Merci pour vos reviews ! Bon, j'aurais pu continuer cette série pendant des taaaaaaaaaas de chapitres (je la reprendrais peut-être un jour si j'ai une idée sympa …) mais comme MiniRodney a sept ans, je trouve que finir sur un – petit – chapitre 7 est parfait.

ooOOoo

7 – And they live happily ever after …

Je ne peux pas !

C'est juste … c'est juste trop difficile, au dessus de mes forces.

J'ai essayé pourtant. Ce matin, je me suis levé à l'aube, j'ai repassé mon uniforme, je l'ai mis et j'allais y aller, vraiment, j'allais sortir et … et mes yeux se sont posés sur la photo qui se trouve sur ma table de chevet.

Je n'ai pas pu faire un pas de plus, j'ai pris le cadre dans les mains et je me suis écroulé sur mon lit et maintenant, presque trois heures plus tard, je suis toujours dans la même position, à fixer la photographie.

Il sourit. Un sourire découvrant une petite rangée de dents blanches. Ses joues sont toutes rouges, ses cheveux en bataille, je suis accroupi près de lui, je souris moi aussi … je ne me rappelle plus très bien de quand date la photo, ni ce que nous avions fait ce jour là … je caresse la photo.

Ce sourire … mon plus beau cadeau.

Avant qu'Epimetheus ne fasse son petit tour de magie, Rodney n'était pas un adulte du genre très souriant, bien sûr cela lui arrivait, mais pas souvent. Je me rappelle de sa joie lorsqu'il avait travaillé sur le projet Arcturus … j'ai l'impression que cela fait une éternité tout ça … mais mon Rodney, mon petit monstre, avait appris à sourire … et moi aussi du coup.

Je serre la photo contre ma poitrine.

Je ne veux pas perdre ça, perdre les sourires, perdre les éclats de rire … même les pleurs, les crises … je ne veux pas perdre Rodney.

/John ? John … /

Je regarde mon communicateur qui grésille sur la table de chevet. J'entends le soupir d'Elisabeth.

/John, la cérémonie va commencer …ne faites pas l'idiot …/

Nouveau soupir.

/John, c'est important … vous êtes son -/

Le communicateur explose contre le mur sur lequel je viens de le lancer et rend l'âme dans un dernier grésillement qui fait écho aux soupirs désolés d'Elisabeth.

Elle ne comprend pas. Je ne peux pas y aller.

Toc, Toc.

Je réprime l'envie de poser mes mains sur mes oreilles.

TOC, TOC, TOC.

Ok, je pose mes mains sur mes oreilles.

BOUM, BOUM.

De toutes manière, qui que ce soit, il peut toujours essayer de forcer la porte, à moins d'avoir le gène ATA naturel personne ne pourrait entr-

La porte s'ouvre.

« John, je peux entrer. »

Je soupire.

« Il semblerait que ce soit déjà le cas, non ? »

J'essaye d'être sarcastique mais je sens bien que mon ton sonne faux.

Carson fait rouler son fauteuil jusqu'à moi. Il ajuste ses lunettes sur son nez et attend.

Je finis par craquer.

« Alors comme ça, Elisabeth s'est résolue à m'envoyer la grosse artillerie, hein ? »

Carson me sourit par-dessus ses lunettes.

« Il semblerait que vous nous fassiez un petit caprice. »

Je grommelle.

Carson fronce les sourcils.

« Pardon, mais je n'ai pas très bien compris ? »

Je relève la tête et prononce en une seule traite.

« Jenepeuxpasyaller. »

Carson soupire.

« Voyons John, vous saviez que cela arriverait un jour. »

Un jour oui, mais pas aussi vite, pas maintenant, pas aujourd'hui.

« John, il faut y aller maintenant tout le monde nous attend pour commencer la cérémonie … il vous attend. »

Je ferme les yeux et pendant un moment, je le vois courir vers moi … arrivé à moins d'un mètre de moi, il me saute littéralement dessus, je le serre dans mes bras ...

Je voudrais tant avoir une machine à remonter le temps, juste revivre ce souvenir encore et encore.

« John … vous ne voudriez pas que je rate ça ! Elisabeth m'a interdit de revenir sans vous … »

Quand je parlais de grosse artillerie, je n'avais pas tort … Je soupire, pose la photo sur le lit et me lève. Je m'installe derrière le fauteuil roulant de Carson et lui murmure à l'oreille juste avant que nous sortions de mes quartiers.

« Vous me paierez ça Carson … »

« Quand vous voudrez John, quand vous voudrez … »

ooOOoo

Et voilà. Nous y sommes.

J'y suis.

Ils sont là, tous les deux, face à la porte des Etoiles. Le vortex est ouvert pour l'occasion. Les vaguelettes bleues éclairent leurs visages. Ils ont l'air si heureux, alors pourquoi suis-je si triste ?

Hypatia est tout simplement magnifique. Ses cheveux tombent en cascade sur ses épaules, et ses yeux noirs ont cette petite flamme si particulière … les yeux d'une femme amoureuse.

Et Rodney … mon petit monstre est devenu un beau jeune homme.

Un beau jeune homme qui va se marier.

Non.

Non, non et non. Il est encore trop jeune ! Il a quoi, à peine 26 ans ! Il faut que j'arrête tout ça, maintenant et …

Il tourne les yeux vers moi.

Il me sourit.

Ce sourire …

C'est le même que sur la photo.

Peut-être qu'après tout, je ne l'ai pas perdu, pas encore …

« Vous ne le perdrez jamais … »

Je me tourne vers la personne qui vient de murmurer à mon oreille.

Epimetheus se tient à mes côtés, baigné par cette lumière blanche qu'affectionne tant les Anciens. Il a l'air plutôt content de lui. Je suppose qu'il y a de quoi : Rodney est devenu quelqu'un de bien … non pas que ce n'était pas le cas avant … c'est juste qu'il est un peu plus, enfin, beaucoup moins … bref, on peut dire que cette seconde enfance est une totale réussite.

Epimetheus me parle en fixant l'estrade où se trouvent Hypatia et Rodney.

« … vous le savez bien Général, on ne perd jamais l'amour d'un enfant, de son enfant … même si lui aussi bientôt découvrira ce type d'amour, il ne cessera pas de vous aimer pour autant … »

J'ai l'impression d'avoir été pris sur le fait. Ce diable d'Ancien lit donc aussi dans les cœurs ?

Il se tourne vers moi.

« Hey, ce n'est pas pour rien que l'on nous dit omniscient ! »

J'essaye de l'ignorer pour me concentrer sur Rodney.

Mon enfant …

Et bien sûr Epimetheus a raison … diable d'ancien ! L'amour est le seul sentiment qui ne perd pas de son intensité lorsqu'il est partagé.

J'avais peur de le perdre mais je ne le perdrais jamais …

… Rodney, mon fils.

Fin ! Bah quoi, ne me dites pas que vous avez cru qu'il s'agissait d'une cérémonie funèbre ? Moi, tuer Rodney ! JAMAIS (euh, oui bon, ça m'est peut-être arrivé une fois, par inadvertance …)

Explication du titre : équivalent anglais de notre « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. »