Me revoilà avec le chapitre 5 ! Ne me demandez pas pourquoi les chapitres concernant notre archer préféré sont plus longs ^^
Oliver PV
Septembre 2009
Son sourire me manque. Chloe ne sourit plus depuis bien longtemps. Je sais qu'elle se blâme pour tout ce qu'il s'est produit, d'abord avec Davis, puis avec Zod. Et à chaque perte que nous subissons, une petite partie d'elle meurt également.
Parfois, lorsque nous sommes seuls, ses lèvres s'étirent sur une plaisanterie que je raconte. Mais son regard reste terne. Je ferais n'importe quoi pour rallumer l'étincelle qui s'y trouvait autrefois.
Je me souviens du jour où je l'ai rencontrée dans la grange de Clark. Elle m'étais apparue si jeune et insouciante à l'époque. Et pourtant elle avait déjà traversé bien des épreuves. C'est le jour où elle a débarqué dans mon appartement, me proposant son aide pour retrouver Bart, révélant au passage qu'elle avait découvert ma double identité comme s'il ne s'agissait que d'un simple détail, que j'ai compris qu'il y avait bien plus derrière ses grands yeux verts et son joli sourire.
Cette époque me paraît si lointaine désormais. Tellement d'événements se sont produits depuis. Et voilà où nous en sommes aujourd'hui ! Persécutés, contraints de nous cacher pour survivre et nous battre pour notre liberté.
Je n'ose imaginer combien la mort de Bart doit l'affecter. Il a été le premier à revenir lorsqu'elle cherchait à réunir la Ligue. Ma gorge se serre. La culpabilité qui me ronge est, ce soir, encore plus lourde à porter.
Je décide de laisser Chloe seule avec ses pensées pour le moment et de relâcher un peu de tension dans la salle d'entraînement.
Décembre 2008
Depuis le balcon de mon appartement, je découvre une réalité qui ne m'avait pas encore rattrapé jusqu'à présent : comment l'invasion de ces extraterrestres a affecté nos vies. Dans cette ville autrefois si bruyante, il règne un silence inquiétant. La où le trafic était parfois insupportable, il ne circule plus une seule voiture. Les bombardements qui ont eu lieu ont détruit une partie de la ville. Par chance, la Queen Tower n'a pas été touchée.
Parfois, j'aperçois de petits groupes de personnes pénétrer dans une boutique et en ressortir les bras chargés de marchandises. Comment avons-nous pu en arriver là ? Comment ai-je pu laisser les choses en arriver là ?
Cela fait maintenant quinze jours que je me suis réveillé dans cet enfer et depuis, je n'ai réussi à contacter aucun membre de la ligue. Si j'ai pu trouver un téléphone de remplacement dans un tiroir de mon bureau, il ne m'est d'aucune utilité, le réseau téléphonique étant coupé. Je ne sais ce que sont devenus mes amis, ni même s'ils sont toujours en vie. Je ne me suis jamais senti aussi seul. Pas même lorsque j'étais coincé sur cette fichue île déserte !
J'ai repris les séances d'entraînement et le yoga et cessé totalement l'alcool et les pilules, bien conscient que si je veux avoir une chance de survivre et de retrouver les autres, je dois avoir l'esprit clair et être au top de mes capacités. Aujourd'hui, je vais devoir sortir pour me ravitailler. Moi qui avais l'habitude de me faire livrer mes courses à domicile, je vais devoir voler de la nourriture dans des magasins abandonnés.
J'enfile un sweat noir à capuche par dessus mon t-shirt, glisse un couteau dans la ceinture de mon jean, passe mon carquois par dessus mon épaule et attrape mon arbalète avant de me diriger vers l'ascenseur. Dans la rue, je longe les murs et me dirige d'un pas pressé vers le premier magasin de la rue, situé à quelques dizaines de mètres de chez moi. Mais lorsque j'y parviens, je constate sans réel étonnement, que la vitrine est entièrement brisée et que les rayons ont été vandalisés. Il ne reste rien que quelques débris au sol. Je poursuis mon chemin vers le prochain magasin tout en prenant conscience que la mission ravitaillement s'avère plus ardue que je ne l'avais imaginée.
