Disclaimer : les personnages de Gundam appartiennent à leur auteur, ainsi qu'à Sunrise, Bandai, Sotsu Agency et associés.

Genre : One Shot, Yaoi, drame

Préface :
Pour vous faire attendre de Invisible Men…
Un tout petit OS de fin août, début septembre.
Suite de mon coup de gueule personnel…

Merci à tous pour vos reviews, ces OS sont très importants pour moi.

Bonne lecture.

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SOUVENIRS DE GARE

Distorsion

Ou comment accepter son propre coming out

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Bruxelles…

N'est pas la ville de Lumière, elle laisse ça à Paris, ça coûte trop cher.

Il me manque…

N'est pas la ville des Amoureux, elle n'atteint pas le romantisme de Venise.

Il est loin…

N'est pas la ville du vin, Bordeaux reste en bonne position des cités pochtronnes.

Est-il même encore ici ?

N'est pas la ville de la mode, c'est …. heu… il y en a encore une ?

Je suis seul…

N'est pas la ville de la diversité, Londres fait office de camp européen de réfugiés.

Je me sens seul…

N'est pas la ville du passé, il y a déjà Rome, Athènes, Delphes, …

Nous reverrons-nous un jour ?

N'est pas la ville du poom-poom short, viva Barcelona !

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Bruxelles est.

Et ça lui suffit.

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Il me manque.

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Bruxelles est la capitale de l'Europe.

Un fait… génial…

L'ironie dans ma voix est-elle suffisamment claire ?

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Superrrrrr….

Ça nous fait une belle jambe, nous sommes détestés par tous les citoyens de notre beau regroupement sans y être pour quelque chose.

Plaignez-vous aux parlementaires de votre pays au lieu de tout remettre sur notre dos, nous ne sommes pas dans le secret des « Dieux » !

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Il me manque.

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Bruxelles est par là même, la cité de la communication.

C'est qu'elle est devenue une vraie plate-forme multimodale !

Vous savez, ces endroits vers où tout converge : autoroute, voies de chemins de fer, lignes aériennes…, et qui dispatche les différentes marchandises à travers la région, le pays, le continent, le monde.

Et bien, à Bruxelles, ce sont les décisions qui se dispersent.

Seulement dans le continent, et certaines régions extérieures, bizarrement les anciennes colonies, nous n'avons pas la prétention d'asservir la planète, nous laissons ça à d'autres, même si certains aimeraient bien…

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Il me manque.

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C'est un lieu de pouvoir et de réflexion intense pour guider le navire Europe dans les eaux troubles et polluées des Mers et Océans du fédéralisme.

Et pour ça, il faut du peuple.

Pas des prolétaires hein !

Des petites fourmis fonctionnaires de fédérations.

Ça grouille, ça s'agite, ça discutaille, ça ballade, ça tranche, ça décide, ça impose pour le bien communautaire.

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Il me manque.

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Bref, ça fait beaucoup de bruit pour rien dans toute la fourmilière.

Ça me fait penser à une classe.

Revendications, sans prévoir d'alternatives.

Réflexions, dans et sur le vent.

Décisions, à la Belge, où tout le monde sort mécontent mais on a coupé la poire en deux donc personne ne peut se plaindre.

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Il me manque.

Tu me manques.

Je te manque ?

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J'en ai rien à kicker des décisions européennes, la folie humaine me passe bien au-dessus de la tête, je me demande juste pourquoi je suis parti.

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Tu peux me rappeler pourquoi je t'ai quitté ?

Pour toi ?

Pour nous ?

Pour moi.

Pour eux.

Pour leurs regards, pour mon image.

Je suis lâche…

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Je marche vers l'arrêt du tram et je vois bien leurs yeux suivre ou se détourner face à certains individus.

Et pas seulement des couples comme anciennement le mien, aussi devant des hétéros en couples mixtes, et les personnes seules n'y échappent pas si elles ont un look particulier ou si elles sont handicapées.

L'intolérance peut prendre de nombreuses formes, du dégoût pur et simple, aux félicitations à outrance pour un fait banal, à la gène face à une situation paraissant inhabituelle.

La question est alors « comment réagir ? ».

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Maintenant que je passe totalement inaperçu, ça me fait sourire.

