j'ai en perdu le fil du récit de Camus.
- … Une main tendue vers moi pour m'aider à me relever. Une main que j'ai acceptée. Ce fut le début d'une grande amitié.
J'ai décroché ! J'ai décroché mais c'est peut-être mieux ainsi. Je ne voulais pas m'immiscer dans la vie et dans les souvenirs du Verseau… enfin pour être honnête, si ! Mais peut-être valait-il mieux que je perde le fil quelques instants. Je ne sais pas ce que Camus a bien pu dévoiler durant le laps de temps de mon « absence », mais… un regard sur l'horizon, et je vis briller le diamant de la nuit. Message reçu, Ô ma Déesse ! Il avait trop dévoilé… je n'avais pas à entendre cela. C'est aussi simple que cela.
Je feignis sortir de ma rêverie. Il parut soulagé.
- Tu as l'air de beaucoup aimer Milo…
La phrase était sortie toute seule. Je voulus m'en excuser mais il ne m'en laissa pas le temps.
- Oui… beaucoup !
J'avais chaud… j'avais très chaud ! Les mots me sortaient sans le moindre effort et transpassaient sans la moindre gêne la barrière de la bienséance. Mais de toute évidence, je n'étais pas la seule à qui ce curieux phénomène arrivait…
Pour être honnête avec toi, Lectrice inconnue, j'ai perdu le souvenir de la grande majorité de la conversation de cette soirée. Je crois… il me semble me souvenir qu'elle avait pourtant commencé de manière sensée…
Ce dont je me souviens c'est d'une gorgée, puis une autre… avoir chaud, très chaud… Il a parlé, il a dit quelque chose, drôle je crois puisque j'ai ri… Il s'est tourné vers moi, je me suis tournée vers lui… Chaud, vraiment très chaud…
Ivresse ? Non, pas ivresse. Je n'avais pas la tête qui tournait… j'avais chaud ! Par la suite, j'ai pu comparer cette sensation à une cuite mémorable que je me suis pris peu après et crois-moi, la sensation n'avait rien de semblable.
Une dernière gorgée, je rejetais la tête en arrière pour vider mon verre et il me suivit dans le même mouvement. J'ai bloqué sur sa gorge... prise dans une pulsion presque animale de … fondre sur cette gorge, de la mordiller, de l'embrasser. J'ai tellement bloqué que je me souviens avoir sursauté lorsque j'ai senti sa main prendre le verre des miennes pour le déposer sur le rebord. Un regard… brûlant ! Par tous les Dieux, le regard du seigneur des glaces me brûlait à me détailler ainsi. Il a gardé sa main dans la mienne et moi… j'ai posé l'autre sur sa nuque et je l'ai attiré à moi… violement, brusquement. Ses lèvres, Ô ma Sœur imaginaire, ses lèvres étaient si douces… Il n'a pas reculé. Il ne m'a pas repoussé. Il a accepté, juste accepté. Juste une seconde, mais lorsque moi, je me suis reculée, je devais avoir sur les joues la même rougeur de gêne que je dois avoir maintenant en te racontant cet épisode si intime de ma vie. Il a souri et j'ai souri de connivence. Ma main toujours fermement maintenue dans la sienne, il m'a entrainé à travers la grande salle.
Un sourire complice, rassurant, une main dans la mienne… et le chemin me sembla déjà tracé.
Chaud !
Je me suis retrouvée, je ne sais comment, à avancer dans l'obscurité de sa chambre.
Très chaud !
