Explique-moi, c'est quoi le truc ?
OST SNK qui se prêtent bien à l'ambiance =
Titan Fem~9chiku
Shingeki Vn-Pf 20130524 Kyojin
Aots2m#4
Aots3-3Spens/21seki
Aots3-Pf2
Symphonicsuite Shingekinokyojin
...( )..
Jean fut brutalement ramené à la réalité lorsque Minha abattit le tranchant de sa lame de bois sur son poignet. Il laissa échapper un grognement douloureux et lâcha l'arme, qui tomba au sol avec quelques claquements secs, en écho avec les cris acharnés, les respiration lourdes et les échanges qui résonnaient dans le gymnase, où plusieurs autres Districts s'entraînaient.
-Aïe ! Pas mal, Minha. » concéda-t-il.
La jeune fille rougit sous le compliment et Jean sentit à nouveau un petit malaise l'étreindre. Il ne savait pas trop quoi faire de l'embarras qu'il avait l'impression de provoquer chez elle. Il interrompit l'exercice en se dirigeant vers le banc pour prendre sa bouteille d'eau. Minha gagnait rarement pendant les quelques affrontements à l'épée qu'ils avaient pratiqués jusqu'ici, toujours trop distraite par il ne savait quoi (mais il avait l'impression que ça avait quelque chose à voir avec lui), et il avait un peu peur qu'il ne lui arrive la même chose pendant de vrais combats. Mais aujourd'hui, c'est lui qui était trop distrait.
Il s'apprêtait à boire quand son regard se posa sur la source de sa curiosité. Hansi était en train de discuter avec deux autres instructeurs. Il y avait Dork, l'instructeur du District Trois, qui supervisait… Carlos ? Et Hitch ? (il avait encore du mal à retenir tout les noms), ainsi qu'une jolie jeune femme aux cheveux roux, chargée d'un des districts les plus bas.
On voyait rarement les instructeurs ensemble. Ils étaient souvent de générations différentes, et étaient tous d'une façon ou d'une autre des meurtriers. Ils n'aimaient pas trop être en présence de rivaux potentiels. Mais leur professeur était pour le moins excentrique, et babillait joyeusement avec les deux autres. Ses yeux se plissèrent, sondant la silhouette de leur instructeur. Il ne repéra la présence de Minha à côté de lui que lorsqu'elle lui adressa la parole :
-Pourquoi est ce que tu les fixes comme ça ? On dirait que tu veux leur faire un trou dans la tête...
-Hansi est une femme ou un homme d'après toi ? » répondit-il du tac au tac.
Depuis le début de leur formation, il s'était persuadé qu'il s'agissait d'un homme. Il tourna le regard et vit que Minha écarquillait les yeux, surprise. Elle réfléchit brièvement avant de lui répondre :
-Une fille, je pense ? »
Jean secoua la tête.
-Elle a la poitrine super plate dans ce cas. Les uniformes serrent le corps, et je vois rien. Et elle..il...n'a pas la voix très aiguë. »
Un doigt sur le menton, elle fronça les sourcils.
-Elle n'a rien dit qui pourrait indiquer son genre quand il...elle...nous parlait. Ah, tu me rends confuse avec tes histoires ! »
Jean laissa échapper un ricanement amusé. C'était vraiment facile de la faire tourner en bourrique, la pauvre. Dans d'autres circonstances, ils auraient pu être de très bons amis, plutôt que simples connaissances.
-On a qu'à lui poser la question, la coupa-t-il.
-C'est malpoli ! Imagine qu'on se trompe ? »
Il haussa les épaules et se redressa, criant à travers la salle alors qu'il l'entendait inspirer bruyamment à cause de l'effroi :
-Monsieur ! »
Minha retint son souffle en attendant la réaction. Hansi tourna aussitôt la tête vers eux, et vint à leur rencontre. Triomphant, Jean se tourna vers Minha pour lui adresser un large sourire. Elle se frappa le visage de sa paume, embarrassée jusqu'aux oreilles, mais le suivit quand il se leva pour aller à la rencontre de leur instructeur.
-Qu'est ce qu'il y a, Jean ?
