Re- reupload de ce 36ème chapitre. Je dois avouer qu'il m'a donné beaucoup de mal !
Merci spécial à Mayava qui me reste fidèle malgré mes nombreux retards et également à Dreamplume, nouvelle lectrice qui m'a fait une magnifique esquisse d'un dessin de Swann. J'ai hâte de voir ce que ça donnera une fois paufiné !
Merci aussi à Lys9191 pour son adorable message.
Je voulais aussi vous préciser que j'ai changé le nom de la Déesse Diane pour son nom grec "Artémis". Ne vous inquiétez pas, je vais très vite changer tous les chapitres pour remplacer le nom de la Déesse.
Bonne lecture !
Les Daïtis
Mon Lecteur Inconnu… je suis bloquée !
Les coudes posés sur la table, la tête prise entre mes mains, je fixe inlassablement cette maudite feuille blanche sur laquelle je me découvre incapable d'écrire une lettre, de former un simple mot…
La leucosélophobie *… voilà un mot bien compliqué et qui pourtant résume parfaitement mon état actuel.
Vois-tu mon Lecteur, je connais mon histoire, je l'ai vécue. Pourquoi ne puis-je te la raconter simplement ?
Pourquoi les mots, qui s'emboîtent parfaitement dans ma tête, se vident soudainement de tout sens au moment de les coucher sur papier ?
J'enrage de me voir ainsi bloquée… L'histoire n'est pas finie, loin de là. Mille choses que tu dois encore savoir et découvrir… comment te les raconter ?
Bref, reprenons depuis la fois passée, là où j'avais arrêté mon récit… je te racontais alors une nuit de pure tendresse et…
Un instant !
Je comprends ! Je crois que je comprends pourquoi je suis bloquée…
Cette nuit… mon Lecteur Inconnu… cette nuit magique dans les bras de Mû, cette première nuit… aurait été le moment parfait du point final !
Ô combien j'aurais aimé finir le récit sur cette note délectable. Dernière scène… dernier acte… rideau ! Les amants se sont retrouvés, les cœurs se sont rejoints… Quel besoin d'en raconter davantage ?
Si seulement c'était vrai ! Si seulement c'était une histoire d'amour que je te racontais… Juste une histoire d'amour… Rien d'autre qu'une histoire d'amour…
Mais ce n'est pas le cas. Tu le sais, n'est-ce pas ?
L'expérience m'a appris une bien cruelle leçon : les contes de fées ont tort !
Si la fin est heureuse… alors ce n'est pas vraiment la fin.
…
- Va ! entendis-je alors que sa voix s'éloignait. Exécute cette mission, débusque les alliés. Nous nous reverrons bientôt.
Bientôt… Mon Lecteur Inconnu… ce n'est pas le terme exact que j'aurais choisi.
J'ai passé des mois, en alternance avec Sorrente, à suivre Saori dans tous ces déplacements, traquant à nous deux le moindre geste qui pourrait la trahir. Décryptant ses paroles, passant au peigne fin son entourage… en vain. La réincarnation semblait irréprochable sous tous les angles.
Nous commencions sérieusement à tous nous décourager… Mon frère et moi… Dohko et le grand Pope, qui à chaque fois que nous rentrions de mission, nous interrogeaient du regard avec les yeux remplis d'espoir… à chaque fois c'était pareil. Un geste de négation de la tête et des poings qui se crispaient de découragement.
Néanmoins, je restais confiante, m'accrochant désespérément aux paroles de la Déesse Aphrodite :
- Tu n'as pas besoin de protéger l'armure dans son intégralité, m'avait-elle dit. L'armure ne peut servir que si elle est complète.
Tant que le casque restait entre nos mains, rien n'était joué !
Tant que le casque restait entre nos mains, nous pouvions encore avoir la victoire !
