L'épreuve du Jugement
Une après l'autre, lentement, je suivais des yeux avec une sorte de fascination morbide la danse des gouttes de sang qui perlaient du poignet mutilé de Sorrente. Tant de sang, par tous les Dieux, tant de sang s'écoulait de ses veines en cet après-midi de juillet alors qu'il subissait l'épreuve du Jugement de la Vérité. Debout, la tête fièrement relevée, le dos parfaitement droit et le bras tendu en avant, mon frère ne montrait pas le moindre signe de faiblesse, pas même lorsque la couleur commença à quitter son visage d'ordinaire si vivant pas même lorsque commença à se former à ses pieds, une véritable petite mare de sang.
L'épreuve allait bientôt prendre fin.
Trente minutes plus tôt, la graine de céréale avait été plantée dans le sol fertile aux extérieurs du sanctuaire… voilà trente minutes déjà que Sorrente abreuvait cette graine vorace sans faiblir ni vaciller. Finalement, un adepte leva la main devant lui, signifiant par ce geste la fin de son calvaire. Aussitôt Shaka se précipita sur le poignet meurtri de son disciple pour le refermer de son cosmos, en profitant discrètement pour joindre son cosmos au mien et insuffler à la Lune de Bronze l'énergie nécessaire pour quitter l'assemblée dignement.
Nous n'étions que quatre à être présent au Jugement de Sorrente ce jour-là. Le Grand-Pope, Shaka, Dohko et moi.
Un véritable vent d'indignation avait déferlé parmi les ors au moment de l'annonce de son accusation. Quatre d'entre eux ayant été présents au moment de la bataille, Shion avait jugé inutile de leur taire cette information, quoique limitant le secret aux seuls chevaliers d'or. Il n'était pas nécessaire d'humilier davantage Sorrente en diffusant la nouvelle à tout le sanctuaire. La sympathie pour la Lune de Bronze était telle que tous les chevaliers d'or demandèrent à être présents lors de cette épreuve pour démontrer leur soutien indéfectible à leur ami, chose que le Grand-Pope – avec sagesse – refusa.
Shion jugeait, et avec raison, que de venir en force à une épreuve pourrait être mal-interprété par les adeptes de Déméter.
Tournant les talons après avoir salué l'assemblée, Sorrente ne commença à vaciller sur ses jambes qu'une fois hors de portée de vue des adeptes… quelques pas encore et il s'écroula littéralement évanoui dans les bras de son maître.
Mon Lecteur Inconnu… combien j'aurais aimé que Déméter épargne cette terrible épreuve à mon frère. Pourtant, je sais qu'il avait parlé avec elle ou du moins, je sais qu'elle avait accepté d'entendre sa plaidoirie. Je ne sais exactement quel fut l'échange entre eux, mais le résultat fut là, et l'épreuve eut lieu malgré mes espérances.
Quelques minutes plus tard, je gagnai les abords du sanctuaire de Déméter en compagnie de Dohko et regagnai celui d'Athéna pour la nuit. Seuls Shaka et Shion en leur qualité respective de maître de Sorrente et de représentant d'Athéna avaient été invités à passer la nuit sur place. Sorrente ne devait en aucun cas quitter l'enceinte du sanctuaire de Déméter avant la fin de l'épreuve et deux gardes avaient été placés devant la plante pour s'assurer que personne ne puisse venir l'arroser à la faveur de la nuit.
Arrivés au sanctuaire, ce fut un véritable comité d'ors qui nous attendait pour avoir le récit de l'épreuve, mais je n'avais pas le cœur à parler. Je laissai donc à Dohko le soin de narrer cette sanglante après-midi et marchai droit vers ma maison dans un état second.
Tandis que je traversais le petit groupe des ors, je sentis brièvement la main de Camus venir prendre la mienne un instant pour me retenir, pour m'encourager, mais je me contentai de la serrer très fort un bref instant puis de la lâcher.
