Merci… mais c'est pas sympa de dire que je te dégoûtais.
OST SNK qui se prêtent bien à l'ambiance =
Ymniam-Mkorch
Counter Attack-Mankind
2chijou
Shingeki St-Hrn-Egt 20130629 Kyojin
Barricades
Barrichestra
...( )...
-Tu fais vraiment chier, Merde ! » fulmina-t-il.
Jean avait buté dans l'imposant buisson. Déstabilisé, il rétracta vite ses câbles pour envoyer les grappins se cramponner à quelques troncs d'arbre plus loin et lui éviter de s'éclater à nouveau sur le sol. Ça devait être la septième fois qu'il se prenait ce même buisson. Au bout de la quatrième, il l'avait dénommé « Merde ». Il y avait encore « Enfoiré », « Connard » et « Bordel » qui l'attendaient plus loin. Il fallait pas qu'il se les mange encore. Ça commençait vraiment à bien faire ! Non seulement, il manquait de mordre la poussière à chaque choc, mais ça le retardait encore plus dans son exercice ! Hansi ne lui accordait que quinze minutes pour rejoindre l'orée de la forêt en manœuvrant au ras du sol. Maintenant, il parvenait à rester en l'air… mais pas dans les temps !
Hansi avait de ces idées ! Le jeune homme savait qu'il avait affaire à un vainqueur des jeux, mais il lui arrivait de se demander s'il ne s'agissait pas plutôt d'un sadique aux idées farfelues. Enfin, l'exercice d'aujourd'hui avait pour mérite de ne pas être une expérience de Hansi mais une technique qu'ils devaient maîtriser pour échapper aux Titans. Frôler le sol en rase-mottes permettait d'esquiver plus facilement les Titans de grandes tailles qui ne pouvaient pas tendre le bras mais devaient prendre la peine de se baisser pour les attraper.
C'était essentiel pour survivre face aux Titans, mais létal pour la patience de Jean. Se prendre des broussailles, des branches, des buissons dans les cuisses et la face, c'était saoulant. Se rétamer au sol quand il avait trop perdu l'équilibre, c'était frustrant. Recommencer encore et encore en se prenant toujours les mêmes foutus broussailles, c'était rageant.
Jean avait beau commencer à connaître le chemin et ses satanés habitants par cœur, la manœuvre y était bien trop délicate pour qu'il file à la vitesse idéale. Il n'avait toujours pas chopé la technique. Peut-être fallait-il prendre un raccourci ? Il profita du manque d'embûches sur les quelques mètres qu'il survolait pour lancer plusieurs coups d'œil furtifs et attentifs dans les environs. Comment atteindre l'orée de la forêt en deux grappins, trois pirouettes ?
Un point lumineux s'imprima sur sa rétine : une zone où il y avait moins d'ombre, moins de canopée. Trouvée ! Pour avoir ce raccourci, il lui fallait tourner après le prochain arbre. Sauf que Jean était lancé à pleine vitesse… Pas la peine d'utiliser ses pieds pour freiner, ça faisait un mal de chien ! Comme si ses jambes s'arrachaient d'elle-même. Il avait besoin de plus d'exercices. Et d'une autre astuce pour faire les virages serrés !
D'une pression du majeur, le tribut envoya son câble droit se crocher dans le tronc de ce fameux conifère et vrilla le bassin. Le vent et l'inertie du virage le fouettèrent au visage. Il appuya sur la gâchette, rétracta le câble. Pas question de se manger le bois et d'y laisser de la peau ! Serrant les dents face à la bouffée rasante de la pression du virage, il dépassa l'arbre, remit ses reins droits et vit un autre conifère plus gros caché juste derrière !
Mais c'est pas vrai ! La forêt s'acharnait contre lui et la réussite de son exercice. Elle voulait sincèrement qu'il se prenne un tronc en pleine face à chaque tentative ! Faut que je freine ou je vais y perdre une dent ! Il rebascula son corps sur la droite, s'allongea dans l'air et planta son coude dans la terre. De la poussière jaillit. Son coude racla le sol. Jean fronça les sourcils. Une de ses bonbonnes de gaz se choqua contre le tronc mais il put terminer son virage serré.
L'impact le déséquilibra. Son dos rafla le terrain à en brûler le jeune homme, à mettre le feu à cette forêt sadique. Pouce. Majeur. Index. Pouce. Majeur. Annulaire. Jouant des doigts, il dégaina le câble gauche et réorienta celui de droite avant de se propulser au gaz. Son dos se libéra de l'emprise brûlante du sol. Il se remit en position habituelle et poursuivit en slalomant entre les obstacles. Il retrouva vite la fichue route qu'il connaissait mieux que sa poche. Pour le raccourci, comme pour ses fringues, son idée s'était soldée par un échec.
Les genoux pliés, la tête vacillante, les hanches douloureuses, il essayait tant bien que mal de se faire un chemin entre « Bordel » et « Bâtard » pour rattraper son retard. Son bassin se tordait dans tous les sens : il ressortirait peut-être contorsionniste de ce calvaire !
