Est-ce que tu crois en toi ou est-ce que tu crois en nous ?

OST SNK qui se prêtent bien à l'ambiance = - Symphonicsuite 0Sk -

- Aots3-Pf2 -

- Shingeki St – Hrn – Gt 20130629 Kyojin -

- Eren Zahyo -

() …

Les mains étirées derrière sa nuque, Jean rejoignit Hansi et Minha à l'intérieur du gymnase et poussa un soupir de soulagement quand l'ombre le recouvrit de son manteau de fraîcheur. La climatisation du Capitole, contrairement à d'autres choses, était irréprochable.

-Entraînement au combat, donc ! » déclara Hansi.

Maintenant qu'il avait côtoyé Hansi pendant plus de deux semaines, il était capable de percevoir quand l'enthousiasme de leur mentor était décroissant. Comme ici, iel ne les regardait pas droit dans les yeux ni ne brandissait le poing, se contentant de le poser fermement sur sa hanche. La pesanteur de la matinée affectait tout le monde, et Jean s'était réveillé plus tard que d'habitude pour découvrir Hansi qui s'était rendormi sur le canapé.

Ils auraient pu se réfugier sous le couvert des arbres et s'entraîner à la tridimensionnalité, mais l'absence totale de vent compromettait leur prévision. Hansi les avaient donc traînés jusqu'à la salle commune de gym pour s'entraîner au combat, chose assez rare.

-Est-ce qu'on va travailler avec les autres districts, Hansi ? » demanda Minha en jetant un coup d'œil aux autres personnes présentes.

Jean avait déjà le regard rivé sur Floch et Sandra, accompagnés de Levi, leur entraîneur. Il se rappelait ce que Minha lui avait rapporté de la fête d'anniversaire de Sasha. Quelque chose d'assez inquiétant, et qui entachait sévèrement la réputation du fameux prodige. Pourtant, la scène qui se déroulait devant lui avait l'air assez normale : les deux élèves s'entraînaient à l'épée, et leur instructeur les observait depuis le côté, les bras croisés dans un froncement de sourcils attentif.

Hansi les jaugea brièvement avant de répondre à Minha :

-Pas la peine. On ne ferait que les déranger. »

Minha acquiesça, l'air soulagée mais un peu coupable, et ils se trouvèrent un ring disponible, assez éloigné de celui du District Quatre. Hansi manquait peut-être d'énergie par rapport à d'habitude, mais son très haut débit de parole à la minute n'en semblait pas vraiment affecté, au contraire. Iel se lança dans de soi-disant brèves instructions qui n'avaient de bref que la longueur de son temps de parole -une minute trente, environ-, puis iel les laissa commencer.

Jean se mit en position en face de Minha, et ils appliquèrent les techniques que Hansi leur avait expliqué la veille à table. Leur mentor avait l'air de s'intéresser aux arts martiaux, et leur expliquait tout ce qu'iel grappillait, même si le degré de maîtrise nécessaire était parfois beaucoup trop élevé pour eux deux. Néanmoins, Jean commençait à retenir quelques fondamentaux, comme le fait de jouer sur les articulations, ou le changement de verticalité pour déstabiliser son adversaire. Il avait une excellente balance, donc il retrouvait facilement ses appuis, tandis que Minha n'hésitait pas à aller au contact pour déséquilibrer, donc ils formaient une paire de travail efficace.

Il tordit le poignet de Minha selon les instructions, en le plaquant sur son épaule et en maintenant son pouce contre le sien, et s'inclina, de sorte que la jeune fille était forcée de foncer vers le sol pour éviter de perdre son articulation.

-Bien, bien ! À toi Minha ! » déclara Hansi.

La jeune fille se releva et ils échangèrent leurs positions avec application. Jean se retrouva plus vite au sol encore que Minha, et dut l'arrêter avant qu'elle ne lui torde les tendons.

-Woh, woh, doucement !

-Oh, désolée ! »

Elle le relâcha aussitôt en rougissant profusément.