Vive la diversité !

Surtout dans une ville multiculturelle comme ma petite capitale.

Allons à la rencontre des autres et piétinons les préjugés !

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Je suis mélancolique mais positif.

Cela faisait longtemps que ça ne m'était plus arrivé.

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La blessure de ton absence cicatrice tout doucement.

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On a raison de dire que le temps atténue toutes les peines.

Il faut juste réussir à le prendre, se donner l'occasion de se reconstruire, faire taire l'effroi de la solitude, se plonger dans le travail…

Et ne pas perdre de vue que la noyade ne peut se produire sur la terre ferme.

Si on tombe à l'eau, quand on touche le fond, il faut s'en servir pour prendre de l'impulsion et remonter à la surface.

Si j'ai réussi, c'est que tout est possible.

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Tu me manques, mais ça va, je surnage.

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Bien sûr, je n'oublierai jamais ces six mois, nos six mois.

Ma première relation sérieuse, le premier homme que j'ai aimé.

Je continuerai à chérir le souvenir, mais je ne lui permettrai plus de m'étrangler.

J'ai desserré l'étaux, je me suis relevé.

J'aimerai encore.

Différemment mais aussi fort.

La vie se doit d'être vécue à 100.

Malgré eux, malgré toi, malgré moi…

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Je me laisse voguer au gré des flots, entraîné par le courant.

Je commence à me sentir assez fort pour nager à contre-courant.

J'ai un futur.

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Hum…

Impossible d'ôter le sourire idiot.

Tout est si beau…

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Sauf l'orage.

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BORDEL !

VITE !

Où est ce putain d'arrêt ?

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Je cours.

L'eau s'infiltre partout, dans le moindre interstice des vêtements.

Comme si son but était très clairement d'atteindre les couches intérieures le plus rapidement possible pour créer une impression de froid sur la peau, le caleçon et les chaussettes étant les objectifs de prédilection.

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Je cours, je saute par dessus les flaques.

Je manque m'étaler lamentablement alors que ma godasse droite vient se coincer entre deux pavés.

Je hais ce genre de pavage chiant et dangereux.

Il est la représentation de mon état d'esprit.

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Parce qu'en fait, je me mens.

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Depuis que je suis seul, je ne dors plus, je ne sors plus.

Je suis en train de perdre le contact avec ma famille, mes amis.

Je deviens un véritable otaku dans mon bureau.

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L'écriture, qui servait de soupape à mon humeur maussade, n'est plus une aide mais une pression supplémentaire que je me mets.

Comme si la vie ne se résumait plus qu'à une idéalisation fictive de mes pensées.

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Une goutte coule le long de ma nuque pour se perdre sous ma parka.

Je frissonne.

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Je ressemble au temps.

Gris, froid, morne.

Je peste contre tout, comme si mon souffle bourrasque pouvait détruire les murs de ma prison intérieure.

Je pleure pour un rien, comme si me plaindre sur mon sort permettait un tsunami renversant les barrières de ma timidité.

Je crie ma haine, comme si le tonnerre de ma voix suffisait à faire taire le bourdonnement de l'inquiétude de mon entourage.

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Je cours sous la pluie pareille à un linceul.

Je tombe et je bois la tasse à même une flaque.

Le goût de boue me rappelle ma solitude.

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Mieux vaut être seul que mal accompagné.

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Ces mots tournoient à mes oreilles.

Je le répète encore et encore, comme un chapelet pouvant m'apporte le salut éternel.

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Il faudrait encore se donner la possibilité de rencontrer quelqu'un.

Je ne sors plus.

Je ne vis plus.

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Mon monde s'est arrêté de tourner le jour où je t'ai quitté.

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C'était trop.

Trop vite.

Trop tôt.

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Il faudrait que je prenne le temps de me ressourcer, de me recentrer sur moi-même.

Et d'arrêter de vivre pour et par les autres.

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Je ricane et continue ma course.

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Quelle utopie !

Je me renferme sur moi-même, donnant raison au paternel.

Quel que soit mon choix de vie, d'amitié, d'amour, il ne me convient pas.

Car, à en croire la vision idéalisée de mes parents, je ne peux choisir que des amis qui me sont inférieurs intellectuellement.