Deux heures plus tard, je me trouve de l'autre côté de la ville, toujours à la recherche de nourriture au sein d'un gigantesque centre commercial. Si les rayons ont également été ravagés, je m'aventure dans la réserve où, je l'espère, les pilleurs n'ont pas pensé à chercher. Après avoir fouillé plusieurs salles, je découvre des boîtes en carton encore fermement scellées. J'attrape le couteau à ma ceinture et entreprends de découvrir ce qu'elles contiennent. La première boîte renferme des tubes de dentifrice. Je hausse les épaules et jette deux tubes dans le sac que j'ai emporté. Les suivantes contiennent des savonnettes et si je décide d'en emporter quelques unes, je suis un peu frustré de n'avoir encore rien trouvé de comestible.
Une dizaine de minutes plus tard, toutes les boîtes sont ouvertes à mes pieds et mon sac à dos est bien rempli. Il est temps de rentrer chez moi. Je parcours le chemin en sens inverse et regagne bientôt la rue. La nuit est déjà tombée sur la ville. Le centre commercial est un peu excentré et à cette heure tardive, il n'y a pas âme qui vive, ce qui m'arrange bien.
Je n'ai pas fait trois pas dans la rue que j'entends les pleurs d'un enfant. Je tends l'oreille et me dirige malgré moi vers un parc d'où proviennent des éclats de voix. Mon sang ne fait qu'un tour quand je découvre la scène qui se joue devant moi : Trois hommes encerclent une femme et ses deux enfants.
« Je... Je cherchais simplement à manger. Pour les enfants, répond la mère.
- Après le couvre-feu ? Demande l'un des hommes.
- Je ne trouvais rien, répond la femme. Nous avons mis plus de temps que prévu ? Prenez la nourriture, si vous voulez. Prenez tout ! Mais laissez mes enfants, je vous en prie ! »
J'attrape une flèche dans mon carquois, dégaine mon arbalète et relâche la flèche qui vient épingler l'un des hommes par sa veste contre le mur derrière lui. Ce dernier pousse un cri de surprise et tous les regards se tournent vers moi.
« Laissez-les tranquille ! Je crie.
- Tu t'es pris pour qui, toi ? Robin des Bois ? Demande un deuxième homme.
- C''est l'Archer Vert ! s'écrit l'un des enfants avec admiration. »
Je me rappelle alors que je ne porte ni mon costume, ni mes lunettes et j'espère que la capuche et l'obscurité suffisent à dissimuler mon visage. Mais mes inquiétudes à ce sujet disparaissent immédiatement lorsque l'homme que je viens d'épingler arrache la flèche et la brise entre ses doigts. La seconde suivante, il est juste devant moi, le regard mauvais. C'est seulement à cet instant que je comprends qu'il ne s'agit pas de braqueurs ordinaires. Ce sont des kandoriens. Je déglutis.
Avant que je n'ai le temps de cligner des paupières, il me projette contre une cabane de jardin. Mon dos heurte douloureusement l'abri de bois. Je tente de me relever, cherchant du regard mon arbalète que j'ai du lâcher pendant mon vol plané, mais le gars est de nouveau devant moi. Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine tandis que je cherche désespérément un moyen de me sortir de ce pétrin. Et où est Clark quand on a besoin de lui ?
Le type me saisit par le col de mon sweat et me plaque rudement contre la cabane avant de lever son poing devant mon visage. Je ferme les yeux, anticipant la douleur qui ne va pas tarder. Mais le coup ne vient pas et je sens bientôt la prise du type se relâcher. J'ose ouvrir les yeux et découvre le corps inanimé de mon agresseur à mes pieds, une flèche plantée fièrement dans son dos. Je relève la tête. Ses deux acolytes se trouvent dans la même situation. Je remarque alors une personne qui se tient dans l'obscurité, une arbalète chargée à la main. Mon regard se porte sur la pointe de la flèche qui émet une lueur verte.
« Des flèches en kryptonite ! » Je réalise avec émerveillement
Et alors que je m'interroge sur l'identité de mon sauveur, celui-ci fait quelques pas vers moi et le rayon de lune éclaire son visage.