-Il faut être plus délicat encore, affirma Hansi. La poigne doit être ferme, pour qu'il ne s'échappe pas, mais la torsion doit être légère ! Tu testes les limites de ton adversaire. »

Jean écoutait d'une oreille, et de l'autre, il entendait l'instructeur du District Quatre qui haussait le ton.

-...Encore ! ... Floch, petit merdeux, c'est pourtant pas compliqué ! »

Il jeta un œil en massant distraitement son poignet alors que Hansi démontrait la technique à Minha. Est ce que Floch méritait vraiment ce genre de remontrances ?

Apparemment, oui. De ce que Jean pouvait voir, il était censé brandir son sabre en avant pour apprendre un enchaînement, et il faisait tout de travers. Sa coupe était chancelante et partait sur le côté, ce qui empêchait complètement Sandra ne serait-ce que de commencer sa part de l'exercice. Mais ça ne la rendait pas exempte des engueulades de Levi. Elle avait les deux pieds de travers et les hanches complètement tournées sur le côté, au lieu d'être orientées vers son adversaire. Au premier jour, ce genre d'erreur était acceptable, mais ils en étaient déjà au quinzième.

Ce qui devait arriver arriva : Floch se vit flanqué d'une sévère beigne à l'arrière du crâne, et protesta avec véhémence.

-J'en ai marre ! On fait tout ce que vous nous dites, et ça vous satisfait toujours pas ! C'est plus être tatillon à ce stade, c'est du sadisme ! »

Il alla jusqu'à jeter son sabre au sol, et lorsqu'il leva à nouveau les yeux vers son instructeur, celui-ci le toisait de tout le mépris du monde. Jean retint son souffle, suspendu d'appréhension. Il savait qu'il aurait dû détourner les yeux, au moins par politesse, mais il ne pouvait s'empêcher de vouloir connaître l'issue de cette poussée de révolte. Derrière lui, même Minha et Hansi s'était interrompus.

-Si tu faisais vraiment ce que je te dis de faire, cracha Levi, on en serait pas là. Donc tu me fous ta petite crise de colère jusqu'au plus profond de ton derche et tu t'en sers pour faire pousser la colonne vertébrale qui te fait défaut, tire-au-flanc. »

Jean laissa échapper un gloussement effaré à l'agressivité de cette insulte. Floch fulminait visiblement, Jean pouvait presque voir la fumée qui lui sortait des oreilles, et il eut soudain très peur de la suite des événements. Heureusement qu'il n'était pas concerné, car ses tripes lui donnèrent raison et Floch brandit son sabre dans un accès de colère, la trajectoire cette fois parfaitement stable, mais orientée droit vers son instructeur.

En quelques secondes et quelques grands cris, il était au sol, une botte sur le poignet et le sabre loin de lui, et gratifié de quelques bosses.

-Recommence ça une fois, menaça Levi en appuyant sur son articulation et en lui arrachant un cri de douleur, et je m'assure que tu ne pourras même pas commencer les jeux.

-Vous n'avez...cria Floch, pas le droit ! Argh !

-Tu crois ? ricana sombrement Levi, un coude sur la jambe qui pressait le tribut au sol. Je connais quelques méthodes utiles, ne t'inquiète pas. Et de toute façon, l'entièreté des sponsors et du public t'a vu te ridiculiser, je devrais vraiment pas avoir de mal à faire passer ça pour ta propre connerie. »

Jean vit le frisson de peur qui traversa Floch et fit fondre toute velléité combative alors qu'il cessait totalement de s'agiter sous le poids de son instructeur.

-Debout, ordonna sèchement Levi. Recommence, et mets-y du tien cette fois. »

Jean parvint enfin à arracher son regard du spectacle chaotique qui avait lieu devant lui, et put constater que Hansi et Minha avait déjà repris les explications, même si la jeune fille avait l'air déconcentrée.

Il pouvait voir sans peine pourquoi le District Quatre était aussi mal assorti : Levi était connu pour être un génie inégalé, mais pas pour être un pédagogue averti. Il n'était probablement pas le meilleur pour donner des explications et observer les progrès de ses élèves. D'un autre côté, Floch avait un tempérament très contestataire, et Sandra avait tendance à s'écraser à la moindre erreur. L'un remettait tout en cause, et l'autre ne remettait rien en question. Ils étaient les pires élèves pour Levi et lui le pire instructeur pour Floch et Sandra.

