Coucou la compagnie ! :D
ENFIN me revoilà ! Je peux vous dire que j'ai galérééééééé pour ce chapitre ! Syndrome de la page blanche, insatisfaction et j'en passe ! Wow enfin mon chapitre est plus ou moins potable XD Et pas mal long désolé X) Et puis avec Gangster il fallait pas que je mélange les caractères parce que l'ambiance n'est pas du tout la même X)
Petite précision ! "Lass" est une expression écossaise pour dire "jeune fille"
Je rappelle que les personnages ne m'appartiennent pas sauf Cocotte !
Un grand merci à mes reviewers et suiveurs !
Réponses aux reviews :
D4rk Lili : Coucou ! :D Tu ne peux pas savoir à quel point tes reviews me font plaisir ! Je suis contente que ma version de Levi te plaise ! Au début c'était vraiment dur de se mettre à sa place et de savoir comment il pensait vu que c'est généralement un personnage mystérieux et renfermé mais je suis assez fière d'avoir réussi à lui trouver une couleur et une personnalité propre ^^ Oui Eren est un peu con sur les bords parfois XD Pour Cocotte et tout ces mystères on s'en rapproche dangereusement maintenant :) Les chapitres dessus ne devraient plus trop tarder ^^ En tout cas contente que ça te plaise ! Je te laisse découvrir ce chapitre !
Colieco : Coucou ! ^^ Je suis trop contente que ça te plaise ! :D Et oui pour la scène de shopping et tout je me suis bien amusée à imaginer la scène aussi XD Pour ce qui est du bal je te laisse le découvrir ci dessous :P En tout cas tes reviews me font hyper plaisir ! Merci beaucoup !
Ohoh : Coucou XD Merci beaucoup pour ta review elle me fait toujours autant rire ! Du coup je te laisse découvrir la suite :P
Fanakeh : Coucou ! :D C'est dur pour moi de me retenir de répondre à tes questions XD mais je me dois de laisser planer le mystère :P Mmmh pour le centre d'achat je dirais qu'ils ont surtout acheté les vêtements de l'Angelot ainsi que les caleçons pour Eld X) Pour ce qui est du bal je te laisse découvrir ce chapitre :P En tout cas merci beaucoup pour tes reviews elles me font trop plaisir !
Isaya : Coucou ! ^^ Je suis trop contente que ma fic te plaise :P Merci beaucoup pour tes reviews ^^
Pouuf : Coucou ! :) Oui il y a du rapprochement maintenant XD Pour ce qui est du bal je te laisse découvrir avec le chapitre ci-dessous ! Merci beaucoup pour ta review ! ^^
CHAPITRE 15 :
Le château d'Eilean Donan donnait l'impression d'évoluer dans l'une de ces vieilles histoires de fantômes écossais. Dans son écrin de brouillard, il surplombait la minuscule île de Donan, près des côtes des Highlands. Le loch Duich entourait l'île de ses flots sombres et un pont à arches de pierre la reliait à la rive. Cette situation quasi imprenable en avait fait une position défensive stratégique sur laquelle les Vikings eux mêmes s'étaient fracassés. Sir Mike avait discrètement racheté l'île au début du 20e siècle, utilisant un homme de paille, John MacRae, pour conclure l'opération. Il s'était ensuite lancé dans la reconstruction de la forteresse telle qu'elle existait à ses débuts, avec ses tours et son donjon.
A l'intérieur, les lustres brillaient de mille feux, baignant d'une lumière dorée la salle de banquet. La demeure se prêtait à merveille à ce type d'événement. Les invités évoluaient avec grâce dans l'espace dégagé pour l'occasion. Seuls les plus illustres membres de la Noblesse Vampirique et leur entourage avaient été conviés. Un observateur aurait pu songer qu'il avait mystérieusement remonté le temps. Mais ce rendez-vous annuel n'avait aucunement vocation à amuser les foules. Il y était question de luttes de pouvoir. C'est derrière les sourires de façade que se nouaient les alliances.
PDV Livaï :
Bon sang...
Qu'est ce que je foutais là ? Qu'est ce qui avait bien pu me traverser l'esprit ? Le voyage en jet avait été pénible au possible. Me retrouver coincé entre Hanji et Eld m'avait mis les nerfs en pelote. La première avait passé son temps à râler et le second à trépigner d'impatience. Lors du débarquement, j'avais exigé une obéissance sans faille. Il s'agissait d'éviter les faux pas. La troupe était décidée à me faire honneur.
La limousine avec chauffeur envoyée à notre intention nous avait déposés et nous étions en ce moment même en train de marcher tranquillement sur ce pont si caractéristique du château de Sir Mike. Je jetai un coup d'œil à ma troupe. Ils portaient pour l'occasion des tenues plus qu'improbables mais très authentiques. Eld et Gunther avaient revêtus leur tenues de vikings comme un étendard, un brin revanchards. Les Vikings avaient par le passé échoué à conquérir ce territoire et mes deux compères en avaient gardé une certaine rancune. C'était pour ainsi dire une petite victoire personnelle pour eux. Gunther avait ressorti son casque à cornes fétiche pour cette grande occasion. Hanji portait une magnifique robe égyptienne blanche ornée de lourds bijoux en or. Elle portait un masque fin doré qui lui couvrait le haut du visage. Ses cheveux, habilement ramenés vers l'arrière par un ornement en forme de serpent serti d'émeraudes, lui donnait une allure folle. Je n'aurais jamais imaginé un jour avoir cette pensée mais je ne pouvais nier qu'en cet instant elle était époustouflante. Pétra avait opté pour une tenue plus traditionnelle mais tout aussi remarquable. Elle portait un superbe yukata en soie qu'elle avait modernisé à son goût. Son haut noir, décoré de petites arabesques dorées fluides et légères, tranchait sur le bas d'un rouge pâle qui lui arrivait à mi-cuisse et descendait jusqu'à ses chevilles à l'arrière. Le tout était cintré par une ceinture en soie dorée. Elle avait également attaché ses cheveux avec beaucoup de grâce en un chignon vaporeux. En somme mes vampires n'étaient nullement déguisés ce soir, ils se montraient fièrement tels qu'ils avaient été il y a fort longtemps.
