Disclaimer : les personnages de
Gundam appartiennent à leur auteur, ainsi qu'à
Sunrise, Bandai, Sotsu Agency et associés.
Genre : One Shot, Yaoi, Romance
Préface :
Suite du faux OS précédent :
Distorsion.
Fin de mon coup de gueule personnel…
Merci à tous pour vos reviews, ces OS
sont très importants pour moi.
(merci tout particulièrement à Lu
et à Babou à qui je n'ai pas pu répondre
par mail)
Bonne lecture.
----------------------------------------------------------------------------------------------
-
SOUVENIRS DE GARE
Propensions
Ou comment accepter son propre coming out
-
---------------------------------------------------------------------------------------------
-
J'avance rapidement vers l'une des nombreuses entrées de la gare, passant entre les rires gras des hommes débrayés demandant l'aumône aux passants.
J'entends ses pas sur le sol dallé.
J'entends sa voix m'appeler, me demander de l'attendre.
Je m'efforce de ne pas écouter ses paroles.
Je ne veux rien savoir.
Ne pas le voir.
Ne pas l'avoir.
Il n'est plus rien dans ma vie.
C'est douloureux.
-
Son image dans les bras d'un autre homme.
J'avais pu l'observer sans en avoir connaissance.
-
Les larmes me montent subitement aux yeux.
Le choc a été rude, j'en subis le contrecoup.
-
Il est toujours à quelques pas.
Derrière moi.
J'augmente la cadence tout en m'efforçant de ravaler mes pleurs.
-
Je ne suis pas assez fort pour me permettre d'être faible.
-
Je me dois d'être attentif si je ne veux pas m'écrouler sur les dalles grises qui défilent sous mes pieds.
Je suis en train de me noyer consciemment sous un flot de paroles intérieures pour ne pas penser, pour ne plus l'entendre.
-
Arrêt.
-
Mon bras est retenu.
-
Mais lâche-moi !
Je ne veux pas t'écouter !
Pas ici !
Pas maintenant !
Jamais…
-
- Duo.
-
Je me sens vide.
De force, de lui, d'amour.
Seul.
-
Jamais encore la solitude ne m'est apparue comme une fatalité.
Mais à l'instant, alors que mon cerveau ne me donne plus aucune indication concrète.
Alors que le gris se mélange aux couleurs devant mes yeux.
Alors que mon nom résonne à mes oreilles, émis par une voix que je n'arrive plus à reconnaître.
Plus rien n'a d'importance.
J'ai été trahi.
-
- Duo.
-
Je me reprends.
Il ne me doit rien, j'ai choisi de partir.
-
Qu'est-ce que je m'imaginais ?
Qu'il allait attendre un mec qui l'avait rejeté un nombre incalculable de fois un an auparavant ?
Il n'avait pas le profil pour faire un bon moine débonnaire, même trappiste.
-
Je suis égoïste…
Un putain d'enfoiré individualiste !
Faut te faire une raison, crétin, le monde ne tourne pas autour de ta petite personne.
Tu l'as quitté.
Tu l'as voulu.
Tu l'as eu.
Tu l'as perdu.
Point barre.
Alors, ramasse dans la tronche et ferme ta gueule !
-
- Duo !
- QUOI ?
-
Je me retourne en dégageant brutalement mon bras.
Je vois ses yeux s'écarquiller autant que son métissage le lui permet.
Il ne s'attendait pas à une telle réaction.
Je le regrette déjà.
Il ne le mérite pas.
-
- Qu'est-ce que tu veux Heero ? Je n'ai pas beaucoup de temps, j'ai un train à prendre.
- C'est que… ça fait longtemps… Je voulais juste te dire bonjour.
- Salut et au revoir.
- Attends !
-
Je m'étais déjà retourné et m'éloignais.
Pas assez rapide.
Bras rechoppé.
-
Mais ce n'est pas vrai !
N'en a-t-il pas assez de souffrir ?
Vais-je devoir passer ma vie à le repousser ?
Ou alors…
Peut-être s'imagine-t-il qu'après un an, on puisse se retrouver et, qui sait, vivre une amitié.
-
HORS DE QUESTION !
Je ne serai jamais ton ami Heero !
Je n'en aurai pas le courage.
Je ne pourrai te voir l'esprit en paix en te sachant dans les bras de l'autre connard, t'imaginant lui dédier tes soupirs, tes gémissements, tes cris.
Ceux-là même qui n'appartenaient qu'à moi.
-
Tu ne me dois rien.
Mais, s'il te plait, laisse-moi mes illusions.
-
- Je t'accompagne.
-
NON !