C'est curieux, ô mon Lecteur Inconnu, comme certaines fois, on a cette désagréable impression de faire du surplace pendant une éternité et soudain, tout s'accélère. N'as-tu jamais ressenti cette étrange sensation ? Preuve en est, si besoin, que nous ne sommes que des pantins entre les mains du Destin, et que le contrôle n'est qu'une illusion… pour moi comme pour Saori.
J'ai passé des mois à maudire ce petit sourire en coin qu'elle arborait constamment, cet air angélique alors que je la suivais à travers tout le Japon dans ses voyages pour la fondation Graad, consciente… tellement consciente que je faisais partie de son ombre… qu'elle s'en délectait.
Et d'ailleurs, fidèle aux ordres donnés par ma Déesse, je me faisais un devoir de ne pas lui dissimuler ma présence. Qu'elle sache que je la suivais ! Qu'elle sourie en me pensant seule dans cette guerre ! Les ordres étaient clairs, mes alliés devaient rester dans l'ombre. Elle et moi… juste elle et moi en pleine lumière !
Un sourire que je devinerais sans peine sur leurs lèvres, les Moires déjà se préparaient à accélérer notre Destin…
Et je la priai cette accélération. Lasse de ce petit jeu monotone. Lasse de voir sans cesse les yeux de Mû se voiler de tristesse à chaque nouvelle mission qui m'éloignait de lui et de laquelle, je savais par avance que je reviendrai sans la moindre nouvelle information. Je suis un chevalier ! Ce petit jeu d'espion ne me convenait pas. Mais alors que je commençais à désespérer, les choses se mirent à changer.
...
Ses longues missions ne furent pas, tu t'en doutes mon lecteur Inconnu, faciles à gérer envers Mû. En réalité, la vie, après cette première nuit magique avec mon maître, ne fut pas facile à gérer.
Passer d'un premier baiser à une nuit d'amour fut une transition logique, folle et délicieuse. Enivrés tous deux comme nous l'étions par le désir, il n'y eut pas de questions, pas de doutes. Passer du stade de disciple à celui d'amante ou du stade de maître à celui d'amant fut, pour l'un comme pour l'autre, plus difficile en revanche.
Comment avoir une relation normale et romantique lorsque l'on est disciple et maître ? Malgré tout mon amour pour lui, Mû n'était pas mon mari et je n'étais pas sa femme. Aucune légitimité, hormis celle de nos cœurs, ne nous justifiait aux yeux du sanctuaire.
J'étais sa disciple le jour, son amante la nuit.
En plein soleil, je courbais la tête pour le saluer… à la lumière de la Lune, je relevais la tête pour m'emparer de ses lèvres.
A l'aube, j'étais Swann, mais lorsque le crépuscule tombait, entre ses bras, je devenais Gabrielle.
Mû ne me reparla pas de mon collier. L'amant, fidèle au caractère du maître, attendait que ce soit moi qui lui en reparle. Mais il baissait la tête, blessé, à chaque nouvelle mission qui m'éloignait de lui des jours entiers et je partais de mon côté, le cœur en rage de ne rien pouvoir lui révéler.
...
Assise au côté de Dokho, j'écoutais d'un air blasé l'exposé de Sorrente qui revenait de sa mission. Lui-même paraissait désolé de n'avoir que de piètres nouvelles sans importance à nous rapporter. Il avait suivi Saori dans ses déplacements à Tokyo : shopping à Shibuya**, diners à Shinjuku**, rendez-vous d'affaire à Meguro**… je finissais par connaitre par cœur la capitale nippone, mais cela n'avait pas grand intérêt. Bref, rien de nouveau, rien qui ne puisse nous faire avancer.
L'exposé fini et alors que nous nous apprêtions à prendre congé du Pope, un garde frappa soudain à la porte pour apporter une missive urgente. Shion nous fit signe de patienter un instant et prit connaissance de la lettre. Son visage s'illumina à sa lecture.
- Je crois que les choses commencent enfin à bouger, nous dit-il subitement en nous tendant la lettre.
Intrigués, Sorrente et moi nous rapprochâmes de Dohko afin de lire en même temps que lui par-dessus son épaule.
