Chapitre 1 : Merde ! J'peux plus m'enfuir ! J'vais crever !
OSTs de SNK qui se prêtent bien à l'ambiance = Shingeki Pf – Adlib – B 20130218 Kyojin
Shingeki Vn- Pf 20130524 Kyojin
Aots2m # 2
Aots2m # 3
Shingeki Vc-Pf 20130218 Kyojin
Shingeki Pf-Medley 20130629 Kyojin
…
Il aurait pu se concentrer sur le paysage qui défilait à toute vitesse à sa droite, avalant les kilomètres qui le séparait de l'arène du Capitole pour les régurgiter entre lui et sa maison. Il aurait pu se concentrer sur le visage de Minha, sa partenaire, pour y chercher ou y apporter du réconfort. Il aurait pu se concentrer sur les lampes accrochées au plafond et tous les objets qui tremblaient à cause des cahots de la machine.
Mais il n'arrivait pas à détacher son regard de ses propres mains, plissant les yeux pour déterminer si elles vibraient à cause du train, ou d'autre chose. Il secoua légèrement la tête sans même cligner des yeux.
Il avait l'impression que s'il parlait, sa voix serait rauque et sa gorge sèche. Pourtant, il n'avait pas énoncé un mot depuis son exclamation de surprise lors de la sélection. En revanche, ses pensées tournaient à deux cent à l'heure. Qu'est ce qu'il faisait ici ? Qu'allait-il faire ? Quel genre de maux atroces avait-il causé dans une vie antérieure pour se retrouver là ? Il n'en revenait pas d'avoir été choisi. Il n'avait pas envie de mourir.
Il serra les poings, et cette fois ses mains tremblèrent pour de bon. Il ne savait pas si c'était à cause de sa colère ou de sa frustration.
Il se rendait à l'abattoir. Les jeux n'avaient rien de plus glorieux qu'un abattoir à taille titanesque. Il aurait voulu pouvoir dire qu'il refusait de se prêter aux jeux, mais il n'aurait pas le choix. Il pouvait ouvrir la fenêtre et sauter du train et se briser les jambes, ils s'arrêteraient pour le récupérer et le refourguer à l'intérieur, et il aurait encore moins de chances de survivre.
Les ongles plantés dans les paumes, il desserra les poings et joignit les doigts, paumes moites.
Survivre. Comme s'il allait pouvoir survivre ! Il avait une vie ! Ennuyeuse, certes, avec un métier répétitif qui lui demandait à peine le quart de son cerveau, des amis superficiels mais toujours capables de le détourner de la monotonie du quotidien, une mère qui s'occupait bien trop de ses affaires à lui...Mais c'était la sienne. Et il ne l'avait plus.
Il était toujours vivant, mais c'était comme s'il était déjà mort.
Ses doigts tourmentés se desserrèrent à nouveau et il tritura ses pouces.
Ils avaient ce pouvoir-là sur la vie d'un homme. C'était un cycle pervers, et maintenant il avait tout un bras dans l'engrenage. L'étau de sa gorge raffermit sa prise, et il déglutit à sec. Il avait envie de hurler, d'abattre son poing sur la vitre, de renverser la table et de s'enfuir. Son talon tambourinait sur le bois ciré sans repos. Il se sentait comme une bête prise au piège, qu'on a acculée et ligotée, qui se débattait de toutes ses forces pour se libérer, en vain. Sauf que lui ne pouvait même pas se débattre. Il allait crever comme un chien, et agoniser sur cette idée pendant un mois entier avant qu'elle ne se réalise de la plus cruelle des manières. Bouffé par un Titan, par exemple. Cette mort-là avait l'air particulièrement ignoble.
Les doigts de sa main droite se refermèrent sur son poignet gauche, et il pressa si fort que sa main devint blanche.