-
- Si tu veux perdre ton temps, libre à toi Heero.
-
Ne fais pas ça !
-
- Où vas-tu ?
-
Je ne supporterai pas de rester face à toi, sans te toucher.
-
- A Namur, pour une réunion de famille.
-
Vu mon état, elle va être plus qu'houleuse la réunion.
-
Traversée du gigantesque hall de gare qui ressemble à un couloir psychédélique, les escalators avoisinant les boutiques dans un agencement de verre et d'acier.
En silence.
Faire la file derrière une mama africaine au popotin plus imposant que la circonférence des roues de la chaise roulante de Pépé Charles.
En silence.
Arrivée au guichet aquarium où un petit teigneux, lunettes aux verres plus épais que mon petit doigt, grommelle en me tendant mon ticket.
En silence.
Montée sur le quai où je manque m'éclater la gueule sur le rebord de l'escalier.
Sa main me retient in extrémiste avant que je ne plonge la tête la première vers les pavés de béton.
Il me sourit.
Je le regarde.
En silence.
-
Pourquoi le remercier ?
Même si son geste est neutre, je ne veux pas qu'il me touche.
Même si je suis en tort, je ne lui dois rien.
-
La carte de l'indifférence est la seule possible.
Je ne dois penser qu'à conserver mon amour-propre, finalement c'est tout ce qu'il me reste puisque je l'ai perdu.
Je l'avais compris mais pas réalisé avant de le revoir… avec cet autre.
Entre l'intellectualisation d'un fait et sa reconnaissance, il y a une marge que je me serais bien passé de traverser.
J'ai besoin de temps.
Sa présence ne m'en laisse pas.
-
Après la STIB, c'est la SNCB qui me fait une fleur, décidemment je dois avoir des affinités avec les transports en commun.
Malgré la situation dans laquelle je me trouve, je ne peux empêcher un léger sourire de se montrer sur ma fausse neutralité.
Le train entre en gare.
-
Je me demande s'il compte véritablement me suivre jusqu'à Namur, il y a quand même pour une heure et demi de trajet.
-
Le silence que nous entretenons se perd dans le tumulte de la locomotive.
Mes muscles sont douloureux sous la tension et j'ai des difficultés à avancer vers la porte ouverte.
Je monte aussi naturellement que mes jambes lourdes me le permettent.
A aucun moment je ne lui jette le moindre regard, je n'en ai pas besoin, je le sens me suivre.
Mon Dieu, faites qu'il y ait du monde, peu de places, pour qu'il ne puisse s'installer près de moi.
-
Un wagon quasi vide.
Fait chier.
Je passe au suivant.
Personne.
Je m'énerve intérieurement.
La tension monte d'un cran.
Il me suit.
Je continue.
Deux pelés et trois tondus.
Mes jambes ne me portent plus.
Je m'affale.
Il s'installe face à moi.
Je baisse les yeux.
-
J'aurais vraiment préféré du peuple mais au moins nous ne somme pas seuls, c'est déjà ça.
Mon attitude doit le faire souffrir.
Enfin, au plus vite il comprend, au plus vite j'en suis débarrassé.
-
Voilà que je recommence à me mentir.
En fait, j'espère qu'il souffre !
Cela voudrait dire qu'il tient encore à moi…
-
MAIS TA GUEULE DUO !
t'es vraiment qu'un sale enfoiré imbu de lui-même !
Il ne pense plus à toi, tu l'as bien vu s'enrouler avec son copain.
Et tu l'as bien mérité.
Ça te fera les pieds, tiens !
C'est quand on a perdu quelque chose qu'on réalise à quel point c'était important.
La perte de ton nounours que tu avais enterré dans le sable de la Panne à marrée basse et que tu as tant pleuré de ne pas le retrouver à marrée haute, ne t'a pas suffit ?
…
Heu…
Qu'est-ce que je raconte là ?
Décidemment sa présence n'est pas bénéfique à mes neurones.
-
Pour me donner contenance, je sors mon carnet pour décrire les quelques rares voyageurs, au nombre extraordinaire de deux, qui nous entourent.
-
J'aime beaucoup Pépé de l'autre côté du couloir.
Depuis combien de temps dort-il, la bouche ouverte et un filet de bave jouant aux montagnes russes avec ses rides ?
J'espère pour lui qu'il n'a pas dépassé son arrêt sinon il ne va pas rigoler lorsqu'on le réveillera au terminus.
Et l'autre blanc-bec qui cherche à ouvrir une fenêtre inexistante pour jouer avec la langue de sa poule de bonne famille restée sur le quai.