-J'ai une question : est ce que ça sert à quelque chose d'utiliser les lames striées sur des humains, ou est ce que c'est contre productif ? »
Au moins, il avait penser à une question toute prête pour justifier son interpellation. À vrai dire, la question lui trottait dans la tête depuis leur dernier entraînement. Hansi partit aussitôt dans un soliloque enthousiaste :
-C'est bien, Jean, très bonne question ! À vrai dire, on peut tout à fait. Les lames sont suffisamment aiguisées pour trancher n'importe quoi si on les manie comme il faut ! Mais je te le déconseille tout de même. Chez les Titans, on ne tranche que la chair, alors qu'avec les humains, on rencontre très vite la résistance du squelette ! Tes lames peuvent passer au travers, mais tu les émousseras aussi plus vite si tu fais ça trop régulièrement. Et puis, ça fait un peu boucherie, je dois l'avouer, et chaque lame est précieuse. Rappelez vous, il n'y a pas de recharge de gaz ou de lames dans l'équipement du premier tour. »
Il se demanda s'il avait fait exprès avec son ''tes lames''. De cette façon, il le rappelait constamment à son rôle et à ce qu'il allait devoir accomplir dans quelques semaines s'il voulait rester en vie. Il avait aussi la vague impression qu'il parlait d'expérience et échangea un regard avec Minha. Celle-ci prit la parole.
-Est ce que c'est juste un dérivé des lames striées, ou est ce qu'elles ont été pensées pour fonctionner aussi sur les humains ? »
Jean haussa un sourcil. Contrairement à lui, qui préférait se sentir préparé, Minha n'aimait pas mentionner le meurtre. Il devina qu'elle s'étonnait elle-même de sa propre audace en la voyant frissonner, et retint un soupir compatissant. Au bout de quelques jours, elle commençait à s'y faire. La longueur de leur entraînement était conçue pour ça : préparer mentalement les candidats à s'entre tuer. Si le délai était trop court, la confusion aurait probablement saisi tous les tributs, et seuls ceux qui étaient déjà prêts à tuer auraient pu s'en sortir. Mais avec un délai d'un mois, ils ne formaient pas juste des candidats à une émission, ils formaient de futurs tueurs.
Ils n'avaient même pas peur que ça se retourne contre eux, puisqu'ils étaient les seuls à connaître tous les secrets des Titans, et les seuls à pouvoir les maîtriser. Tant qu'ils avaient ça, ils étaient intouchables. Même en cumulant les forces de tous les anciens vainqueurs, Jean doutait qu'ils puissent faire quoi que ce soit contre le système. Mais Jean n'avait pas envie de rentrer dans ce système. Il n'avait pas envie de se faire à l'idée de tuer un homme.
-C'est une autre bonne question, annonça Hansi en le tirant de sa torpeur. Et je ne pense pas y avoir de réponses définitive. Les lames striées sont peut-être trop efficaces pour tuer des hommes, puisque les Titans sont comme des surhommes.
-On peut être ''trop efficace'' pour tuer un homme ? » rétorqua Jean, et son sourire était crispé.
Hansi lui adressa un sourire machiavélique qui les fit sursauter tous les deux, puis leur tourna le dos.
-Reprenez votre entraînement. »
ooo
Jean posa souplement ses pieds sur le tronc du conifère, pendant aux câbles de son équipement 3D, le souffle court. Hansi les poussait dur depuis le début de l'après-midi, après avoir claqué les portes du gymnase en clamant avoir eu une idée de génie à tester et les avoir traîner dehors pour s'équiper à toute vitesse.
Ça avait marché. Les câbles de l'équipement tenaient le coup lorsqu'ils s'enroulaient autour des chevilles des Titans de bois, même en mouvement. Mais même avec un support, Minha se faisait souvent emporter par son élan, et Jean avait certaines difficultés à ne pas trébucher au sol. Bien qu'il s'en sortît de mieux en mieux. Surtout, faire une simulation sans Titan se trouvait être encore plus compliqué. Il redescendit en voyant Hansi se rapprocher de la zone d'entraînement, Minha déjà au sol.
-Mmmh...effectivement, ça ne marche pas beaucoup, annonça Hansi en triturant son carnet. Les facteurs inconnus sont trop nombreux, vu que j'ai beau demander ils ne me laissent pas emprunter de vrais Titans...
-Madame ? appela Minha, essoufflée.
