Disclaimer : les personnages ne m'appartiennent pas. Certains personnages ne sont que pure fiction de ma part. Il y a un mélange de personnages s'étant illustrés dans Law & Order Criminal Intent, Law & Order, Law & Order Special Victim Unit et Third Watch.
Résumé : merci de lire « Adieu Brad… Bienvenue Kate » avant de continuer cette fic. J'avais déjà publié cette fic durant 2005-2006 mais, suite à de nouvelles idées développées dans une suite de cette fic, j'ai apporté de nombreuses modifications. J'ai essayé de rester le plus possible dans le réel. J'attends les previews !
Persécutions !
Résidence des Goren - Hoboken
14 février
Début de matinée…
« Bonjour, ma chérie… » susurra Eddie à l'oreille de Kate qui commençait à se réveiller.
« Bonjour… » Katleen répondit à son amant par un baiser et un large sourire. « La journée s'annonce bien on dirait… Pas de pleurs pendant la nuit… Pas de petite sœur qui cri ni de p'tite tête qui vienne nous secouer… Le rêve pour une St Valentin… » dit-elle en posant sa tête sur la poitrine d'Eddie.
« Oui… Sam ferait-il ses nuits ? » s'étonna-t-il en caressant les cheveux courts de Kate. « Ma foi… ça ne serait pas pour me déplaire… On a pu en profiter comme ça… » dit-il en embrassant délicatement puis fougueusement sa partenaire.
« Ah ah ah… » ria Katleen qui s'allongea sur son amant. « Tu sais comme moi combien j'aimerai continuer ce petit jeu… Seulement, je trouve cette maison beaucoup trop silencieuse… » Elle roula sur le côté et se leva. Elle attrapa son peignoir et sortit de sa chambre.
« On pourra toujours se rattraper la nuit prochaine… » ironisa Eddie, un sourire en coin.
« Je t'ai entendu ! » plaisanta Kate avant de revenir en courant dans sa chambre. « Eddie… Les bébés… Ils ne sont pas dans leurs chambres, Sean non plus ! » Kate était totalement affolée.
« Ce n'est pas possible… » fit-il en se levant après avoir enfilé son tee-shirt de la police New-Yorkaise.
« Puisque je te le dis ! Dépêche-toi ! » Kate le pressait pour descendre les escaliers. « Du sang ! » s'écria la jeune femme.
« Mais non… Ce n'est pas du sang… Touches. » Eddie lui indiqua une tâche sombre au bas des escaliers.
« Un pétale de rose ? Qu'est-ce qu'il fait là ? Ce n'est pas la saison… » répondit-elle.
« Joyeuse Saint Valentin ! » s'écria Sean en sortant de sa cachette, Louisa sur les talons.
« Sean ! Tu m'as fais une de ces peurs ! » Katleen hésitait entre la colère et un éclat de rire. Elle opta pour le rire.
« Alors, pas mal la Saint Valentin d'Eddie, pas vrai ? » s'enquit le jeune garçon.
« C'était donc ça les messes basses au souper… Vous complotiez dans mon dos… » les gronda la jeune femme en souriant.
« Bah voui ! Et encore, t'as pas tout vu ! Le petit-déjeuner est prêt. A midi, tu ne fais rien. Et ce soir, je sais seulement que tu vas au resto. Après ça regarde les adultes, Ed a dit ! » Sean embrassa sa sœur et la tira pour aller dans la cuisine.
« Wow ! Sean c'est magnifique ! » Kate s'extasiait devant la table joliment dressée pour quatre. « Je vais quand même faire le service. »
« Non, non… C'est moi qui le fais. Toi, tu ne fais rien aujourd'hui. Ça fait plus d'une semaine qu'on prépare ça pour toi Sean et moi. Comme il te l'a dit, ce soir nous mangeons tous les deux au restaurant. C'est ta soirée, ne l'oublie pas. »
« Merci tous les deux, je vous aime. » Kate les embrassa tendrement.
« Et ma ? » fit une petite voix.
« Mais toi aussi Louisa. Tu as aidé Sean ? » demanda Kate en prenant sa sœur dans ses bras.
« Vi ! Papa ? » fit la petite en regardant la photo de mariage d'Alex et Bobby sur une étagère de la cuisine.
« Ah oui ! J'avais oublié que Sean était trop petit pour attraper la photo… » Kate attrapa le cadre et le tendit à Louisa.
« Non. Je l'ai pris et elle a embrassé la photo comme tous les matins sauf que… » affirma Sean.
« Sauf que quoi ? » s'étonna la jeune femme.
« Ben depuis que je l'ai levé, elle arrête pas de dire « papa » et elle sourit. Elle l'avait jamais fait encore… » examina le jeune garçon.
« Ah ? Bizarre. Tu veux aller voir papa aujourd'hui, Louisa ? » demanda Kate en asseyant sa sœur dans la chaise haute et en tirant vers elle le transat de Sam.
« Papa. Papa. Vroum. Vroum. Papa. Papa. » Louisa regardait les personnes qui l'entouraient et leur montrer la fenêtre.
« On ira voir papa cet après-midi, je te le promets. »
Louisa fit un grand sourire et regarda à nouveau dehors. Elle n'arrêta pas de sourire toute la matinée. Elle riait, suivait Sean partout où il allait. Cela faisait très longtemps qu'on ne l'avait pas vu avec une forme pareille et d'aussi bonne humeur. Du haut de ses 17 mois, elle se débrouillait assez bien. Elle marchait toute seule et essayait de courir. Katleen était satisfaite car sa petite sœur était presque propre. Elle disait quelques mots. Elle savait que lorsqu'Eddie mettait son siège-auto dans sa voiture, elle allait voir sa maman. Quand Katleen tirait le store fleurit de sa chambre, il était l'heure de faire la sieste ou dormir. Seulement cet après-midi là, elle ne voulut absolument pas faire la sieste. Elle hurlait seule dans sa chambre et empêchait Sam de dormir. La journée qui avait bien commencé tournée au cauchemar… Sean n'arrivait pas à se concentrer sur ses puzzles.
Vers 14 heures…
Katleen monta dans la chambre de Louisa pour la lever. C'était peine perdue pour une hypothétique sieste. La jeune femme descendit avec sa sœur dans ses bras et les habits qu'elle lui avait enlevé avant la sieste.
« Alors Louisa ? Pourquoi tu cries comme ça ? » Eddie prit la petite et lui ôta sa gigoteuse.
« Papa. Papa. Vroum. Vroum. Papa. Papa. » répondit Louisa avec un grand sourire.
« Bon. Tu peux emmener Sean et Louisa au centre, mon cœur ? » demanda Katleen en enfilant ses chaussures à Louisa. « Tu les laisses là-bas et tu reviens ici. Sam doit dormir un peu plus. Ça ne t'ennuie pas de rester seul avec papa et garder Louisa avec toi, Sean ? » Katleen leva Louisa et prit son petit manteau rouge avec un lapin sur le dos.
« Pas de prob' ! De toute façon, je commençais à m'ennuyer. » Sean enfila sa veste et son bonnet. Eddie l'avait emmené chez le coiffeur dans la semaine car ses cheveux blonds étaient trop longs.
« Alors, on y va. Prends le doudou et la poupée au cas où, Sean. » Eddie attendait les enfants à la porte d'entrée. « Tu viens Louisa ? »
« Papa ? Vi ? » Louisa donna sa petite main à celle de son grand frère.
Eddie accompagna les enfants dans la chambre de Bobby. Rien n'avait bougé depuis la semaine passée. Il venait avec les enfants et Kate tous les samedis. Il alla voir l'infirmière présente pour demander comment aller Goren et consulter le planning des visites. Toujours les mêmes noms… Les Goren étaient connus dans le centre. Chacun priait pour que Bobby se réveille un jour. Le personnel épaulait Kate autant que possible. Il n'y avait que là-bas qu'elle se permettait de pleurer. Cela faisait 13 mois et 4 jours que c'était arrivé. Elle restait des heures assise près de Bobby à lui parler, à guetter le moindre geste, à prier en lui tenant la main.
La veille, elle avait cru voir ses yeux frémir mais rien. Toujours rien. Elle avait reçu les visites au centre d'un psy qui travaille en collaboration avec Jack. Il la faisait parler comme il l'avait fait avec Alexandra. Il continuait d'aller la voir à Beacon Hill car elle avait dû mal à tenir le coup dans cette prison au sud de Manhattan. Elle avait envoyé des détenus dans cette prison idem pour Bobby. Elle craignait pour sa vie. McCoy avait demandé à ce qu'on la change d'aile mais ses demandes étaient restées sans réponse.
« Bonjour Eddie ! » appela une infirmière noire aux lunettes vissées sur le nez.
« Bonjour Maureen ! Comment allez-vous ? » Ed présenta sa main à l'infirmière.
« Très bien ! Notre beau prince se prend toujours pour la belle au bois dormant mais il semblerait qu'il nous donne à tous des hallucinations… » Maureen accompagna Ed jusqu'à la chambre de Bobby.
« Comment ça ? » Green posa sa main sous son menton.
« Hier, Katleen est venue nous dire qu'elle avait eu l'impression de le voir bouger. Le temps qu'on arrive, plus rien. Rebelote pendant la nuit et dans la matinée. Son électro ne montre rien comme d'habitude. Et chez vous ? » Maureen inspecta les cathéters et le monitoring.
« Rien de nouveau. Je suis venu laisser Sean et Louisa. Je vais retourner à la maison pour prendre Kate et Samuel. On devait venir tous les cinq mais la petite a refusé de faire sa sieste, elle empêchait le bébé de dormir alors nous voilà ! » Eddie caressa les cheveux bouclés de la petite qui fixait son papa du regard.
« Faut dire qu'elle a un sacré caractère pour son âge ! En plus, elle est drôlement éveillée ! »
« Oh oui ! Elle aura 18 mois le mois prochain et elle parle drôlement bien pour une enfant de son âge ! » Eddie regarda sa montre. « Bon Sean, j'y retourne. A toute à l'heure et surveille bien Louisa. »
« Pas de prob ! » Sean leva la tête de son puzzle pour saluer Green.
« Bye Di ! » fit Louisa en faisant un signe de la main.
Green sourit à la petite et quitta le centre. Pendant que Sean tournait les pièces de son jeu dans tous les sens, Louisa restait assise au pied du lit à regarder Bobby. Sean jetait de temps en temps un coup d'œil sur sa sœur, pour s'assurer qu'elle était toujours au milieu et au fond du lit. Lorsqu'il se leva pour s'étirer, il ne vit plus sa sœur. Il se pencha sous le lit : pas de Louisa. En se relevant, il remarqua que la petite avait rampé jusqu'à la taille de son père.
« Papa. Papa… » Louisa continuait de prononcer le même mot mais un peu plus fort à chaque fois.
« Shut, Louisa… Maureen va débarquer et tu seras obligée de sortir. » l'avertit le jeune garçon.
« Non. Zaza bisou Papa. » dit-elle en se tournant et en laissant entrevoir à Sean l'improbable.
Sean était assit sur une chaise de la salle d'attente du hall. Louisa était à ses pieds. Elle pleurait et se débattait dès que Sean essayait de la prendre sur lui. Il pleuvait averse dehors. Il vit arriver Katleen, Eddie et le bébé sous un grand coupe-vent noir.
« Sean ! Que se passe-t-il ! Pourquoi Louisa pleure ? » Katleen s'était précipitée vers son frère.
« C'est papa… Il… » Sean n'eut pas le temps de finir sa phrase.
« Non… Il ne peut pas… Il allait bien aux dires des infirmières… Il ne peut pas être… Mort… » finit-elle par lâcher dans un souffle en s'asseyant à côté de Sean.
« Non. Kate… Papa a ouvert les yeux… Les médecins sont avec lui. C'est pour ça que la petite pleure. Il a fallu que Maureen lui desserre les doigts qu'elle avait accrochés à papa. » Sean en avait les larmes aux yeux.
« C'est pas vrai ! Tu entends Eddie ! Sam, ton papa s'est réveillé ! Youpi ! » Kate s'était levé et avait porté le bébé au dessus de sa tête.
« Papa ! Mon papa ! » réclama Louisa en pleurant.
« Tu vas le revoir ton papa, ma chérie. Les docteurs s'occupent de lui et après tu pourras lui faire un bisou, promis ! » Kate embrassa la petite et la reposa par terre. Elle se blottit contre Ed.
« Katleen ? » demanda un homme en blouse blanche. « Vous pouvez venir, s'il vous plait ? »
« Oui, bien sûr. » Katleen relâcha son étreinte et rejoignit le médecin.
« Votre frère vous a dit à bonne nouvelle ? »
« Oui. Je peux le voir ? »
« En fait, Maureen m'a dit qu'elle vous avait vu arriver. On a besoin de vous. Il est très agité. C'est probablement dû à ce brutal réveil. D'habitude, les comateux ouvrent les yeux de temps à autre plusieurs jours d'affilés. Votre père s'est l'inverse. Il a les yeux grands ouverts depuis près d'une heure et il regarde autour de lui. Je souhaiterai lui enlever le respirateur seulement il semble perdu. Je pense que votre présence pourrait l'apaiser et nous permettre de lui enlever le tuyau de sa gorge. »
« D'accord. » Kate suivit le médecin dans la chambre de Bobby. Elle s'approcha de lui doucement et se posta à la hauteur de sa tête pour qu'il la voie. « Papa… C'est Katleen… Tout va bien… Le docteur Collins va t'enlever le tuyau qui est dans ta gorge. Je suis là, tu vois. Je te tiens la main, serre-la si tu as mal. » Kate pleurait de joie.
« Très bien Robert. Vous allez prendre une grande aspiration… Voilà comme ça… » fit Collins en tirant d'un coup sec le tuyau qui laissa passer un grand râle de la part de Bobby. « Maintenant vous allez déglutir tout doucement… Katleen, vous pouvez nous laisser. Je vais l'ausculter. » demanda-t-il
Bobby lança un regard désespéré à Kate et lui attrapa la main pour l'empêcher de partir. Le médecin concéda à Kate le droit de rester auprès de son père. Elle passa sa main fraiche sur son visage creusé par une année de coma. Elle lui murmura des mots rassurants à l'oreille. Il était toujours autant effrayé. Maureen redressa légèrement le lit pour qu'il puisse avaler une gorgée d'eau.
L'équipe médicale quitta la chambre ¾ d'heure plus tard. Eddie rentra avec les enfants. Bobby tourna la tête dans leur direction et dans celle de Katleen. Il semblait perdu. Sean prit la place de Kate et étreignit son père en pleurant. Bobby passa son bras libre sur le dos de son fils et lui caressa la tête. Kate prit Louisa dans les bras. Goren bougea la tête au contact du bisou de sa petite fille. Kate avait l'impression que quelque chose n'allait pas chez Bobby. Elle mit cela sur le compte de la fatigue. Elle l'embrassa à nouveau et lui promit de revenir plus tard dans la soirée et de rester avec lui pendant la nuit. La Saint Valentin était donc annulée.
Eddie joignit Jack, qui s'était proposé de garder les enfants durant la soirée, pour lui demander de venir plus tôt à Hoboken. Il ne donna pas plus d'explications au procureur. Il ne savait pas que sa soirée de baby-sitting était annulée lorsqu'il arriva à Hoboken. Il sonna à la porte et fut accueilli par Ed et sa filleule, Louisa. Alex et Bobby lui avaient demandé d'être le parrain de leur fille adoptive lorsqu'ils avaient lancé la procédure d'adoption. McCoy était enchanté et avait accepté cette mission immédiatement.
« Ack ! » s'écria Louisa en voyant son parrain, les bras chargés de cadeaux. « C'est Ack ! Titi ! » Louisa quitta son parrain pour courir vers sa sœur.
« Oui, c'est parrain ! Tu es contente ? » Kate faisait faire son rot à Samuel en venant saluer Jack. « Louisa est ravie mais je me demande si c'est pour ta présence ou les cadeaux… » Kate l'embrassa comme on embrasse ces amis et les membres de sa famille.
« Probablement pour les cadeaux ! » railla-t-il. « Alors petit Sam, comment vas-tu depuis la dernière fois ? » McCoy se pencha pour regarder le bébé dans les yeux. « Décidément, tu ressembles à ton papa et à ta maman… »
« Papa ? » Louisa tira la jupe de Kate. « Papa. Vroom. Vroom. »
« Tiens un nouveau mot ? Elle m'épate de plus en plus… » Il observait sa filleule qui arborait un immense sourire. « Katleen, tu es sûre que tes parents l'ont adopté ? Elle ressemble de plus en plus à Robert… »
« Oui, elle a bien été adoptée… Tout le monde est gaga de voir une enfant de son âge parler aussi bien. Généralement, les enfants de son âge n'en sont qu'au balbutiement. Elle nous fait presque des phrases. Un futur génie en somme. » Kate remit Sam dans son transat. « Je suis désolée de t'avoir fait venir plus tôt que prévu seulement… »
« Seulement, vous voulez partir en avance à New York. Pas de soucis. Mais il faudrait penser à vous préparer ! » taquina Jack en donnant à Louisa son cadeau, une grosse boite fermée par un ruban rouge.
« Non. En fait… » commença Eddie.
« En fait, nous annulons notre sortie mais tu peux rester ici si tu veux. » Kate se tortillait les mains, ses yeux commencèrent à rougir.
« Ah… Qu'est-ce qu'il se passe ? » Jack regarda tour à tour Katleen et Ed.
« Pour faire brève, l'impensable c'est produit. Bobby s'est réveillé dans l'après-midi. » Kate écarta ses mèches et regarda Mc Coy. Des larmes de joie ruisselaient sur ses joues.
« Hein ! Mais… Mais c'est FORMIDABLE ! Tu as appelé Alexandra ? » demanda-t-il en se levant d'un bond.
« Non, je veux lui annoncer la nouvelle de vive voix. J'ai appelé mes grands-parents. C'est la fête dans leur quartier à Jersey du coup ! John m'a dit qu'il nous rejoignait à Beacon Hill. Il est tard et seules les visites des avocats et procureurs sont encore possible à cette heure-ci. Ça ne te dérange pas de m'emmener là-bas ? » s'enquit Kate qui essuyait ses larmes.
« Pas du tout ! On y va maintenant ? » Jack avait remis sa veste.
« Oui. Eddie reste à la maison avec les enfants. J'ai dis à Sean de ne pas venir, Maman risquerait de croire que Bobby est mort… » expliqua la jeune femme en enfilant son manteau.
Beacon Hill
Début de soirée…
« Jack Mc Coy, procureur. Je souhaite m'entretenir avec Alexandra Eames-Goren. Ces personnes sont avec moi. » Jack montra son badge au gardien de la prison pour femmes où était incarcérée Alex depuis sa condamnation.
« Allez chercher Eames-Goren. » ordonna le gardien à l'un de ses collègues.
« BIP »
La porte s'ouvrit lentement. Les visiteurs d'Alex longèrent le couloir qui menait à la salle d'interrogatoire. Ils attendirent un petit moment avant que la détenue n'arrive avec un geôlier. Jack se leva lorsqu'elle rentra dans la salle. Kate porta une main à sa bouche en voyant le visage légèrement tuméfié de sa mère.
« Que s'est-il passé, Alex ? » demanda John en serrant sa fille dans ses bras.
« Rien… La routine carcérale… » répondit-elle en fixant ses pieds. « Que faites-vous là à cette heure ? Je croyais que tu sortais en ville avec Ed, ma chérie… » s'interrogea Alex en prenant sa fille dans ses bras.
« Maman… » sanglota Katleen.
