Arrête ton pipeau et dis plutôt ce que tu penses vraiment

OST SNK qui se prêtent bien à l'ambiance:
Army Attack
Emaymniam
Shingeki Vn-Pf 20130524 Kyojin
Len Zo 97NH10 Hi Kyosetsu Mahle
Aots3-Pf2
Ymniam-Mkorch

...( )...

-Parfait, on va passer à l'exercice suivant ! Mais d'abord, une petite pause. »

Hansi raya d'un trait un autre exercice de sa liste et Minha et Jean s'effondrèrent au sol dans un fracas de métal, avec l'impression pressante de se dégonfler comme des ballons. La jeune fille poussa un grognement en se tenant les côtes, tandis que le jeune homme se massait la nuque, les muscles endoloris. L'herbe de la forêt lui paraissait subitement aussi confortable que son lit, qu'il n'avait pas vu depuis cinq heures.

-Jambes tendues pour laisser circuler le sang ! les réprimanda Hansi en abattant son crayon sur leurs genoux pliés. Minha, il faut vraiment que tu penses à respirer même quand tu fais une manœuvre. Je sais que tu es concentrée, mais c'est important. Jean, c'est bien de vouloir tout observer. Mais tu devrais faire plus attention au placement de ton bassin. Si tu le fais correctement, tu auras moins besoin de te tordre le cou. »

Le jeune homme dévisagea leur mentor sans répondre. Honnêtement, même en courant partout avec l'énergie d'une pile électrique, Hansi avait l'air de faire très attention à eux. Mais Jean restait persuadé qu'avec le nombre de candidats que l'instructeur avait dû entraîné, il devait connaître par cœur tous les potentiels problèmes des tributs. D'une certaine façon, ils étaient comme des fermiers qui engraissaient le bétail. La pensée le fit grimacer.

-Aha ! »

Minha sursauta à côté de lui et ils virent Hansi s'asseoir à même le sol pour écrire frénétiquement dans son carnet. Quelques instants plus tard, leur instructeur bondissait sur ses pieds pour accueillir son assistant qui revenait d'une énième course :

-Moblit ! On va mettre en place l'exercice suivant ! Tu as placé tous les repères là où je te les ai demandés ?

-Hansi, je vous rappelle que je ne suis pas autorisé à utiliser l'équipement tridimensionnel...

-Pas grave, tant qu'ils sont visibles d'en haut. »

Jean pencha la tête sur le côté pour tenter d'observer le contenu de la page que Moblit venait de rendre à Hansi, en vain.

-Encore un exercice ? demanda Minha. Combien nous en reste-t-il ? »

La jeune fille avait l'air d'apprécier savoir combien de temps elle devait travailler, comme si elle voulait absolument consommer la même quantité d'énergie sur toute la durée. Dans tous les cas, Jean devait admettre qu'il se posait la même question.

-On va passer aux choses sérieuses maintenant ! » déclara Hansi, les mains sur les hanches.

Les deux jeunes tributs échangèrent un regard horrifié, le teint soudain très pâle.

-Comment ça, choses sérieuses ? hésita Jean en s'appuyant sur son genou pour se remettre debout. On a même pas encore déjeuné, je suis pas sûr que ce soit une bonne idée de pousser...

-Oh, c'est vrai, ça ! confirma Hansi, et Jean vit une lueur d'espoir illuminer les yeux de Minha, qui mourut très vite lorsqu'il enchaîna. Tant mieux, ça vous mettra en condition ! Il y aura des fois où vous vous serez mal nourris et où vous serez peu performants. Vous devez apprendre à faire de votre mieux sans être au top de votre forme. »

Tu parles. Il vient tout juste d'avoir l'idée. Jean retint sa réplique derrière la barrière de ses dents, et finit par hausser les épaules, résigné. Autant en finir au plus vite pour aller manger après.

-Minha, je vais t'expliquer ton exercice: tu dois slalomer entre ces arbres en utilisant le mouvement de balancier. Attention, un seul coup de grappins par arbre, et toujours au dessus de toi. »

La détermination peignit les traits de Minha alors qu'elle agrippait plus fort ses poignées elle était faible dans ce domaine, toujours à effectuer des arcs trop larges ou trop serrés. Jean se demanda soudain en quoi consisterait son exercice.