-Oui, Minha ? »
Jean se figea sur place.
-Ce ne serait pas trop dangereux de toute façon ? Je veux dire, essayer de faire trébucher un Titan avec notre propre équipement, on risque de l'abîmer, et de se mettre en danger, non ?
-Ne t'inquiète pas pour l'équipement, il est largement assez solide pour supporter ce genre de prouesses. Et pour ce qui est de se mettre en danger, il suffit de rétracter immédiatement ! Jean y arrive de mieux en mieux ! En tout cas, c'est ce que j'avais imaginé, mais les crochets sont plus longs à se replier que les cordes et agrippent des objets inutiles ou vous déséquilibrent plus que ce que je pensais. Tant pis ! Je trouverais autre chose de plus efficace. Vous pouvez disposez, déclara Hansi avant de repartir aussi sec.
-J'ai plus l'impression qu'on est des cobayes que de véritables candidats, marmonna Minha.
-Hey, Minha. » intervint Jean.
La jeune fille se redressa et se tourna vers lui, intriguée par son ton.
-Tu viens de l'appeler Madame, là, non ?
-Oui, mais qu'est ce que...oh. »
Ils échangèrent un regard dubitatif, et Jean soupira.
-Hansi réagit aux deux ? C'est trop bizarre.
-Peut-être que c'est parce qu'elle...il savait que je m'adressais à..Hansi ? fit Minha en poussant un soupir frustré.
-Il..elle...songea Jean, une main sur le menton. Ilel...elil...Iel ! On n'a qu'à dire ''iel'' !
-Tu viens d'inventer un mot, là ?
-Oui. Ça me saoule de pas savoir comment l'appeler, on fera comme ça jusqu'à ce qu'on ait l'occasion de lui poser la question. »
Ils laissèrent échapper un rire amusé.
...
Bertholt esquiva le coup de poing qui aurait dû entrer en collision brutale avec son nez de quelques millimètres et sentit la transpiration de son front augmenter alors qu'il remerciait Annie d'avoir épargner son cartilage.
Durant leurs combats, dès qu'Annie manquait de lui infliger une blessure trop grave, elle s'arrêtait juste avant, et Bertholt admirait profondément cette maîtrise de soi qu'elle possédait. Il rêvait d'atteindre un tel niveau, lui qui était parfois si maladroit, et il sentait qu'avec les entraînements, il commençait à avoir une bien meilleure appréhension de son environnement et de son propre corps.
Le fait qu'elle l'entraîne aussi souvent et régulièrement le réjouissait et lui donnait confiance en lui. Elle ne perdrait jamais son temps avec lui si elle n'était pas certaine qu'il serait capable d'atteindre le niveau qu'elle exigeait du jeune homme. Il l'avait suffisamment vu abandonner des activités en cours de route pour le mesurer à la perfection.
Il n'empêchait pas que la définition qu'Annie avait de ''blessures trop graves'' ne correspondait pas toujours à celle qu'il avait. Il en reçut un douloureux rappel lorsque le coude de la jeune fille s'enfonça dans son plexus et qu'il fut repoussé plusieurs mètres en arrière.
-Ougnf ! »
Il atterrit au sol et roula sur le côté pour se redresser aussitôt, mais Annie secoua brièvement la tête alors qu'il se remettait en position. Bertholt se détendit sur-le-champ, et il observa Annie qui faisait de même. Contrairement à Bertholt, les signes qui montraient que la jeune fille relâchait la pression était peu nombreux des épaules qui s'abaissaient légèrement, le menton un peu plus relevé, un appui moins campé, et quelque chose dans son expression.
Au fil des jours, Bertholt avait plus appris sur elle en tant que partenaire des jeux qu'en une vie entière en tant que voisin. Il commençait à remarquer lorsqu'elle était attentive ou lorsqu'elle était perdue dans ses pensées, lorsqu'elle était intéressée, indifférente, fatiguée, vexée... Et il en tirait une satisfaction toute particulière.
Il appréciait beaucoup Annie pour ce qu'elle lui apportait de la sécurité, du confort. Maintenant, il voulait lui rendre la monnaie de sa pièce. Je ne l'ai encore jamais vue réellement triste, ou en colère, songea-t-il alors qu'il lui tendait une bouteille d'eau et qu'elle hochait la tête en s'asseyant à côté de lui. Mais si ça lui arrive un jour, j'aimerais bien être là pour l'aider.
