Je vous dois… un grand merci

OST SNK qui se prêtent bien à l'ambiance:
Historia
Shingeki Gt 20130218 Kyojin
DOA
Shingeki Pf-Adlib-C-20130218 Kyojin
Aots2m#4
Aots2m#2
Call Your Name (Gv)

...( )...

Le pas déterminé et peut-être un peu pressé, Marco se dirigea vers la bibliothèque. Ness leur avait laissé une demi-journée de libre pour qu'ils travaillent sur leurs faiblesses ou ce genre de chose. Ruth s'était précipitée à la salle de sport, et Marco...eh bien, il était parti en quête d'informations.

Il poussa la porte de l'imposant bâtiment avec précaution et laissa échapper une exclamation d'admiration à la vue de l'intérieur. Il ne savait pas de quelle époque les architectes s'étaient inspirés, mais la bibliothèque donnait l'impression d'être ici depuis des millénaires. Partout, ce n'était que bois sombre poli, étagères rutilantes et décorations gravées. Il y avait même plusieurs lustres qui longeaient l'allée principale, et des vitraux aux fenêtres ! Émerveillé, Marco tordit la tête en tous sens pour regarder autour de lui et s'imprégner de l'atmosphère qui y régnait.

Il finit par se reprendre et se tourna vers l'accueil, prêt à poser des questions à l'employé chargé de les guider. Mais son regard ne rencontra que des tableaux d'écrans, sournoisement camouflés par un encadrement de bois clair. Décidément, ils ne croisaient jamais personne...

Sa famille et son village lui manquaient les bonjours échangés d'un bout à l'autre du champ à forte voix, les bousculades d'enfants qui couraient dans la place, les dames âgées qui venaient lui demander comment se portait leur plus jeune, les collègues de son père qui s'incrustaient pour la soirée et racontaient des anecdotes enjolivées de leurs accidents de travail... Ilimio, le District Neuf, fourmillait de bruit et de gens, et Marco voulait retrouver cette ambiance.

Mais son entourage actuel se limitait à deux personnes, et c'était peut-être quarante fois moins que ce à quoi il était habitué. Ness était bruyant et enthousiaste, donc il comblait bien le manque, mais Ruth était plutôt distante, surtout au vu de leur récent désaccord. Il avait besoin d'interagir avec quelqu'un d'autre, ne serait-ce que le documentaliste d'une bibliothèque.

Dépité, il appuya sur l'écran tactile et indiqua le sujet qui l'intéressait. L'ordinateur l'orienta vers la section qui pourrait l'aider et comment s'y rendre, et le jeune homme soupira, suivant les directives. Le bruit de ses pas résonnait dans le silence creux de la pièce immense, et il avait l'impression de se faire engloutir à chaque pas. Il se retint de déglutir, les mains dans le dos.

Puis il entendit un bruit de feuilles froissés, faible, mais facile à repérer dans le silence. Aussitôt, il accéléra le pas, impatient de voir qui avait pris la peine de venir s'informer comme lui. Il tourna à droite et vit le tribut du District Un, un certain Reiner.

Le jeune homme avait les sourcils froncés de concentration et la mâchoire fermement serrée, les épaules en avant et la bouche dans la paume, comme s'il consacrait toute l'attention dont il était capable à la lecture du livre dont il tenait une page dans son poing si fermement qu'il était peut-être sur le point de la déchirer. Wow. Vu de près, il n'avait pas l'air commode. Mais ce n'était pas ça qui allait décourager Marco. L'ancien garçon de ferme s'avança, et le regard de Reiner bondit vers lui, le faisant sursauter. Il n'était pas du genre à se laisser surprendre, on dirait.

Puis le visage du lecteur se détendit considérablement, et il recula sur le dossier de sa chaise, l'expression ouverte et intriguée. Aussitôt, Marco se rengorgea et vint à lui pour tirer une chaise et s'asseoir juste en face.

-Bonjour ! commença-t-il avec peut-être un peu trop d'enthousiasme. Je m'appelle Marco Bodt. Et toi, c'est Reiner, c'est ça ?

-Oui, Reiner Braun. »

Marco n'aurait pas dû se sentir aussi enjoué qu'il l'était. Peu importe.

-Enchanté alors ! Qu'est ce que tu es venu faire ici ? »

Reiner jeta un œil au titre du livre avant de répondre avec un soupçon de doute :

-J'étudie l'anatomie. »

Marco s'attendait à quelque chose dans le genre ce type avait l'air très diligent dans son travail. Il aurait pu être rebuté à l'idée que son interlocuteur soit à la recherche de moyens plus efficaces pour lui trancher les veines ou le cou, et c'était sans doute la raison pour laquelle il lui avait répondu avec méfiance, mais Marco n'en avait cure. Il hocha la tête avec un air de complicité.

-Et toi ?

-Ah, j'étais parti chercher des livres de botaniques, répondit-il gaiement. Est ce que ça te dérange si je vais les chercher et que je te rejoins ensuite ? Cette bibliothèque est trop grande et silencieuse pour ma santé mentale. »

Reiner hocha la tête d'un air compréhensif, les mains jointes sur la table. Lui aussi doit se sentir seul, décida Marco. Il se leva et partit trouver la section dont il avait besoin en petite foulée, le pas plus léger qu'auparavant. Il consulta les titres à la va vite, la tête penchée sur le côté, et en choisit une poignée avant de revenir à la hâte.

