Chapitre 2 : Secrets ….
"Dis-moi non de parler, mais de me taire,
Car mon secret est pour moi un devoir ;
Je voudrais te montrer tout le fond de mon être,
Mais le destin ne me le permet pas."
Goethe, Lied.
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John Winchester se laissa tomber sur le lit. Il surveillait un groupe de vampires qui se servaient d'une boîte de nuit de Los Angeles pour appâter leurs futures victimes. Il attendait le meilleur moment pour tous les exterminer. Il laissa son esprit vagabonder entre ses souvenirs heureux avec Mary et ses fils. Il se demandait ce qu'ils pouvaient bien faire en ce moment. Il arrivait à suivre leur déplacement grâce à des amis, mais pour ce matin, il savait juste qu'ils avaient quitté le Montana.
Il fut tiré de ses pensés par son téléphone. Il sonna une première fois avant de s'arrêter. Il vérifia le nom du correspondant. Il s'étonna de voir le nom de Dean s'afficher, mais quand le téléphone se remit à sonner, il reconnut son signale de détresse et décida d'y répondre.
"Papa ?"
"Dean ? Il y a un problème ?" il se redressa, pour s'asseoir sur le bord du lit.
"Papa…"
John entendit son fils prendre une profonde respiration, comme pour se donner du courage.
" Papa, c'est Sammy…"
"Sammy ?" répéta John, en décelant une note d'anxiété dans la voix de son fils aîné.
"Il a eu une vision, hier soir…. Il a…"
"Il a quoi, Dean ? Qu'a-t-il vu dans sa vision ?" pressa John, sentant une hésitation peu habituelle chez Dean.
"Il a vu la chose qui a tué maman… Il l'a vu tuer quelqu'un d'autre."
John resta sans voix. La chose avait donc recommencé, elle avait encore détruit une famille comme elle avait détruit la sienne. John sentit la colère monter en lui.
"Papa ? Tu es encore là ?"
"Oui… Excuse moi… Qu'a-t-il vu exactement, Dean ?" John écouta le résumé de son fils, tout en réfléchissant à la situation. "Tu as bien fait de m'appeler. Dés que Sam est en état de voyager, je veux que vous alliez chez Missouri. Je vous y rejoindrai dés que le pourrai, j'espère rapidement" expliqua-t-il, une fois que Dean eut fini de parler.
"Mais, Papa…"
"C'est un ordre, Dean !" le coupa-t-il.
"Oui, sir."
"Soyez prudent. Et dit à Sam, que je pense à lui" ajouta-t-il, avant de raccrocher.
Il se passa la main sur le visage. Ce n'était pas maintenant qu'il allait pouvoir se reposer. Il se leva en soupirant et fouilla dans son sac de voyage, pour en sortir un tas de feuilles. C'était les pages qu'il avait volontairement enlevées de son journal avant de le laisser à ses fils. Il y avait certains secrets qu'il ne voulait pas encore leurs relever et qu'il espérait pouvoir garder secrets.
Il trouva très rapidement la page qu'il cherchait. Il se souvenait parfaitement dans quelles conditions il l'avait écrite. A cette époque, il louait un petit appartement dans la banlieue de Phoenix. Sam n'avait pas encore cinq ans et Dean tout juste neuf. Une nuit, John avait été réveillé par Sam. Il se tenait près du lit, tremblant et pleurant.
"Sammy, retourne te coucher" grogna John.
"Papa" murmura le petit garçon.
John se retourna pour regarder son fils. Il avait perçu quelque chose de bizarre dans la voix de son fils. Il alluma la lumière, et Sam mit ses mains devant les yeux pour se protéger.
"Sammy ?" il se leva rapidement du lit. Quelque chose clochait. Sam était extrêmement pâle, et saignait du nez.
"Tu as fait un mauvais rêve ?" lui demanda-t-il. Il savait que Sam était sujet aux cauchemars mais depuis un certain temps, il allait plutôt chercher du réconfort au près de Dean.
Le petit garçon hocha la tête et regarda enfin son père. Les larmes inondaient son visage et il paraissait affolé. Il se précipita dans les bras de son père.
"Chut, Sammy. Je suis là, c'est fini" lui susurra-t-il à l'oreille, tout en lui caressant les cheveux. Il remarqua qu'il devait avoir de la fièvre. Il coucha l'enfant dans son lit pour qu'il n'attrapa pas plus froid. Sam se blottit contre son père.
"J'ai vu le monstre" murmura Sam. "Il regardait le bébé… J'ai très mal à la tête."
"Sammy… Quel monstre ? Quel bébé ?" interrogea John, surpris par ses révélations.
