Le lendemain, Camus et Sibel partent pour un court voyage de deux jours. En revenant, ils ont l'air tous les deux très satisfait. La première chose que fait Sibel est d'emmener Eléa se promener au bord de la plage pour tout lui raconter. Les chevaliers les voient alors parler avec animation le reste de la journée.
Le déménagement de Sibel et Lénaïc se fait sans fanfare, personne n'est prévenu, et de toute façon, comme le fait remarquer Sibel, ce n'est pas avec les trois sacs d'affaires qu'ils emmènent qu'ils auraient besoin d'aide.
Dorian a trouvé un assez grande maison en Bretagne, près de la mer. Pas de voisins immédiats, petit village, lande, calme. La maison comporte deux étages. Au rez-de-chaussée, une grande pièce faisant office de cuisine/salon/salle à manger. Au premier, une chambre d'amis, un bureau, la chambre de Dorian, une salle de bain. Au second, la chambre de Sibel, la chambre de Lénaïc, une deuxième chambre d'amis, une salle de bain.
Ils n'ont aucun mal à s'adapter à leur nouvelle vie, même si Lénaïc demande parfois à sa mère si il pourra voir Celiano bientôt.
Au Sanctuaire, les premiers à s'inquiéter sont Aiola et Ayoros, qui avaient pris l'habitude de passer voir Sibel tous les matins. Au bout de quelques jours sans la voir, ils vont voir directement Camus, qui leur apprend la nouvelle d'une voix neutre. Ils alertent rapidement tout le monde, et tous se mettent à chercher les français. Athéna, attirée par le bruit, arrive et leur demande ce qui se passe. A leur grande surprise, elle ne s'inquiète pas, et leur affirme d'un ton rassurant que la française et son fils ont déménagé pour des raisons personnelles. Elle leur explique qu'ils n'ont pas précisé leur nouveau lieu de résidence, mais que Dorian sait et interviendra immédiatement au moindre problème qu'ils rencontreront.
Après un moment de stupéfaction, les chevaliers font pression sur Camus pour qu'il leur dise où ils sont. Les menaces, supplications, et conversations en tout genre n'amènent aucun résultat, à la grande frustration de leurs émetteurs. S'étant aperçu qu'Eléa y allait régulièrement, c'est après elle que les questions sont posées, mais elle refuse de dévoiler quoique ce soit.
Si les chevaliers sont surpris de ce départ, une personne le vit mal. Aiola a l'impression de trahison envers ce silence, mais en même temps, il est triste de voir sa confiance non réciproque et inquiet de n'avoir aucunes nouvelles. Il a laissé Marine s'arranger avec les préparatifs de son mariage, et passe son temps à s'entraîner et à chercher. Pourtant, il sait qu'il aime Marine depuis longtemps, mais il ne peut imaginer sa vie sans un regard saphir à lueur mélancolique.
Oh et il en a marre ! Il n'arrive pas à se concentrer sur autre chose que Sibel ! En désespoir de cause, il va voir Mu, Milo et Masque de Mort, pour leur proposer quelque chose.
«- Milo, dépêche-toi, on va perdre Camus, si continue comme ça ! s'exclame Mu.»
- Rappelez-moi ce qu'on fait là ? se plaint Masque de Mort.
- On suit Camus pour voir où est Sibel. On retourne au Sanctuaire le dire à Aiola qui voudrait avoir une conversation avec elle. Et si tout se passe bien, tu reverras Lénaïc bientôt, répond patiemment Mu.
- Je ne viens pas pour Lénaïc, bougonne Masque de Mort.
- Mais oui. Et tous ces jeux que tu as inventé ou acheté, c'est pour qui ? le raille Milo.
- Pour le prochain môme qui viendrait naître au Sanctuaire.
- Mais oui, on te croit.
- Encore heureux, si tu ne crois plus la vérité, maintenant !
- Calmez-vous tous les deux, intervient Mu. Camus prend encore un train.
- Et il va où, celui là ?
- Du côté de la Bretagne, je crois.
- Il pouvait pas y aller directement, au lieu de passer par Paris, râle Masque de Mort.
- T'es jamais content, toi.
- Parce que j'ai des raisons d'être content ? Je suis en mission –puérile, la mission, si vous voulez mon avis-, en train de suivre un confrère –qui aurait d'ailleurs pu se téléporter sans problème-, à des milliers de kilomètres de mon temple, sans armure –parce qu'il paraît que ça fait tache dans une foule-, dans une gare surpeuplée, avec des gens qui parlent une langue bizarre, et il pleut. Que demander de plus, vraiment ?
- Milo, dépêche toi !»
Milo, qui regardait l'intérieur d'un magasin de souvenirs, se retourne et vient de mauvaise grâce continuer avec le groupe. Aller chercher Sibel, d'accord, mais ils n'avaient pas prévus que le seul moyen pour le retrouver soit de suivre Camus pour savoir où elle était. Parce que le frère, on croirait pas, mais il est très possessif et protecteur, et il a refusé tout net de dire quoique que ce soit. Eléa aussi reste silencieuse, même face à Mu, avec qui elle s'est mise en couple quatre mois auparavant.
Ils s'installent confortablement dans le train, prêt à y traverser la moitié de la France. Pendant le trajet, tous prennent leurs aises et s'adonnent à diverses occupations. Celiano regarde défiler les paysages, perdu dans ses pensées ; Mu est plongé dans un vieux livre écrit en atlante ; Milo s'intéresse fortement aux françaises qui ont le malheur de se trouver dans le wagon de ce charmeur irrécupérable, mais l'ignorent royalement, avant de décider de faire une sieste.
Arrivés à destination, Ils suivent le plus discrètement possible Camus, qui part à pied à travers les quartiers de la ville. A la périphérie de la ville, ils suivent une nationale. Après deux heures de marche soutenue, soit vingt kilomètres, une pause-repas, quelques coups de soleil et des nuées de mouches plus tard, ils arrivent tous à un village calme, charmant, en bordure de mer. Camus entre dans une maison à l'écart du village, dont un côté donne sur la mer.
Les chevaliers se regardent.
«- Et maintenant, demande Milo, on fait quoi ?»