Il se demanda d'un seul coup si l'ambiance de son propre district aurait tourné autant au vinaigre s'il était resté le gamin immature qu'il avait été les premiers jours. Étrangement, il n'avait aucune peine à l'imaginer : lui qui refusait de participer à tout, Hansi qui se montrait de plus en plus dur pour essayer de le préparer, Minha qui se retrouvait entre eux deux et qui s'épuisait à trouver un terrain d'entente, Jean qui sautait sur l'occasion pour décharger toute sa frustration sur elle...

Cette fois, ce fut lui qui frissonna. De soulagement d'avoir échappé à cette alternative, mais aussi de peur de retomber dans ce genre de travers. Les choses auraient pu prendre une tournure bien plus dangereuse que la bonne entente studieuse et vivante qui l'entourait aujourd'hui, et il se sentait terriblement chanceux. D'un autre côté, s'il avait conscience à ce point de ce qu'il pouvait redevenir, c'était qu'il y avait peu de risques. Alors pourquoi est ce qu'il y pensait comme un fantôme juché juste sur son épaule, qui attendait la moindre occasion pour le prendre à la gorge à nouveau ?

Marco. La bibliothèque.

Là-bas, à cause du manque de sommeil, du stress, du manque de confiance en lui concernant sa capacité à faire des alliances, il avait été à deux doigts de retomber dans ses travers. De se comporter à nouveau comme un petit con. Du moins envers ceux qui n'étaient pas de son district. Mais Marco était intervenu et lui avait balancé ses quatre vérités dans la gueule, l'avait remis à sa place, l'avait empêché de dérailler trop loin, tout en agrémentant de quelques affirmations dont Jean ne voyait toujours pas le fondement. Pourtant, il se trouvait plutôt bien au courant de ce qu'il était et de ce qu'il n'était pas lui-même.

Il avait beaucoup mûri, et il avait eu beaucoup de chance. Il avait fait les bonnes rencontres au bon moment.

-Bon, je propose de déguerpir. » finit par dire Hansi, le ramenant aussitôt à la réalité.

Minha hocha la tête avec ferveur alors que Jean acquiesçait tout autant, et ils décampèrent le plus discrètement possible.

-Pas la peine de plomber l'ambiance plus que ça, soupira Hansi alors qu'ils sortaient du bâtiment. De toute façon, si ça prend des proportions trop dangereuses, le Capitole interviendra. Ils ne laisseraient jamais un de leurs précieux candidats se faire amocher au point de ne pas pouvoir participer, et ils surveillent Levi de près. »

Iel venait de répondre à toutes les questions silencieuses que ses deux élèves se posaient, et Jean sentit un essor de gratitude lui serrer le cœur. Il laissa un léger sourire fleurir sur son visage alors que Minha pouffait doucement aux mimiques de Hansi. L'atmosphère fut très vite interrompue par un appel bruyant :

-Hey, Hansi ! Ça fait une paie dis donc !

-Gelgar ! »

Ils se tournèrent pour voir que le District Huit, Conny, Laura et leur instructeur Gelgar se rendait à leur tour dans le gymnase. Hansi et Gelgar commencèrent aussitôt à discuter alors que Conny venait à leur rencontre :

-Salut vous deux ! Dis donc, c'est super rare de vous croiser ! »

Jean haussa un sourcil à l'affirmation de Conny alors que Minha haussait les épaules.

-Bah oui, on vous voit jamais, continua Conny alors que Laura approuvait. Il y a toujours des groupes de tributs qui vont et viennent ici, mais vous, ça doit être la première fois que je vous vois dans le coin. Enfin, apparemment on vous croise à peine même aujourd'hui.

-C'est vrai qu'avec notre entraînement, on est pas souvent par ici, argua Minha.

-Vous vous planquez où, en fait ? rigola Conny, les mains sur les hanches. Pas à la bibliothèque, ça m'étonnerait que votre Hansi tienne plus d'une demie-heure en position assise.