-Quant à toi, Jean... Tu dois rejoindre toutes les petites balises que Moblit a placé en forêt et qui en font le tour. Elles forment un parcours assez long, donc ce sera un travail de longue haleine. N'essaie pas de finir plus vite ! »

Hansi accompagna ses paroles d'un large sourire et d'une main sur son épaule. Le poids donnait l'impression à Jean qu'il s'agissait d'une menace. Il déglutit et hocha la tête alors que ses méninges turbinaient pour comprendre le but de l'exercice. De l'endurance ? Mais ils avaient déjà passé la matinée à s'exercer, il était presque sûr d'avoir des dizaines de cloques aux mains. Une manœuvre particulière ? Peut-être fallait-il qu'il enchaîne des mouvements complexes ? Mais Moblit avait dit les avoir placé au niveau du sol... Tant pis, autant se lancer. Il adressa un dernier regard suspicieux à Moblit puis décolla dans la direction que Hansi lui avait indiqué, sourcils froncés.

Très vite, il put constater que les balises étaient faciles à rattraper, espacées seulement de quelques mètres et installées relativement en hauteur. Donc le problème n'était pas de les trouver. Jean augmenta la pression pour accélérer le rythme, mais il ne rencontra aucun problème. Apparemment, il faisait quelque chose de travers. Ou alors... il était particulièrement bon et ce qui était censé être une difficulté ne l'était pas pour lui.

Il avait peut-être surestimé Hansi, songea-t-il alors qu'il accélérait pour se laisser porter par l'élan. Il adorait aller vite, maintenant qu'il s'était habitué à toutes les fonctions des poignées. Il était même déjà capable d'orienter verticalement ses grappins sans y jeter un œil ! Hansi leur avait dit qu'il fallait en général plus de deux jours pour y arriver. Une bouffée de satisfaction le poussa à accélérer encore et effectuer un ou deux salto en l'air, juste pour voir s'il en était capable.

Il en était définitivement capable, et sentir l'envers et l'endroit qui s'inversaient pour un bref instant, le vent qui luttait contre lui, la gravité qui lui tournait la tête, le grisait. Il s'amusa à circuler d'arbres en arbres uniquement avec des saltos arrières, le sourire aux lèvres.

Un soupçon de doute s'insinua en lui alors qu'il écoutait les bruits qui l'entouraient les oiseaux, le vent dans les branches, et surtout le sifflement du gaz. Gaz contenu dans des bonbonnes qui commençaient à devenir plutôt légères. Et si Jean se rappelait bien du plan de la forêt, il en était à peine à la moitié.

Il comprit immédiatement le véritable objectif et manqua de foncer droit dans un tronc d'embarras. Bien sûr ! Une distance aussi importante ne se parcourait pas en faisant des acrobaties ! Il devait économiser son gaz le plus possible pour revenir.

-Aah, merde ! » cria-t-il dans le vide.

Il avait pris les choses à la légère. Il se sentait incroyablement frustré d'avoir sous estimé Hansi, ou plutôt de s'être surestimé de cette manière. Maintenant, il n'avait d'autre choix que de rattraper le coup. En projetant à nouveau ses câbles, il écouta attentivement la pression du gaz. Bon, d'accord. Il n'aurait probablement pas assez pour finir le trajet de toute façon. Mais la situation avait soulevé une question pressante : comment économiser ? S'il se contentait d'utiliser le balancement du câble, il se briserait les reins au point de chute sans le soutien du gaz.

Une idée se fraya un chemin dans son esprit, et il prit le temps de l'étudier un peu : s'il augmentait le régime juste avant le point de chute, et qu'ensuite il coupait le débit, il pourrait non seulement éviter d'endommager son bassin, mais aussi utiliser l'inertie !

-Ça devrait marcher ! » s'enthousiasma-t-il.

Il mit aussitôt son plan en action. Tomber droit vers le sol encore plus vite que d'habitude pour un bref instant ne le mettait pas à l'aise, mais il ne rencontra aucune résistance, et sentit avec fierté l'élan des câbles l'entraîner vers les hauteurs. Amortir ne lui posa aucun problème, et il tenta à nouveau. Cette fois, le balancement était un peu juste, et il recommença la troisième fois en mettant juste un peu plus de jus.

Au bout de quelques essais, il maîtrisait relativement bien la manœuvre, mais il se doutait qu'il n'aurait jamais assez de gaz pour finir. Avec un grognement de déception, il finit par se décider à atterrir au sol avant de se retrouver coincé en l'air, et se résolut à finir à la course à pied. Il progressa à bonne vitesse, les balises encore plus faciles à repérer qu'auparavant, et il arriva enfin au lieu de départ.