Camus, je le savais, avait certaines fois du mal à accepter que je puisse le mettre sur un pied d'égalité avec Sorrente, les considérant tous deux comme mes frères à part entière. Il agissait de manière presque possessive parfois et je m'en amusais souvent, me demandant comment il réagirait si je venais un jour à lui parler de Tristan… même si, tu t'en doutes mon Lecteur Inconnu, je ne l'ai jamais fait.
Mais pour l'heure, et tout en sachant pertinemment bien qu'il vouait à Sorrente une amitié sincère et ne souhaitait pas sa perte, Camus n'était pas la personne dont j'avais besoin…
Je rentrai chez moi et me dirigeai directement vers la chambre de Sorrente comme dans un élan automatique, sans même y penser. Je m'allongeai sur son lit.
Je poussai un profond soupir… Je ne pouvais m'empêcher de penser…
Si la plante ne poussait pas couleur vermeil, au mieux, il serait chassé de la chevalerie.
Si la plante ne poussait pas couleur vermeil, au pire… même en pensée, je n'arrivais pas à le formuler.
Je priais la Lune de toutes mes forces pour qu'elle intervienne auprès de Déméter… tout en sachant parfaitement qu'elle n'en avait pas le droit. Je priais tous les Dieux de l'Olympe d'épargner à mon frère un terrible châtiment qu'il ne méritait pas.
Je priais, allongée sur ce lit, serrant son oreiller pour empêcher mes mains de trembler, lorsque la porte s'ouvrit doucement. Je ne tournai même pas la tête, n'esquissai pas le moindre geste lorsqu'il vint s'allonger derrière moi. Il s'allongea, passant doucement son bras sur mon ventre, nichant sa tête dans le creux de ma nuque, refermant son bras pour me rapprocher de lui et me bercer tendrement.
- La plante sera vermeille, me murmura-t-il à l'oreille au bout d'un moment.
- Et si elle ne l'était pas ? soupirais-je en me mordant les lèvres.
- Ne perds pas espoir, assura-t-il.
- Mais si…
- Maman, me coupa-t-il doucement. Ne perds pas espoir.
Je me retournai brusquement pour plonger mes yeux clos dans son regard et la confiance que j'y lus eut raison de mes nerfs. J'enfouis la tête dans son cou et laissais libre court à mes sanglots. Plus que le stress de cette terrible journée à voir mon frère se vider de son sang, c'était toute cette culpabilité que je trainais depuis l'accusation que je laissais sortir à présent.
Tout était ma faute… Depuis le début, je sentais que tout était ma faute. J'aurais dû parler avec Sorrente bien avant… J'aurais dû me méfier davantage de Saori… J'aurais dû protéger mon frère… J'aurais dû… à quoi bon maintenant ?
Killian ne dit plus un mot mais referma sa prise dans mon dos et me caressa les cheveux. J'acceptai ce cosmos tendre et chaleureux avec lequel il me berçait l'âme et vaincue, je m'endormis contre lui.
Ma nuit fut peuplée de sensations étranges pendant lesquelles, entre rêve et réalité, je sentis une main étrangère prendre la mienne et la serrer tendrement. Je sentis une douce chaleur me recouvrir le corps et je me serrai davantage contre Killian. Je sentis cette même main venir caresser ma joue et un tendre baiser onirique venir se poser furtivement sur mon front. Entre rêve et réalité… je ne parvins pas à faire la différence.
Je me réveillai peu avant l'aube. J'avais chaud et je découvris une couverture posée sur nous. Précautionneusement, je me détachais des bras de Kiki et pris un moment pour l'admirer dans son sommeil. Killian n'était plus un enfant… âgé de quatorze ans à présent, c'était un adolescent magnifique. Son visage, paisible dans son sommeil, reflétait déjà les traits de l'homme qu'il ne tarderait pas à être. Et même s'il continuait à être joueur et espiègle, il faisait très souvent montre d'une indéniable sagesse qui faisait la fierté de son maître. Je le regardais dormir les yeux rempli de tendresse. Il remua soudain doucement.
- Maman, se plaignit-il d'une voix endormie en se tournant sur le côté, arrête de me regarder dormir !
J'étouffais un petit rire et me penchai pour déposer un baiser sur son front.