Les dents serrés, il ferma les yeux et prit une inspiration tremblante. Il devait se ressaisir. Même s'il était une bête prise au piège, il allait au moins se débattre. Il allait arracher leurs cordes trop fragiles pour le retenir, leur bouffer la main s'ils s'approchaient. Et s'ils amenaient des Titans, il apprendrait à les abattre. Après tout, qui savait comment serait son instructeur ? Qui savait comment seraient les autres candidats ? Qui savait ce dont il était capable ?
Il écarta les doigts et les frotta sur ses cuisses pour se débarrasser de leur moiteur.
Il déglutit à nouveau, les sourcils froncés, et se décida à regarder à l'extérieur. Le paysage n'était plus qu'un tourbillon de nuances grises le Capitole. Il avait manqué les dernières images de sa maison.
ooo
Au moment même où le train commençait à ralentir, un employé vint chercher Jean et Minha pour leur annoncer qu'ils étaient arrivés à destination et les prier de bien vouloir le suivre. La porte coulissante s'ouvrit sur un sol d'une blancheur irréelle, ainsi qu'une gare baignée de soleil. Le plafond était principalement constitué de vitraux qui laissait passer un kaléidoscope de lumière. Le simple son de sa respiration semblait résonner jusque sur tous les murs pour revenir retentir dans sa cage thoracique.
Un mouvement dans le coin de sa vision attira son attention, et il se retint de faire un pas en arrière en découvrant le groupe chargé de les accueillir.
Là, au milieu de tous les gens qui arboraient le badge des deux roses indiquant leur statut d'employés, se trouvait une personne qui agitait ses bras comme si elle comptait s'envoler. Elle était habillée des pieds à la tête de l'uniforme des candidats, mais Jean pouvait distinguer, à l'emplacement de son cœur, le badge des précédents vainqueurs, une licorne. Si elle se retournait, il verrait probablement l'emblème en plus grand sur sa cape. Le type avait les cheveux long attachés en queue de cheval et des lunettes. À vrai dire, avec la cape, Jean avait du mal à deviner s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme.
-Hey ! Bienvenue, bienvenue ! »
La personne se tourna vers un des employés et lui posa une question, à laquelle il répondit par l'affirmative, et en l'espace d'une poignée de secondes elle se trouvait en face des deux adolescents et empoignait les mains de Minha pour les secouer avec énergie.
-Bienvenue, Jean et Minha ! Enchanté, je m'appelle Hansi! Vous avez fait bon voyage ? Bien, parfait, parfait ! J'espère qu'on va bien s'entendre ! Bon, on va passer par vos baraques, vite fait, et après il FAUT que je vous emmène dans mon labo ! D'accord ?! Allons-y ! »
Minha arrivait à peine à articuler un ou deux mots confus que déjà Hansi se tournait vers Jean et abattait sa main sur son épaule pour les entraîner tous les deux dans son sillage débordant d'enthousiasme.
Je suis foutu, songea Jean.
….
Eren et Mikasa descendirent du train dans un silence tendu. Le regard d'Eren croisa aussitôt celui d'un employé du petit groupe de quelques personnes qui les accueillaient, et il cligna des yeux. Le type avait l'air aussi nerveux que lui.
Les deux adolescents remarquèrent immédiatement qui parmi eux était l'instructeur. Il portait l'uniforme, pour premier indice, et il était surtout très grand. Sa taille ne voulait pas dire grand chose, techniquement, mais Eren sentait qu'il avait quelque chose d'un peu plus qui le rendait imposant. C'était un homme blond à la barbe et à la moustache mal taillée, qui plissait les yeux pour les observer. Tous les employés le fixaient, dans l'expectative, et un silence agité se répandit parmi eux. Finalement, un des employés se décida à prendre la parole, s'adressant à un Eren déboussolé et à une Mikasa imperturbable :
-Voici Mike Zacharias, l'instructeur du District Douze. C'est lui qui vous entraînera pendant un mois. Nous allons vous guider jusqu'à vos baraques où vous vivrez entre candidats et instructeur. »
Eren et Mikasa hochèrent la tête en cœur, encore confus. Puis l'homme se mit soudain à bouger, rejoignant les deux jeunes en quelques pas. Il dominait Eren de toute sa hauteur, et le jeune homme se sentit intimidé alors qu'il penchait son visage vers lui, l'expression indéchiffrable.