Reiner avait sortit un carnet et un crayon et prenait des notes avec assiduité, et Marco s'assit en face de lui, le sourire aux lèvres. À son tour, il ouvrit le premier livre de sa pile, se disant qu'il serait une bonne idée de ramener son propre carnet la prochaine fois. Il commença à lire la préface, et finit par la passer. Il était là pour savoir quelle genre de plante il serait susceptible de rencontrer, et lesquelles seraient toxiques ou comestibles, pas si l'auteur avait passé une enfance heureuse dans son village perdu.

À vrai dire, Marco avait déjà quelques connaissances concernant les plantes et leurs propriétés, mais cela concernait surtout les plantes qui poussaient au bord des champs et de sa maison. La forêt des jeux était un endroit tout à fait différent. Il fit attention aux indications des lieux de floraison, en se promettant de se renseigner sur la forêt auprès de Ness.

Il parvint à se concentrer pendant une bonne demi-heure, durant laquelle il se sentit devenir de plus en plus agité. Puis, n'y tenant plus, il leva le nez vers Reiner. Il fut rassuré de voir que son camarade de lecture avait lui aussi levé le nez de son bouquin, la main qui tenait son crayon reposant sur son menton alors qu'il contemplait le vide à sa droite.

-Tu fais ce genre de recherches de ta propre initiative, ou c'est ton instructeur qui te l'a conseillé ? »

Reiner sursauta, mais se tourna calmement vers lui, l'examinant comme s'il avait oublié sa présence. Il considéra la question un instant. Pour Marco, c'était l'occasion de mesurer la volonté de celui qui était en face de lui est ce qu'il était actif ou passif dans sa formation ? Est ce qu'il était déjà préparé mentalement ?

-Je ne suis pas sûr que mon instructeur l'ait conseillé, finit par confesser Reiner, mais je pense qu'il nous l'aurait suggéré tôt ou tard. Et toi ?

-J'ai décidé moi-même. Le mien a des sujets très ciblés, donc j'élargis un peu mes horizons pendant mon temps libre. »

Reiner lui répondit par un hochement de tête entendu. Apparemment, il avait la bonne volonté de converser avec Marco. Ravi, le jeune homme le relança sur un autre sujet, et ils commencèrent à discuter pour de bon, de l'attitude de leurs instructeurs, et d'autres choses.

Au bout d'un long moment, que Marco ne saurait mesurer, ils entendirent de nouveaux bruits de pas. Ils s'interrompirent et échangèrent un regard dubitatif, avant d'étendre le cou dans la direction du son, curieux. Ils n'eurent pas à attendre bien longtemps, car deux jeunes gens apparurent juste à cet instant. La première était petite et blonde, et son expression était aussi neutre qu'un visage humain pouvait l'être, sans animosité mais sans affection non plus. Le deuxième était probablement deux têtes plus grand que Marco, et il avait l'air de ne pas savoir quoi faire de ses bras et de ses jambes.

-Oh, bonjour, dit-il en leur adressant un court signe de tête que les deux lui rendirent poliment. Est ce que vous sauriez où se trouve la section sur les arts du combat ?

-Aucune idée, répondit Marco alors que Reiner secouait la tête. Mais elle ne doit pas être loin. Vous avez regardé dans l'ordinateur ? »

Les deux échangèrent un regard, penaud pour le plus grand. Visiblement, ils ne l'avaient pas remarqué. Marco se leva aussitôt de sa chaise.

-Venez, je vais vous montrer.

-Oh, merci beaucoup. »

Il les entraîna avec lui jusqu'à l'entrée et leur montra comment se servir de l'ordinateur, puis leur proposa presque aussitôt de se joindre à Reiner et lui. Ils échangèrent à nouveau un regard, comme s'ils avaient besoin de se consulter l'un l'autre avant de prendre une décision. Puis la jeune fille haussa les épaules et le jeune homme hocha la tête. Marco les laissa chercher leurs livres et rejoignit Reiner. Ils revinrent une poignée de minutes plus tard, et se présentèrent.

-Je m'appelle Bertholt Hoover, fit le plus grand, s'asseyant à la gauche de Reiner.

-Annie Leonhardt. » dit la fille à côté de Marco.

-Je me demandais... est ce que vous vous connaissiez avant, tous les deux ? » demanda le jeune homme, qui avait plus envie de discuter que de reprendre sa lecture.

La tête de Bertholt vira dans sa direction tandis que celle d'Annie se dirigeait vers lui de façon plus tranquille. Bertholt avait les sourcils légèrement froncés, comme s'il essayait de trouver le code derrière les paroles de Marco. Cette constatation le désola. Même quand ils voulaient avoir une conversation anodine, ils ne pouvaient s'empêcher de se méfier les uns des autres. Visiblement, Bertholt le trouvait bien indiscret et fouineur.

-Comment tu as deviné ? » dit-il à la place avec une curiosité candide.

Oh. Donc il était juste curieux que Marco ait pu s'en rendre compte. Marco esquissa un sourire pour s'expliquer :

-Oh, c'est juste que vous vous échangez beaucoup de coups d'œil, donc j'ai supposé. J'ai deviné juste ? »

Annie et Bertholt hochèrent la tête, apparemment rassurés qu'il ne soit pas très secret sur ses intentions.

-Et vous, vous venez de quel district ? demanda Bertholt en refermant doucement son livre.

-Du premier District, répondit Reiner, et Bertholt s'amusa à l'idée qu'ils soient voisins.

-Moi du District Neuf, enchaîna Marco.

-Celui où il y a beaucoup de champs ? interrogea Annie.