Puis je me souviens m'être arrêtée… avoir senti deux bras puissants m'emprisonner, être bloquée, mon dos contre un torse, deux mains enlaçant mon ventre… et une remonter doucement, survolant ma poitrine sans s'y poser, venir saisir mon visage pour me forcer gentiment à tourner la tête. Et ses lèvres à nouveau. Ses lèvres qui viennent happer mon souffle dans un baiser passionné. Ma main qui remonte le long de mon corps pour venir se poser derrière sa tête pour approfondir le contact. Une langue. Une langue sucrée qui vient forcer le barrage de mes lèvres et caresser la mienne. Je ressers ma main contre sa tête. Je soude nos deux bouches. J'en veux plus… j'ai chaud ! Ses lèvres quittent les miennes et se déplacent dans ma nuque… j'ai vraiment très chaud ! Sa main quittent mon visage et prend place dans mon dos… J'entends la fermeture éclaire de ma robe descendre. Il me prend par les épaules et me retourne pour lui faire face. Une interrogation dans le regard... une demande, une permission... J'acquiesce et il fait glisser ma robe le long de mes épaules… la gravités fera le reste… Je sens son regard sur mon corps dévoilé… et soudain j'ai peur. Je place mes bras en protection sur mon buste nu dans un geste absurde de protection. Je ne porte pas de soutien-gorge. Je n'ai jamais réussis à me résigner à porter ce truc.
J'ai chaud !… J'ai peur !… Je ne contrôle pas la situation.
Comment en est-t-on arrivé à ce moment là ? Je ne comprends pas. Mais il est trop tard pour m'interroger, trop tard pour faire demi-tour. Et d'ailleurs, je n'en n'ai pas envie… de faire demi-tour. Il semble comprendre, il s'approche, me caresse le visage doucement, m'embrasse à nouveau… tendrement. Je sens ses mains venir prendre les miennes et m'écarter de ce geste de défense qui s'est emparé de moi. Il pose mes mains sur son torse, sur le premier bouton de sa chemise et je comprends… je comprends ce qu'il attend de moi. Doucement et les mains tremblantes je commence à déboutonner sa chemise jusqu'à la faire glisser sur ses bras. Je passe les mains sur son torse nu. Par tous les Dieux qu'il est beau ! Un rayon de Lune vient se glisser dans notre intimité et l'éclairer. Des abdos parfaitement dessinés… une peau lisse et douce. Je suis fascinée par ma main qui passe et repasse sur cette peau. Tellement fascinée que je ne le vois pas défaire sa ceinture et faire glisser son pantalon le long de ces jambes. Egalités. Nous sommes à présent à égalités. Il ne lui reste qu'un sous-vêtement… moi aussi. Je recule lorsque je constate sa presque nudité. La peur me reprend. Et lui me reprend dans ses bras. Je tremble. Il ressert son étreinte.
C'est étrange comme sensation. Une peau nue contre une peau nue. Chaleur contre chaleur. Le corps du seigneur des glaces est brûlant. Ses mains se baladent contre moi, une dans mon dos, l'autre dans mes cheveux. Un geste habile et mon chignon se brise. Mes cheveux volent librement dans mon dos. Ma main dans ses cheveux à lui défait sa queue de cheval et ses cheveux volent aussi. Je me recule, je le regarde. Puis je me jette dans ses bras à nouveau. C'est idiot mais l'espace d'un instant, je me suis reculée… et j'ai eu froid. Son corps est chaud, son corps est… rassurant. Il me cache, cache ma nudité, me protège. Un baiser à nouveau et je sens ses bras venir se placer sous mes jambes et je décolle du sol. J'atterris en douceur sur le lit.
Ö Ma Sœur imaginaire… c'est un moment enivrant ! Son corps couché sur le mien… ses mains qui emprisonnent les miennes… mes jambes qui viennent se placer d'elles-mêmes autour de lui et… ô cette sensation d'intimité qui même à travers le tissu m'a faite frissonner de plaisir. Ses lèvres qui me dévorent la bouche, le visage, le cou… Mes lèvres qui réclament, mes mains qui enserrent les siennes, mes jambes qui entourent plus fort et mon corps tout entier qui bouge, indépendant de ma volonté… et le sien… le sien qui bouge déclenchant à chaque mouvement des vagues de chaleur dans mon être tout entier. Des secondes, des minutes, des heures… je ne sais pas. J'ai complètement perdu la notion du temps. Ses mains qui quittent les miennes, qui viennent se placer sur mon corps… ses lèvres qui descendent… je le sens descendre… sur mon torse… sur ma poitrine, m'arrachant des soupirs incontrôlés. Sur mon ventre… ses mains qui descendent et qui attrapent soudain l'élastique de mon sous-vêtement. Une bouche mutine qui vient se poser à un endroit interdit, même avec la barrière du tissu. Je pousse un cri de surprise. L'instant d'après la même bouche se retrouve sur mes lèvres, et murmure à mon oreille.