Il rougit brutalement à la pensée et avala de travers. Il se mit à tousser et cracher, les mains frappant faiblement son torse, terriblement embarrassé. À côté de lui, Annie sursauta, puis lui administra une vigoureuse tape sur le dos.
-Merci...euk. » lâcha-t-il alors qu'il retrouvait sa respiration.
Elle acquiesça et se détourna. Bertholt contempla ses mains mouillées, les yeux fixés sur la bouteille sans la voir. Que venait-il de penser ?! C'est comme souhaiter qu'Annie soit malheureuse ! se fustigea-t-il.
Mais plus il y songeait, et plus il réalisait que c'était bel et bien le cas. Si Annie venait à rencontrer le moindre problème, Bertholt se précipiterait à ses côtés. Petit, il avait toujours eu peur que le rocher solide et immuable qu'était la nonchalance d'Annie ne finisse un jour par se briser, le laissant seul et sans protection contre le monde. Il était jeune, et il était égoïste. Aujourd'hui, il était prêt à être ce bouclier qu'Annie avait été tant de fois pour lui.
Il avait beaucoup changé, maintenant qu'il y pensait. Surtout ces derniers jours. Annie aussi avait changé. Des métamorphoses subtiles, probablement plus légères qu'il ne pourrait jamais le voir. Bertholt se demanda si cette transformation intérieure qu'ils expérimentaient n'avaient pas aussi transformé leur relation.
Il se posait la question. Étaient-ils toujours amis d'enfance ? Ou quelque chose de plus ? Quelque chose entre partenaires, compagnons de vie et éventuels adversaires ? Une autre question devint plus pressante dans son esprit : le voulait-il ? L'affection qu'il avait pour la jeune fille avait considérablement augmenté.
Il se tourna vers elle, comme pour confirmer ses doutes. Elle regardait droit devant elle, quelque part vers l'horizon de la forêt. Ses paupières toujours tombantes, son nez d'aigle à l'affût, ses yeux myrtille, toute son expression était en ce moment même transportée dans un autre monde, un creux de son esprit auquel personne n'avait accès, pas même Bertholt.
Il détourna le regard de peur de se faire remarquer, gêné. Il se demandait s'il n'avait pas de sentiments pour Annie. Après tout, elle avait maintenant une place véritablement irremplaçable dans son cœur, et ce qu'il éprouvait pour elle était ce qui se rapprochait le plus de ce qu'il avait entendu à propos de l'amour. Et puis, ça expliquerait beaucoup notamment le fait qu'il cherche tant à répondre à ses attentes. Il voulait la rendre fière d'être à ses côtés.
Songeur, il but une nouvelle gorgée puis referma sa bouteille. Une poignée de secondes plus tard, Annie se levait, et Bertholt l'imita. Mais au lieu de se remettre en position au milieu du morceau de terrain, elle passa devant. Bertholt hésita brièvement, mais Annie se tourna vers lui en levant la main entre eux :
-Je reviens. » annonça-t-elle avant de repartir.
Bertholt acquiesça diligemment, et se tapa le front lorsqu'elle disparut de son champ de vision. Il n'avait pas pensé à lui demander combien de temps il devait attendre ! Sa main retomba mollement le long de son corps alors qu'il revenait à la réalité de toute façon, Annie n'avait exprimé aucun intérêt autre que celui de partenaire à son égard. Elle parlait toujours très peu, ne communiquait pas vraiment, et faisait rarement preuve de considération lorsqu'elle avait fini de l'amocher. Il était très peu probable qu'elle éprouve les même sentiments que lui.
Il ne savait pas trop quoi faire du pincement au cœur qu'il ressentait. Il savait qu'Annie ne s'ouvrait pas beaucoup, mais c'était la première fois qu'il voulait vraiment qu'elle s'appuie aussi sur lui, et le manque de réciprocité était plus douloureux que ce à quoi il se serait attendu. Désemparé, il se consacra à une des rares choses qui pouvaient le détendre des pompes.
...