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« Ils ne sont pas à ton niveau »

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Merci Papa…

En tout cas, ce n'est pas mon esprit soit disant supérieur qui m'aide à me sentir bien dans ma peau.

La vie fait mal.

Les mots blessent autant que les regards.

Heureusement que je n'ai pas en plus à me préoccuper d'un éventuel copain.

Je crois sérieusement que pour aimer quelqu'un il faut d'abord s'aimer soi-même, sinon on reste dans la peur de le voir partir, ce qui est loin d'être une base favorable pour construire une relation.

Comme c'est parti là, à 90 ans je serai toujours célibataire.

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La pluie a arrêté de me mouiller.

Logique, je suis arrivé à l'abribus.

Il ne me reste qu'à attendre gentiment que mon tram daigne se montrer.

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Il faut croire que mes potes ont raison, je dois vraiment avoir une tête de STIB.

Quand je leur ai demandé de quoi il s'agissait exactement, on m'a répondu que mon surnom complet était « l'homme qui murmurait à l'oreille des transports en commun », mais que « tête de STIB » était plus court.

Tout ça parce que je ne dois jamais patienter bien longtemps avant que se pointe le transport attendu.

Pas que je me plaigne, mais… quelle bande de schmouls !

On rigolait quand même bien quant on n'avait aucune obligation ni responsabilité, le monde du travail s'est chargé de changer tout ça.

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Je soupire et monte les trois marches.

Où est mon putain de ticket ?

Ha ! Voilà.

Et on oblitère…

Un professeur ne peut frauder voyons !

Que diraient les parents d'élèves.

C'est bientôt la rentrée…

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Je me sens fatigué soudain.

Encore heureux que nous ne soyons pas en heure de pointe, j'ai la possibilité de me poser un peu.

Assis/relevé… pour céder la place à mamy, son regard crispé, et son cabas.

Trois pas en avant/autre siège libre.

A croire que toutes les personnes âgées sont impotentes.

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Et merdeeeeeeuh !

Un bébé hurleur.

La ville de Bruxelles devrait l'enregistrer pour les sirènes anti-attentat qui devraient prochainement être placées dans le quartier Européen.

Pourquoi là ?

Hé bien, heu…

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En tout cas, je n'ai jamais rien entendu de plus stressant.

Mais que fait la mère ?

Comment fait-elle pour tenir le coup sans porter assistance à sa progéniture en danger d'étouffement ?

Le cri d'un nourrisson est pourtant conçu pour perturber le système nerveux central de toute personne normalement constituée, ainsi, on ne peut que s'en occuper, ne serait-ce que pour faire taire ce hululement strident.

Et elle, la mère, a l'air de s'en foutre royalement, le nez dans son Flair l'Hebdo.

Elle ne peut donc voir les mines constipées, les dents grinçantes, les épaules tendues des autres voyageurs.

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C'est ça que j'aime dans les transports en commun, on y voit la folie humaine.

On est aux premières loges pour prendre le pouls de la vie bruxelloise.

Comme ce couple qui s'embrasse à l'arrêt.

Je peux les observer de loin alors que le tram freine doucement.

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Encore des qui osent.

Ma mère doit avoir raison finalement, nous sommes de plus en plus nombreux.

Par contre, ça ne lui viendrait jamais à l'esprit de m'y inclure.

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« Tu ne viens plus jamais près de nous, Duo. »

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Parce que je ne peux plus vous regarder en face Maman.

Que dirais-tu de croiser ton fils au Carrefour avec son copain en train de choisir des tomates pour la sauce spaghetti ?

Arriverais-tu encore à voir le couple au lieu de simples colocataires ?

Toi qui te targues de pouvoir faire la part des choses.

On ne voit que ce que l'on veut bien Maman.

L'être humain est le champion toute catégorie de l'aveuglement sélectif.

C'est tellement plus facile.

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« Tu n'amènes plus jamais personne à la maison, pourtant avant, on voyait tes amis. »

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Quels amis ?

Les collègues féminins avec qui Papa veut me caser ?

Non, merci.

Mes anciens compagnons de beuverie que je croise encore de temps en temps au gré de mes rares sorties ?

