Chapitre 10 : Pied à terre

Le trajet du retour dura 2 nuits et 3 jours. Attachée dans la cale du bateau par des menottes fixées au mur, Malorie se réveilla avec la réflexion qu'elle avait pris une mauvaise décision. Levant la tête, elle vit derrière la grille l'homme imposant qui l'avait neutralisé au camp.

Plus large de muscles que de grand, l'homme aux cheveux bruns, rasé, était vêtu du même manteau que l'Amiral qui lui avait fait perdre pied. Il portait un pantalon rouge, avec une veste assortie.

Statique, celui qu'elle savait Amiral la fixait, debout, la toisant avec mépris, le visage grave.

Bien que Malorie sentit son aura, elle savait qu'elle n'avait pas eu besoin de cela pour savoir que cet homme se trouvait être surpuissant. Il l'avait neutralisé avec une telle facilité que cela avait fait mal à son égo.

Fixant l'Amiral dans les yeux, Malorie n'y trouva que de la haine, une colère sourde qui grondait, attendant le moment opportun pour exploser. Derrière toute cette animosité, le regard du gradé frappa la jeune fille : il comportait une détermination sans faille.

Et face à son regard, sa stature dominante, Malorie n'en doutait plus : elle avait pris une très mauvaise décision.

L'homme continuait de la fixer, sans un mot, tant et si bien que cela commença à agacer la jeune fille. Comptait-il continuer la fixer en silence ou rompre ce dernier.

La seconde option s'offrit à elle.

-Tu es réveillée ? Bien.

A peine sa phrase terminée, le crâne de la jeune fille vira violemment sur la droite, à une vitesse telle qu'elle se demanda intérieurement de quelle manière sa tête avait bien pu rester sur ses épaules. Instantanément, elle fut sonnée, quelques seconde avant de sentir un liquide chaud sur le bord de sa lèvre.

L'homme prit son poing dans sa main, se le massant légèrement, avant que Malorie ne se lève d'un bond, se jetant sur l'Amiral. Elle désirait le tuer, le réduire en pièce, lui et sa Marine de malheur.

Les chaînes la retinrent et elle stoppe sa course à quelques centimètres du visage du gradé, nullement impressionné, n'ayant même pas esquisser un mouvement de recul.

La prisonnière et le geôlier se toisèrent quelques minutes, la rage dans les yeux de l'une, la haine dans ceux de l'autres.

L'homme vêtu de rouge la saisit à la gorge, la plaquant au mur avec une force déstabilisante, comme si elle n'avait été qu'un sac de farine. Il serra son emprise, tellement fort qu'il ne fut pas longtemps à la brune pour commencer à manquer d'air.

Plaquée contre le mur, ne pouvant réaliser le moindre mouvement, Malorie cherchait vainement à se libérer, pour une bouffée d'oxygène. L'Amiral se pencha à son oreille. Ce simple rapprochement la révulsa de l'intérieur.

-Tu as tué trois de mes hommes.

-Vous n'aviez qu'à mieux les entraîner.

Si Malorie avait un défaut, c'était de ne pas savoir quand il fallait se taire. A bout de souffle, elle avait tout de même rassemblé le peu d'air qu'il lui restait uniquement pour le provoquer. Elle afficha un sourire satisfait lorsqu'elle vit l'homme réagir à ses propos mais rit beaucoup moins lorsque son crâne frappa le mur et qu'elle constata avec horreur que l'épaule du gardé commençait à se transformer en magma.

La transformation continua pendant que la jeune fille manquait d'air et elle observait avec horreur que le magma prenait à présent le bras de l'homme et avançait vers son poignet. Il allait la brûler vive.

Elle tenta de se débattre mais sa tête commençait à tourner par manque d'oxygène, si bien qu'elle perdit ses appuis, portée uniquement par le gradé. Et à l'instant où le magma consumait la main de l'Amiral, qu'il allait toucher sa peau, un Marine, pâle, tremblant, prit son courage à deux mains pour intervenir.

-Amiral … Euh … L'Amiral Aokiji a précisé qu'elle devait arriver en vie.

Sur un grondement, l'homme lâcha Malorie, qui tomba immédiatement au sol, prenant une énorme bouffée d'air que réclamaient ses poumons.

Reconnaissante bien qu'amochée, Malorie regarda le Marine qui semblait penser qu'il avait prononcé ces dernières paroles, appréhendant la réaction d'Akainu.

Ce dernier se retourna, coléreux et son simple regard sur le soldat donna l'impression qu'il venait de le brûler sur place. Mais il ne pipa mot.

En revanche, il saisit les cheveux de Malorie avec violence, l'obligeant à la regarder dans les yeux.

-Tu as de la chance qu'Aokiji t'ait pris en pitié. Mais crois-moi qu'une fois arrivée, je serais le dernier visage que tu verras avant de mourir.

Et il la laissa au sol avant de remonter sur le pont.

Assise, retenue par les chaînes, elle comprit qu'elle venait de frôler la mort. Et que, contrairement au précédent Amiral, celui-ci représentait tout ce pourquoi Malorie détestait la Marine. Pourtant, elle avait décidé d'accompagner l'un d'entre eux. Sur un coup de tête, un coup de folie qui allait lui coûter la vie. Si elle n'avait jamais eu de regrets, celui-ci était son premier.

-Merci.

Le Marine qui la surveillant mit plusieurs secondes avant de comprendre que c'était à lui que la jeune fille s'adressait. Face à cette marque de respect rarissime de la part de la jeune fille, le soldat lui cracha au visage, ce qui l'énerva quelque peu.