Le soleil tapait. S'il n'avait pas porté sa veste d'entraînement, Marco aurait eu la peau couverte de coups de soleil. Il ne se trouvait pas à l'ombre des arbres, à monter Buchwald, mais dans la cour qui s'étendait au-delà de l'allée des baraques, exposé pleinement à la lumière et la chaleur de l'été. Il y avait de quoi rendre irritant. Mais ce qui agaçait le plus Marco, c'était la puanteur des faux-semblants de la veille qu'il sentait toujours sur lui.
Ruth décolla son pied vers lui. Elle était trop lente. Il fit un pas de côté, se remit sur ses appuis, prêt au prochain impact. Sa partenaire déploya le bras : le côté de sa paume rigide fonçait sur le ventre du garçon. Il l'arrêta en baissant le coude et recula de quelques centimètres.
Ruth claqua sa langue contre les dents, une moue agacée sur le visage. Elle se redressa sur ses appuis, ramena ses poings le long du torse et repartit à l'attaque. Une droite se dirigeait à toute allure vers Marco. Il leva le coude pour la bloquer, prêt à profiter du temps de surprise de Ruth pour s'écarter… mais un bas de paume cinglant surgit et heurta son menton de plein fouet.
La douleur aiguë et la surprise déséquilibrèrent Marco. Il s'écrasa au sol. Son menton le lançait autant que son dos, qui avait claqué la terre battue en premier. Il n'avait pas vu venir la feinte de Ruth !
Marco chercha à étouffer son grognement de douleur alors qu'il se redressait en appuyant sur ses coudes. Il se dépoussiéra un peu les genoux une fois debout et, se frottant le menton, alla à la rencontre de sa partenaire, qui l'attendait de pied ferme.
-Waouh, bravo Ruth. Elle était super ta…
-Épargne-moi tes compliments creux, tu veux ? Vu comment tu m'as facilitée la tâche, j'en veux pas, cracha-t-elle.
-Qu…
-T'as rien foutu d'autre que te défendre ! T'avais mille occasions de m'attaquer mais à chaque fois tu revenais te mettre en défense ! Tu veux pas te battre ou quoi ? T'as peur de me taper ? Tu me crois aussi frêle que ça ? Je suis très touchée, merci ! fulmina-t-elle.
-Excuse-moi… C'était irrespectueux de ma part, désolé. Je vais changer ça. » lui promit-il.
Ruth haussa les sourcils avant de tourner les talons pour se repositionner à quelques mètres de Marco et reprendre leur entraînement. Marco, lui, aurait aimé en rester là ! Les reproches de Ruth s'ajoutèrent à sa crispation. Il mit la main à sa poitrine, ferma les yeux un court instant et inspira. Il devait se contenir. S'énerver n'amenait jamais à rien. Même face à une partenaire qui le blâmait pour
exactement la même chose que ce qu'elle avait fait la veille, à savoir jouer les petites natures !
Quand il faisait comme elle, Ruth rageait et quand il essayait autre chose, elle explosait. Ils étaient là depuis maintenant une semaine et Marco n'avait toujours aucune idée de ce qu'elle attendait de lui. Il se sentait arriver à bout de nerfs. La veille, il lui avait déjà tenu tête pour la première fois. Bientôt il hausserait le ton.
-Alors, tu t'amènes ? » le héla Ruth.
Marco émit grincement des dents contrarié et serra les poings. Il s'avançait vers Ruth quand une occasion de souffler se présenta sous la forme d'une intervention de Ness.
-Holà, Ruth, tu m'as l'air un peu à fleur de peau. Pourquoi tu prendrais pas une pause ? lui conseilla leur mentor en posant sa main sur l'épaule de la jeune femme.
-Une pause ? Alors qu'il reste trois semaines et qu'on se met enfin à l'entraînement au combat ? Vous voulez rire, j'espère ?! (elle dégagea la main du professeur).
-Si tu veux mon avis, c'est plutôt toi qui aurais besoin de rire maintenant. Ça te détendrait. (il reposa sa main).
-J'y crois pas ! On est en plein entraînement aux Hunger Games et vous me parlez de rire pour me détendre ? Mais comment vous avez fait pour gagner avec une mentalité pareille ?! s'offusqua Ruth.
-J'ai profité du mois qu'il me restait pour vivre pleinement, et ça m'a remis les idées en place. » répondit Ness d'un ton calme et sérieux.