Mon regard fut attiré bien malgré moi sur ma gauche. L'Ange souriait à pleines dents face au paysage qui s'étendait devant nous, le regard brillant. Il était magnifique. Et je ne parlais pas du paysage. Choisir sa tenue avait été plus difficile. Je soupirai au souvenir des proposions ridicules de ma troupe. Finalement c'est lui qui avait tranché. Monsieur était fan de Pirates des Caraïbes. Sur le coup, trouvant cette idée plutôt banale, je m'étais bien moqué quand il avait clamé haut et fort qu'il voulait une tenue de pirate. J'en avais côtoyé, des pirates, rien à voir avec le mythe du beau gosse sexy... Des soûlards puants, si vous voulez mon avis. Jamais pu les piffer. L'Angelot avait essayé avec fierté des habits que Gunther avait conservé dans sa collection invraisemblable de fringues. Je m'étais avoué vaincu face au sourire radieux qu'il avait ensuite arboré. Et à présent, tel que je le voyais là... je ne trouvais définitivement plus rien à y redire. Franchement je ramollissais.
Sa beauté lumineuse était sublimée par un manteau bordeaux à épaulettes posé sur une chemise à jabot immaculée. Son pantalon noir moulait ses longues jambes musclées, ce qui me laissa plutôt appréciateur. Il portait des bottes en cuir souple et un tricorne orné de grandes plumes noires. Il avait même poussé le soucis du détail à ajouter un bandeau noir sur son œil gauche. A présent il me fixait de son unique œil à la prunelle émeraude, tout en haussant le sourcil d'un air moqueur. Pris en flag en train de le reluquer !
Tch. Je me détournai d'un air dédaigneux et poursuivit mon chemin suivi de ma troupe presque au complet. Cocotte avait été assignée dans le jet. Hors de question qu'elle vienne foutre le bordel.
Nous marchions à présent parmi d'autres invités qui s'écartèrent à ma vue. J'avais une allure de dingue. A la fois séducteur et dominant. Je n'avais certes pas été très original pour le coup. J'avais privilégié l'efficacité en portant mon choix sur l'une de mes anciennes tenues de combat : un pantalon confortable gris anthracite qui épousait parfaitement les formes de mon corps, une veste de la même couleur sur une chemise blanche et une cravate rouge sang. De souples bottes de cuir noir m'arrivaient aux genoux. Des chaînes d'or fixées sur ma veste entravaient mon torse. Une casquette militaire siglée de deux ailes dorées et un long manteau noir aux boutons en or finement ciselé complétaient le tout.
Sachant que personne ne serait autorisé à pénétrer dans les lieux avec une arme, je n'avais pas pris le risque d'emporter mon attirail. Peu importe. « Je suis moi même une arme » pensai-je avec un sourire mauvais.
Nous étions à présent devant la grande entrée du château. Plusieurs vampires y étaient attroupés, attendant de pouvoir entrer. Des majordomes étaient chargés de vérifier les invitations et d'annoncer les invités. A peine pus-je dire un mot qu'un colosse blond vêtu d'un kilt se rua sur nous.
« LIVAI ! Quel plaisir ! » clama-t-il en s'approchant de moi. Il me fit une poignée de main ferme, ce que je lui accordai avec flegme en lâchant un petit « Mike ». Puis l'écossais se tourna ravi vers Hanji.
« La voilà enfin ! Beauté de mes nuits ! Je me languissais ! Lass ! Vous êtes époustouflante ! Ouh, cette tenue vous sied à merveille ! » dit-il en la lorgnant d'un œil concupiscent.
« Livaï... » se plaignit Hanji en roulant des yeux.
J'ignorai son appel à l'aide avec un sourire en coin.
« Bas les pattes, sale pervers ! » glapit-elle.
Mike ne répliqua pas, ce qui était fort étonnant. Mais je compris lorsque je le vis lorgner sur mon petit pirate. Mon ? Vous avez sans doute mal lu.
« Alors c'est donc vrai. Voici le fameux Ange Blanc. Une odeur fort attrayante en vérité... » dit-il en se léchant les lèvres. Il se pencha avidement vers mon protégé.
L'Angelot écarquilla l'œil face à l'énergumène qui essayait carrément de le sniffer. Je me déplaçai à une vitesse ahurissante pour m'interposer et repoussai fermement l'hôte de la soirée avec un regard d'avertissement. Je savais très bien que Mike en faisait des caisses comme à son habitude. Il n'était pas une menace. Mais il fallait que je mette un terme immédiatement à ses petits jeux. Je n'avais aucunement envie qu'il tripote notre Jack Sparrow du dimanche. Alors j'imposai les limites.
Je grognai quand il fit un pas en avant.
« Oh Oh ! Chasse gardée, hein ? » me fit-il avec un clin d'œil.
Il ne se formalisa pas de mon attitude et se mit à rire de bon cœur en levant les mains en l'air.