« Kate ? C'est Bobby ? » Alex prit le visage de sa fille dans ses mains et plongea son regard dans le sien. « Il est mort ? » Elle sentit des secousses nerveuses envahir son corps, ses yeux piquaient. « Oh mon Dieu ! NON ! » Elle tomba à genoux.
« Shut… Ma petite Maman… » la berça Kate en caressant la tête de sa mère. « Tu te trompes… Papa s'est réveillé cet après-midi… C'est pour cela que nous sommes là et que j'ai annulé ma sortie… Je ne voulais pas attendre demain pour te l'annoncer… » Kate pleurait avec Alex qui attrapa la jeune femme et la serra très fort contre elle.
« Kate… Cela fait si longtemps que je rêve de ce moment… » chuchota Alex.
« Je vais passer la nuit avec lui, pour qu'il ne se sente pas seul… Le docteur Collins va le faire transférer à Saint Luke demain soir pour faire faire des examens poussés afin d'évaluer concrètement les séquelles. »
« Je vais faire une demande pour que vous puissiez voir Bobby. » affirma Jack en aidant Alex à se relever.
« Ça va être refusé. Ils sont trop contents de m'avoir envoyé ici. Ça ne coute rien d'essayer mais je suis septique qu'on vous accorde cela. » Alex avait pris les mains de Katleen dans les siennes.
« On trouvera toujours quelque chose pour te permettre de le voir, Lexie. Tout comme on arrivera à trouver la solution qui te permettra de sortir d'ici. » rajouta John Eames.
« Grand-père a raison. Même en ton absence, on continue de chercher la faille dans le dossier de l'accusation. »
« À ce propos, est-ce que l'un de vous connaît un certain John Sullivan ? Il est venu dans la semaine pour me demander des choses sur la dernière journée de Bobby… Je suis devenue trop suspicieuse… » déclara Alex.
« Sully travaillait au 55ème. Il a été le coéquipier de Ty Davis durant 6 ans. Tu peux lui faire confiance, Lexie. » assura John Eames.
« Il est à la retraite. Davis lui a demandé un coup de main. Il a un œil neuf sur cette affaire. Peut-être trouvera-t-il quelque chose à côté de laquelle on serait passé durant l'enquête. » suggéra McCoy.
« Entendu. Si Ty vient me rendre visite, je lui demanderai de faire revenir son copain. » concéda Alex en se frottant les yeux.
« On va te laisser, Maman. Essaie de bien dormir… Je reviendrai te voir demain avec les petits. » Katleen embrassa sa mère et la serra fort contre elle.
« D'accord. Embrasse Bobby pour moi et dis-lui que je l'aime. » Alex passa caressa le visage de sa fille en souriant.
Hoboken
Plus tard…
« Je nous ai commandé à dîner, Kitty. » fit Ed en entendant la porte d'entrée claquer.
« Tu as commandé quoi ? » l'interrogea Kate en entrant dans la cuisine suivit de Jack.
« Thaï. J'ai pris pour nous quatre et une soupe pour Louisa. Ça vous va ? » Eddie était en train de dresser la table avec Sean.
« T'as vu Maman ? Elle allait bien ? »
« En nous voyant grand-père, Jack et moi, elle a cru que papa était mort… Maintenant elle est rassurée. Je lui ai promis qu'on irait la voir tous ensemble. Sam est couché ? » Elle s'assit près de Louisa pour la faire manger.
« Oui. Sean lui a donné son biberon il y a une heure. Tu veux que je t'emmène au centre après manger ? »
« Merci Sean. Non c'est bon. Je prendrais la voiture, c'est plus simple. Essayons de ne pas dire où je vais devant Louisa sinon elle risque de faire un superbe caprice quand je partirai… » Kate posa le bol de la petite sur la tablette de la chaise haute.
« Laisses Kate. Je vais lui donner à manger. C'est ma filleule après tout. » fit Jack en saisissant la cuillère de Louisa.
« Si tu veux. » acquiesça la jeune femme.
Ils dinèrent tranquillement. Sean raconta sa semaine au collège à Jack. Il était surtout excité de lui annoncer qu'il partait avec sa classe faire du ski à Slide Mountain dans deux semaines. Ed l'avait pris à la sortie des cours et l'avait conduit chez le coiffeur et dans un grand magasin de sport dans Manhattan. Son enthousiasme fit rire Ed lorsqu'il raconta une anecdote de leur sortie shopping entre hommes. Sean avait absolument voulu essayer ses vêtements de ski et son équipement. En sortant de la cabine d'essayage, il était tombé nez à nez avec une camarade de classe. Sean était devenu tout rouge car il faisait le clown. Il avoua à Eddie qu'il avait le béguin pour sa camarade prénommée Mandy. Le jeune garçon bougonna un moment avant de chahuter son beau-frère.
Centre de rééducation…
Kate avait fais aussi vite que possible. Elle avait pris un bouquin, une couverture confectionnée par sa grand-mère à Noël. Le veilleur de nuit la salua. Collins avait prévenu le personnel de nuit qu'elle allait rester au chevet de Bobby pendant la nuit.
« Bonsoir, Bonnie. » fit Kate en passant la tête dans le bureau des infirmières. « Il est réveillé ? »
« Bonsoir, Katleen. Le docteur Collins nous a laissé un post-it nous informant que vous étiez là cette nuit. » répondit doucement l'aide soignante. « Emily est avec lui pour prendre ses paramètres… D'ailleurs, elle devrait être revenue… » fit-elle en se levant et en accompagnant Kate.
« Mr Goren… Calmez-vous… » demandait Emily en essayant de remettre la perfusion que Bobby avait arraché. « Bonnie, viens m'aider… »
« Attendez, Emily. » la stoppa Kate. « Je vais lui parler. » La jeune femme prit la main pleine de sang de Bobby. « Papa… Calme-toi… C'est Katleen, je suis là… Détends-toi… » murmura-t-elle.
« Merci, Katleen. Je vais lui nettoyer sa main et remettre une perfusion. » expliqua Emily en allant chercher le matériel nécessaire.
« Les infirmières vont te remettre la perfusion. Il ne faut plus l'arracher. Tu en as besoin… » Kate se tourna vers Bonnie. « Il vous a parlé ? Il a tenté de communiquer avec vous ? »
« Il ouvre la bouche mais aucun son ne sort. Le docteur Collins a dit qu'il fallait être patient. Le tube a irrité sa gorge et ses cordes vocales. »
« Merci. Tu as entendu ? En attendant que tu puisses parler, on va communiquer par gestes. Hoche de la tête une fois pour dire « oui » et deux fois pour « non ». D'accord ? » Kate observa Bobby qui hocha la tête une fois. « Très bien. Je vais rester avec toi cette nuit. Tu veux quelque chose ? » Bobby inclina la tête une nouvelle fois et bougea son index. « Tu as soif ?... Non… Tu veux écrire quelque chose ? Oui… J'ai trouvé. Tiens… Voici un stylo et là du papier… » Katleen inséra le stylo dans la main de son père et la posa sur le papier.
« On vous laisse. Si vous avez besoin de quelque chose, n'hésitez pas. » Emily ferma la porte dernière Bonnie.
Bobby tenta d'écrire sur le papier. Il avait dessiné des barres. Katleen décrypta le mot et son visage changea de ton. Il avait écrit « ALEX », certes les lettres n'étaient pas complètes… Il réclamait sa femme et sa fille ne savait pas ce qu'elle devait répondre… Elle ne savait pas si le docteur avait dit à Bobby depuis combien de temps il était dans cet état.
« Maman m'a dit de t'embrasser et de te dire qu'elle t'aime… Tu la verras bientôt… » mentit-elle en embrassant la joue creusée de son père. « Il faut que tu dormes maintenant. Je vais t'aider à boire un peu, tu auras moins mal à la gorge de cette façon. » Elle remplit le gobelet et aida Bobby à boire doucement.
Dimanche 15 février
La nuit s'était plutôt bien passée. Bobby avait le sommeil agité mais il n'avait arraché sa nouvelle perfusion. Il avait réclamé à boire plusieurs fois dans la nuit. Katleen sentait que son père voulait parler. A plusieurs reprises, il avait laissé échapper des sons. Cette impasse le frustrait.
« Bonjour Robert. Je suis le docteur Collins. C'est moi qui est retiré le tube de votre gorge hier. » fit le médecin en entrant dans la chambre. « Je vois que vous avez repris des couleurs. Très bien. J'ai lu sur le cahier de liaison de la nuit que vous avez arraché votre perfusion. Il ne faut pas recommencer car vous risqueriez de vous faire beaucoup plus mal. Je vais vous examiner pendant que Kate est ici. » Collins avait refermé la porte derrière lui et avait éclairé l'ampoule extérieure montrant qu'il ne fallait pas rentrer.
Il ausculta longuement Bobby : les réflexes visuels et moteurs. Il s'absenta un cours instant pour aller chercher un collutoire qu'il fit avaler à Bobby. Kate s'était assise près de la fenêtre et croisait ses doigts en attendant le pronostic. Collins se tourna vers elle et lui demanda de l'accompagner dehors. La jeune femme expliqua à Bobby qu'elle était juste derrière la porte et qu'elle allait revenir tout de suite.
« Alors ? » demanda Katleen en implorant le médecin du regard.
« Je vais demander son transfert à Saint Luke pour cet après-midi comme je vous l'avais dis. Je vais être parfaitement honnête avec vous. Les séquelles sont plus graves que je l'imaginais. Le docteur Kingston va sûrement lui faire pratiquer une IRM et d'autres examens lourds pour que l'on ait une idée réaliste de l'étendue des dégâts. Certaines de ses séquelles peuvent être réversibles contrairement à d'autres. Ce qui m'inquiète le plus pour l'instant c'est la vision de votre père. Il semble souffrir d'une hémianopsie c'est-à-dire qu'il doit tourner la tête pour distinguer les formes. Je n'ai pas expliqué à votre père ce qui lui était arrivé. Je pense que vous voudrez lui dire vous-même… » Collins surveillait son patient du coin de l'œil.
« Hier soir, il a cherché à communiquer avec moi… Il a réclamé ma mère… C'est surtout cela qui m'effraie. Je redoute ses questions… Je me doutais bien que quelque chose cloché vis-à-vis de sa vision. Louisa a embrassé son papa sur la joue hier soir mais il ne semblait pas la voir, pareil pour Sean… Pensez-vous qu'il se souvient de quelque chose de l'année dernière ? » Katleen sentait les larmes remontaient. Elle ne voulait pas craquer. Elle ne devait pas craquer.
« Il peut avoir gardé des bribes de souvenirs seulement on ne peut pas savoir si ce sont des souvenirs dits récents ou anciens. On va lui poser la question, si vous le souhaitez. Avant je vais aller dire à l'infirmière de commander une ambulance pour Robert. Vous l'accompagnerez ? »
« Oui. Je vous attends. » Kate retourna dans la chambre. « Papa ? Tu veux boire de nouveau ? »
« …ui » lâcha-t-il d'une voix difficilement perceptible.
« Voilà… Ta voix revient, c'est super… » La jeune femme guida le gobelet à la bouche de Bobby.
« A… Al… Ex… »
« Maman ne peut pas venir pour le moment. Je te promets que tu la verras bientôt… »
« Me revoici ! » Collins revint dans la chambre. « Mr Goren, vous rappelez-vous de quelque chose concernant votre travail ? »
« Se… Sean… Ann… Niversaire… Bébé… Voiture… » épela Bobby doucement.
« Le bébé ? Comment s'appelle votre bébé ? »
« Lou… Louisa. »
« C'est ça. Vous vous souvenez donc de l'anniversaire de Sean, de Louisa ; vous nous avez parlé d'une voiture… » Collins observait le comportement de Bobby qui commençait à transpirer.
« Elle… Elle fon… ce sur… moi… Kate ! » cria Goren.
« Ça va… Je suis là… » Kate entoura le visage de son père avec ses mains douces.
« Robert, tout va bien… Vous êtes en sécurité ici. Respirez profondément. » Collins avait compris que Bobby se souvenait relativement bien de sa dernière journée.
« Mal… à… la… tête… Kate… » chuchota Bobby en posant sa grosse main sur celle de sa fille.
« Vous avez mal à la tête en ce moment ? » s'inquiéta le médecin.
« Sais pas… » Bobby essayait de concentrer. « Tout à… l'heure… la voi… voiture… Sean ! » Bobby s'agita brusquement. « Sean ! Sean ! »
« Calme-toi. Sean va très bien. Il est à la maison. » La jeune femme continuait de caresser le visage de Bobby.
« Veux… aller à… la maison… » répondit Bobby. « Je… ne… veux… pas hôpital… »
« Tu n'es pas à l'hôpital, papa… Tu es dans un centre spécialisé pour les accidentés de la route… Tu ne peux pas rentrer à la maison tout de suite. » Katleen préféra dire la vérité, elle savait que son père avait un 6ème sens pour détecter les mensonges.
« Pour… pourquoi ? »
« Tu te souviens de la voiture ? » demanda-t-elle alors qu'il acquiesçait. « La voiture t'a renversé, papa. Tu as été blessé… gravement… » Kate avait la voix embuée de larmes. Elle revivait le soir où Alex était rentrée et où tout avait basculé. « Je t'aime, mon petit papa. »
« Comb… combien de… temps ? » Bobby se rappelait que Kate l'appelait rarement de la sorte. Il se força à se souvenir de la dernière fois… Il se souvenait seulement que Kate pleurait et qu'elle avait le visage tuméfié et les habits déchirés. C'était peu après son agression.
« Ne me demande pas ça… » l'implora-t-elle.
« Combien ? » Bobby sentait quelque chose coulait le long de ses joues.
« 13 mois… » marmonna Katleen en se laissant aller à pleurer.
« Oh Kate… » Bobby resserra l'étreinte de sa fille et, pour la première fois, déposa un chaud baiser sur sa joue. « Pardon… ché… rie… »
Tous restèrent un long moment à s'étreindre. Ils ne remarquèrent pas que Collins était sorti de la chambre. Katleen s'éloigna de son père et s'assit sur le bord du lit. Elle ne comprenait pas les excuses de Bobby… Pourquoi s'excusait-il ?
« Tu n'as pas à t'excuser… C'est moi, c'est nous… On va se battre et tout va rentrer dans l'ordre… Le personnel, ici, est génial ! Tu pourras bientôt rentrer à la maison, je te le jure… » se forçait-elle à croire.
« Pa… pardon de… pas… être venu… à… à ta re…mise diplôme… Al… Alex… a be… soin moi… garder… garder Sean… il est… si pe… petit… » Bobby était frustré de ne pas arriver à parler comme avant. Sa tête raisonnait de cris, de rires, de gazouillis ; des images défilaient en désordre…
« Tu étais là pour la remise des diplômes à Boston… Tu étais le seul parent à être debout… » se remémora la jeune femme, un sourire en coin.
Flashback :
Katleen allait sur son 20ème anniversaire. Elle venait de terminer un cursus de deux ans dans une des plus prestigieuses facs du Massachussetts en matière d'arts plastiques. Elle avait passé deux ans et demi loin de New York. Il y avait une excellente fac à New York où elle aurait pu étudier seulement elle voulait prendre ses distances avec ses parents. Elle ne voulait plus dépendre d'Alex et Bobby. Elle adorait Sean et sa famille. Les mois, qui avaient précédé son départ pour Boston, avaient été plus conflictuels que jamais avec Bobby. Il remettait toutes les décisions de la jeune fille en doute. Il y avait toujours quelque chose qui n'allait pas : elle s'habillait mal, elle ne respectait pas le couvre-feu, son petit copain du moment n'était pas digne de confiance. Katleen en avait marre de tous ces reproches. Bobby dépassa les limites en se proposant comme chaperon lors du bal de fin d'année à Ste Catherine. Tous les couples de sa promo dansaient langoureusement sur la piste de danse… Katleen sentait deux yeux la surveiller. Il devait y avoir au moins un mètre d'espace entre elle et son partenaire. Bobby avait fait signe à Kevin, le cavalier, de s'écarter de sa fille en dansant. Alex n'arrivait pas raisonner son mari. Elle était contente pour Katleen. Certes, elle allait beaucoup, même atrocement, lui manquer mais tôt ou tard les parents doivent laisser leurs enfants quitter le cocon familial.
Les deux années à Boston furent très bénéfiques à Kate comme à Goren. Elle se fit de nouveaux amis, visita de nombreux musés. Bobby passait le plus clair de son temps au boulot à parler de Kate, il criait à qui voulait l'entendre qu'il était très fier de Kate. Sa fierté ne cessa pas de grandir au fur et à mesure que la fac de la jeune fille leur envoyait ses notes. Le jour de la remise des diplômes, il était le seul parent, debout, un sourire béat sur le visage, à applaudir même quand il n'y avait rien à applaudir. Katleen rougissait. Le comble se produisit lorsque le doyen l'appela au micro. En tant que major de sa promotion, elle devait faire un discours…
« Avant de remettre les certificats de fin d'études à nos jeunes diplômés, je laisse la parole à Mlle Katleen Goren qui est arrivée première de sa promotion. » Le Doyen laissa la place à Kate.
« Chers amis, chers parents, frères, sœurs… » commença-t-elle à dire avant d'être coupée…
« C'est ma fille ! Elle est major ! » s'enthousiasmait Goren en regardant autour de lui. Alex tira sur la veste de son mari pour le faire s'asseoir. « Alex… J'ai le droit de dire que je suis fier de notre fille… » bougonna-t-il en souriant à Kate.
« Pardon… Chers amis, chers parents, frères, sœurs, nous sommes réunis en ce lieu pour fêter notre diplôme en architecture d'intérieur. Je tenais à remercier au nom de nous tous, l'équipe pédagogique, les maîtres de stage et nos familles. Vous nous avez aidé, poussé, soutenu à réaliser nos rêves. Nous allons faire de grandes choses et nous vous promettons de ne pas vous décevoir. Certains d'entre nous, on était contacté pour des postes intéressants dans les plus grands cabinets d'architectes des Etats-Unis… Pour ma part, je voudrais tout particulièrement remercier deux personnes, chères à mon cœur. Il s'agit de mes parents, Alexandra et Robert Goren. Merci de m'avoir permis de faire mes études ici, merci pour votre amour. Je souhaite aussi m'excuser pour toutes les tracasseries que j'ai fais à mon père. Je t'aime, merci de m'avoir rendue meilleure. » Katleen replia son discours, les larmes aux yeux. Elle prit sa toque de cérémonie et la jeta en l'air.
Les autres étudiants firent la même chose. Les étudiants rejoignirent leurs familles. Katleen descendit de l'estrade et sauta dans les bras de Bobby, qui avait les larmes aux yeux. Alexandra embrassa sa fille. Les parents d'Alex avaient aussi fais le déplacement et ils s'étaient beaucoup rapprochés de Katleen durant ces deux années d'exil volontaire. Ils étaient souvent venus la retrouver à Boston, étant à la retraite peu de choses les retenaient à Jersey City. Ils étreignirent la jeune fille et l'embrassèrent. Ils avaient d'autres petits-enfants mais ils ne pensaient pas assister un jour à la remise de diplôme de l'un d'entre eux. Kate exhaussait toujours leurs rêves. Elle n'avait pas le même sang qu'eux dans les veines mais c'était leur petite-fille chérie. Katleen prit Sean dans ses bras et s'éloigna avec lui vers ses amis. Les parents des étudiants se saluèrent entre eux. Peu à peu le stade de la fac se vida. Robert avait réservé une table dans un des meilleurs restaurants de Boston pour fêter le diplôme de sa fille adoptive. Durant le repas, Kate reçut de nombreux cadeaux. Ses grands-parents avaient fais un chèque et lui avaient acheté une splendide parure en perles de culture. Sean avait fait une sorte de pot à crayons à l'école pour sa sœur.
