Alors que mon corps se meurt lentement, tu me regardes de tes yeux pâles, usés par le temps. Je murmure un prénom qui semble être le tien, mais tu ne me réponds pas. Le temps a fini par ronger un à un nos souvenirs les plus tendres et nous ne sommes plus que deux marionnettes que les fils du destin manipulent à leur guise.

Ton visage blanc incarne la mort, celle que j'attends depuis que je suis allongée sur ce lit recouvert d'un linceul blanc. La pièce est froide, les volets sont fermés, la chaleur qui parcourt mon corps a disparu.

Lorsque je sens ta main se poser sur moi, un frisson parcourt lentement ma peau. Comme je ne suis plus habituée à ce contact charnel, tout me semble dénué de sens. Le temps passe, les grains de sable s'égrainent inexorablement au fond de la clepsydre posée sur la vieille cheminée du salon.

Lorsque le dernier grain tomba dans ce gouffre sans fin, mes yeux se fermèrent et le vide enlaça mon corps. Tu te levas enfin de ta chaise en bois et tu me montras le chemin vers le monde des morts... Là, où personne ne revient jamais.

La Faucheuse a frappé trois fois,

Elle a emporté mon corps là-bas,

Le Diable tisse un linceul de soie,

Il m'enroule et je vois en fin le Ça.