Chapitre 14 : Le CP9

L'onde créée par le sabre de la jeune Marine face à l'arme en granit marin du colonel fit décoller les graviers du sol à 2 mètres à la ronde. Smoker donna un coup sur le côté, que Malorie évita en sautant rapidement.

En plein vol, elle abattit sa lame sur le colonel qui para avec son arme d'une seule main, utilisant l'autre pour la frapper au ventre.

A terre, Malorie se dit que bien qu'elle tînt plus la cadence, elle n'était pas prête à lui faire mordre la poussière. Prenant une grande inspiration, elle se leva, faisant à nouveau face à son colonel colérique. Ce dernier restait face à elle sans un mot.

-Tu es vraiment lente.

Malorie se rua sur lui comme pour lui prouver le contraire. Mais quand elle fendit le sabre sur lui, il se déplaça sur la gauche. D'une main il lui attrapa le poignet, la faisant lâcher son sabre. De l'autre, il l'attrapa à la nuque, baissant le torse de la jeune fille en avant. Et pour finir, un splendide coup de genoux percuta le front de la jeune fille.

Aokiji s'était absenté depuis maintenant 2 semaines. Malorie ne comptait plus le nombre de fois où elle s'était retrouvée au sol, où elle avait pris des coups de poings, de pieds, d'armes avec le colonel.

Et alors que, comme à son habitude, Smoker partait sans rien dire, terminant l'entraînement, Malorie se demanda si le départ de son mentor n'équivalait pas à une forme d'exécution. Car si elle trouvait la vie dure au camp, depuis le départ de l'Amiral, Smoker ou les autres soldats l'avait rendue encore pire.

-Tu te débrouilles de mieux en mieux.

-Tu parles. Je ne sens plus mon corps à force de me retrouver au tapis.

Grount était apparu derrière elle alors qu'elle buvait de l'eau et prenait son souffle. Ce dernier, avec Zappa et Bonam, s'entraînait toujours avec Momonga. Depuis que Smoker était en charge de la surveiller, elle remarqua que le fait de voir beaucoup moins ses camarades lui pesait légèrement.

Elle prit un petit sac, contenant des affaires de rechange et parti en direction du réfectoire. En chemin, tandis que le Marine et elle longeaient les terrains, deux soldats plus âgés les croisèrent. Celui qui passa à côté de Malorie lui donna un coup d'épaule et lui fit un croche-patte.

Epuisée de son entraînement matinal, Malorie se rattrapa in extremis.

-Vous n'en avez pas marre ?! Barrez-vous ! hurla Grount.

-Laisses tomber Grount.

-Je ne supporte plus de voir autant de Marine te manquer de respect.

-Le prix a payé pour avoir tué 3 marines.

-3 Marines qu'Akainu a envoyé contre toi malgré qu'il ait vu que tu te battais aux côtés d'Aokiji.

Un point pour lui. Mais cela ne changeait pas grand-chose à la situation.

Depuis le départ d'Aokiji, les soldats lui faisaient vivre un enfer. Certains la bousculaient, la frappaient ou disaient des remarques désobligeantes sur son passage. Malorie ne répondait pas pour la simple et unique raison que Smoker était toujours sur son dos.

Elle avait, la semaine précédente, collé son poing dans la tempe d'un Marine qui l'avait bousculé exprès. Smoker était intervenu et Malorie avait passé la soirée à faire des tours de terrain.

Comme à présent. Elle vit du coin de l'œil le colonel observait la scène. En silence. Toujours en silence. Il voyait mais ne faisait rien. N'intervenait pas. Comme pour lui faire payer.

Malorie détestait Smoker.

Continuant son chemin aux côtés de son ami, elle stoppa sa marche lorsque Grount observait au loin un terrain d'entraînement.

-Elle s'entraîne encore seule, observa-t-il.

Sur le terrain, la jeune fille de 12 ans que Malorie avait déjà aperçue s'entraînait. Elle s'entraînait tous les jours, au même terrain, toujours seule.

-Qui est cette gamine ?

-Hirishea. Elle est sous la responsabilité de Kizaru. Ce n'est pas son disciple mais … Enfin tu vois je suis sous le commandement d'Aokiji sans être son disciple.

Malorie hocha la tête. Elle commençait tout juste à comprendre le fonctionnement de la base. Il y avait des instructeurs, des responsables, des mentors.