Eren s'attendait à ce qu'il lui adresse la parole, mais il n'en fit rien, et se contenta de...le renifler ? Eren fit un bond en arrière, la main sur la nuque.
-Oh ! Qu'est ce que vous faites ?! »
Il s'exaspéra lui même de se sentir vexé en le voyant grimacer, puis l'homme approcha Mikasa pour la renifler à son tour, comme si de rien n'était. La jeune fille haussa un sourcil interrogateur, mais quand Mike releva son visage pour lui adresser un hochement de tête approbateur, elle le lui rendit avec sérieux.
Mais qu'est ce qu'ils ont ? se demanda Eren.
Mike adressa un signe de tête aux employés, qui commencèrent à se disperser avec un soupir résigné. Visiblement, ils avaient l'habitude. Puis Mike leva la main pour faire signe aux deux jeunes de le suivre. Eren et Mikasa obtempérèrent en échangeant des regards.
Eren ne savait que penser de cet instructeur. Il ne se souvenait plus des jeux auxquels il avait participé, et il n'arrivait pas à estimer sa valeur. Qui était-il ? À quel point était-il fort ? Il voulait savoir si cet homme serait bien capable de lui apporter la force dont il avait besoin pour parvenir à ses fins.
Mike les guida hors de la gare, et Eren put constater qu'il faisait déjà nuit. À l'horizon, les lumières du Capitole brillaient comme un feu de forêt qui les encerclaient, et à nouveau, Eren se sentit pris au piège. Devant eux s'étendait le campus d'entraînement. Il pouvait apercevoir un immense gymnase, une forêt gigantesque, une large pleine de terre battue, d'autres bâtiments aux quelconques fonctionnalités, et douze petits bâtiments formés en quinconce, comme douze petits morceaux de bois sur le point de se faire engloutir par le gigantisme des autres bâtiments.
Tout était fait pour leur rappeler leur condition. Eren fronça les sourcils, et presque aussitôt les doigts de Mikasa trouvèrent sa manche. Il se tourna vers elle elle pointait le ciel avec un demi sourire. Il leva les yeux et y vit les étoiles, bien que leur lueur était plus faible. C'était le même ciel que chez eux.
Il ne savait pas si elle avait voulu le rassurer, ou même si elle avait réussi. C'est vrai qu'ils n'avaient pas non plus changé d'univers. Il savait encore dans quel sens était la gravité, et pourquoi le soleil se levait tous les matins. Ces dernières heures avaient été si bouleversantes, jetant leur environnement familier et leurs habitudes par la fenêtre, que voir le ciel sombre et lointain, comme à son habitude, le réconfortait un peu.
D'un autre côté, tout était si différent. Ils entraient dans une nouvelle vie, plus dangereuse, plus sanglante, et ils n'en réchapperaient probablement pas tous les deux. À l'idée de devoir tuer Mikasa, Eren eut un haut le cœur. Il était dégoûté d'y avoir songé alors même que Mikasa faisait probablement de son mieux elle-même pour ne surtout pas y penser.
Son trouble interne fut interrompu par Mike qui s'arrêta devant une des baraques, toujours enfermé dans son mutisme. Eren et Mikasa considérèrent l'énorme ''12'' en chiffres grandiloquents qui s'affichait devant eux avec un regard apathique. Ils avaient bien besoin d'un rappel constant et envahissant de leur condition de vie, tiens.