- Je peux ?
Une pression contre mon ventre, sur cet élastique. Comment lui dire non ? Franchement, perdue dans ces sensations nouvelles et si délicieuses, avec un feu qui vous ronge le corps… comment lui dire non ? Je rejette la tête en arrière.
- Oui.
Etait-ce une permission ? Etait-ce une supplication ? Sa bouche et ses mains sont repartis à l'assaut de mon corps offert. Ses lèvres sur mes cuisses, sa langue jouant sur mes jambes… je me mors les lèvres, mes doigts viennent se perdre dans les draps que je serre avec toute la force que je possède. Une main vient s'égarer… secouant mon corps de spasmes incontrôlés et faisant sortir de mes lèvres des gémissements dont je ne me préoccupe même pas d'avoir honte. Je le sens gigoter soudain. Je me relève, prends appui sur mes avant-bras et je le découvre… je le découvre dans sa complète nudité. Une vision d'un homme dont je ne suis pas habituée. Et je bloque sur une partie de son anatomie.
Ris ma Sœur ! Ris de mon innocence ! Mais à ce moment là, j'ai caché mes yeux de mes mains. Gênée de cette… partie de son corps fièrement dressée ! Je me suis laissée tomber en arrière, j'ai caché mes yeux de mes mains. J'avais de mauvaises images qui me revenaient en tête.
Un nouveau spasme… une sensation chaude, si chaude qui me traverse le bas ventre… Je sens à nouveau son corps qui se couche contre le mien… pas de barrière, pas de tissus… Je détourne la tête lorsque je sens ses lèvres sur mon visage…. J'ai chaud… j'ai peur… je sais ce qu'il va se passer.
Mauvaises images ! Mauvaises images ! Je sens ses mains venir prendre les miennes et les emprisonner au dessus de ma tête. Je sens une main venir me caresser le visage. Je tremble… j'ai tellement peur… mais j'ai tellement chaud.
- Swann !
Je garde la tête tournée en direction du mur.
- Swann… regarde-moi !
Lentement, sa main vient me tourner la tête. Un doux baiser vient papillonner sur les lèvres… une fois, deux fois…
- Regarde-moi ! Je ne te ferais pas de mal. J'arrête si tu veux.
Son corps est si chaud… sa voix est si douce. Cette intimité tout contre la mienne… ce feu à l'intérieur de moi. Déjà mes hanches commencent à bouger petit à petit indépendamment de ma volonté, lui arrachant à lui, des soupirs de plaisir.
- Non !
Non, ne t'arrête pas ! Continue ! J'en ai envie… j'en ai besoin !
Je tourne la tête. Mes yeux restent clos mais il sait que je plante mon regard dans le sien. Il me sourit tendrement. Il se positionne. Ses lèvres sur les miennes pour me rassurer, mes mains qui serrent les siennes à lui faire mal… j'imagine. Il approfondit son baiser et commence un mouvement des hanches… il pousse… il pénètre… doucement pour ne pas me blesser. Je rejette la tête en arrière dans un cri. Il fond sur ma gorge. Je ressens ses mains se resserrer sur les miennes. Je l'entends haleter contre moi. Il aime ! J'aime ! Petit à petit, les mouvements se font plus profonds, plus rapides. Je lâche ses mains, je caresse son dos, il me prend par les épaules, enfoui sa tête dans mon cou. Emportée par le plaisir, je laisse mes mains errer sur son corps, vers le bas de son dos et j'encourage ses mouvements. Je perds le contrôle… complètement. Je ne suis plus que sensation et plaisir. Ma bouche se perd dans son cou et le dévore de baiser… son cou, son épaule, ses lèvres…
Il se relève, prend appui sur ses bras. Change de position…. Par tous les Dieux, il me rend folle… Plus de douleur… plus de gêne… juste une incroyable sensation de plaisir.
