Chapitre 4 : Premier contact
Lorsque Malorie ouvrit les yeux, elle ne réalisa pas directement qu'elle était en vie. La tête dans les nuages, la vision trouble, elle pensait sincèrement que le paradis s'étalait devant elle (s'il en existait un). Mais quand tout son organisme avait repris conscience de lui-même, elle constata qu'elle était toujours attachée à cet arbre avec ses deux maudits Marines qui, sans même pouvoir les voir, semblaient se disputer.
-Kuzan pourquoi as-tu fais ça ? demanda l'homme qui l'avait maintes fois frappée.
-Je ne pouvais pas la laisser mourir, je ne sais pas Smoker je n'y suis pas arrivé.
-J'ai appelé les renforts, c'est Sakazuki qui va débarquer. Tu lui as donné un sort pire que la mort. Quand il arrivera, qu'il la verra et qu'il saura qu'elle a tué autant de Marine, la mort lui semblera être une délivrance face à ce qu'il lui fera.
-Elle peut nous être utile pour démanteler le réseau.
-Tu as vraiment cru qu'elle trahirait les siens ? Ce n'est qu'un assassin déguisé en jeune fille Kuzan. Ça ne me fait pas plus plaisir qu'à toi de tuer une enfant. Mais là, nous n'avons pas vraiment le choix.
-Laisses-moi essayer de la sauver.
-De quoi donc Kuzan ?
-D'elle-même.
-Sauver une gamine ne te ramènera pas Kiera.
Malorie écouta attentivement, en silence, le pouls calme et détendu. Ce n'était pas la première fois qu'on voulait la tuer, ni qu'on la retenait captive. En revanche c'était la première fois que deux hommes aussi forts arrivaient sur l'île et qu'aucune personne de cette maudite bande n'était venu la chercher.
Le plus gradé des deux hommes, un grand de deux mètres, les cheveux bouclés et paraissant toujours blasé dicta à l'autre que Malorie n'appréciait guère, de retourner au village s'approvisionner. Puis, le silence.
-Comment une jeune fille de ton âge peut-elle désirer mourir, ou du moins, ne pas trembler face à la mort ? demanda le haut gradé en arrivant sans un bruit.
Malorie sursauta ne l'ayant pas vu venir puis essaya de garder contenance. Elle vit sa jambe bandée et l'hémorragie stoppée. Son épaule aussi ne lui lançait plus aucune douleur, l'homme lui avait sauvé la vie.
-Vous m'avez sauvé la vie dans l'unique but de me tuer ensuite ? cracha-t-elle.
Il soupira d'un air décontracté et s'assit en tailleur devant elle, jouant avec un bout de bois dans les mains.
-Vous auriez dût me laisser mourir, en finir avec moi. Je vous tuerais, dès que les personnes de mon clan vont …
-Pour quelles raisons parles-tu ainsi de la mort ? La désires-tu ?
-N'essayez pas de faire une introspective de moi, ça vous évitera des nœuds au cerveau.
Il sourit discrètement mais Malorie le vit. Il plongea soudain son regard en elle. Malorie fut saisit par ses yeux noirs. Ils semblaient froids et insondables aux premiers abords, puis, en les regardant plus attentivement, Malorie pût apercevoir de la fatigue, de la tristesse mais surtout, une absence de vitalité. La flamme qui occupait tous les Marines qu'elle avait pût rencontrer ne brillait pas dans les yeux de cette homme-ci.
-Pourquoi t'être lancée dans cette voie ? demanda le gradé à la jeune fille.
Elle aurait désiré lui répondre, sincèrement. Mais cela lui était interdit. Elle ne devait parler avec l'ennemi car parler emmener à mieux se connaître et cela rendait le moment de la mise à mort plus difficile pour Malorie. Car au fond d'elle elle savait : elle savait qu'elle le tuerait.
Même si le ton employé par le géant se révélait être glacial et dénué de sentiment, sa question toucha la jeune fille en plein cœur : il l'avait posé de telle sorte que cela avait trahi l'intérêt qu'il portait pour elle. L'intérêt que peu de personne ne lui donnait jamais. Savoir le pourquoi du comment de sa vie n'intéressait personne, on la voyait tel un assassin et cela lui convenait la plupart du temps : car parler de soi et de son vécu rouvre de vieilles blessures mal cicatrisées.