C'était une missive officielle de Miryna, la reine des Amazones. Une invitation pour les Daïtis qui devaient se tenir dans quelques jours.
…..
Pour que tu comprennes la suite des événements, mon Lecteur Inconnu, je me dois de clarifier un point : tous les sanctuaires, tous Dieux confondus, respectent les cultes des Dieux auxquels ils appartiennent. Cela ne concerne pas toutes les fêtes, bien entendu - sans quoi les sanctuaires des principaux Dieux tels que Zeus, Poséidon ou Hadès, passeraient leur temps à festoyer - mais du moins les plus importantes. Le sanctuaire d'Athéna et même le Paradis Blanc ne font pas exception à la règle.
Au sanctuaire d'Athéna, tous les ans en juillet, nous célébrons les Panathénées en l'honneur de notre Déesse – même si la réincarnation de celle-ci ne se joint plus que rarement aux festivités -. Cela consiste principalement en une cérémonie religieuse, des jeux et un festin… notre « Noël » en quelque sorte.
Quant au Paradis blanc, tous les ans également, lors du solstice d'hiver, une grande célébration permet les retrouvailles entre notre Déesse mère et ses enfants.
Les Daïtis quant à elles sont les célébrations annuelles en l'honneur de la Déesse Artémis.
La légende raconte que Clymèné, fille du roi d'Ephèse, s'étant réunie avec des jeunes filles et des jeunes gens, avait apporté avec elle une statue de la déesse Artémis. Après des jeux et des divertissements dans la prairie, elle dit qu'il fallait régaler la déesse. Alors, les jeunes filles, ayant entassé du persil et d'autres herbes, firent un lit pour la statue. Et les éphèbes, ayant pris du sel dans les salines voisines, l'offrirent à la déesse en manière de repas. L'année suivante, cette fête n'ayant pas été renouvelée, la colère divine s'appesantit sur la contrée, sous forme d'une maladie contagieuse. Jeunes filles et jeunes gens périssant, un oracle fut alors rendu, grâce auquel les Éphésiens apaisèrent la déesse et l'on célébra pour elle un festin identique à celui de l'année précédente. Par suite de ce fait, la maladie ayant cessé, la célébration fut appelée Daïtis, du mot : 'banquet'. ***
A cette occasion, les amazones organisent des jeux, des processions et des cérémonies et bien entendu, un grand banquet.
Même si cela peut te surprendre, mon Lecteur Inconnu, il n'est pas rare que les sanctuaires s'invitent les uns les autres pour ces fêtes comme tu as pu le constater lors du bal d'Aphrodite.
…
- Le sanctuaire d'Artémis possède la cuirasse de l'Armure Sacrée, fit remarquer Dohko tout en reposant la lettre sur le bureau du Pope. Voilà une excellente occasion de couper l'herbe sous le pied de Saori.
- Certes, surenchérit le grand Pope, les amazones étant déjà au courant de la prophétie, nous pourrions en profiter pour mettre au point un plan avec elles. Ce serait là une excellente opportunité de voir comment Saori procède pour voler les différentes parties de Dynamis.
- Oui, s'écria à son tour Sorrente. Durant les célébrations, l'attention à tendance à se relâcher. Ce serait là une parfaite occasion pour Saori de tenter quelque-chose et une parfaite occasion pour nous de débusquer ses alliés.
Je me contentai d'acquiescer silencieusement. La seule évocation de Miryna m'avait plongé dans le trouble et, me doutant bien que je ferai obligatoirement partie des chevaliers qui se rendront sur place, je me sentais gênée à la seule idée de la revoir. Cependant, comme l'avait dit Sorrente, l'occasion était trop belle. Il ne fallait pas la laisser passer.
- Je vais de ce pas rédiger une réponse à la reine, dit Shion en se dirigeant vers son bureau. Demain, nous reparlerons de tout cela et nous mettrons sur pied un plan.
Nous acquiesçâmes en chœur et alors que je me préparais à sortir avec les autres, le grand Pope me fit signe de rester un instant pour me parler en privé.