Hansi l'attendait patiemment, assis sur un tronc, et lui adressa un petit sourire en coin très amusé qui lui donna envie de faire demi-tour immédiatement. Il se contint et les rejoignit.

-Jean ! » s'écria une voix à sa gauche.

Il fit volte-face et vit aussitôt que la manœuvre de Minha était trop juste et qu'elle lui fonçait droit dessus au lieu d'atterrir à côté de lui. Aussitôt, il tendit les bras, prêt à réceptionner Minha, et encaissa le choc avec un grognement alors qu'elle le percutait. Il trébucha mais se rattrapa, et Minha bondit hors de sa poigne la seconde suivante.

-Dé...désolée ! »

Elle était rouge pivoine, la pauvre. Il était assez rassuré de voir qu'il n'était pas le seul à avoir eu du mal.

-Alors, Jean ? fit la voix de Hansi, le ramenant à la réalité. Comment ça se fait que tu ne reviens pas depuis les arbres, mais à pied ? »

Jean grimaça la situation avait l'air de beaucoup amuser son instructeur. Hors de question de se laisser faire !

-Je n'avais pas assez de gaz, avoua-t-il avec réluctance. Le parcours était trop long pour que je puisse le faire en entier sans faire attention à ma consommation. Et puis... »

Il hésitait à avouer la seconde partie, mais Hansi avait l'expression si pressante qu'il finit par lâcher :

-J'ai fait quelques acrobaties au passage... »

Hansi mit sa main sur la bouche, même si ce geste ne suffit absolument pas à cacher son rire naissant.

-Et donc, tu as marché plus de la moitié ?

-Non ! rétorqua aussitôt Jean, vexé. Seulement le dernier quart. »

Hansi se redressa, visiblement curieux de savoir comment il s'y était pris.

-J'ai utilisé un petit coup de pouce au gaz avant d'atteindre le point de chute, ça m'a permis d'en économiser et d'utiliser l'inertie. »

En quelques secondes, Hansi était à côté de lui et lui broyait les mains avec enthousiasme :

-Ah, je savais que tu trouverais quelque chose ! Je te l'avais dit, Moblit ! » s'écria Hansi en se tournant vers son assistant.

Comment ça, Hansi le savait ? Suspicieux, Jean plissa les yeux vers son instructeur :

-Vous vous doutiez que j'allais échouer ? » demanda-t-il avec hésitation.

Hansi le relâcha et ouvrit une page de son carnet avant de la lui fourrer sur le nez. Sceptique, Jean le récupéra et lut. Ses yeux s'écarquillèrent la page était couverte de notes sur lui ! Hansi avait noté les moindres défauts, mais aussi chaque qualité du jeune homme dans son travail.

-Au contraire, tu as brillamment réussi ! rétorqua Hansi alors qu'il restait bouche bée. Le but était que tu te retrouves dans une situation où tu avais besoin de faire attention à tes dépenses. Et regardes, tu m'as tout l'air d'avoir trouvé !

-Vous aviez même remarqué ça ? »

Ça ne se voyait qu'en étant à côté d'eux pendant les manœuvres, et Hansi était resté au sol tout ce temps. Voir que Minha avait tendance à se prendre des troncs, d'accord, mais de là à voir que Jean allait trop vite à cause de sa forte consommation de gaz, il y avait un pas ! Un pas qui suffit à balayer les dernières réticences de Jean à respecter Hansi. Le jeune homme se sentit soudain particulièrement fier d'avoir l'approbation de l'ancien vainqueur. Il avait envie de continuer à susciter un tel enthousiasme.

Et pour ça, il devait être informé, mettre sa fierté de côté et ne pas hésiter à résoudre la moindre de ses incertitudes :

-Hansi... si j'utilise cette technique pour économiser, est ce que ça endommage l'équipement plus vite ? Parce que j'entends un sifflement particulier quand j'utilise peu de gaz, mais je ne sais pas s... »

Il n'eut pas le temps de dire autre chose qu'il se retrouva étouffé entre les bras exaltés de Hansi qui lui pressait les côtes avec beaucoup trop d'énergie.

-Aïe, ow ! Doucement !

-Merci, Jean ! Merci ! »

Jean pressa son instructeur pour qu'il le lâche, sans parvenir à se dégager le moins du monde. Au contraire, Hansi attrapa même Minha par la manche, provoquant un cri de surprise de sa part, et l'entraîna dans un câlin groupé.