-Ce n'est pas pour toi que j'ai fait ça ! Tu as tué nos camarades, espèce de monstre !

-Alors pourquoi lui as-tu dit de m'épargner. Tu sembles avoir peur de cet homme.

-Je respecte l'Amiral Aokiji et il m'a donné des ordres. Mais si je le pouvais, c'est moi qui te tuerais ! Tu n'es qu'un déchet de la société gamine !

Ces mots, elle les avait souvent entendus. Mais maintenant, elle savait que la prochaine fois qu'un compliment lui viendrait en tête, elle s'abstiendrait de le formuler.

A présent, elle comprit qu'elle venait de faire la pire erreur de sa vie. Elle avait suivi son cœur, son instinct. Elle ne comprenait pas pourquoi ce dernier avait failli, elle l'avait toujours suivi sans doute mais à présent, il venait de la conduire à la mort.

Parce que ces Marines la tueraient. Parce que, même si elle en réchappait, son maître la tuerait. Partir, lui tourner le dos sans un mot : il lui arracherait le cœur de la poitrine, dans la pure tradition du clan.

Mais elle réglerait cela plus tard. Tout le monde commet des erreurs mais elle comptait bien rectifier celle-là. Elle allait tuer ses Marines, tuer cet homme en rouge et s'échapper, vite fait bien fait.

Et ce fut au bout de quelques temps, minutes ou heures, Malorie ne sut dire, que le bateau marqua un arrêt. Le brouhaha présent sur le pont indiqua à la jeune fille qu'ils venaient d'arriver à destination. Combien de temps avait-elle dormi ?

Le gradé aux traits durs descendit dans la cale, se trouvant à nouveau face à elle. Le corps entier de la brune se raidit, prête à en découdre ou du moins, ne pas se faire maîtriser aussi pitoyablement que précédemment.

-Si tu tentes quoi que ce soit je te tue. Aokiji ou pas.

Il avait dit ses mots avant de lui enlever ses menottes. A l'instant où le seconde menotte fut enlevée, Malorie se tourna, mais avant qu'elle ne puisse entourer son poing d'électricité pour frapper l'Amiral, ce dernier lui passa une seconde paire de menotte, lui fit une clé de bras et la mit à genoux avec une facilité déconcertante.

-Et là c'est le moment où vous me tuer ?

Toujours avec une once de provocation. Car Malorie sentait au fond d'elle qu'elle ne pouvait parler autrement à cet homme. Il lui attrapa les cheveux plus fort que ce qu'il avait put faire. Malorie, grimaçant de douleur, se demanda si un bout de cuir chevelu n'allait pas lui rester en main.

Elle pensait qu'il allait la frapper, la brûler, lui écraser la tête au sol ou contre le mur. Mais le gradé relâcha se prise, gardant sa poigne ferme sur l'un de ses bras menottés dans son dos, et la releva, plus par sa force que par les appuis de la jeune brune.

Il monta les bras de Malorie plus haut dans son dos, tout en lui maintenant l'épaule. Cela eu pour effet de coincer quelques nerfs, envoyant une douleur fulgurante dans l'omoplate de la jeune fille.

-Je suis un homme patient. Mais dès que je le pourrais, je te ferais vivre une longue agonie, pour venger tous les Marines que tu as tué. Et tu me supplieras de t'achever.

Et contrairement à ce qu'elle aurait pensé, les mots de cet homme donnèrent des frissons à Malorie. Car quelque chose dans son timbre de voix trahissait une promesse. Il le ferait. Elle savait qu'il le ferait.

Mais si Malorie était un assassin et, par prolongement, un monstre, cet homme-ci était un démon.

D'une pression dans le dos, elle avança. La lumière du pont l'éblouie quelques instants avant que sa vision ne redevienne fiable.

Elle se trouvait dans le port d'une base de la Marine, une île assez grande, composée d'un gigantesque bâtiment, surplombant une ville basse, avec sur le côté une énorme forêt laissant deviner un camp d'entraînement. Mais, au vu de l'orientation du bâtiment où trônait fièrement le symbole de la Marine, Malorie comprit qu'elle passait par l'entrée des artistes.

Elle suivi les soldat, l'Amiral toujours présent derrière elle. Ils entrèrent dans le bâtiment où de nombreux soldats en uniforme, gradés ou non, étaient présents. Ils chuchotèrent sur son passage, saluèrent l'Amiral et au fond du corridor qu'ils arpentaient, deux énormes portes dorées leur faisaient face.

Elle ne savait pas où elle allait, ni qui était présent, mais elle savait une chose : elle ressentait des auras surpuissantes derrière la porte. Elle comprit qu'elle allait mourir ici, car comparée aux énergies ressenties, la sienne était insignifiante.

-Mais que se passe-t-il dans ton crâne en ce moment ?! Tu perds complètement l'esprit mon pauvre !

Malorie entendit une dispute de l'autre côté alors que l'Amiral ouvrit la porte sans demander la permission. L'ambiance, ainsi que ses occupants se figèrent quelques instants quand il découvrir le visage et la jeunesse de Malorie.

L'Amiral de Lave la stoppa, face à un homme portant un chapeau orné d'une mouette, des lunettes noires et une barbe assez atypique. Une chèvre se tenait à ses côtés et surprise, Malorie le dévisagea.

Mais un violent coup dans son articulation la fit se mettre à genoux devant l'homme, l'Amiral appuya sur son épaule, déclenchant une vive douleur. Mais elle ne laissa rien paraître.

-A genoux devant l'Amiral en Chef Sengoku, ordonna Sakazuki.