Chapitre 18 : Ascenseur émotionnel
Tout d'abord, elle ressentit l'air. Passant dans ses narines, calmement, délicatement. Cet air, frais, pur, s'installant comme une bénédiction dans ses poumons, lui fit prendre conscience de la réalité.
Son système cérébral se remit en route, tournant à plein régime : la plaine, les Marines, Tashigi, l'ombre sur la falaise.
Instantanément, elle ouvrit les yeux. La blancheur de la pièce l'éblouit quelques instants comme si elle avait observé sans détourner le regard, un flash lumineux.
Malorie désira se lever mais avant même d'essayer, elle vit (sentit plutôt), une aiguille dans son bras gauche. A cette perfusion s'ajoutait des bandages au bras, autour de la taille et à la cheville.
Combien de temps suis-je restée inconsciente ?
Où suis-je ?
-Merci.
Malorie tourna vivement la tête, ce qui lui infligea un léger tournis. La fumée des cigares se répandait dans la pièce, installant une odeur amère. Smoker, adossé à un mur, fixait la jeune fille de son air habituellement grave. Mais une chose dans son regard avait changé.
-On a réussi ?
-Et plus que ça même.
La brune posa à nouveau sa tête sur l'oreiller, avec un soupir de soulagement.
-Comment vas Tashigi ?
Cette question était sincère. Cette femme l'avait défendue et pour la première fois de sa vie, le sort d'une personne importait à l'assassin.
-Elle s'est remise. Plus vite que toi en tout cas. Tu as passé le trajet du retour à te reposer et cela fait une journée que tu es présente sur la base.
Un sourire timide et fier se dessina sur le visage de la soldate. Ils y étaient arrivés. Ils avaient vaincu les pirates. Tashigi et elle avaient réussi la mission.
-Je te remercie d'avoir sauvé les Marines. D'avoir sauvé Tashigi.
Malorie se redressa et fixa le colonel qui se ferma un peu plus. Un large sourire s'étira sur les lèvres de la brune.
-Ça vous coûte de me dire ça hein ? dit-elle en riant. J'adore ! Pouvez-vous répéter ?
Smoker se redressa et son visage changea. Malorie se glissa un peu plus sous les couvertures.
-Je plaisante colonel ! se rattrapa-t-elle.
Smoker soupira puis reprit contenance.
-Tu as bien agis en élevant ton bracelet. J'avais ordonné à Tashigi de ne le faire qu'en cas d'extrême urgence.
-Pourquoi ?
-Parce que je restais persuadé que tu filerais dès l'instant où on te l'ôterait. Je pensais que tu laisserais tout le monde en plan.
L'idée lui avait en effet traverser l'esprit en début de mission.
-Tashigi s'est battue pour me sauver. Les autres Marines aussi. Je ne pouvais pas les abandonner à leur sort.
-Tu commences à comprendre comment cela marche ici. C'est ce que Kuzan voulait que tu apprennes. Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin.
-Malgré vos airs de coincés et rustres, vous êtes plein de sagesse.
Elle se foutait carrément de lui. Mais elle préférait rire que rester sérieuse face aux compliments de son supérieur. Smoker attrapa un vase où se trouvait des fleurs et le lança avec tout le naturel du monde dans le visage de la jeune fille qui esquiva, le vase se brisant contre le mur.
Malorie rit, d'un rire franc et authentique. Smoker esquiva un sourire minime, microscopique mais la brune le vit et fut satisfaite.
-J'avais tort. Tu es restée. Peut-être as-tu ta place ici.
-Si les autres soldats m'acceptent.
-Ne t'en fais pas pour ça va, dit-il mystérieux.
Smoker prit congé et avant d'ouvrir la porte, Malorie l'interpella avec un grand sourire.
-Colonel ?
-Qu'est-ce que tu veux encore ?
-Pouvez-vous me redire que vous avez eu tort ?
Le colonel lança un cintre se trouvant sur la porte. Cette fois-ci, il ne la rata pas.
Malorie se frotta la tête mais fut vite prise de court lorsque le colonel ouvrit la porte. Bonam, Grount, Zappa et Hirishea venaient de se ruer à l'intérieur, bousculant presque le gradé, tous souriant.