-Ahlala ! Minha progresse si vite, et tu participes enfin ! C'est un très beau jour, il faut fêter ça ! »

Je participe enfin ? Jean prit le temps d'y réfléchir une brève seconde, et réalisa que depuis le début de leur formation, c'était bien la première question sérieuse qu'il posait à leur instructeur. Il avait raison il participait enfin. Et il ne savait que penser du fait que l'angoisse des jeux n'arrivait plus à surmonter le plaisir qu'il éprouvait en l'instant à apprendre d'Hansi, et à découvrir ce dont il était capable. Discrètement, il pressa le bras d'Hansi pour lui rendre son étreinte, et celui-ci serra plus fort, sous l'éclat de rire de Minha.

...

Erwin s'appuyait contre la table, les bras croisés et le regard profond. Il hochait la tête à chaque réponse de Reiner, même les moins justes. Son instructeur prenait toujours le temps de mesurer et d'étudier sous plusieurs angles les questions du jeune homme, afin d'en souligner les points les plus pertinents comme les erreurs. Cette marque de respect, de haute estime envers ses élèves réchauffait le cœur de Reiner. Il avait pris l'habitude de venir lui poser plusieurs questions afin d'approfondir sa connaissance du cours à la fin des séances. Erwin finit par porter la main à son menton et répondit :

-En effet, si la priorité est à la fuite, le plus sûr est de neutraliser rapidement l'adversaire, pas de chercher à le tuer. »

Reiner porta la mine du stylo aux pages de son cahier encore ouvert. Ce simple geste arracha un bref sourire au professeur.

-Dans ce cas : frapper la carotide, droite ou gauche ça n'a pas d'importance. La circulation du sang jusqu'au cerveau en pâtit et le corps se paralyse. Sinon, frapper l'oreille déséquilibre l'ennemi. Je pense qu'avec ces deux repères, tu as de quoi stopper l'ennemi le temps pour toi et Christa de fuir. »

Le jeune homme le remercia d'un hochement de tête distingué, ferma son cahier et se leva.

-Tu prends très au sérieux ton rôle auprès de Christa . »

Reiner n'avait même pas fait trois mètres que l'intervention d'Erwin le figea sur place. Il baissa les yeux un instant et se retourna face à son instructeur. Erwin n'avait pas changé de position, d'expression non plus. Il observait juste Reiner comme s'il lisait un des livres de la bibliothèque sur sa droite.

-Absolument, j'ai été élevé comme ça après tout. » se justifia Reiner dans un gloussement.

Les yeux d'Erwin s'écarquillèrent un peu plus à la réponse de son élève. Reiner se sentit pressé de revenir sur ce qu'il venait de dire, sa voix s'accéléra sans qu'il n'y puisse quoi que ce soit et ses yeux ne furent plus capables de se poser sur Erwin. Le tribut regarda plutôt la fenêtre, près de la bibliothèque.

-Enfin… d'aussi loin que je me souvienne, ça a toujours été mon devoir, ma raison de vivre presque. Je me rappelle mon père m'ordonner de me mettre au sport quand j'étais encore gamin pour que je prenne du muscle le plus rapidement possible, continua-t-il avant de prendre une pause pour regarder sa main. Je crois que mes parents m'ont toujours plus considéré comme le garde du corps de Christa que comme leur propre fils. »

Erwin ne broncha pas. Reiner lui jeta un coup d'œil éclair : son instructeur le fixait du même regard intrigué et attentif. Merde, ça sonnait bien moins pathétique dans ma tête. Le tribut soupira, il devait se reprendre. Il poursuivit, ayant retrouvé sa voix grave et posée :

-Au début, j'en voulais à Christa à cause de ça, je ne la connaissais pas et on me disait que je devais me plier en quatre pour elle, ça me dépassait. Mais après l'avoir rencontrée, une fois qu'elle avait rejoint l'école, je me suis rendu compte qu'elle était de loin la personne la plus douce à m'avoir adressé la parole, la première à dire mon prénom sur un autre ton que celui du reproche, du rappel à l'ordre ou de la mise en garde. »

Reiner avait achevé sa tirade, un sourire au coin des lèvres, en verrouillant à nouveau son regard sur celui de son mentor. Erwin gardait une expression similaire, il cilla quand il fut certain que son élève avait fini. Reiner s'étonna lui-même de son calme après s'être confié à l'instructeur qu'il avait rencontré il y a une poignée de jours seulement. Il avait déballé son sac sans trop de honte, sans se dire qu'il n'en avait pas le droit, sans être gêné de paraître faible. De toute façon, sa dévotion envers Christa n'était un secret pour aucun de ses proches, autant qu'Erwin en saisisse bien l'étendue. Il changea son sac d'épaule, attendant la réaction de son mentor.