« Katleen. » appela Bobby. « C'est notre part à nous. » dit-il en regardant sa femme et en donnant une enveloppe blanche à Kate.
« Il ne fallait pas ! Vous avez payé mes études ! » s'exclama Kate en ouvrant l'enveloppe. « … » Elle resta bouche-bée.
« Tu es contente ? » demanda Alex en voyant la mine décomposée de sa fille.
« Vous êtes fous ! » Katleen se leva et embrassa ses parents.
« On s'est dit que tu avais besoin de te reposer et de découvrir de nouveaux horizons… » répondit Alex.
« C'est quoi ? » demanda Sean en regardant l'intérieur de l'enveloppe.
« Des billets d'avions pour la France, l'Italie, la Grèce, l'Espagne… Un tour du monde culturel… Pendant deux mois, je serai en voyage… » Katleen avait repris les billets dans ses mains.
« Tu seras pas là ? Qui va me garder ? » Sean commençait à renifler.
« Papa va te garder… » fit la jeune fille sans quitter des yeux son précieux cadeau.
« Ben non… Il travaille au… »
« Sean. » fit Bobby sur un ton sans appel.
« Quoi ? »
« Manges. » Bobby coupa le plat de son fils et lui tendit la fourchette.
Katleen partit le lendemain pour Athènes. En revenant chez elle découvrit avec stupéfaction que Bobby avait repris le travail sur le terrain et qu'il avait été promu capitaine. Personne n'avait voulu dire pour ne pas que ses vacances en Europe soient gâchées.
Fin du flashback.
« Le… voyage… Paris… » Bobby continuait de rassembler son puzzle de souvenirs.
« Oui. Maman et toi, vous m'aviez offert un grand voyage en Europe pour ma réussite à Boston. Sean avait 8 ans à l'époque. Dis-moi, est-ce que tu veux que Sean vienne ici ? »
« Sais… pas… Alex… ma femme… voir… ma femme… »
« Pas maintenant… Elle a attrapé froid, elle ne veut pas te passer ses microbes. Sean a très envie de te voir tout comme Louisa, tu sais… » Kate se fit aussi convaincante que possible.
« Qui ? Lou… Louisa… trop pe… tite… 5 mois… » Bobby se souvint de sa petite fille qui pleurait. Elle était belle comme un cœur.
« Papa… Tu as eu un accident, tu te souviens ? Tu nous as parlé d'une voiture… Tu as été dans le coma pendant de longs mois… Louisa a grandi, Sean aussi… »
« 13 mois… vrai… mes… enfants… voir… mes enf… ants… » Bobby avala sa salive. « Pour… pourquoi je… te… vois… mal ? »
« Bon. Calmes-toi… Je vais appeler Sean et lui demander de venir rapidement avec Louisa, d'accord ? Je ne sais pas pourquoi tu vois mal… Mais ce soir, on t'emmène à l'hôpital. Je serai avec toi. » Kate se leva et alla dans le couloir. « Ed ? Ça peut aller… Il est moins agité mais il réclame beaucoup Alex… Je lui ai dis qu'elle était malade… Oui, ça vaut mieux que la vérité… Sean est habillé ?... Tu peux lui dire de venir avec Louisa… Non, reste à la maison avec Sam… Non, je ne lui ai pas encore parlé du bébé ni de toi… Je préfère y aller doucement… Ben, il voit très mal. Il rentre à St Luke en fin d'après-midi. Il faudra laisser les petits chez Holly et Ted… Je t'aime aussi… A plus tard… »
Bobby essayait de se relever mais il n'y arrivait pas. Son bras gauche ne répondait pas. Il commença de nouveau à paniquer… Pour alerter Kate, il poussa la table roulante avec sa main droite. Elle accourut.
« As… asseoir. Mon… br… bras bou… ge… plus… » s'énervait Bobby.
« Attends, je vais t'aider à te remonter. Tu es restée longtemps sans bouger, il faut attendre que ça revienne… Imagine que c'est comme avec une voiture qui ne roule plus pendant plusieurs mois, on veut la prendre et le moteur ne tourne plus. » dit-elle en lui souriant. « Sean arrive avec Louisa. Ils seront là dans quelques minutes. »
« Mais… il… y a… que… le stad… stadium vers… vers la mai… son… »
« On a déménageait de New York quand tu as été admis ici. C'est plus plaisant ici. Maman a vendu la maison et en a acheté une tout près du centre et du centre-ville. On est à Hoboken. Le cadre de vie est très agréable pour les petits. »
« New… New Jersey. Plages… » annonça Goren.
« Oui. La plage n'est pas loin. Il y a aussi une petite forêt. Quand le docteur Collins dira que tu peux prendre l'air dehors, mon ami et moi… » Kate stoppa immédiatement sa phrase.
« A… ami ? Pe… petit ami… » articula-t-il difficilement.
« On va où avec Eddie ? » demanda Sean en arrivant dans la chambre, les joues rougies par l'air frais, avec Louisa qui lui tenait la main. « Bonjour papa ! »
« Sean ? » demanda Bobby.
« Oui. Je suis venu avec Miss pot-de-colle ! » Sean déboutonna sa veste et dirigea sa sœur vers Kate.
« Pas colle ! Zaza ! » cria la petite en fronçant ses grands sourcils ébène.
« Louisa ! Moins fort ! » la gronda Kate.
« Ed… Eddie ? Qui… c'est ? » demanda Bobby en fronçant à son tour les sourcils.
« C'est l'amoureux de Katleen. Chut… Je vais encore me faire attraper… » murmura Sean à l'oreille de son père. « Tu as une meilleure tête qu'hier, mon papa chéri. » Sean passa sa main sur le visage de Bobby.
« T'as vu aussi ? Il parle doucement mais il parle. Ça va tout revenir. » Kate serra fort la main de son père avant d'être rappelée à l'ordre par sa petite sœur.
« Hé ! Titi ! C'est papa à Zaza ! » Louisa tirait sur la jupe de sa sœur. « Papa bisou moi ! »
« La peste recommence… » Sean leva les yeux au plafond.
« Sean, ne commence pas à l'appeler comme ça… » Katleen porta Louisa jusqu'à la hauteur de la main de Bobby. « Ne bouges plus Louisa. »
« Papa ! T'aime Papa ! » Louisa rampa jusqu'au visage de son père et l'embrassa.
« Aus… aussi, mon… bébé… » Bobby passa son bras droit sur le petit corps de sa fille.
« Suis pas bébé ! Sam le bébé ! Pas Zaza ! » corrigea-t-elle en remuant son petit doigt devant son père.
« Oups… » fit Sean à mi-voix en regardant Kate. « Tu lui as dis pour Sam ? » demanda-t-il à voix très basse.
« Sam ? Bébé ? » demanda Bobby en tournant la tête dans la direction de sa fille aînée.
« La poupée de Louisa ! » Sean donna cette explication qui sembla satisfaire Bobby.
Les trois enfants Goren restèrent jusqu'au déjeuner avec Bobby. Louisa avait fini par s'endormir contre son papa. Elle ne se réveilla pas lorsque Katleen la prit pour l'habiller et quitter leur père. Kate promit à son père d'être de retour aux alentours de 17 heures. Elle mentit sur son emploi du temps de l'après-midi. Sean embrassa son père et le consola.
Beacon Hill
Dans l'après-midi…
« Maman ! » s'écria Sean en entrant dans la salle réservée aux visites des familles aux détenues.
« Bonjour, mon chéri. » répondit Alex en serrant son fils dans ses bras. « Bonjour, les enfants… Alors Louisa, tu as vu ton papa ? » Alex prit sa fille dans ses bras pour l'embrasser.
« Vi ! Aec Sean ! Domit aec Papa moi ! » Louisa quitta sa veste que Kate avait déboutonné en entrant dans la prison.
« B'jour Maman. » Kate étreignit sa mère d'un bras car dans l'autre elle avait Samuel.
« Kate… Je suis si heureuse que tu ais pu venir… Bonjour Ed. » répondit la détenue en étreignant Eddie. « Alors mon bébé… Comment vas-tu ? Tu as encore grandi depuis la semaine dernière… » Alex prit son bébé et le serra fort contre elle.
Katleen raconta à Alexandra comment s'était passée la nuit de Bobby : son agitation, ses inquiétudes, ses répétitives demandes de voir sa femme. Elle lui avoua avoir été obligée de mentir… Elle ne savait pas comment lui annoncer qu'Alex était en prison pour un meurtre qu'elle n'avait pas commis et qu'il avait eu un petit garçon pendant son coma. Personne ne savait comment il allait réagir ni comment son état allait évoluer. Elle expliqua son intention de confier Louisa et Samuel à Holly et Ted durant l'hospitalisation de Bobby à Saint Luke. Sean était grand et arrivait à se débrouiller seul. Eddie travaillait toute la journée, et elle, elle devait rester auprès de Bobby le plus possible. Ne travaillant toujours pas, Kate ne pouvait pas faire garder les petits. Eddie l'aidait du mieux qu'il pouvait et cela gênait énormément la jeune femme. Ils n'étaient pas mariés mais Green se comportait comme s'ils l'étaient. Il la soutenait depuis le début, il participait aux frais de fonctionnement de la maison. Katleen savait qu'Ed l'aimait mais elle avait peur de le perdre car depuis le procès, elle avait dû mettre leurs vies en parenthèses…
Alex était consciente de tous les bouleversements que les événements avaient provoqués dans le couple et la vie professionnelle de sa fille. Elle s'en voulait de ne pas être présente, chez elle, auprès de Bobby. Elle ne bordait plus les enfants le soir. Kate venait aussi souvent que possible durant la semaine pour que Samuel reconnaisse sa maman… La petite famille resta réunie une bonne partie de l'après-midi. Eddie signala à sa compagne qu'il était l'heure de rentrer à Hoboken. Cela le gênait toujours de devoir dire à sa Kitty et aux enfants qu'ils devaient dire au revoir à Alex… Il valait mieux que ce soit lui plutôt que l'un des gardes…
Hôpital St Luke
18 heures 05
Katleen venait d'arriver avec l'ambulance du centre de rééducation. Bobby ne s'était pas rendu compte qu'il était transféré sur New York. Il avait parlé durant le voyage mais ses paroles n'avaient pas beaucoup de sens. Kate avait laissé Samuel et Louisa chez le frère d'Alex. Sean était venu dire à bientôt à son père et il était rentré avec Eddie.
« Bonsoir, Mr Goren. » fit le docteur Kingston en venant à sa rencontre. « Je suis le Dr Kingston. Je me suis occupée de vous après votre accident. »
« Bon… bonsoir. » répondit Bobby en tendant sa main valide. « Je… veux… re… rentrer… chez moi. »
« Pour le moment, vous allez rester parmi nous quelques jours. Pas longtemps, je vous le promets. Helen va vous installer dans une chambre qui donne sur le parc. Je vais parler avec Katleen quelques instants. » affirma le médecin en faisant signe à une infirmière d'emmener Bobby dans sa chambre.
« Kate… avec moi… tout… le temps. » bougonna Goren.
« Je n'en ai pas pour longtemps. J'arrive tout de suite. » Katleen s'était agenouillée face à son père et lui tenait la main pour le rassurer avant que l'infirmière ne l'emmène.
« Votre mère n'est pas là ? » s'enquit le médecin.
« Non… Elle est en prison à Beacon Hill depuis plusieurs semaines. Quelqu'un lui a tendu un piège et le jury l'a condamné même si elle est innocente… »
« Je suis désolée… J'ai eu l'occasion de la rencontrer à plusieurs reprises et j'ai trouvé que c'est une femme forte. Vous avez des amis bien placés, vous arriverez à la faire sortir de là-bas. Dites-moi, est-ce que votre père est au courant ? »
« Merci, docteur Kingston. Je n'ai pas osé encore lui annoncer, je ne sais pas comment trouvé les mots. Il est assez agité depuis son réveil, il se perd dans les moments passés de nos vies… Je… Je n'ai pas osé lui dire, non plus, pour mon petit frère. Comment lui annoncer que durant son coma il a eu un petit garçon ? » Kate était affligée.
« Je comprends. En tout cas, n'hésitez à me demander si vous voulez un service. J'ai beaucoup d'admiration pour le courage dont fait preuve votre famille depuis plus d'un an. Il y a toujours possibilité de faire venir Mme Goren pour un examen médical quel qu'il soit… » suggéra Kingston en souriant.
« Vous croyez ? Bobby serait heureux ! Il la réclame depuis son réveil. Vous avez prévu quoi comme examens pour lui ? »
« Ce soir, il va rester tranquille. Le docteur Collins nous a prévenu que vous restiez avec lui la nuit. On vous a installé un lit d'appoint dans sa chambre pour que vous soyez plus confortable. Demain matin, nous allons lui faire une prise de sang pour avoir des paramètres tous neufs. Un scanner est prévenu dans la matinée ainsi qu'une IRM. » Kingston regardait le dossier de Bobby et les examens prévus pour la journée du lundi. « C'est-il plaint à vous ou au docteur Collins ? »
« Oui. Il n'arrive pas à nous distinguer correctement. Il a parfois l'impression d'être dans le noir. Il a regardé qu'il ne pouvait se servir que d'un seul bras. Je doute qu'il ait essayé de bouger les jambes. Le temps que j'ai passé avec lui, il n'a pas arrêté de se concentrer sur ses souvenirs. Je m'inquiète beaucoup pour sa vue… Le Dr Collins m'a parlé d'une affection qui pourrait causer ses problèmes aux yeux. Une hémianopsie si j'ai bien retenu le terme médical. »
« On verra sur l'IRM comment fonctionne son cerveau. En cas d'hémianopsie, les chances pour qu'il recouvre la vue sont excellentes car il faut rééduquer ses yeux. C'est une sorte de cécité réversible. Si j'étais vous, je prierai pour que ce soit cette solution plutôt qu'un problème au niveau des nerfs optiques. Sa vue ne sera pas à 100 parfaite mais il pourrait vous voir correctement, lire avec des verres correcteurs. Pour ce qui est de l'appareil locomoteur, le scanner et des examens plus poussés pourront nous dire ce qu'il en est. Je tiens à vous mettre en garde, Katleen. Les lésions de son cerveau étaient importantes l'année dernière après l'accident. Le coma n'a peut-être rien arrangé ou rien qu'un tout petit peu… »
« Vous voulez dire qu'il peut rester paralysé ? » Kate passa ses mains sur son visage. « La rééducation l'aidera ? Il y aura probablement une opération possible ? »
« Je ne peux rien garantir sur ce plan là. Attendons déjà de voir ce que donnent les examens. Je viendrais vous voir demain. Vous vous absenterez dans la journée ? » demanda le médecin.
« Je rentrerai à Hoboken dans l'après-midi avant de revenir dormir ici. Je ne veux pas délaisser Sean et mon compagnon travaille jusqu'à des heures, parfois, impossible. Les plus petits sont dans le Bronx chez le frère aîné de ma mère. »
« D'accord… Je viendrai vous voir avant de quitter l'hôpital. J'allais oublier ! Il serait préférable d'éviter à votre père d'avoir trop de visites. Il faudrait en rester aux membres de la famille. Vous pouvez venir avec les plus petits mais pas longtemps pour ne pas le fatiguer. » ajouta le médecin avant de quitter Kate à l'entrée de la chambre de Bobby.
« Tu es bien installé ? » demanda Kate en s'approchant de son père.
« Qui… est… Eddie ? » Bobby tourna la tête dans la direction de sa fille aînée.
« C'est… C'est mon ami… enfin, disons plutôt que c'est mon petit ami… » rougit-elle.
« Ah… Il est… pas fl… flic au… moins ?… » s'inquiéta Bobby.
« Le Dr Kingston m'a dit que les petits pourront venir te rendre visite ! Louisa va être super contente ! » feinta la jeune femme.
« C'est… qu… quoi son… bou… lot ? »
« Le Dr Kingston est neurochirurgien. C'est un excellent médecin. Elle va vite te remettre sur pied. » Kate fit mine de ne pas comprendre la question.
« Pas King… Kingston. Eddie. Suis pas… dupe… » renchérit Bobby.
« Il a un excellent métier. Il gagne relativement bien sa vie. Il est sérieux et aimant. Il m'aime, je l'aime. C'est le plus important, tu ne crois pas ? »
« Si. Du mo… moment qu… qu'il est… pas… flic. » Bobby était satisfait. « C'est… c'est qui Sam ? »
« Il est tard… Tu devrais dormir maintenant… Tu vas avoir une grosse journée d'examens demain… Dors, papa. » suggéra Kate en éteignant la lumière centrale de la chambre et alluma la veilleuse.
Elle s'assit dans le fauteuil près de la fenêtre. La pluie avait doublé. Elle s'assura que Bobby dormait et sortit dans le couloir pour appeler chez elle. Elle voulait s'assurer que Sean était couché. Eddie ne lui cacha pas qu'il avait dû faire du chantage au jeune garçon pour l'envoyer au lit. La rétribution était d'aller à la fête foraine de Staten Island lorsqu'elle serait en place. Kate était furieuse que son compagnon ait fait cette promesse. Aller à la fête foraine relever du parcours du combattant avec deux enfants et un bébé. Ed lui apprit qu'Holly avait appelé au sujet de Samuel. Elle le trouvait bien grognon et un peu fiévreux. Un souci de plus pour Katleen déjà qu'elle en avait beaucoup… Sullivan avait laissé un message sur le répondeur pour demander s'il pouvait venir voir la jeune femme dans la semaine. Kate demanda à Eddie de le rappeler de lui dire de venir diner chez eux un soir de la semaine.
Commissariat du 21ème district
16 février
« Toc… Toc… »
« Entrez. »
« Bonjour, Lieutenant. » fit Ed en entrant avec deux gobelets de café.
« Ed ! Quelle surprise ! Vous êtes là de bonne heure ! » Anita leva le nez des rapports de police pour le week-end. « Vous avez passé une bonne Saint Valentin, Katleen et vous ? »
« On a dû la reporter… » Eddie se gratta le derrière de la tête en répondant, signe qu'il était gêné.
« Ah ? Je croyais que McCoy gardait les enfants samedi soir. Il s'est décommandé… »
« Non… Jack a passé la soirée à la maison… C'est Kate qui a décommandé notre sortie. Mais ce n'est pas grave. »
« Le bébé était malade ? Il y a de nombreuses épidémies qui trainent en ce moment. » Anita avait reposé les papiers et agrémentait son café.
« Samuel couve quelque chose mais ce n'est pas pour ça que notre soirée a été annulée. Le père de Kate s'est réveillé samedi… » Eddie afficha un grand sourire.
« Comment ! Mais c'est fabuleux ! Alexandra est au courant ? Comment va le capitaine Goren ? » Van Buren le pressa de questions.
« Il s'est réveillé en début d'après-midi samedi alors que Sean et Louisa étaient avec lui. Le réveil a été assez dur. Il est agité par moment. Il est un peu perdu. Kate est obligée de rester avec lui presque tout le temps. Hier, il a été transféré à Saint Luke pour des examens. D'après ce que m'a dit Katleen ce matin, on devrait en savoir plus ce soir. Kate est allée voir sa mère, avec McCoy et John Eames, samedi soir à Beacon Hill. Dans un premier temps, elle a cru que son mari était mort mais Kate l'a très vite rassurée. »
« Très bien… Comment ça se passe à Beacon Hill ? »
« Mal… Alexandra s'est fait agresser par d'autres détenues. Elle a des bleus sur les bras et au visage. C'est la 5ème fois depuis son incarcération là-bas. Jack a tenté de la faire changer de prison mais les demandes sont tout le temps refusées ! Quand elle sera à Bellevue, le juge changera peut-être d'avis ! » Eddie était furieux et bouleversé.