« Aah je ne toucherai pas ton petit bijou. Sois tranquille. Prends garde cependant. Tous ne seront peut être pas aussi bien disposés que moi. Tu as du cran de te ramener après tant d'années accompagné d'un représentant de cette race honnie... même s'il est chou comme tout ! » ajouta-t-il avec un petit sourire.
« Livaï ! Tu es toujours aussi surprenant ! Je sens qu'on va bien s'amuser ce soir ! » se réjouit-il.
Je le fixai d'un regard morne. Cette soirée m'épuisait déjà. Mais il fallait bien mettre les choses au clair à un moment ou l'autre avec mes pairs. Notre tranquillité future en dépendait. Mike me fit signe de m'avancer vers les majordomes qui nous invitèrent à entrer.
« Euh, messieurs, puis-je prendre soins de vos couvre-chef ? » demanda l'un d'entre eux, taillé comme un cure-dent, en tendant la main vers le casque de Gunther.
« Pas touche ! » grogna celui-ci en montrant les dents.
Le gringalet recula précipitamment puis nous invita à le suivre, jetant de temps à autre un regard méfiant vers le Viking.
Nous pénétrâmes dans la bâtisse avec un regard admiratif sur les lieux. Mike avait fait du bon boulot, enfin à peu près... je ne trouvais pas folichon les traces de poussière sur les lustres. Eld et Gunther étaient excités comme des puces, les bras levés en signe de victoire et le visage mangé par d'immenses sourires.
« Enfin on y entre dans ce putain de château ! » s'écria Gunther en tapant dans la main de son acolyte.
Je leur jetai un regard noir.
« Hey c'est toi qui a voulu venir ici je te rappelle ! » protesta Eld.
Tch. Pas besoin de me le rappeler.
« LE TRES HAUT NOBLE LIVAI-SAMA ET SES INVITES ! » annonça pompeusement le majordome qui nous précédait. On repassera pour la discrétion.
Le lieu avait beau être grand, la salle de réception était bondée ! Trop de monde en un même endroit à mon goût. Les conversations cessèrent et tous les regards convergèrent vers nous dans un silence tendu. Des regards envieux, furieux ou curieux étaient posés sur nous et plus particulièrement sur l'Ange. Je constatai que certains des plus anciens membres de notre communauté étaient même franchement émoustillés en le matant sans aucune retenue. Ce n'était pas ce à quoi je m'attendais nom de Dieu ! Vous ne perdez rien pour attendre bande de vieux croûtons !
Je me retins difficilement de ne pas éclater deux trois têtes contre les murs pour me frayer un chemin et j'arpentai nerveusement la salle afin d'atteindre un endroit un peu plus à l'écart d'où je pourrais tout contrôler. Les invités finirent par détourner leur attention de nous. La troupe me suivit comme elle put, affichant un air féroce afin de dissuader toute manœuvre inamicale. Je vis sur mon passage quelques vampires me couler un regard appréciateur mais je les dissuadai vite fait d'un regard réfrigérant. Une fois arrivé à l'endroit voulu je me tournai vers mon escadron pour donner mes directives.
« Bon. Quartier libre. Amusez-vous, observez les lieux, détectez les menaces. A part toi Angel, pour commencer tu restes avec moi. Si tu tiens à la vie... ou à ta vertu » ajoutai-je, laconique, en remarquant une Marie-Antoinette poudrée comme un pudding qui lorgnait sur lui.
Il me fixa sans moufter d'un œil déterminé. Bien.
« Il faut qu'on voit l'Angelot en ma compagnie le maximum possible. Tous doivent comprendre qu'il est sous ma protection. J'attends de vous une attitude ferme à ce sujet. Faites leur comprendre à tous ces rapaces qu'il est à présent un membre de la troupe, que ça leur plaise ou non. Qui s'y frotte s'y pique ! Si qui que ce soit essaye de me défier et de s'en prendre à notre ami, la riposte sera sans merci. C'est clair ?»
Ils étaient tous mortellement sérieux et acquiescèrent à chacune de mes paroles. Je constatai en cet instant à quel point tous étaient attachés à notre compagnon à plumes. Aucun ne tolérerait que du mal lui soit fait.
« Car tu es l'un d'entre nous» murmurai-je.
Comme convenu chacun partit observer les alentours de son côté. J'en profitai pour aller saluer les membres les plus influents du Conseil. L'Ange me suivait comme mon ombre. Sa présence eu divers effets. Certains l'ignorèrent complètement, d'autres le fixèrent avec curiosité, la plupart avec haine. J'affichai une assurance et une détermination sans faille et petit à petit imposai mon compagnon. Aucun de mes interlocuteurs n'osa remettre en cause mes choix. Pas fous. Ma réputation m'avait mâché le travail. Mais il fallait que ce soit clair pour chacun des convives ici présents. A 2000%.
Au fur et à mesure je sentis que l'Ange perdait de sa concentration. Il répondait distraitement aux rares questions qu'on daignait lui poser. Il ne se sentait définitivement pas à sa place et jetait des regards inquiets autour de lui pour voir si les autres allaient bien. Je devinai qu'il était parfaitement conscient de l'animosité ambiante. Et lorsqu'un Louis XIV prétentieux le traita comme une vermine en lui rappelant les ravages causées par les Légions d'Anges parmi les Vampires, je le vis crisper les poings à s'en faire craquer les phalanges. Je comprenais plus que tout que ne se souvenir de rien le torturait quotidiennement. Voyant qu'il peinait grandement à garder son calme, je l'éloignai de l'indélicat. Sur une impulsion subite, je lui saisissais doucement le bras. Je fis glisser ma main jusque dans la sienne, lui desserrant le poing et entrelaçant nos doigts. Il me regarda sans rien dire, figé par l'intimité de ce geste. Je m'approchai pour lui chuchoter à l'oreille :
« Ne me demande pas pourquoi, je ne sais pas moi même. Mais profites-en pour te calmer. Il ne t'arrivera rien tant que je serai à tes côtés. N'hésite pas à répondre à ces enfoirés s'ils te font vraiment chier. Ne te retiens pas pour moi. J'ai du répondant » ajoutai-je avec un sourire sardonique.