Un homme est en train de me faire sienne… Camus est en train de me faire sienne ! Camus est train de faire de moi une femme ! Et je voudrais que ce plaisir ne s'arrête jamais. Je noue mes jambes autours de lui, je croise les jambes dans son dos, je pose mon front contre son torse. Je me donne à lui… sans concession, sans condition… d'ailleurs, je ne suis plus en mesure de réfléchir, perdue dans ce tourbillon de plaisir. Lui non plus… il me caresse, il m'embrasse. Il perd le contrôle aussi. Il se donne à moi.
Soudain, il s'immobilise. Je le sens se contracter contre moi. Son souffle se fait plus fort, ses gémissements plus rapides… et il retombe sur moi, épuisé. Je le garde contre moi. Je le serre contre moi. Il se couche à mes côtés et m'ouvre les bras. Je me blottie contre son torse. Un tendre baiser vient se poser sur mon front tandis que ses bras se referment sur moi. Nous retrouvons notre souffle doucement.
Je ne veux pas penser. Je ne veux pas réfléchir. Je suis bien… juste bien. Dans ses bras, je me sens en sécurité… Je me sens… femme. Une nuit, juste pour cette nuit, c'est tout ce que je veux être. Je tremble encore… de ces tremblements qui vous prennent après l'amour. Il ressert son étreinte. Il me serre, me berce… je m'endors… Juste une femme dans les bras puissants d'un homme. Je m'endors.
Je me suis endormie contre Camus cette nuit-là. Ma tête reposant contre son torse, mon corps au chaud contre le sien, ses bras m'enlaçant tendrement.
Je ne le savais pas encore, mais il y allait avoir deux réveils…
Le premier, je m'en doutais, le lendemain lorsque gênés, nous nous sommes découverts en pleine lumière. C'était une nuit propice à toutes les folies et à ce moment là, nous ne savions pas encore d'où nous était venu la notre. A la lumière de la Lune, certains soirs, tout est permis… à la lumière de la Lune, plus de gêne, plus de questions… mais lorsque le soleil se lève, on se découvre alors une certaine rougeur sur les joues qu'on n'avait pas vue le soir d'avant…
Le deuxième réveil allait arriver plus tard… bien plus tard…
Bien après la gêne… bien après la claque que nous allions nous prendre de concert quelques temps après…
Un réveil qui fait mal, un réveil qui fait très mal.
Tout cela pour le moment me passait au dessus de la tête. Je m'endormais, serrée dans les bras de Camus. C'était un secret. Un tendre secret entre lui et moi.
….
Une femme ! Cette nuit là, entre les bras de Camus, je suis devenue une femme. Une vraie femme ! Une amante !
Ma Sœur imaginaire…
J'imagine ta question... Non, je ne suis pas tombée enceinte!
Et, non, j'ai jamais été amoureuse de Camus, et il n'a jamais été amoureux de moi. Cette nuit… était une pulsion… juste une pulsion. Un secret. Un doux secret. Car nous étions conscients, tous deux et malgré tout, des ennuis qui nous attendaient si cela s'avérait être découvert.
Milo ne l'aurait pas accepté… d'ailleurs il ne l'a jamais su.
Mon maître aurait sans doute cherché à châtier Camus… mais lui non plus, ne l'a jamais su.
Personne ne l'a jamais su… enfin si. Deux personnes, deux personnes étaient au courant… je savais bien que cette pulsion n'était pas naturelle…
Les femmes, Ô ma Sœur imaginaire… les femmes ne m'ont jamais réussi…
Et pourtant, et durant toute ma vie, je vais t'étonner… mais - la Déesse de la Lune mise à part - une femme, une seule m'a toujours aidé, m'a toujours soutenu…
Athéna !