-Secret défense. » rétorqua Jean avec un sourire narquois, en tapotant nonchalamment l'épaule du plus petit jeune homme pour lui passer devant.

Minha le rejoignit alors que Conny haussait les épaules, et ils abandonnèrent Hansi à sa discussion, qui pouvait bien durer des heures selon l'endurance de son interlocuteur.

En courant vers le lieu de rendez-vous, Eren faisait de son mieux pour déposer ses pieds sur le sol, prendre appui et repartir de plus belle, fort de l'élan accordé par la vitesse, de la manière la plus naturelle possible. Il peinait à mettre à bien son objectif. Il ne courait pas à proprement parler, il gambadait à toute allure. Les plantes de ses pieds bondissaient, ses genoux décollaient. Son impatience était si palpable qu'elle affectait la gravité autour de lui, et Eren avait l'impression de voler.

Sauf que là, il n'était pas la colombe qui apporterait la paix. Le tribut du District Douze se rendait à son premier cours de combat à mains nues : il allait apprendre à se battre ! Ainsi, il n'aurait bientôt plus besoin de se reposer sur Mikasa. Entre ça et les notions inculquées par Mike qui commençaient à rentrer, Eren allait enfin pouvoir compter sur lui-même !

Il redescendit sur terre et ralentit sa course quand il aperçut le mètre 90 et quelques de Bertholt, qui l'attendait aux côtés d'un Reiner qui croisait les bras, et d'une Annie… toujours aussi neutre et illisible, toujours aussi Annie. Un râle se noya dans sa respiration haletante.

-Nan, c'est pas vrai ! Je suis le dernier ?! » souffla-t-il avec déception.

Il sprinta pour les rejoindre. Une fois arrivé, il se courba et serra ses genoux, le temps de reprendre sa respiration. Comme personne ne rebondissait sur son commentaire, il se redressa pour croiser le visage amusé de Reiner, puis l'expression neutre d'Annie, et enfin le pli circonspect entre les sourcils de Bertholt. Ils le prenaient déjà tous pour un demeuré !

-Je suis pourtant arrivé pile à l'heure, non ?

-Oui. Mais on est arrivés il y a cinq minutes. »annonça Annie, catégorique.

Eren ne s'attendait pas à ce qu'elle soit la première à prendre la parole. Et, à en juger par le haussement de sourcils de Reiner et la brève ouverture béante de la bouche de Bertholt, il n'était pas le seul.

-Moi, ça faisait un quart d'heure que je vous attendais ! » clama Reiner, pas peu fier de sa ponctualité.

Reiner en étant à peine au « ça » de sa phrase qu'Annie tournait les talons vers la pelouse. Eren s'empressa de la suivre, entendant d'une oreille distraite la fin des propos du tas de muscles blond, ainsi que le gémissement de dégoût qu'il ravala juste après.

Eren fit halte en même temps qu'Annie. Les deux plus grands les rejoignirent en quelques secondes. Toujours un peu rancunier pour la bouffée de vent qu'Annie lui avait assénée en pleine face, Reiner demanda d'un ton railleur :

-Pourquoi on s'entraîne sur l'herbe ? T'as peur de nous faire trop mal, Annie ? »

Eren ignorait s'il devait admirer ou avoir pitié de l'audace du blond. Levant le menton, il sonda l'attitude de Bertholt pour y trouver sa réponse. La grande perche promenait son regard soucieux de Reiner à Annie. Il devait faire confiance au fait qu'ils étaient assez sages pour se retenir de s'étriper dès le premier jour, sa nature prudente l'amenant toutefois à douter un peu de cette certitude. Du moins, c'était ce qu'Eren se figura puisque Bertholt affichait la même appréhension qu'un cascadeur, habitué à son numéro et qui ne pouvait s'empêcher de songer à l'éventualité que, cette fois-ci, c'était peut-être la fois où tout allait flamber. Eren s'intéressa alors à Annie qui, une main sur la hanche, baissa la tête avant de répondre à Reiner :

-Tu verras. Bertholt, tu prends Eren.