Alors qu'il cherchait à remettre sa tête droite et ses idées en place, un amas de branches cassées épaisses s'agrandit dans son champ de vision. Il fonçait dessus à toute allure ! Un coup à se péter le nez et achever sa dignité d'aspirant contorsionniste ! Et peut-être le frapper assez fort pour qu'il reste dans les mémoires comme le premier tribut exécuté par des branches…
-'Tain ! Saloperie ! »
Il l'avait baptisé aussi. Le sifflement du gaz se joignit au juron de Jean. Il rentra ses câbles, appuya de l'annulaire et décolla. Il survola « Saloperie » de dix mètres. La bouffée du vent sous la pression était épaisse et rafraîchissante. Jean la sentait se heurter à son visage avec une douceur due à la chaleur de l'été. C'était presque enveloppant, ce vacarme apaisant qui le recouvrit l'espace de quelques secondes. À en oublier son exercice.
Il fallait pourtant qu'il redescende. La gravité reprenait progressivement ses droits sur lui. Jean lâcha un soupir, relança ses câbles plus bas et piqua vers le sol.
Il concentra toute sa force sur son bassin : il devait le tenir droit comme un tronc afin de mieux fondre vers le terrain verdoyant d'herbes. Jean verrouilla sa position, le corps tendu, allongé dans sa descente aérienne. Les câbles se tendirent, et un wwooosh réjouissantluisignala une rencontre imminente avec la terre, pas encore… pas encore… Merde ! À ce rythme, ses pieds allaient encore se prendre la terre avant le reste du corps, arracher l'herbe et son équilibre au passage et le faire culbuter tête la première dans la crasse. Il les redressa. Les tint le plus droit possible. Ses reins n'étaient plus juste un tronc solide mais le point d'équilibre de tout son corps. Droit, à nouveau allongé dans l'air, il fila à toute allure.
-Okay… maintenant ! »
Ses grappins repartirent de plus belle à l'attaque de nouveaux troncs, Jean continua sa progression à travers la forêt. Ses majeurs s'agitaient frénétiquement sur les commandes. Vite. Il était très près du sol. Il devait aller plus vite s'il ne voulait pas finir avec de la terre dans la bouche !
Ça marche ! Ça faisait quelques secondes qu'il ne s'était pas pris un seul buisson, même « Va-Te-Faire-Foutre » ne lui avait opposé aucune résistance. Ses bonbonnes, elles aussi, respiraient. Depuis presque trois éprouvantes heures, c'était leur premier répit de plus de vingt secondes.
Jean laissa échapper un ricanement de fierté et d'excitation. Il avait pigé le truc ! Son intuition avait encore été juste : il lui suffisait d'épouser le mouvement d'inclination procuré par la gravité et de garder cet élan tout en frôlant la surface du sol. Incliné, presque allongé en parallèle au sol, il fonçait à toute vitesse en jouant des commandes dans une célérité plus grande encore.
Finis les genoux qui se cognaient et l'épuisement de son bassin qui ne cessait de vaciller, c'était à lui de tout raser sur son passage ! La tridimensionnalité ne se résumait vraiment qu'à une question d'adaptation aux élans de la gravité et de la propulsion des corps ! S'il n'avait pas eu les mains prises, il se serait sûrement frapper le front, abasourdi par sa propre stupidité à chopper aussi lentement un truc aussi simple.
Une branche se chargea de lui cingler le front à sa place. Il lâcha un grognement contrarié, à court de juron pour celle-ci et trop occupé à régler le souci de sa direction. Un nouveau buisson entrait en visuel sur la gauche, il pivota légèrement ses reins vers la droite et l'esquiva.
-Ha ! » fit-il, satisfait.
Jean se prit à jeter un coup d'œil éclair vers le ciel. La canopée laissait quelques touches de bleu transparaître. C'était si tentant de continuer à fixer au dessus de lui ! Le trajet semé d'embûches qu'il avait à braver dans cette position inclinée lui demandait trop d'attention pour cela. Malgré tout, il pouvait remercier la tridimensionnalité pour les sensations inouïes qu'elle lui procurait. Jean allait si vite… il rattraperait peut-être le vent.
Il avait beau être le tribut masculin du District Sept, condamné à disputer les Hunger Games, dans les airs à cet instant, il se sentait plus libre qu'il ne l'avait jamais été.
Une pointe aiguë surgit dans son abdomen. Il serra les dents, s'inclina sur la gauche pour éviter un tronc d'arbre. Une crampe. Sa posture lui demandait beaucoup d'efforts et d'endurance alors qu'il ne la maîtrisait pas assez. Il leva les yeux au-delà des obstacles qui se dressaient sur son passage.
-Fais chier ! »
L'orée de la forêt était si proche, en vingt mètres, c'était bon. Ça devait faire treize ou quatorze minutes qu'il y était. Il pouvait le faire ! Il fallait qu'il tienne encore !
Une idée traversa son esprit comme une flèche qu'on aurait décoché. Il ramena ses grappins à lui, vrilla sur le côté gauche et se propulsa à plusieurs mètres à l'aide du gaz. La pression était si forte, et surtout accentuée par tout l'élan de vitesse accumulé en rasant le sol : il s'envola vers un fin branchage qui ne résisterait ni à sa force, ni à sa détermination. Il amena ses genoux vers son torse et protégea sa tête de ses coudes, prêt à émerger de l'autre côté.