Dans la soirée…
« Bonsoir docteur Kingston. » Katleen serra la main du médecin de Bobby en revenant dans le service de neurochirurgie.
« Bonsoir Katleen. Je vous attendais. » répondit le médecin.
« Alors ? Quels sont les premiers résultats ? » s'enquit la jeune femme en quittant son manteau.
« Voulez-vous que l'on en parle seules ou devant votre père ? » Kingston avait pris un regard sérieux que Kate n'avait jamais vu auparavant.
« Devant lui. Il me pose beaucoup de questions et je n'arrive pas toujours à trouver les mots qu'il faut. »
« Bien. » Le docteur frappa à la porte de la chambre de Bobby et entra. « Bonsoir Robert. »
« Bon… bonsoir. » répondit-il.
« J'ai les premiers résultats de vos examens de la matinée… » Kingston se tourna vers Kate qui avait pris la main de Bobby dans les siennes. « Le technicien a noté des tâches de sang dans la partie supérieure du cerveau. Elles font partie des séquelles. J'ai ici le compte-rendu du Dr Perry qui est ophtalmologiste. Il atteste bien que vous souffrez d'une hémianopsie. C'est pour cela que vous avez dû mal à distinguer ce qui vous entoure. Nous pouvons remédier à cela mais le résultat ne sera pas probant immédiatement. Il faudra vous montrer patient. »
« Com… comment on… fait ? »
« Vous allez avoir de longues séances de rééducation oculaire pour réapprendre à vos yeux à bouger et à explorer ce qui vous entoure. » expliqua Kingston en essayant d'être le plus compréhensive possible…
« Donc les nerfs optiques sont intacts ? »
« Oui. On peut commencer la rééducation rapidement et il pourra continuer de la faire à Hoboken. »
« Kate, je peux… veux… voir Alex… » Bobby savait qu'il devait mettre sa femme au courant.
« Je l'appellerai demain matin. Je te le promets. » Kate passa sa main froide sur le front de Bobby pour le rassurer.
« Je vous laisse. Je passerai vous voir demain, Robert. » Kingston fit un grand sourire à la jeune femme. « Katleen, pensez à ce dont on a parlé tout à l'heure. » fit le médecin en sortant de la chambre.
« Quoi ? » demanda Bobby.
« Rien… Elle m'a proposé de refaire toute sa déco à son domicile. Il y en a pour beaucoup d'argent. Ça permettrait beaucoup de choses… Cet argent… » pensa la jeune femme, les yeux dans le vague.
Pendant la nuit…
Kate avait enfin réussi à s'endormir. Les explications du Dr Kingston l'avaient un peu perturbé. Elle allait sur ses 24 ans. Elle avait la charge d'une petite famille. Elle avait dû mettre son travail en parenthèses. Elle était contrainte de mentir à son père, à sa famille sur de nombreuses choses. Ses mensonges la rongeaient de l'intérieur mais elle ne pouvait pas s'en échapper. Elle savait que tôt ou tard elle devrait rendre des comptes à ses proches et surtout à Eddie… Eddie, l'homme qu'elle aimait plus que tout. Il était toujours présent. Il remplaçait Goren à la maison sans pour autant prendre sa place.
La porte de la chambre de Bobby s'ouvrit, laissant entrer la lumière aveuglante des néons du couloir. Betty, l'infirmière de nuit, s'approcha de Kate.
« Mlle Goren… » murmura l'infirmière en secouant Kate.
« Hum… Oui… Quelle heure est-il ? » marmonna Kate en s'essuyant les yeux.
« 2 heures 45. Je suis désolée de vous réveiller mais on vous demande au service des urgences ? » expliqua Betty. « Il faut que vous descendiez tout de suite. Je surveille votre père pendant votre absence. »
« Oh mon Dieu… J'espère qu'il n'est rien arrivé à Eddie ! » Kate s'était levée d'un bond et avait enfilé son gilet bleu tricoté par Mary Eames. « Merci Betty. Je remonte dès que possible. S'il me cherche, je suis allée aux toilettes mais ne lui dites surtout pas où je suis réellement. » demanda fermement Kate avant de prendre l'ascenseur.
Kate longea le couloir qui menait aux salles d'examens des urgences. Elle avait plaqué ses cheveux courts pendant que la cabine descendait. En arrivant, elle vit Ted, le frère aîné d'Alex, il avait mis ses mains devant sa bouche comme s'il priait.
« Ted ? » fit timidement Kate en s'avançant vers lui.
« Katleen ! C'est Samuel… Il a eu une brusque poussée de fièvre dans la soirée… Holly a fait venir le médecin qui nous a demandé d'amener Samuel au plus vite à l'hôpital… Je suis désolé… » Ted avait les larmes aux yeux.
« Oh non ! Qu'est-ce qu'il a ! Pourquoi tu ne m'as pas appelé ? » Kate pleurait. Ted l'a pris dans ses bras pour la réconforter.
« Mme Goren ? » demanda un médecin qui sortait de la salle d'examens.
« Mademoiselle. Comment va mon petit frère ? » Kate était prise de hoquet.
« Je suis le Dr Manson. Je suis le pédiatre rattaché aux urgences. Vos parents ne sont pas là ? » redemanda-t-il en regardant par-dessus l'épaule de Katleen.
« Mon père est hospitalisé en neurochirurgie, et ma mère est incarcérée à Beacon Hill. Je suis majeure et c'est moi qui m'occupe de Samuel. Dites-moi ce qu'il a ! »
« Je suis désolé pour votre mère… J'ai besoin du consentement des parents pour le cas où nous serions obligés de réanimer Samuel… »
« Je crois que vous ne m'avez pas comprise, Dr Manson. » s'énerva Kate. « Mon père ne vous donnera pas de consentement pour le moment car il ne s'est pas ce qui se passe autour de lui, il ne sait pas non plus qu'il a un fils de 4 mois ! Mon père est sorti d'un coma de 13 mois ce week-end ! Les décisions, je les prends ! Demandez au Dr Kingston si elle veut contresigner les documents ! MAINTENANT JE VEUX SAVOIR CE DONT SOUFFRE SAMUEL ! » Katleen était terriblement en colère.
« Deb ! Appelez le Dr Kingston. » ordonna le médecin.
« Je parie que vous êtes interne ! Même pas capable prendre une décision ! » ironisa la jeune femme.
« Tenez Dr Manson. » fit l'infirmière en tendant le combiné au pédiatre. Celui-ci devint tout rouge et raccrocha peu de temps après.
« Je viens d'avoir le Dr Kingston… Je vous prie de m'excuser… » tenta de dire l'interne.
« On s'en balance de vos excuses ! Ma famille n'entend que des excuses et des paroles compatissantes. Si vous ne voulez pas que New York sache quel genre de médecin vous êtes dans le New York Times, dites à ma nièce de quoi souffre le bébé. » menaça Ted.
« Bien… Samuel a une forte fièvre, ses poumons sont pleins de sécrétions. Il a de grosses difficultés à respirer. Nous avons dû le mettre sous respirateur autrement il s'étouffe. Il y a une épidémie de bronchiolite en ce moment. Est-ce que Samuel a des problèmes cardiaques ? Des allergies particulières ? » demanda Manson.
« Je l'ai emmené à sa visite mensuelle, il y a trois semaines. Le pédiatre n'a rien trouvé d'anormal. Il est dans les bonnes normes des courbes de croissance. Je lui ai donné de l'Advil pour faire baisser sa fièvre. Je l'ai montré au médecin lorsque j'ai conduis Louisa pour les vaccins. Il a dit que ça aller passer… » Kate était comme perdue. Les évènements traumatisants revenaient dans sa mémoire.
« Je vais vous faire signer les papiers du consentement. Je vais demander à ce qu'on lui fasse un bilan complet ainsi qu'un écho doppler car en l'auscultant j'ai remarqué un gros souffle systolique et cela pourrait expliquer ses difficultés respiratoires. » Manson tendit à Kate les papiers à signer.
« Je peux rester avec lui ? » demanda-t-elle.
« Oui mais pas longtemps. On a une place pour lui en réa pédiatrique. Vous pourrez le voir aussi longtemps que vous le souhaitez. » fit Manson en ouvrant la porte à Kate.
« Oncle Ted. Peux-tu appeler Eddie sur son portable et lui dire ce qu'il se passe ? » Kate regarda Ted qui s'éloignait en direction de la salle d'attente.
« Pardon, Louisa c'est… c'est votre… » bredouilla l'interne.
« Ma petite sœur. Elle a 18 mois. Je l'ai confié à mon oncle et sa femme durant la semaine afin d'être auprès de mon père pendant qu'on lui fait une batterie d'examens. Je ne pouvais pas prendre avec moi un bébé et une petite fille de 18 mois ici… Mon compagnon travaille toute la journée et je ne pouvais pas non plus demander à mon frère de 11 ans de s'occuper des petits. » l'informa la jeune femme sans même lui laisser le temps de dire un mot.
« Bon… » Manson sortit et laissa Kate seule avec Samuel.
« Bonjour, mon chéri… Alors comme ça tu es venu nous rejoindre ? Ton papa est au 4ème étage. Quand tu iras mieux, on t'emmènera faire sa connaissance… Je sais que tu es trop petit pour comprendre cela, Sam… Mais il faut que tu battes les microbes qui sont dans ton corps… » Kate caressait délicatement le petit bras potelé de Sam.
« Je viens d'avoir Ed, Kate. Il viendra ici après avoir laisser Sean au collège. Ce médecin t'a dit autre chose ? » demanda Ted.
« Rien de plus. J'ai mis les points sur les « i » avec lui. Je pense qu'il aura affaire avec le Dr Kingston dans la journée… » Katleen ne lâchait pas du regard son petit frère. « J'espère qu'il n'y a pas autre chose derrière cette sévère bronchiolite… Alex ne s'en remettrait pas s'il arrivait quelque chose aux petits… »
« Oui… En tout cas, il va falloir trouver des excuses pour que tu puisses passer beaucoup de temps avec Sam… Bobby risque d'être suspicieux à ce sujet sauf si tu lui as parlé du bébé. » Ted s'était assit aux côtés de sa nièce.
« Je lui ai rien dis. Louisa a failli faire la gaffe dimanche mais Sean a rattrapé le coup d'une main de maitre ! » sourit Kate en regardant un bref instant son oncle. « Par contre, concernant Eddie, la gaffe a été faite… Le Bobby d'avant l'accident était toujours à me surveiller dès que j'avais quelqu'un dans ma vie… Je pense que ça risque d'être pire maintenant ! Il m'a demandé je ne sais combien de fois quel était le métier d'Eddie. Je ne lui ai rien répondu mais je me doute qu'il a compris qu'il était flic. Hier, lorsqu'il était sous anesthésie pour qu'on pratique correctement les examens sur lui. Il a bredouillé des trucs me concernant. On aurait dit qu'il rêvait. Il parlait à Maman et lui disait que se marier avec un flic était la pire chose à faire… »
« Ah ! La bonne vieille ritournelle de Bobby Goren ! Il dit ça mais je doute qu'il soit déçu d'avoir un gendre dans la police ! Il veut surtout que ses enfants soient bien traités. Quand Alex nous a présenté Bobby la première fois, on avait l'impression de passer dans les mains des gars de la CIA ou je ne sais quoi encore ! Il n'a quasiment pas parlé, il nous observait à tour de rôle. J'en avais froid dans le dos. Le premier mari d'Alex avait toujours des blagues à raconter. Il avait une réputation de macho et j'avais peur qu'il trompe ma sœur tôt ou tard… Je ne l'aimais pas plus que ça. Il était beau, intelligent. Ils ont fais un beau mariage mais il y avait quelque chose qui me gênait… »
« C'est sûr que de passer d'un blagueur invétéré à un homme taciturne, ça change ! »
« Tout ce que je peux te dire c'est que sa relation très particulière avec Bobby a été très bénéfique sur Alex. Le courant est passé tout de suite entre eux. Il ne fallait pas grand-chose pour qu'ils se comprennent rien qu'en se regardant. Il a apprit ce qu'était une famille auprès de nous. Bobby est très cérébral, il ne montre pas forcément ses sentiments en public même en famille. C'est un homme sur qui on peut compter mais il est trop secret. »
« Pour être secret, il l'est ! Personne ne sait pourquoi il est allé voir le procureur fédéral l'après-midi de l'accident. J'espère que lorsqu'il sera remis, il pourra nous dire ce qui c'est passé ce jour-là… On n'a pas trouvé de dossier concernant ce rendez-vous cet après-midi là et pourtant c'est quelqu'un de très consciencieux. »
« Il faut que je t'avoue quelque chose Kate… Je sais où se trouve ce fameux dossier, je ne connais pas totalement son contenu mais tout ce que je peux te dire c'est qu'il s'agit de quelque chose d'explosif ! » avoua Ted en regardant Samuel respirer lentement.
« Pourquoi tu n'as jamais rien dit ? Pourquoi ? Ça fait des mois qu'on cherche à retracer son emploi du temps pour cette journée-là ! » Kate s'était retournée et regardée son oncle de façon très en colère.
« J'ai donné ma parole à Bobby. Je ne devais parler qu'à son décès. Je devais respecter sa demande. Il savait qu'il avait déterré quelque chose de gros. Sinon il ne m'aurait pas demandé de ne rien révéler, je suis vraiment désolé… »
« Où est ce dossier ? Il enquêtait sur quoi ? »
« Je ne peux rien dire de plus Kate. Je ne devrais même pas t'avoir parlé de ce dossier. Reste à l'écart de cette histoire et ne dit surtout à personne ce que je t'ai dis. Il en va de la sécurité de toute la famille. Je suis quasi certain que la tentative de meurtre sur Bobby l'an dernier est due à ce dossier et non à ce type… Dominguez… » Ted s'était relevé en voyant arriver l'interne.
« Mlle Goren, nous allons monter Samuel en réa pédiatrique. Il sera suivi par le Dr Palladino. Le personnel vous attend pour prendre contact avec vous seulement vous ne pourrez pas rester. Je suis désolé, Mademoiselle Goren. »
« Merci. » fit Kate en suivant le berceau dans lequel était installé Sam.
« Katleen, je vais te laisser. Je dois prendre mon service dans 3 petites heures… Je passerai ce soir voir ton père, d'accord ? » Ted embrassa le front de Kate.
« D'accord. S'il y a du nouveau, j'appellerai Holly. » fit Kate en disparaissant derrière les portes de l'ascenseur.
Chambre 341 – Service de neurochirurgie
08 heures 06
« Bonjour ! » s'exclama Rudy, l'infirmière du matin, en ouvrant les rideaux de la chambre de Bobby.
« Bon… Bonjour… Shut… E… Elle dort. » fit Bobby en regardant Kate dormir sur le lit d'appoint.
« Je vois ça mais il faut que je la réveille. Je dois vous faire votre toilette avant qu'on vous emmène faire d'autres examens. Rassurez-vous, on ne va pas vous faire de mal. » sourit Rudy en s'approchant de Kate. « Katleen… »
« Humpf… » Kate ouvrit difficilement les yeux.
« Je suis désolée, Katleen… Je dois faire la toilette de votre père et d'autre part, votre compagnon vous attend dans le couloir. » expliqua cette femme au regard maternel.
« D'accord… » Katleen s'assit sur le bord du lit et se leva lentement.
« Tu… as une t… tête aff… » tentait de dire Bobby avant d'être coupé.
« Affreuse. Je sais. Je t'expliquerai plus tard. Je te laisse entre de bonnes mains. Je vais prendre mon petit déjeuner avec Eddie et avoir des nouvelles de Sean. » Kate se pencha sur Bobby et l'embrassa sur le front. « A tout à l'heure… Sois sage. »
« Veux. Voir. Eddie. » Bobby regardait l'ombre de Kate faire le tour du lit.
« Plus tard. Promis. » Kate passa la porte de la chambre et ferma derrière elle pour que personne n'entende les propos de son père. « Bonjour Ed… »
« Bonjour Kitty… » fit-il en se penchant pour embrasser Kate et mettre ses bras autour d'elle.
« Je suis heureuse que tu sois là. Tu vas bosser dans combien de temps ? » s'enquit la jeune femme qui avait mis un bras autour de la taille de son amant alors qu'ils se dirigeaient vers l'ascenseur et aller ensuite à la cafétéria.
Cafétéria de St Luke…
« Van Buren m'a laissé ma journée mais je devrais la rattraper durant le week-end. Le chef l'a appelé hier et il lui a tapé sur les doigts à cause de mes absences à répétition que je ne récupère pas. Je ne pourrais pas emmener Sean au match samedi. » Eddie recula une chaise de la cafétéria pour Kate.
« Ah… Il va falloir que je trouve quelqu'un pour accompagner Sean alors. Je dois m'absenter pendant ce week-end… »
« Tu peux annuler, non ? » demanda Eddie avant d'aller chercher leurs petits-déjeuners. « Tu veux un grand café, des toasts et un yaourt, c'est bien ça ? » Il attendit de voir acquiescer Kate avant d'aller chercher ce qu'il leur fallait.
« Ed, je ne peux pas annuler pour ce week-end. Je sais que ça ne tombe pas au bon moment mais comprends-moi… j'ai besoin de m'absenter… Sullivan s'était proposé un jour d'emmener Sean à la pêche, je peux toujours essayer de faire changer les billets pour un autre match. »
« Sean ne sera pas d'accord et tu le sais. Ça fait des semaines qu'il attend d'aller à ce match. On peut demander à un gars de l'équipe de ton père de l'emmener au match et de le laisser ici après. On peut le laisser un petit moment avec son père, tu sais… »
« Oui… De toute façon, je lui ai promis que j'irai le chercher au collège demain midi et qu'on passerait l'après-midi avec Bobby. Si Sean est avec moi, j'aurai peut-être plus le courage de parler de Samuel… »
« En parlant de Sam, il faudrait demander à Kingston de trouver une excuse pour faire admettre Alex ou la faire venir ici. Samuel a autant besoin de la présence de sa maman que de celle de son père. Bobby pourrait voir Alex et vice versa… » suggéra Green.
« Oui mais après ? Que va-t-il se passer quand elle va retourner à Beacon Hill ? J'ai tellement envie qu'on soit de nouveau réunis, Ed… C'est pour cela que je dois partir de New York ce week-end. J'ai besoin de m'isoler et réfléchir, seule. »
« Ecoute ce qu'on va faire. Je vais passer des coups de fil pour trouver quelqu'un qui prendrait Sean quelques heures samedi. De ton côté, essaies de voir Kingston et expose lui le problème. Je te retrouve en neurochirurgie pour le déjeuner, d'accord ? »
« D'accord mais où vas-tu ? » demanda Kate alors qu'ils étaient tous les deux dans le hall de l'hôpital.
« Je vais récupérer Louisa chez Holly et Ted. Elle est toute seule avec Holly et elle s'ennuie. Elle n'a personne avec qui jouer. »
« Eddie si tu commences à passer les caprices de Louisa, on ne va jamais s'en sortir ! Elle est rusée, elle sait très bien que tu l'emmèneras ici… » Kate avait pris un air sérieux.
« Je sais bien. Ce n'est pas évident pour elle. Elle a l'habitude d'être avec Sam et toi et du jour au lendemain elle doit rester dans le Bronx, privée de ses frères, de ses parents et de sa grande sœur… »
« Bon ça va… Par contre, je ne ferai pas ça tout le temps ! » Kate embrassa Eddie et monta dans l'ascenseur.