« Chloe ? Chloe, je suis tellement content de te voir ! »
Le soulagement de la savoir en vie, mêlé à celui de croiser enfin un visage familier a raison de moi et je franchis rapidement la distance qui nous sépare et la serre dans mes bras. Mais je me rends vite compte qu'au lieu de retourner mon étreinte, elle se raidit dans mes bras. Je la relâche alors, songeant que nous n'avons jamais partagé cette intimité auparavant et que je la mets probablement mal à l'aise.
Elle se tourne vers la femme et les enfants et s'enquiert de savoir si aucun d'entre eux n'est blessé.
« Nous allons vous mettre à l'abri, promet-elle. »
Tandis que je hiérarchise intérieurement toutes les questions que je veux lui poser, mes pensées sont interrompues par la voix d'un homme au regard bleu acier que je n'avais pas vraiment remarqué jusqu'à présent.
« C'est qui celui-là ? Demande-t-il.
- Oliver Queen. Autrefois connu comme l'Archer Vert. » répond Chloe en plantant son regard dans le mien.
Mon cœur se serre alors devant ce que je considère comme un acte de trahison. Certes, je n'ai pas été très amical lors de notre dernière rencontre, mais j'étais persuadé que la loyauté de Chloe était sans borne. Elle sait l'importance de mon alter ego.
« Chloe ! Tu viens de révéler mon identité à ce type !
- Regarde autour de toi, Oliver ! Qui tu es n'a plus aucune importance ! C'est ce que tu sais faire qui compte. »
Je décide de mettre ma rancune de côté pour plus tard et détourne le regard qui vient se poser se poser sur l'arbalète qu'elle tient fermement dans sa main. Je ne peux m'empêcher d'être admiratif devant les flèches en kryptonite.
« Ingénieux ! Je déclare en désignant du menton la pointe de la flèche.
- Courtoisie de Queen Industry.» me répond-elle en relevant fièrement le menton.
J'ai l'impression de me faire poignarder dans le dos pour la seconde fois de la soirée.
« Tu m'as volé de l'argent ?
- Tu m'as dit de prendre tout ce que je voulais, tant que je te laissais tranquille. »
Je reste sans voix.
« Si je ne l'avais pas fait, tu ne serais plus là pour me le reprocher. » Ajoute-t-elle en haussant son sourcil droit.
Elle se tourne alors vers l'homme et déclare « On rentre ! » avant de faire demi-tour et de rebrousser chemin sans un regard vers moi. Trois autres personnes qui étaient restées en retrait lui emboîtent le pas aussitôt et la mère de famille s'empresse de suivre le groupe, poussant ses enfants devant elle.
« Après toi ! » Me lance l'homme aux yeux bleus.
O
Après avoir longuement marché, nous parvenons au cœur d'une zone industrielle. Chloe, toujours en tête de peloton, se faufile à travers un trou dans le grillage qui borde l'une des usines. Je remarque les pierres vertes disposées sur le sol formant une barrière. Nous gagnons le bâtiment par l'arrière. Là, une porte s'ouvre sur un escalier qui s'enfonce dans le sous-sol. Nous l'empruntons pendant ce qui me semble une éternité et je ne peux empêcher la pointe d'anxiété qui m'assaille. Le passage est étroit et seulement éclairé par la lueur verdâtre des météores disposées ça et là dans le but d'éloigner les visiteurs importuns. Après de longues minutes, nous parvenons enfin à une autre porte et je ne m'attends pas à ce qui se trouve derrière.
Tandis que nous empruntons un long couloir, nous passons devant de nombreuses salles où des gens que je n'ai jamais vus auparavant s'affairent à différentes activités. Dans l'une d'elle, des personnes s'entraînent au tir et au combat, dans une autre on y fait la lessive, dans une autre encore se trouve une grande table entourée de chaises de tailles et de formes différentes ainsi que des fauteuils situés dans les angles. Un petit groupe d'enfants jouent silencieusement sur le sol. Mon cerveau a du mal à mettre du sens sur les informations que mes yeux lui envoient. Serait-ce une sorte de refuge ? Je suis tellement distrait par cette scène que je manque de percuter un homme qui traverse le couloir.
« Désolé !
