Symbole éphémère,
Conan Edogawa et Ai Haibara, de Detective Conan

De Lost.
Disclaimer : Aucun être, même fictif, n'est ma possession.
Note : le poème est de Verlaine.

Aucune étoile ne s'offrait au regard de Ai. La pluie était le rideau cachant le spectacle cosmique. Elle n'apportait aucun bon souvenir à la mémoire de la scientifique. Mais la demoiselle semblait être hypnotisée devant la grande surface vitrée du salon du professeur Agasa.

Elle posa sa main sur la surface de cette matière transparente. Ai frémit au contact, sans détacher son regard du voile gris qui donnait une aura de mystère à tout chose. Le bruit incessant de ce phénomène météorologique couvrit les pas lents du détective en herbe.

- Haibara.

Elle sortit de sa torpeur, mais n'offrit qu'un regard en coin au propriétaire de la voix. Conan continua à se rapprocher d'elle. Il opta pour une place contre la rambarde dans le dos de sa camarade.

- "Il pleure dans mon cœur…" Commença-t-il.

- "… Comme il pleut sur la ville." Enchaîna-t-elle.

Puis le silence. Ils récitaient en silence l'intégralité du poème.

- Tu es d'humeur morose, Kudo ? Dit-elle un sourire en coin sur les lèvres.

- Quand il pleut, je trouve que tu sombres trop dans… dans ton exil.

- Quel subtil choix de mots.

Fermant les yeux, en quête de soutien, elle plaça son autre main, sur la plaque de verre. Elle sentit le froid se répandre en elle. Se redressant, Conan vit dans ce geste comment ses mots furent blessants.

- Haibara, j'ai pas voulu, entama-t-il, le ton coupable.

- La pluie… l'interrompit Ai. Elle m'est douce et comme une certitude de la vie. Certains préfèrent les levers de soleils. Moi, mon choix s'est porté sur la froide mais douce pluie…

La scientifique décolla ses mains et dirigea ses pas vers l'escalier. Le détective, la fixa se déplacer sans pouvoir répliquer avant qu'une idée lui vienne en tête. Il plaça ses mains sur la vitre faisant croiser ses bras.

- Tu devrais arrêter de ne voir que la mélancolie avec la pluie. Regarde ce que j'ai pu faire grâce à elle.

Elle se retourna et vit les mains du jeune garçon placés presque au même endroit que les siennes. Conan avait simplement placé la main opposée sur l'empreinte laissée, en faisant correspondre les pouces. Il retira ses mains.

- Deux colombes, ajouta-t-il avec un sourire fier.

Ce qui choqua Ai, ne fut pas l'improbable ressemblance des marques dans la couche de condensation, mais la symbolique cachée profondément dans ce geste enfantin. Deux colombes, emblèmes de liberté, étaient formées par leurs deux mains. Elle ne pourrait pas acquérir sa liberté sans lui comme lui ne pourrait acquérir la sienne sans elle.

- Deux pigeons plutôt, ponctua-t-elle avec un petit rire.

- Hé !

Elle tournait déjà les talons pour descendre les escaliers. Conan resta sur place, piégé par la brève vision du visage enjoué de la demoiselle.

- Je te permet pas de critiquer mon art, protesta-t-il en la poursuivant lentement. Est-ce que tu sais comment c'est pas aisé de faire ça ? Hé ! Est-ce que tu m'écoutes au moins ?

Sans se retourner, elle secoua la tête. Il prit un temps d'arrêt, se retourna pour regarder ses œuvres éphémères. Et reprit sa poursuite, le sourire aux lèvres.

- Vraiment… dit-il dans un soupir.

Pour Ai, la pluie ne serait plus si froide.