Après une si longue attente, dire que je suis désolée serait, j'imagine, incongrue. Alors juste une promesse, la suite dans quelques semaines.

Pour toi Mayava !

L'étreinte du Bélier

Deux cœurs qui s'étaient finalement retrouvés après une vie entière à se chercher… Deux souffles qui se mêlaient à travers des lèvres gonflées de plaisir et un murmure, presque une supplique qui se perdit dans le vent…

Emmenez-moi à votre temple…

.

Ma Sœur Imaginaire… te revoilà de nouveau ! Toujours ponctuelle à l'heure des confidences… mais pas cette fois, pas entièrement. Pardonne-moi Ô ma sœur, pas cette fois. Je te distillerai quelques souvenirs, quelques émotions, mais cette fois tu n'auras pas le récit de la nuit entière. Tu me permettras de garder intacte cette première étreinte dans le creux mon cœur, jalousement gardée par ma mémoire sous le sceau du secret.

Es-tu déçue ma Sœur Imaginaire ? Cela te semble incongrue que je te raconte une nuit de passion avec mon propre frère et que je garde sous silence une nuit d'amour avec mon maître ? C'est logique au contraire…

D'accord ma sœur… pour toi, ma Sœur Imaginaire, sous le couvert de l'épanchement du cœur, je me dévoilerai un peu…

Je te raconterai donc… un peu, juste un peu. Je te raconterai que sans autre cérémonie, sans même un instant d'hésitation, Mû me prit dans ses bras et que, caché par le couvert de la Lune, il m'emmena dans son temple… il m'emmena dans sa chambre sans même quitter mes lèvres. Je te dirai qu'il me coucha au centre de son futon et que, pressé par son désir et le mien, il fondit sur ma gorge tandis que je soulevais sa tunique de mes mains pour caresser la peau nue de son torse.

Je te confesserai ces premiers soupirs qui sortirent de mes lèvres lorsque ses mains imitèrent les miennes et se firent plus aventureuses sur mon corps, et que lorsqu'il se dévoila dans son entière nudité, je ne détournai pas les yeux, dévorant sa beauté du regard, explorant de mes doigts la douceur de sa peau, savourant de mes lèvres sa saveur. Je me courbai sous ses caresses, sous ses baisers, cherchant à rendre autant que je recevais.

Soudain, je le renversai sur ce futon. Le dominant à mon tour, je ne laissais aucun répit à ses lèvres et parcourais son torse de ma main en osant aller à chaque nouvelle caresse toujours un peu plus bas… Ses mains se perdaient, une dans mes cheveux pour souder nos deux bouches et l'autre dans mon dos pour rapprocher nos deux corps. J'avançais à l'aveugle ma Sœur Inconnue, dessinant de mes doigts une ligne imaginaire sur son torse, sur son ventre et encore un peu plus bas. Je pouvais sentir ses hanches commencer à bouger de leur propre volonté, son bassin se soulever comme une invitation à explorer plus loin.

Je t'avouerai que soudain, je stoppai mes baisers et relevai la tête, gênée. Mû comprit et se redressa légèrement. Il me prit le visage entre ses mains et me regarda droit dans les yeux.

- Es-tu vierge ? me demanda-t-il dans un murmure.

Je secouais la tête en négation. Je vis son regard s'assombrir à cette révélation mais il ne fit aucune remarque.

- Tu as peur ? demanda-t-il à nouveau dans un baiser.

A nouveau je secouais la tête en négation, répondant à son baiser. Dérouté, il m'interrogea du regard. Je baissais la tête et avouais la vérité.

- Je ne sais pas caresser un homme...

Un sourire attendri naquit alors sur ses lèvres. Il m'embrassa à nouveau, enroula sa main sur la mienne et la guida vers un point précis de son corps…

- Je vais t'apprendre, murmura-t-il contre mes lèvres.