-Quoi ?! »

Elle aimait vraiment les mettre ensemble ! Après une poignée de secondes de réflexion, Eren se dit qu'il les avait tous affrontés de toute façon. Même si son combat contre Reiner n'avait pas été des plus édifiants ! Il parvenait à comprendre la décision d'Annie : d'eux trois, Bertholt devait être celui qui se rapprochait le plus de son niveau. Annie et Reiner s'éloignaient déjà quand Eren les héla :

-Ça marche mais je pourrais quand même t'affronter Annie ? »

Sa mentor martialiste hocha la tête et Eren serra le poing de contentement. Reiner revint vers lui pour lui entourer les épaules de son bras et l'amener près de lui d'une pression du coude. Ils étaient assez près pour que Reiner chuchote mais, malgré la volonté d'intimité qu'indiquait sa position, il déclara d'une voix rauque et forte, bien audible pour tous :

-Bah alors, Eren, elle t'a tapé dans l'œil, Annie ? Ou t'as juste hâte de mordre la poussière ? »

Sans repousser son bras, Eren concentra le feu de ses pupilles dans le regard doré et toujours aussi amusé de Reiner.

-Hein ?! Mais non, qu'est-ce que tu racontes, toi !?

-Fais pas l'innocent… fit-il, plein de malice.

-Non, mais puisque je te dis que c'est pas ça ! J'veux juste me mesurer à elle parce qu'elle est balèze et que je veux progresser !

-Mmh… puisque c'est comme ça ! »

Reiner libéra les épaules d'Eren, tout sourire, et pointa du doigt le futur adversaire du jeune brun.

-Sous-estime pas trop Bertholt ! »

Sur ces paroles et le hochement de tête appréciateur de la grande perche, Reiner reprit sa route en direction d'Annie. La main sur l'épaule, il la fit rouler et retroussa ses manches.

-J'espère que t'es prête pour ta raclée ! » provoqua-t-il Annie en la rattrapant.

Eren concentra son attention sur Bertholt. Son adversaire s'était mis en position de combat, pieds stables, genoux fermes, poings serrés, air déterminé. Il avait progressé en une semaine. Beaucoup, ça crevait les yeux. Eren ricana. Il allait tellement s'améliorer avec de tels adversaires !

Il dressa les poings et s'élança comme un missile sur Bertholt. Trois pas de côté et la grande perche l'évita. L'ennemi était sur la défensive. Eren en profita pour le rouer de plusieurs coups de poings. L'impact de ses os sur les coudes de Bertholt gonflait son adrénaline.

Afin de lui rappeler qu'il n'était pas qu'un sac de sable, Bertholt lança sa cheville vers les côtes d'Eren. Il devait changer d'appui pour l'esquiver ! Plus rapide que la lumière, il tourna son bassin et recula de deux pas… et manqua de tomber ! Vite ! Il sautilla encore plus en arrière pour retrouver son équilibre sur un terrain plus droit.

Tout pété de pognon que le Capitole était, il pouvait pas se payer le luxe d'une simple pelouse plate ! Le frisson d'une idée lumineuse, qui circulait dans ses méninges, suscita un tremblement d'excitation chez Eren.

Il essuya la sueur de son menton du dos de la main, puis la tendit vers Bertholt. Il replia ses doigt vers lui-même en va-et-vient pour inciter son adversaire à s'amener. Bertholt s'exécuta, et réduisit en deux grands pas l'écart entre lui et Eren pour catapulter ses phalanges sur la joue du tribut adverse. Eren pivota la tête pour l'éviter et, refusant de passer à la défensive, propulsa une droite sur l'ennemi. Bertholt para son coup. Et ceux qui le suivirent. La grande perche, campée sur ses appuis, reculait en vrillant le bassin sur le côté à chaque coup.

Il avait de l'endurance à revendre, le géant ! Mais c'était son équilibre face à l'imprévu qu'Eren voulait tester ! Il éjecta une nouvelle droite vers Bertholt. Celui-ci l'évita. Mais il n'évita pas le creux du terrain gondolé ! Le regard de Bertholt s'affola. Ses genoux vacillèrent. Vite, vite ! Eren avait deux secondes avant que son adversaire ne retrouve son équilibre ! Il envoya sa jambe percuter le torse de Bertholt. Objectif accompli ! Bertholt toussa à l'impact, le souffle coupé.