Et puis, ces grosses lettres rouges sur ce qui ressemblait à une cage à taille humaine lui donnait réellement l'impression d'être du bétail. Eren avait l'impression que chaque coup de pinceau avait été une attaque ciblée à son encontre, pour le montrer du doigt et le réduire à un simple chiffre, que n'importe quel autre quidam aurait pu représenter. Pour le moment, aux yeux des sponsors, du public, des instructeurs, il n'avait aucune valeur. Il allait devoir prouver qu'il était capable de survivre, et de se battre.
Eren déglutit, et ensemble, il poussèrent la porte de ce qui était peut-être leur dernière maison.
….
Les rayons du soleil couchant teintaient le ciel d'une nuance orangée. Marco adorait cette couleur qu'il associait à la sérénité du soir, à la satisfaction d'une journée accomplie et surtout à la perspective d'un sommeil bien mérité au chaud dans son lit. Mais là, cette couleur, c'était celle du premier soir qu'il passait hors de son village, loin de sa famille, à un mois de la mort, entouré d'inconnus mis à part Ruth.
Il se racla la gorge, puis détourna les yeux de l'horizon et de ces pensées plus sombres encore que la pénombre qui s'installait. Il se mit donc à scruter le dos de son mentor : Ness Dieter, qui les emmenait vers leur baraque.
Marco plongea son regard dans le vert forêt de la cape du professeur et contempla son souple mouvement au gré du vent. L'instructeur marchait d'un pas assuré et tranquille, les talons de ses bottes ne claquaient pas sur le sol mais venaient plutôt prendre appui dessus pour repartir de plus belle. Ness tournait de temps en temps la tête en arrière pour s'assurer qu'il était bien suivi. Marco ne put s'empêcher de sourire, ravi que son mentor ait l'air attentionné.
Un contact visuel s'établit entre eux, et le professeur lui rendit le sourire qui n'avait pas quitté les lèvres du jeune homme.
Il fallait monter un escalier pour accéder à leurs appartements à l'intérieur de la baraque, le rez-de-chaussée était un entrepôt dont l'aménagement était laissé au mentor. Ness ouvrit la porte qui se trouvait au bout de l'escalier et la tînt en faisant un petit signe de la main pour encourager Marco et Ruth à entrer avant lui.
Marco entendit à peine le délicat son de la porte qui se fermait. Il était trop occupé à inspecter son nouvel environnement de vie. Le salon et la cuisine formaient une large pièce bien éclairée malgré la tombée de la nuit par une baie vitrée qui donnait sur le balcon. Marco s'empressa d'ouvrir la fenêtre, et la fit coulisser afin de se familiariser avec le balcon pendant que Ruth se promenait à travers la pièce principale.
Le balcon était plus spacieux que la pièce à vivre. Il était maigrement aménagé avec deux bancs, une petite table et quelques plantes déposées près de la rambarde. Le jeune garçon alla s'y accouder. La vue n'avait rien d'exceptionnel. Une autre baraque, une allée qui séparait la leur de celle-ci, et une forêt cachée derrière cette baraque. Il pivota la tête vers la gauche et aperçut une autre baraque. Même son grand-père myope aurait pu lire le numéro Onze qui était peint dessus. Il n'y avait pas prêté attention mais le chiffre Neuf devait être inscrit sur la leur.
Il retourna dans le salon, Ness attendait que lui et Ruth prennent leur marque. Une fois que la jeune fille eut fini son petit tour, elle les rejoignit et Ness prit la parole.
-Bon je sais que ça paye pas de mine comme ça, notre petit chez-nous, mais grâce aux sponsors, et avec le temps, vous pourrez commencer à le décorer comme bon vous chantera ! Donc, voilà… Ah bah oui : vos chambres, maintenant ! »
Ness les mena vers le fond du salon, près de la télévision où il y avait un étroit couloir qui débouchait sur deux portes.
