Spéciale dédicace à Libellule8 ! Merci pour ta fidélité^^
Le dernier présent d'Athéna
Trop Tard… Ils avaient tous vu que, l'espace d'une seconde, la petite sœur de Gabriel avait sans la moindre hésitation, fait face à son frère pour protéger un chevalier d'or qu'elle n'avait jamais rencontré auparavant.
Blessé, Camus me regarda avec incompréhension.
- Vous vous connaissez… murmura-t-il.
Brusquement, il se tourna vers Mû avec une violence nouvelle.
- Tu la connaissais avant de venir, éructa-t-il. Voilà pourquoi tu en savais autant sur elle. Voilà pourquoi tu m'as poussé à venir. Et voilà pourquoi c'est ton disciple qui m'a remis la lettre.
Camus sentait qu'il s'était fait manipuler et il en était humilié et furieux. On avait utilisé ses sentiments contre lui. Lui, le chevalier des glaces.
- Gabriel, laisse-moi t'expliquer… tentai-je maladroitement.
Je cherchai désespérément un semblant d'explication qui puisse convenir mais rien ne me vint, rien excepté la vérité. Je n'avais plus le choix. Je m'avançai à petits pas vers Camus, tendis une main dans sa direction mais il me repoussa.
- Pourquoi as-tu cherché à le protéger ? murmura Camus d'une voix brisée.
- ...
- Parce que c'est dans la nature des Enfants Sacrés de défendre et de protéger leur maître.
Mon Lecteur Inconnu, c'était la pure vérité, tu le sais. La seule explication réelle.
… Moi-même, je ne l'aurais pas formulé autrement…
Je restai interdite par la phrase que je venais d'entendre. J'en avais le souffle coupé. Face à moi, le regard de Camus alternait d'avant en arrière entre Mû et moi et je pouvais lire dans ses yeux tant de choses. De la colère, de la douleur et de l'incompréhension. A nos côtés, Milo quant à lui semblait presque décidé à se fondre dans le décor, ne respirant même pas de peur de perdre la moindre miette de cette pièce tragi-comique qui se jouait devant lui. Et Mû pour sa part… j'entendis simplement sa voix à nouveau. C'était à la fois un ordre et une prière, presque une supplication.
- Swann, retourne-toi.
Swann ! Mû venait de m'appeler Swann.
Le cœur battant, je m'exécutai. Lentement, tellement lentement, je pivotai sur moi-même, incertaine de l'homme qui allait se dessiner devant mes yeux. Mon maître ? Le chevalier du Bélier ? Mon… Mû ?
Je me retournai pour lui faire face.
- Maître… ?
Ma voix n'était rien d'autre qu'un soupir hésitant, une question non formulée, une crainte de tout détruire. J'avais si peur qu'un simple souffle de vent ne vienne balayer la fragilité de ce moment.
Mû semblait hésitant à son tour. Sa voix commença à trembler légèrement.
- J'ai raison n'est-ce pas ? me demanda-t-il incertain. Ton prénom, du moins celui que tu portes en tant que guerrier et chevalier, est bien Swann ?
- Oui, lui répondis-je dans un souffle.
Je sentais un sourire d'espoir insensé commencer à se dessiner sur mon visage et dans mon cœur. Le même sourire s'esquissait sur les lèvres de Mû à son tour.
- Tu es la Lune d'argent ? demanda-t-il en confirmation.
J'acquiesçai d'un mouvement de tête. Mû fit un nouveau pas dans ma direction. Ses yeux ne cessaient de scruter tous les détails de mon visage, comme lorsqu'on cherche à retrouver sur un modèle réel, les traits qu'on a vus sur une photo, il y a longtemps. Finalement, il leva doucement une main tremblante et la porta à mon visage. Je savourai la caresse avec délice.
Rien à cet instant précis n'avait d'existence autour de moi. Rien d'autre que lui. Je lui pris la main à mon tour.
Ce n'était pas normal, mon Lecteur Inconnu. Ce qui était en train de se passer n'était pas normal mais qu'importe… La normalité était bien le cadet de mes soucis à cet instant précis et je ne vivais plus que pour une chose… un espoir. Le reste du monde à cette seconde-là m'importait si peu.