Il traversa un océan de vert dans un bruit feutré de légers craquements avant d'être aveuglé par le bleu du ciel. C'était si facile ! Il avait traversé le feuillage des arbres comme s'il avait planté la mine de son crayon dans du papier. Il les avait pliés à sa merci. C'était ce que le vent devait ressentir.
L'océan vert avait disparu mais celui de ses capacités s'élargissait. La position inclinée lui ruinait les muscles, mais couplée à tout ce qu'il savait déjà faire, il sentit l'étendue de ses possibilités se décupler. Ça lui rappelait l'instant où il avait réalisé qu'il connaissait suffisamment de techniques variées pour détailler ses dessins à souhait : ajouter des nœuds dans les cheveux, des rides dans la peau.
Il déploya les bras, bomba le torse, étendit les jambes. Il fit éclore son corps. L'orée de la forêt ! Il était temps de finir en beauté pour arriver dans les quinze minutes ! Son regard scanna autour de lui afin de trouver un lieu où planter l'impatience fébrile de ses grappins. Les arbres étaient éloignés les uns des autres par un peu moins d'une dizaine de mètres, très peu de branches vers le bas de solides et larges troncs, l'autre allumé du balcon à cheval : de quoi faire des manœuvres hautes et amples.
Hein ?! L'allumé du balcon ! Jean ne rêvait pas. Marco se trouvait bel et bien à cheval, plusieurs mètres sous lui, au pied de l'ensemble d'arbres qu'il venait de percer, et le regardait avec stupeur.
C'était la première fois qu'il voyait un autre tribut dans la forêt. Ça risquait d'être gênant s'il voyait à quoi lui et Minha s'entraînaient… mais les tributs comme Marco étaient loin d'être les pires témoins qu'il pouvait avoir. Et puis, le Capitole était déjà au courant, donc la nouvelle finirait par tomber. En tout cas, Marco n'utiliserait jamais cette première info officieuse à son avantage et se contenterait certainement d'aller taper le vide avant de partir pioncer le soir.
Jean tînt son regard. Ses capacités d'observation affûtées lui permirent de lire à la fois de la surprise et de l'émerveillement dans les yeux marron du cavalier. C'était même plus que ça, ils pétillaient carrément. Comme s'il était en train de regarder un feu d'artifice. Il avait l'air transporté par une plus grande excitation que Jean, et le jeune homme en aurait presque été jaloux, mais c'était surtout de l'amusement qu'il ressentait. De la fierté d'autant l'impressionner aussi.
La collection de tâches de rousseur du cavalier se noyait dans la rougeur de ses joues, ce qui faisait vraiment ressortir l'éclat de ses yeux à cet instant. Jean retourna son bassin afin de se remettre bien droit et reprendre sa route. Il dégaina ses câbles et poursuivit sa progression à travers l'orée de la forêt, un type de terrain qu'il maîtrisait complètement. Pouce. Majeur. Annulaire. Index. Encore et encore. Il avait presque oublié à quel point c'était facile de faire des virages serrés en temps normal.
Jean n'avait qu'une hâte : rentrer demander à Hansi si la position inclinée était la clé. S'il fallait bien répartir équitablement son poids et son équilibre à travers le corps à moitié allongé pour gagner en élan, vitesse et précision. Arriver dans les quinze minutes ne lui importait plus. Il comptait réessayer l'exercice de toute façon, maîtriser les virages en toutes circonstances et prendre sa revanche sur « Bordel », « Merde » et toute la clique.
Peut-être que Minha avait déjà pigé elle aussi, même si elle avait rarement les meilleures intuitions. Elle avait quand mêmd le mérite de très bien s'en sortir une fois qu'elle avait compris les rouages de toute mécanique.
Lancé stablement sur une trajectoire droite sans encombres, Jean jeta un dernier coup d'œil en arrière. Marco était toujours derrière lui et le regardait partir. Le jeune homme était maintenant trop loin pour voir quelle tête il pouvait bien tirer, mais ça l'agaçait de se savoir observé : n'avait-il pas autre chose à foutre ? Se battre contre l'air du soir par exemple ? Il comprenait maintenant pourquoi l'allumé du balcon avait ressenti le besoin de s'entraîner au coucher du soleil : même lui avait intégré que l'équitation servait à que dalle aux Hunger Games !
...
-Il y a deux façons d'aborder les Hunger Games, énonça Erwin en séparant en deux son tableau d'un coup de craie très droit. Soit vous choisissez de vous concentrer sur la défense, soit vous décidez de vous concentrer sur l'attaque (il inscrit les deux termes de chaque côté du trait). Les deux attitudes sont généralement considérées comme incompatibles, mais il est possible de les concilier, en faisant un peu des deux en quelque sorte. Mais comme je le disais la dernière fois, je vous déconseille fortement de faire deux choses à moitié. »
Reiner acquiesça machinalement, le stylo au-dessus du carnet, sans commencer à noter immédiatement. Il voulait d'abord être sûr de ce que leur instructeur cherchait à leur expliquer.