Service de neurochirurgie…
La jeune femme sortit machinalement de l'ascenseur lorsque celui-ci s'arrêta au 4ème étage. Elle était perdue dans ses pensées. Elle avait décidé de partir à Boston ce week-end, sur un coup de tête. Généralement, ses déplacements dans le Massachussetts était prévu et établi longtemps à l'avance…
« Mlle Goren ! Vous arrivez au bon moment ! La réa pédiatrique vous demande. » fit Rudy en voyant Katleen sortir de l'ascenseur.
« Comment ! » Cette annonce sortit la jeune femme de sa rêverie. Kate s'enfila rapidement dans l'ascenseur et appuya sur le bouton du service pédiatrique. « Mon Sam ! » pensa la jeune femme en se mordant la lèvre inférieure.
Service de réa pédiatrique…
09 heures 13
Katleen sortit rapidement de l'ascenseur et entra dans le service de réanimation pédiatrique après avoir donné son nom par l'interphone. Ce service était très réglementé car il abrité aussi le service des prématurés. Kate était effrayée. Elle aperçut le Dr Kingston au fond du couloir en grande discussion avec deux hommes, probablement des médecins car ils étaient en blanc comme elle.
« Dr Kingston ? » demanda la jeune femme en s'approchant.
« Bonjour Katleen. Je vous présente le Dr Palladino et le Dr Baldwin. » Kingston désigna les médecins qui serrèrent la main tremblante de Kate.
« Comment va Samuel ? » demanda-t-elle la voix emplie d'inquiétude.
« Il a passé une assez bonne nuit. Il y a toujours des sécrétions dans les poumons mais ce n'est pas ce qui est le plus inquiétant à mes yeux. » fit Palladino, un homme d'une trentaine d'années, le regard sérieux. « Le Dr Kingston nous a expliqué que vous deviez prendre toutes les décisions actuellement compte tenu de la situation très particulière dans lequel se trouve votre famille… »
« Oui… Je n'ai pas trop le choix… Vous avez trouvé quelque chose en plus de sa bronchiolite ? » s'enquit Kate en suivant les trois médecins dans une pièce calme.
« Le Dr Manson, l'interne en pédiatrie, que vous avez vu la nuit dernière a eu raison de demander un écho doppler… » fit l'autre médecin, plus âgé, les cheveux gris. « Je suis cardiologue, Mademoiselle. Le Dr Palladino a demandé mon avis concernant votre petit frère. J'ai examiné Samuel… »
« Oui ? Ne me dites pas qu'il va mourir ! » Kate était paniquée.
« Non mais il faut que nous l'opérions assez rapidement si nous voulons éviter de graves séquelles cardiaques par la suite. Nous avons demandé le dossier médical de votre mère. Sa grossesse n'a pas été facile même si le bébé est arrivé à terme, c'est bien ça ? »
« Oui… Entre les navettes ici, s'occuper de mon autre frère et ma petite sœur, son travail de flic, sa grossesse n'a pas été facile à vivre. »
« Au vue des examens pratiqués sur Samuel, il semblerait que votre frère souffre d'une malformation cardiaque. Plus précisément d'une communication inter ventriculaire. »
« Quels sont les traitements ? Vous pouvez sauver Samuel ? » Kate sentait qu'elle devenait hystérique.
« Kate… » fit Kingston. « Le seul traitement qui existe est chirurgical. Je suis désolée mais nous ne pouvons pas vous demander de décider dans le cas présent. Katleen, il faut parler à votre père aujourd'hui. Je sais que son accident et son coma l'ont profondément diminué mais il est le père de Samuel. Comme le Dr Baldwin me l'a dis tout à l'heure, il faut l'accord des deux parents… »
« Mais… Ce n'est pas possible ! » Kate était devenue toute blanche.
« J'ai pris sur moi de contacter des personnes influentes au ministère de la justice. Je n'ai pas encore eu d'accord écrit mais votre mère devrait pouvoir bénéficier d'un traitement de faveur durant l'hospitalisation de Samuel dans les locaux de la clinique Saint Andrews. J'ai fais tout mon possible, j'espère seulement que ça va marcher. » Kingston fit un léger sourire à Kate.
Bureau d'Arthur Branch
Au même moment…
« Vous m'avez appelé Arthur ? » demanda McCoy en entrant dans le bureau du procureur. « Ah… Casey, quel bon vent vous amène par ici ? »
« Asseyez-vous Jack. » infirma Branch.
« Pour que vous me convoquiez en présence de Me Novack c'est qu'il s'agit, je présume, du Lieutenant Alexandra Eames… » ironisa McCoy.
« Vous avez vu juste… Il y a moins d'une heure, j'ai reçu des coups de téléphone provenant des hautes sphères de la justice de ce pays. Casey a aussi reçu un coup de téléphone du maire de New York. »
« Le Lieutenant Eames n'a aucun contact avec les hautes sphères. Les mondanités n'ont jamais été son fort… » continua Jack.
« Je me vous permets de vous rappeler qu'elle n'est plus Lieutenant de la police de New York, Jack. » ajouta Novack.
« Si elle l'est toujours, Alexandra Eames n'a pas été radiée de la police. Le procès était truqué d'avance, les membres du jury étaient probablement corrompus tout comme le juge. »
« Ça suffit vous deux ! » gronda Arthur avant de reprendre. « Le problème est que je ne peux pas aller dans le sens de la requête de toutes ces personnes influentes. Cela ferait jurisprudence et tout le monde pourrait invoquer des problèmes familiaux graves pour sortir de prison la journée et y dormir la nuit. »
« Je ne vous suis pas… » Jack était interloqué, il avait l'impression d'être passé à côté de quelque chose.
« Comment ? Vous n'êtes pas au courant ? Vous un grand ami de la famille ? Vous êtes bien le parrain de l'un des enfants Goren et on ne vous met pas au courant, vous ? »
« Au courant de quoi ? Je suis le parrain de Louisa, leur fille cadette… Il est arrivé quelque chose à Louisa ! » Jack s'était levé d'un bond et faisait les cent pas dans le bureau de son patron.
« Pas à Louisa mais à Samuel. Il semblerait qu'il souffre d'une grave malformation cardiaque. Il faut le consentement des parents pour pouvoir opérer cet enfant. Je ne comprends pas pourquoi ils n'envoient pas Katleen Goren faire signer ce papier à sa mère et de le contresigner après… » maugréa le procureur.
« Tout simplement parce que Robert Goren était sorti du coma ce week-end voilà pourquoi. A partir du moment où il est réveillé, les droits de Katleen sur ses frères et sœur est rendu caduque. » expliqua Jack en levant les bras au ciel.
« Je ne changerai pas d'avis, Jack. » affirma Branch. « Alexandra Eames Goren reste à Beacon Hill. »
« Bien. » Jack sortit en colère du bureau de son patron et sortit du bâtiment juridique qui abrite les bureaux des assistants du procureur. « Mike ? Bonjour, Jack McCoy… Pourrais-tu me rendre un petit service ?... Bien… Voilà… On fait comme ça… Je te tiens au courant de l'avancée de cette histoire… » Jack raccrocha, le sourire aux lèvres.
Hôpital St Luke
Chambre de Bobby…
10 heures 21
« Bonjour Robert. » annonça le Dr Kingston en entrant dans la chambre de Bobby, suivie de Kate.
« Bon… jour. » Bobby était assit dans le fauteuil mis à sa disposition dans sa chambre.
« Je vois qu'on vous a conduit chez l'orthophoniste. »
« Oui… Elle est… bien genti…lle. Elle re… ressemble… à ma belle… belle-sœur. Je ne… me sou… viens plus… com… comment elle appelle. » Bobby prenait de grandes respirations afin de converser plus facilement.
« Bien. Il est noté que vous allez passer des radios intégrales du squelette sauf du crâne car nous avons déjà ce dont nous avons besoin. »
« Pour… marcher ? » demanda Bobby.
« Oui. Je veux voir si les diverses fractures qu'il y avait juste après l'accident se sont bien remises d'elles-mêmes. Il faut que nous vous examinions très minutieusement avant de vous renvoyer au centre d'Hoboken. »
« Non. Chez moi. » articula-t-il difficilement.
« Pas dans l'immédiat. Avant de rentrer chez vous, il faut que vous puissiez être le plus autonome possible. » expliqua le médecin.
« Je suis… robuste… Je peux… manger… seul… Pas besoin… de vous ! » s'énerva Bobby en pointant son doigt sur Kate.
« Calme-toi… Le Dr Kingston a raison. Tu ne peux pas rentrer à la maison tout de suite… Ecoutes-moi… On va faire un deal tous les deux. Tu acceptes d'aller au centre et tu pourras passer les après-midi du week-end avec nous, à la maison. D'accord ? » Katleen s'était approchée de lui et s'était agenouillée pour lui faire face.
« Tu… n'es pas… ma femme ! Tu dois… m'obéir ! Tu es ma fille ! » cria Bobby à Kate, celle-ci se leva et sortit de la chambre.
« Robert, il ne faut pas vous énerver… Katleen essaie de vous faire plaisir comme elle peut… Vous avez été absent longtemps… Vous avez été absent quand elle avait besoin de vous. Vous n'êtes pas responsable de ce qui vous arrive, votre famille non plus… » fit le médecin en s'asseyant sur le lit.
« Je veux lui… dire pardon… » Bobby s'était calmé. Il sentait que quelque chose était différent en lui, il était en colère. Il savait qu'il ne fallait pas rejeter sa colère contre les siens.
« Je vais la chercher. » Kingston se leva et alla chercher Kate dans le couloir. « Kate, venez… » fit-elle en faisant un signe de la main. « Entrez. » Kate entra dans la chambre, les yeux rougis par les larmes.
« Pardonnes-moi, Kate. » Bobby était arrivé à dire sa première phrase d'une seule traite. Il faisait signe à sa fille d'approcher.
« Ce n'est pas de ta faute… » Kate serra l'étreinte de Bobby. En s'écartant, elle embrassa son père sur la tempe. « Mon petit papa… » fit-elle en caressant le visage de Bobby. « Avec Sean, nous ne t'avons pas dis la vérité concernant… »
« Eddie ? » l'interrompit Bobby.
« Non pas Eddie… »
« Sam ? »
« Oui… Sam… En fait, il s'appelle Samuel Robert Goren… » Kate avait pris la main de son père et la caresser. « C'est ton fils, mon petit papa… »
« Tu mens… J'ai un… fils… Sean et… deux filles… Katleen et… Louisa. » affirma Goren.
« Samuel est né pendant que tu étais dans le coma. C'est le bébé-miracle comme dit Alex… Il est né en octobre… C'est bien ton petit garçon… »
« Alex… Elle est où ?... Voir… Alex… » Bobby sentait couler les larmes sur son visage. Il avait oublié cette sensation piquante.
« On va la faire venir ici. Vous la verrez bientôt. » expliqua Kingston.
« Elle t'expliquera elle-même… En attendant, on va t'emmener passer les radios. A ton retour, je serai là avec Louisa et Eddie. » Kate avait vu un brancardier arriver dans la chambre de Bobby.
« D'accord… Tu viens… pas ? » demanda Bobby alors que le brancardier, aidé du Dr Kingston, le transférer du fauteuil de la chambre à son fauteuil roulant.
« Je vais voir Samuel et je dois passer des coups de téléphone. » Katleen accompagna Bobby jusqu'à l'ascenseur réservé au personnel de l'hôpital.
« Dr Kingston, téléphone ! » interpella Lupe, la surveillante du service.
« J'arrive. Venez Katleen. Ce doit être ma demande pour qu'on fasse sortir votre mère de prison, même temporairement. » Kingston avança vers le bureau des infirmières. « Kingston… Quoi !... Il n'y a rien à faire ?... On ne peut pas repousser indéfiniment ! Je vais aller voir notre conseiller juridique… Tenez-moi au courant surtout. » Puis elle raccrocha avant de se tourner vers Kate. « C'était le Dr Palladino. Le procureur refuse que votre mère soit relâchée… »
« Quel procureur ? » l'interrompit la jeune femme.
« Arthur Branch. Le substitut qui a inculpé votre mère s'est rangée de son côté. Ils craignent que cela fasse jurisprudence. Je vous garantis que je ne m'avoue pas vaincue ! Je vais aller voir le service juridique et leur demander ce que nous devons faire. »
« D'accord. Je crois que je ne vais pas pouvoir aller voir Samuel. Je dois joindre mon compagnon et l'avocate de la famille. Je vais vous donner mon numéro de portable au cas où vous ayez des nouvelles plus fraîches que les miennes. » Kate pris un morceau de papier et un stylo sur le bureau et y inscrivit son numéro de téléphone.
« Merci. Je vous tiens au courant si j'ai du nouveau. » Kingston quitta Kate vers la chambre de Bobby.
Kate prit son manteau et son sac à mains. Elle prévint une infirmière qu'elle sortait mais qu'elle était joignable sur son téléphone cellulaire. Elle préféra prendre les escaliers pour arriver plus vite au parking de l'hôpital et ainsi allumer son téléphone.
« Green. Je ne peux vous répondre pour le moment. Laissez un message. BIP »
« Ed ? Tu es où ? Il est presque 11 heures. Je dois quitter l'hôpital un petit moment. Je ne serai probablement pas revenue pour midi. Appelle-moi dès que tu auras mon message. Je t'aime. » Kate raccrocha, brancha son kit mains libres et attacha sa ceinture. Elle démarra en trombe et quitta rapidement le centre hospitalier.
« Bureau de Jack McCoy. » fit une voix au bout du téléphone.
« Katleen Goren pour Mr McCoy. » Kate ne quittait pas les yeux de la route.
« Je suis désolée, Mlle Goren. Jack n'est pas là mais il m'a dit de vous laisser un message au cas où vous appelleriez. »
« Oui ? »
« Il vous attend au bureau de Me Melnick. »
« Merci. »
Kate signala aux autres automobilistes qu'elle changeait de file. A cette heure-ci, Jack devait être au tribunal avec Melnick. Elle avait tenté de joindre l'avocate à son bureau mais elle était partie pour le tribunal avec McCoy. La circulation était dense dans Manhattan.
Eddie ne l'avait toujours pas rappelé. Elle commença à monter les grands escaliers extérieurs lorsqu'elle remarqua la silhouette de Jack.
« Jack ! » cria-t-elle en accourant vers Melnick et lui.
« Katleen ! Tu as eu mon message ? » demanda-t-il en embrassant la jeune femme.
« Oui et j'ai appelé au bureau Me Melnick. On m'a dit que vous étiez là. » fit-elle en saluant l'avocate.
« Jack est venu me voir pour me dire pour Samuel. Comment va-t-il ? » s'enquit-elle.
« Il a besoin de cette opération le plus rapidement possible. Depuis que mon père est réveillé, je n'ai plus autorité pour prendre les décisions concernant les enfants. Au fait, Jack, comment as-tu su pour Samuel ? »
« Branch m'a convoqué dans son bureau. Il voulait me dire qu'il refusait de fléchir sous les demandes du ministère de la justice, du ministère de la santé et du maire. Novack était de son avis car elle aussi a reçu des pressions de la part du maire. J'ai bien averti Arthur que la presse allait parler de son geste… Il devrait se méfier de la presse surtout lorsqu'on arrive en période électorale… »
« Vous n'auriez pas du le menacer, Jack. Vous risquez de devoir rendre des comptes au conseil de l'ordre ou de voir Branch vous virez. » rétorqua Melnick alors qu'elle voyait le regard triomphant de Jack.
« Ne vous en faites pas toutes les deux. J'ai un ange gardien qui me soutient et m'aide. » Jack rassura Kate en lui frottant le bras et continua de monter. « Bon, vous arrivez ? Le juge Holtz va aller déjeuner ! » Jack monta les marches 4 à 4 tant il était pressé que l'avocate pose sa motion pour faire libérer Alex de prison.
« Il a raison. Il n'y a pas de raison que ma demande soit refusée et vous êtes présente. »
Tous trois arrivèrent vers le bureau du juge pour enfants. L'avocate avait eu l'ingénieuse idée d'avoir demandé une entrevue avec le juge Holtz, juge au tribunal des enfants, c'était le seul moyen qu'elle avait trouvé pour qu'Alex puisse sortir temporairement de l'enfer où on l'avait plongé depuis plus d'un mois. Novack était présente, elle attendait Melnick et empêcher qu'Alex sorte de prison et éviter ce que Branch craignait : la jurisprudence.
« J'aurai dû m'en douter. » marmonna Casey en voyant arriver Jack. « Vous n'êtes pas sur cette affaire Jack. Vous êtes procureur et non avocat. »
« Je suis venue soutenir Mlle Goren. Son petit frère est en train de mourir par votre refus de faire libérer sa mère. » McCoy commençait à s'opposer à Novack.
« Jack. » le rappela à l'ordre Melnick. « Madame le Juge. » fit-elle en serrant la main du juge qui arrivait près d'eux.
« Madame le Juge, la demande de Me Melnick est irrecevable ! Elle cherche par tous les moyens à faire sortir sa cliente de Beacon Hill. » commença par dire Casey avant que Melnick ait pu dire le moindre mot.
« Est-ce vrai, Me Melnick ? » demanda le juge en s'asseyant à son bureau.
« J'agis pour le bien-être du fils du Lieutenant Eames. Samuel n'a que 4 mois et il est atteint d'une très grave affection cardiaque. Les médecins ont besoin de diverses autorisations concernant la marche à suivre pour le rétablissement de cet enfant. De plus, ils ont besoin de faire passer des examens à la mère et au père au cas où. Mr Goren est actuellement hospitalisé dans le même établissement que son fils mais son état de santé ne permet pas d'assurer qu'il puisse être d'une grande aide pour son fils. »
« Comme je l'ai dis à Me Melnick ainsi qu'à Mr McCoy. Alexandra Eames-Goren n'est plus officier de police, elle peut très bien signer les décharges et laisser son époux prendre la responsabilité du reste. »
« Mme le Juge, Robert Goren vient tout juste de sortir du coma. Coma dans lequel il est resté plonger plus d'un an. Il souffre de graves séquelles physiques, psychologiques et intellectuelles. Katleen, sa fille aînée, lui a appris l'existence de Samuel ce matin. D'après ce que Mlle Goren m'a confié, son père n'a pas réellement compris le tenant et l'aboutissant de cette opération, tout comme il n'a pas saisi qu'il était le père de Samuel. »
« Mlle Goren ? » Holtz avait tourné son regard vers Katleen.
« Mon père est perdu dans l'espace temps. Il se met facilement en colère car il découvre petit à petit que son accident le prive de nombreuses choses. Son médecin craint qu'il soit suicidaire car il a perdu en partie et temporairement l'usage de la vue, l'usage de ses membres gauches. Il est hospitalisé depuis dimanche soir à St Luke où on lui fait passer énormément d'examens pour évaluer le plus précisément possible les dégâts causés par l'accident et le coma prolongé. Je connais mon père. Je sais qu'il ne voudrait pas qu'on laisse mourir Samuel sous prétexte que la demande faite par Me Melnick risquerait de créer une jurisprudence dans cet Etat. Ma mère est incarcérée à Beacon Hill depuis plus d'un mois. Là-bas, elle est victime de coups et blessures de la part des codétenues. Tout cela parce qu'elle est flic et qu'elle a envoyé de nombreuses personnes dans cette prison. Je ne vous demande pas de la faire transférer. Je vous demande de laisser ma mère participait aux soins de mon petit frère. Il n'a que 4 mois… » Katleen avait dit tout ce qu'elle avait sur le cœur.
