«- Dis, grand-mère, comment tu l'as aimé grand-père ?»
La question vient d'une petite fille de six ans, aux yeux saphirs et aux cheveux noirs bleutés. Une vieille femme aux cheveux noirs bleutés parsemés de fils blancs et aux yeux saphirs lui répond. Elle a deux étranges tatouages sur la joue : un saphir au coin de l'œil et une larme d'argent juste en dessous.
«- Je t'ai déjà raconté quand je suis rentrée au Sanctuaire, n'est ce pas ? Eh bien ton grand-père montait chaque jour pour s'occuper de ton papa, qui était encore petit. Il venait depuis le début, et c'est comme ça qu'on a commencé à parler. On s'est vu plus souvent, on s'est mieux connus. Et la veille du mariage d'Aiola et de Marine, il m'a demandé en mariage. Je ne lui ai pas répondu tout de suite, je lui ai dit que je réfléchirai. C'est oncle Dorian qui l'a annoncé devant tout le monde, même à lui.
- Il le savait pas grand-père, que tu avais dit oui ?
- Non ma chérie, il ne le savait pas. Je ne lui avais pas donné de réponse. Je voulais que ce soit mon frère qui le fasse. Pour montrer à ton grand-père que la famille était d'accord.
- Et tu l'as aimé parce qu'il était beau ou gentil ? Et pourquoi lui et pas un autre ?
- Je savais qu'il s'occuperait bien de ton papa. Il était gentil, même s'il essayait de faire peur aux gens la première fois qu'il les voyait. Et il était là quand j'ai pleuré le papa de ton papa.
- Mais Eléa elle dit que tu l'as pas pleuré.
- Je l'ai pleuré une après-midi. Ton papa faisait la sieste à l'intérieur et ton grand-père était là. J'ai pensé à beaucoup de choses tristes et je me suis mise à pleurer. Il a eu peur sur le moment, et puis il m'a laissé continuer de pleurer pendant longtemps.
- Et vous vous êtes mariés le même jour qu'Eléa, Mu, onc' Dorian et tante Seïka ! annonce fièrement la petite fille.
«- Exactement, sourit la vieille femme. Je crois que le petit Eccelino arrive pour jouer avec toi. Va vite le rejoindre.»
La fille de Lénaïc descend en courant la colline où s'est installé le couple quand Celiano a donné son armure à un autre chevalier. Quinze maisons semblables sont autour, où tous se sont installés pour rester prêts des autres. Seuls Athéna et Seiya sont restés au Sanctuaire, Athéna ne pouvant le quitter trop souvent, bien que le village d'or, comme il est surnommé par le Sanctuaire, ne soit pas loin.
Sibel s'avance sur le bord de la terrasse. Elle voit sa petite fille rejoindre le petit-fils d'Ikki et Miho et tous les deux courir vers le Sanctuaire. Un bras l'enlace, et son mari la serre contre lui. Elle sourit répond à l'étreinte. Elle repense à ce qui s'est passé depuis qu'elle s'est mariée à cet homme qu'elle aime depuis si longtemps. Soixante ans de bonheur, de rire, de colères quelquefois, d'amitié. Cinq beaux enfants : Lénaïc, Axel, Sylphide et les jumeaux Eterio et Enes. Des amis qui ne la quittent pas et qui sont à côté de chez elle. Le voile qu'elle a enlevé définitivement cinquante ans auparavant.
Elle se retourne et embrasse tendrement son mari. Elle pose sa tête contre son torse.
«- Nous avons eu une bonne vie ensemble, mon mari. Crois-tu que nos enfants auront la même ?
- Si tu ne tiens compte que de la période après notre mariage, alors oui, nous avons été chanceux. Et nos enfants construiront la vie qu'ils voudront mener.»
Ils restent là, enlacés, jusqu'à ce qu'Aiola arrive et leur rappelle qu'il est temps de venir chez lui fêter l'anniversaire de ses soixante et un an de mariage avec Marine. Ils sourient et, main dans la main, ils se dirigèrent vers chez Aiola.