-C'est ça, confirma Marco avec un sourire un peu plus rayonnant. Mon père est fermier d'ailleurs. »

La conversation se maintint, et ils échangèrent sur leurs familles respectives doucement, à petit pas. Ils avaient tous dû quitter leur maison, et peut-être hésitaient-ils encore à formuler à voix haute le fait d'être arraché de chez soi. Mais ils avaient envie de communiquer, de retrouver la chaleur du contact humain, alors ils parlaient.

Pour Marco, ce fut un soulagement indicible. Il se prit parfois à se taire et se contenter d'écouter, le menton entre les mains, se laissant bercer par les voix de Reiner et Bertholt qui l'entouraient et remplissaient le silence envahissant qui ne l'avait pas quitté depuis son départ. Malgré le sinistre de leur situation, il était rassuré de constater qu'ils étaient encore capables de se comporter en êtres humains, bien qu'ils soient de parfaits inconnus. Avec un sourire réjoui, il recommença à parler.

...

-Bien, bien ! décréta Hansi en hochant frénétiquement la tête. Très bien ! Surtout toi, Jean ! On va pouvoir tout de suite passer aux exercices en forêt ! »

Hansi relâcha aussitôt les leviers qui les maintenaient en l'air sur la structure de bois et de fer, et Jean posa doucement le pied à terre, essoufflé. Il était assez content de lui, mais la longueur de l'exercice avait effacé son sourire en coin.

Sur un coup de tête, Hansi les avait réveillés excessivement tôt, et les avaient emmenés commencer immédiatement l'entraînement tridimensionnel. Jean les avait suivis, lui et Minha, en traînant des pieds, plus curieux de voir comment son excité d'instructeur s'en sortirait pour les cours pratiques qu'emballé par la leçon. Et pourtant, voilà qu'ils y étaient depuis une bonne heure et que Jean sentait son appréciation pour cet exercice s'amplifier.

Ils venaient à peine de retirer les sangles d'exercice que Hansi frappa dans ses mains avec énergie. Les deux jeunes gens levèrent la tête et virent que deux employés arrivaient vers eux, chargés de caisses qu'ils transportaient avec beaucoup de prudence.

-Moblit, quel timing impeccable ! » félicita Hansi avec un pouce en l'air.

Le dénommé Moblit lui répondit avec un hochement de tête contrit en déposant sa caisse au sol.

-Voici vos équipements tridimensionnels, annonça fièrement Hansi. D'habitude, ils sont rangés dans notre baraque, mais exceptionnellement, j'ai demandé à Moblit de nous les amener, pour que la séance soit plus fluide.

-À ce propos, Hansi, concernant votre demande sur...

-Plus tard, Moblit ! Nous devons continuer sur notre lancée. »

L'employé soupira, vaincu, et Jean lui adressa un sourire désolé. Hansi n'avait pas l'air facile à gérer pour les ''roses''. L'instructeur ne leur laissa pas le temps d'y penser plus longtemps, déjà à farfouiller dans les caisses pour en ressortir le matériel.

-Bon, Jean, j'espère que tu as bien lu les cours de Minha, parce que je ne réexpliquerai pas quel équipement est quoi ( le jeune homme grimaça à la pique). Voici le harnais, commencez par mettre ça. »

Hansi leur confia les pièces de l'équipement à enfiler une à une, et parfois les deux jeunes gens eurent besoin de l'aide de Moblit et de la femme qui l'accompagnait pour enfiler certaines pièces les courroies qui couvraient tout le bas du corps et le buste, le harnais qui contenait les réserves de câbles, le dispositif de fonctionnement, les cartouches de gaz et le ventilateur sur les reins, les étuis au niveau des aisselles, et enfin les gaines sur les hances, avec les bonbonnes de gaz et les recharges de lames. Comme tout était relié, ils devaient à peu près enfiler tout en même temps, mais Hansi leur expliqua très vite comment s'en sortir.

L'équipement tridimensionnel avait toujours fasciné Jean. C'était peut-être même une des seules raisons pour lesquelles il avait regardé les jeux précédents.

-Allez, on marche comme ça jusqu'à la forêt ! décida Hansi. Habituez-vous au poids et au balancement. »

Minha acquiesça et emboîta immédiatement le pas à Hansi alors que Moblit et l'employée remportaient leurs caisses. Jean se décida à les suivre avec un temps de décalage. Il ne savait pas si c'était sa méfiance envers Hansi, mais il trouvait que l'instructeur les poussait dur dès le départ. Ils arrivèrent très vite devant un premier arbre un peu isolé et Hansi frappa le tronc de son poing.

-Montez aussi haut que possible. »

C'est tout ? Aucune autre instruction? Jean croisa le regard de Minha avec un sourcil haussé et put constater qu'elle était aussi perdue que lui. Il se détourna et contempla le haut de l'arbre. C'était un hêtre, et un joli spécimen avec ça. Ses branches les plus basses étaient au moins à trente mètres de distance. Puis il descendit le regard sur sa poignée de manœuvre Le bouton du haut servait à lancer les grappins, celui du bas à utiliser le gaz. La gâchette servait à freiner mais aussi à ramener les câbles. Donc une fois qu'il avait lancé les grappins, il devait appuyer à la fois sur la gâchette pour rembobiner les câbles, et sur le bouton du bas pour se propulser correctement et se hisser. Enfin, le commutateur au niveau de son pouce lui permettait d'ajuster verticalement la direction des câbles.

