Chapitre 3

Les douze coups de minuit résonnèrent au loin, le carillon clair des cloches de bronze d'une vieille église baroque délabrée par le temps et que le département de Shinjuku n'avait jamais entrepris de rénover. Nous étions tous réunis dans le café de Pore à attendre sagement un plan d'action. Seulement nous n'avions pas la moindre idée de comment agir contre des ennemis invisibles et un dieu omnipotent et omniscient. Macubex nous serait sans aucun doute d'une grande utilité une fois à l'intérieur de la forteresse, mais encore fallait-il le rejoindre le plus discrètement possible.

Je vis mon compagnon d'infortune, Midô Ban, assis à mes côtés, commencer à s'énerver sur sa chaise. Il avait déjà beaucoup de mal à garder son calme dans une situation normale alors lorsqu'il s'agissait d'une mission d'extrême importance, il était complètement excité, près à l'offensive comme si son sang bouillait dans ses veines et lui dictait de combattre jusqu'à la mort.

Je le fixais attentivement jusqu'à ce qu'il se lève d'un bond, renverse sa chaise sur le sol et s'exclame d'une voix décidée qu'il n'y avait plus une seule minute à perdre. Ils devaient se mettre en route vers le Mugenjô. Kazuki le regarda interloqué et lui demanda s'il avait un plan pour entrer dans la forteresse sans se faire piéger. Ban le regarda à peine et évita de répondre à la question que venait de lui poser l'héritier du clan Fûchôin.

Midô Ban avait sans doute raison me disais-je intérieurement, mais nous devions aussi agir prudemment, car perdre l'un de nous dès les premiers combats ne serviraient à rien. Au contraire, nous devions minimiser nos forces jusqu'à ce que nous rencontrions des ennemis puissants et laisser derrière nous les plus faibles.

Pour cela, il nous fallait éviter de nous battre jusqu'à ce que nous rejoignions Macubex et que nous mettions au point notre plan. Je saisis alors le bras de Ban et lui demanda de se clamer et de se rasseoir sur sa chaise. Jubei, un samouraï des temps modernes, prit la parole et fixa chacun d'entre nous tout en nous faisant connaître son point de vue sur la délicatesse de la situation.

Selon lui, Ban avait raison, nous devions partir au plus vite vers le Mugenjô. Il était impossible d'avoir un plan d'action quelconque car nous ne connaissions pas encore le visage de nos ennemis. Le but était simple : retrouver Macubex, le génie de l'informatique, en restant sain et sauf.

Hevn acquiesça de la tête et déclara machinalement que Jûbei avait raison et qu'il fallait l'écouter sur ce point. Lorsque tout le monde fut d'accord, le groupe des GetBackers s'en alla sous la pluie battante laissant derrière eux Hevn et Pore suivre leurs ombres jusqu'à l'horizon.

Je m'appelle Ginji, Amano Ginji, le compte à rebours vient de commencer… J-12 heures !