Chloe PV

Septembre 2009

Il y avait bien longtemps que je n'avais pas observé un coucher de soleil. Avant, il m'arrivait souvent d'admirer les nuances d'orange qui s'entremêlaient dans le ciel à travers la fenêtre de la Tour de Contrôle. J'aimais la façon dont les couleurs chatoyantes contrastaient avec les buildings gris de Metropolis lorsque le soleil se couchait sur l'horizon et que la ville s'endormait paisiblement, sous la présence bienveillante du Flou et des autres justiciers. Notre champs d'action me semblait infini et l'avenir de l'humanité plein de promesses.

Mais les couchers de soleil sont devenus bien moins extraordinaires ces derniers temps. Depuis que Zod a construit la tour solaire, la Terre baigne désormais dans une lumière incandescente. Depuis les hauteurs de notre quartier général, j'observe cet étrange soleil rouge se coucher lentement sur Metropolis. Mais la ville qui s'étend sous mes pieds n'est désormais plus que désolation.

Patiemment, j'attends d'apercevoir le rayon vert. On le distingue plus nettement sous le soleil rouge, notamment lorsque le ciel est dégagé comme c'est le cas aujourd'hui. Bien qu'il n'y ait rien de rationnel à cela, j'y est toujours vu un symbole d'espoir. En partie parce que la kryptonite verte est notre unique rempart contre la tyrannie, mais aussi parce qu'il m'évoque mon dernier héros.

Oliver. Il est tout ce qu'il me reste maintenant. Il est le dernier lien qui me rattache à mon ancienne vie, la vie presque normale que je menais avant que le monde ne sombre dans le chaos. Parfois la nuit, je me réveille en hurlant après avoir revécu dans mon sommeil, les horreurs qui se sont produites depuis ce jour maudit.

Le soleil s'est couché et j'aperçois enfin les silhouettes de mes équipiers se faufiler vers l'entrée du bâtiment. Ils sont tous vivants. Je soupire de soulagement et décide de regagner la sécurité de notre abri. Alors que je traverse le long couloir qui mène à ma chambre, les personnes que je croise m'adresse un regard compatissant. Flagg pose sa main sur mon épaule et la serre légèrement dans un geste qui se veut probablement réconfortant. Ils savent tous que je viens de perdre un ami très cher.

Comment peuvent-ils continuer à placer leur vie entre mes mains alors que tout le monde autour de moi meurt sous mes ordres ?

J'ai toujours eu tendance à diriger les gens. Ça a sans doute commencé avec Clark et Pete, lorsque j'étais directrice en chef de la Torche. Puis j'ai continué avec la Ligue en tant que Tour de Contrôle. Car bien que ce soit Oliver qui ait formé l'équipe, c'était le plus souvent moi qui dirigeais les opérations.

Aussi, lorsque j'ai monté notre petit groupe de résistants, mon aptitude à former des plans de missions en béton et à attribuer les tâches à chacun en fonction de ses aptitudes a vite convaincu tout le monde. Très vite, on est venu me demander de régler des problèmes de logistique ou d'organisation. Et je ne manquais pas de trouver une solution pour chaque problème.

Un jour, alors qu'un ancien membre de l'escadron suicide est entré dans le bureau où nous programmions une mission de reconnaissance pour évoquer un quelconque problème à Flagg, ce dernier a simplement répondu « Demande à la chef ! » Je me souviens avoir ressenti une réelle fierté devant la confiance dont il faisait preuve à mon égard. Et la satisfaction d'être enfin reconnue pour ce dont j'étais capable.

Aujourd'hui, je regrette tout ça. Je ne mérite pas leur confiance. Je ne réussis qu'à les conduire à une mort certaine.


Novembre 2008

« Alors, comment on fait pour anéantir ses tyrans extraterrestres ? Me demande Victor. »

Lui, Arthur et Dinah nous ont rejoint au Talon où nous avons trouvé refuge pour le moment. Mais je sais que nous n'y serons pas à l'abri très longtemps et qu'il va nous falloir trouver rapidement un endroit protégé par de la kryptonite. Je leur explique tout ce que je sais sur ces envahisseurs, sur la manière dont ils tirent leurs pouvoirs et sur leur point faible.

« J'ai une vieille amie qui pourrait régler le problème en quelques secondes. Sen fait, sa simple présence affaiblirait suffisamment les Kandoriens pour que l'on puisse les neutraliser. Malheureusement, chaque fois que je suis parvenue à la localiser, elle n'est pas restée assez longtemps sur place pour que j'aie le temps de la rejoindre. Toi en revanche, tu pourrais l'intercepter, ajoutais-je à l'intention de Bart.

-Dis-moi tout, Chloelicieuse ! Qui est cette fille et comment elle peut nous aider ?

- Lana est une amie que j'avais au lycée. Clark et elle ont vécu une histoire qui s'est mal terminée. Pour faire court, elle a découvert que Lex avait fabriqué une sorte de combinaison lui permettant d'obtenir les mêmes pouvoirs que Clark. Vitesse, force... Tout ! Pour éviter que Lex ne l'utilise pour dominer le monde, Lana l'a volée et l'a enfilée. Ce qu'elle ne savait pas, c'est que cette combinaison avait aussi la propriété d'absorber la kryptonite. Et Lana a dû utiliser ses pouvoirs pour étouffer une bombe à la kryptonite qui aurait détruit tout Metropolis. Après ça, elle dégageait tellement de kryptonite que Clark ne supportait plus d'être prêt d'elle sans être malade. Et Lana a du partir.

- Triste histoire. dit Victor.

- Enfoiré de Luthor ! siffle Dinah.