Marco n'avait pas bougé durant toute la durée de l'échange mais les derniers mots de leur instructeur le firent frissonner. Quant à Ruth, c'est elle qui se figea. Elle ne cherchait plus à repousser la main de l'ancien tribut, elle regardait par terre.
-… Vous êtes cinglé ! pesta la jeune femme en s'approchant d'un banc pour y faire une pause.
-Mais un cinglé de bons conseils, ma grande ! rétorqua Ness, radieux, avant d'aller à la rencontre de Marco. Ça va, p'tit gars ?
-Oui, oui, très bien, pourquoi cette question ? répondit Marco d'une voix modulée.
-T'as l'air très songeur, plus que d'habitude en tout cas. Et plus inquiet aussi. J'me demandais si t'avais pas eu une montée de stress récemment… ou si tu pensais à ta famille. »
Comme tout le monde, Ness n'avait eu accès au contenu des interviews de la veille que lors de leur transmission officielle à la télévision. Et, de ce que l'ancien garçon de ferme avait saisi, ses adieux à sa famille avait fait coulé beaucoup d'encre : aucune chance que Ness n'en ait pas eu vent. Marco comprit alors mieux pourquoi son mentor avait pris un air plus prudent avec lui durant toute la journée.
-Non je vais très bien, rassurez-vous. J'ai juste eu un manque de sommeil dernièrement, sourit Marco en se grattant la joue d'un doigt.
-Ah tant mieux ! Mais va te coucher tôt ce soir et veille à prendre un bon bain chaud juste avant, histoire de noyer un peu tes inquiétudes dans l'eau chaude : conseil de gagnant des jeux ! » se réjouit-il en lui faisant un clin d'œil.
Après avoir remercié son mentor, Marco reprit son exercice avec une Ruth calmée par un bref repos. Il para les coups de poings de ses coudes. Du coin de l'œil, il vit un genou s'abattre vers ses côtes. Vite ! Marco tordit son bassin et bouscula Ruth de toutes ses forces. La jeune femme, qui ne se tenait que sur un pied, tomba à la renverse. Le jeune garçon vit le genou assaillant sombrer avec sa propriétaire et mordre la poussière.
Il fondit sur sa partenaire, lui bloqua les poignets avec ses mains : il la maîtrisait. Les gémissements de frustration de Ruth validèrent sa sensation de victoire. Il avait pensé qu'elle serait plus difficile à tenir tranquille mais il avait à peine à forcer. Ruth était-elle vraiment aussi frêle ? Ou était-il devenu plus fort grâce aux entraînements sur le balcon ?
-Bien joué, Marco ! Tu peux la laisser maintenant. » le félicita Ness, plein d'entrain et de fierté.
Le jeune homme aux cheveux noirs hocha la tête et obtempéra. Alors qu'il se redressait, Ruth, toujours au sol, prit la parole :
-Tu m'as coupé la respiration ! J'ai bien cru que t'allais m'envoyer à l'infirmerie. »
Il fallait croire que, quoiqu'il fasse, Ruth ne serait jamais contente. Cela le fit doucement sourire. Ça voulait dire qu'elle était une pessimiste râleuse, mais au moins c'était un indice en plus pour percer les secrets de la jeune femme et mieux la comprendre. Il lui tendit la main. Leur relation était assez délicate comme ça, il espérait ne pas l'avoir trop détériorée.
Silencieuse, Ruth la lui prit.
-Dîtes donc, les jeunes, ça vous dit de finir la journée à cheval ? J'aimerais vous initier à l'équitation en terrain plus étroits. Et faudrait pas que ma Charrette se rouille trop, je l'ai pas sortie de la journée !
-Bien sûr, Buchwald m'a un peu manqué aussi !
-Pff… s'il y a que ça qu'il vous faut pour vous désexciter… »
Sur le chemin vers les écuries, Marco fit défiler le programme de sa soirée. Après l'équitation, il mangerait avec Ness (et Ruth si elle n'était pas de trop mauvaise humeur) avant d'aller s'entraîner sur le balcon. Il terminerait par un bain, comme Ness le lui avait recommandé. Ça lui ferait du bien. Il avait beau avoir arrêté de retenir ses coups contre Ruth, il pouvait toujours sentir la pesante puanteur des faux-semblants sur lui. Il espérait la faire disparaître.
