Le lendemain, Duo n'y coupa pas. Il passa 3 heures dans la chambre de Heero à parler de la fameuse base cachée, et Duo du infiltrer des sites et voler des mots de passe de boîtes email, tout ça par l'ordinateur portable de Heero. Quand celui-ci se déclara satisfait, il rangea son ordinateur pour faire une journée comme celles du début des vacances. Il fit comme si de rien n'était. Par curiosité, il avait quand même reposé la question à Duo. Le moindre petit détail, quoi que le sujet soit, inspirait Heero et le poussait à savoir jusqu'au bout, sauf quand il s'agissait de son partenaire.
« -J'ai envie de laisser ma lumière allumée, elle ne me dérange plus. C'est mon problème, on va pas s'étaler la dessus.
-Pourquoi as-tu subitement décidé ça ? Je me rappelle que quand, en mission, on devait dormir dans la même chambre, il fallait que je mette un papier au dessus de mon ordinateur pour ne pas que tu vois le petit voyant allumé.
-Mais qu'est ce que ça peut bien te faire ? J'ai changé, c'est tout. Je ne t'embêterai plus avec tes voyants d'ordi. T'es pas un policier et tu vas pas m'arrêter pour ça quand même. »
Heero n'était pas heureux de la réponse, mais il lâcha l'affaire. Il savait que l'américain était têtu.
Heero nota un autre chose. Depuis la veille, Quatre était beaucoup moins souriant. Personne ne sut pourquoi. Il réussi à coincer Trowa dans un coin.
« Qu'est ce qui se passe ?
-De quoi tu parles ?
-Il a quoi, Quatre ?
-Je ne sais pas. Ca m'inquiète aussi.
Heero se retient de dire « ce n'est pas Quatre qui m'inquiète, mais ce qui se trame »
-Trowa, si tu savais quelque chose, tu me le dirais, n'est ce pas.
-Bien sur. Tu sais que tu peux compter sur moi.
-Je sais qu'il y a quelque chose qui se passe.
Trowa poussa un soupir et passa sa main sur sa figure.
-Je l'ai senti moi aussi. WuFei aussi. Tout le monde sait qu'il y a quelque chose, mais personne ne sait quoi.
-Je ne suis pas sur.
-Quatre et Duo sont très proches.
Nouveau soupir, plus silencieux, de Trowa
-Ils savent, eux.
-Si ça se trouve, fit Trowa d'un air presque mélancolique, ce n'est pas ce qu'on pense.
-Qu'est ce que tu veux dire par là ?
-Ca ne concerne peut être pas la guerre.
Heero réfléchit à cette nouvelle thèse.
-Alors pourquoi ça fait tant de dégâts sur l'ambiance ?
Trowa ne le regardait plus. Il regardait ailleurs. Il pensait à Quatre.
-'Pas la moindre idée.
Puis il ajouta
-Si jamais Quatre a des problèmes, j'espère pouvoir l'aider de toutes mes forces, et le soutenir. ».
Heero, perdu, s'en alla.
Le soir venu, tard, Duo était au bord de la piscine, pensif. Il avait remonté son pantalon jusqu'aux genoux, laissant apparaître ses mollets bien sculptés. Il les laissait dans l'eau. Tout le monde était parti dans leur chambre. Heero vint le rejoindre et s'assit à coté de lui, regardant l'eau bleu clair de la piscine, tout comme lui.
« -C'est encore cette histoire de lumière qui te tracasse ? fit l'américain, un léger sourire aux lèvres, absorbé par les ondes que provoquaient ses jambes dans l'eau.
-Non… plus trop.
-Alors ? Qu'est ce qu'il y a ?
-Rien. Je viens juste te voir, c'est tout.