La grande perche cramponna la jambe d'Eren. Il l'emmenait avec lui dans sa chute ! Catastrophé, Eren sentit son deuxième pied s'élever. Interloqué, il vit Bertholt faire pivoter ses hanches et accélérer la chute d'Eren de sa force. Frustré, il ferma les yeux à la pression du vent qui raflait sa joue. Dégoûté et étalé sur le sol, il constata que Bertholt avait immobilisé sa jambe avec le poids de son torse.

La suite ne dépendait que de sa vitesse et de sa hargne ! Et aussi de la grande taille avantageuse de Bertholt… L'espace d'une seule seconde, le poids de l'adversaire sur sa jambe s'était évaporé. Mais Eren n'eut pas le temps de se remettre debout. Ses longues jambes permirent à Bertholt de bondir en un éclair sur lui ! Les mains sur ses poignets et le genou sur son torse.

Il était immobilisé. Il avait perdu.

Bertholt se redressa au bout de dix interminables secondes. Il tendit la main à Eren pour l'aider à se relever, et la familiarité de la situation arracha un soupir agacé au vaincu.

-C'était bien pensé d'utiliser l'irrégularité du sol, Eren ! s'enthousiasma le gagnant.

-Mouais… c'est ta prise aussi qu'était redoutable… grogna-t-il.

-Ah ouais ? Annie vient de me l'apprendre ! Je ne la maîtrise pas encore très bien, cela dit… Je viens de me ruiner la hanche, par exemple ! rit-il, des étoiles dans les yeux. Mais je pense sincèrement que ton intuition était très juste. Tu dois avoir mieux réussi l'exercice que moi !

-Hein ?! Mais j'ai perdu…

-On n'a qu'à aller voir Reiner et Annie. » décida Bertholt.

Résolu, il se mit en route et Eren le talonna sur les quelques mètres qui les séparaient du combat des deux plus expérimentés. Fin de combat, plutôt.

Eren et Bertholt arrivèrent à temps pour voir la nuque de Reiner se planter dans la pelouse. Comme un javelot, il se tenait dans une position verticale un peu inclinée. Un javelot qu'Annie avait envoyé sur orbite. Eren inclina la tête sur le côté pour mieux lire l'expression de Reiner. Les yeux fermés, les dents serrés, il ne semblait pas comprendre ce qui venait de lui arriver, juste supporter la douleur pour sauver la face.

Annie dépassa son javelot, sans prendre la peine de le ramasser, et lui adressa, en tournant son regard victorieux vers lui :

-Ça, c'est parce que tu t'es toujours battu sur sol dur, mais plat. Ici, la pelouse masque l'irrégularité du terrain, et c'est la cause de ta défaite. Règle numéro un en combat : l'observation de l'adversaire vient après celle de son environnement.

-Ggnnh… ouais… » gémit Reiner.

Bertholt se pencha vers Eren et lui chuchota :

-Tu vois ? T'as réussi l'exercice, en fait ! »

ooo

Ses yeux étaient devenus des radars. Ils scannaient l'herbe du terrain à la recherche de la moindre anomalie. Un trou fait par une taupe, une bosse naturelle ou un carré d'herbe plus humide : n'importe quoi qui pourrait l'aider contre Reiner. Il risquait d'affronter le blond dans les prochains instants et il attendait avec impatience l'occasion de faire ses preuves. Il brûlait d'envie de se mesurer de nouveau à Annie ! Il avait compris le but de sa leçon avant les deux autres, après tout.

-Hé, Eren ! »

Pour la deuxième fois de la journée, le bras de Reiner s'étendit sur ses épaules et l'élan fit bouger Eren. Le jeune candidat s'arrêta donc dans son opération de récupération de données précieuses pour croiser le regard de son camarade d'entraînement. Pour la deuxième fois de la journée, il ne repoussa pas son bras. Il s'attendait à déceler de la malice ou de la raillerie sur le visage de Reiner, mais sa tête penchée vers Eren et les plis sur son front restranscrivirent surtout de l'inquiétude.