Je soupirais et me rassis. Mon Lecteur Inconnu, je ne suis pas stupide. Si Shion me demandait de rester pour me parler en privé, ce n'était surement pas à propos de Saori. Le maître de mon propre maître connaissait son disciple mieux que quiconque. C'était lui, le premier, qui m'avait parlé de cet homme que j'avais passé des mois à chercher. C'était lui qui, le jour du bal au Palais d'Aphrodite, avait interrompu par un discret raclement de gorge un moment magique. J'avais bien vite compris qu'il était inutile de chercher à cacher quelque-chose au Pope; il était omniscient en ce qui concernait le Sanctuaire.
Une fois la porte fermée, il retourna à son bureau. Il s'y adossa et planta ses yeux directement dans les miens.
Cependant, sa première question me dérouta quelque peu.
- Swann, si, et uniquement si, le secret venait à être dévoilé… quels seraient les chevaliers en qui tu aurais le plus confiance pour partager ce secret ?
Et voyant que je m'apprêtais à lui répondre, il s'empressa d'ajouter malicieusement :
- Hormis ton maître, bien entendu.
Je refermais la bouche un instant et m'accordais un moment de réflexion.
- Camus, lui répondis-je finalement et sans hésitation. Camus et Milo.
…..
Mon lecteur Inconnu, plus tard, et je m'en suis étonnée moi-même, j'ai réalisé que je n'avais pas songé un seul instant à Aphrodite. Oui, mon ami de toujours ne m'avait même pas traversé l'esprit à cet instant. Vu la mission, j'avais surtout gardé en tête les chevaliers qui m'avaient accompagné lors de cette première visite au sanctuaire d'Artémis et Aphrodite n'en faisait pas parti.
…
Shion acquiesça d'un signe de tête. Cependant, il me sembla pendant une seconde que le Pope était mal à l'aise. Qu'il cherchait ses mots pour me dire autre chose. Mon impression se confirma, lorsque prenant une profonde inspiration, il s'approcha de moi, me posa la main sur l'épaule d'un geste rassurant.
- Mon enfant, finit-il par me dire, au vu de la situation actuelle, je me dois de te poser cette question. Je n'ai pas manqué de remarquer que ta relation avec ton maître avait changée…
« Nous y voilà » pensais-je en serrant très fort les paupières. J'avais, pendant un instant, espéré que Shion ne m'avait gardé que pour me parler de la composition du groupe qui allait se rendre au sanctuaire d'Artémis.
Mon cœur commença à battre plus fort et je serrai les poings pour empêcher mes mains de trembler. J'étais parfaitement consciente qu'une relation maître-disciple était assez mal vue au sanctuaire et j'étais terrifiée à l'idée même que le Pope puisse m'ordonner de cesser cette relation.
Pourtant, le visage du grand Pope n'avait rien de menaçant. Au contraire, Shion me souriait d'un air encourageant, compréhensif même, et je décidai de jouer franc-jeu. Je le pris de court avant même qu'il n'eut le temps de formuler sa question.
Je me levai de ma chaise et posai un genou à terre devant lui. J'osai prendre la parole, la gorge serrée.
- Altesse, vous, mieux que quiconque, savez que j'ai passé ma vie à le chercher alors qu'il était sous mes yeux depuis des années, commençai-je dans un souffle. Vous, mieux que quiconque, savez ce que j'ai fait pour lui et ce que je suis prête à faire…
Je marquai une pause. Shion me regardait, immobile. Les mots avaient du mal à franchir mes lèvres mais je continuai :
- Altesse, je suis prête à faire le sacrifice de ma vie pour obéir aux ordres d'Athéna et contrer Saori… mais ne me demandez pas de faire le sacrifice de mon cœur… et du sien.
Je courbai à nouveau le front et attendis la sentence. Elle ne vint pas. Shion semblait muet. J'attendis, immobile, et je commençai à prendre peur. Les secondes me parurent durer une éternité et son mutisme obstiné augmenta mon angoisse. Pour la première fois de ma vie, la peur prit le dessus sur ma raison. Je levai un visage suppliant dans sa direction.