- Pardon mon ange, lui murmurai-je.
- Tu te lèves déjà ? Il fait encore nuit, constata-t-il en entrouvrant un œil.
- L'aube ne va pas tarder, mais il est encore très tôt. Rendors-toi !
Et alors que je me déplaçais dans le lit pour me lever, il me retint par la main.
- Ça va aller ? me demanda-t-il doucement.
Je souris et serrai sa main en retour.
- Oui, ça va aller…
Il acquiesça les yeux brumeux et se recoucha.
Le temps de prendre une rapide douche, et déjà l'aube se levait. J'avais menti à Kiki. En vérité, je me rongeais les sangs d'inquiétude de la réponse que nous n'allions pas tarder à avoir et j'avais peur pour Sorrente.
Le cœur battant, je sortis de la maison à cette heure paisible où le sanctuaire dormait encore et je sentis immédiatement un puissant cosmos venir envelopper le mien dans toute sa splendeur. Je tournai instinctivement la tête en direction du premier temple… Debout sur la dernière marche, mon maître me rassurait à sa manière dans une étreinte virtuelle qui me calma l'âme aussitôt. J'acceptai l'étreinte et pris un instant pour me laisser bercer toute entière. J'aurai voulu avoir le temps de courir vers mon maître. J'aurai voulu avoir le temps d'échanger cette étreinte virtuelle contre la véritable chaleur de ses bras, ne serait-ce que pour une seconde… mais Dohko, apparaissant à cet instant, ne m'en laissa pas le loisir.
Si la Balance perçu cet échange pour le moins étrange entre un maître et sa disciple, il n'en montra rien. D'un petit sourire encourageant, il me précéda à la frontière du sanctuaire et nous nous téléportâmes dans le domaine de Déméter. Nous nous dirigeâmes directement vers la maison où Sorrente, Shion et Shaka avaient été logés.
Je retrouvai Sorrente affaibli mais lucide et conscient. Il avait, la veille, perdu près de deux litres de son sang et cela lui demanderait du temps pour récupérer.
Je m'approchais lentement de son chevet. Il était étendu sur ce lit, le visage rouge de fièvre, la respiration difficile.
- Hey petite âme de Bronze, lui murmurais-je en m'asseyant sur son lit.
Il se tourna vers moi et un faible sourire éclaira son visage. Par précaution, la veille avant de le laisser, je lui avais bandé les yeux. J'avais eu peur que la fièvre ne le fasse délirer et ouvrir les yeux. Il tendit faiblement la main et je la pris délicatement.
- Tout va bien se passer, susurrais-je en lui caressant le front. Déméter sait que tu n'es en rien coupable… n'est-ce pas ?
- J'ai confiance en les Dieux, répondit-il posément.
- Et moi, j'ai confiance en toi, lui répondis-je en me penchant pour baiser son front.
Il s'endormit. Je le couvais de mon cosmos. Shaka vint bientôt me rejoindre et s'assoir sur le lit à mes côtés. Nous restâmes un long moment sans parler. De temps en temps, il tendait la main vers le front de son disciple et faisait lentement baisser la fièvre, par à-coup pour ne pas blesser Sorrente, me jetant au passage un regard qui se voulait rassurant. Puis je finis par briser la glace.
- Shaka, commençais-je, Sorrente n'est pas coupable du crime dont il est accusé.
D'un geste de la main, la Vierge me fit taire.
- Je n'ai jamais porté fois à ces accusations, me dit-il fermement, le regard résolument tourné vers son disciple. Je connais Sorrente et je sais parfaitement qu'il n'est pas capable d'un tel crime.
Puis il se tourna vers moi et me sourit.
- Tu prêches un converti, Lune d'Argent.
Je lui souris en retour et tournai à nouveau mon attention vers mon frère, serrant sa main un peu plus fort dans la mienne.
- Tu as peur ? me demanda la Vierge.