-Vous devez vous informez le plus vite possible des attitudes adoptées par les autres équipes, reprit Erwin d'une intonation décisive. Pour vaincre les autres tributs, il faut les connaître et savoir ce qu'ils comptent faire, et agir avant eux. Bien entendu, il est essentiel de prendre une décision en accord avec vos convictions. »
Il jeta un regard en coin à Reiner, comme s'il sondait sa réaction. Le jeune homme resta de marbre. Depuis sa petite provocation d'il y a deux jours, il se retrouvait plus souvent que d'habitude sous le regard perçant de leur mentor. Il avait l'impression que son instructeur était en train de réajuster la vision qu'il avait de Reiner.
-...Mais si vous choisissez la défense, par exemple, il faut que vous soyez prêt à recevoir une attaque à tout moment. À l'inverse, si vous choisissez l'attaque, vous devez connaître la position et l'équipement de votre cible. »
Il frappa le tableau de sa craie pour pointer la ligne qu'il avait tracée.
-Tout est une question de juste milieu. L'information est primordiale, certes, mais parfois il y a des risques à prendre lorsque l'occasion se présente. Et plus encore qu'être capable de repérer sa propre opportunité, il faut être capable de repérer celle des autres. »
Reiner se pencha imperceptiblement en avant, investi. Que voulait-il dire par là ? Erwin dût remarquer son expression, car il enchaîna avec un léger sourire, et juste un peu plus d'engouement:
-Si vous parvenez à empêcher les autres de saisir les opportunités qui se présentent à eux, vous rencontrerez naturellement des situations favorables. De plus, saboter les avantages d'autres groupes présente un atout qui est largement sous-estimé, aussi bien par beaucoup d'instructeurs que par les autres candidats : le moral. Si vous parvenez à briser le moral de vos adversaires, vous avez gagné. »
Il laissa une brève pause afin de laisser un peu de temps à ses deux tributs de se faire leur propre idée, et Reiner en profita pour approfondir :
-Quel genre d'actions concrètes permettraient de faire ça ? Couper les ressources d'eau, voler l'équipement ?
-Notamment, approuva Erwin. Vous pouvez aussi détruire une partie de leur base, ou engager un combat où le seul but est d'endommager leurs armes. En revanche, il y a un élément à prendre en compte qui rend certaines opérations assez délicates, à savoir les avantages offert par les sponsors. Si une équipe reçoit l'aide des sponsors, alors vous devez vous en méfiez tout particulièrement. Si vous éliminez l'avantage qu'ils ont reçu trop tôt, un fusil ou un cheval par exemple, vous serez sans aucun doute ciblés par les sponsors ensuite. Mais il faut également les empêcher de profiter trop longtemps de leur avantage, bien entendu. »
Reiner inscrivit diligemment ce qu'Erwin expliquait. Alors que leur instructeur se retournait pour écrire brièvement au tableau, il se tourna vers Christa. Elle n'avait pas dit un mot depuis le début du cours, comme souvent, mais aujourd'hui le silence était plus pesant que d'habitude.
Elle croisa son regard et tressaillit. Aussitôt, Reiner haussa un sourcil, lui demandant sans un mot ce qui n'allait pas. Il ressentit une certaine satisfaction lorsqu'elle jeta un œil à Erwin pour se pencher vers lui.
-Je m'inquiète davantage des Titans que des humains. » avoua-t-elle en chuchotant.
Elle avait gardé la tête baissée, incapable de le regarder dans les yeux. Il ne savait trop pourquoi, mais son cerveau se mit à turbiner sans tarder. Effectivement, ils n'avaient pas encore eu beaucoup de cours sur les Titans, et une semaine était déjà passée. Reiner se doutait qu'ils aborderaient le sujet de manière plus approfondie très prochainement. Mais Christa avait raison.
Ils devaient s'habituer à l'existence oppressante des ces créatures gigantesques et difformes. De son côté, Reiner s'était contenté des cours de survie et de tactique avec complaisance. Il n'avait pas encore très envie d'affronter ces Titans qu'il n'avait jamais vus que sur des écrans auparavant. Son père l'avait préparé à toutes les éventualités, même celle d'être pris aux Hunger Games (et il avait eu raison), mais même lui n'avait pas beaucoup d'informations au sujet du secret bien gardé du Capitole.
Il trouva Christa incroyablement courageuse. La perspective des Titans semblait la terrifier, et pourtant elle n'hésitait pas à y réfléchir, à s'en inquiéter, à confronter l'idée. Reiner ne faisait que fuir. Il déglutit à sec. Il avait beau avoir renforcé sa détermination il y a deux jours, il avait encore beaucoup de progrès à faire.
ooo
À la fin du cours, Reiner rappela Erwin. L'instructeur attendit qu'il le rejoigne avec la même expression maîtrisée que d'habitude, et lorsque Reiner lui demanda s'il pouvait recevoir un cours sur la manœuvre tridimensionnelle, il se contenta de sourire et de hocher la tête.
-Je te promets que vous aurez toutes les connaissances que je pourrais vous procurer. » jura Erwin d'un ton décisif.