-C'est ta seule raison de protéger Christa ? s'enquit-il d'un ton calme.

-…Pardon ?! »

Qu'est ce qu'Erwin pouvait bien dire par là ? Que sa relation avec Christa l'étonne, oui, mais de là à lui lâcher qu'il n'avait aucune raison valable de suivre son devoir… c'était un devoir qu'on lui avait imposé et qu'il avait enfin choisi de mener à bien ! Il ne lui enlèverait pas ça. Il broya la sangle de son sac qu'il tenait toujours sur l'épaule. Les couinements du cuir s'échappèrent.

-Je ne vois juste pas en quoi Christa est une amie si précieuse pour toi.

-C'est ma seule amie.

-Oui, je l'ai compris. Je ne saisis tout de même pas bien pourquoi tu devrais la protéger. »

Reiner recula d'un pas. Erwin se foutait de lui ? Il avait fait la sourde oreille pendant que Reiner se confiait ou quoi ? Qu'est-ce qu'il fallait qu'il lui prouve de plus ? Il desserra son emprise sur la sangle pour ramener ses deux poings le long des cuisses.

-Vous insinuez qu'elle ne vaut pas la peine d'être sauvée ?

-Non, pas du tout. Elle est délicate, attentionnée et très douce au fond. Christa mérite autant la vie que toi, et ça c'est ce que tu n'as pas l'air d'avoir compris. Il me semble que tu t'es persuadé que tu devais la protéger, pas que tu l'ais choisi.

-Vous plaisantez ?! Je… je viens de vous dire tout ce qu'elle représente pour moi ! Évidemment que je l'ai choisie… c'est mon amie la plus précieuse…

-C'est pour ça qu'elle ne te confie pas ce qu'elle a à l'esprit depuis votre arrivée ? »

La respiration de Reiner se coupa. Son sang ne fit qu'un tour. Les mots d'Erwin venaient de le frapper à la carotide. L'instructeur avait donc remarqué que quelque chose n'allait pas avec Christa. Il compressa ses doigts les uns contre les autres, les ensevelit sous ses pouces. Erwin avait raison : Christa ne voulait pas lui dire ce qu'elle avait. Reiner ne se comportait pas en assez bon garde du corps, elle ne lui faisait pas confiance.

Le jeune homme n'y tînt plus, sans dire un mot, il se retourna et se dirigea vers la sortie. Par respect pour Erwin, il s'arrêta quand il entendit sa voix le héler une dernière fois :

-Qu'est-ce que tu cherches à prouver, emprisonné dans tes responsabilités et tes devoirs comme ça ? Les Hunger Games n'ont rien à voir avec les obligations et les négociations familiales, c'est un combat contre les autres et surtout contre soi-même. Tant que tu n'es pas décidé à te battre pour toi et toi seul, tu n'as aucune chance.

-Bonne journée. »

Reiner ferma la porte avant d'attendre une éventuelle réponse d'Erwin. Il monta les escaliers menant à sa chambre pour y poser ses cours et fracasser son poing contre le mur.

...

Buchwald renâcla, et Marco répondit en plaçant sa paume sur l'encolure de son compagnon pour le caresser distraitement. Il avait fini l'exercice assigné par Ness depuis un bon moment, et attendait que sa partenaire et son instructeur le rejoignent. Ruth avait été ralentie par le manque de coopération évident de son cheval, mais Ness ne désespérait pas de lui en trouver un qui s'habituerait à la rudesse de Ruth, et à sa mauvaise humeur caractéristique.

À l'heure actuelle, il s'ennuyait un peu. Et il n'avait vraiment pas l'habitude de s'ennuyer. À Ilimio, il y avait toujours quelque chose à faire, que ce soit aider son père au travail, ou aider sa mère avec les plus jeunes, ou accompagner ses amis dans leurs jeux. Il ne savait pas quoi faire de ses mains et de cette étrange énergie qui craquelait le long de ses nerfs.

Au moins, il faisait beau. Le soleil brillait à travers la canopée et éclaboussait le sol de petites tâches de lumière frémissantes, et la brise de fraîcheur lui caressait le visage avec douceur. Buchwald s'ébroua et Marco recommença ses caresses, qu'il avait interrompues. L'endroit était vraiment paisible, hors du monde.

