Chapitre 12 : Bienvenue dans la Marine

Malorie frappait, encore et encore contre le sac de sable. Son nouveau mentor l'observait sans un mot, découvrant chaque jour une partie de son caractère. Elle fit abstraction de sa présence et continuait de frapper sans relâche.

A travers ses coups, elle évacuait ses sentiments. Tout d'abord, elle évacua sa colère. La colère qu'elle ressentait lorsque les soldats la regardaient de haut, la traitaient de monstre ou encore la poussaient dans les couloirs.

Ensuite, elle évacua sa rage. La rage de devoir porter ce bracelet en granit marin, par « simple précaution » comme disait Aokiji. La rage de devoir affronter le regard des autres chaque jour, les critiques des gradés sans pouvoir répondre, sous peine d'avoir une correction digne de ce nom. La rage de devoir se plier aux personnes supérieures en grade, elle qui n'avait décidé de ne suivre que l'Amiral de glace.

Cela étant, elle frappa ensuite avec haine. La haine de s'être laissé convaincre de suivre cet homme dans une institution qu'elle méprisait. La haine d'être toujours surveillée. La haine d'avoir fait une mauvaise décision en suivant cet homme.

-Eh bien tu as l'air en forme aujourd'hui ! Quelque chose ne va pas ?

Malorie arrêta enfin de frapper sur le sac de sable et plongea son regard dans ceux du haut gradé. Derrière lui, se trouvait 3 soldats de la Marine qui étaient les seuls à adresser la parole à la jeune fille.

-Enlevez-moi ce granit marin !

Malorie ne supportait plus de voir sa force diminuée et affaiblie par cette pierre de malheur. Lorsqu'elle s'entraînait avec d'autre soldats sous la tutelle d'un instructeur, elle pouvait à peine enchaîner les mouvements.

-Je ne crois pas que cela soit une très bonne idée Amiral !

Le garçon qui avait dit cela s'appelait Zappa. Toujours accompagné de Grount et Bonam, ils avaient été recrutés par Aokiji quelques semaines avant sa rencontre avec Malorie. Pour faciliter l'insertion de la jeune fille dans le camp, le gradé leur avait demandé d'essayer de se lier d'amitié avec la jeune fille.

Et contre toute attentes, Malorie réussissait à les supporter. Ces trois garçons étaient tous très différents de caractères mais étaient inséparables. Elle ne pouvait pas réellement dire qu'elle les appréciait, mais restait avec eux ne lui posait pas de problème.

-T'es vraiment un trouillard Zap'. Avec ou sans granit Marin, elle n'est pas très impressionnante.

A ces mots, Grount, un jeune garçon brun avec une mèche violette s'avança, résolu. Il possédait le même âge que Malorie et un caractère presque équivalent. Toujours prêt pour le combat, il pouvait être arrogant mais était avant tout loyal envers Aokiji et désirait toujours se surpasser.

Mais ce que Malorie préférait chez lui étaient sa franchise, son don à s'attirer des ennuis et leur rivalité.

-Et tu iras à nouveau pleurer une fois que je t'aurais battu, répondit la jeune fille.

-Tu as triché lors de l'entraînement ! Tu m'as fait un croche-patte et ce n'était pas loyal !

-Pas besoin d'être loyale tant que le résultat est là.

-Ce n'était qu'un entraînement.

-En effet, lors d'un réel combat je t'aurais tué.

-Cette fille a un réel problème Amiral ! trembla Zappa.

Zappa, de taille moyenne, les cheveux blancs et se trouvait être un très bon épéiste. Mais il possédait un tempérament également timide, dragueur et assez peureux, voir même trop.

Face à cet échange entre ses élèves, l'Amiral se gratta la tête et bailla.

-C'est lorsque tu parles de tuer les gens que je n'ai pas très envie de t'enlever ce bracelet.

-Bien dis Amiral ! continua Zappa. Vraiment très bien dit !