- Mû, murmurai-je en m'approchant de son visage. Dis-moi que tu te souviens de moi…
Je m'avançais vers lui. Je passai ma main derrière sa nuque pour le rapprocher encore. Je lui caressai les cheveux.
- Dis-le-moi, suppliai-je doucement, la voix cassée par l'émotion et le cœur battant. Dis-le-moi, je t'en prie !
Il posa son front contre le mien et je le sentis sourire.
- Dans le temple d'Hécate, m'expliqua-t-il, Athéna a touché mon front.
Il releva alors la tête pour me regarder droit dans les yeux. Elle était là… mon étoile.
- Un acte de ce genre laisse forcément une marque, continua-t-il.
Alors brusquement je compris le dernier présent que me faisait Athéna. Mû ! Mû ne m'avait pas oubliée !
Folle de joie, je me jetais sur ses lèvres sans réfléchir. Il me serra dans ses bras et me rendit mon baiser.
…..
Quelle belle scène ! N'est-ce pas mon Lecteur Inconnu ? Une romance digne des meilleurs amants maudits de Shakespeare, à une différence près… Nous n'étions pas seuls dans cette pièce et Camus et Milo – que nous avions totalement oubliés l'espace d'un instant – ne tardèrent pas à se rappeler à nous.
…
Mon Lecteur Inconnu, j'avoue ne pas avoir très bien compris ce que Camus avait cherché à dire à ce moment-là mais le résultat donna un étrange mélange, à mi-chemin entre un cri et une voix qui s'étrangle. Je m'écartai aussitôt de Mû. Mon frère avait un teint livide et un regard blessé qui me ramena brusquement à la réalité de notre situation et me brisa le cœur.
- Tu nous as menti, m'accusa Milo.
Je secouai énergiquement la tête et me précipitai vers Camus.
- Non, Camus, le suppliai-je. Non ! Ecoute-moi.
Il me tournait le dos, blessé. Je m'avançai et posai mes deux mains à plats sur ses épaules. Je reposai ma tête contre son dos. Il eut un geste de recul.
- Mû vient de dire que tu t'appelais Swann, murmura-t-il.
- Je suis désolée, bredouillai-je. Je n'aurais jamais dû jouer toute cette comédie… Cette rencontre… n'était pas censée se passer comme ça.
- Elle était censée se passer comment alors ?
Le sarcasme dans sa voix était parfaitement compréhensible. J'avoue, je n'eus pas de réponse à lui donner.
- Je ne sais pas, avouai-je en secouant légèrement la tête contre son dos.
Non, définitivement, rien ne se passait tel que je l'avais prévu. Je naviguais totalement à l'aveugle. Mû avait chamboulé tout mon plan. Je ne maitrisais plus du tout la situation.
Je me rendis compte que j'avais blessé Camus bien plus que je ne le pensais. Je me rendis compte que j'avais là une chance de ne plus mentir mais de dire la vérité, juste la vérité… toute la vérité à mon frère et à Milo.
- Swann ou Gabrielle ? l'entendis-je demander.
- Les deux, répondis-je contre son dos. Les deux ne forment qu'une seule et même personne… tout comme Gabriel et Camus.
- Pourquoi as-tu changé de nom ? demanda-t-il.
Je soupirai contre son dos. Mon Lecteur Inconnu, je redoutais cette question. Elle ne trouvait sa réponse que dans de mauvais souvenirs pourtant Camus avait sans doute le droit de savoir. Je décidai de lui répondre, mais en français. Cette partie de l'histoire ne regardait personne d'autre.
- Parce que je te croyais mort. Parce que j'ai hurlé ce nom dans ma tête pendant les trois années qui ont suivi l'incendie…
Les mots se bloquaient dans le fond de ma gorge.
- Parce que le paysan me le murmurait à l'oreille la nuit…
De rage, je serrai mes points sur le tissu de sa tunique et j'enfouis un peu plus la tête dans son dos. Voilà un aveu que je n'avais jamais fait… à personne.
Brusquement, je sentis la tête de Camus se relever avec violence et il se retourna pour me faire face. Je coupai court à toute question en lui prenant le visage entre les mains.
- Je ne t'ai pas menti, lui dis-je, reprenant avec autorité la conversation en grec et à voix haute. Appelle-moi Gabrielle ou Swann, ça ne change en rien qui je suis.