Sa petite bulle éclata lorsqu'un son inhabituel parvint à ses oreilles : le crissement de câbles qu'on rembobine, et des sifflements de gaz. Sa tête cingla vers la provenance du son. Quelqu'un d'un autre district s'entraînait aux manœuvres tridimensionnelles ! Il ne savait pas de qui il s'agissait, mais il n'était pas sûr qu'il soit judicieux de se faire découvrir. L'emploi de chevaux pouvait devenir un désavantage stratégique si leurs adversaires apprenaient que son district se concentrait dessus.

Sur -le-champ, il descendit de selle et guida Buchwald vers les fourrés, qui le suivit sans protester. Puis il revint à sa position plus dégagée et leva les yeux pour identifier le tribut qui arrivait bientôt sur lui, une main appuyée sur le tronc le plus proche et les yeux plissés.

Il s'agissait de Jean, le tribut masculin du District Sept, si Marco se souvenait bien. Son exclamation de surprise à la sélection l'avait rendu relativement facile à retenir, mais Marco devait avouer qu'il ne savait rien de son niveau. C'était l'occasion de se mettre au fait !

Il scruta le jeune homme, et fut surpris de le voir évoluer dans les airs avec une facilité désarmante. Plutôt que de naviguer d'arbres en arbres en agrippant les troncs, il se servait des branches comme de balançoires pour remonter le plus haut possible, et avançait avec aisance. Marco plaqua une main sur sa bouche pour retenir un cri de surprise en le voyant rembobiner ses câbles dans la foulée alors qu'il se trouvait toujours en l'air.

Presque au ralenti, Marco le vit pencher la tête en arrière alors qu'il était propulsé plus en altitude, entraînant tout son corps avec lui dans un salto arrière qui lui parut à la fois maîtrisé au millimètre près et porté par un instinct indomptable. Le cœur de Marco manqua de rater un battement quand il put distinguer son visage; il avait les yeux fermés, une expression sereine, comme s'il était entièrement focalisé sur son intérieur et que tout ce qui l'entourait n'avait pas d'importance.

La pureté de son expression ne dura qu'un instant, car la seconde suivante, alors qu'il retrouvait sa position initiale, une grimace de fierté étira ses traits qui retrouvèrent subitement les angles prononcés que la sérénité avait adouci. Marco le trouva radieux. Le temps retrouva son cours et Jean exécuta une nouvelle courbe parfaite en l'espace d'un clignement, tout son corps arqué pour se plier à ses mouvements.

Il était complètement dans son élément il avait le contrôle total de ses moindres gestes, mais d'un autre côté ces gestes eux-même étaient empreints d'une nonchalance magnétique.

Wow.

Bouche bée, Marco le regarda recommencer plusieurs fois ses acrobaties aériennes, le sourire épanoui, les mouvements pleins d'une grâce et d'une souplesse inexplicable, complètement ignorant des yeux qui étaient rivés sur lui.

Il reparti aussi vite qu'il était arrivé, et Marco était subjugué.

Sa rêverie admirative prit brusquement fin lorsqu'il entendit au loin un « Aah, merde ! » distinctif. Il pouffa et rejoignit Buchwald.

...

Les yeux fermés, Eren sentit ployer la droite du canapé sur lequel il était occupé à digérer, et laissa une grimace de contrariété se charger de dissuader Mikasa de venir lui faire la morale. Il savait déjà qu'elle avait quelque chose à dire elle s'était assise tout doucement, probablement les mains sur les genoux, et elle ne l'avait pas encore appelé. Il était prêt à parier qu'elle était encore en train de réviser ce qu'elle s'apprêtait à lui dire. Il avait envie de lui dire de se dépêcher et balancer tout ce qu'elle avait sur le cœur, mais il savait d'expérience que ça marchait rarement. Si elle avait quelque chose à dire, elle le dirait à son rythme, et à celui de personne d'autre.

-Eren. J'ai vu que tu observais l'entraînement d'Annie et Bertholt hier. »

Il ne se serait pas attendu à ça, tiens. À quel moment est ce qu'elle était venue le chercher ? Il se redressa et ouvrit les yeux pour se tourner vers Mikasa, anxieux. Elle le regardait droit dans les yeux, un pli entre les sourcils.

-Et alors ? tenta-t-il.

-Qu'est ce que... Est ce que tu veux t'entraîner avec eux ? » demanda-t-elle.