L'instructeur de Malorie était Smoker, son responsable et mentor était Kuzan. Grount avait pour instructeur Momonga et comme responsable Aokiji. N'étant pas un disciple, il ne possédait pas de mentor à proprement parler. Il apprenait en même temps que tous les autres élèves. Robb Lucci lui, avait comme instructeur, responsable et mentor Akainu. Uniquement Akainu. Malorie les avaient vu s'entraîner un soir et elle s'était d'ailleurs promis de fuir Lucci comme la peste après ça.

-Elle a perdu ses parents dans un naufrage. Kizaru l'a trouvé et voulait l'envoyer dans un orphelinat. Mais la gamine voulait devenir plus forte. Pour lui faire plaisir Kizaru l'a recruté. Mais elle est trop jeune, trop naïve, trop …

-Faible.

Malorie avait dit cela en regardant la petite s'entraîner. Elle venait d'essayer de donner un coup de poing au mannequin mais tomba toute seule, par manque d'équilibre.

-Peut-on lui en vouloir ? C'est une enfant. Personne ne veut vraiment prendre le temps de la former. Elle est encore trop jeune.

Malorie pensa qu'à l'âge de la jeune fille, elle avait déjà réalisé son premier meurtre. Grount continuait d'observer la jeune fille aux cheveux noirs alors que Malorie s'approcha d'elle en soupirant.

-Tu n'arriveras jamais à frapper personne si tu te tiens ainsi.

La jeune fille sembla surprise que quelqu'un s'adresse à elle. Malorie prit place à ses côtés, plaçant ses appuis pour attaquer. Elle prit une impulsion de la jambe gauche et avec une grâce peu commune, frappa nettement mais franchement le mannequin dont la tête vola sous l'effet du coup de pied de la jambe droite.

La jeune Marine observa Malorie avec des étoiles pleins les yeux, ce qui étonna la brune.

-Tu es trop forte ! s'exclama-t-elle.

Grount sourit et Malorie se sentit gênée. Elle positionna ensuite le corps de la jeune fille de sorte qu'elle donne un coup de poing au mannequin. La petite l'effectua, son visage affichant une grande concentration, ce qui eut pour effet de faire voler quelques brins de paille de l'homme factice.

-Si tu travailles ta position, tu auras plus de chance de toucher ton adversaire.

-Merci beaucoup madame !

Malorie s'étonna. Tout d'abord par l'appellation de « madame » mais aussi par le fait que la petite fille l'ait remercié.

-Comment tu t'appelles ?

Les yeux marrons de la fille pétillèrent à cette question.

-Malorie.

-Enchantée ! Moi c'est Hirishea mais tu peux m'appeler Hiri !

Malorie ne sut quoi répondre. Grount s'avança donc et prit la parole.

-Bonjour Hiri, moi c'est Grount. Dis, tu es souvent seule ?

Une ombre passa sur les yeux de la jeune fille. Malorie eut un pincement au cœur. Puis s'étonna. Avait-elle vraiment ressenti de la tristesse pour cette petite ?

-Que dirais-tu de manger avec nous ce midi ?

Le visage de la petite Marine s'illumina et elle les accompagna sur le chemin du réfectoire. Mais apparemment, la journée ne s'annonçait pas calme.

Sur l'un des terrain, Bonam, accompagné de Zappa, faisait face à Blueno, un homme traînant souvent avec Lucci, Kalifa et Kaku. En s'approchant, Malorie ressentit une forte tension entre Blueno et son ami.

-Qui es-tu pour me parler ainsi ? demanda le Marine aux cornes de taureaux.

-Nous étions là avant. Il faut que vous arrêtiez toi et les autres. Vous croyez que tout vous est permis. Vous pensez que tout vous est dû. On commence à en avoir pas mal ras le bol.

-Quel crétin, s'énerva Grount.

Malorie observa Grount qui commençait à enlever sa veste, comme prêt à intervenir. Malorie observa la scène et vit que Kalifa et Kaku fulminaient également.

Si Malorie avait bien comprit une chose, c'était qu'il ne valait mieux pas s'en prendre à ses Marines.

-Surveilles Hirishea, dit froidement Malorie.

Blueno s'approchait dangereusement de Bonam, le visage grave alors que Malorie rejoignait Zappa, en retrait de la dispute.

-Résonne Bonam Malorie, ça va mal finir.

-Bonam arrête, trancha Malorie.