J'aurais dévié la conversation dix fois, cent fois si nécessaire. Pour moi le sujet était clos, Camus le comprit bien. Mais je savais qu'il reviendrait sans doute à la charge. Pour lui, c'était loin d'être le cas.
Nous restâmes silencieux quelques secondes. C'est le moment que choisit Milo pour se rappeler à nous.
- Je ne comprends toujours pas. Si tu es un Enfant Sacré, comment se fait-il que Mû te connaisse ?
- Parce que vous la connaissez, vous aussi, répondit Mû. Mais vous avez oublié.
Interloqués, ses deux pairs se tournèrent vers lui, une interrogation dans le regard. Je pris une profonde inspiration. C'était à moi qu'il appartenait de continuer.
- Cela s'appelle la Damnatio Memoriae, expliquai-je alors. Il y a un mois environ, Saori a banni les Enfants Sacrés de la mémoire de tous les chevaliers du sanctuaire.
Je pris un instant de pause, puis je me tournai vers Camus.
- Crois-le ou non Gabriel, mais il y a longtemps en réalité que nous nous sommes retrouvés.
Je sentais Camus perdu. Il avait besoin d'une preuve. Je pouvais lui en donner.
Sans un mot, je me dirigeai vers la porte d'entrée. Je l'ouvris, fis quelques pas dehors afin de trouver ce que je cherchai puis je revins vers eux. Debout face à Camus, je tendis la main dans sa direction, paume entrouverte afin qu'il puisse voir le petit caillou que j'avais ramassé. Je commençai à gonfler mon cosmos, me concentrant à faire baisser la température. Au bout de quelques secondes, je tendis au Verseau ce même petit caillou complètement congelé.
- Dis-moi, qui d'autre que toi mon frère, le chevalier du Verseau, aurait pu m'apprendre à faire ça ?
Camus en avait le souffle coupé. Il avait reconnu sa propre technique de chevalier des glaces. Il resta un instant immobile puis finit par relever la tête, plongeant ses yeux dans mes paupières.
- Dis-moi pourquoi Athéna vous a bannis du sanctuaire et de nos mémoires ?
Je secouai la tête.
- Athéna ne nous a pas bannis.
Et voyant que Milo s'apprêtait à bondir de protestation, je levai une main devant moi pour le faire taire et répétai ma phrase, accentuant un nom.
- Athéna… ne nous a pas bannis.
Puis je poussai un profond soupir.
- Mais Saori, oui.
Sans leur laisser le temps à la réflexion, je me tournai vers Mû.
- Raconte-moi. J'ai besoin de savoir comment tu as pu te rappeler de moi.
- C'est une histoire assez compliquée, commença Mû. Moi-même, je ne suis pas sûre d'avoir tout compris.
Il fit signe à Camus et Milo de prendre place sur le lit. Il se tourna vers moi et me prit la main.
- Il se peut qu'il y ait des choses dont je ne me souvienne pas encore. Tu vas devoir me pardonner pour ça.
- Raconte ton histoire, lui répondis-je dans un sourire. Je raconterai ensuite la mienne et je rafraichirai ta mémoire.
Et je partis m'assoir au côté de mon frère pour écouter son récit.
…..
Ce soir-là, Mû nous raconta comment la Damnatio Memoriae l'avait atteint lui aussi. Comment, encore quelques-jours auparavant, il était persuadé, comme tous les chevaliers, de n'avoir jamais entendu parler des Enfants Sacrés, excepté peut-être dans certaines légendes. Jusqu'à ce jour… ce fameux jour où Saori elle-même avait convoqué les chevaliers d'or pour leur parler de ce soi-disant vol. Ce fameux jour où elle avait désigné le sanctuaire coupable : le Paradis Blanc.
Malgré la Damnatio Memoriae, Saori s'était montrée prudente. Jamais elle n'avait mentionné le nom d'Enfants Sacrés devant les chevaliers, se contentant de parler de nous en tant que « guerriers du Paradis Blanc » ou « guerriers de la Lune ».
Mû nous expliqua qu'à l'instar de ces pairs, il n'avait pas douté de l'accusation ce jour-là. Il s'était contenté de croire sur parole sa Déesse et qu'il s'était insurgé, lui aussi. Dans le fond, c'était parfaitement compréhensible. Quelles raisons aurait-il eu de se défier de la parole d'Athéna ? Une raison, une seule et ce fut Killian qui vint la lui donner le soir-même.