Ma Sœur Imaginaire, je restais, cette nuit-là, impressionnée par le pouvoir d'une caresse et je ne pus m'empêcher de tourner la tête pour assister au spectacle de ma propre main, guidée par cette main experte, prodiguer en un habile va-et-vient du plaisir à l'homme que j'aime. J'étais fascinée… Fascinée de sentir la main de Mû se contracter sur la mienne. Fascinée de voir ses hanches se lever et descendre dans des mouvements involontaires. Fascinée d'entendre s'échapper de ses lèvres contre ma bouche des gémissements du plaisir que je lui prodiguais et qui m'excitais à chaque fois davantage. Et fascinée de voir comment ce même plaisir se dessinait sur son visage. Il était si beau ainsi abandonné entre mes mains que je compris soudain que j'aurais pu passer la nuit ainsi… à donner du plaisir, uniquement récompensée par le son des plaintes langoureuses qui sortaient de sa gorge et par les baisers, toujours plus fougueux, qu'il me donnait. Mais soudain, dans un geste brusque, il stoppa mes mouvements.

Surprise, je le regardais sans comprendre, croyant avoir fait quelque-chose de mal, mais il me sourit, le visage rougi et la respiration haletante. Renforçant sa prise dans mon dos, il me rapprocha de lui, se redressa et me coucha à son tour sur le dos. Il se coucha sur moi.

Je crus le moment venu et je sentis l'excitation monter en moi lorsque tout son corps vint recouvrir le mien. Mais ses lèvres, de prime abord sur mon cou, descendirent doucement le long de ma poitrine et de mon ventre, plus bas… toujours un peu plus bas… jusqu'à ce que mon corps s'arque violemment sous l'effet du plaisir et qu'un cri sorti de ma bouche ne viennent emplir le silence de sa chambre. Les mains fermement posées sur mes hanches pour les empêcher de trop bouger, Mû se délectait du nectar de ma féminité.

Ma Sœur Imaginaire, j'ai senti monter en moi, une vague de chaleur que je n'avais jamais ressenti auparavant et je pris peur. Je posai mes mains sur les siennes et les serrai très fort. Je sentis alors son cosmos, éteint jusque-là, me recouvrir toute entière et me rassurer, ses mains s'ouvrirent pour serrer les miennes, ses caresses s'accentuèrent et un éclair me traversa. Je retombai sur le futon, essoufflée, le visage rouge et cœur qui battait la chamade. Mû se releva et vint me surplomber de son corps, posant ses lèvres sur les miennes. Je les pris dans un baiser passionné.

Une fois calmée, je voulus lui rendre la pareille. Je le repoussais, posant mes mains sur son torse, le forçant à s'asseoir sur ses talons. Je me redressais à mon tour à genoux et commençais, en imitant ses gestes, à dévorer son cou, son torse et à descendre un peu plus bas… d'une main placée sous mon menton, il m'empêcha de descendre davantage.

- Pas maintenant, me murmura-t-il le souffle court. Une prochaine fois… Maintenant, c'est autre chose que je veux de toi…

Nous étions à genoux, l'un devant l'autre, les corps enlacés, front contre front… les visages rougis et le souffle court de l'excitation. Mes bras passés autour de sa nuque, ses bras à lui dans mon dos me rapprochant à chaque fois plus de son corps…

Un rayon de Lune entra par l'interstice de la fenêtre et vint nous éclairer… je pus voir son visage à la lumière. Alors, je décidais de reculer la tête pour mieux le voir… je reculais la tête, et j'ouvris les yeux.

Mû recula à son tour de stupeur alors que j'ancrais mes yeux ouverts dans les siens. Son souffle s'arrêta un instant pendant qu'il détaillait mon regard pour la première fois. J'étais nue devant lui, nue de corps et d'âme. Cette nuit, j'étais décidée à me donner entièrement.