-Les deux font sensiblement la même taille, hein. Prenez celle que vous voulez. »
Marco se dirigea instinctivement vers la porte de gauche tandis que Ruth, qui était derrière lui, prit celle de droite. Il jeta un bref coup d'œil dans cette pièce qu'il avait imaginée plus petite. Un lit deux personnes, un bureau, une penderie pleine à craquer d'uniformes d'entraînement et des étagères.
Le jeune garçon de ferme fit passer sa tête dans le couloir et s'enquit auprès de Ruth.
-La tienne te plaît, ça va ? On change si tu veux.
-Non, non, ça va.
-Super… »
Ruth avait claqué la porte. Marco se tourna vers son mentor déconcerté et émit un petit gloussement gêné en agitant la main afin de faire comprendre à Ness qu'il n'y avait pas de quoi trop s'inquiéter.
L'homme au bandana blanc acquiesça et tourna les talons.
-Bon, moi j'ai une pièce au rez-de-chaussée si vous avez besoin de me trouver. Il y a un service de restauration si vous avez la dalle, z'avez juste à appeler. On commence l'entraînement tôt demain. J'viens vous réveiller à 6h. Bonne nuit, les jeunes ! » lança-t-il en s'étirant.
Marco fit un petit salut de la tête bien que son instructeur eut le dos tourné. Il se rendit de nouveau dans ce qui était devenu sa chambre et déboutonna sa chemise avant de se glisser dans ces draps. Des draps qui n'étaient pas les siens, un lit qui n'était pas le sien. Une chambre qu'il ne connaissait pas.
Il ne reconnaissait même plus la pénombre du soir.
Il n'était même pas sûr de se reconnaître lui-même. Tout avait changé. C'était donc ça, l'angoisse de la mort ? Marco n'avait aucune chance et il le savait, il allait mourir d'ici un mois, son esprit était juste en train de s'y habituer. Et ça passait par une aliénation de tout ce qu'il avait connu et pris pour acquis jusqu'ici. Il ne reconnaissait rien car tout lui échappait, le fuyait, le séparait du quotidien réconfortant qu'il avait appelé sa « vie ».
Ce nouveau monde, ça c'était la « mort ».
….
Bertholt sortit un uniforme de son armoire, curieux, et le tint devant lui en face du miroir psyché. Ils avaient vraiment réussi à dégoter des modèles à sa taille pendant les quelques heures qu'ils avaient passées en train. Il devait au moins reconnaître que le staff du Capitole était rapide et efficace.
-Alors ? »
Bertholt poussa un petit cri surpris et fit volte face vers Annie, qui se tenait dans l'entrebâillement de la porte, adossée au mur. Il replaça l'uniforme dans l'armoire pour se donner une contenance.
-Alors quoi ?
-Qu'est ce que tu penses de notre instructeur ?
-Je ne sais pas trop. Il avait l'air très… insouciant. Mais c'est peut-être seulement parce que c'est le premier jour. »
Bertholt retint un soupir pessimiste. Dès qu'il les avait amenés à leur baraque, l'instructeur Pixis était aussi reparti sans rien expliquer. Ou alors, sans que les deux jeunes ne comprennent ses explications. Si cet absentéisme était un fait récurrent, Bertholt craignait pour leur formation, et plus particulièrement la sienne.
D'après lui, Annie était déjà bien assez forte sans besoin d'entraînement. Lorsqu'ils étaient petits, les enfants de leur quartier s'étaient souvent moqués d'eux, elle parce qu'elle était trop petite et lui parce qu'il était trop grand. Annie s'était empressée de les recadrer à coups de poings et de clé de bras qu'elle apprenait de son père. Et comme Bertholt n'osait se défendre seul, elle lui était systématiquement venue en aide.
Un sourire chaleureux s'épanouit sur son visage à ce souvenir. Il espérait vraiment pouvoir continuer à bien s'entendre avec elle, malgré leur situation plus que délicate.