Désolé crétin, on ne saute plus des trains depuis longtemps, et si j'étais toi, je ne lècherais pas la vitre comme ça, qui sait qui y a déposé ses microbes.
-
J'entends un rire léger alors que le direct pour la capitale de la Wallonie démarre dans un cahot.
Une erreur en plus à mon actif : je lève les yeux.
-
Mais c'est qu'il se fout de ma gueule en plus !
Je ne veux pas reconnaître que son rire m'a manqué, je ne vois que son amusement à mes dépends.
Mon univers devient rouge.
-
- Qu'est-ce qu'il y a encore ?
-
Mon ton le fait sursauter, il n'est pas des plus sympathiques.
M'énerve.
Son rire s'évanouit aussitôt pour ne laisser place qu'à un tout petit sourire.
-
- Tu es si concentré quand tu écris que plus rien n'existe. Ça m'a rappelé des souvenirs. J'étais obligé d'utiliser les grands moyens pour te faire lâcher ta feuille.
-
Et le voilà qui recommence à rigoler alors que je deviens pivoine.
Les « grands moyens » équivalaient à une attaque en règle sur mon cou, à taquiner mes nerfs, jusqu'à ce que je capitule.
N'a-t-il donc rien de mieux à faire que de porter atteinte à ma pudeur ?
Je ne peux rester stoïque face à une allusion aussi flagrante, il le sait et en joue.
Connard.
-
- Laisse-moi tranquille.
- On en a pour une heure et demi, Duo. Le temps passera plus vite si on discute, tu ne crois pas ?
- Je n'ai rien à te dire et j'ai une occupation, trouve-toi quelque chose à faire.
- Je suis content de te voir. On fait des mots-croisés ?
- …
-
Bordel de merde, mais c'est pas vrai !
En plus, je parle dans le vent !
Qu'est-ce que tu n'as pas compris dans la phrase « Je n'ai rien à te dire » ?
Il y a des mots compliqués, un vocabulaire inhabituel, ou est-ce une tournure syntaxique aberrante ?
-
- T'avais l'air de vachement penser à moi en allant dire coucou aux amygdales de ton mec.
-
Et voilà que je m'y mets !
Parler sans réfléchir, ça me va bien.
A croire que de temps en temps je suis possédé par l'esprit du mec con.
A moins que mes cheveux châtains ne cachent une intelligence artificielle car là, j'ai fait ma blonde.
J'aurais pu tout aussi bien me pendre une enseigne en néons roses autour du cou avec l'inscription « je suis jaloux et je vais étriper l'enfoiré qui a osé te toucher ».
-
Mais bon, ce qui est fait, est fait.
Maintenant, tu pourrais dire quelque chose quand même…
-
- BORDEL, REAGIS !
-
…
Oh, oh…
Pépé est réveillé et me regarde de travers…
Essuie ta bave et lâche-moi de tes yeux torves !
Oups…
Le mec plus loin a les paupières écartées au maximum et l'air dégoûté…
Le retour du petit bonhomme tout rouge, alias bibi.
-
Ne me regardez pas !
Je ne veux pas que ça recommence.
Je n'ai rien fait de mal…
Je suis maudis.
-
Comment Heero peut-il rester imperturbable face à ces critiques muettes alors que ça me touche tellement ?
Il s'est toujours foutu royalement de l'opinion des gens, leur riant ouvertement au nez.
Pour l'instant, c'est plutôt de ma réaction dont il se moque, pas besoin de le regarder pour le sentir rire intérieurement.
J'ai honte de moi.
Qu'est-ce que le jugement des autres change à ma vie ?
Cela fait mal.
-
J'en ai marre.
-
La tension accumulée toute cette année est en train de fissurer ma carapace pour s'échapper.
Autrement dit, je suis à deux doigts de péter un câble.
Je veux le faire souffrir comme je souffre.
Je veux qu'il pleure comme je m'en empêche.
Je veux qu'il rampe et me revienne.
Et seulement ensuite, je lui pardonnerai.
-
Car, en fait, tout est de SA faute.
Je le réalise maintenant.
Il n'avait pas besoin de me mettre cette pression qui a démoli notre couple.
« Pour vivre heureux, vivons cachés. » dit le proverbe.
Tu ne pouvais pas le comprendre ?
T'es sûr de faire des études supérieures de type universitaire ?
A cause de ta connerie, ça fait un an que je me détruis de l'intérieur, je survis.
Et pour toi, le monde est rose.
Tu as enfin tes petits oiseaux chantant dans le ciel bleu dans les bras d'un même pas beau.
Et tu oses me faire chier et me suivre !
DISPARAIS DE MA VUE !
-
La colère me rend aveugle.
