2 – « Dur, dur d'être bébé ! »
« Alors ? »
Carson leva la tête vers Elisabeth, puis son regard fit le tour de la table. Tous le gratin d'Atlantis était là, Caldwel, Sheppard, Zelenka, Teyla, Ronon et bien entendu Elisabeth. Il soupira.
« Alors … nous avons fait des tests de densité osseuse, examiner sa dentition et … »
Il s'arrêta et tapota son stylo sur la table.
« Eeeeet, Carson, si vous arrêtiez de faire durer le suspens ? »
Nouveau soupir.
« Et, Rodney est en parfaite santé … pour un enfant de sept ans. »
« Et merde … »
« C'est déjà arrivé au docteur Jackson ça ? »
La première exclamation, très colorée, provenait du Colonel Caldwel, la seconde de Sheppard.
« Merde en effet » reprit Carson, « d'autant que … »
Silence.
« D'autant que quoi ? » demanda Zelenka.
« Nous avons aussi fait quelques tests d'intelligence, juste pour vérifier et … »
Re-silence.
« Eeeeet … bon sang Carson, je crois que je vais finir par vous étriper ! »
« Hum, oui, désolé Elisabeth. Il semblerait que la mémoire de Rodney soit intacte ainsi que tout son savoir, bref, nous nous retrouvons avec un génie de 38 ans dans le corps d'un enfant de sept ans. »
« Et ça, ce n'est jamais arrivé à Jackson ? »
Tous les regards se tournèrent vers John.
« Quoi ? Ce type est certainement celui qui connaît le mieux les Anciens, non ? »
« Effectivement, » répondit Elisabeth, « sauf qu'en ce qui concerne le docteur Jackson, le problème c'était plutôt de le rendre à la vie, le bon docteur a la fâcheuse habitude de mourir. »
« Oh, je vois. Je suppose que nous pouvons nous estimer heureux avec un simple rajeunissement, alors ?»
Carson hocha la tête.
« Le problème, c'est que d'après ses tests, cette version de Rodney, est comment dirais-je, tiraillée … »
« Tiraillée, euh, désolé doc, mais ça ne me semble pas une expression très médicale ça. »
« Ce que je veux dire Colonel, c'est qu'il a l'intellect d'un homme de 38 ans, un génie de surcroît, dans le corps d'un enfant de sept ans, et nous avons pu constater, Sandra et moi qu'il en a aussi l'état émotionnel. »
« Ah, oui, et comment pouvez vous affirmer ça ? »
« Il s'est mis à hurler, puis a essayer de me mordre … »
« Et en quoi ce comportement est-il différent de la version trentenaire ? »
Carson adressa un regard noir à Sheppard.
« … juste avant de s'effondrer en sanglots. Et oui, Colonel, c'est très différent, il s'agit de réactions normales pour un enfant soumis à une certaine dose de stress, rien à voir avec les petites geigneries habituelles de Rodney. »
« Je vois. »
John se cala sur son siège.
« Mais, » demanda Caldwell, « cela veut-il dire qu'il peut encore nous être utile ? »
Six paires d'yeux le fusillèrent sur place.
« Euh, je veux dire, s'il est toujours le docteur McKay, est-ce qu'il peut continuer à travailler sur Atlantis ? »
« D'autant qu'il est le plus grand expert sur la technologie wraith, si ce n'est le seul, et certainement aussi, avec le Colonel Carter, sur la technologie ancienne ? » précisa Zelenka.
« Carson qu'en pensez vous ? » demanda Elisabeth.
« Huuuum, je ne sais pas, il faudrait changer pas mal de chose, à commencer par ses horaires, plus de 24 heures sur 24, et puis, bien sûr, il y a aussi son alimentation, fini le régime à base de barres chocolatées et autres cochonneries, il va lui falloir une alimentation équilibrée, mais, je pense qu'avec une bonne supervision Rodney devrait être en capacité de travailler comme avant, en revanche ... »
« … Il ne pourra plus participer à des missions » compléta Teyla.
« Non, ça, je ne le pense pas, enfin, ce n'est pas tant sur un plan physique ou physiologique que le bas blesse, c'est juste une simple question de … »
« Sécurité » finit Ronon.
Carson secoua la tête.
Elisabeth se pencha en avant, ses coudes fermement plantés sur la table, dévisageant chacune des personnes présentes.