Jean se tourna vers Minha, qui faisait le tour de son équipement pour bien comprendre. Lui-même s'amusa brièvement avec les commutateurs pour mesurer la vitesse à laquelle ils s'orientaient et jusqu'où il pouvait aller, le front plissé de concentration. Il avait vraiment envie de réussir du premier coup. Une fois sûr, plus que sûr et pressé par le regard amusé de Hansi, il finit par se tourner vers l'arbre et orienta les grappins, droit vers la plus basse branche. Il ne pouvait tester le jeu de pression du gaz qu'en se jetant à l'eau. Ou plutôt, en l'air.

Les dents serrées, il pressa. Les câbles jaillirent aussitôt et s'agrippèrent à la branche, plus haut qu'il ne l'avait prévu. Il appuya à nouveau et sentit aussitôt son bassin se faire entraîner, abandonnant ses jambes et son buste au passage.

-Wahp ! »

Il freina aussitôt, et sentit son corps foncer droit vers le tronc avec la perte d'élan. Merde ! Il tordit son bassin pour mettre ses jambes en avant et amortit son atterrissage.

-Wow, ok...marmonna-t-il une fois stabilisé. Je vois, je vois. »

Il se balança brièvement pour tester son poids et sourit. Il pouvait le faire. Facile ! D'une pression des pieds, il s'éloigna du tronc, et rappuya aussitôt, s'élançant vers les hauteurs. La branche se rapprochait beaucoup plus vite qu'il ne s'y attendait, et il relâcha sa prise sur la gâchette. Il était trop tendu.

Mais au même moment, il réalisa qu'il s'était mis dans le pétrin dès le départ s'il continuait ainsi, il allait se prendre la branche dans le bide !

-Le gaz est très puissant, faites attention ! » cria Hansi au même moment.

Jean comprit aussitôt comment mettre cette information à bon usage. À toute vitesse, presque à tâtons à cause de la précipitation et de la difficulté de la manœuvre, il stoppa net sa course à un mètre de la branche, rétracta ses grappins pour utiliser uniquement le gaz et bondit juste un peu plus haut grâce à la pression. D'une main tendue, il agrippa une branche plus haute et se balança pour atterrir sur la branche.

Au moment même où ses bottes rejoignaient le bois, il poussa un pur cri de joie, qui se trouva aussitôt imité par Hansi. De l'autre côté, du tronc, Minha se hissait sur une autre branche avec autant d'enthousiasme.

-Vous avez réussi ! s'écria Hansi en brandissant le poing alors que Jean faisait volte face vers lui, le sourire aux lèvres. Bravo Jean, super rattrapage ! Bravo Minha ! On redescend, maintenant !

-Comme ça, dans la foulée ?! hésita Minha.

-Exactement ! »

Jean se sentait pousser des ailes. Écoutant les directives de Hansi, il sauta directement de sa branche. Une bourrasque de vent lui frappa aussitôt le visage, et un courant d'allégresse parcourut ses nerfs à la vue du ciel dégagé. Sans perdre un instant, il vrilla ses hanches pour se trouver dos au sol et projeta ses grappins vers le haut de l'arbre, satisfait d'entendre un chtack retentissant. Ses doigts pressèrent immédiatement pour contrer la force de la gravité, et il sentit son bassin soutenir la pression grâce à la projection de gaz. Il avait les dents serrées dans une grimace exaltée.

Ses pieds butèrent contre le tronc et il acheva de glisser au sol sous le regard enchanté de Hansi, Minha touchant le sol juste avant lui. Leur instructeur avait l'air au bord de l'apoplexie.

-Bravo ! s'écria-t-il à nouveau en leur tapant vigoureusement le dos. Je savais que vous pouviez le faire ! C'était sensationnel ! »

Si Hansi les félicitait comme ça, il allait avoir du mal à rester fâché.

...

La lueur du soleil cherchait à percer à travers les nuages épais qui étouffaient le ciel. Par-ci par-là, des faisceaux lumineux parvenaient à s'échapper, trouant le couvercle nuageux de leur clarté réconfortante. C'était à croire qu'ils pourraient effriter ce dôme morbide, qui pesait sur les têtes de vingt-quatre jeunes acheminés contre leur gré vers le couloir de la mort, et les libérer. Mais ce n'était que la météo, une illusion. Le ciel portait un masque, tout comme Christa.

La couleur des nuages, l'intensité des éclaircies, en variant déjà ces quelques points, le ciel devait avoir une impressionnante panoplie de masques. Mais Christa, elle aussi, avait une imposante collection. Les masques et les étiquettes, d'aussi loin qu'elle se souvienne, elle n'avait connu que ça, comédienne dès la naissance : de la petite fille à son papa, la bonne prétendante, à la riche héritière, en passant par la jeune demoiselle exemplaire. Elle acceptait les rôles sans rechigner, toujours satisfaite de ce qu'ils pouvaient lui apporter.

La demoiselle ne put retenir le profond soupir qui jaillit de ses narines. Elle portait un nouveau masque maintenant, celui d'une tribut résignée qui se devait de placer toute sa confiance en Reiner pour gagner les jeux. Ses ongles se plantèrent dans sa paume alors qu'elle serrait le poing. Elle ne voulait pas aller aux jeux, elle n'avait rien à gagner avec ce rôle là, à part nier sa propre mort. Ce nouveau rôle lui permettait au moins de sauver la face devant Reiner et Erwin. Ou presque… Reiner s'était sûrement douté de quelque chose après son cinéma de la veille.