Il me fixait sans dire un mot. Il semblait perdu. Je me sentais également chamboulé par ce contact mais je pris le parti de mettre mes états d'âme de côté. Nous n'avions pas le temps pour ça. L'heure était grave. Nous devions faire front et ne laisser apparaître aucune faille.
Après un temps d'hésitation, il serra doucement ma main et me fit un signe de tête pour me signifier qu'il avait compris.
« Bien » soufflai-je avant de me redresser. « Continuons. »
L'heure qui suivit me sembla interminable. Ces vieux vampires décrépis fissuraient ma tolérance à chaque seconde qui passait. Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, la douce chaleur qui réchauffait ma main me faisait un bien fou et me calmait (car oui je n'avais toujours pas lâché sa main depuis le temps). Je me sentais apaisé et mon irritation grandissante s'en trouvait considérablement réduite.
Je m'apprêtai à rejoindre les autres lorsque Kitts Verman fit son entrée.
« Manquait plus que lui », soupirai-je avec ironie.
Après moultes courbettes à droite et à gauche, le Noble déguisé en Jules César s'approcha de l'endroit où nous nous tenions. Aucune classe, il ressemblait plus à un crapaud qu'à un empereur romain. Il nous remarqua enfin et s'approcha en fronçant les sourcils.
« Livaï ! » cria-t-il en fixant d'un air contrarié l'Ange à mes côtés.
« N'oublie pas à qui tu t'adresses Verman » lui soufflai-je froidement en faisant éclater une petite vague de puissance autour de moi. Mieux valait disposer les cartes dès le début.
Nos voisins s'écartèrent précipitamment, certains en trébuchant et en laissant tomber leurs masques, tandis que Verman faillit mettre genou à terre. Tch. Nul. L'Angelot avait plutôt bien encaissé le truc, étonnant. N'oubliant pas le nouvel arrivant je lui jetai un regard hautain. Il serra les poings avant de s'incliner devant moi.
« Livaï-sama » répondit-il d'un ton faussement assuré. Je voyais clairement ses mains trembler. Que de la gueule. J'affichai un petit sourire hautain puis j'attendis patiemment qu'il daigne me dire ce qu'il attendait de moi. Il hésita puis finit par se lancer :
« Nous devons régler cette histoire auprès de l'instance vampirique dès que possible. Pardonnez-moi d'insister mais nous ne pouvons tolérer qu'un Ange côtoie nos Nobles. Sa présence a engendré tellement de désastres. Rendez-vous compte, il a réduit à néant nos traités avec le clan de Farlan. Nous avons perdu de précieux alliés par sa faute. Cela ne peut durer. Nous devons trouver une solution.»
A la réflexion il était le seul à avoir franchement énoncé sa pensée jusqu'à présent. Je devais au moins lui reconnaître ce mérite. J'allais faire un effort pour rester aimable.
« Kitts. C'est mon problème pas le vôtre. Quels désastres ? Nous avoir débarrassé de cet enfoiré d'Erwin ? Avoir mis à jour la duplicité et la traîtrise de Pixis ? Avoir épargné aux loups un Alpha indigne ? Est-ce que j'oublie quelque chose ? » énonçai-je ironiquement.
« Euh... dit comme ça, effectivement... oui... eh bien... c'est UN ANGE tout de même ! »
« Mmmh, bien observé » me moquai-je. « Je ne me répéterai pas Kitts. Laissez-nous tranquille. Je fais ce qui me chante, je n'ai de compte à rendre à PERSONNE. Aucun mal n'a été fait à notre initiative. Garde en laisse les chiens du Conseil et tout ira bien. Et si vous avez toujours un problème avec mes choix ou mes idées, venez donc... à vos risques et périls » grognai-je d'un air féroce. Mon aura se déploya avec un peu plus de force, histoire de bien l'imprégner de la menace qu'il affronterait s'il persistait.
Je serrai inconsciemment la main chaude qui était toujours dans la mienne. L'Ange tressaillit sous les vagues de puissance qui déferlaient autour de moi. Des cris de douleur retentirent et je me rendis compte que l'assemblée entière avait ressenti plus ou moins les effets de mon coup d'éclat. A présent ils le savaient tous, si quelqu'un venait à trop m'énerver je n'hésiterai pas à le fracasser, peu importe le lieu où je me trouverai.
Kitts, qui était tombé à genoux, ouvrit la bouche mais se figea en croisant mon regard rougeoyant. Il devina aisément que s'il continuait, ce serait franchir une limite et qu'il allait prendre cher. Se ravisant, il courba la tête, se releva, et repartit dans le sens inverse. Le regard que je jetai alentours suffit à convaincre l'assemblée de se mêler de leurs affaires.
Je soupirai. Ils s'entêtaient tous à me faire chier pour au final se courber devant moi. Autant me laisser tranquille dès le départ bon sang ! Même si j'étais loin d'avoir réussi à réconcilier les Vampires et les Anges, ce dont je me tamponnais d'ailleurs, j'étais convaincu que personne ne viendrait nous chercher des poux dans la tête dorénavant.