Je ne crois pas qu'entendre des souvenirs de guindaille soit tout à fait approprié pour tes chastes oreilles de bonne catholique.

Je suis loin d'être un saint.

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Alors quels amis ?

Ceux de toujours ?

Ceux qui n'organisent pratiquement plus que des soirées couples parce que les célibataires ne peuvent pas comprendre ?

Il est évident que je ne peux pas être seul sans raison valable.

La conclusion logique est que je sois un coureur de jupons, parce que mon physique ne peut permettre de concevoir que je n'ai aucune expérience, et on ne présente pas une fille d'un soir.

Et puis, il est tout aussi évident qu'on ne vit plus la même chose, nous n'avons plus les mêmes centres d'intérêt, ni les mêmes conversations.

Quelle connerie.

Le seul point qui me paraît évident dans l'histoire, c'est qu'être à deux ne double pas l'intelligence, cela aurait même tendance à la diviser dans certains cas.

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Je le répète, quels amis ?

Ceux qui ont changé de regard parce qu'untel, le seul, m'a croisé, de loin, en voiture, alors qu'Heero tentait vainement pour la Xème fois, de me tenir la main, et qu'il s'est empressé de colporter le ragot.

Tout le monde connaît le bouche à oreille.

La petite scène est devenue un remix de « Blanche-Fesse et les sept mains » version gay.

J'avoue avoir un peu de mal à me reconnaître dans l'image du pervers en mal de sensations fortes.

Et encore plus en imaginant Heero dans le rôle du petit gringalet, néanmoins très mignon, mais si jeune, sur lequel je suis censé m'être jeté comme un sauvage.

Bref, j'ai appris que nous nous étions retrouvés aux trois quarts nus dans l'encadrement d'une porte cochère, avec, si je me souviens bien, ma tête entre ses jambes.

Une question, dans cette position, à moitié dans le noir, comment a-t-il fait pour me reconnaître ?

Bien entendu, il va de soi que je suis l'affreux qui forçait un mineur à des pratiques pas très catholiques.

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Je n'ai plus du tout eu envie d'entendre parler de ces amis-là.

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« Je croyais te connaître et je réalise qu'à l'intérieur tu n'es qu'un monstre ! »

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Bravo, les trémolos dans la voix sont du plus bel effet.

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Pensez-vous qu'un seul ait demandé ma version des faits ?

Non, non, non.

Si le copain du cousin du meilleur ami de machin l'a dit, c'est que c'est vrai.

Il n'aurait aucune raison de mentir n'est-ce pas ?

Il l'a vu de ses yeux vu.

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Des regards qui changent.

Des mecs qui tremblent en pensant que pendant toutes ces années ils auraient pu être la proie d'un homo.

Des filles qui ont soudain peur de perdre leurs copains en faveur d'une expérience.

Le dialogue est concluant, la confiance règne.

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En parlant d'échange vocal, je me demande s'ils s'entendent grogner en se léchant les deux autres.

Mais c'est pas vrai !

Il faudra qu'on m'explique comment ils arrivent à monter dans le tram tout en se taquinant les amygdales.

Attention à la barre centrale…

Trop tard, tu vas avoir un bleu pas très esthétique à l'épaule.

J'ai presque mal pour lui.

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Je sens mes joues s'échauffer.

Je baisse les yeux.

Je me sens mal là.

Ce genre de cours de langue approfondi m'a toujours mis mal à l'aise.

Un peu de retenue en public que diable !

Le mot « décence » ne fait-il donc pas partie de votre vocabulaire ?

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En même temps, je ne peux empêcher les souvenirs d'un petit appart sous les toits de remonter à la surface.

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D'abord, ce sont deux mecs, le fessier de celui qui me tourne le dos ne peut trahir.

Ensuite, il a les mêmes cheveux chocolats qu'Heero, juste plus longs d'après les deux micro-secondes durant lesquelles je les ai regardés.

Enfin, cette ligne de tram rejoint Saint Gilles.

Association d'idées pas très compliquée.

1+1+1 égale Heero.

Encore et toujours.

Depuis le temps…

Pourquoi je n'arrive pas à tourner la page ?

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C'est moi qui ai tout stoppé.

C'est moi qui ai décidé.

C'est moi qui l'ai plaqué.