Christa relâcha l'emprise de ses ongles sur sa petite paume humide et meurtrie, elle les disciplina à se tenir droit pour remettre de l'ordre dans ses pensées. Ce qui lui manquait c'était le déclic, celui qui lui permettrait de mieux comprendre son rôle, le bon angle sous lequel l'approcher. Mais Marie n'était pas là pour lui donner des conseils. Et elle ne pouvait pas en parler à Reiner. Déjà qu'ils ne se disaient jamais vraiment les choses...

La petite blonde secoua la tête, bien décidée à se sortir ces idées de l'esprit. Elle croisa le reflet de « la tribut du District Un » dans la vitrine, qui l'épiait, et détourna le regard. Christa venait d'arriver dans le centre commercial du campus districtuel.

Une longue et large allée s'étendait devant elle, des ruelles plus étroites la coupant à la perpendiculaire entre deux boutiques. Le centre commercial était à ciel ouvert et, tous les cinquante mètres, une nouvelle boutique s'offrait à elle, à droite comme à gauche.

Un autre masque, celui du Capitole. Histoire de leur faire croire à tous qu'ils étaient toujours en train de vivre la même vie, avec les mêmes commerces à proximité, les mêmes loisirs aussi. Histoire qu'ils ne dépriment pas trop, qu'ils n'angoissent pas trop et que le choc des jeux ne soit que plus spectaculaire.

Christa se sentait juste comme une poule élevée en plein air dont on récupérait les œufs contre son gré chaque jour, avant de s'en débarrasser, en l'emmenant à l'abattoir une fois qu'elle ne serait plus d'aucune utilité.

Elle se passa la main dans les cheveux quand un « Hey, toi ! » la fit sursauter. Christa se retourna pour rencontrer le regard souriant d'une jeune fille à peine plus vieille qu'elle.

L'inconnue était, sans grande surprise, plus haute qu'elle et la dévorait de ses pupilles enthousiasmées comme si elle était un parfait à la fraise. Christa était incapable de se rappeler de son nom, mais la vue de l'insigne des épées croisées qu'elle arborait lui signala qu'elle était une tribut aussi. Une ennemie.

La tribut aux cheveux châtain frisés avait sincèrement l'air heureuse de l'avoir croisée, ses lèvres formaient un sourire pincé jubilatoire.

-T'es bien Christa, toi, non ? dit-elle en se cambrant cambra vers la petite blonde.

-Euh… oui. Bonjour ! » répondit Christa d'une voix fluette maquillée.

Son interlocutrice se redressa, visiblement fière d'avoir vu juste. Christa lui sourit derrière son masque, priant pour qu'elle parte. Mais l'inconnue continua.

-Alors, certifiés par le District Un, ces magasins ?

-Pardon ?

-Qu'est-ce que t'en penses en tant que gosse de riche du district des gosses de riche ? Ils sont de qualité où le Capitole se paye nos têtes ? »

Christa prit quelques secondes pour digérer la question. Son interlocutrice lui tenait la plus banale des conversations ? La petite blonde ramena une mèche de cheveux derrière son oreille et baissa les yeux.

-Je suis désolée mais je ne sais pas trop. C'est la première fois que je viens ici, je ne suis pas encore rentrée dans une seule des boutiques. »

L'inconnue hocha la tête, le même sourire de satisfaction gênant aux lèvres, avant de reprendre.

-Faudra que tu me tiennes au courant, alors ! Ils sont clairement au dessus de ce qu'on a au District Trois, mais j'ai encore rien pour savoir s'ils sont du même acabit que le District Un. Ça se trouve c'est qualité District Deux… elle se prit la tête dans les mains et ferma les yeux. Mais si c'est du niveau du District Un… ahlalala, ce serait trop la classe ! Oh ! Attends, imagine : qualité Capitole carrément !

-C'est pour ça que tu es venue à ma rencontre ? Tu savais que je venais du District Un ? » demanda Christa en penchant la tête.

La jeune femme acquiesça. Elle lui sembla de suite moins dangereuse, la tribut adverse n'avait pas l'air de vouloir recueillir des informations capitales. Christa se sentait un peu plus en confiance et se décida à tâter le terrain avec l'inconnue, peut-être réussirait-elle à récolter quelque chose sur le District Trois ?

-Excuse-moi, mais comment t'appelles-tu déjà ? » lui demanda Christa d'un ton hésitant.

L'inconnue s'esclaffa. Un rire grinçant et oppressant qui fit frémir Christa, elle riait à gorge déployée pour un simple oubli de sa part. La petite blonde tritura ses ongles. La tribut adverse mit la main à sa poitrine et effectua une légère courbette, sans lâcher Christa du regard.

-Hitch Dreyse, annonça-t-elle. Fille d'honnêtes marchands en électronique du District Trois, partenaire du ô-combien-effacé Marlow Freudenberg et élève brillante et assidue du célébrissime Naile Dork. »

L'aisance avec laquelle elle lui avait répondu la déconcertait. Mais avec toutes les informations qu'elle lui avait révélées, Christa se devait d'en faire de même, et se lança dans le jeu de Hitch à contrecœur.

-Ah, ça me revient, merci. Je n'oublierai pas. Eh bien, mon partenaire est Reiner…

-Oh, pas la peine de gaspiller ta salive, je sais déjà tout ! » l'interrompit Hitch en agitant la main.