...
Les pas de Christa la menèrent vers le centre commercial à la disposition des tributs. Elle avait du temps à perdre et sa conscience devait considérer ce lieu comme le plus approprié pour ne rien faire. Les couleurs chatoyantes et les néons aveuglants (alors qu'il faisait pleinement jour) rappelèrent à la demoiselle son altercation déstabilisante et désastreuse avec Hitch. Elle s'attendait à la voir surgir d'une étroite ruelle entre deux boutiques, lui sauter dessus, la désemparer de questions embarrassantes et l'assommer d'un commentaire tranchant.
Le seul point positif qu'elle avait retenu de cette rencontre avait été la confection de son nouveau masque : la tribut douce et innocente, proche de Reiner et volontaire. Un rôle qui lui permettait de mieux gérer l'insensé terrifiant de la situation, de garder une façade crédible quand elle s'était déjà résignée à mourir. Tout ce qu'elle voulait, c'était commencer les jeux au plus vite pour qu'on abrège ses souffrances. Et celles de Reiner avec. Elle voulait le libérer de son fardeau mais lui annoncer de but en blanc qu'elle avait accepté sa mort briserait son garde du corps, persuadé d'avoir échoué quelque part… alors que Reiner n'y était pour rien. Elle lui devait trop pour lui infliger un tel choc qui le ferait se blâmer voire s'autodétruire.
Ce rôle était parfait. Pour Reiner. Pour Erwin aussi, qui la laissait en paix. Pour le public, qui avait beaucoup apprécié, à en croire les retours depuis la diffusion de leur interview la veille. Pour les sponsors, qui voyaient déjà en eux un duo de choc et de tragédie. Ce rôle lui permettait de ne pas faire trop pâle figure aux côtés de Reiner, déjà un des favoris, et de souligner encore plus la grandeur d'âme de son partenaire. C'était vraiment un beau rôle.
Des bruits de pas se rapprochèrent et chassèrent ses pensées. La demoiselle se retrouva donc projetée sur scène, à peine maquillée. Christa leva le menton, horrifiée à l'idée de revoir le sourire narquois de Hitch.
Ce furent finalement les expressions surprises et ravies de Franz et Hannah qui croisèrent son regard. Elle leur avait un peu parlé hier et ils lui avaient paru tous deux très gentils, surtout Hannah avec qui elle avait un peu plus échangé. Ils venaient du District Onze et semblaient avoir une relation très saine.
La démarche enjouée et sautillante de Hannah qui venait vers elle lui arracha un sourire timide, prise entre la joie de s'être faite une amie et la monstruosité que devoir éventuellement la tuer lui inspirait. Les pauvres, ils n'ont aucune chance.
-Christa ! C'est si chouette de te voir ! la salua Hannah, rayonnante.
-Ça me fait plaisir aussi, fit-elle en répondant au salut de Franz par une légère inclination de son buste.
-On a regardé ton interview hier, j'étais si émue ! Entre ça et la famille de Marco, j'ai failli verser toutes les larmes de mon corps… Je n'étais absolument pas au courant de tout ce qu'il y avait entre toi et Reiner, mais vous étiez si chou tous les deux ! Votre lien a l'air très fort… s'extasia Hannah pendant que Franz hochait la tête avec vigueur.
-Oh… merci, merci beaucoup. Vous faîtes un sacré duo aussi. » déclara-t-elle, embarrassée par sa première confrontation directe au succès de l'interview.
Hannah vira plus carmin que la robe de Christa la veille et Franz, malgré son teint bronzé, prit cette même nuance. Ils détournèrent le regard et agitèrent la main de concert à la même cadence comme s'ils avaient répété ce morceau à plusieurs reprises.
-Je… j'espère que tu n'insinues pas… qu'il y a quelque chose entre nous, voyons ! balbutia Franz.
-Oh oui parce que loin de là, haha ! renchérit Hannah.
-Euh mais non, bien sûr ! » Christa simula l'affolement pour s'excuser auprès des deux amoureux, avec ce genre de réaction, il n'y avait pas photo.