Alors, pourquoi ?

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Dans une relation, on est toujours deux.

Dans une rupture, on est seul face à un choix.

Les deux souffrent.

L'un parce que choisir c'est abandonner quelque chose, souvent pour partir vers un inconnu qui fait peur, parfois pour retrouver un quotidien qui soulage, et puis après tout on fait souffrir une personne qu'on a aimé, pour qui on a encore des sentiments.

L'autre parce qu'on lui impose une voie qu'il n'a pas nécessairement voulue.

Les séparations d'un commun accord, à l'amiable, sont rares.

Ce sont la plupart du temps des mensonges éhontés.

On a tendance à croire que ne pas laisser voir sa souffrance permet de l'atténuer.

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Bien sûr les torts sont partagés.

Je ne peux oublier la pression qu'il me mettait.

Mais je ne peux nier les efforts que je ne pouvais fournir.

J'ai choisi la solution de facilité.

J'ai fui.

Il n'a pas chercher longtemps à me garder.

J'ai été catégorique, je l'ai à chaque fois repoussé car je me savais faible face à lui.

La chair est faible.

Je suis un homme.

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On a couché ensemble une dernière fois avant de se dire un « au revoir » qui sonnait comme un « adieu ».

J'ai peur des mots.

Ils peuvent trahir.

Ils peuvent blesser.

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Il m'a fait l'amour avec tendresse, avec passion, avec désespoir.

Lorsqu'il s'est réveillé, je me tenais sur le seuil à lui murmurer le plus vite possible.

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« On se reverra, j'ai besoin de temps, prends soin de toi, au revoir. »

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Pathétique.

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Puis j'ai filé comme un voleur, les yeux secs, j'avais désiré cette rupture, je ne pouvais pas me permettre de me plaindre.

J'ai couru au dehors, sans attendre de réponse, sans désirer une réaction.

Je la connaissais.

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« Non… »

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Je n'ai pas tout de suite entendu ses sanglots, mais depuis plus d'un an ils hantent mes nuits.

J'y ai eu droit au téléphone, au gsm.

J'y ai eu droit par sms, par msn, par mail, par lettre, par recommandé, par tous les moyens de communication mis à la disposition des jeunes de l'an 2000.

Cela a duré deux mois interminables.

Ma réponse fut toujours la même.

La négation.

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Je ne voulais pas le revoir.

Je ne pouvais pas le voir.

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Après la boulimie, l'anorexie.

J'ai maigri de lui jusqu'à devenir une momie.

J'ai arraché mon cœur à coup de crochets psychologiques.

Il m'avait fait découvrir ma petite mort.

Il m'avait tant de fois ressuscité.

J'ai fini par traverser le Styx.

Il ne me restait que l'éternité des braves, une vie sans plaisir.

Vieux comme le monde dans un corps jeune.

Existant dans ses souvenirs sans avoir le courage de vivre.

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Les souvenirs…

Petites choses qui pimentent la vie, qui énervent aussi.

On revoit certaines scène encore, et encore, et encore, sous toutes ses coutures, en imaginant toutes les réactions, tous les mots, que l'on n'a pas eu, qu'on aurait dû avoir.

On se casse la tête à chercher ne dimension actuelle à quelque chose de passé, de fini.

Il ne reste plus que des images, parfois sournoises, parfois tendres, toujours douloureuses, trottant dans la tête.

Car je ne peux pas le nier, nous avons eu de bons moments.

Ce n'est pas parce que c'est terminé que je dois tout mettre au bac.

Même si c'est pénible.

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Arrêt brutal.

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PUTAIN DE CHAUFFEUR A LA CON !

On n'est pas sur le circuit de Francorchamps, c'est un tram pas une Formule 1, bordel !

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Je manque m'étaler sur le gros bonhomme au nez rouge et dégoulinant face à moi.

Je me reprends à la dernière minute lui décochant un sourire d'excuse.

Le grognement était superflu Monsieur !

Me dégoûte tiens !

Je me retourne vers le carreau battu par la pluie.

On ne voit rien dehors.

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C'est exaspérant.

C'est horripilant.

La pluie, les souvenirs, tout !

L'oubli serait tellement plus pratique.

