Ils arrivent aux portes du Sanctaire. Par télékinésie, Mu transporte l'objet pendant leur trajet. Ils vont jusqu'aux arènes, où ils rejoignent Camus le plus tranquillement du monde, comme si Sibel ne s'était pas exilée pendant des mois et que Mu n'était pas parti rapidement sans prévenir personne. Lénaïc court vers sa mère en hurlant, ce qui attire l'attention de toutes les personnes présentes. Eléa saute de joie et court serrer dans ses bras Sibel, qui porte déjà son fils. Les chevaliers accourent, et ceux qui sont absents arrivent à toute vitesse, alertés par les éclats de joie des cosmos de ceux qui s'entraînaient.

Sibel répond chaleureusement à tous et fend la foule pour essayer d'atteindre la plate-forme où Athéna se tient. Après les salutations d'usage, Sibel demande à Athéna si elle peut utiliser la Grande Salle, pour y tenir une réunion qui se déroulera avec elle et tous les chevaliers d'or et divins qui le souhaiteront.

Tous s'empressent de répondre présent et tous montent vers le plus haut des temples, sous le regard un peu jaloux des autres.

Une fois installés, Sibel, qui est restée levée, prend la parole.

«- Déjà, je m'excuse si je vous ai vexé ou fait peur en déménageant aussi rapidement sans prévenir. Je sais que ce n'est pas si simple. Qu'il ne suffit pas de s'excuser, que ça ne fait pas oublier. Je suis partie en tentant de fuir mon passé, parce que je ne le supportais plus, parce que j'avais perdu une des personnes les plus importantes de ma vie et que je ne supportais plus de voir les interrogations qui se cachaient derrière vos yeux. Je n'étais pas dupe, vous savez. Mais je dois reconnaître que vous ne m'avez jamais posé de questions.

J'ai déménagé pour oublier tout ça, mais certains de vous m'ont retrouvé. Il y en a même qui m'ont vu. Et là la question a été posée : qu'est-ce qui t'es arrivé pour que tu caches ton visage, que tu sois tout le temps triste ? Je dois avouer que je n'ai pas été très patiente, ni même très polie, mais le résultat est là : j'ai refusé de raconter ma vie. Et en réfléchissant, je me suis dit que vous n'alliez pas arrêter de revenir pour savoir, alors je me suis dit qu'en vous disant tout maintenant, vous alliez enfin arrêter de me poursuivre, et en plus, tout le monde saurait, pas besoin d'expliquer trente-six mille fois la même chose.

Je suis allée voir Mu il y a trois jours, et il a gentiment accepté de m'aider. Donc voilà.»

En disant ça, elle enlève le voile qui recouvre l'objet qu'ils ont apporté. Les chevaliers découvrent un miroir aussi haut qu'un homme, assez large, son tain semble vaporeux, comme si des brumes sont retenues à l'intérieur.

Sibel continue ses explications.

«- Mu a forgé ce miroir pour une tâche spécifique : avec l'aide d'un esprit sachant utiliser les pouvoirs psy, le miroir montre les pensées que l'esprit psy lit chez une personne. Comprenez-vous ?

- Tu veux … tu veux que Mu lise dans ton esprit ? Pourquoi faire ?

- Il va lire mes souvenirs. Et vous les verrez sur le miroir. Es-tu prêt, Mu ?

- Attendez ! s'exclame Aiola. Sibel, tu vas pas me dire que Camus est d'accord pour ça ! C'est insensé !

- Je n'ai rien contre. Je la crois assez réaliste pour savoir à quel point ça lui fera mal de tout revoir encore une fois, et assez grande pour prendre cette décision toute seule. Vas-y, plus vite tu commencera, plus vite tu finiras.

- Merci Dorian. Mu ?

- Je suis prêt.

- S'il te plait, quoi que tu vois, ne lâche pas le lien. Même si tu es surpris.

- D'accord.

- Bien. Alors … bienvenus dans mon passé.»

Sibel ferme les yeux, se concentrant sur ses souvenirs. Sur le miroir, des images commencent à se former.