Reiner eut l'impression que c'était à son tour de réajuster la vision qu'il avait de son mentor.
...
-Wohow ! »
Eren décolla à nouveau et se laissa porté par l'élan que lui conférait la pression du gaz, tout sourire. Il fonçait droit à la rencontre des arbres, qui écartait leurs branches comme pour l'interrompre, comme pour l'emprisonner, mais il esquivait aussitôt pour plonger vers le sol, et à nouveau il reprenait de l'altitude et de la vitesse dès qu'il en avait envie, savourant la puissance contenue qu'il sentait dans les câbles qui jaillissaient de ses flancs.
Enfin ! Il n'attendait que ça depuis une semaine, et enfin Mike les avait initiés à la manœuvre tridimensionnelle ! Ils avaient passé les derniers jours à se gaver d'exercices d'équilibres, de tests d'aptitudes et de renforcements musculaires en tout genre, et bien qu'Eren connaissait l'implication de ces exercices et s'y était attelé avec une assiduité hors norme, il n'avait pas pu s'empêcher de s'impatienter.
-Mikasa, regarde ça ! »
La jeune fille qui se mouvait en tandem avec lui se tourna vers son partenaire, et la concentration intense qui peignait son visage se détendit alors qu'elle observait Eren se servir du mouvement de balancier de son câble pour faire le tour d'un arbre presque à l'horizontale. Le jeune homme laissa échapper une exclamation de joie et reprit la trajectoire qu'ils devaient respecter. Il ne faudrait pas qu'il se fasse repérer par Mike.
-Eren ! résonna la voix désormais familière. Tu veux te briser les reins ? Mets plus de gaz !
-Eurgh...D'accord ! » souffla le jeune homme avec exaspération.
Au moins, il ne l'engueulait pas parce qu'il ne respectait pas les consignes. Au contraire, il l'aidait à s'améliorer. Depuis quelque temps, leur mentor leur parlait un peu plus, et Eren s'entendait mieux avec lui. Il avait l'impression que ça avait à voir avec le fait qu'il scrutait ses deux élèves à longueur de journée, mais il refusait d'admettre le fait que Mike leur porte autant d'attention. C'était un peu trop flippant comme façon de faire !
Il envoya ses grappins à nouveau, et grogna en les voyant se planter beaucoup trop sur la gauche par rapport à ce qu'il avait prévu. Boarf, il pouvait rattraper le coup ! Le bois de l'arbre se rapprochait à grande vitesse, et il se laissa emporter. Au dernier moment, il rengaina les grappins et il se servit du tronc comme d'un trampoline sur lequel il rebondit, et profita des quelques secondes de répit pour viser le tronc suivant.
Malheureusement, sa manœuvre impliquait une sympathique rencontre avec les branches épineuses ! Quelques cris de douleurs retentirent alors qu'il traversait les fourrés, et un autre cri -cette fois de surprise- lui échappa alors qu'il en ressortait pour se trouver beaucoup plus proche de son objectif que prévu !
Il se tourna sur le côté comme il pouvait en étant dans les airs et son épaule et sa hanche droite percutèrent violemment le tronc. Les grappins fermement plantés retinrent sa chute et il se replaça aussitôt, les pieds sur le bois et prêt à repartir, même s'il avait perdu toute inertie avec sa chute.
-Stop ! On se pose ! »
Eren grogna de déception en entendant tonner la voix, et commença à descendre à contrecœur, rejoignant Mike qui les attendait déjà au sol et Mikasa qui se posait délicatement. Il manqua trébucher en arrivant mais freina de son mieux, avec la ferme intention de ne pas se ridiculiser.
-Eren, tu te laisses trop porter. » décréta aussitôt Mike en croisant les bras.
Au temps pour le fait de ne pas se ridiculiser, tiens.
-Comment ça ? soupira-t-il.
-Tu laisses l'élan des grappins t'entraîner, et tu n'anticipes pas assez tes prochains mouvements. La preuve, tu te prends tout le temps des troncs. »
Eren tiqua, vexé que son mentor mette aussi sévèrement le doigt sur ce qui n'allait pas. Un silence tendu s'installa alors qu'Eren se laissait scruter par son instructeur, dont les yeux se réduisaient désormais à deux fentes suspicieuses.
-Changement de plan, annonça Mike subitement. Je décolle, et vous me suivez. Eren, tu colles à ma trajectoire exact. Mikasa, tu fais la même chose mais sur le côté et tu t'adaptes aux différences de terrain. »
Mikasa hocha la tête et Eren grogna une réponse affirmative, soudainement perplexe. Il n'arrivait pas à déterminer lequel des deux exercices était le plus difficile. Exécuter le même trajet ou devoir s'adapter ?
Il n'eut pas le temps de se poser la question plus longtemps, car Mike se mettait déjà en position, et Eren dût se placer immédiatement à sa suite pour ne pas perdre le rythme dès le départ.
Au tout début, il s'en sortait bien. Ils avaient effectué ce trajet plusieurs fois déjà, et Mike n'allait pas à une vitesse excessive. Puis il se mit à changer de cap, parfois de façon abrupte, et c'est là que les choses se corsèrent : Eren se prenait presque systématiquement dans la tronche les arbres que Mike esquivait comme s'il s'agissait de courants d'air. Mais comment il fait ?!