« Mon rôle est de protéger les mineurs et de faire mon possible pour qu'ils puissent s'en sortir, s'intégrer correctement dans la société. Mlle Novack, je suis désolée mais votre requête est refusée. Je ne peux pas intervenir quant au transfert du Lieutenant Eames mais je vais faire un mémo de mise en garde au directeur de Beacon Hill. S'il devait arriver quelque chose au Lieutenant Eames à son retour en prison, et ce jusqu'à ce qu'il soit correctement établit qu'elle est bien commis ce pourquoi elle a été condamnée et qu'elle ait effectué sa peine de prison, je vous en tiendrais pour responsable, Mlle Novack. Je ne connais pas l'affaire qui vous a poussé à inculper le Lieutenant Eames mais sachez bien que la police de New York est solidaire et qu'elle ne changera pas le statut d'un de ses officiers tant que la culpabilité n'aura pas été clairement apportée. Mme Eames sera sous la garde de deux inspecteurs lors de ses présences à St Luke. Elle devra être reconduite à Beacon Hill une fois que l'enfant sera hors de danger et prêt à rentrer chez lui. En attendant, elle sera incarcérée à Rikers. »
« Mais Mme le Juge… » tenta de dire Casey.
« J'oubliais ! Cette décision est irrévocable. N'essayez donc pas d'aller voir un de mes confrères pour faire appel de ma décision. » Le juge Holtz raccompagna tout le monde à la porte de son bureau.
« Merci Mme le Juge. » fit Kate en serrant la main du magistrat.
« Branch va être furieux, Jack. » s'exclama Novack. « Je vais appeler Stabler et Benson pour qu'ils aillent chercher votre cliente à Beacon Hill et l'escorte à St Luke. »
« Pas Benson et Stabler, Me Novack. Je comptais bien réussir dans mon entreprise. Le Lieutenant Van Buren attend mon coup de fil. Alexandra risque de très mal interpréter le fait que vos inspecteurs viennent la chercher à Beacon Hill. Aussi, ai-je préparé une liste d'inspecteurs étant aptes à assurer une surveillance et un accompagnement sans failles. » fit McCoy en tendant sa liste à Novack.
« Vous vous payez ma tête ou quoi ? » rétorqua-t-elle, outrée.
« Faites voir… » demanda Melnick en s'approchant de la substitut du procureur. « Jack ? C'est une plaisanterie ? »
« Non pas du tout ! Ses policiers sont tout à fait habiliter à garder un prévenu. Je ne vois pas où est le problème. » Jack avait pris Kate par les épaules et commençait à quitter le couloir pour quitter le tribunal.
« Enfin, Jack ! Vous avez nommé des hommes ayant travaillé sous les ordres de Robert ou Alexandra ! Vous ne pouvez pas faire cela ! » Melnick était consternée.
« Faites ce que vous voulez, Casey. Mais je veux que dans les équipes tournantes il y ait toujours un des inspecteurs de cette liste. Ne faites pas de zèle ! J'ai un de mes contacts qui se fera un plaisir de relater notre petite entrevue chez le juge dans l'édition de demain. » Jack s'était retourné.
Chambre de Robert Goren
12 heures 06
« Louisa, reste-là. » Green essayait de retenir la petite fille qui lui avait échappé lorsque l'ascenseur s'était ouvert.
« Papa ! Papa ! » Louisa marchait aussi vite qu'elle pouvait du haut de ses 18 mois. Le service était en plein boom pour le service des repas mais la petite se faufilait sans peine.
« Louisa ! » intima Eddie en s'excusant pour rattraper l'enfant. « Où est-ce qu'elle est passée ? » Ed regardait autour de lui, il y avait beaucoup de bruits, de chariots, de personnes dans le couloir. « Louisa ? » appela-t-il en s'approchant.
« Didi ? » fit Louisa derrière la porte entrouverte d'une chambre où le calme régné.
« Enfin te voilà ! Viens par ici. Je t'avais dis de m'attendre, petite coquine. On doit attendre Kitty dans le couloir. Tu ne dois pas rentrer dans les chambres comme ça. Ce n'est pas poli. » Eddie reprenait son souffle. Louisa le faisait tourner en rond depuis qu'il l'avait récupéré plus tôt dans la matinée.
« Papa à Zaza là ! » Louisa désigna une silhouette de son petit doigt.
« Chut… Ce n'est pas… » Eddie avait attrapé Louisa par le bras lorsqu'il remarqua le numéro de la chambre… C'était bien celle de Bobby.
« Qui… est-ce ? » demanda Bobby qui s'était assoupi sur son fauteuil.
« Papa ! Papa ! » Louisa avait extirpé son bras de son manteau et avait encore réussi à fausser compagnie à Ed.
« Louisa ? » Bobby reconnut la voix de sa fille et tata autour de lui s'il pouvait la toucher. Il sentit quelque chose de bouclé se faufiler dans ses doigts.
« Papa bisou ! » Louisa attrapa la grande main de Bobby dans les siennes.
« Je vou… voudrais bien… ma… chérie… mais je… peux pas… te pren… prendre. » articula Bobby en touchant le visage rond de sa fille.
« Je vais vous aider, Capitaine. » Eddie était sortit de sa cache où il observait les retrouvailles entre un père et son bébé.
« Merci. » Bobby releva son bras pour le serrer ensuite autour de la taille de sa fille.
« Papa mange. » fit Louisa une fois sur les genoux de son père.
« Louisa, laisse Papa tranquille ! » ordonna une voix à l'entrée de la chambre. « Désolée d'être en retard mais il y avait beaucoup de circulation dans le centre ville. » Kate passa devant Eddie en le fusillant du regard. « Louisa, tu veux bien faire un bisou à ton papa et aller avec Ed ? Je vous rejoins dès que Papa aura mangé. »
« Non ! Veux rester aec mon Papa ! » Louisa fronça les sourcils.
« Ecoute… Kate mon… bébé. » Bobby baissa la tête et embrassa sa fille sur la tête alors qu'elle se pendait à son cou.
« Mais… »
« Pas de mais, Louisa. » Kate prit sa sœur dans les bras et la tendit à Ed qui la porta en dehors de la chambre. « Pardon, Papa… J'avais quelque chose à régler avec Jack. Tu as faim ? »
« Je savais… bien. » fit Bobby en attrapant sa cuillère à soupe.
« Tu savais quoi ? » Kate remuait la purée et la viande hachée.
« Je savais bien… que c'était… un flic. » Bobby ne croisa pas le regard de sa fille en portant la cuillère à la bouche. La veille, il s'était disputé avec elle car il voulait manger seul. Il pensait y arriver sauf que le repas de midi risquait de se retrouver plus vite sur son pyjama que dans son estomac.
« Donne… Je vais t'aider. J'appellerai une infirmière pour qu'elle te change avant la sieste. » Kate prit la cuillère et la dirigea vers la bouche de Bobby.
« NON ! » Bobby donna un coup sur la main de Kate et la cuillère tomba au sol.
« Bon… J'appelle une infirmière maintenant pour qu'elle t'aide… » Kate ramassa la cuillère et appuya sur le bouton d'alerte.
« Oui ? » Lupe arriva la première dans la chambre et alluma la lampe extérieure de présence. « Que se passe-t-il Robert ? »
« Je ne… veux pas… qu'elle… me do… donne… à man… ger ! » Bobby était tellement énervé qu'il n'arrivait pas à construire ses phrases.
« Ça vous dérange Katleen si… » Lupe était près de Bobby.
« Non. Allez-y. je vais en profiter pour aller déjeuner avec mon ami et ma sœur. » Kate avait les larmes aux yeux. Dans toutes ses tentatives pour aider son père, elle échouait…
« D'accord. Je vais l'aider à manger et après nous le préparerons pour la sieste. » Lupe prit la cuillère à soupe que Kate avait nettoyé dans la salle de bains et prit de la purée.
« Veux pas faire… la sieste. » Bobby rouvrit la bouche quand il sentit que la cuillère était à l'entrée.
« Si, si. Vous devez faire la sieste. Vous avez besoin de vous reposer si vous voulez profiter de votre adorable petite fille. » insinua la surveillante.
« Oui. » acquiesça Bobby avant d'avaler la purée.
« On reviendra peut-être en milieu d'après-midi quand elle aura fait sa sieste, elle aussi. » Kate avait repris son manteau et son sac.
« Louisa… dort avec… moi. » fit Bobby avant de tousser violemment.
« Vous ne devriez pas avaler comme ça, Robert. Cela provoque des fausses routes et vous vous étouffez… » Lupe tendit une serviette à Bobby afin qu'il s'essuie le visage.
« Mes filles… restent… avec moi. »
« Si vous le souhaitez… Louisa n'aura qu'à faire sa sieste dans votre lit d'appoint, Katleen. » proposa l'infirmière.
« Oui… » Kate referma la porte de la chambre derrière elle et retrouva Ed qui portait la petite dans les bras. « Tu n'as pas écouté tes messages ? »
« Non… Je n'ai pas entendu mon téléphone sonner… » Ed suivit Kate vers l'ascenseur.
« Excuse-moi… Je suis fatiguée… Je suis allée retrouver Jack et Melnick au tribunal. Branch a refusé qu'on laisse sortir Alex temporairement de Beacon Hill pour qu'elle soit présente avec Sam. Jack est allé voir Melnick qui a demandé une entrevue avec un juge des enfants. La juge a accepté notre requête. Alex passera ses journées ici, et ses nuits à Rikers. »
« C'est définitif ? » demanda Eddie en tenant la porte de la cafétéria pour Kate.
« Malheureusement non… Une fois que Sam sera sorti d'affaire et qu'il sera à la maison, elle devra retourner à Beacon Hill… Je suis contente de ravoir ma mère près de moi mais j'ai peur des conséquences quand elle retournera là-bas… » Kate se servit machinalement tout en racontant à son compagnon la matinée.
« Si on arrive à ENFIN trouver la vérité dans son affaire, elle ne retournera pas en prison. Au fait, qui devait aller chercher Alex à Beacon Hill ? » demanda-t-il en payant les plateaux repas.
« Aucune idée… Jack avait fait une liste seulement Novack n'était pas emballée par les noms inscrits dessus… McCoy avait nommé toutes les personnes ayant travaillé de près ou de loin avec mes parents. Du coup, il n'y a qu'un flic connu de mes parents et un autre pour assurer les transferts de Rikers à ici et vice versa. »
« J'y suis sur cette liste ? »
« Non. Tu penses bien que Jack ne t'a pas mis ! Novack aurait fait un scandale supplémentaire et adieu cette autorisation temporaire. » Kate coupa la viande et les légumes de Louisa en même temps.
Pendant ce temps…
Alex ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Cela faisait une petite demi-heure que le gardien était venue la chercher au parloir…
Flashback :
« Je vous remercie John de nous aider à faire la lumière sur tout cela. » fit Alex en souriant à son visiteur.
« Pas de problèmes. C'est un plaisir pour moi aussi ! Appelez-moi Sully. Tout le monde m'appelle comme ça. » sourit l'homme de fort gabarit. « Vous ne voyez pas qui pourrait savoir ce que votre mari faisait chez le procureur fédéral ? J'ai regardé à plusieurs reprises les dossiers que vous avez rapporté du commissariat mais dans aucun il n'est fait mention d'une quelconque affaire dans laquelle il devait rendre des comptes aux fédéraux. »
« Bobby et moi parlions rarement de notre boulot surtout à la maison. Bobby aimait énormément son boulot et ne voulait pas que les enfants suivent notre chemin. Il était content lorsque Kate nous a annoncé son souhait de faire des études dans le milieu de l'architecture d'intérieur. Elle est très douée… Mais elle est tombée amoureuse d'un inspecteur… Et ça… Je ne sais pas si Bobby va bien l'accepter… »
« Pas de flics à la maison ? »
« Ce n'est pas ça. Il ne voulait pas qu'on l'appelle et qu'on lui annonce que son mari était tombé en faisant son boulot. Cette situation, elle l'a vécu différemment puisque c'est son père qui a été victime de son métier. Et vous, dites-moi, comment se fait-il qu'un flic à la retraite s'intéresse à nous ? »
« Disons que les parties de pêches, d'échecs c'est très bien… Seulement, il manque toujours ce petit quelque chose qui met du piment dans la vie… Et puis, ce sont deux des hommes de votre mari qui m'ont demandé de vous aider à résoudre ses énigmes. »
« Ah oui. Brendan et Ty… Excellents flics tous les deux. » Alex se sentait en confiance avec Sully et cela faisait longtemps que ça ne lui était pas arrivée.
« Des bons gars même si j'ai eu des doutes sur Finney au début. Finalement ce gamin est totalement le contraire de son père. Il est droit, honnête et vif. J'l'aime bien… Davis c'est un peu comme le fils que je n'ai pas eu. »
« Ce sont d'excellents éléments tous les deux. Ils ont eu de la chance d'arriver dans la même unité depuis la destruction de votre ancien commissariat. »
« Oui. Il y avait un flic à la 55ème… Sympa mais incontrôlable. Il pouvait passer des journées à nous bassiner sur ses théories tordues mais il fait de l'excellent boulot. Je n'ai pas de nouvelles de lui, faut que je pense à en demander aux autres… »
« Vous parlez de Maurice Boscorelli ? »
« Oui. Vous le connaissez ? »
« Effectivement. Bos était dans mon équipe. Personne ne voulait de lui alors je lui ai donné sa chance et je ne le regretterai jamais. C'était un bon élément. Je reconnais qu'il est fatiguant, qu'il n'a pas toujours été honnête avec ses supérieurs mais avec moi tout aller bien. »
« Vous êtes bien la première femme a arrivé à supporter cet énergumène ! Même Yokas a jeté l'éponge ! »
« Yokas ? Faith Yokas ? »
« Oui… Ils patrouillaient ensemble jusqu'au jour où Bosco s'est fait salement amoché à La Pitié. »
« Yokas a enquêté sur la tentative de meurtre de Bobby. Elle a l'air gentille mais la section criminelle n'était pas faite pour elle… Dans quelques années peut-être… »
« Goren ! » appela un gardien. « Les visites sont terminées. »
« Hé ! Il me reste encore 10 min ! » répondit Alex en se levant.
« Changement de programme. Pose pas de questions. » Le gardien l'empêcha de dire au revoir à Sully.
« On va où ! » s'énerva Alex.
« Deux inspecteurs sont là pour toi. Tu as droit à des petites vacances loin de nous. C'est tout ce que l'on m'a dit. »
Alex ne posa plus de questions et remarqua deux personnes dans le sas de sortie.
« Là voici, inspecteurs. »
« Keith ? »
« Bonjour, Lieutenant. J'ai pour mission de vous conduire en ville. McCoy nous attend dehors. »
Fin du flashback…
« Ça va Lieutenant ? » demanda Keith en se tournant à l'arrière pendant que son équipier du jour conduisait rapidement en direction de l'hôpital.
« Inquiète… Jack n'a pas voulu me dire beaucoup de choses. J'ai hâte d'être l'hôpital et de voir mon bébé… »
« Je ne peux rien vous dire. On nous a simplement dit qu'on devait rester avec vous tout le temps que vous êtes à l'hôpital et vous ramener le soir à Rikers. »
« Ce sera tous les jours vous deux ? » questionna Alex qui regardait la route et le paysage urbain défilé.
« Non. Demain, ce sera un autre tandem. Je ne peux pas vous dire qui ça sera. Je sais seulement que tous les jours vous aurez une tête connue qui viendra vous chercher à la prison et vous ramènera. McCoy voulait que ce soit deux flics que vous connaissez mais Novack a refusé. Elle voulait envoyer ceux qui vous ont arrêté… »
« Merci. Comment va votre famille ? »
« Bien. Avec ma femme, on va avoir un deuxième enfant ! Si c'est un garçon, j'aimerai que nous l'appelions comme le Capitaine. Si c'est une fille, je ne sais pas. On a le temps de voir. »
« Bobby serait probablement content de savoir cela… »
« Je voulais m'excuser, Lieutenant… Depuis que vous avez fais transférer le Capitaine dans ce centre à Hoboken, je ne suis pas souvent allé le voir… Je n'arrive toujours pas à comprendre comment on peut foncer sur un type de sang-froid et s'enfuir et surtout s'en tirer comme ça ! »
« Keith… Bobby n'est plus à Hoboken… »
« Ah ?... Il est ? »
« Non. Il est réveillé mais très agité d'après ce que m'a dit Katleen. Ça ne fait pas longtemps qu'il est sortit du coma… Est-ce que je serai autorisé à rendre visite à mon mari, officier… »
« Officier Johnson, Madame. Je ne sais pas. »
« Mon mari est hospitalisé à St Luke depuis dimanche soir. Ce doit être pour cela que mon bébé a été hospitalisé là-bas… » pensa Alex en distinguant au loin la façade marron de St Luke.
« S'il est dans le même hôpital, je ne vois pas pourquoi ça ne serait pas possible. » répondit gentiment l'officier Johnson en souriant à Alex dans son rétroviseur intérieur.
« Nous voilà. On va aller se garer dans le parking souterrain de l'hôpital et monter directement au service pédiatrique, Lieutenant. Vous voulez que j'appelle Kate ? » Keith orienta son partenaire du jour. Il connaissait l'hôpital par cœur.
« Il est un peu plus de midi, elle doit manger. On va aller au service pédiatrique. Je veux voir mon bébé. » Alex se frotta les yeux et attendit que Keith ouvre la porte. « Est-ce vraiment nécessaire, Keith ? » demanda-t-elle en montrant ses mains attachées à des menottes. « Je ne vais pas m'enfuir… Je ne vais pas pouvoir prendre mon bébé dans mes bras avec ça aux poignets. »
Service pédiatrique
13 heures 01
« Bonjour… Vous cherchez quelqu'un ? » demanda une jeune fille habillée tout en rose.
« Je suis la maman de Samuel Goren. » fit Alex en se présentant.
« Le Dr Palladino vous attend. Je vais le prévenir que vous êtes arrivée, Mme Goren. » La jeune fille quitta Alex et ses deux gardiens avant de revenir avec le pédiatre.
« Mme Goren ? Je suis le Dr Palladino, le chef du service pédiatrie et réanimation pédiatrique. Venez dans mon bureau. » Palladino entoura les épaules d'Alex et l'entraina dans son bureau. « Je vous prie de m'excuser une seconde… » Palladino décrocha son téléphona et pianota un numéro. « J'attends mes collègues. »
« Pourquoi ? On m'a dit que mon bébé était hospitalisé mais on ne m'a pas dit ce qu'il avait. Je veux voir mon fils ! » réclama Alex qui comprenait l'importance de sa venue à l'hôpital.
« Alexandra… » fit Kingston en entrant dans le bureau.
« Dr Kingston ! Que se passe-t-il ! »
« Vous avez eu Katleen au téléphone dans la matinée ? » demanda Kingston.
« Non. Je lui ai parlé hier pour avoir des nouvelles de Bobby et des enfants. Pourquoi ? Il est arrivé quelque chose à Sam ? » blêmit-elle.
« Mme Goren, votre frère a amené votre bébé cette nuit. Samuel avait des difficultés pour respirer, il présentait une forte fièvre. Le pédiatre d'astreinte la nuit dernière a diagnostiqué une sévère bronchiolite. »
« J'ai vu Samuel dans la salle des familles de la prison. Il était grognon mais sans plus… » Alex s'était rassise face au pédiatre.
« Aviez-vous remarqué quelque chose d'anormal chez votre fils à la naissance ? Durant les premières semaines à la maison ? » demanda un autre médecin qui venait d'entrer.