Malorie rangea le sac de sable et vit l'Amiral partir dans son bureau. Il disait travailler mais la jeune fille restait persuadée qu'il devait passer le plus clair de son temps à faire la sieste.

-Passez une bonne journée ! Et Malorie s'il te plaît, pas de vagues aujourd'hui, je suis fatigué.

-Allez dire ça aux autres !

L'Amiral ne se retourna pas et lui fit juste un unique signe de main en guise de salut.

Malorie se dirigea donc au réfectoire accompagné des 3 autres soldats. Elle fit extrêmement attention à son plateau, ses pas et les gens qui l'entouraient. Car bien qu'agile et vive au combat, elle possédait une maladresse hors normes, étonnant tous les Marines présents sur la base.

Quelques jours auparavant, elle était tombée (au sens littéral du terme) sur un homme, le traitant « d'imbécile » avant de voir qu'il ne s'agissait de nul autre que Sakazuki. Aokiji avait dut négocier avec son collègue pour qu'il n'y ait pas de sanctions à l'encontre de la brune et encore moins de mise à mort.

Cela faisait 2 semaines que Malorie faisait partie du camp. Les Marines commençaient à s'habituer à sa présence et devenaient de plus en plus virulent avec elle. Ils ne comprenaient pas comment les gradés avaient pu accepter dans leur rang une personne responsable de la mort des leurs.

Bonam et Grount s'échangeaient des banalités sur des techniques de combats pendant que Zappa essayait de draguer l'une des filles du camp. Pendant ce temps, en silence, Malorie mangeait sans vraiment prêter attention à ce qui l'entourait.

Ce n'est que lorsque son assiette de petits pois lui explosa à la figure, déversant un jus vert sur son uniforme blanc que la jeune fille sortit de ses pensées. Elle se redressa, essayant de rester sereine et de ne pas arracher les yeux de la bonde se tenant en face d'elle d'un air hautain.

La Marine responsable de l'incident était accompagnée d'un garçon d'environ 23 ans, les cheveux roux avec un nez carré.

A l'instant où l'incident venait d'avoir lieu, Bonam, plus large que grand se leva d'un bond, le visage fermé. Malorie plongea son regard bleu dans les yeux verts de la jeune fille qui la toisait.

-Oups, déclara-t-elle. Je suis maladroite moi aussi.

-Laisses tomber Kalifa, murmura le roux.

-Alors c'est elle la faucheuse de l'Amiral ? Sérieusement ?

Malorie fut surprise du mot qu'elle employa et observa également que ses trois amis se raidirent. Grount serra les poings et la mâchoire, Bonam retenait son souffle avec une colère sourde et Zappa commençait à devenir blême en observant ses pieds.

Face au regard méprisant de la fille de 25 ans, Malorie ne put s'empêcher de répondre.

-T'as un problème peut-être ?!

-Malorie arrête s'il te plaît, chuchota Zappa au bord de l'infarctus.

-Comment oses-tu me répondre espèce de monstre ?! s'indigna la Marine.

-Comment tu viens de m'appeler ?!

La blonde s'approcha de Malorie, prête à en découdre et aussitôt Malorie se leva. Les deux filles se tenaient l'une en face de l'autre. Le garçon accompagnant la dénommée Kalifa la prit par une épaule et lui intima de partir mais la concernée se dégagea vivement.

Bien que le réfectoire fût gigantesque, face à la petite agitation, le silence commençait à se faire autour des deux filles.

-Pourquoi devrais-je me taire ?! Une gamine telle qu'elle ! Faucheuse à son âge ! Je ne comprends pas pourquoi l'Amiral en chef a accepté un déchet dans les rangs.

Malorie commençait sérieusement à fulminer. 2 semaines qu'elle acceptait les critiques sans rien dire. Là c'était la fois de trop. Elle serra les poings et à l'instant où l'idée de frapper cette jeune fille en pleine tête lui traversa l'esprit, Bonam lui attrapa le poignet.