Le corps de la demoiselle fourmillait de gêne. La discussion virait vers quelque chose de trop intime pour trois jeunes gens qui s'entre-tueraient d'ici trois semaines. De plus, Christa savait pertinemment que ces deux là ne faisaient pas le poids face à Reiner. Déjà qu'elle était lucide sur sa mort, mais celles de Franz et Hannah étaient si évidentes que ça la mettait mal à l'aise. Elle se demandait laquelle serait la plus probable à la vue de leurs caractères. Franz mourrait bien avant Hannah afin de la protéger d'un quelconque danger. Cette dernière se suiciderait par la suite. Ou alors ils se retrouveraient pris dans une embuscade.
-Christa, ça va ? »
Hannah s'était calmée et approchée d'elle, la main tendue vers le front de la jeune blonde pour s'assurer qu'elle allait bien. Elle était partie trop loin dans ses conjectures !
-Euh… je… »
Relancer la conversation, vite ! L'entraînement avec Petra ? Les boutiques du coin ? Alliance ? Non, pas d'alliance, Reiner allait les terrasser. La cervelle de Hannah s'éclaterait au sol dans un craquement profond et satisfaisant, les entrailles de Franz se déverseraient en une viscosité viscérale inouïe.
-Ah bah te voilà, toi ! »
Un bras se déposa sur son épaule avec une douceur ferme qui la mit étrangement en confiance et entoura son cou. Une odeur de fumée avec une trace de bois enivra ses narines. Christa tourna les yeux vers Ymir, qui venait de l'accoster avec un naturel épatant. Elle voulait lui communiquer toute sa gratitude par ce simple coup d'œil. Mais la jeune femme la regarda à peine et s'adressa à Franz et Hannah d'un ton railleur et affirmé :
-Navrée les tourtereaux, mais je vous l'emprunte ! J'ai un cours de lancer de couteaux à donner à la petiote ! Histoire qu'elle me file ses anti-sèches de stratégie après, vous saisissez ? (déclamant ses paroles, elle usa de son bras pour indiquer à Christa de se retourner et l'entraîner vers la sortie du centre commercial) Salut, la compagnie ! fanfaronna-t-elle en guise d'au revoir.
-Vous vous trompez ! Il n'y a rien entre nous ! Euh… Oui, au revoir, les filles ! » résonnèrent les voix de Franz et Hannah.
Ymir et Christa venaient de sortir du centre commercial quand la jeune femme lâcha son épaule.
-Merci, je…
-Attends, faut que tu m'expliques là. Tu nous fous quoi avec ton délire de gentille fifille ? Tu crois que personne va cramer ? l'interrompit Ymir, toute bonhomie dissipée.
-Quoi ? murmura Christa, interdite.
-Tu cherches un moyen de te faire pardonner parce que t'as abandonné ? Ou tu veux te laver des émotions dégueulasses qui pourrissent tes petites manières de princesse ? Genre la colère ou la hâte de mourir ? Raconte-moi parce que ça me fascine, ton truc là… »
Ses yeux étaient dorés comme ceux de Reiner mais la lueur menaçante qui brillait dedans les assombrissait. Les sourcils froncés d'Ymir la faisaient trembler. Christa pensait avoir été sauvée par la jeune femme mais elle venait de tomber dans un nouveau piège.
Elle était démasquée.
Reiner ! Elle ne devait pas capituler ! Son rôle était parfait pour lui. Il ne devait pas savoir la vérité, sinon ses efforts envers elle lui paraîtraient vains…
-Je ne vois pas de quoi tu parles, désolée… merci beaucoup de m'avoir sortie du pétrin avec Franz et Hannah. J'avais vraiment l'impression de gêner leur rendez-vous, haha ! Je dois aller à mon cours théorique maintenant. Merci encore ! »
Elle s'inclina en vitesse et tourna les talons. Christa ne voulait pas attendre la réaction d'Ymir avant de partir, elle l'entendrait bien assez en partant.
Mais Ymir ne dit rien et Christa se retrouva confrontée à l'éloquence du silence.
...( )...
J-23
Doki : ''Vous avez devant vous l'échographie de JMIHG."
Iferil : "C'est-à-dire que l'extrait de Jean et Hansi et Minha est le tout premier jamais écrit"
Doki : "on savait juste que le bébé était en bonne santé à l'époque hihihi'''
Et Jean a inventé le pronom neutre à lui tout seul c'est-y pas beau ?