Le ton froid et sans appel de Malorie fit hésiter son ami, qui pourtant, continua de les provoquer.

-Non ! J'en ai marre d'avoir peur ! De devoir m'écraser devant ceux-là ! Vous n'êtes pas les rois du monde. Nous ne sommes pas obligés de nous pousser dès que vous passez quelque part !

-Tu ferais mieux d'écouter le monstre et de nous présenter tes excuses Bonam, menaça Kalifa.

-Ne l'appelles pas comme ça, cria Bonam. Elle au moins, elle est faucheuse.

Et tout dérailla.

Blueno frappa si fort Bonam au visage que ce dernier tomba à terre. Il se releva, frappant le colosse ennemi mais ne le fit pas bouger d'un pouce, se brisant quelques phalanges.

Bonam, Zappa et Grount n'était pas les amis de Malorie. Du moins ne les considérait pas comme tels. Alors pourquoi ? Pourquoi voir Bonam se faire frapper la mit dans une rage sans nom ? Pourquoi de l'adrénaline venait de se déverser dans tout son corps, lui hurlant de se battre ?

Pourquoi d'un seul coup, avait-elle envie de tuer ?

Blueno allait percuter le ventre de Bonam avec son poing. A l'instant de l'impact, le pied de Malorie frappa le titan, l'envoyant au tapis comme s'il n'avait été qu'une vulgaire poupée de chiffon. Malorie incisa, se positionnant au-dessus de l'homme.

Elle ne se contrôlait plus.

Elle frappa plusieurs fois Blueno au visage, laissant un filet de sang lui couler au front. Malorie se prépara à le frapper encore mais sauta vivement en arrière, évitant de justesse le coup de pied de Kalifa qui venait d'entrer dans l'arène.

Elles se toisèrent avant de se jeter l'une sur l'autre. A l'instant où Malorie allait abaisser son poing, le pied de Kaku incisant devant elle lui percuta le plexus solaire. Elle fut projetée quelques mètres en arrière, se prenant le coup de plein fouet, lui coupant la respiration.

Au-dessus d'elle, Kaku apparu rapidement, en plein vol il dégaina son poing et fusa sur elle. Mais il ne l'atteignit pas. Grount venait de parer son attaque en brandissant lui aussi son poing.

-Ne touchez pas à mes amis !

Poing contre poing, la déflagration fut importante. Malorie se releva en un saut. Accompagnée de Bonam, il se jetèrent sans réfléchir sur Kalifa et Blueno.

Kalifa donna un coup de pied dans l'air en décrétant « coup de vent ». Malorie fut choquée de voir le coup fendre l'air, le rendant coupant comme un rasoir. Elle sauta instantanément en l'air, manquant de peu de le recevoir.

Mais Bonam ne fut pas aussi rapide. Le coup lui entailla le bas du ventre. A terre, il saignait abondamment. Malorie observa choquée la scène. Reprenant contact avec le sol, voir Bonam ainsi lui contracta le cœur. Pleine de haine, elle leva les yeux vers Kalifa.

-Je vais te tuer.

Elle avait déclaré cela sans émotions dans la voix. Malorie n'avait jamais eu de pitié. Elle plongea son regard dans celui de la blonde. A la vue de ce regard, Kalifa eut un mouvement de recul.

Elle incisa si rapidement devant Kalifa qu'elle ne put parer son coup de poing dans le ventre. Kalifa fut projeter. En l'air, Malorie incisa devant elle, assénant un coup de poing. Elle se le prit en plein ventre, créant un léger cratère dans le sol.

Blueno apparu au-dessus d'elle et essaya de l'atteindre. Malorie l'esquiva sans problème.

-T'es qui toi ? demanda Blueno méprisant.

Malorie sourit et se rua à toute vitesse sur le colosse. Elle dégaina un poing emplit de haine et frappa. Mais l'homme était devenu aussi dur que du métal. Malorie sentit ses phalanges craquer sous l'impact. Elle venait de se briser la main.

Un bruit sourd se fit entendre. Elle tourna la tête. Elle vit avec horreur Grount au sol, la tête en sang.

Incisant rapidement, Kaku et Kalifa rejoignirent Blueno. Malorie, seule, leur faisait face. La haine au poing, elle se rua en furie sur les trois. Les trois firent de même, un regard fou dans les yeux.

Mais elle n'en percuta aucuns.