La colère me rend con.
Je n'arrive plus à voir clair.
Lui et cet autre, qui est un imbécile heureux, j'en suis persuadé.
Lui et cette insouciance de l'éthique et de la morale.
Lui et moi qui ai du mal à respirer calmement.
Lui face à moi.
Moi qui ai choisi.
Douleur.
Peine.
Souffrance.
Colère.
-
- PUTAIN DE BORDEL DE QUEUE ! ARRETEZ DE ME FIXER ! VOUS N'AVEZ JAMAIS ETE JALOUX ?
-
Ras le cul !
Je perds le contrôle et je le sais, ça me rend vulgaire.
Si je reste une seconde ici, je lui saute dessus et je ne sais pas très bien ce que je lui fais.
Je le tue ou je le viole.
Je ne sais pas.
Je m'en fous.
Je me barre.
-
J'attrape mon sac à dos d'un geste si brusque que la lanière ne résiste pas.
Je suis sur le point d'éclater en sanglot, de rage.
Je tremble tellement que j'ai des difficultés à rassembler mes affaires éparpillées.
En deux pas, j'ai quitté le wagon.
Où vais-je ?
Rien à foutre tant que je mets la plus grande distance entre nous.
Quelle journée pourrie…
-
J'ai avancé droit devant moi pendant un temps incalculable, renversant des valises et bousculant des voyageurs, je restais sourd à leurs remarques.
Je me suis arrêté lorsque la configuration du train m'y obligea.
Mes deux mains se posent sur la cloison.
Mon front entre elles.
-
Soupir.
Je n'avais pas été une telle boule de nerfs depuis longtemps.
-
Mon souffle se calme peu à peu.
Mon esprit se fait plus lucide.
La jalousie est mauvaise conseillère.
Tout est enfin clair entre nous.
Mais à quel prix ?
-
Je me rends finalement compte que jamais je n'avais envisagé cette rupture comme définitive, même si j'en avais été l'instigateur.
Je ne me vois pas sans lui.
Je ne peux concevoir mon futur immédiat sans sa présence.
J'ai encore tant à apprendre sentimentalement, je ne m'en laisse pas la possibilité.
J'ai été plus que lâche.
Veule.
Me conformant un moule sans prise.
Un avenir sans surprise.
Mon père devait être fier de moi.
Ma mère devait me reconnaître.
Je ne pouvais imaginer les décevoir.
Pourtant je leur mentais.
Tous les jours que leur Dieu fait.
Je me mentais.
-
Heero.
-
L'homme frisk détient une partie de la vérité.
Celle que j'ai bien voulu lui montrer.
Et je l'ai laissé filer.
Mais quel CON !
Con.
Con.
Con.
-
- Tu vas mieux ?
-
Sursaut.
Tour sur moi-même dans le mouvement.
-
- Tu me parles encore ?
-
Etonnement.
Que fait-il devant moi ?
Après une scène pareille, je me serais attendu à ne plus entendre le son de sa voix légèrement rauque qui a l'art de me faire ban… heu… de ne pas me laisser indifférent.
C'est comme ça que j'aurais réagi dans le même cas.
N'a-t-il donc pas d'honneur ?
Ou alors je me plante sur tout la ligne.
-
- Pourquoi te nierais-je ?
- Hé bien… Tu n'es pas fâché ?
- De ta jalousie ? Non. J'en suis flatté.
-
Mais qu'est-ce que j'ai exactement dit quand j'étais en colère moi ?
Pas moyen de m'en souvenir avec fidélité.
Je voulais juste le blesser, pourtant…
Il semblerait que j'ai foiré mon coup.
De nouveau.
Arg !
-
- Ne sois pas honteux Duo. J'en suis heureux.
-
QUOI !
SALAUD !
Je mets mon cœur à nu, je montre ma faiblesse, ma peine, je me ridiculise, et il est heureux ?
Qu'est-ce que j'ai mérité pour tombé amoureux d'un mec heureux du malheur des autres ?
Evidemment, lui, il a l'autre, il tient sa vengeance, il doit avoir une trique d'enfer de voir ma déconfiture.
Mais je vais te me le massacrer sur place le mec heureux !
-
J'ai à peine le temps d'ouvrir la bouche que je me sens décoller du mur pour ses bras et ses lèvres.
Délice.
Supplice.
Surprise.
-
- Kévin n'est rien qu'un substitut Duo, il n'y a rien de sérieux entre nous.
-
Kévin ?
L'autre tache s'appelle Kévin ?
Un prénom de péquenot.
Tous les Kévin sont des chieurs incultes, le prof que je suis le sait bien.