J'acquiesçais honteusement d'un signe de tête sans répondre. Et je sentis soudain un cosmos puissant m'entourer. Shaka me réconfortait et par le biais de son cosmos, il me montrait toute la confiance qu'il avait en Sorrente. Une confiance absolue. Une foi totale dans l'avenir. Je me sentie émue de cette marque d'affection. Vraiment, Sorrente avait un excellent maître !
Je restais un moment à son chevet, ma main tenant fermement la sienne… main que par ailleurs, je n'allais plus lâcher jusqu'à l'heure finale du Jugement. Quelques heures plus tard, les adeptes vinrent nous chercher… les vingt-quatre heures étaient passées. Si le jour précédent Sorrente avait marché sans aide à la vue de tous, ce jour-là en revanche, il s'appuya sur mon épaule, trop faible pour être orgueilleux.
Nous rejoignîmes l'assemblée réunie autour de la graine, recouverte d'une cloche faite d'un verre opaque. Personne ne l'avait encore vue et nous la découvririons tous en même temps. Je concentrais toutes mes forces pour empêcher ma main de trembler d'inquiétude et tâchais au mieux d'envoyer à Sorrente à travers mon cosmos une aura rassurante.
L'adepte en chef se pencha avec cérémonie pour retirer la cloche, dévoilant par la même... une jeune pousse couleur rouge sang.
Mon Lecteur Inconnu, tu ne peux imaginer le soupir de soulagement qui s'empara immédiatement de mon cœur. J'avais cessé de respirer en attendant que la cloche se soulève et je crois sincèrement, que je n'étais pas la seule…
Des excuses... perdue dans mon euphorie, je n'en ai pas gardé le moindre souvenir. Ce que je n'ai jamais oublié en revanche, ce fut le regard rempli de rancœur de Sorrente alors que nous quittions définitivement ce sanctuaire… ce regard qui devait être parfaitement semblable au mien. Une amertume teintée d'un soupçon de haine… Saori… encore une chose que je ne te pardonnerai jamais…
Les chevaliers, à notre retour, auraient voulu fêter la victoire de mon frère, mais celui-ci était trop affaibli. Il se contenta de sourire, répondant d'un faible petit hochement de tête à toutes les mains qui serraient gaiement son épaule.
Shaka insista pour prendre son disciple dans son temple le temps de sa guérison totale. J'acquiesçais d'un signe de tête même si je savais que la Vierge ne me demandait pas ma permission. Sorrente serait mieux avec son maître et je ne suis pas une infirmière très douée.
Je sortis donc du neuvième temple en compagnie du Pope, laissant la Lune de Bronze au bon soin de son maître.
A l'instar de tous les ors, le Pope lui aussi, avait très mal vécu l'accusation contre Sorrente.
Shion avait été très proche de Sasha, la dernière réincarnation d'Athéna et il n'acceptait pas que Saori puisse à ce point s'éloigner de la Déesse… Il ne le comprenait tout simplement pas.
L'épreuve du Jugement de Sorrente nous avait quelque peu coupés dans nos plans pour contrer Saori et nous nous étions concentrés sur cette journée en particulier. Mais à présent… à nous quatre, une fois que Sorrente serait guéri, il nous faudrait prendre des décisions.
Je gardais en mémoire les ordres de la Déesse Athéna et à peine sortis du temple de la Vierge, je tournai un visage déterminé vers le Pope, attendant ces ordres. Il me sourit doucement.
- Pas aujourd'hui mon enfant. Aujourd'hui, va te reposer et profite de cette victoire.
Il posa une main sur mon épaule et je lui souris faiblement en retour. J'inclinais respectueusement la tête.
- Merci Seigneur.
La journée n'était pas encore finie. L'après-midi commençait à peine à décliner. Je me sentais le corps bouillonnant d'une énergie que j'avais besoin d'évacuer. Ce genre d'énergie contenue depuis trop longtemps qui peut forcer une personne à défoncer un mur de son poing… mais je me souvenais que ce type d'expérience ne m'avait pas vraiment réussi dans le passé. Je me dirigeais donc vers les petites arènes pour un entraînement plus classique, meilleure forme d'exutoire à mes nerfs survoltés.