La frustration d'Eren commençait à prendre les devants, et il sentait qu'il n'arrivait plus à donner le meilleur de lui-même. Il n'avait plus qu'un tunnel en face de lui, qui lui montrait une série sans fin d'arbres trop proches, trop vite, et son corps devait encaisser en retour sans que son cerveau n'ait le temps de se préparer.
-Agh ! »
Le joues rouges de hontes, il vit Mike se retourner brièvement et le jauger avant de s'arrêter. Eren le suivit et s'arrêta juste un peu en-dessous, les yeux fixés sur ses gâchettes avec obstination.
-Eren. » appela Mike.
Sa voix sonnait beaucoup moins vive, beaucoup moins forte. Moins dure. Le jeune homme l'ignora.
-Respire avant de t'asphyxier. »
Presque comme si son mentor avait appuyer sur un interrupteur, l'air s'engouffra dans les poumons d'Eren alors que le jeune homme sentait ses muscles lutter pour rester contractés. Il desserra les dents sans le vouloir.
-Quand je te dis de me suivre, tu es censé regarder ce que je fais. »
La respiration d'Eren se bloqua à nouveau, mais cette fois la frustration n'en était pas la cause. Le jeune homme leva la tête vers son mentor, sans le voir, et considéra ses paroles avec attention. Mike sembla se satisfaire de ce qu'il lut dans son regard, car un léger sourire apparut sous sa moustache. Eren sentait encore les rouages de son cerveau turbiner alors qu'ils repartaient.
Et comme son corps partait plus vite que sa tête, il n'avait d'autre choix que de raccrocher son regard à son mentor qui se trouvait juste devant plutôt qu'aux arbres qu'il tentait de voir par-dessus son épaule. Son regard se riva sur les mains de son mentor, et un petit déclic se fit entendre dans un coin de sa tête.
Aussitôt, il fronça les sourcils et l'observa plus en détail. Il observa son placement, le mouvement de ses doigts sur la poignée de contrôle, les mouvements de ses bras et de ses jambes, là où il plaçait son regard... Et sa position était idéale pour ce genre de chose. Il commençait à comprendre.
Il se trouvait maintenant dans les airs, à détailler attentivement leur mentor qui ouvrait la voie avec une maîtrise qui gonflait sa poitrine d'enthousiasme. Il voulait faire de même. La trajectoire de Mike semblait calculée avec toujours au moins quatre coups d'avances, et il évoluait sans faire jamais un seul à-coup, comme s'il nageait dans les airs plutôt que de s'y porter.
Les yeux d'Eren ne lâchaient pas son instructeur et il scrutait ses moindres mouvements, avide des connaissances que les petits gestes polis par l'habitude pouvaient lui conférer. Il jetait toujours un petit coup d'œil de l'autre côté de l'endroit qu'il visait. Une de ses jambes étaient toujours placées un peu plus en avant en réception, et il se servait d'ailleurs beaucoup des arbres pour effectuer un ou deux pas sur ceux qu'il frôlait.
Eren l'imita, et en comprit aussitôt l'intérêt : le contact avec une surface concrète permettait de rajuster son équilibre ! Dans leur environnement, c'est à dire un grand nombre d'arbres touffus et très collés les uns aux autres, c'était un avantage significatif. Dans une autre forêt moins dense, ils n'auraient pas eu besoin d'effectuer autant de virages !
Eren resta bouche bée un instant, ce qui lui valut de se rapprocher un peu trop d'une branche et de s'écorcher le bras gauche, mais il ne s'en préoccupait plus. Sa concentration s'intensifia alors qu'il étendait ses sens et captait tout ce qu'il pouvait, en considérant les arbres non plus comme des obstacles à esquiver, mais des appuis dont il pouvait se servir d'une façon beaucoup plus subtile que ce qu'il avait imaginé.
Il tourna la tête vers Mikasa, dont le profil pâle se découpait en contraste avec les arbres du paysage qui défilaient à toute vitesse. Sa propre concentration se manifestait dans le plissement subtil de ses sourcils, et Eren laissa un sourire s'épanouir sur son visage alors qu'il envoyait son grappin sur le tronc suivant et se lassait emporté par l'élan du câble, cette fois de façon parfaitement calculée.
Il avait réussi ! Ou du moins, il avait le sentiment d'avoir réussi. Il ne savait pas ce qu'en dirait Mike, mais il avait véritablement la sensation d'avoir progressé, et si le barbu mal coiffé avait quelque chose à redire, il pourrait aller se faire voir !
Mais lorsque l'exercice prit fin et qu'ils atterrissaient en chœur au sol, la petite tape que Mike lui administra à l'arrière du crâne le laissa penser que l'instructeur partageait son sentiment.
-C'était bien. » déclara-t-il laconiquement mais chaleureusement.
Eren sentit une exultation inattendue enfler dans son cœur, et sa gorge se serra pour retenir le courant des sentiments incertains qui voulaient rejoindre le ciel. À la place, les mains fébriles, il les rassembla dans une pelote indistincte et condensée et les transforma en un vigoureux cri de victoire, qui porta jusqu'à la cime des arbres. Il avait réussi ! Il avait l'impression d'avoir découvert un des petits secrets de l'univers.