…
C'est du n'importe quoi.
Je m'en moque.
Ca fait du bien.
-
- Je suis heureux car j'avais peur d'apprendre que tu ais refait ta vie, que tu m'ais oublié.
-
En voilà un vaniteux !
Bon, c'est un homme quoi.
Mon homme.
Mon.
Non.
Non, on ne retombe pas…
-
Je ne peux pas détacher mon regard du bleu qui me fait face.
Je ne peux nier ses mains que mes hanches, son corps à deux centimètres du mien.
Je réagis.
Merde !
Allez, essaye de te faire pardonner et, s'il te plait, réussis, je ne sais pas combien de temps je vais tenir avant de te sauter dessus.
Je ne sais pas ce que je veux ?
Oui, je suis au courant.
Je suis illogique?
Tout autant.
-
- Il ne tient qu'à toi pour que je le plaque, pour qu'on se remette ensemble, mais…
-
Parce qu'il y a un « mais » ?
Tu crois vraiment être en position de me mettre des conditions ?
-
Ma mauvaise foi atteint des sommets.
-
- Nous ne pouvons recommencer sur les mêmes bases, ce serait voué à l'échec.
-
Toi, tu te fourvoies si tu me crois déjà dans ton lit.
Enfin…
On recule gentiment pour ne pas que les cahots du wagon ne fassent se rencontrer nos corps.
Ce serait trop gênant.
-
- Tu ne peux pas continuer comme ça Duo, il faut que tu parles à ta famille, que tu arrêtes de te cacher !
-
Quoi, quoi, QUOI !
-
- Quoi ?
- Je t'ai suivi jusqu'à chez toi un jour, j'ai compris, je t'ai vu avec ton père… Non ! Laisse-moi continuer !
-
Bouche qui se ferme.
-
- Je ne supporterai pas de te voir malheureux. Je suis prêt à faire des concessions, à suivre ton rythme, tu es trop important, mais je ne transigerai pas sur ce point. Si tu n'es pas d'accord, je descends au prochain arrêt.
-
Un ultimatum !
Je m'écarte doucement et lui tourne le dos.
Comment ose-t-il ?
Dire qu'il y a quelques minutes, je pensais pouvoir reconstruire notre relation.
Et tu utilise des techniques pareilles pour arriver à tes fins !
-
- Je t'aime encore Duo… Tu me manques.
-
Cela me fait une belle jambe !
Ce n'est pas toi qui va te faire renier par ton père.
Qui va envoyer ta mère tout droit à l'hôpital.
Qui va être déshérité par ta famille.
J'imagine déjà Tonton Jules s'étouffer avec la tourte crapuleuse que Mamy nous cuisine à chaque regroupement familiale.
Je vois à l'avance Tante Titia blêmir sous sa couche de fond de teint orange, un exploit.
Je sens précocement la main de Cousine Julie venir caresser ma joue à la même vitesse qu'un revers de Justine Henin-Hardenne, au moins je ne subirai plus son pied aborder mes couilles avec la douceur amoureuse d'un pachyderme, elle est folle de moi.
J'entends d'ici les sobriquets élégants et pleins de finesse que ne manquera pas de m'abreuver Pierre derrière sa moustache fasciste, il n'a jamais pu me saquer.
-
- Heero... tu viens avec moi ?
- Je ne te laisserai pas seul.
- J'ai peur.
-
C'est dit.
Ce n'est pas grand chose, juste une reconnaissance.
Il faut bien un premier pas.
Pas le choix si je veux retrouver ses bras dans le petit appartement de Saint-Gilles.
Après ?
On verra.
Peut-être que je fais une connerie.
J'ai envie d'essayer.
En tout cas tant que Kévin ne pointe pas le bout de son nez !
-
D'ici vingt minutes, je verrai cette bande d'hypocrites pour qui leur morale est plus importante que mon bonheur.
Papa, Maman, je suis déviant.
Je viens vous le dire.
Attendez-moi.
-
Le train freine, on arrive à Namur.
Ce n'est que les débuts des ennuis, mais je suis en paix avec moi-même.
-
-----------------------------------------------------------------------------------------------
Justine Henin-Hardenne : Joueuse de tennis belge qui a été première mondiale il fut un temps.
STIB : Transports en commun bruxellois.
SNCB : Société Nationale des Chemins de fer Belges
------------------------------------------------------------------------------------------------
Ecrit du 4 au 13 septembre.
Fin de mon coup de gueule.
Je vous remercie encore de m'avoir lu, ces OS sont vraiment importants pour moi.
Maintenant, je me remets à Invisible men.
A bientôt
HLO