Ce fut à ce moment exact que Pixis reparut, la démarche bondissante, les joues rouges et un éclat humide dans les yeux.
-Eh ben, la demoiselle déjà dans la chambre du damoiseau ?! Vous ne perdez pas de temps, dis donc ! »
Bertholt vira au cramoisi alors que les yeux d'Annie devenaient aussi rond que des soucoupes.
-Qu'est...qu'est ce que vous voulez dire? » balbutia Bertholt, interdit.
Faites que ce ne soit pas ce à quoi je pense, faites que ce ne soit pas ce à quoi je pense.
-Oh, vous savez bien ! Deux jeunes livrés à eux même...une maison rien que pour eux...vous venez du même village...
-Techniquement, vous vivez aussi dans cette baraque. » le coupa Bertholt.
Parfait, il n'avait vraiment rien trouvé de mieux pour le faire taire que de rentrer dans son jeu ! Il resta pétrifié sur place, ses mains moites serrant le cintre et l'uniforme qu'il tenait encore. De là où il était, il pouvait observer le profil d'Annie qui se découpait dans la lumière de fin d'après midi, et il ne parvint pas à y discerner autre chose que de l'incrédulité alors qu'elle fixait leur instructeur comme s'il lui était poussé une seconde tête.
Il ne savait comment réagir tant qu'il ne savait pas ce que pensait Annie. Si elle le prenait comme une plaisanterie, il devrait rire avec eux, même s'il ne voyait vraiment ce qu'il pouvait y avoir de drôle dans le fait de taquiner deux personnes qu'il ne connaissait même pas. Si elle était offensée, il devrait intervenir et dire à Pixis d'arrêter avec ses remarques désobligeantes... Mais qu'est ce qu'il racontait, il était bien incapable de s'interposer face à Pixis dans ce genre de situation ! Et si le vieil homme décidait immédiatement qu'il était juste une grande perche incapable de comprendre un trait d'humour et le faisait exécuter immédiatement ? Est ce qu'il avait seulement ce pouvoir ?
Non, probablement pas. Bertholt reprit ses esprits alors que Pixis éclatait de rire à sa remarque.
-C'est bien vrai, ça, haha ! »
Pixis se rapprocha et lui tapota le bras avec une familiarité incongrue. Néanmoins, ce geste détendit Bertholt. Il avait désormais le sentiment que peu importe ce qu'il dirait, Pixis serait toujours capable de le prendre à la légère.
-Bon dites-moi les jeunes, j'ai une question de toute première importance... »
Aussitôt, Bertholt recouvra son sérieux alors que la lueur dans les yeux de Pixis devenait perçante. Il se pencha en avant quand l'homme leur fit signe de se rapprocher, alors qu'Annie les rejoignait, l'air intriguée. Qu'avait-il donc comme question qui nécessitait tant d'attention ?
-Quel est votre alcool favori ?
-Que... ?! s'écria Bertholt.
-La bière, répondit Annie après à peine une seconde de réflexion.
-Monsieur Pixis, protesta Bertholt en agitant les bras avec affolement, je ne crois pas que ce soit une bonne idée de boire dès le premier jour... On commence les exercices dès demain, et ça pourrait devenir une mauvaise habitude, et...
-Ais-je mentionner que nous allions boire ? » le coupa Pixis avec un sourire narquois.
Bertholt s'interrompit et se figea dans ses gestes, interdit. Qu'avait-il à répondre à ça ?
-Je plaisante ! Reprit Pixis avec un rire goguenard. Décidément, tu es facile à faire tourner en bourrique, toi ! J't'aime bien ! L'honnêteté de la jeune fille aussi est bien plaisante ! »
Il les claqua tous les deux dans le dos avec un dernier éclat de rire et les laissa à leurs considérations. Les deux échangèrent un regard, puis Annie finit par hausser les épaules, adressant un signe de main à Bertholt avant de retourner dans sa chambre. Le jeune homme se retrouva seul avec ses uniformes et ses pensées.