« C'est le Dr Baldwin. Je lui ai demandé son avis après avoir ausculté votre fils ce matin. »
« Non… Samuel a été dès le début un bébé adorable. Il s'endormait assez souvent lorsque je lui donnais le biberon mais mon médecin m'a dit que c'était normal car j'avais eu Samuel tard… Pourquoi toutes ces questions ? C'est grave ? »
« Le Dr Manson qui a vu Samuel aux urgences a trouvé assez bizarre qu'un bébé de 4 mois ait un gros souffle systolique. Il a demandé à ce qu'on lui fasse un écho doppler. »
« Oui ? »
« Il s'avère que votre fils souffre d'une malformation cardiaque appelée communication inter-ventriculaire. Il a une grave insuffisance respiratoire à laquelle nous pouvons remédier en pratiquant une opération à cœur fermé. »
« Je ferai tout ce que vous voudrez, je signerai tout ce que vous voudrez du moment que vous sauvez mon bébé. »
« Avant de vous faire signer quoique ce soit, je vais vous expliquer en quoi consiste l'opération à cœur fermé. » fit Baldwin en s'approchant d'Alex avec une planche anatomique du cœur. « On va poser un cathéter dans son artère fémorale par lequel on va faire passer un tuyau très fin. Ensuite, nous pousserons le cathéter dans l'artère afin qu'il remonte dans le cœur. Une fois, le cathéter en place, nous faisons monter une sorte de petit parapluie. Dans le cœur, il aura suffisamment de place pour se déployer afin de boucher la communication inter-ventriculaire. » expliqua le cardiologue. « C'est une opération très pratiquée et qui ne laissera pas de grosses cicatrices apparentes plus tard. Après l'intervention, Samuel restera quelques jours sous oxygène. Samuel devra passer des écho-doppler pour contrôler son cœur. Plus tard, il pourra faire du sport et ce qu'il voudra comme sport. Par contre, j'ai recommandé au Dr Palladino de mettre Samuel sous écho pour surveiller l'évolution de son état cardiaque. En cas de répercussions cardiaques, nous devrons l'opérer immédiatement afin d'éviter toutes séquelles cardiaques ultérieures. » Baldwin regarda Alex.
« Je signe où ? » demanda-t-elle en affichant un léger sourire aux lèvres.
« Les papiers sont prêts. Katleen et moi les avons fais signer à Bobby. Nous avions besoin de vos deux signatures. » fit Kingston en tendant un mouchoir à Alex qui signa les documents médicaux.
« Vous allez l'opérer quand ? »
« Il faut d'abord qu'il guérisse de sa bronchiolite. Il a l'air résistant. Il est sous antibiotiques depuis la nuit dernière. Nous l'avons mis sous oxygène et un kiné a commencé à lui faire de la kiné respiratoire pour l'aider à évacuer les sécrétions qui sont dans ses poumons. Il répond bien aux stimuli. Vous pouvez venir le voir mais il est trop tôt pour le prendre dans vos bras. » répondit le pédiatre en ouvrant la porte de son bureau.
« Je vous vois plus tard, Alexandra ? Je dois vous voir au sujet de votre mari. » fit Kingston en laissant Eames avec Palladino et ses gardiens.
« Ça va Lieutenant ? Vous avez pleuré ? » demanda Keith en voyant les yeux rougis d'Alex.
« Sam est très malade… Le Dr Palladino m'emmène le voir mais je ne peux pas le prendre dans mes bras. » murmura-t-elle. « J'en ai marre de toutes ces persécutions ! » pensa-t-elle
« Je suis désolé, Lieutenant… On vous attend ici. » Keith tapota l'épaule d'Alex pour lui montrer son soutien dans cette épreuve.
Alex avança lentement vers le berceau à barreaux dans lequel était allongé son fils. Elle mit une main à sa bouche en voyant les machines, les tuyaux auxquels la vie de Sam était accrochée. Elle ne put s'empêcher de pleurer en pensant à Bobby. Elle avait l'impression que le destin s'acharnait sur elle et les siens… Quand quelque chose commençait à aller bien, automatiquement il avait autre chose qui s'écroulait derrière.
Elle caressa la petite main potelée du bébé et lui parla tendrement. Samuel ouvrit légèrement les yeux mais les referma presque aussitôt. Elle toucha le front du bébé qui était très chaud. Plus elle le regardait, plus elle trouvait qu'il ressemblait à Bobby. Elle pensait qu'elle aurait bien voulu voir une photo de Bobby bébé, histoire de comparer les deux mais elle n'en avait pas trouvé ni même Katleen. Elle regarda l'horloge au-dessus de la porte. Elle embrassa furtivement son bébé et se leva pour retrouver ses deux gardiens.
« On peut y aller. Le Dr Kingston veut me parler de mon mari. » Alex sortit du service de pédiatrie et appela l'ascenseur.
14 heures 13
Alexandra arriva au 4ème étage de l'hôpital. Dieu qu'elle connaissait ce service… Elle le connaissait en long et en large. Elle y avait passé le plus clair de l'année passée à espérer, pleurer et prier. Aujourd'hui, elle revenait mais elle n'allait pas se transformer en poupée bleue pour pénétrer dans le service de réanimation. Son mari était dans une vraie chambre qui donnait sur le parc de l'hôpital. Aujourd'hui, elle s'attendait à connaître une partie du verdict médical concernant l'état de l'homme qu'elle aimait depuis que leurs regards s'étaient croisés une quinzaine d'années plus tôt. Elle avait demandé à une aide-soignante où elle pouvait trouver le Dr Kingston mais cette dernière avait été appelée aux urgences et ne remontrait sans doute pas d'ici quelques heures. On lui avait dis où se trouvait Bobby. Elle se demanda en toquant à la porte pourquoi les deux chaises placées à l'entrée de la chambre ne l'avaient pas frappé. Elles avaient probablement été placées là pour les officiers de police qui devait la surveiller toute la journée. Elle entra dans la chambre plongée dans l'obscurité par les stores. Il n'y avait pas un bruit….
« Katleen ?... » murmura Alex en refermant derrière elle.
« Elle dort… Contente de vous voir, Alex. » fit Eddie en se levant du fauteuil de Bobby. « Elle a passé une nuit blanche. Elle a lutté pour ne pas s'endormir. Elle voulait vous voir et allez avec vous voir Samuel… » Il la prit dans ses bras et l'invita à s'asseoir à sa place.
« Tout le monde dort à ce que je vois… » Alex caressa le visage de Kate avant de se pencher sur Bobby qui tenait contre lui Louisa.
« Louisa s'endormait à table et comme on devait attendre que les infirmières aient couchées votre mari. La petite s'est endormie dans les bras de Kitty. Elle l'a ensuite allongée contre son père… »
« Ça fait longtemps que Bobby s'est endormi ? » demanda-t-elle avant de s'asseoir et de veiller sur son mari et sa petite fille.
« Il commençait déjà à s'endormir vers 13 heures quand nous sommes arrivés dans la chambre. Il a râlé après Katleen parce qu'elle voulait remonter ses couvertures et qu'il ne voulait pas. Il a accepté quand elle lui a dit qu'elle faisait ça pour Louisa. »
« Comment ça se passe entre eux ? »
« Difficile à dire… Elle n'en parle pas. Elle y garde pour elle. Elle veut l'aider mais il refuse beaucoup de choses venant d'elle. Par contre, il ne veut pas qu'elle parte longtemps. Je ne sais pas comment ça va se passer ce week-end… »
« Ce week-end ? » l'interrogea Alex.
« Katleen m'a annonçait ce matin qu'elle partait pour tout le week-end à Boston. Je n'en sais pas plus. Je suis obligé de travailler pendant le week-end car le chef trouve que je prends de trop nombreux jours de repos… »
« Tiens… Ce n'est pas à cette période qu'elle part à Boston d'habitude. » examina-t-elle.
« Je sais que ça ne me regarde pas mais elle a besoin de prendre un peu le large… Je ne pensais pas dire ça un jour mais je crois qu'il faut qu'elle s'éloigne d'ici pour réfléchir. » Eddie savait qu'il n'était pas très habilité à porter un jugement sur sa compagne mais il la trouvait plus tendue que d'ordinaire et il craignait que la pression se faisant trop insistante, Kate craque nerveusement.
« Je suis consciente qu'elle a assumé beaucoup de choses ces derniers mois… Elle a été obligée de prendre des décisions vraiment difficiles. Je vais essayer de la pousser à rester quelques jours de plus là-bas… Elle t'a déjà parlé de sa vie à Boston ? » Alex s'était relevée pour remonter la couverture de Kate qui avait glissé.
« Non… Pas vraiment… Je sais qu'elle y a rencontré Debbie, c'est tout. Elle ne veut pas en parler. Des fois, j'ai l'impression qu'elle me cache des choses… » Eddie passa la main dans les cheveux de Kate.
« A l'origine, Katleen aurait dû faire ses études à New York mais les choses étant ce qu'elles étaient à l'époque, il était préférable qu'elle s'éloigne de la maison. D'ailleurs, elle m'a souvent dit que vivre à Boston avait été ce qu'il y avait eu de mieux à faire et qu'elle y serait restée… »
« Vous aviez des problèmes avec elle ? Je veux dire, elle a eu des problèmes ? » s'enquit Eddie, curieux de savoir davantage de choses sur elle.
« Je n'ai jamais eu de problèmes avec elle mais Bobby oui… Il n'était pas rare d'entendre claquer les portes violemment. On dit : « Qui aime bien châtie bien ». Dans les relations de Bobby et Kate c'étaient très souvent le cas. Bobby devait assumer l'éducation de Sean qui était tout petit à l'époque où Katleen est venue vivre avec nous. Elle avait déjà un tempérament explosif. Bobby a toujours été assez ours avec ceux qui l'entourent. Il se méfie de tout. Il a toujours porté un soin tout particulier à mener sa petite enquête sur les petits amis de notre fille. Tu as eu de la chance d'y échapper. »
« A ce point ? Je savais qu'il déstabilisait tous les prétendants de Kitty lorsqu'il les rencontrait pour la première fois. »
« Déstabiliser ? Il les faisait fuir plutôt ! C'est pour cela qu'elle est partie loin de New York. Quand elle est revenue vivre ici, elle était métamorphosée. En deux ans, elle est devenue adulte. Ça m'a choqué de voir qu'à 20 ans, elle prenait autant de décisions importantes. Je ne suis peut-être pas sa vraie mère mais je l'aime encore plus que si c'était la mienne. » Alex sentait les larmes coulaient sur son visage.
« Elle vous aime aussi énormément. Elle m'avait averti qu'avec vous le courant passerait tout de suite mais qu'avec son père rien n'était certain. »
« L'avenir nous dira à quelle sauce Bobby va te manger… » Alex sourit à Eddie qui lui rendit un sourire crispé.
« A ce point-là ? »
« Je te l'ai dis. C'était un vrai ours avant, je ne sais pas comment ça va être maintenant… » Alex surveillait sa petite famille endormie.
« Je vais vous laisser un petit moment en famille. Ted m'a demandé de le tenir au courant pour Samuel et je n'ai pas eu le temps de m'en occuper et je dois récupérer Sean à la sortie du collège. » Eddie avait remis sa veste et attrapé son manteau.
« Tu le ramènes ici après ? » demanda-t-elle.
« Oui. Si Kitty me cherche, je prends mon téléphone, allumé. » précisa Green.
« D'accord, je le lui dirai. Merci pour tout, Ed. » fit-elle en serrant la main de l'inspecteur dans la sienne.
« C'est normal. Entre flics, on doit bien s'entraider. »
Alexandra rougit à l'énonciation du mot « flic ». Elle espérait que Bobby ne l'ait pas entendu car la crise père-fille risquait de redémarrer et elle ne serait pas là pour enrailler les disputes. Katleen avait les yeux toujours clos mais elle s'étira comme un chat. Alex remarqua que la jeune femme avait beaucoup maigri et que ses traits étaient tirés. Elle avait l'impression de se voir, elle-même, dans un miroir. Kate bailla et se frotta les yeux.
« Ed ? » appela doucement la jeune femme.
« Il est parti. Il va revenir tout à l'heure avec Sean. »
« Maman ? » Kate s'était assise sur le bord du lit d'appoint.
« Oui… Je suis arrivée tout à l'heure, escortée par deux anges gardiens. » plaisanta Alexandra.
« Tu as vu les médecins ? Comment va Sam ? » Kate s'était levée et était venue prendre sa mère dans ses bras.
« J'ai vu les médecins. Ils m'ont tout expliqués. J'ai signé les papiers. Samuel a ouvert les yeux quand je lui ai parlé. Le pédiatre dit qu'il répond bien au traitement. »
« J'ai eu si peur la nuit dernière quand on est venue me chercher… Je n'ai pas osé appeler les grands-parents… Grand-père a dit qu'il viendrait voir Bobby dans l'après-midi. Il est venu ? » demanda la jeune femme.
« Je ne l'ai pas vu. Il n'est que 15 heures 31. Généralement à cette heure-ci, ils font leurs courses à Jersey. »
« Les infirmières ne vont pas tarder à venir réveiller Bobby pour la collation du milieu d'après-midi. Je vais aller me chercher un café, tu en veux un ? » Katleen se recoiffa rapidement.
« Tiens, tu as un tatouage dans le cou ? Je ne l'avais jamais vu… »
« Ce n'est pas grand-chose… » Kate se sentit gêner. Comment avait-elle pu faire une erreur pareille en tournant le dos à Alex ? Ses cheveux devaient ébouriffés derrière pour qu'on distingue le tatouage…
« Tu pourras me le montrer quand tu reviendras ? »
« C'est un tatouage sans importance… Il n'est pas comme celui que tu as sur le bras. » Kate essayait de se dépêtrer de cette situation.
« Comme tu veux. Tu peux me prendre un grand café avec quelque chose à grignoter ? Pense aussi à Louisa. »
« Pas de problèmes. A tout à l'heure. » Kate sortit de la chambre, soucieuse, ennuyée.
« Bonjour Katleen. » fit Keith en saluant la fille aînée de son ex-patron.
« Bonjour Keith… Officier… » dit-elle en leur serrant la main. « Je vais chercher des cafés, vous en voulez ? »
« Je veux bien mais je vais vous donner de la monnaie, Mademoiselle. » fit Johnson en sortant de la monnaie de sa poche.
« Pas la peine. Je vous l'offre. » répondit-elle en leur offrant son plus beau sourire et en se dirigeant vers l'escalier.
« Elle est bien grande leur fille… » Johnson avait détaillé Katleen des pieds à la tête.
« C'est leur fille adoptive. A l'origine, c'est la nièce du Capitaine Goren. Tout comme, leur fils Sean. Ils les ont adoptés officiellement lorsqu'ils se sont mariés. Sean est le neveu du Lieutenant. C'est un gosse formidable ! »
« Tu as l'air de bien connaître la famille. »
« Tous les étés, on faisait un barbecue chez eux. Ça permettait aux enfants de se rencontrer. Dans le cas de Katleen, il n'y avait pas de jeunes de son âge mais elle est très volontaire et s'amusait avec les plus jeunes. Cette fille n'a pas encore 23 ans et elle a les responsabilités de toute une famille. Elle a la tête sur les épaules. Elle est belle, intelligente et fiancée à un flic… »
« C'est vrai que c'est un beau brin de fille. C'est qui son fiancé ? » interrogea Johnson.
« Green, Ed Green. Il travaille à la 27ème sous les ordres du Lieutenant Van Buren. »
« Le black de tout à l'heure ? »
« Oui. Un conseil, ne dis pas « black » devant eux. Green est un excellent flic très apprécié par la famille et tous les termes péjoratifs racistes ou pas ne sont pas employés dans toutes les conversations que tu pourrais avoir avec des visiteurs ou des membres de la famille. » l'avertit Keith.
« Je ne voulais pas être impoli… » s'excusa l'officier de police en civil.
« Pas grave. J'avais oublié de te mettre au parfum. » Keith lui fit un clin d'œil.
Alex s'était levée et avait commencé à lever le store. Le soleil hivernal rentra peu à peu dans la chambre. Quelques oiseaux s'aventuraient dans le parc pour glaner quelque chose à manger. Elle se retourna lorsqu'elle entendit un bruissement sourd provenir du lit. Bobby avait tourné la tête en direction de la fenêtre. Les rayons de soleil venaient lui chauffer le visage. Ses yeux étaient toujours fermés. Alex pouvait enfin voir clairement le visage cet homme qu'elle aimait plus que tout.
Rien n'aurait pu briser ce moment d'une grande sérénité. Pour quelques heures par jour, pendant un laps de temps définit, elle allait pouvoir à nouveau toucher son visage marqué par l'accident, par le coma, par la détresse. Certes, il n'avait pas ouvert les yeux mais elle ressentait un profond désarroi. Elle ne savait ce qu'il en était des examens passés, au fond d'elle elle ne voulait pas savoir. Quelque chose s'était brisé l'année d'avant, quelque chose qu'elle ne retrouverait peut-être pas dans sa relation avec Bobby. Elle savait que leurs vies ne seraient plus comme avant. L'homme qu'elle aimait n'était plus pareil. Leur amour réciproque était probablement intact malheureusement des barrières invisibles s'étaient dressées entre eux. Il leur faudrait beaucoup de temps et de patience pour briser les distances.
« Par… don… Kate… » murmura Bobby en ouvrant les yeux et en distinguant une silhouette fine près de la fenêtre.
« Bobby ? » Alex s'était approchée de son mari. « C'est moi, chéri… Kate va revenir. »
« Al… Alex… » Bobby avait des larmes qui commençaient à se dessiner autour de ses yeux marrons.
« Je suis là… Tout va bien… » Elle essuya les larmes des yeux de son époux et déposa un léger baiser sur ses lèvres. « Je t'aime, Bobby Goren… » Maintenant c'était elle qui pleurait.
« Je t'ai… aime aussi… Tu m'as… manqué… » Bobby essayait de parler le plus normalement possible mais l'émotion l'étranglait.
« Toi aussi tu m'as manqué… Si tu savais à quel point tu as pu me manquer. » Alex mit sa tête dans le cou de Bobby et l'entoura de ses frêles bras.
« Ne pars… plus… » l'implora-t-il en tournant la tête vers sa femme pour l'embrasser à son tour.
« Tu vas me voir tous les jours tant que notre bébé est hospitalisé ici. »
« C'est vrai… que c'est… mon bébé ? »
« Oh oui ! C'est vrai. Quand il ira mieux et qu'on pourra le porter, je demanderai au Dr Kingston si tu peux venir embrasser ton fils, le regarder dans les yeux. » Alexandra caressa le visage de Bobby.
« Comment… faire pour… le voir ? Je ne… vois… rien Alex. J'aurai… préféré… »
« Tu aurais voulu quoi mon chéri ? »
« Mourir. » lâcha-t-il en baissant les yeux.
« Ne dis pas ça Bobby. Tu vas guérir, tu dois guérir. » affirma Alex.
« Je peux… plus bouger… mes jambes veulent pas… mon bras… non plus… Je peux plus… manger seul. Je me… fâche ap… après Kate… » La colère sortait de sa bouche.
« Pourquoi tu te fâches après Katleen ? » demanda Alex en prenant Louisa, endormie, dans ses bras.
« Il se fâche avec moi parce qu'il ne veut pas de mon aide… » répondit Kate après avoir fermé la porte derrière elle.
« Pardon… Kate. » fit Bobby en tendant son bras à sa fille aînée qui ne bougea pas. « Tu m'as… menti… »
« Quand ça ? Quand est-ce que je t'ai menti ? » demanda la jeune femme en posant les cafés sur la table.
« Il est… flic… » Bobby serra son poing.
« De qui tu parles, Bobby ? » Alexandra avait compris de qui il parlait mais elle voulait qu'il le dise lui-même.
« Eddie. Il ne… faut pas… que tu… sois mariée… avec un… flic. Dangereux. » réaffirma-t-il.