-Ça va ? T'avais l'air d'être parti très loin… » s'enquit-il.

Eren secoua la tête pour bien se ramener à la réalité et raffermit son installation sur le banc. Son observation avait dû lui coûter beaucoup d'attention, car il s'aperçut tout à coup qu'il tenait une bouteille d'eau… il ne savait même plus depuis combien de temps.

Il vit le visage tout aussi inquiet de Bertholt apparaître, en plus petit, derrière l'oreille de Reiner, au côté duquel il s'était assis. Même la grande perche se penchait pour voir comment il allait !

-Oui, oui, c'est rien ! J'étais juste en train de réfléchir à ce que je pourrais faire après notre pause…

-« Notre » pause ? De quelle pause tu parles ? Toi, tu t'es pas reposé, là, je me trompe ? »

Le ton de Reiner était grave et, sans qu'il ne sache trop pourquoi, il intima à Eren de regarder ses pieds et de répondre d'une voix timide :

-Ben, si… je…

-Non mais t'as même pas bu ! » s'offusqua Reiner.

Sans dire un mot de plus, il attrapa la gourde d'Eren, l'ouvrit sous les yeux ébahis du jeune garçon et la lui tendit. Il accompagna son geste d'un haussement de sourcils insistant. Eren la prit alors dans sa main et but plusieurs centilitres. En effet, cela faisait un bien fou ! Il s'abreuvait toujours alors que Reiner poursuivait :

-C'est bien de donner le meilleur de toi-même pour progresser, mais fais gaffe à ta santé.

-Facile à dire pour toi ! riposta Eren, penaud. T'as vu ta carrure ? On démarre pas tous avec les mêmes chances… »

Il se mordit le bout de la langue en voyant Reiner baisser la tête. L'air songeur, douteux, triste. Eren reporta son attention sur Bertholt, qui regardait Reiner. La bouche entrouverte, il paraissait gêné, hésitant. Si Eren continuait comme ça, il allait juste se faire virer de la troupe ! Ils s'en sortiraient bien sans ses conseils en tridimensionnalité, et ils s'en rendraient compte assez tôt ! Il fallait qu'il se rattrape ! Il cherchait ses mots quand un froissement vif et sec de sa chevelure éclata la bulle de réflexion dans laquelle il s'était installé. Reiner lui ébouriffait les cheveux !

-On démarre pas tous avec la même détermination ! » déclara-t-il d'une voix chaleureuse.

Reiner lui fit un clin d'œil… Si sa voix n'avait pas été aussi souriante, ç'aurait été le clin d'œil le plus triste qu'Eren n'eut jamais vu. Bertholt rabaissa la main qu'il avait levée, prêt à la poser sur l'épaule de Reiner, et contempla le sol à son tour. Il fallait qu'Eren se rattrape ! Reiner dégagea sa main et le jeune brun reprit :

-J'veux juste me mesur…

-Eren, tu passes contre moi, après. » l'interrompit la déclaration claire d'Annie.

Les trois garçons se retournèrent et verrouillèrent leurs regards sur leur professeur, qui se tenait à l'autre extrémité du banc, à côté de Bertholt, silencieuse, durant tout ce temps. Ils en avaient presque oublié sa présence !

-C'est vrai ?! Juste après, là ?! s'extasia Eren.

-Bertholt m'a dit que tu avais bien travaillé. » se justifia Annie en lançant un bref coup d'œil approbateur à son partenaire.

Eren s'était levé du banc pour mieux voir les trois autres. Bertholt était rouge et se frottait l'arrière de la tête alors que Reiner lui assénait un petit coup de coude complice. Et Annie se tenait droite, calme. Au bout de quelques secondes, son regard croisa celui d'Eren et, pour la première fois, il y vit du feu.

-Ne me déçois pas.

-Compte sur moi ! » jubila-t-il.

J-16

() …

Le tag #Sorry for Levi Stans est là pour une raison… (Sauf si ce que vous préférez chez lui c'est son éloquence)

Annie and the boys : Bertholt second, Reiner casseur et Eren mascotte.