….
Silence de mort. Pire qu'après le couvre-feu de 23h du District Six. Les gens du Capitole ne connaissaient vraiment rien à la vie. Le soir, on est censé entendre les accélérations des voitures alors que des conducteurs bourrés se croient tout permis pour rentrer pioncer plus tôt. De temps en temps un bruit invraisemblable d'oiseau nocturne dont personne connaissait le nom. Enfin, pas un silence comme ça.
Ymir se retourna dans son lit en grognant un avant-goût des Hunger Games, ce calme morbide, hein ?
Il y avait de la lumière qui perçait sous sa porte, quelqu'un devait être dans le salon. Pas cet inutile de Tom tout de même ? Il n'avait rien fait de la journée à part respirer fort, se ronger les ongles et se précipiter dans son lit une fois arrivé pour geindre un bon coup. Nanaba alors ?
La jeune femme s'extirpa des draps et chancela vers le salon. Une fois ses yeux habitués à la lumière artificielle qui inondait la pièce, Ymir put discerner son instructrice sirotant une choppe de bière. Les jambes croisées et le regard rivé sur la baie vitrée, elle se tenait avec prestance sur le canapé, recouvrant le sommet du dossier de son bras libre. L'instructrice inclina la tête vers la jeune fille qui venait de sortir du lit et tapa sur l'assise à côté d'elle pour l'inviter à la rejoindre.
Ymir commença à se diriger aux côtés de Nanaba tandis que sa mentor se levait.
-J'te sers quoi ?
-La même que toi. »
Nanaba fit échapper un ricanement nasal qui se coupla au son délicieux d'alcool versé dans un récipient approprié. Et quel récipient approprié ! Les choppes de verre était transparentes mais la peau légèrement dorée de Nanaba complimentait à merveille le jaune blé de la bière.
Ymir saisit la pinte des deux mains, sa prof se rassit sur le canapé sans le moindre bruit et reprit son prélassement, choppe à la main. Elle avait les yeux fermés mais elle n'avait pas envie de trop se détendre pour autant. Du moins c'est ce qu' Ymir conclut lorsqu'elle l'interrogea d'un ton sifflant.
-Même pas de « merci » ? »
La jeune femme contînt un râlement qui aurait gâché la dégustation de sa bière.
-Alors, si tu veux, je viens de me faire enlevée à ma vie quotidienne pour crever dans une arène à buter des gamins de mon âge pour le simple plaisir des ringards du Capitole qui savent pas quoi foutre de leur été à part mater la télé, rétorqua-t-elle en reniflant. Donc tes « merci » et toute la clique, j'en ai pas grand chose à taper ! »
Nanaba éclata de rire. Ymir ne comprenait pas bien ce qu'elle avait dit de si drôle mais elle laissa l'instructrice faire, son rire était clair et s'approfondissait à mesure que sa prof reprenait sa respiration. Il était agréable à écouter et suffisamment communicatif pour dessiner un sourire sur les lèvres mouillées par la bière d' Ymir.
-Haha, tu mâches pas tes mots, toi alors ! T'as du cran et je dois avouer que ça me plaît ! »
Elle lui fit un clin d'œil et tendit sa choppe vers celle d' Ymir. La tribut eut un temps de latence. Toi, tu vas me plaire aussi ! pensa-t-elle.
-Aux Hunger Games. »
La jeune fille choqua son verre contre celui de son mentor avec un sourire complice.
-Aux putains de Hunger Games ! »
J-30
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On entre dans l'Arc des Entraînements, qui dure un mois, et donc quelques 20 chapitres...
...
Vous le remarquerez sans doute, mais les titres de chapitres sont tirés de dialogues de la série
...
Avec le délire des Districts, on a dû changer les villes natales des persos (Jean n'habite pas à Trost par ex vu que Trost, c'est le District Huit)