Killian, à qui j'avais formellement interdit de parler de nous à son maître et qui avait bravé mon interdiction. Sans doute avait-il été révolté d'apprendre que Saori venait de nous déclarer Sanctuaire ennemi et avait-il cherché à laver notre honneur auprès de son maître. Mon Lecteur Inconnu, je sais juste qu'il est allé voir son maître ce soir-là pour le supplier de ne pas croire ces accusations. Je sais juste qu'il lui a donné un nom : les Enfants Sacrés.
Et ce fut-là le déclic…
Les Enfants Sacrés… ce nom ne lui était pas inconnu. Ce nom éveillait en lui quelque-chose qu'à ce moment-là il ne savait pas définir.
A partir de cet indice, le lendemain, Mû s'était précipité aux archives du sanctuaire. En vain, Saori avait bien fait son travail de destruction. Aucun document, aucune lettre qui ne consignait notre passage au sanctuaire.
Cependant, elle avait négligée une autre source d'information, et c'est dans la bibliothèque que Mû trouva finalement les quelques documents mentionnant notre existence et relatant de notre alliance au sanctuaire d'Athéna. Il eut ainsi la preuve qu'il cherchait. Les Enfants Sacrés n'étaient pas des légendes et nous existions bel et bien. Malgré tout, les écrits restaient trop vagues. Il lui était impossible d'obtenir plus d'informations.
Plus le temps passait et plus Saori se montrait virulente dans ses propos envers le Paradis Blanc. Mais Mû n'en démordait pas. Il ne parvenait pas à croire à notre culpabilité surtout que la réincarnation éludait toutes propositions d'enquête supplémentaire créant ainsi un climat d'incompréhension parmi ses chevaliers. Néanmoins, le Bélier ne pouvait faire part de ses doutes de manières ouvertes à ses pairs. Il en a toujours été ainsi avec Saori, les chevaliers s'étonnent tout bas, mais ils ne parlent pas à voix haute. Nous avons connu cela nous aussi, n'est-ce pas mon Lecteur Inconnu ?
Plus tard et une fois de plus, voyant que son maître était toujours plongé dans ses recherches, Killian s'était décidé à lui parler de nouveau. Cette fois-ci, le jeune apprenti lui avait montré un collier et face à son insistance, il lui avait donné un prénom, le mien. Mais fidèle à sa promesse, Kiki se refusait à en dire plus à son maître, ignorant tous les déboires qu'involontairement il provoquait chez ce dernier.
- A partir de ce moment, j'ai commencé à avoir des flashs sans même m'en rendre compte, nous avoua-t-il. Des souvenirs. Des images que je ne reconnaissais pas. Je crus perdre la raison. Je ne comprenais pas. Tous les jours, des scènes dont je n'avais aucun souvenir revenaient hanter mon esprit. Je me suis raccroché à l'idée que Killian te connaissait. Et si Killian te connaissait, c'est que tu étais réelle et que je n'étais peut-être pas complètement fou.
Il se tut quelques secondes, ses mains tremblaient légèrement. Je pus voir combien ces derniers jours avaient dû être éprouvants pour lui aussi. Pour sa santé mentale. J'imagine combien il doit être difficile de revivre dans son esprit des scènes dont on ne garde aucun souvenir dans la vie réelle.
- Après avoir été pris de cette frénésie de vaines recherches sur les Enfants Sacrés, continua-t-il, je suis parti m'isoler à Jamir. Pendant deux jours, je me suis coupé du monde. Pendant deux jours, je me suis décidé à ne plus lutter contre ses images que j'avais en tête. Je les ai laissées venir. Je les ai acceptées. Petit à petit, les images se sont clarifiées. J'entendais une voix. Je revivais certains instants.
Mû se tourna vers moi, son étoile tellement brillante dans ses yeux…
- Je te recréais sans le savoir. Tu es telle que mes souvenirs t'avaient gardé.
Puis à la fin de ses deux jours d'isolement complet, il était rentré au sanctuaire, apaisé. Toujours incertain. Toujours frustré de ne pas tout comprendre, mais plus serein. Et Killian était venu le voir pour la troisième fois. Cette fois-ci avec une lettre. Une lettre qu'il devait remettre quelques jours plus tard au chevalier du Verseau.