Eren y avait déjà réfléchi. S'il le pouvait, il rejoindrait très volontiers les deux tributs du District Deux. Il y avait énormément à apprendre d'Annie et de ses techniques de combat. Il hocha la tête, et Mikasa inspira comme si elle était enfin autorisée à respirer après avoir pris une décision.

-Je peux t'entraîner ! s'exclama-t-elle aussitôt en se penchant vers lui. Elle a le même niveau que moi, non ? Je suis même probablement meilleure qu'elle.

Eren l'arrêta d'une main sur l'épaule et la repoussa doucement, indécis. Il ne savait pas s'il pouvait tout lui dire.

-C'est vrai que si tu m'entraînes, j'apprendrais très vite, commença-t-il. Mais je compte aussi me renseigner sur les autres de cette façon. Si je m'entraîne avec eux, je pourrais estimer leurs forces, et si leur niveau se rapproche du mien ou du tien. Si c'est toi qui essaie, tu les rétamerais tous en trois claques et on ne pourrait rien en tirer. Il vaut mieux que ça soit moi qui y aille. Ça m'entraînera aussi. Et puis... »

Il leva les yeux au plafond en déglutissant comme s'il voulait demander àau plafond de dissiper ses hésitations. Ce dernier resta aussi immobile et muet qu'à son habitude alors que Mikasa le pressait de répondre :

-Et puis... ?

-Je préférerais qu'on s'éloigne un peu l'un de l'autre. »

Parce que tu ne penses pas assez à toi. Parce que tu veux trop me protéger. Ces mots-là restèrent coincés dans sa gorge.

Le pli entre les sourcils de Mikasa devînt perplexe. Ses yeux le sondaient, fouillant son regard pour y déceler la raison, mais la culpabilité d'Eren était soigneusement dissimulée derrière sa détermination.

-Promets-moi que tu ne te mettras pas en danger.

-Promis. »

Ça, il pouvait le dire en toute sincérité. Il n'avait aucune intention de prendre des risques inconsidérés, surtout quand il savait quelle valeur avait sa propre vie aux yeux de Mikasa. Si le fait qu'il reste en vie et en bonne santé était ce qu'il fallait pour qu'elle même accepte de prendre soin d'elle, il le ferait.

Ce qu'elle lut sur son visage sembla la satisfaire, car elle hocha imperceptiblement la tête avec un petit sourire résigné.

-D'accord. »

Il n'aurait pas pensé que l'approbation de Mikasa le soulagerait autant. Il prit une inspiration décidée, puis s'étira, évacuant la tension qui s'était accumulée dans les derniers instants avec un soupir satisfait. Il se mit debout et Mikasa le suivit.

-Prête pour un nouveau rendez-vous avec mère Nature ? Mike va probablement encore nous balader à travers toute la forêt.

-Toujours. » répondit-elle alors que son sourire s'élargissait discrètement.

...

Ymir envoya son poing droit sur le visage de sa mentor avec vigueur, mais Nanaba détourna sa trajectoire aussitôt de l'avant-bras, crochetant sa jambe dans le même mouvement avec un sourire narquois. Ymir sauta sur le côté et saisit le poignet qui avait dévié son attaque dans l'intention de lui faire une clé de bras. Nanaba vrilla son bassin et son épaule percuta le torse d'Ymir, qui se retrouva projetée en arrière.

La jeune fille essuya la sueur qui perlait sur son front d'un revers de manche, le sourire aux lèvres, voûtée comme une bête fauve à l'affût. Nanaba lui répondit par un clin d'œil appréciateur et l'invita à charger à nouveau d'un geste de la main. Décidément, elle respirait la classe.

Ymir chargea à nouveau et plongea sous le poing que Nanaba voulut lui asséner, déterminée à mettre l'instructrice au sol au moins une fois. Elle percuta son ventre de plein fouet et lui arracha une exclamation surprise avec satisfaction. Mais Nanaba ne recula pas. Au contraire, ses pieds étaient fermement plantés au sol pour soutenir l'assaut de sa pupille. Ymir s'y était attendue. Elle tourna sur elle même et saisit la manche de sa mentor pour la balancer sur sa hanche, les dents serrés et le cœur battant à l'idée d'être si près du but.

Elle s'étrangla alors que Nanaba enserrait sa gorge, désormais chargée sur le bas de son dos.

-Pas si facile, hein ? » fit-elle, la bouche si près de l'oreille d'Ymir que celle-ci frissonna.