« Bien, et qui va lui annoncer toutes ces bonnes nouvelles ? »
oOo
Il n'aurait pas du accepter de se plier à ce petit jeu. Il perdait toujours à ces trucs là ! Ils avaient tiré à la courte paille … n'importe quoi. John soupçonnait fortement Caldwell d'avoir triché, un je ne sais quoi dans ses yeux lorsqu'il avait tiré l'avant dernière paille, la plus longue, juste avant John.
Okay, il pouvait le faire. Ce n'était pas très compliqué : il entrait dans l'infirmerie, annonçait à McKay qu'il restait sur Atlantis et … et laissait Beckett s'occuper des autres détails. Yep, c'était ce qu'il allait faire …
John entra dans l'infirmerie. Rodney était assis sur un des lits, son menton posé sur ses genoux relevés. Il était affublé d'une tenue d'hôpital deux fois trop grandes pour lui qui lui couvrait les chevilles. Il avait l'air … d'un gamin, complètement perdu, vulnérable.
Rodney aperçu enfin sa présence.
« Quoi ! » grogna t-il.
Oula, peut-être pas si vulnérable que ça en fin de compte. Beckett n'avait-il pas parlé de morsure ?
« Salut Rodney. Euh, je crois qu'il est temps que … » John pris un des tabourets qui se trouvaient là et s'installa devant le lit, « … que nous ayons une petite discussion. »
Rodney ne dit rien.
« Okayyyy … les bonnes ou mauvaises ? »
Rodney fronça les sourcils, augmentant l'effet « ooohmaiscommeilestmimicepetit » … sauf que l'on pouvait voir de jolies petites canines blanches derrière le demi-sourire du petit ange.
« Les quoi ? »
« Les nouvelles ? Je commence par les bonnes ou par les mauvaises. »
Rodney soupira et s'installa au bord du lit, laissant ses jambes se balancer.
« Bonnes … » maugréa t-il.
« Bien, tu restes sur Atlantis et … »
Rodney releva immédiatement la tête et John s'attendait à un « hip hip hip hourra », il fut donc surpris par la question qui suivit.
« Tu ? Depuis quand est-on passé au tu ? »
Euuuuuh, kikekoi ?
« Je … »
Les yeux de Rodney lançaient des éclairs.
« C'est ça hein, je suis petit, donc, c'est tu … ça commence comme ça, par un tu et puis, pouf, plus de respect, plus de dignité, et quoi après hein, quoi ? »
« Rodney, je … »
Rodney se mit debout sur le lit.
« NON ! Je me fiche de vos bonnes nouvelles ! Je veux redevenir moi, je veux être le docteur Rodney McKay ! » Et avec ça, il donna un coup de pied au moniteur cardiaque qui se trouvait près du lit, puis un autre, s'acharnant contre les machines à sa hauteur.
John mit un léger moment à réagir mais il se leva et ceintura la furie qui essayait maintenant d'arracher tous les fils et conduits électriques à sa hauteur.
« Nondenon, Rodney ça suffit ! Rodney … »
Mais Rodney était au-delà de toute raison, il criait et criait et …
Clac !
Les cris cessèrent net.
Rodney caressa ses fesses endolories et jeta un regard noir à John.
« Je vous déteste tous ! Surtout VOUS ! Vous n'avez rien fait pour m'aider, rien … vous allez le laisser s'en sortir et moi … moi … » une grosse larme coula sur la joue de Rodney, suivie d'une autre puis d'une autre.
John hésita à peine et le pris dans ses bras. Un intellect de 38 ans et l'état émotionnel d'un enfant de sept ans. Il n'avait pas voulu croire Carson … jusqu'à maintenant.
C'était étrange, les réactions étaient à la fois celles de Rodney et celles d'un autre.
John soupira, ça allait être un peu plus coton qu'il ne l'avait cru.
« J'sidslé. »
« Quoi ? »
Les mots avaient été étouffés par sa veste et par les pleurs.
Rodney releva un peu la tête, s'essuya les joues – et le nez, génial … - sur la manche de John et répéta, dans un sanglot.
« Je suis désolé … je ne le pensais pas … »
Ah, ça …
John s'installa sur le lit, et les bras et les jambes de Rodney se mirent à bouger, un peu comme une pieuvre. John se retrouva en moins d'une seconde prisonnier, deux petits bras autour de son cou, deux jambes autour de sa taille.
« Je voudrais tellement … je voudrais juste … »
John lui caressa les cheveux.
« Oui, je sais. »
Les sanglots étaient plus rares.
« Je pourrais t'appeler John maintenant ? »
John sourit … peut-être que ce ne serait pas si coton que ça en fait.
Fin de la seconde partie …