Il n'y eut pas de mots, pas de déclaration… il n'y en avait pas besoin. Lorsque je refermai les yeux, je sentis ses lèvres se poser sur mes paupières et sa main caresser mes cheveux. En une invitation explicite, je me laissais tomber en arrière…

Stop ! Ma Sœur Imaginaire… arrêtons-nous là ! Je t'en ai déjà beaucoup trop dit, beaucoup trop raconté. Je ne pensais pas me dévoiler à ce point. Mais à ce stade du récit, pour la première étreinte, je veux m'arrêter là. Permets-moi de garder pour ma seule mémoire, le souvenir de son corps possédant le mien…

….

Je te raconterai en revanche, le lendemain matin. Cette sensation de bonheur à voir le soleil peu à peu dévoiler nos deux corps nus et enlacés. Je ne me suis pas réveillée contre son corps, je ne me suis pas réveillée du tout… Pour seule explication, je te dirais simplement que la nuit fut longue et délicieuse.

Souriant, couché à mes côtés, Mû me caressait tendrement le visage.

- Qu'y a-t-il ? lui murmurai-je.

Il m'embrassa tendrement.

- Lorsque tu as ouvert les yeux… Tu avais des étoiles dans les yeux…

Je lui souris à mon tour.

- J'ai déjà vu d'autres étoiles, dans d'autres yeux. Les mêmes brillaient à nouveau dans votre regard hier soir.

Mû se redressa sur un bras et se tourna vers moi, les yeux brillants.

- La première fois que je t'ai vu, j'ai senti comme un éclair qui m'a traversé le cœur… Tu avais un air si farouche, comme si tu me défiais du regard à ce moment-là. Ton cosmos s'est durci à l'instant même où tu t'es aperçu de mon trouble…

Il me murmurait à l'oreille, sa main caressant doucement ma joue. Je lui souris tendrement. Je me souvenais de ce jour-là.

- J'avais peur que vous ne soyez déçu d'avoir une femme pour disciple…

- Tu t'es mépris sur ce trouble-là…

Lentement, il se rapprocha de moi. Déposa un baiser sur mes lèvres.

- Je ne le comprenais pas encore moi-même.

Un deuxième baiser vint papillonner à nouveau.

- Je comprenais que ce n'était pas une simple femme que j'avais en face de moi, mais un guerrier fort et puissant. Je mesurais subitement tout l'honneur qui m'avait été fait lorsqu'on t'a confié à moi.

Troisième baiser pour réveiller mes sens.

- J'ai mis longtemps à comprendre… Et finalement, je n'ai compris que grâce à une chose…

Intriguée, je tournais le regard vers Mû. Se relevant sur son coude, le Bélier me surplomba de toute son corps, plongeant ses yeux sur mes paupières. Il se pencha sur mes lèvres…

- Ton cosmos lors de ce fameux soir au Paradis Blanc… Ce soir-là, tu as laissé éclater ton cosmos comme jamais auparavant. J'ai senti les cieux se déchirer. J'ai vu de mes yeux l'aura fière de la Lune étreindre ses enfants. Et soudain, j'ai compris ou plutôt, je me suis souvenu… Je me suis souvenu que j'avais déjà ressenti ce cosmos auparavant.

De stupeur, je cessai de respirer, attendant la suite avec impatience.

- Dans une autre vie…

Mû soupira, perdu dans ses pensées.

- Je crois que je n'ai même pas vu la fin du combat. Des images d'un passé inconnu ont surgi subitement dans ma tête sans que je ne puisse les contrôler. Mais je me suis souvenu d'une chose…

Tournant la tête vers moi, il m'embrassa soudain avec une fougue passionnée et se coucha sur moi. Plaçant ses bras autour de ma tête, il releva le visage, ponctuant chaque phrase d'un baiser.

- D'une chose en particulier… J'ai passé ma vie à chercher ce cosmos. Ce cosmos a réveillé dans mon cœur un sentiment que je croyais inaccessible pour moi. Moi, connu pour être le froid chevalier d'or du Bélier, j'ai senti soudain brûler dans mon cœur une flamme que je croyais ne jamais pouvoir ressentir.

Je sentis sa main descendre le long de ma jambe et entrouvrir mes cuisses. Je rejetai la tête en arrière à l'instant même où il me pénétra. Je le sentais gémir contre mes lèvres et ses mains vinrent serrer les miennes au-dessus de ma tête.