Il était temps de rejoindre les autres. Je les retrouvai au buffet que Mike avait pris soin de faire garnir de mets divers ainsi que de grandes cruches de sang frais. Je devinai à l'odeur qu'il s'agissait de sang humain. Connaissant Mike, il avait du faire appel à des donneurs volontaires. Ce n'était pas un sanguinaire. Vous ai-je dit que Mike était un ancien prêtre ? S'il était tant attaché à son île, c'est qu'il y avait une bonne raison à cela : c'est lui qui avait évangélisé la population celte qui vivait ici. Il y avait vécu en ermite avant d'y « mourir » quelques dizaines d'années plus tard. Bref, j'avais fait la connaissance de Mike alors qu'il était encore un humain. Je n'étais pour rien dans sa transformation. Et oui, je connaissais son nom de naissance. Une arme puissante que je m'étais toujours refusé à utiliser. J'avais gardé le secret, ce dont il m'était extrêmement reconnaissant.
« Livaïïïï ! Mike n'arrête pas de me coller au train ! Je fais quoi ?! Je te jure que je fais de mon mieux mais ça devient duuuuuuuur ! » se plaignit Hanji.
« Il est venu se frotter contre mes fesses tout à l'heure mais j'ai crié au pervers et il a lâché l'affaire en sifflotant » ajouta Pétra, pas plus perturbée que ça. Elle avait compris et ne prenait pas du tout au sérieux notre hôte qui était doté d'un humour très particulier.
Je remarquai que Gunther avait la bouche pleine de petits fours tandis qu'Eld sifflait tous les verres de Champagne qui passaient à sa portée. On repassera pour la classe mais j'étais fier d'eux. Aucun n'avait craqué sur le sang humain. Cela démontrait la maîtrise qu'ils avaient acquis ensemble au cours des années qui venaient de s'écouler.
Je vis Gunther soudainement hausser les sourcils en fixant ma main. Gêné je relâchai précipitamment la main de l'Ange que je serrais toujours.
« Pour pas le perdre dans la foule » me justifiai-je d'un ton neutre, le défiant du regard de continuer sur ce sujet. Il haussa les épaules avant de reporter son attention sur un plateau de toasts qui venait de lui passer devant le nez. Il avait retiré son casque et s'en servait comme d'un gigantesque pichet à bière.
« Aaah vous voilà Lass ! Où étiez-vous donc, soleil de mes jours ? Ces quelques instants sans vous m'ont paru une éternité ! »
Le bouche en cœur et les yeux papillonnants, Mike tournait autour d'une Hanji qui bouillonnait de fureur. Il se trémoussait sur le rythme de la musique ambiante. Le kilt ne le mettait définitivement pas en valeur.
« Est-ce qu'il n'a vraiment rien en dessous ? » articula silencieusement Pétra à mon attention.
Je hochai la tête d'un air fataliste.
« C'est un écossais pure souche. »
Elle grimaça en regarda Hanji avec pitié. Cette dernière, excédée, était au bout de sa vie. Dans un sens c'était assez drôle de voir que pour une fois c'était elle la victime.
« M'accorderez-vous la première danse du bal ma beauté ? »
« Permettez Sire Machin, faut que j'aille faire caca » marmonna l'objet de sa dévotion.
« Aye ! Certes ! Je vais donc vous laisser à vos... petites affaires... et... euh...aller voir là-bas si on a besoin de moi ! »
« C'est ça, on en reparle dans 2 ou 3 heures ! »
Décontenancé, il détala à la recherche d'une autre proie.
« Calmé direct le Don Juan ! » rigola Eld.
« Mouais, je parie le prochain ménage qu'il va revenir me casser les pieds. Il me vient des idées toutes plus intéressantes les unes que les autres. J'ai trop envie de le découper en morceaux celui-là, et de le donner à bouffer aux crocodiles. Ou alors je pourrais lui épiler les jambes à vif. Ça serait pas du luxe, hein. Oh ! Plus j'y pense plus ces idées me paraissent géniales ! Mike pourrait faire un bon sujet d'expérience tout compte fait ! »
« Y a pas de crocos ici Hanji » répondit Eld.
« Gâche pas mes rêves. »
« Il ne peut pas résister, tu es canon ce soir » la complimenta Gunther.
« C'est vrai, tu es envoûtante » intervint l'Ange. Je coulais un regard morne à l'Angelot. Tch.
« Eeeeeh ooooh, ça va, hein ? Lâchez-moi ! On passe à autre chose, OK ? » protesta-t-elle toute gênée, les joues rosies.
Cet intermède avait au moins eu le mérite de sortir l'Ange de sa morosité. La troupe avait cet effet. Il rigolait maintenant de bon cœur et cela m'apporta une certaine satisfaction.
Soudain les premières mesures d'une valse retentirent, donnant le signal. La foule s'écarta, laissant un espace suffisant pour évoluer sur le parquet. Des couples se formèrent immédiatement et se mirent à tournoyer. Un cri retentit :
« Lass ! J'arrive mon amour ! »
Hanji sursauta et, en panique, se jeta sur Eld pour l'entraîner de force sur la piste. Ils disparurent vite fait parmi les danseurs.
Gunther haussa les épaules et tendit la main à Pétra :
« Mademoiselle ! »
« Avec plaisir mon cher ! Vous voudrez bien poser votre chapeau cornu avant ! Il ne faudrait pas blesser l'un des invités ! »
Ils s'éloignèrent à leur tour en riant.
Je vis du coin de l'œil l'Ange se tourner vers moi avec espoir, l'œil brillant.