« Tu ne connais pas Ed, Papa. Je ne me marie pas au métier de l'homme que j'aime. Je me marierai avec l'homme que j'aime. Je l'aime et il m'aime. » Kate réveilla doucement sa sœur afin qu'Alex puisse se restaurer un peu. « Demande à Sean, à Louisa… Ed est vraiment quelqu'un de bien. Il a toujours répondu présent pour nous quand tu étais dans le coma. »
« Didi m'a mené chez Bamby matin. » Louisa avait compris qu'on parlait d'Eddie.
« Bamby ? » demandèrent Alex et Bobby.
« Eddie l'a emmené au zoo ou je ne sais où ce matin. Il passe la majorité des caprices de Louisa en ce moment. » raconta Kate.
« On en… reparlera… »
« Je peux prendre Louisa avec moi ? On va vous laisser seuls avec le Dr Kingston. Je l'ai croisé en bas. » Kate prit son café et le goûter de Louisa dans une main et sa petite sœur dans l'autre.
« Pardon, Katleen… » s'excusa une voix connue de la famille Goren. « Bonjour Alex. Comment ça va ? On m'a dit que vous aviez signé les papiers pour l'opération de Samuel. »
« Bonjour, Dr Kingston. Ça peut aller… Merci d'être intervenue pour moi. » la remercia Alex en lui serrant la main. « Je voulais vous voir pour Bobby. Que donnent les examens ? »
« Comme je l'ai dis à votre époux, ses yeux ont subis des dommages réversibles. Pour qu'il puisse recouvrer partiellement voire totalement la vue, nous devons entreprendre une lourde rééducation oculaire. Robert a émit le souhait de commencer rapidement. Je lui ai, également, dis que ce serait très long et qu'il devra se montrer patient. Il devra porter des verres correcteurs. »
« Je veux… pouvoir voir… mes enfants. » insista Bobby en serrant la main de sa femme. « Je veux… marcher ! » s'énerva-t-il soudain.
« Du calme, chéri. Tout comme toi, je veux que tu puisses revoir les enfants. Je veux que tu puisses voir Louisa comme elle est belle avec ses longs cheveux noirs. Je veux que tu puisses voir combien Sean a grandi. Je veux que tu puisses voir notre bébé miracle, que tu vois comme Sam te ressemble. » Alex passait sa main sur le visage de son mari pour le calmer. « Le Dr Kingston n'est pas magicienne… Elle ne peut pas te rendre immédiatement tout ce que l'accident t'a volé… Il faut que tu sois patient. »
« Non. Tu mens ! Je sais… tout ! » Bobby était devenu tout rouge.
« Comment ! De quoi tu parles ? » bafouilla Alex en regardant le Dr Kingston.
« Kate ! » Bobby avait le visage hagard.
« Bobby ? » s'enquit Kingston. « Vous rappelez-vous où vous êtes ? »
« Je suis… Je suis à… l'hôpital… Alex doit… pas savoir… » répondit-il comme un robot.
« Alex ne doit pas savoir quoi ? »
« Ce… Ce salaud… Il a vou… voulu violer Katleen… Elle ne… elle ne veut pas… » Bobby cherchait ses mots. « Personne… Personne doit sa… savoir… Janus… » murmura-t-il avant de s'endormir.
« Dr Kingston ? Qu'est-ce qu'il lui arrive ? » s'inquiéta Alex qui ne comprenait pas le soudain changement de comportement de son époux.
« C'est une des raisons pour lesquelles je souhaiterai qu'on attende un peu avant de commencer cette rééducation… Bobby revit des scènes du passé. Ces scènes ressurgissent à l'énoncé d'un mot. Par moment, il ne se souvient pas de Louisa. Il n'est pas totalement avec nous. »
« On ne peut rien faire ? Vous êtes sûre que vous ne pouvez pas le faire avancer et commencer ses exercices pour la vue tant qu'il est perdu dans l'espace temps ? »
« Je ne veux pas risquer quoi que ce soit avec lui. Y'a-t-il des antécédents psychiatriques dans sa famille ? » hésita à demander le médecin.
« Sa mère était schizophrène. Elle a passé de longues années à Carmel Ridge avant de s'éteindre paisiblement. Bobby a toujours eu peur d'être comme elle… »
« Voulez-vous que je demande l'avis d'un psychiatre ? » Kingston avait proposé cela comme étant la meilleure solution qui s'offrait à Bobby de pouvoir de reprendre la vie comme avant ou presque…
« Oui… Mais je souhaiterai qu'il soit vu par un psychiatre attaché au ministère de la justice si vous n'y voyait pas d'inconvénients. Maintenant qu'il est sorti du coma, j'espère que nous allons pouvoir clarifier sa dernière journée et trouver celui qui lui a fait cela… Le Bobby que je connaissais ne faisait pas confiance facilement aux personnes qui l'entouraient, je doute que ce Bobby-là est disparu et s'il doit subir une évaluation psychiatrique ce sera avec le Dr Emil Skoda. »
« Bien. Comme vous voulez. J'aurai d'autres choses à vous dire concernant Robert. Voulez-vous que l'on aille dans mon bureau ? » proposa le médecin.
« Non. Je veux rester avec lui. L'heure tourne et je vais devoir partir avant 19 heures… » fit Alex en regardant sa montre.
« D'accord. Les radiographies montrent que ses vertèbres se sont bien ressoudées. La durée du coma a fait perdre l'élasticité de son dos ainsi que la masse musculaire. Il va falloir une longue, très longue rééducation fonctionnelle pour qu'il puisse à nouveau marcher seul. Dans l'immédiat, il devra se déplacer en fauteuil. Ce sera très long et très dur émotionnellement. Jusque là tout va bien. C'est la bonne nouvelle de la journée. »
« Mais il y en a une mauvaise ? » Alexandra regardait Bobby somnoler paisiblement.
« Malheureusement… Hier, j'avais demandé à ce qu'on lui fasse passer un encéphalogramme pour voir si son cerveau réagissait rapidement ou pas. L'information passe lentement mais c'est normal compte tenu de son traumatisme et de son coma. Le médecin qui lui a fait passer cet examen a voulu tester le système nerveux de votre mari au niveau des membres inférieurs et supérieurs. Le résultat n'est pas celui que j'espérai… »
« Comment ça ? Bobby est paralysé ? » Alex s'assit sur une chaise.
« Il souffre d'une hémiplégie à gauche. Les réflexes sont excellents du côté droit. Peut-être que le personnel du centre d'Hoboken arrivera à faire un miracle… »
Hall de l'hôpital St Luke
16 heures 23
« Ted ! » Louisa venait de sortir de la cafétéria lorsqu'elle vit son oncle arrivait.
« Salut les filles ! » fit le frère d'Alex qui arrivait. « Ed m'a appelé pour me dire que Sam allait mieux. Il m'a dit qu'il devait être opéré, c'est vrai ? »
« Oui. Les médecins ont diagnostiqué une grave insuffisance cardiaque. Ça explique de nombreuses choses… »
« Ted… » fit Louisa en tirant sur le blouson de son oncle.
« Oui Louisa. Tu veux me faire un bisou ? » demanda-t-il en se baissant pour prendre la petite dans ses bras.
« Non. Maman aec Papa ! » s'enthousiasma la petite fille.
« Répète, mon cœur. Je n'ai pas tout compris. »
« Maman aec Papa ! »
« Elle veut te dire que Maman est là. Elle est avec Bobby et le Dr Kingston. » Kate reprit Louisa des bras de Ted
« Ils ont enfin libéré Alex ! Ils ont trouvé qui était le pourri qui a tué ce type ! »
« Non… Elle est en semi-liberté du moment qu'elle est dans l'enceinte de l'hôpital et cela à titre provisoire. Elle doit retourner à Beacon Hill une fois que Sam sera de retour à la maison… »
« Fais ch… »
« Oncle Ted, STOP ! » l'interrompit Katleen avant qu'il ne prononce un certain mot.
« Pardon… Je serai bien monté mais Holly m'attend à la maison pour faire les courses… Embrasse Alex pour moi. » Ted s'éloigna et croisa son père à la sortie. « P'pa… » fit Ted en saluant son père avant de continuer son chemin.
« Bonjour grand-père. » Katleen s'avança vers John Eames et l'étreignit. « Je suis contente que tu sois venue… »
« Mary n'a pas voulu venir. Je la comprends… ça lui a fait un choc de revoir ton père ici… »
« Je sais… Avant que l'on ne monte… »
« Oui ? »
« Est-ce que vous pourriez repousser votre départ pour Boston ? » demanda timidement la jeune femme.
« Pourquoi ? Il y a un problème pour garder les petits ? Tu veux passer du temps avec Eddie ? »
« Oui et non… Cette nuit, j'ai pris conscience qu'elle me manquait… Je n'ai pas pu la voir à Noël. Je ne peux plus me faire à l'idée d'être loin d'elle… » Katleen avait des larmes qui coulaient le long de son visage.
« Que tu partes te changer les idées, je comprends. Mais ne va pas faire quelque chose que tu risquerais de regretter, Katleen… Tu sais combien c'est éprouvant pour vous lorsque tu dois rentrer à New York… » John avait pris sa petite-fille dans ses bras.
« Je sais mais ça fait si longtemps… Je ne sais plus où j'en suis… Je suis perdue. Quand je suis à Boston, tout me parait si clair… »
« Ecoute-moi ma chérie… Je vais en parler à Mary. Je pense qu'elle ne voudra pas remettre sa visite à Boston. J'ai acheté nos billets il y a quelques semaines. Je vais appeler la compagnie pour qu'on mette ton nom à la place du mien. »
« Merci grand-père. Tu es formidable ! » lança Kate en l'embrassant.
« Je trouverai toujours un moment pour y retourner avec Mary. Une fois que les choses seront revenues dans l'ordre autour de nous. » fit John Eames en prenant la main libre de Kate. « Ce n'est pas Sean là-bas ? »
« Si. Ed est allé le récupérer à la sortie des cours pour qu'il voie Maman avant qu'elle ne soit à nouveau incarcérée. » Kate fit un signe de la main à son frère.
« Alexandra est libre ? » John était tout blanc.
« Temporairement… Ted a amené Samuel aux urgences la nuit dernière… Il est très malade et on avait besoin du consentement de Maman pour l'opérer. Il va s'en sortir, rassure-toi. » Kate embrassa gentiment son grand-père sur la joue.
« Il va y avoir du monde dans la chambre de Bobby. Je ferai peut-être mieux d'aller voir Sam… » suggéra-t-il en souriant à son petit-fils.
« B'jour grand-père ! Tu viens voir Papa ou Sam ? » demanda le jeune garçon en embrassant son grand-père et ses sœurs.
« Sean ! » Louisa leva les bras vers son frère pour qu'il la porte.
« Viens par-là Louisa. » lui répondit-il en se dirigeant vers une chaise afin de prendre sa sœur sur ses épaules.
« Pour te répondre, je viens voir ton père et ton frère. Mais je vais d'abord aller voir Sam. On serait trop nombreux dans la chambre de Bobby. »
« Comme tu veux. » Sean se dirigea vers l'ascenseur avec sa petite sœur sur les épaules.
« Tu lui as rien dis, Ed ? » demanda Kate en voyant le comportement calme de Sean.
« Je voulais lui faire la surprise pour Alex. Il était si triste lorsque je lui ai dis que Samuel était hospitalisé… Comment ça va là-haut ? » Eddie avait entouré la taille de Katleen.
« Il a recommencé à s'en prendre à moi. J'ai l'impression qu'il ne réalise pas totalement ce qu'il se passe autour de lui. Lorsque je suis descendue avec Louisa, le Dr Kingston arrivait. Au fait… »
« Oui ? » Green plaça un baiser sur la tête de sa Kitty.
« Est-ce que tu as fais une allusion à ton boulot devant mon père ? » Katleen regarda son compagnon dans les yeux, sous le regard inquiet de Sean et John.
« Cap'taine ! » s'écria Louisa. « Didi a dit Cap'taine à Papa moi ! »
« T'as appelé Papa « Capitaine » ! » Sean avait les yeux écarquillés.
« C'est pas vrai ! Tu n'as pas dis ça ! » s'exaspéra Kate en regardant nerveusement l'indicateur des étages changé.
« Peut-être… ça a du m'échapper… Je ne vois pas où est le problème. » Green semblait s'impatienter.
« Tu ne vois pas ! Ça va être la fête de Kate maintenant ! Le nombre de fois qu'il l'a mise en garde ! » s'indigna Sean en couvant du regard Kate, toute pale.
« Je comprends mieux maintenant pourquoi il m'a dit que je ne devais pas me marier ni vivre avec un flic. Il a dit que c'était dangereux. »
« Je ne vois pas en quoi ça peut lui poser problème… » Eddie était étonné d'entendre cela.
« Le problème pour Bobby c'est qu'il ne veut pas qu'on vienne chez Kate un jour et qu'on lui dise que son mari est mort en mission. C'est ce qu'il s'est passé pour le premier mari d'Alex… » raconta John avant de descendre de l'ascenseur pour voir son petit-fils.
« Après cette gaffe, il va bien falloir que je te présente officiellement à mon père… » murmura Kate après que les portes de la cabine se soient refermées.
« Chouette… On va bien rire… » ironisa Sean sur un ton sarcastique.
« On n'est pas fiancés. Ce ne doit pas être si dur de faire bonne impression au grand Robert Goren. »
« C'est ce que tu crois… Si tu y arrives, je te laverai ta voiture tous les dimanches pendant un an ! » paria Sean. « Tous les anciens copains de Kate ont détalé après avoir fait la connaissance de Papa… »
« Tope-là ! » Ed présenta la paume de sa main à Sean pour conclure le deal.
« Deal ! » répondit Sean en tapant dans la main d'Eddie. « Qu'est-ce que Keith fait ici, Kate ? » demanda le jeune garçon en voyant un des inspecteurs de son père.
« Tu comprendras dans la chambre de Papa… » Kate suivit son frère et croisa ses doigts avec ceux de son amant qui lui sourit.
« Bonjour Keith ! Ça va ? » demanda Sean en saluant l'inspecteur de la tête.
« Bonjour, mon gars. Ça va très bien. Et toi ? Tu fais toujours du basket ? »
« Oui. La semaine prochaine, on part faire un stage d'entrainement à Slide Mountain. On va faire du ski et entrainements intensifs de basket. »
« Tu dois avoir une importante rencontre alors ? »
« Plus ou moins. On essaie surtout de tout faire pour faire la finale des équipes scolaires de basket de l'Etat en avril. »
« Vous allez réussir. Tu n'auras qu'à passer un coup de fil à Ricky et on viendra tous t'encourager ! » fit Keith en clignant de l'œil.
« Merci. Je vous aurai bien serré la main mais j'ai une drôle de bestiole sur les épaules… »
« C'est pas grave. »
« Papa ! » fit Louisa qui s'impatienter.
« Eh ! Louisa ! Bouge pas comme ça ! » Sean avait du mal à retenir sa sœur et craignait qu'elle ne tombe. « Kate, tu peux la prendre ? »
« Viens Louisa. » Kate attrapa sa sœur et la posa au sol. « Maintenant tu te tiens tranquille. Papa a besoin de se reposer alors tu ne pleures pas et ne fais pas de bêtises surtout. » la prévint la jeune femme.
« 'romis. » Louisa donna la main à Sean avant d'entrer dans la chambre. « Papa ! »
« Maman ? » Sean s'arrêta à l'entrée de la chambre en voyant Alex assise au bord du lit près de Bobby.
« Bonjour, mon cœur. » dit simplement Alex en se levant et en lâchant la main de son mari.
« Mais… Mais je croyais que… Enfin… » Sean lâcha, à son tour, la main de sa petite sœur.
« Chut… Je ne lui ai toujours pas dis… » chuchota Alex à l'oreille de son fils avant de le prendre dans les bras.
« Grand-père est avec Samuel. Il a dit qu'on serait trop nombreux dans la chambre, il viendra te voir plus tard, Papa. » Kate s'était avancée vers Bobby qui avait les yeux ouverts mais qui ne disait rien. « Je crois que tu as fais la connaissance d'Eddie… »
« Bonsoir, Mr Goren. » Eddie ne commit pas d'erreurs en saluant Bobby.
« Papa bisou ! » Louisa était devant le lit et demander à ce qu'on la mette sur le lit.
« Fais attention Louisa… » Alex prit sa fille dans ses bras et la posa sur le lit près de son papa chéri, à sa droite et il la serra instinctivement contre lui.
« Alors, comment ça va, Papa ? » demanda Sean en s'asseyant au fond du lit. « Papa ? » Sean regarda sa mère, l'air inquiet.
« Bobby est en colère… » expliqua Alexandra, la voix étranglée par des sanglots qui ne pouvaient sortir.
« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » s'enquit Kate en regardant, tour à tour, Bobby et Alex.
« Le Dr Kingston m'a expliqué en détail l'état de Bobby. A un moment donné, il revivait le moment où tu as été agressé puis il a fermé les yeux. On a pensé qu'il s'était endormi… Le Dr Kingston m'a dit qu'il allait falloir être patient car son corps a perdu une très grande partie de sa masse musculaire. Il remarchera mais dans longtemps. Pour le moment, il ne peut se déplacer qu'en fauteuil. »
« Mais il va se battre. Je suis certaine qu'il va nous épater. Bien vrai Bobby ? »
« Menteuse… » lâcha Bobby sans tourner la tête dans la direction de Katleen.
« Il a entendu ce que le médecin a dit concernant la rééducation fonctionnelle… Il a attendu qu'elle soit sortie pour me dire que j'étais une menteuse, moi aussi… »
« Je ne comprends pas ? S'il peut remarcher, c'est super ! Il devrait être content. » fit Sean. « Papa, tu te rends compte ? Tu vas pouvoir remarcher… »
« Non. Quand on… a… qu'un… bras… et une jambe… on peut… pas ré… apprendre à… marcher. » Bobby parla calmement car il n'avait aucun griefs contre son fils.
« Sean, Kate, il a une hémiplégie à gauche… Il ne veut pas comprendre qu'on peut lui apprendre à se servir de son bras droit pour manger, écrire… et que grâce à une rééducation intensive, il pourra peut-être récupérer la mobilité de son côté gauche… » Alexandra avait les yeux rougis par les larmes.
« … » Kate se serra contre Eddie.
« Papa, il faut pas dire que Maman et Kate sont des menteuses. On t'aime comme tu es et on t'aimera toujours. » Sean prit la main valide de son père dans les siennes. « Je préfère t'avoir avec un bras et une jambe en moins que de ne plus t'avoir du tout. »
« T'aime… fils. » répondit Bobby avec une voix douce, empreinte d'amour.
Il devait être pas loin de 18 heures 30 lorsque Keith toqua à la porte. Il était l'heure pour Alex de retourner en prison. Jack avait fais des pieds et des mains pour qu'elle soit en quartier d'isolement et ne soit pas la proie des détenues comme c'était le cas à Beacon Hill. Elle avait quitté Bobby en pleurant, celui-ci ne voulant pas qu'elle l'embrasse. Elle ne reconnaissait plus son mari. Elle savait qu'il avait pris conscience de ce qui lui était arrivé et qu'il ne s'acceptait pas comme tel. Elle ne voulait pas que ses handicaps les transforment en des étrangers l'un pour l'autre. Avant de quitter la chambre de Bobby, elle l'avait entendu dire à Kate qu'il ne voulait plus qu'elle reste la nuit, à ses côtés. Alex souffrait de voir de quelle façon il rejetait Kate et elle-même. Kate avait perdu tellement de choses après l'accident…
A suivre…