- Lorsque j'ai repris mes esprits, c'est ton visage que j'ai vu à mes côtés et alors j'ai compris que c'était toi… rien que toi que j'avais toujours cherché.

Il ponctuait à présent chaque phrase d'un mouvement de hanche agrémenté d'un baiser. Je me laissais enivrer par le son de sa voix, par la cadence que son corps imposait au mien.

- Dans cette dernière prière, j'ai remercié la Déesse de la Lune de m'avoir ouvert les yeux… de m'avoir permis de te retrouver. Je lui ai promis de te laisser le temps et d'être un maître pour toi. Tu étais trop jeune…

Il accentua ses mouvements. Plus fort, plus profond.

- Toi, tu ne te souvenais pas.

Je gémissais, enroulais mes jambes autours de ses hanches.

- Vous avez patienté pendant cinq ans…

J'avais du mal à parler tellement prise par le plaisir qu'il me procurait. Des images de ces cinq dernières années me revenaient en mémoire et je me mis à comprendre certaines choses qui jusque-là m'avaient échappé. Il me sourit. Il stoppa la cadence, posa son front contre le mien.

- Ouvre à nouveau les yeux ! m'implora-t-il. Je te veux entièrement…

J'acquiesçais contre sa tête. Il releva le visage et j'ouvris les yeux pour lui, pour la seconde fois. Il reprit ses mouvements, ne détachant pas ses yeux des miens. Son regard se voila de plaisir. Le mien également. L'instant était proprement magique. Mû me faisait l'amour de corps et de regard… de cœur et d'âme. C'est la seule fois où je réussis à garder les yeux ouverts aussi longtemps.

L'aube finale nous trouva ainsi, entrelacés tendrement, essoufflés et heureux. Son corps recouvrant le mien, le protégeant du regard indiscret du soleil.

Après un instant, Mû se releva et me détailla en pleine lumière. Il me sourit amoureusement.

- Tu es si belle.

Je lui rendis son sourire et alors que sa main caressait mon visage et descendait dans mon cou, elle buta sur obstacle qu'il n'avait pas remarqué la nuit d'avant. Intrigué, il prit mon collier entre ses mains et se mit à l'examiner.

En une seconde, je passais de la langueur totale à un début de panique tandis que Mû passait et repassait le bijou entre ses doigts.

- Je n'avais jamais remarqué ce collier, constata-t-il. Il est très beau.

Je me contentai de hocher la tête en acquiesçant. Mais je pus voir que Mû était fasciné par le bijou. Son regard devint inquiet.

- D'où le tiens-tu ? demanda-t-il.

- C'est un présent, répondis-je dans un souffle.

Mû me regarda soudain d'une manière étrange. Il lâcha le collier et vint se recoucher contre moi. Il m'embrassa tendrement.

- Swann, je ne suis pas aveugle et je me rends bien compte qu'il y a des secrets dans ta vie dont tu ne me parles pas. Je me rends compte que tu partages avec mon maître des choses que tu ne me dis pas. Et je suis rassuré d'une certaine manière de savoir Shion à tes côtés.

Il posa son front contre le mien et soupira.

- Mais je ne veux pas te perdre. Surtout pas maintenant que je viens de te retrouver. Alors je te demande juste une promesse…

Il se redressa et planta ses yeux dans les miens.

- Si tu es en danger, même si tu ne peux rien m'expliquer… laisse-moi t'aider. Promets-moi que tu me laisseras t'aider.

Je me redressai à mon tour.

- Maître, pourquoi une telle inquiétude ? lui-demandai-je.

- Le collier que tu portes… est en orichalque. Une matière noble et divine.

Il posa ses lèvres sur les miennes et me redressa, m'asseyant contre lui, sur ses genoux. Il m'enlaça avec force, une pointe de peur dans la voix.

- Swann… ce n'est jamais un bon signe de recevoir un présent de la part d'un Dieu…