« Même pas en rêve » grommelai-je. « On va prendre l'air. Suis-moi, »
Je me dirigeai vers l'escalier majestueux qui menait aux appartements de Mike. Je connaissais les lieux et je savais que Mike ne me tiendrait pas rigueur d'aller me balader dans ses quartiers. J'avais besoin de m'éloigner un peu de tout ce cirque. Nous traversâmes un couloir avant de nous retrouver sur un large balcon. Je contemplai la vue magnifique qui nous faisait face. La lune était pleine et nous éclairait de son éclat argenté.
Enfin un peu de calme.
J'entendis l'Ange soupirer à mes côtés, subjugué par le paysage nocturne. Tournant mon regard vers lui je me permis de le contempler minutieusement, détaillant chaque parcelle de sa peau. Puis je le vis se mordre les lèvres.
« Quelque chose ne va pas ? » me demanda-t-il.
Je pris conscience à cet instant à quel point il me chamboulait. Littéralement. Mon monde avait commencé à changer, je ne pouvais rien y faire. L'être céleste qui me faisait face me faisait repousser mes limites à chaque instant. J'observai encore un temps son visage harmonieux dans un silence nocturne. Mes pensées s'embrouillèrent. Je levai la main lentement vers son visage afin de lui enlever son tricorne et son cache œil. Il ne bougea pas d'un pouce et je pus alors plonger de tout mon soûl dans ces deux billes émeraudes qui me faisait tant d'effet. Je l'observai ainsi, sans dire un mot, durant de longues minutes. A aucun moment il ne détourna le regard. Seul ses battements de cœur effrénés venaient perturber ce silence. Après un temps je me décidai enfin à prendre la parole.
« Des tas de choses... Des tas de choses ne vont pas avec moi... depuis que tu es là » lui soufflai-je, énigmatique.
Il voulut protester mais je coupai court à son élan en me rapprochant de lui. Je posai doucement ma main droite sur sa poitrine afin de ressentir les battements de son cœur. Plongeant mes yeux dans les siens je murmurai d'une voix calme : « Je suis fatigué de cette torture mentale dont tu es la cause. »
Ses yeux s'agrandirent.
Poussé par une forte envie longtemps retenue je fis glisser ma main gauche derrière sa nuque, ma main droite toujours posée sur sa poitrine. La pointe de ses cheveux, si doux, venait caresser le bout de mes doigts. Je fus surpris par la délicatesse dont je faisais preuve, comme si je craignais de le briser d'une quelconque manière. Les précédents événements m'avaient marqué. Je l'attirai doucement vers moi et nos souffles s'entremêlèrent, nos regards toujours ancrés l'un à l'autre. Il me fixait toujours, les yeux écarquillés. Incertain, je sentis mon ventre se tordre. Qu'est ce qu'il me prenait ? Qu'est ce que j'étais en train de faire ? Ça ne me ressemblait pas. Tout ces sentiments... ce n'était pas moi. Crispant inconsciemment ma main sur sa nuque, je reculai lentement en baissant la tête. Je me mordis la lèvre jusqu'au sang et une goutte perla sur mon menton avant de s'écraser sur le sol. Je détachai mollement mes mains de son corps avant de relever la tête vers lui, essuyant le sang de mon pouce.
« Excuse moi, j'ai poussé la blague un peu loin » dis-je d'un ton vide.
J'avais encore une fois perdu le contrôle de mes émotions, sauf que cette fois j'en avais eu pleinement conscience. J'avais encore gaffé. Vu sa réaction, il ne semblait pas très réceptif. J'allais le traumatiser le plumé à force. Je vis dans son regard tout son trouble et, malgré moi, je me sentis blessé et abandonné. Lassé de tous ces tourments j'avais décidé de ne plus chercher à bloquer ou à comprendre ces sentiments qui m'assaillaient. Juste les accepter. Cela faisait très longtemps que je n'avais pas ressenti des émotions d'une telle puissance et le choc était dur à encaisser. Voyant qu'il ne répondait pas je fermai les yeux quelques secondes afin de reprendre le contrôle. En les rouvrant j'étais redevenu maître de moi même, le visage neutre et froid. Je me tournai vers la porte du balcon, les mains dans les poches.
« Viens il est temps de rejoindre les autres. »
Je sentis une main enserrer brusquement mon bras. Je me retournai vers l'Angelot en fronçant les sourcils. La tête basse, ses cheveux cachaient son visage, m'empêchant donc de voir son expression. Je ne savais pas du tout ce qu'il pouvait bien avoir dans la tête. Sur la défensive, je m'apprêtais à lui balancer une remarque acerbe lorsqu'il releva précipitamment les yeux. Ce que je vis me figea sur place. Ses yeux brillaient littéralement de désir et d'appréhension.
« Qu'est ce que... »
Je ne pus finir ma phrase. Il m'empoigna à son tour la nuque et écrasa ses lèvres contre les miennes. La violence du baiser me cloua sur place. A travers ce contact il me fit percevoir toute sa frustration accumulée et son désir refoulé. Paradoxalement je perçus dans son geste une douceur infinie. L'envie brûlante de bien faire. J'avais été totalement pris au dépourvu et il me fallut un temps pour me reconnecter à la réalité. Poussé par l'adrénaline je lui saisissais la chemise afin de le tirer davantage vers moi, collant nos corps l'un contre l'autre. Empoignant à mon tour sa nuque je le tirai toujours plus. Le collai toujours plus. L'embrassai toujours plus, jouant avec sa langue.
Je le voulais. Affreusement. Je le voulais à m'en faire mal.