Mikasa et Mike le gratifièrent d'un sourire attendri, et il était trop fier pour s'offusquer de leur attitude parentale. À la place, il se tourna vers Mike et demanda :
-On y retourne ?!
-Pas aujourd'hui, annonça l'instructeur. Vous pouvez rester encore un peu, mais je dois m'absenter. »
Eren sentit son enthousiasme dégonfler partiellement, mais se ressaisit aussitôt. Tant pis, il apprendrait plus vite à se débrouiller sans lui ! Il avait envie de tester les limites de ce qu'il venait de comprendre, et d'aller plus loin encore. Et il voulait le faire maintenant.
Mike sembla comprendre même sans que le jeune homme ne dise quoi que ce soit, et il leur adressa un bref signe de tête et quelques instructions de sécurité avant de se retirer.
….
Eren atterrit au sol, la respiration lourde d'effort, et s'affala au sol en essuyant la sueur de son front. L'usage des abdominaux pour effectuer certains virages demandait une certaine maîtrise de sa respiration. Il ne pouvait pas inspirer et expirer n'importe quand, ou il risquait de se couper le souffle pendant certaines manœuvres ! Mais malgré ses muscles qui criaient de protestation, il se sentait accompli. Il comprenait de plus en plus de choses.
-Tiens, Eren. »
Une bouteille apparut dans son champ de vision, et son esprit se retira progressivement des hauteurs boisés où il se repassait en boucle son parcours pour se focaliser sur Mikasa. Avec un merci haletant, il s'en empara, l'ouvrit et bût goulûment. Un frisson parcourut sa colonne vertébrale. Il commençait à faire assez tard pour que sa sueur refroidisse dès qu'il arrêtait de bouger.
Mais il n'avait toujours pas envie de s'arrêter.
...
À force de river son regard sur le sol à la recherche de traces, Marco commençait à avoir mal à la tête. Il cligna des paupières alors que l'encolure de Buchwald passait brièvement dans son champ de vision, et lorsqu'il s'écarta à nouveau, Marco remarqua qu'il avait perdu des yeux la piste qu'il venait de repérer. Il poussa un soupir de lassitude.
Ness leur avait donné de nouvelles consignes pour s'entraîner à cheval, mais cette fois Marco était bien plus à l'aise, car l'exercice était individuel. Il devait suivre une piste laissée par Ness à son attention, qui devenait plus difficile à repérer au fur et à mesure qu'il progressait, et qui l'emmenait actuellement jusqu'à l'entrée de la forêt. Et surtout, il ne devait pas quitter son cheval. L'objectif était d'être capable de rattraper un homme à pied sans aucun problème, et Marco devait avouer qu'il allait plutôt vite, alors même qu'il savourait la possibilité d'aller à son propre rythme.
Après s'être rendu compte qu'il voyait des tâches de lumières même en fermant les yeux, il décida de s'accorder une courte pause. Ce serait malencontreux de confondre des hallucinations causées par la fatigue avec la véritable piste. Buchwald commença à brouter presque au moment où Marco relâchait les rênes, et son cavalier sourit en lui caressant l'encolure.
Soudainement, un son familier lui parvint, et il se prit à tendre l'oreille. Encore ? Il l'avait déjà entendu une fois, et il en était même venu à l'associer à cette personne en particulier, plutôt qu'à ses propres manœuvres tridimensionnelles. Pressé de voir quel spectacle Jean allait bien pouvoir lui offrir cette fois, il leva les yeux vers la direction d'où provenaient les sifflements qui se rapprochaient à grande vitesse.
À peine eut-il levé la tête qu'il sursauta en voyant un câble filer et se planter bruyamment dans un tronc au-dessus de lui. Une seconde plus tard, Jean apparaissait dans une gerbe explosive de feuilles et de branchages. Ses bras étaient croisés devant lui pour protéger son visage et laissait entrevoir un petit rictus de fierté. Une de ses jambes était tendue en avant et l'autre repliée le plus près possible de son corps pour garder une position plus dynamique, et à nouveau Marco fut frappé par la finesse de ses gestes.
La seconde suivante, Jean écartait grand les bras comme pour englober le ciel, et les grappins allaient se ficher dans un autre tronc plus vite que Marco n'aurait eut le temps d'y penser. L'œil acéré de Jean balaya les environs, et l'espace d'un très court instant son regard aiguisé passa sur Marco, qui sentit son cœur accélérer brutalement.
Il l'avait vu ! Il venait de croiser son regard ! Le jeune cavalier devait être terriblement rouge, s'il se fiait à la fournaise qui s'était embrasée sur ses joues d'un seul coup. Béat, il vit le jeune homme ajuster sa posture avec précision et s'engager dans un arc de cercle serré pour faire le tour de l'arbre qu'il avait ciblé. La dextérité exsudait de tout son corps et happait l'attention de Marco comme la lumière attire le papillon, sans le savoir et sans le vouloir. Il était captivant.