- Comme tu dis ! Donc le plan A, c'est de retrouver Lana. Ça va être plus difficile maintenant que je n'ai plus le super ordinateur de la Tour de Contrôle, mais avec l'aide de Bart, on peut y arriver !

- A tes ordres, chef !

- Le plan B, c'est de retrouver un objet qu'on appelle le livre de RAO. Je ne sais pas exactement comment, mais j'ai l'intuition qu'il pourrait régler notre problème. J'ai découvert plusieurs allusions à ce livre dans les fichiers que j'ai piraté dans l'ordinateur de Tess Mercer. Et je crois savoir où il se trouve...

- Et où est-il ? S'enquit Victor.

- Chez Clark. A la ferme.

- Ouch ! Lâche Bart. Ça va être difficile, les méchants aliens ont investi les lieux. Même moi je ne m'y risquerais pas !

- Alors on va avoir besoin d'aide. Je vais contacter mes anciens patients d'Isis. Plus nombreux on sera, plus on aura de chances de réussir. Mais avant tout, il faut trouver un endroit sûr... et nous procurer des armes. »

Le jour suivant, je recherche des plans des usines des environs afin de trouver un endroit parfait où nous installer. Il faut que l'abri soit en sous-sol et recouvert d'une chape de plomb pour nous dissimuler de la vision à rayon X des kandoriens. Chaque fois que je trouve un local correspondant à mes exigences, Bart part en reconnaissance. A la fin de la journée, nous trouvons enfin un lieu qui me satisfasse. L'ironie du sort a voulu que ce soit un ancien laboratoire 33.1 abandonné. Le stock de kryptonite qu'il contient encore nous permet de créer une barrière de protection tout autour du bâtiment, mais également le long de l'escalier qui mène au sous-sol.

Nous rapportons du Talon de quoi passer la nuit et nous nous installons le soir même dans notre nouvel abri. Le lendemain, nous allons récupérer les armes à la kryptonite que j'ai commandées il y a quelques semaines de cela avec l'argent d'Oliver en prévision d'une telle situation.

Les jours suivants, nous constituons des stocks de nourriture grappillées ici et là par Bart qui est plus ravie de me démontrer ses aptitudes pour le chapardage. Pendant ce temps là, je contacte mes anciens patients d'Isis dans l'espoir de les rallier à ma cause. Aucun d'entre eux n'a répondu à mes appels, mais je parviens à en géo-localiser certains et je découvre qu'ils sont tous situés dans le même immeuble à Metropolis.

Nous nous y rendons tous ensemble, mais alors que nous nous apprêtons à pénétrer dans le bâtiment, une voix nasillarde nous surprend :

« Plus un geste où je tire ! Et je ne rate jamais ma cible... »

Je me retourne vers co-équipiers, puis prends une grande inspiration avant de répondre :

« Je suis Chloe Sullivan. Mais on m'appelle aussi la Tour de Contrôle. Je viens vous proposer une alliance pour former la Résistance. »

Seul le silence me répond et pendant près d'une minute, je n'ose plus bouger. Puis soudain, une autre voix au timbre plus bas et légèrement rauque retentit :

« C'est bon, vous pouvez entrer ! »

Il ne m'a pas fallu longtemps pour convaincre Rick Flagg de me suivre. Devant ma connaissance de l'ennemi et mon stock d'armes, il a vite compris qu'il aurait plus de chance de survivre à mes côtés. Avec lui se trouvait Betty et quatre autres jeunes méta-humains dont je m'étais occupée l'an passé : Mike, Theresa et Jake. Ils m'ont semblé presque soulagés de me retrouver et ils m'ont suivie sans discuter. Deadshot a ronchonné, mais pas contesté. Nous avions les premières recrues de la Résistance. Chacun avait des contacts avec d'autres personnes possédant des aptitudes et petit à petit, le groupe s'est agrandi. Nous avons également récupéré Emil. Un médecin spécialiste des méta-humains, c'est toujours utile.

Lors de nos virées à la surface, il nous arrive fréquemment de secourir des civiles. Et bien que Rick y ait été fermement opposé au départ, j'ai insisté pour les prendre sous notre protection. Je lui ai démontré que chacun avait un rôle à jouer et en quelques semaines, notre petit groupe s'est étendu à une micro-société souterraine composée d'une trentaine de membres.

Rapidement, j'ai cherché à prendre contact avec d'autres groupes de résistants ailleurs dans le pays, puis dans le monde entier. Car si notre tyran extraterrestre a élu son quartier général dans la ville natale de Clark pour des raisons évidentes, il a veillé à déléguer le contrôle des autres nations à ses sbires. Or, si je sais que c'est ici que tout doit se jouer, il me semble important de donner aux autres résistants les moyens de se protéger.

C'était Bart qui était chargé de délivrer les messages et les colis de kryptonite aux autres groupes lors de ses déplacements à travers le monde pour retrouver Lana.


Tous mes espoirs de vaincre Zod sont morts ce soir avec Bart. Il était un élément clé de notre groupe notre meilleur atout. Plus rapide que les kandoriens, il pouvait s'en approcher plus facilement sans se faire repérer et avec la possibilité de les semer si ça arrivait. Il pouvait se rendre de l'autre côté du globe en quelques minutes pour transmettre des messages aux groupes résistants étrangers ou pour traquer Lana. Sa disparition réduit à néant ces deux objectifs.

C'était aussi celui qui ne départait jamais de sa bonne humeur et trouvait toujours une plaisanterie à sortir à tout moment quand l'ambiance se faisait trop lourde. Sans lui, j'ai l'impression que l'obscurité est en train de m'engloutir. Oliver est ma dernière lueur, mon rayon vert.