Je réalisai que cette envie m'habitait depuis bien longtemps. Je ne commençais à l'accepter que depuis peu. Qui était-il ? En cet instant je n'en avais plus rien à foutre. D'où venait-il ? Rien à carrer. Qu'avait-il bien pu faire pour avoir fini dans cet état ? Je m'en contre fichait. Comment avait-il appris mon véritable prénom ? Cela restera toujours un mystère. Car la seule chose qui importait à présent était ce corps contre le mien. Ce corps que je voulais protéger et qui m'avait protégé. Ce corps qui appartenait à un être qui chamboulait tous mes principes et qui dégageait une saveur et une chaleur envoûtante. Son odeur de cannelle m'enivrait les sens, me rendant dingue.
Savourant ce contact poussé je glissai sensuellement ma main droite le long de son dos jusqu'à ses hanches, laissant des sillons de feu sur mon passage qui le firent doucement gémir contre ma bouche. Coupant court au baiser, je le fixai intensément, interrogateur. Il me tira à sa suite vers la rambarde du balcon, ses mains férocement ancrées à ma veste, et je le suivis docilement sans jamais décoller trop longtemps nos lèvres l'une de l'autre. Je ressentais cela comme un besoin vital. Il s'appuya contre la rambarde et me plaqua contre lui d'un mouvement sec. Je lâchai un grognement de plaisir face à cette proximité. Empoignant mes cheveux, il me força à couper notre échange afin de me regarder dans les yeux. Je le laissai prendre l'initiative, ne voulant aucunement le brusquer ou lui faire du mal. Ses yeux me sondèrent avec profondeur. Il semblait chercher une réponse à une question muette qui m'échappait. Mais ne perdant pas de temps là dessus j'esquissai un sourire carnassier avant de l'embrasser doucement, coupant court à ses pensées. Je fis glisser mes lèvres sensuellement jusqu'à son cou que je couvris de petits baisers. Sa peau était tellement appétissante. Il rejeta la tête en arrière, me laissant un accès total au creux de son cou. Je pense qu'il avait oublié que j'étais un vampire pour le coup. Un petit gémissement résonna non loin de mon oreille, ne me laissant pas de marbre. Je commençai à avoir sacrément chaud et la peau que je sentais sous mes doigts me brûlait littéralement.
« Hum... Livaï ? »
Je me figeai instantanément.
Merde.
Lâchant avec une frustration dissimulée mon petit pirate, je me retournai vers la nouvelle venue. L'Angelot, blanc comme un linge, était droit comme un piquet et contemplait ses bottes. On aurait dit un gamin pris en faute par sa mère. Je l'entendis même pousser des gémissements plaintifs ainsi qu'une litanie de « merde merde merde merde qu'est ce qui m'a pris... »
« Hum... désolée d'être arrivé sans prévenir... » dit Pétra, amusée. « J'étais dans le couloir et j'ai perçu l'odeur de ton sang alors je me suis demandée... mais à l'évidence tout va bien .»
Et c'est à cet instant que je pris pleinement conscience de ce qu'il venait de se passer. Oh putain. J'avais carrément dérapé. Une colère sourde commença à m'envahir. J'ignorais si c'était à cause de l'apparition de Pétra ou de mon laisser aller. Mais en jetant un coup d'œil à l'Ange je me dis que la réponse était déjà toute trouvée. Je jetai donc un regard dédaigneux à Pétra, la défiant de trouver à redire sur mes actions.
Contre toute attente elle esquissa un grand sourire bienveillant.
« Je me disais bien. Tu me semblais plus serein et ouvert. Maintenant je sais pourquoi » déclara-t-elle malicieusement. Puis, sans demander son reste, elle sortit de la pièce en nous laissant comme deux idiots.
Un lourd silence prit place dans les appartements. L'Angelot avait toujours la tête basse et semblait en plein dilemme existentiel.
« Je... Heu... Je... » tenta-t-il.
J'esquissai un sourire amusé. Puis, tirant une chaise, je m'installai confortablement et fit signe à mon compagnon de me rejoindre. L'Ange ne se fit pas prier et prit place non loin de moi mais avec une distance raisonnable. Bon. Il avait du mal à encaisser le choc. Il était totalement crispé, le regard fuyant. Pour ma part je le fixai sans sourciller. Je devinai sans peine qu'il doutait. Énormément. Quelle attitude adopter à présent ? C'était la première fois que je me souciais autant de quelqu'un et on peut dire que j'étais un peu paumé sur la démarche à suivre. Je décidai de prendre la parole.
« Tu sais tu n'es pas le seul à porter un tel fardeau. »
Sa curiosité fut piquée et il me coula un petit regard en coin.
« Pour la mémoire je veux dire » ajoutai-je.
Il ne sembla pas comprendre ce que je lui disais. Soupirant je continuai sur ma lancée.
« Tu n'ignores pas que tous les vampires ont été au préalable humains, même si cela peut remonter à fort longtemps. Et tous se rappellent de cette vie lointaine. Or moi, je n'en ai aucun souvenir. Je n'ai aucune idée de ce qu'était ma vie en tant qu'humain. Donc voilà. Tu n'es pas le seul à avoir un tel fardeau. »
Il me fixait maintenant avec attention, s'abreuvant de ces confessions inattendues. Il savait que c'était quelque chose de précieux. Quelque chose d'inestimable. Un secret.
« Je n'ai pas toujours été tel que je suis à présent. Il fut une époque où je n'étais qu'un meurtrier. Un fauve assoiffé de sang, privé de raison. Le pire fléau que la planète ait connu » ajoutai-je laconique.