Christa était prise entre le soulagement de ne pas avoir à mesurer ses révélations et la frustration d'avoir été coupée. Il lui fallait trouver une excuse pour s'en aller, mais Hitch avait emboîté tous les discrets pas qu'elle avait tentés. Désormais, elles marchaient toutes les deux côte à côte le long de la large allée. La tribut adverse reprit :

-T'as bien de la chance avec ce Reiner, dis donc ! Il est musclé, responsable, courageux et résigné, un vrai guerrier, quoi ! C'est clairement le meilleur des douze mecs.

-C'est vrai que je me repose beaucoup sur lui, il est très fort en effet, souligna Christa d'un rire gêné.

-Qu'est ce que je donnerais pour l'avoir à la place de cet imbécile de Marlow ! Toujours dans mes pattes à critiquer les jeux et me bassiner pour que j'admette que c'est inacceptable, injuste, intolérable… sauf qu'il est parti pour les jouer ces Hunger Games, le coco, alors qu'il la ferme et qu'il profite ! Et puis Dork avec ses remarques sur mon sérieux en cours… je suis venue pour trucider des gamins, pas pour lire des livres ! En fait, je donnerais volontiers mon charme juste pour avoir Reiner et Erwin, ces deux bellâtres bien capables et responsables !

-Oh… je suis… désolée d'apprendre tout ça…

-Enfin, ce que j'essaie de te dire c'est que de nous deux, t'as bien plus de chances de t'en sortir que moi ! »

Christa buta sur les mots de Hitch à en tomber à la renverse. La franchise de l'ennemie et sa lucidité déconcertante sur son sort lui donnait des sueurs froides. Elle recula d'un pas.

-Hé, t'emballes pas pour ça. Ça me gêne pas du tout, j't'assure ! » ricana Hitch face au mutisme de la jeune fille.

La demoiselle hocha la tête d'un geste lent, elle commençait à cerner la personnalité de Hitch. La tribut adverse faisait partie de ces gens qui adoraient porter toutes sortes de masques extravagants, mais adoraient encore plus le faire remarquer aux autres. Le genre de personnes à la fois imprévisibles et incroyablement honnêtes.

Comme Christa n'avait toujours rien dit, Hitch lâcha un gloussement nasal, s'arrêta et joignit ses mains derrière la tête.

-Je veux juste profiter à fond du temps qui me reste. Tu sais, ce que ce débile de Marlow veut même pas essayer de faire ! On est tous cuits, c'est un fait. Mais c'est pas une raison pour s'empêcher de vivre un mois avant. Sinon, c'est juste une sorte de mort prématurée pour moi. J'ai encore un mois à vivre et je vais surtout pas le gâcher !

-Hmm je vois, c'est vrai que c'est un bon argument, Christa mit un doigt à sa bouche. Mais je dois y aller, là ! Je vais être en retard à mon cours… »

Un sourire narquois se dessina sur les babines de la tribut adverse. L'avait-elle démasquée ? Hitch haussa les épaules et secoua la tête, feignant une moue déçue.

-Bien sûr, file donc ! Je vais pas non plus te retenir si j'ai pas mon mot à dire. » persifla-t-elle.

Christa se courba pour la saluer avant de détaler vers la baraque du District Un, elle jeta un coup d'œil en arrière vers Hitch. Celle-ci agitait les bras pour lui dire au revoir.

-Dis bonjour à Reiner de ma part ! »

Essoufflée d'avoir couru jusqu'à la sortie de l'allée commerciale, Christa fit une pause. Elle ne savait plus trop si c'était l'effort physique ou son altercation avec Hitch qui lui avait rougi les joues à ce point. La jeune demoiselle venait d'avoir une nouvelle piqûre de rappel sur sa mort imminente.

Et pourtant, ça ne lui avait pas procuré les hauts le cœur avec lesquels elle était devenue si familière.

Elle l'avait acceptée, avait pesé le pour et le contre des arguments de Hitch et s'était faite un avis dessus. Tout ça en gardant son masque de bétail naïf.

Les muscles de ses joues vibrèrent, cela faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas autant exercés. Cela faisait longtemps que Christa avait affiché un sourire honnête.

Elle avait le déclic. Elle porterait le masque de la jeune tribut naïve afin de ne pas inquiéter Reiner et resterait lucide comme Hitch sur son sort funeste, ainsi elle ne se mentirait plus à elle-même.

Christa considéra son nouveau rôle un instant. Satisfaite, elle l'endossa.

...

Le béton ciré se rapprochait jusqu'à ce que le nez brûlant et humide de Bertholt vienne frôler sa fraîcheur morne. Il lui sembla qu'il y laissait une goutte de sueur qui avait perlé sur son visage alors qu'il appuyait sur ses biceps pour se redresser et continuer avec ses pompes.

Pixis avait été en état de leur donner un cours théorique dans l'après-midi et Annie l'avait entraîné dans la matinée. Ils étaient même passés à la bibliothèque pour bien se documenter sur les techniques martiales qu'Annie pouvait lui faire travailler. Ça en plus des exercices musculaires qu'ils pratiquaient en prévision d'un prochain cours sur la tridimensionnalité. Pourtant il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter : le train auquel les choses allaient lui paraissait trop lent. Il s'alarmait d'arriver en retard à destination, voire de ne jamais arriver tout court. Peut-être avait-il carrément manqué le bon train ?

L'absence de quelque chose le taraudait. La routine qui commençait à s'installer ne pouvait pas être la bonne. Mais il ne savait pas pourquoi, ni comment. Alors, dès qu'il y songeait trop, il faisait des pompes.