Surtout quand on a failli tomber tant de fois dans le « Je t'aime. Moi non plus ».

Toutes ces fois où il a fallu se faire violence, tenir bon, pour ne pas encore plus souffrir, juste un peu plus tard, après une nuit.

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Moi, lui, nous.

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C'est de l'histoire ancienne.

Ce « nous » qui n'existe plus.

Ce « lui» qu'on ne veut plus voir.

Ce « moi » que l'on nie.

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Même si je le désire si fort, je ne peux oublier les marques de plaisir que j'ai acceptées sur mon corps.

Je me rappellerai toujours son humour caustique, mon rire qui suivait inévitablement, le sien qui me répondait et qui mourrait dans mon cou.

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Haaaaaa… le cou.

Première zone sensible que j'ai découverte avec lui.

Après popaul que j'avais astiqué en solitaire bien sûr, mais ce n'est pas la même chose.

J'attends de tout mon être celui qui saura de nouveau m'y faire frissonner.

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Si seulement les regards pouvaient se taire.

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J'ai mal de les reconnaître encore aujourd'hui.

Je souffre de les voir s'attacher sur le couple qui s'embrasse.

Qui les nargue.

Qui s'en moque.

Qui s'aime.

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Je veux mourir.

Là, maintenant.

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Ces cheveux sur la peau du second.

Cette couleur contrastant avec le jaune du tram, la couleur de l'homme cocu.

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Heero.

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Il se retourne.

Je n'avais pas eu conscience de l'avoir murmuré.

Nos regards se croisent.

Ses yeux s'arrondissent me laissant y plonger, m'y noyer.

Il m'a reconnu.

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Le noir se fait.

Je me lève comme un automate, passe devant eux, et sors.

Je l'entends embrasser une dernière fois son copain.

Le son me fait frémir, me donner envie de gerber.

Je ferme brièvement les yeux, son image dans les bras d'un autre collée à la rétine.

Il quitte le tram à ma suite.

Sans un mot.

Je le distance déjà.

Il court.

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- DUO !

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Le temps s'arrête…

Minute d'éternité.

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Je suis arrivé à la gare du Midi.

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Informations à lire ou non.

STIB : pour ceux qui l'ont oublié ou qui simplement ne le savent pas, il s'agit des transports en commun bruxellois.

Francorchamps : Seul circuit de Grand Prix de Formule 1 se trouvant en Wallonie, moitié Sud de la Belgique. Pour celui-ci, on coste un max, on perd un pont, mais nos politiciens sont trop cons ou trop véreux pour le reconnaître.

Les gares et Bruxelles : J'ai tendance à oublier que tout le monde ne connaît pas ma petite ville, je vais donc vous expliquer en deux mots.
Pourquoi cette explication tardive ?
J'ai réalisé que lorsque j'arrêtais duo dans l'une ou l'autre gare, ce n'était pas par hasard, mais cela donnait une idée de son emploi du temps, de ses pensées et de ses désirs aussi.
Donc, voilà.
Il existe une multitude de gares dans la ville mais seules quatre sont vraiment importantes.
La gare du Luxembourg, aussi appelée Quartier Léopold, est la gare du quartier européen. Totalement en ruine quand j'étais petite, elle prend de plus en plus de place au fur et à mesure que les pays se rajoutent à l'Union, c'est très impressionnant.
La gare du Midi est celle des transports internationaux (Thalys, TGV, EuroStar).
La gare Centrale est à deux pas de la Grand Place et du vieux quartier de la ville.
La gare du Nord est bordé d'un côté de Little Manhattan, le quartier des affaires, et de l'autre du quartier chaud de bas étage où les vitrines des maisons closes avoisinent les sex-shop.
Tous les trains en provenance de n'importe quelle ville belge s'arrêtent dans ces gares, et chacune a sa spécificité.
Le jour où Duo descend en gare du Nord, vous pouvez vous inquiéter, lol.

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Fin août au 3 septembre.
Dans le tram.

Je croyais que cette « fiction » ne comporterait que trois OS.
Finalement, mon rythme d'écriture en a décidé autrement, il y aura un quatrième volet.
Je suis sadique mais pas au point de le laisser tel quel.
Par contre, happy end ou non ?

A bientôt

HLO