Hirishea sauta sans gêne sur le lit de la brune, la prenant dans ses bras ce qui étonna Malorie dans un premier temps. Les 3 garçons restèrent en arrière, un visage triomphant au visage.
-Alors maintenant c'est toi qui te trouves à l'infirmerie ? Tu n'as aucune personnalité.
Bonam explosa de rire tandis que Malorie souriait à sa remarque. Grount s'avança un peu plus, s'accoudant à la table de chevet.
-Tout le monde ne parle que de toi ces derniers jours. Tu trouves toujours le moyen de te faire remarquer.
-C'est vrai ?
-Oh oui, continua Zappa. C'est le sujet du moment. La faucheuse d'Aokiji qui a battu un pirate à 30 millions de Berry et qui a sauvé le groupe de Marine.
-Il n'arrête pas de se venter que c'est ton ami et qu'il n'a jamais douté de toi juste pour avoir des filles, soupira Grount.
Malorie sourit alors qu'Hirishea la prit à nouveau dans ses bras, surexcitée.
-Malo ! Malo ! Pendant que tu étais absente, le Vice-Amiral Garp m'a dit qu'il allait m'entraîner à présent ! Tu te rends compte ? Je vais me faire entraîner par un Vice-Amiral de la Marine !
-Par une légende qui plus est, sourit Bonam en ébouriffant les cheveux de la petite.
-C'est génial, s'exclama Malorie. Tu vas pouvoir évoluer vite et devenir une Marine digne de ce nom !
-Je pourrais devenir aussi forte que toi et peut-être même te surpasser ! Merci, merci, merci ! Tout ça c'est grâce à ton entraînement !
Que la petite lui fasse comprendre à demi-mot qu'elle voulait lui ressembler la terrifia, mais Bonam la coupa dans sa réflexion.
-Laisses-la respirer Hiri, elle a besoin de repos.
-Ce n'est pas parce que tu n'arrivais pas à te remettre de ton combat que je suis aussi faible que toi, railla Malorie.
-Ça y est ! Un pirate arrêté et un groupe de Marine sauvé et madame prend la grosse tête !
-Tu es jaloux car tu sais que tu n'y serais pas arrivé.
-Continues à me chercher et c'est à la morgue que l'on ira te rendre visite, dit-il faussement vexé.
Le petit groupe explosa de rire et Malorie se rendit compte que ses camarades lui avaient manqué. Elle ressentait de la gratitude envers eux pour être venus prendre de ses nouvelles.
-Tu as quand même sauvé Tashigi, commenta Grount. Ce n'est pas rien, Smoker t'en dois une.
-Je ne sais pas qui a sauvé qui pour être franche.
-Tout le monde dit que ça a été une attaque éclair ! s'exclama Zappa.
-Ouai on a quand même tous failli y passer. Mais le résultat est là.
-Et tu vas voir qu'il va t'étonner ! sourit Grount.
Après quelques minutes, Malorie se leva non sans mal et s'habilla en tenue d'officier. Elle prit la route du réfectoire avec ses compagnons.
A l'instant où Grount poussa la porte, le silence s'abattit dans le réfectoire. Voir environ 300 personnes se taire et la fixer comme si elle venait d'arrêter Barbe-Blanche à elle seule, Malorie se sentit fortement gênée.
Puis, un Marine se leva. Et un second. Et un troisième. Au total, presque une quarantaine de Marine se trouvaient debout, lui offrirent un salut cérémonial avant de se mettre à l'applaudir.
A l'endroit où se trouvait les gardés, elle put apercevoir Smoker lui faisant un signe de tête, le Vice-Amiral Garp joindre ses applaudissements aux autres en riant de bon cœur. Le Vice-Amiral Momonga et la capitaine Hina lui offrirent un sourire.
Tout d'abord gênée, Malorie sentit une boule se former dans sa gorge. Parce que pour avoir sauvé quelques personnes (et avec l'aide de tous) elle se sentait acceptée quelque part pour la première fois de sa vie.