Ce qu'elle percuta de plein fouet en revanche, fut le colonel Smoker qui venait de se matérialiser devant elle. Derrière ce dernier, elle aperçut le Vice-Amiral Momonga et un vieil homme stopper les trois autres Marines.

-Stop ! lui ordonna Smoker dans les yeux, le visage déformé par la colère.

Mais quand Malorie posa son regard sur lui, il sembla étonné. Malorie esquiva le bras de Smoker en passant dessous et continua sa route vers les 3 Marines. Smoker la rattrapa instantanément pas les cheveux et fut plaquée au sol, le colonel au-dessus d'elle.

Il la tenait par les épaules, le visage coléreux mais avec une once d'étonnement dans les yeux.

-J'ai dit STOP !

Smoker avait légèrement élevé la voix. Malorie se sentit revenir à la réalité. Elle regarda le colonel dans les yeux qui ne vacillait pas.

-Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez vous ?! cria Momonga.

Malorie voulu se lever mais le poids de Smoker était encore présent.

-Ces gamins nous ont manqué de respect, sourit Kalifa.

-Foutaises ! gronda le vieux. Emmenez tout de suite ces deux garçons à l'infirmerie !

Les autres soldats présents prirent Bonam et Grount et les emmenèrent.

-Vous battre ainsi ! Aussi violemment ! Entre vous et au sein du camp !

-On aurait pu faire pire Vice-Amiral vous savez. Ils sont faibles, nous y sommes allés doucement.

Passant outre le manque de respect, le vieillard s'énerva.

-Doucement ?! Vous avez failli en tuer un !

-Vice-Amiral Garp … commença Kalifa.

-Barrez-vous ou je vous jure que je m'occupe personnellement de vous !

L'air suffisant des 3 Marines disparu instantanément de leur visage.

-Akainu sera prévenu, comptez-sur moi.

Momonga avait prononcé ces mots avec une colère sourde. Les 3 Marines firent profils bas, ne se faisant pas prier pour déguerpir.

Alors que Smoker lâchait Malorie qui se releva doucement, elle vit au loin Lucci, adossé contre un poteau et observant la scène, un sourire aux lèvres.

Malorie se releva, la main douloureuse. L'ombre imposante du Vice-Amiral Garp lui cacha le soleil.

-Vous êtes suicidaire, vos amis et toi ?!

Malorie baissa les yeux et Smoker la traîna violemment par le col de son tee-shirt.

-Tu cherches vraiment à mourir !

Il la ramena (la traîna) de force jusqu'à l'habitation où elle vivait avec l'Amiral Aokiji. Smoker la jeta sur une chaise et partit dans une autre pièce.

Il revint avec dans bandages, de la glace ainsi que des compresses.

-Je peux savoir ce qu'il vous a pris à tes amis et toi ?!

-Ils sont fort, avoua Malorie grimaçant de douleur lorsque Smoker lui prit la main.

-Ta main est brisée.

Il lui mit de la glace dessus. Le visage grave, il observait Malorie.

-Vous avez de la chance que nous soyons arrivés à temps !

-Nous n'avions pas besoin de vous !

Un coup de poing sur le crâne de la jeune fille suffit à la faire taire.

-Ces gars font partie du CP9 !

-Le CP9 ?

-Ce sont des meurtriers. Ces Marines-là sont spéciaux. Kalifa, Kaku, Blueno et Lucci sont entraînés à tuer. Ils représentent une faction sombre de la Marine. Il faut être vraiment idiot ou inconscient pour s'y attaquer au vu de votre niveau !

-Je suis aussi une meurtrière.

Un silence glacial s'installa entre le colonel et la jeune fille.

-Je le sais.

Il se contenta de dire ses mots et continua de la soigner sans un mot. Il lui banda le bras et désinfecta sa plaie à la tête.

-Je les aurais tous battu sans mon bracelet en granit marin.

Le colonel soupira, ne prenant pas la peine de répondre.

-Du repos pendant 3 jours. Ta main doit se remettre.

-Colonel ?

Smoker se retourna, interloqué par le ton de la jeune fille. Elle regardait droit devant elle, le visage tendu. Jamais Smoker ne l'avait vu ainsi. Elle serra les poings.

-Suis-je le même monstre qu'eux ?

Smoker eu un léger pincement au cœur, comprenant soudainement ce que Kuzan avait vu en elle.

-Seul le temps me permettra de te répondre.

Et il partit.