Ce dernier ne regardait que la blonde et malgré sa tension palpable, ressemblant à de la peur, il prit la parole.

-Si tu as un problème Kalifa, c'est à Aokiji que tu dois en parler.

-Je n'ai aucun conseil à recevoir de toi.

-Je ne sais pas quel est ton problème la blonde mais que dirais-tu de … débarrasser le plancher ?

Le ton ironique de Malorie eut pour effet de mettre la blonde hors d'elle. Elle leva son poing à une vitesse qui impressionna la brune mais avant qu'elle ne puisse l'atteindre, une voix grave se fit entendre.

-Je peux savoir ce qu'il se passe ici ?!

L'instructeur que Malorie avait depuis 2 semaines lors des entraînements en groupe se trouvait devant eux et semblait assez mécontent. En effet, le Vice-Amiral Momonga se tenait à la droite de Malorie, le visage frustré.

Malorie n'appréciait pas cet homme, d'autant plus que lors de son « arrivée » sur la base, il avait conseillé à l'Amiral en chef de la tuer sans attendre. Cela n'aidait pas tellement à créer un lien.

A l'arrivée de cet homme, tous les soldats se mirent aux gardes à vous. Elle les observa bêtement pendant quelques secondes avant de le faire également, n'était pas encore familières aux divers protocoles.

Momonga observa Kalifa, puis Malorie couverte de petits pois. Son visage semblait ne jamais se détendre.

-Kalifa dehors ! Husunu va te changer !

Son ton était glacial et garantissait qu'il ne valait mieux pas le contredire. Pourtant, la blonde ne se gêna pas et hurla dans le réfectoire qui à présent était totalement silencieux.

-Alors une fille tue 3 de nos compagnons mais nous ne pouvons rien dire ?! Ça ne choque personne !

Malorie sentit une légère frustration face aux mots de la soldate mais également une pointe de honte d'être prise ainsi à partie devant tout le monde. Après les mots de Kalifa, de nombreux chuchotements s'élevèrent, la plupart en accord avec elle.

-Silence ! gronda le Vice-Amiral. Et vous deux, débarrassez-moi le plancher avant que je ne vous colle un rapport !

Une fois l'incident clôt, les autres soldats se remirent à manger, Bonam et Grount s'assirent de nouveau et Zappa reprit un peu d'air. Malorie se dirigea vers les vestiaires mais la main du Vice-Amiral lui attrapa le bras.

-Il est grand temps que vous rasiez les murs et rentrez dans les rangs. Compris ?!

-Oui.

-Oui ?

-Oui Vice-Amiral.

Ces mots venaient d'écorcher la bouche la brune mais elle savait qu'elle ne devait pas faire de vagues. Alors elle se tût, se jurant de partir du camp le plus rapidement possible.

Après s'être changé et avoir réalisé l'entraînement collectif gérer par Momonga mais qu'Aokiji lui imposait tous les jours, Malorie prit sa douche et rejoignit ses 3 camarades. Ils riaient aux éclats et cela fit étrangement du bien à la jeune fille.

-Tu aurais vu sa tête lorsque je l'ai mis au tapis, rit Bonam.

-Tu ressemblais à un malade mental avec ta carrure de singe ! se défendit Zappa.

-Il ressemble toujours à un malade mental, conclu Grount.

Bonam s'énerva en frappant sur la tête de ses deux camarades. Malorie sourit et continua à avancer, se demandant de quelle manière elle pourrait prochainement partir de ce camp sans se faire tuer.

-Ne t'en fais pas pour Kalifa, lui souffla Bonam la sortant de ses pensées.

-Oui, continua Grount. Cette femme est une sorcière.

-Elle fait tellement peur, trembla Zappa.

-C'est qui cette fille ? Pourquoi elle en avait après moi ?

-Parce que tout le monde sait qu'elle pensait devenir la faucheuse d'Aokiji après la mort de Keira, expliqua Grount. Et je crois qu'elle allait le devenir mais t'es arrivée et Bam ! Maintenant c'est le bordel !