- Altesse… l'implorai-je.
Je cherchai ma respiration, terrorisée à l'idée qu'il puisse m'ordonner de cesser cette relation.
- Je le protégerai. Je le défendrai comme je l'ai toujours fait. Je donnerai ma vie pour la sienne sans la moindre hésitation…Je ne demande aucune reconnaissance de sa part, je suis prête à rester dans l'ombre… mais je vous en prie, je vous en supplie… Ne m'arrachez pas de ses bras… J'ai besoin de lui…
Vaincue, tremblante, je baissai la tête et attendis une fois de plus. Je ne voyais pas ce que je pouvais rajouter à ma plaidoirie.
Soudain, Shion se baissa à ma hauteur et me releva le menton. Je découvris un visage indulgent. Il me caressa paternellement la joue et me sourit.
- C'est tout ce que je voulais entendre, me dit-il doucement en me prenant par le bras pour me relever. Je voulais être sûr de tes sentiments.
Tremblante de l'émotion, je me laissai guider vers la chaise pour m'y laisser tomber.
- L'amour est un noble sentiment Swann, continua-t-il en serrant ma main dans la sienne. Et je ne saurais m'interposer entre deux cœurs qui s'aiment. Surtout, lorsque ces deux cœurs appartiennent à deux être qui me sont, l'un comme l'autre, très chers. Deux êtres que je considère comme mes enfants…
Je relevais la tête de surprise face à cette dernière phrase et dans une impulsion de tendresse, je me jetai au cou du Pope et le serrai contre moi. Il rit doucement et ne se formalisa pas de ce manquement à l'étiquette. Il me rendit mon étreinte.
- Cependant, continua-t-il une fois que je l'eus lâché, il te faut être très prudente mon enfant. Tu ne peux te permettre pour le moment de donner des armes à Saori pour te blesser. Le fait que Mû soit ton maître le met déjà suffisamment en danger, comme elle nous l'a déjà prouvé. Mais si elle en vient à connaitre la nature de vos sentiments respectifs, cela pourrait être très dangereux. Pour toi comme pour lui.
J'acquiesçais d'un mouvement de tête. Je me souvenais de la mise en garde de la Déesse Aphrodite : « un cœur amoureux est si facile à blesser » m'avait-elle dit.
- Grand Pope, demandai-je, ne pourrait-on expliquer la situation à mon maître ?
Shion était au courant pour le collier d'Athéna. Je lui avais expliqué le lendemain de mon rêve avec la Déesse.
- Mû se doute de quelque-chose. Il n'est pas aveugle et mes missions à répétition en dehors du sanctuaire le blessent, je le vois bien. De plus, il a immédiatement compris d'où venait mon collier lorsqu'il l'a vu.
Le Pope soupira. Je voyais bien que l'idée de mêler son disciple à cette affaire ne lui plaisait guère, et pourtant, il ne pouvait ignorer le fait que les choses évoluant comme elles évoluaient, il nous serait difficile de garder Mû à l'écart pendant encore très longtemps.
- Je vais y réfléchir, me répondit-il simplement.
Je le remerciais. Je m'apprêtais finalement à prendre congé lorsqu'il me tendit avec un petit sourire, un petit sachet de toile fermé. Surprise, je l'interrogeais du regard.
- Ce sont des herbes médicinales chinoises que Dohko m'a donné à ton intention, me répondit-il. Utilise-les avec parcimonie et chaque matin pendant sept jours tous les mois, prépare-toi un thé avec.
Et comme je ne comprenais pas, il ajouta malicieusement :
- Mon enfant, ce n'est pas le moment de tomber enceinte…
Je sortis de son bureau les joues en feu.
...