Il reconnut le son feutré de la porte de sa chambre qui se fermait. Annie était entrée. Bertholt interrompit alors son exercice pour écouter ce qu'elle avait à lui dire. Ce n'était pas la première fois que la jeune fille le surprenait ainsi et, soulagé de voir qu'il n'y avait pas la moindre once de jugement dans son regard, Bertholt était désormais moins gêné.

Le grand brun se leva et baissa la tête. Il cligna des yeux pour inciter Annie à prendre la parole pendant qu'il essayait d'essuyer un peu de sueur frontale avec sa manche.

-Viens, Pixis a des choses à dire. » annonça Annie d'un ton posé.

Le jeune homme n'en croyait pas ses oreilles. Elle lui tourna le dos et rouvrit la porte de la chambre, et Bertholt la suivit d'un pas perplexe. Le temps de saisir son petit carnet de notes, il avait quelques secondes de retard sur elle.

Ils débouchèrent de l'étroit couloir au salon baigné d'une lueur artificielle, le soleil ayant déjà entamé sa nuit. Pixis, lui, semblait aussi frais qu'un oiseau du matin, perché sur un des tabourets de la cuisine ouverte. Un oiseau aux joues rouges et à la démarche tanguante, cela dit. Annie prit tout de suite place dans un fauteuil en velours qui contournait la table basse de vernis transparent et croisa les bras, les paupières closes.

Bertholt ne savait trop quoi faire, Annie ne lui avait rien expliqué de très précis alors il l'imita et s'assit à ses côtés, en tailleur sur le tapis de laine sur lequel trônait la table basse. Pixis avait beau être à dix mètres d'eux, sa voie, bombée par l'alcool, portait.

-Tiens, voici le jeune homme ! Un verre peut-être ? »

Bertholt fit non de la tête en agitant la main, incapable de prononcer un seul mot. Le silence recouvrit la pièce. Le grand brun ne pouvait qu'entendre les gorgées bruyantes de son mentor et les battements de son cœur incertain. Il commençait à se demander si Pixis avait vraiment quelque chose à dire dans cet état, s'il était juste en train de chercher ses mots ou s'il avait oublié ce qu'il voulait dire.

Ses joues devaient virer aussi vermeilles que celles du vieux professeur car il les sentait bouillir. Il pivota la tête vers Annie, priant pour qu'elle saisisse la détresse dans ses yeux et fasse quelque chose. À son grand soulagement, son entraîneuse privée échangea un coup d'œil tranquille avec lui et la chamade de son cœur s'apaisa. Elle avait l'air d'avoir un plan. Quand Annie était près de lui avec un plan, il était toujours plus rassuré.

-Vous me parliez de votre potager… » lâcha la tribut d'une voix droite et nonchalante.

La bouche de Bertholt s'ouvrit subitement, elle aurait pu se fracasser contre le sol si la peau ne l'avait pas retenue. Il dévisagea Annie mais la jeune fille fixait Pixis. Le grand brun détourna alors son regard vers son instructeur. Pixis avait posé sa flasque sur le comptoir, et ses coudes sur les cuisses, les mains jointes, une étincelle aux yeux.

-C'est bien vrai ça, mademoiselle Leonhardt. Vous êtes très attentive, je vous en félicite. Où en étais-je (il jeta un bref coup d'œil en l'air avant de reprendre, le feu aux yeux) ? Ah oui ! Ça me revient, je vous parlais des insectes ravageurs ! »

Le jeune homme avait reporté son attention sur Annie, mais sa bouche à lui n'avait pas bougé, il la sentait devenir sèche. Elle lui adressa un regard éclair dans lequel il crut lire de l'assurance. Il dégaina alors son carnet, crayon en place. Si Annie le disait…

-Ces saletés pullulent dans mon jardin, une vraie plaie ! Pas évident du tout de s'en débarrasser, non… » Pixis secoua la tête en maugréant.

« Insectes ravageurs ».

-Qu'est-ce qui les rend si irritants ? » s'enquit Annie.

Pixis porta la main à sa bouche et ferma les yeux. Après un court laps de temps, essoufflant pour Bertholt, l'instructeur reprit.

-Ils frappent lorsque les conditions qui leur sont les plus avantageuses sont réunies, voilà ce qui les rend si difficile à anéantir une fois bien implantés, c'est-à-dire quand il n'y a pas de prédateurs autour par exemple. Des prédateurs comme les coccinelles, voyez-vous. »

Annie hocha la tête. « Pullulent avec absence prédateurs ». Pixis continua:

-C'est comme aux Hunger Games, mademoiselle Leonhardt : pour réussir l'invasion de leurs ennemis, les insectes ravageurs profitent du rassemblement de plusieurs paramètres. La différence étant qu'un tribut a plus de jugeote qu'un insecte, il doit donc être plus actif et jouer sur plusieurs tableaux pour l'emporter. »

Pixis ferma les yeux alors que ceux de Bertholt s'écarquillaient. Pixis croisa les bras, cherchant ses mots, et le tribut gribouilla sur les pages du carnet. « Insectes ravageurs » « Tenir un siège ».

-Quels sont les tableaux sur lesquels un tribut plus actif qu'un insecte peut jouer alors ? demanda Annie.

-Ah ! Mais le moral tout d'abord, ma chère ! Attaquer le moral des troupes adverses est crucial et il y a plein de façon de l'affecter, l'esprit humain s'attache si facilement à des broutilles. Bien plus que les tomates de mon potager, je peux vous l'assurer !