-C'est quoi une faucheuse ?

Les 3 garçons s'arrêtèrent avec des yeux ronds quelques instants avant d'exploser de rire, se moquant clairement de la jeune fille. Malorie serra les poings, vexée, ce qui eut pour effet des excuses immédiats de la part de Zappa, mais pas des deux autres.

-Tu es un drôle de gamine toi ! déclara Bonam. Une faucheuse c'est …

-Husunu !

La voix du Vice-Amiral Momonga coupa la discussion et Malorie se raidit, n'affichant plus aucune sympathie sur son visage. Le Vice-Amiral se dirigea vers elle, la dépassant de 2 bonnes têtes.

-A partir de demain tu ne feras plus tes entraînements avec moi.

A la bonne heure pensa la jeune fille.

Elle dut sans s'en rendre compte sourire car le visage du Vice-Amiral devint un peu plus glacial et colérique.

-C'est le colonel Smoker qui va t'entraîner.

Très, très, très mauvaise nouvelle. Malorie n'avait pas réellement pardonner à cet homme de lui avoir collé son poing au visage lors de leur rencontre ou encore d'avoir fait en sorte que sa blessure la tue.

-Merde.

Elle regretta aussitôt ses mots. Elle avait parlé sans vraiment réfléchir. Le Vice-Amiral l'observa avec un regard tel que Malorie se demanda s'il allait la tuer avec ou sans témoins. Il soupira (gronda aurait été plus exact) et s'en alla, non sans attendre avant un garde-à-vous de la jeune fille.

Malorie se retourna vers les 3 soldats, un sourire aux lèvres.

-Bon bah ça va ! Je passe d'un Vice-Amiral à un Colonel.

Les 3 garçons, Grount comprit, semblaient gênés et regardait leurs pieds.

-Quoi ?!

-Bien tu sais Malorie, bafouilla Bonam. Smoker entraîne uniquement Tashigi.

-Et ?

-Et généralement ce n'est pas très bon quand le colonel décide d'entraîner quelqu'un d'autre, avoua Grount.

-Il fou les jetons ! chuchota Zappa.

-Il a des manières bien à lui pour entraîner, continua Bonam peu serein.

-IL Y EN A QUI N'EN REVIENNENT JAMAIS ! paniqua Zappa.

Grount lui frappa le crâne en lui criant, hors de lui, de ne pas dire n'importe quoi. Malorie souriait sans aucune appréhension.

-Oui enfin il a l'air un peu rasoir ce gars. Et devrait un peu se dérider le visage.

Ses amis devinrent blêmes, ce qui interpella Malorie.

-Ne me dites pas que vous avez peur de ce Colonel de …

Aussitôt, la jeune fille sentit son bras atterrir derrière son dos en une magnifique et horriblement douloureuse clé de bras. Elle fut plaquée contre le mur et sentait que la puissance la retenant pouvait facilement lui déboîter l'épaule dans la seconde.

Du coin de l'œil, elle vit avec amertume le colonel qui ne semblait pas particulièrement enchanté de la revoir.

-Bonjour Colonel.

Au moins, elle avait dit les politesses. Le colonel serra un peu plus son étreinte, le visage crispé et ses éternels cigares en bouche.

-Je vais te faire rentrer dans les rangs Husunu, fais-moi confiance.

Et alors qu'elle pensait qu'il allait la relâcher, il frappa sa tête contre le mur, la sonnant légèrement et la laissant le nez en sang, devant ses camarades.

-Demain à 8h sur le dernier terrain.

Bonam lui donna un mouchoir, un sourire amusé aux lèvres.

-T'en loupe pas une toi !

Et Malorie se tenant le nez, eu une très mauvaise appréhension pour le lendemain. Si elle pensait que sa vie dans la Marine ne pouvait pas être pire, Smoker venait de lui prouver qu'elle avait tort.