- Ollie ? »
Je détourne alors mon regard du groupe d'enfants pour me focaliser sur le visage de la personne en face de moi.
« Vic ? Ça alors, Victor !
- Ça me fait plaisir de te voir, vieux, répond mon ami en me donnant une accolade ! »
J'ai mille questions à lui poser, mais je vais devoir attendre encore un peu. Chloe pénètre dans une petite pièce et dépose le sac qu'elle portait sur le dos. Puis se tourne vers moi et sans un mot, me prend le sac à dos remplis de vivres que je suis parvenu à rassembler. J'ouvre la bouche pour protester, mais son regard m'en dissuade. Une vieille femme prend les sacs et commence à ranger les boites de conserves, les paquets de farine et autres denrées que Chloe et son groupe ont récupéré lors de leur petite virée. Chloe confie ses nouveaux protégés à la femme et lui demande de leur trouver une chambre, puis elle poursuit son chemin vers une autre pièce, plus petite, dont le mur est recouvert de documents. Sur un coin de table, à moitié enseveli sous une pile de papiers, je distingue un objet orange que je reconnais immédiatement : l'ordinateur portable de Chloe. Ne pouvant plus retenir ma curiosité plus longtemps, je demande enfin :
« Chloe, c'est quoi cet endroit ? »
Elle se tourne alors enfin vers moi.
« Bienvenu au Quartier Général de la Résistance ! »
Cette nuit là, je retrouve la plupart de mes amis : Victor, Bart, Emil, Jonn et même Dinah. Chloe a réussi à réunir toute la ligue. Arthur est en mission de recrutement en plein milieu du Pacifique, mais il est en contact avec Chloe et se tient prêt pour les missions importantes. J'apprends également avec tristesse que Loïs est toujours portée disparue depuis les événements de Doomsday et que Clark a quitté Metropolis (et Chloe) juste après.
Malgré les circonstances, je me sens mieux que je ne l'ai été depuis des mois. Je ne suis plus seul. Et je viens de retrouver quelque chose que j'ai perdu il y a bien longtemps : l'espoir.
Dès le lendemain de mon arrivée au QG, Chloe m'assigne à l'entraînement de son équipe. Un rôle important que je ne pense pas mérité. Pourtant, Chloe est persuadée que je suis la personne la plus qualifiée pour le jouer et je suis bien déterminé à lui prouver qu'elle a raison de me faire confiance à nouveau. En dehors des quelques informations qu'elle partage pour que je comprenne le fonctionnement de l'équipe, nous échangeons peu. Je me souviens d'une jeune fille joviale et loquace dont le seul sourire pouvait illuminer tout Metropolis. La personne que j'ai en face de moi tous les jours est fermée, froide et éteinte. Et je ne cesse de me demander si c'est la mort de Jimmy, l'invasion kandorienne ou bien notre départ à tous qui l'a changée ainsi.
Il m'a fallu des mois pour parvenir à regagner sa confiance et son amitié. Je suis parvenu à fissurer les murs qu'elle a érigés tout autour d'elle pour se protéger et j'ai pu découvrir que la jeune fille que j'avais connue était toujours là, quelque part, trop effrayée pour se montrer. Parfois, il m'arrive de l'atteindre.
Plus tard ce soir là, je vais la retrouver dans sa chambre, où plutôt, la pièce qui lui fait office de chambre. Un matelas à la couleur douteuse est posé à même le sol, négligemment recouvert d'une couverture. Une petite bassine d'eau trône dans un coin pour la toilette. Nous sommes terrés à plusieurs dizaines de mètres sous le sol, aussi la seule source de lumière provient d'un morceau de bougie placé sur une vieille caisse de bois. Quelques vêtements entreposés contre le mur et un exemplaire de Guerre et Paix que je lui ai ramené d'un de mes raids au centre-ville constituent ses effets personnels. Bien sûr, un stock de flèches dont les pointes ont été forgées dans de la kryptonite et une arbalète chargée sont toujours à portée de sa main.
Elle lève vers moi ses yeux emplis de larme qu'elle refuse de verser et mon cœur se serre. Alors, sans un mot, je m'approche doucement et la serre dans mes bras.