Il sursauta quand le regard de Jean se posa à nouveau sur lui, cette fois avec beaucoup plus d'intention. Toute la concentration dont le jeune homme semblait capable et que Marco avait vu intensément fixée sur son parcours se focalisa sur sa personne, et Marco se retrouva cloué sur place. Son expression avait viré à la surprise et à la confusion en un éclair. Marco put le voir de face l'espace de quelques millisecondes, et décida que son petit haussement de sourcil était attachant.
Il se sentit soudain très timide, et se tendit aussitôt sur sa selle, mais Jean détourna presque immédiatement le regard pour se reconcentrer sur sa manœuvre. Il ne put voir qu'une ombre de sourire avant que le jeune tribut ne disparaisse à nouveau derrière les arbres, plongeant vers le sol. Par pur réflexe, ses talons s'enfoncèrent dans les flancs de Buchwald alors que le cheval trottait diligemment en avant de quelques pas. Il se redressa sur sa selle, presque debout sur les étriers et se tordit le cou pour l'observer.
Ses virages étaient serrés et tendus. Il évoluait dangereusement près du sol, et Marco se prit à s'inquiéter pour l'état de son équipement et de ses vêtements. Est ce qu'il venait de voir les gaines racler contre la terre ?! Il retomba sur sa selle avec un tressaillement lorsque Jean tourna à nouveau sa tête dans sa direction. Il était trop loin pour que Marco ne voit son expression, mais il se sentit étrangement comblé de savoir que le jeune homme faisait attention à sa présence.
Il posa une main sur son cœur battant, affolé. Les quelques mouvements de Jean qu'il avait aperçus étaient désormais imprimés dans sa rétine, avec ce qu'il avait déjà vu auparavant, et il se les repassa instantanément en boucle, impressionné. Du peu qu'il avait pu faire de manœuvre tridimensionnelle (Ness ne leur avait appris que les bases, lui-même assez rebuté par la matière), Jean avait tout l'air d'un prodige. Marco aurait pu le regarder pratiquer des heures durant.
Buchwald hennit et Marco sursauta, ramené brutalement à la réalité.
-Oui, oui, je sais, dit-il au cheval qui renâclait, on y retourne. »
Les joues toujours rouges, il ramena Buchwald à la dernière trace qu'il avait repérée et reprit son exercice. Il avait l'impression d'avoir été pris la main dans le sac alors qu'il n'avait rien fait de mal. C'était Jean qui débarquait sur son terrain d'entraînement sans prévenir, pour autant qu'il sache ! Il pouffa un instant en songeant à quel point cette idée était ridicule, puis secoua la tête et se concentra sur sa tâche.
Lorsqu'il rejoignit le point d'arrivée, Ruth l'attendait en piétinant et Ness l'accueillit avec un sourire soulagé.
-Marco p'tit gars ! s'exclama-t-il en le rejoignant alors que Ruth le gratifiait d'un bruyant « C'est pas trop tôt ! ». Je commençais à m'inquiéter ! Tu as rencontré un problème ? J'étais presque prêt à venir te chercher avec Charrette.
-Aucun, le rassura Marco en descendant de selle. Je me suis juste trompé de direction à un moment, et j'ai dû faire demi-tour. »
Il n'avait pas envie d'avouer qu'il avait croisé un autre tribut en forêt, et par deux fois déjà. Il aimait bien penser à leurs rencontres comme à un petit secret qui n'appartenait qu'à lui. Il rougit à nouveau en y pensant, mais fort heureusement Ruth était trop occupé à l'enguirlander :
-C'est quand même dingue, ça ! déclama-t-elle en croisant les bras. T'es censé être le meilleur de nous deux à ce genre d'exercice ! Si tu comptes faire même ce genre de choses à moitié, on est mal barrés. »
Comme si tu ne faisais jamais les choses à moitié, toi. Marco ravala aussitôt ses pensées en se morigénant. S'il commençait à prendre cette attitude, ils finiraient juste à la gorge l'un de l'autre. Ils avaient besoin d'être une équipe.
-Ce sont des choses qui arrivent, ma grande, intervint Ness en s'adressant un peu durement à la jeune fille. C'est justement parce que c'est un exercice que vous avez le droit de faire des erreurs, et d'en apprendre. »
Marco le remercia silencieusement pour son soutien d'un regard reconnaissant. Reprendre Ruth systématiquement demandait beaucoup d'énergie, et parfois il n'avait tout simplement pas la foi de la contredire. Ruth se contenta d'un « Ha ! » désabusé et laissa tomber le sujet.
-Bon, vous pouvez ramener vos chevaux, on a fini ce genre d'exercice pour aujourd'hui. » déclara Ness.
Les deux jeunes gens hochèrent la tête et se dirigèrent vers les écuries, Ruth mettant un point d'honneur à se mettre le plus loin possible du box de son partenaire. Même cette démarche mesquine ne parvint pas à déterrer l'humeur de Marco. L'image de Jean qui voltigeait dans les airs lui revenait en mémoire avec une facilité troublante, et il se laissa aller à ressasser les courtes secondes dont il avait bénéficiées tout le long de la toilette de Buchwald.
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J-22