Ymir se contenta de ricaner et plongea en arrière, écrasant sa mentor de tout son poids alors qu'elle atterrissait sur le dos au sol. Elle se dégagea de sa prise et s'empressa de s'installer à califourchon sur son ventre, l'avant bras sur sa gorge.

-Ha ! » s'écria-t-elle, victorieuse.

Nanaba luttait avec sa poigne, et sur le long terme elle se dégagerait sans soucis. Ymir devait trouver une prise plus efficace. Elle s'apprêtait à tenter autre chose quand le bip bip strident du chronomètre retentit.

Sa tête fusa vers Tom, qui tenait toujours l'appareil. Cet instant de déconcentration lui valut d'être projetée par un violent coup de pied de Nanaba. Elle mordit la poussière et la recracha en toussant alors que sa mentor se redressait et dépoussiérait sa tenue.

Elle serra le poing avec frustration. Elle y était presque! Encore un peu et elle aurait… ! Ses pensées freinèrent brutalement lorsqu'elle ouvrit les yeux et remarqua que Nanaba lui tendait une main pour l'aider à se relever, le visage détendu. Elle la saisit, un peu hébétée, et Nanaba la souleva presque pour la remettre debout.

-Excellent. » approuva Nanaba en hochant la tête lentement.

Ymir sentit ses joues chauffer au compliment et se contenta d'imiter sa mentor.

-Tu t'en sors très bien tu es rapide, agile, et tes coups ont un impact très maîtrisé. »

Elle glissa un regard navré à Tom, toujours assis sur son banc. Il était affublé d'une belle quantité de bleus, et son visage était garni d'un œil au beurre noir. Au lieu des dix minutes réglementaires, il avait à peine tenu quatre minutes contre leur mentor. Et il avait passé tout le combat d'Ymir à regarder par terre, sans penser à observer ni à apprendre de ses erreurs.

Ymir lui lança un regard condescendant. Il avait déjà eu des doutes dès le début, mais ils étaient ici pleinement confirmés : il était hors de question qu'elle fasse équipe avec lui pour les jeux. Elle préférait largement se battre seule plutôt que de traîner un poids comme lui.

Nanaba la scruta un instant, le menton entre deux doigts, et Ymir s'agita. Parfois, le regard de sa mentor s'accrochait à elle et ne la quittait pas, et elle ne savait trop comment réagir dans ces moments-là. Puis un sourire s'étira sur les lèvres de Nanaba, qui reprit la parole :

-Je ne devrais peut-être pas te dire ça maintenant, mais j'ai l'impression que ça te fera du bien.

-De quoi ? demanda Ymir, méfiante.

-À ce rythme, je pense que tu serais capable de gagner les jeux. »

Estomaquée, Ymir resta pétrifiée alors qu'une vague d'émotions lui traversait le corps.

-Si tu continues à t'entraîner régulièrement, tu as toutes tes chances. Et si tu trouves de bons alliés pendant les jeux, le tour est joué. »

Elle n'avait pas réalisé à quel point elle avait eu besoin d'entendre ces paroles. Le jour de son arrivée, elle s'était persuadée qu'elle pouvait le faire. Elle le pensait toujours, mais elle avait mesuré les efforts qu'elle devait fournir pour être réellement capable de gagner les jeux. Elle avait croisé d'autres tributs, certains lui paraissait dangereux tandis que d'autres étaient aussi inutiles que Tom. Et surtout, elle s'était faite rétamée à horaires réguliers par Nanaba, qui n'y allait jamais de main-morte.

À force d'essuyer les échecs, elle commençait tout juste à douter. Et Nanaba venait de lire en elle comme dans un livre ouvert et de lui dire exactement ce qu'elle avait besoin d'entendre. L'affection qu'elle éprouvait pour sa mentor augmenta d'un large cran, et elle laissa un petit sourire s'épanouir sur son visage.

Ce signe fut apparemment tout ce que Nanaba attendait de la part de son élève. Elle administra une vigoureuse claque dans le dos d'Ymir et la prit par le bras pour l'entraîner avec elle.

-Allez, c'est tout pour aujourd'hui, les jeunes ! »

Ymir se laissa embarquer vers leur baraque, le cœur plus léger, alors que Tom leur emboîtait le pas.

J-25

...( )...

Iferil: "Je vais faire du pining de Marco sur Jean parce que c'est une fic de JeanMarco." Doki: "Je vais faire du pining sur Erwin!"