"Max… La maman de Max a crié car elle a eu peur du monstre… A moi aussi, il me fait peur" continua Sam, se serrant de plus en plus contre le chasseur. "J'aime pas ses yeux… Puis il y a eu le feu… J'ai peur du feu, papa" bégaya Sam, entre deux sanglots.
"Je sais Sammy. Mais il est parti maintenant" expliqua-t-il, pour le rassurer. Mais lui-même n'était pas rassuré. Il savait de quoi Sam était en train de lui parler et il ne savait pas comment réagir. Il ne voulait pas brusquer son fils et en même temps il se rendait bien compte qu'il avait peut-être enfin une piste sur ce qui avait tué Mary.
"Il me fait peur… Je ne veux pas qu'il me prenne… J'ai mal à la tête" continua Sam, en pleurant un peu plus fort et en portant les mains à ses tempes. Il commença à se frapper la tête.
"Sammy ! Arrête !" lui ordonna-t-il, en lui attrapant les mains.
Sam leva vers son père un regard terrorisé, fiévreux et emplit de douleur.
"Papa…" murmura Sam, avant de perdre connaissance.
John sentit son cœur se stopper dans sa poitrine. "Sammy ! Sammy !" essaya-t-il de le ranimer.
Il se précipita vers la chambre où dormait encore son aîné pour le réveiller. "Dean ! Habille toi ! On doit aller à l'hôpital, Sam est malade !"
Ils avaient traversé toute la ville en un temps record. Ils avaient attendu une bonne partie de la nuit, dans une salle d'attente froide et impersonnelle, que quelqu'un vienne enfin leur donner des nouvelles de Sam. Dean interrogeait son père du regard, sans oser poser de questions. John tournait et retournait dans sa tête ce que Sam lui avait dit. Depuis cinq ans, c'était ce qui ressemblait le plus à une piste sur ce qui avait tué Mary. Mais cela l'effrayait, l'idée que son plus jeune fils puisse avoir une sorte de connexion avec ce monstre. Il devait parler à Sam le plus vite. Et après 48 heures de sommeil entrecoupé de quelques secondes ou minutes de demi lucidité, Sam ne se souvenait de rien. Il ne savait même pas pourquoi il était à l'hôpital.
John se tut sur le cauchemar, il n'en parla à aucun de ses fils. Ils n'avaient pas besoin de savoir, pas tout de suite. Ils n'étaient que des enfants et leur vie était déjà suffisamment bien difficile. Sam avait refait ce même genre de rêve à trois autres reprises, comme à chaque fois il était resté 48 heures dans une espèce de profond sommeil, dont il émergeait sans aucun souvenir et une violente migraine. Et puis, il y avait eu cette vision. Sam avait 17 ans. John s'en était toujours voulu de ne pas avoir été là pour Sam, ce jour là. Lui et Dean étaient à la chasse, et c'était la mère d'un de ses amis qui l'avait prévenu. Il avait réussit à soutirer quelques renseignements sur ce que Sam avait pu dire.
Ce soir encore, il aurait donné beaucoup, pour être avec ses fils, et ce, malgré le danger.
John regarda la liste de nom :
Sam.
Max.
Jenny.
Allen.
Cécilia.
Sonia.
Il rajouta celui que Dean lui avait donné. Sept enfants qui avaient vu périr leur mère au-dessus de leur berceau. Pour quelles raisons ? Et pourquoi Sam devait-il être le témoin de ces crimes affreux ? Ces enfants avaient-ils tous des dons comme Sammy ? Ce cauchemar prendrait-il seulement fin un jour ?
Il entr'aperçut le coin d'une photo qui dépassait de sous ses papiers. Il la tira de dessous pour la regarder. Ces deux fils se tenaient côte à côte, Dean arborant un sourire très fier de lui et Sam le regardant avec admiration. C'était au retour de la première chasse de Dean. Il avait douze ans à l'époque et il lui avait choisi une mission facile. Il resta un moment à observer le visage juvénile de ses enfants. Dans quelques jours ils seraient réunis et il allait devoir leur dire la vérité ou une partie de ce qu'il savait, sur les dons de Sam, sur la chose qui avait tué leur mère. Après tout, il arriverait peut-être à grappiller quelques heures de sommeil, se dit-il, en se couchant.
TBC……
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La version originale du Lied de Goethe.
"Heiss mich nicht reden, heiss mich schweigen,
Denn mein Geheimnis ist mir Pflicht;
Ich möchte mein ganzes Innre zeigen,
Allein das Schiksal will es nicht."
N/A : chapitre 3, mercredi ou jeudi. Quelqu'un sait comme je peux faire pour que mon texte ne saute pas de ligne pour les citations ?