Debout, recevant les applaudissement, Malorie trouvait qu'ils avaient un arrière-goût amer. Parce qu'il n'était pas là. Parce qu'elle ne savait pas où il était. La faucheuse de l'Amiral Aokiji n'avait pas son mentor pour la féliciter et elle voulait, sans savoir pourquoi, qu'il voit à quel point il avait eu raison de croire en elle.
Car face à cette gentillesse et ce respect, elle imagina soudainement sa vie parmi ses gens. Cette institution bien qu'imparfaite venait de l'accepter et elle la changerait, la rendant meilleure. En cet instant, elle venait de se promettre de changer la Marine, de la rendre plus forte. Parce que s'être battue pour sauver et non tuer, lui avait fait un bien fou.
Plusieurs Marines se présentèrent à elle, la remerciant, soit de les avoir sauvés, soit d'avoir sauvé leur ami. Puis Tashigi se présenta devant elle. Un large sourire timide (dût à la présence de Smoker dans la pièce), elle avait retrouvé son caractère timide, loin de la femme indépendante présente lors de la mission.
-Je tenais à te remercier. De nous avoir tous sauvé. Ce que tu as fait à seulement 17 ans, certains Marines en sont incapables.
Tashigi possédait autant, si ce n'est plus de bandages que la brune. Elle commença un salut mais Malorie se trouvait déjà tête baissée, en une révérence peu commune mais fortement pratiqué dans son clan d'assassin, en signe de respect.
-Tu ne me dois rien, continua la brune, le visage observant le sol. Tu as mené cette mission à la perfection et ce sont tes choix qui ont fait en sorte que nous rentrions ensemble. Vous m'avez montré ce que signifiait être une Marine. Et pour cela, je vous suis à tous redevable.
Les applaudissements continuèrent avec encore plus de ferveur, les mains tapant contre les tables, les pieds contre le sol, pour amplifier le brouhaha.
Se redressant, encouragée par ses 4 camarades, Malorie observait la pièce. Elle vit dans un coin le CP9 la regarder avec méfiance. Mais elle aperçut aussi et surtout l'Amiral de Lave, la fusillant du regard.
Si part cet acte elle avait pu le mettre en colère, alors cette mission dépassait toutes ses espérances.
Prise d'un sentiment de sérénité et d'allégresse. Malorie rentra dans la petite maison en retrait du camp. Le silence et le vide présents lorsqu'elle ouvrit la porte lui pinça le cœur. Elle désirait réellement que l'Amiral soit présent.
Laissant ses idées moroses de côté, la jeune fille s'autorisa à prendre une douche bien chaude. L'eau piquait ses blessures mais parcourait son corps en installant un sentiment de joie, d'accomplissement.
Pour la première fois de sa vie, elle avait envie de vivre réellement, de voir ce que le futur pouvait lui offrir.
Après s'être préparée à manger, elle décida de laisser son esprit dans les bras de morphée en se glissant sous les couettes de sa chambre, au premier étage. Le sentiment d'apaisement qu'elle ressentait lui permit de s'endormir tranquillement.
Mais au milieu de la nuit, Malorie fut réveillée en sursaut. La porte d'entrée venait de voler en éclats. Tout d'abord sur la réserve, Malorie prit ses dagues en granit marin, ne faisant pas le moindre bruit.
Elle pensa tout d'abord à des pirates vengeurs mais impossible sur la base de la Marine. Elle pensa ensuite à des soldats mécontents de la voir se faire accepter. Puis elle stoppa nette sa marche, pensant à la silhouette qu'elle avait aperçue sur l'île.
Le camp l'avait retrouvé, savait où elle se trouvait et avec qui. A elle seule, Malorie n'aurait aucune chance. Mais elle descendit tout de même, révulser à l'idée qu'ils puissent toucher à un soldat de la Marine.
Arrivant en bas de l'escalier, Malorie lâcha ses dagues d'un seul coup. Le cœur se serrant fortement, sa respiration accéléra, ses yeux se dilatèrent d'étonnement et de peur.
Face à elle se trouvait, couvert de sang, l'Amiral Aokiji. Il chancelait, presque à la limite de l'inconscience.
-Amiral !
Malorie avait crié à l'instant où ce dernier s'écroula au sol.