- Je me souviens de ce jour-là, continua Camus. Tu es venu me voir avec ton disciple pour qu'il me remette la lettre.
Camus marqua une pause et eut un petit sourire désabusé.
- Je comprends mieux à présent pourquoi tu semblais si agité, si nerveux. Quand tu as su qu'il s'agissait d'un rendez-vous en France, tu m'as demandé à m'accompagner. Tu as prétexté vouloir savoir qui avait remis cette lettre à ton disciple.
Techniquement, Mû n'avait pas menti mais Camus avait prononcé cette dernière phrase avec une pointe de ressentiment dans la voix.
- Je ne te faisais pas confiance du tout, enchaina Mû en se tournant vers moi. Je me souvenais que tu étais puissante et Killian en me parlant des Enfants Sacrés n'avait fait que confirmer mes craintes. Tu aurais parfaitement pu le manipuler. Avoir des flashs involontaires de toi ne me permettait pas de te connaitre pour autant.
Il avait prononcé ces dernières phrases en baissant la voix, comme en s'excusant. Je comprenais mieux à présent la sorte de hargne qu'il avait eue à mon encontre au tout début. Ce doit être frustrant de voir une personne constamment hanter vos pensées sans pour autant savoir qui elle est ni ce qu'elle veut vraiment. Et à ce moment-là, j'étais toujours considérée comme ennemie à leurs yeux à tous les trois.
Je lui souris tendrement et lui fis signe de continuer.
- J'étais inquiet. Si tu avais réussi à manipuler Killian, qui semblait te vouer une confiance aveugle, alors tu aurais sans doute aussi été capable de manipuler le Verseau. En jouant sur la corde sensible de la fraternité, par exemple.
Je baissai légèrement la tête de culpabilité. Ces trois-là ne le savaient pas, ou ils s'en doutaient peut-être, mais c'était-là exactement le plan initial que j'avais en tête. Manipuler Camus. Jouer sur la compassion fraternelle pour l'amener à faire ce que je voulais qu'il fasse. Mon Lecteur Inconnu, voilà un aveu dont je ne suis pas fière…
- Si tu te méfiais d'elle, intervint soudain Milo, alors pourquoi lui fais-tu à présent confiance ?
Le Scorpion venait en effet de marquer un point.
- Tu ne voulais pas que je baisse l'intensité de ma restriction, commença-t-il à énumérer. Tu l'as gardée en respect avec ton cosmos tout le temps que nous étions en Bourgogne et pour finir c'est toi-même qui n'as pas hésité à l'attaquer pour la ramener à Kouklia.
Il se leva et planta son regard droit dans celui du Bélier.
- Alors pourquoi un tel revirement ?
A mes côté, je vis que Camus se redressa. La réponse l'intéressait lui aussi. Mû soutint le regard de Milo un instant puis soupira et se tourna vers moi.
- A cause de ton cosmos.
Il marqua un temps de pause.
- Quand tu as augmenté ton cosmos à cette intensité… je ne sais pas. Je ne peux pas l'expliquer. Ça a été comme un électrochoc. Tout m'est revenu en mémoire… subitement. C'est comme si le brouillard qui envahissait mon esprit c'était soudainement levé. Et lorsqu'ensuite tu t'es placée devant moi pour me protéger, je n'avais plus aucun doute.
Emue, je levai la main pour toucher son front. Athéna… Athéna lui avait touché le front dans le temple d'Hécate permettant ainsi au Bélier de voir la vérité à travers le mensonge. Voilà pourquoi il avait douté des paroles de Saori, voilà pourquoi il n'avait pas oublié les Enfants Sacrés… Voilà pourquoi, il ne m'avait pas oublié.
….
Mon Lecteur Inconnu, je comprends à présent le véritable présent qu'Athéna m'a fait. Rien n'est jamais dû au hasard et chaque geste a son importance. Le dernier présent d'Athéna… c'était Mû.
Dans l'ombre, le Bélier n'avait jamais cessé d'être à mes côtés, même si lui-même n'en avait pas toujours conscience.
…..
Mais il restait néanmoins un dernier mystère…
- Et Aphrodite ? demandai-je.
- A Jamir, me répondit Mû avec un petit sourire, j'ai rencontré une gitane dans un marché…