« Pullulent avec absence prédateurs. » « S'attaquer au moral. »

-Mais il y a aussi la question du point d'eau ! Comme des tomates en été qui se gorgent d'eau, l'accès à l'eau potable durant la chaleur torride des Hunger Games est primordial. Couper l'accès à l'eau de l'adversaire donne un grand avantage tactique.

« Couper l'eau. »

-La contrepartie de la chaleur de l'été, ce sont les pluies diluviennes qui peuvent survenir et créer des terrains très boueux. Et il n'y a rien de pire que d'être assiégé sur un terrain glissant et constamment changeant à cause de la météo. Entraîner ses adversaires vers des terrains plus vulnérables est très bien vu. »

« Leurrer vers terrains vulnérables, ex : boue car pluie. » « Attention : état terrain base ! » Bertholt entoura « base ».

-Le tribut bénéficie même d'une arme délicate mais dévastatrice, contrairement au puceron : les Titans. Attirer les Titans vers son adversaire est une des clés de la victoire sur le long terme aux Hunger Games. La meilleure façon de réaliser cette prouesse est de mettre la zone ennemie plus à découvert en abattant les arbres ou autres éléments d'appui qui se trouveraient aux alentours, réduisant ainsi les possibilités de manœuvre tridimensionnelle.

« Attirer Titans. »

-Monsieur Pixis, quel serait donc le meilleur endroit pour construire une base alliée ? Le contre-exemple de tout cela ? Ou y a-t-il autre chose ? » le questionna Bertholt en levant la main.

Pixis le considéra, l'air grave, presque confus. Il toucha son menton de deux doigts avant de répondre à sa question comme s'il réfléchissait à voix haute.

-Selon moi, le meilleur emplacement pour un potager est près d'une source de lumière pour que les plantes puissent profiter des rayons nutritifs du soleil. Mais il faut un minimum d'ombre tout de même afin que les cultures ne crament pas » (il prit une nouvelle gorgée de sa flasque).

Bertholt se désola d'avoir coupé son instructeur dans son élan conseiller. Il lança un regard coupable à Annie, dépité. Les yeux de la jeune fille n'étaient pas agacés pour un sou, elle avait l'air détendue, ses bras toujours croisés. Elle s'avança un peu plus de sorte à poser ses coudes sur ses jambes et perça le silence qui était retombé. La flamme dans ses yeux rivalisait avec celle de Pixis, mais contrairement à celle du mentor, le feu d'Annie n'était pas attisé par l'alcool : il prospérait grâce à son désir ardent de connaissance.

-Quelles astuces avez-vous pour protéger vos plantes des insectes comme un tribut se barricaderait face à ses adversaires ? »

Pixis reposa sa flasque, descendit du tabouret pour faire les cents pas entre le canapé et le comptoir. Il ne cessait pas de se déplacer alors qu'il répondait à Annie.

-Mmhh, question très spécifique, mademoiselle Leonhardt, je n'en attendais pas moins de vous. Si j'étais un soldat luttant contre des adversaires parasites, avec des Titans à ma disposition mais aussi à mon dérangement, je prendrais certainement un endroit où l'ennemi ne penserait même pas à se rendre, voyez-vous. Il penserait naïvement qu'il n'y aurait aucune raison logique que quelque chose s'y cache et n'irait donc jamais voir. Prenez la cime des arbres géants par exemple, c'est bien plus haut que les Titans et personne n'irait me chercher là.

« Tromper attentes ennemies. » « Arbres géants. »

-Mais la discrétion doit être couplée au placement afin de bien donner l'impression qu'il n'y a rien à voir par ici à votre ennemi, voilà pourquoi les pucerons sont si petits d'ailleurs ! Il vaudrait mieux ne pas trop charger sa base à la cime des arbres sinon cela attirerait trop l'œil, il faudrait mieux disséminer les éléments du campement dans le périmètre. »

« DISCRÉTION. » « PLACEMENT. » « Pas attirer l'œil ex : disséminer matériel dans périmètre. »

Pixis se figea pour retourner se percher sur le tabouret avant de déclarer :

-En somme, c'est un vrai jeu de chat et de souris à une échelle différente. »

Bertholt gloussa. Entre les Titans et les pucerons, il y avait certainement une échelle ! Il se tourna vers Annie qui était déjà en train de le regarder, lui. Un léger rictus semblait trahir une sorte de sourire sur ses lèvres. Il hocha la tête à sa camarade, s'il avait pu retenir quelque chose de ce cours alcoolisé, c'était bien grâce à elle !

La jeune fille aux cheveux vanille s'étira en s'enfonçant dans le dossier du fauteuil avant de se lever. Elle agita la main à Bertholt en passant.

-Bonne nuit. » laissa-t-elle échapper avec une trace de satisfaction dans la voix.

Bertholt la lui rendit avant d'admirer les notes qu'il avait prises, son cœur s'était remis à battre la chamade, mais une chamade chaleureuse, rassurée, presque confiante, qui s'installait confortablement sur son siège, prête à s'apaiser et admirer le paysage.

Il se redressa et porta son attention sur son instructeur afin de le remercier pour ce cours singulier mais précieux…

Mais Pixis ronflait, la tête posée dans la paume.

J-26

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Iferil: Comment faire un Jean tout chou: éveiller les instincts maternels de Doki

!(TW: spoilers potentiel regardez/lisez la série, les gens)! Doki: *constate l'entourage de Marco dans cet extrait* *pousse un long soupir* Haaaaaa, SNK... FUIS MARCO!