Pour Duo, il ne pouvait pas attendre mieux du japonais. Ce fut un court instant de bonheur pour lui. Les jeunes hommes restèrent 10 minutes côtes à côtes à regarder les ondulations sur la surface de la piscine éclairée. Duo rompit le silence, un peu à contre cœur, mais il n'avait pas l'habitude de ne rien dire ni faire avec quelqu'un.
-Sinon, ça va ? Tu décompresses ?
-Bizarrement, oui.
-Pourquoi tu dis bizarrement ? fit Duo amusé
-Parce que je ne connaissais pas tout ça. De nom, oui, mais je n'ai jamais fait d'autre de ma vie que d'apprendre à me battre.
Duo resta pensif, et décolla son regard de l'eau pour scruter les dunes de sables très peu visibles, à l'horizon.
-Je te trouve bien bizarre aussi. Tu viens de toi-même me voir, tu dis rien, tu dis juste que c'est pour être là, et après tu me dis tout ça. Je ne t'ai jamais connu aussi… normal.
-Normal ?
-Oui, tu n'ouvres la bouche que pour parler mission, gundam, mission, base, gundam, conflit, je vais tuer Relena,…
Il émit un petit rire.
-Tu trouves ça normal ?
-Oui… selon mon point de vue, car il n'y a pas plus important que ça.
-Voila, tu recommences. Tu n'es pas normal, tu es obsédé par ce que tu dois faire. C'est inhumain. Tu ne t'en rends pas compte ?
-Je ne sais pas.
-Même là ? Tout de suite, où j'ai l'impression de parler à mon meilleur ami qui n'est pas un robot ?
Heero esquissa un petit sourire. Duo le remarqua et lui afficha toute sa bonne humeur. Il fit mine de le balancer en avant à l'eau mais garda son bras sur ses épaules pour l'immobiliser et le chatouiller, sachant que c'était son point faible. Heero ne se laissa pas faire, et prit dans le jeu, essaya de capturer les poignets de Duo pour qu'il n'atteigne pas ses côtes. En se débattant, ils tombèrent tous les 2 à l'eau. Ils en ressortirent morts de rire et en ayant bu la tasse. Il y avait des serviettes de bain laissé autour de la piscine. Ils s'en servirent et ils allèrent dans la chambre de Duo pour se sécher vraiment et se changer. Dans celle de Heero, il y avait trop de fils électriques, trop de feuilles et dossiers éparpillés. Même si c'était les vacances, Heero ne se résolvait pas à laisser plus d'une demie journée ses affaires.
Le regard de Duo se posa une nouvelle fois sur Heero. Il détaillait tous les muscles de son corps, des épaules jusqu'aux jambes. Le japonais était vraiment un athlète hors pair, sans pour autant être trop gonflé de muscles. Il restait fin. Heero, qui n'avait pas l'habitude qu'on le fixe comme ça, se rhabilla rapidement.
« Pourquoi tu me regarde comme ça ?
Duo, tiré de son matage, afficha une expression légèrement triste, mais toujours souriante.
-Parce que tu es beau.
Il fronça les sourcils. Décidément ça ne se passait pas comme d'habitude. Déconcentré, Heero ne savait pas quoi dire.
-Je te demande pardon ?
Duo ne se sentait même pas mal à l'aise.
-J'aime te regarder.
Heero s'apprêta à partir, désorienté par la remarque de son meilleur ami, et Duo le senti. Il avait été trop franc. Sur le coup il se senti un peu honteux, puis il décida de ne pas laisser partir Heero tant que la discussion n'aurait pas aboutie à un « arrangement ».
-Heero. Je dois te dire quelque chose. Quelque chose que personne d'autre ne sait encore.
A présent, Heero ne savait plus qu'il avait envie de partir ou pas. Il redoutait ce qu'il allait lui dire. Son regard sévère cachant son sentiment d'anxiété.
-De quel genre ?
Puis leurs yeux se croisèrent. Il étaient à deux mètres l'un de l'autre. Duo prit une faible inspiration.
-Je suis en train de devenir aveugle.