Alors la jeune fille soupira et leva les yeux au ciel. Elle écoutait le bruit des feuilles, de l'eau qui coulait et de la vie près d'elle. Un daim devait se trouver non loin de l'endroit où elle était emprisonnée. Elle le sentait. Jamais la jeune fille n'avait pu expliquer ce phénomène, Crowley, le chef du clan de bandit lui avait un jour dit que le fait qu'elle ressente l'énergie vitale d'autrui était uniquement dût à sa puissance à elle.
Oui elle sentait les vibrations du daim. Mais ce qui l'intéressait par-dessus tout était l'aura qu'elle senti émaner du gradé devant elle. Cette aura semblait d'un calme profond mais d'une force titanesque. Jamais Malorie n'avait perçu une puissance telle en un seul corps, ce qui la poussait à être plus méfiante devant cet homme assez atypique.
Malorie fit ensuite abstraction de son ennemi et se mit à chercher l'aura des personnes composant le groupe de bandit. Personne. Cela la fit perdre pied, un court instant certes, quelques secondes mais cela suffit au fait que lorsqu'elle reprit conscience des réalités son ennemi se trouvait près d'elle, trop près d'elle, avec une gourde.
Alors la jeune fille lui asséna un coup de tête si violent, qu'elle parvint à se sonner elle-même mais le résultat fut satisfaisant : l'homme se tenait le crâne de douleur.
-Tu es folle à lier ma parole ! s'écria le Marine. Je ne voulais que te donner de l'eau !
-Ne m'approchez pas !
-Elle n'est pas empoisonnée tu sais, dit-il en buvant deux gorgées dans la gourde.
La jeune brune se contenta de le fusiller du regard. Il s'assit de nouveau et rit, puis se frotta de nouveau le crâne.
-Tes amis ne viendront pas, trancha d'un coup l'homme qui était devenu étonnamment sérieux. Tu es coincée avec moi et je suis la seule personne qui te maintienne en vie. Tu devrais boire.
-Vous me maintenez en vie dans le seul but de vous servir de moi pour mieux m'achever ensuite. Croyez-vous sincèrement que cela me donne envie d'accepter une quelconque aide venant de vous ?!
-Tu as un sérieux problème avec la Marine à ce que je vois.
-Lorsque je serais libre je serais le dernier visage que vous verrez.
-Et quel beau visage, ironisa l'homme aux cheveux bouclés. Néanmoins, je ne vois absolument pas de quelles manières tu pourrais te retrouver libre puisque personne ne viendra te sauver.
-Vous ne savez rien.
-Ce que je sais et ce dont je suis presque prêt à mettre mon titre d'Amiral en jeu : c'est que personne ne viendra te sauver pour la seule et unique raison que c'est un Amiral accompagné d'un Colonel qui t'ont rendue captive. Et je donnerais ma main à couper que la seule personne qui aurait peut-être été capable de nous arrêter se trouve devant moi en cet instant.
Malorie crispa sa mâchoire et serra les poings : il venait de mettre dans le mille.
-Jamais des aussi hauts gradés ne sont venus sur cette île, je me trompe ?
-Peut-être. Mais il y a un point sur lequel vous vous trompez : je ne suis pas la plus forte de mon clan.
-Je n'aurais sûrement pas l'occasion de voir cela, puisque personne ne viendra te chercher.
-Vous êtes fort, mais pas invincible Amiral …
-Aokiji, compléta le gradé.
-Le faisan bleu ? dit la fille avec un rictus. C'est bien ma veine ! Mais dites-moi, quelle est la cause de la venue de personne aussi haut gradé sur une petite île telle que Nokaoma ?
-La disparition perpétuelle de Marine ainsi que la détresse du peuple.
Malorie posa sa tête contre le tronc sur lequel elle se trouvait enchaînée et se mise à rire.
-La détresse du peuple ? A d'autre monsieur l'Amiral. Si vous êtes venu ici c'est juste parce que la Marine ne supporte pas d'avoir perdu autant d'homme sur l'île. La détresse des gens ne vous importe absolument pas.
-Qu'est-ce que tu en sais ? demanda l'Amiral sur la défensive.
-Parce que si cela avait vraiment été le cas : je ne serais pas un assassin.