Je ne pensais pas y trouver une autre personne en train de s'entraîner également.
…..
Ce n'était qu'un entrainement en combat amical comme nous en avions faits des centaines auparavant. Un simple combat au corps à corps mais ce jour-là… était différent. Les petites arènes étaient vides à cette heure tardive de l'après-midi et l'ombre d'un soleil mourant dans le ciel projetait sur le sable des formes étranges.
Le combat durait depuis une quinzaine de minutes déjà et pourtant ni lui ni moi ne montrions encore le moindre signe de faiblesse. Après un coup puissant sur mon épaule qui m'avait fait violemment reculer, je me redressais avec un petit sourire sur les lèvres. Il tenta à nouveau une approche au corps à corps. Je le savais fort, très fort même. Bien plus fort que moi… physiquement du moins. Et le combat était physique. Pas de cosmos, pas d'attaque. Juste du corps à corps. J'avais besoin de me défouler. Il s'avança et je compensai mon handicap par ma vitesse.
Quel curieux combat que celui de ce jour-là, mon Lecteur Inconnu… un combat à deux vitesses. Tantôt rapide et violent… tantôt sensuel et lent. Un véritable tango entre deux seigneurs de guerre.
Je frappai, il parait.
J'esquivai, il m'emprisonnait dans ses bras puissants.
Aguicheuse, je le défiai de mon corps comme jamais encore je n'avais osé le faire avec un homme, courbant le dos contre son torse, bombant la poitrine en relevant fièrement le visage, frottant mes courbes contre lui sous le couvert du combat et souriant telle une proie qui joue avec son chasseur.
Et lui jouait de sa force, soumettant la femme que j'acceptais d'être, caressant la poupée fragile d'une main de velours et agrippant mon corps contre le sien pour me prouver que le fuir n'était pas une option. Mais je me refusais à capituler néanmoins. Je refusais de me laisser soumettre parfaitement consciente, qu'ainsi, j'augmentais son désir… et le mien.
Je tournai sur moi-même, évitai sa prise et le déstabilisai d'un coup porté dans le dos. Il vacilla en avant, se retourna de justesse pour me prendre par le bras et m'entraîna dans sa chute. Cependant, il eut le réflexe d'amortir ma chute par son corps et je tombai à califourchon sur lui en lui bloquant les poignets au-dessus de sa tête. Ainsi immobilisé, je me permis un sourire victorieux lorsque, joueuse, je me penchais à son oreille.
- Vous rendez-vous, Ô mon maitre ?
Mais je croisai alors son regard brûlant et je fus la première, en vérité, à rendre les armes.
...
Ô mon lecteur... par souci de romantisme, je pourrai si facilement te mentir. Te dire que lentement, doucement, je me suis penchée sur son visage, haletante face aux sentiments que je sentais déferler dans mon cœur. Je pourrai te dire que j'ai d'abord survolé ses lèvres des miennes, papillonnant tendrement sur sa peau... Mais ce serait te mentir.
Je pourrai te peindre une scène éblouissante de ce premier baiser digne des plus grandes œuvres du romantisme antique. Mais ce serait te mentir...
...
La vérité c'est que, haletante face à la montée du désir, j'ai arrêté le temps pendant une seconde, pendant une seule seconde où son regard me brûla toute entière et que je me suis jetée sur ses lèvres. Dans un élan du cœur hypnotisé par ses yeux, j'emprisonnai ses lèvres des miennes.
D'un geste souple et rapide, Mû inversa nos positions, me renversant sur le sable tiède, couchant son corps à même le mien. Il me répondit dans un sourire avant d'emprisonner à son tour mes lèvres :
- Je me rends.
Et c'est ainsi que ma mère Divine nous trouva lorsqu'elle reprit sa place dans le ciel : deux corps tendrement enlacés sur le sable des arènes… Deux cœurs qui s'étaient finalement retrouvés après une vie entière à se chercher… Deux souffles qui se mêlaient à travers des lèvres gonflés de plaisir et un murmure, presque une supplique qui se perdit dans le vent…
- Emmenez-moi à votre temple…