Mon Lecteur Inconnu… tu ne peux imaginer le profond soupir de soulagement que je poussai une fois franchi le seuil du bureau du Pope. Imagine-moi, mon Lecteur Inconnu… imagine-moi courir à travers les couloirs le cœur en fête, un sourire de pur félicité sur mon visage, un cri de victoire sur le bord des lèvres. Shion acceptait ! Le grand Pope, à l'instar de la Déesse Athéna, venait de donner au disciple la permission d'aimer son maître… et un sachet d'herbes contraceptives… Je songeais en moi-même qu'il me faudrait quelque temps avant d'oser lever les yeux vers Shion ou Dohko à nouveau.
…
Le Pope avait écouté mes recommandations et m'avait adjoint à cette mission outre mon frère Sorrente, mon maître, Camus et Milo ainsi qu'Aliolia et Shura. Excepté la Lune de bronze, tous pensaient que nous allions simplement assister aux Daïtis.
Et quelques-jours plus tard, nous étions de retour au sanctuaire d'Artémis. Mais l'occasion était différente. Cette fois-ci, pas de balade au sein de la forêt amazonienne, nous savions exactement où nous diriger. Pas d'armures mais des cadeaux, nous étions là pour une cérémonie religieuse. Et un accueil des plus chaleureux.
Une fois de plus, nous fûmes logés dans la maison des invités en contrebas du sanctuaire. A peine avais-je eu le temps de poser mes affaires qu'une silhouette familière venait me prendre par le bras pour m'entraîner en direction du temple principal, interdit aux hommes.
J'étais ravie de revoir Antiope. Fidèle à sa nature généreuse, la chargée des gardes de la Reine avait été la première à nous accueillir et à nous guider vers notre demeure. Aimable et souriante comme à son habitude, Antiope m'avait ensuite entraîné en direction du sanctuaire afin de présenter mes hommages à la reine.
J'étais restée bouche bée devant la décoration féerique du sanctuaire en l'honneur des célébrations. Partout s'étalaient, de çà et là, de magnifiques parterres de fleurs en l'honneur de la Déesse et des lampions de toutes les couleurs agrémentaient les entrées des divers maisons et temples.
Arrivées au temple, Antiope m'entraîna directement vers le bureau de la reine. Miryna m'y attendait déjà en compagnie d'une autre prêtresse majeure.
Le souvenir d'une nuit particulière me revint violemment en mémoire lorsque j'aperçu Miryna mais je tentais de ne rien montrer alors que je me dirigeai vers la reine et que je posai un genou à terre pour la saluer.
- Majesté, lui dis-je en baissant la tête en signe de respect, c'est un honneur et un plaisir de vous revoir.
- J'aurais aimé que ce soit dans des circonstances différentes Swann, me répondit-elle en me rendant mon salut, mais crois bien que le plaisir est partagé.
Je relevai la tête sous la surprise. A quelles circonstances Miryna faisait-elle allusion ?
Mais elle ne s'expliqua pas. D'un geste, elle me fit signe de prendre place à ses côtés. Tandis que je m'asseyais, je constatais que la prêtresse se rapprochait de moi également.
- Je te présente Evangeline, me dit la reine en la désignant de la main. C'est une de mes prêtresses et ta compatriote également.
Je saluai Evangeline d'un signe de tête qu'elle me rendit et interrogeai la reine du regard. Il me sembla soudain que l'atmosphère se faisait de plus en plus pesante.
Miryna ne voulut pas me faire attendre plus longtemps. Elle entra directement dans le vif du sujet :
- Quelqu'un a tenté de dérober la cuirasse de Dynamis il y a quelques jours !
* Le syndrome de la page blanche faisant référence à une peur, celle de la page blanche. Ce phénomène peut être dû à la volonté tellement grande de faire une œuvre parfaite, que toute idée qui vient à l'esprit de l'auteur lui paraît systématiquement mauvaise, de telle sorte qu'il devient alors impossible pour lui de commencer ou de compléter son œuvre. Wikipédia.
** Quartiers de Tokyo
*** Historique. Source : www . fr/wiki/Art%C3%A9mis