« Pire que maintenant ? » s'exclama-t-il, faussement choqué.
Sa tentative pour détendre l'atmosphère me fit sourire. C'est qu'il reprenait vite du poil de la bête le petit.
« Plus que tout je ne veux pas que tu ais peur de moi. »
Nous nous fixâmes avec intensité.
« Je n'ai pas peur de toi Livaï » me souffla-t-il.
Un petit rire m'échappa. « Bien. »
Un grand fracas et des cris se firent soudain entendre au rez de chaussés, nous extirpant de ce moment intime. Nous nous levâmes d'un même mouvement pour nous précipiter en haut de l'escalier de la salle de réception. Il y régnait un chaos indescriptible. Des hommes vêtus de noir, des vampires vu leur aura, bousculaient les invités. En une fraction de secondes, je vis leurs pantalons de guerilla, leurs bottes, leur vestes bardées de poches et le masque Anonymous identique qu'ils portaient tous sous une capuche. Les intrus étaient lourdement armés. Et ils étaient nombreux, très nombreux. J'en dénombrai une quarantaine et les bruits que je percevais me laissait penser qu'il y en avait d'autres à l'extérieur. Ils avaient repoussé dans un coin de la pièce les invités qu'ils menaçaient d'armes lourdes. J'en vis même un avec un lance flamme. Quelle imagination... Mais bon il en fallait bien plus pour ne serait-ce que m'impressionner. Ces ninjas sortis d'un mauvais film d'action ne risquaient pas de me faire paniquer. Quant aux convives, les plus jeunes semblaient légèrement inquiets mais les plus vieux étaient clairement indifférents, agacés ou curieux.
Je cherchai des yeux les membres de ma troupe et ne vit qu'Hanji et Gunther. Ils me firent discrètement signe afin de m'indiquer que les autres étaient sortis du château. Bien.
Je décidai de descendre les marches afin de me trouver au plus proche de l'action. L'Ange me suivit sans aucune hésitation. Nous nous mêlèrent aux convives. J'étais moi-même curieux d'apprendre qui pouvaient bien être ces clowns. Je m'occuperai peut-être ensuite de leur apprendre les bonnes manières. Avec toute la douceur qui me caractérisait bien sûr. Après tout ces personnes n'étaient de toute évidence pas invitées. En attendant, mon compagnon et moi étions à présent près de Gunther et Hanji qui ne cachaient pas leur joie.
« Enfin un peu d'action, j'ai cru qu'on allait mourir d'ennui » bailla Gunther.
«Parle pour toi, hein » s'offusqua Hanji. « Moi j'ai passé la soirée à me planquer ! Epuisant ! »
Gunther leva les yeux au ciel.
« Pour une fois que tu as un soupirant. »
« Ouh mais je vais me le faire le Viking ! T'as vu ta tête ? C'est clair que toi on ne risque pas de te harceler ! »
« Mais moi Mâdâme, dans mon clan, j'avais trois femmes et douze enfants ! J'étais un guerrier très respecté et convoité! N'en déplaise à certaine … Et c'est pas une donzelle frigide qui va me donner des leçons ! »
« Quoi ? Moi, frigide ! Tu vas voir quand elle va te mette le feu au cul, la frigide ! »
« Fermez-la ! Où sont les autres ? » coupai-je, soûlé.
« Pétra et Eld sont partis amener à Cocotte un pot de popcorn (oui elle adore le popcorn). Ils ont raté le début du spectacle » répondit Gunther. « Vous avez vu Pétra, non ? Elle vous cherchait pour vous prévenir.»
« Mmm Mmm » acquiesçai-je innocemment. « Et où est Mike au fait ? » Je ne le voyais nulle part.
« Oh, euh, dans le loch ? Il m'a emmenée faire une promenade au bord de l'eau. Pas pu résister. Un bon kick dans le derrière. Histoire de calmer ses ardeurs ! Va lui falloir du temps pour remonter. C'était haut, hein » jubila Hanji, toute fière d'elle.
Soupirant, j'entrepris d'évaluer les forces de l'ennemi. Le sang qui maculait les couteaux des Anonymous - appelons les comme ça - était assez convaincant, de même que les 3 cadavres de vampires que j'avais dénombré à l'entrée de la salle. Ils n'étaient visiblement pas là pour faire la fête. Je reconnus, effondré au sol à la porte de la salle, le Majordome qui nous avait accueilli. Il avait la gorge tranchée. Sacré entrée.
Un des Anonymous s'avança et s'adressa à la foule d'une voix tonnante :
« Nobles ! » cracha-t-il avec ironie. « Quel grand mot. Je ne vois aucune noblesse parmi cette misérable assemblée ! Notre espèce se cache depuis trop longtemps afin de préserver ces pourceaux d'humains. Nous sommes tellement supérieurs! Notre destin est de dominer le monde ! Notre destin est de mener à l'esclavage ces insignifiants et répugnants insectes ! Vous ici présents n'êtes que des couards incapables de mener les Vampires à la place qui est la leur : au sommet de la chaîne alimentaire ! »
Et allez donc ! Encore un cinglé. Ces idées n'étaient pas nouvelles et avaient été éradiquées par le Conseil Vampirique au fil des siècles et cela ne changerait pas de sitôt. Si j'avais moi-même fait l'effort de siéger au Conseil, c'était bien parce que j'aimais l'ordre. La vocation du Conseil Vampirique était de préserver les intérêts de notre espèce. Cela voulait également dire en neutralisant les vampires qui représentaient un danger pour la paix fragile qui régnait sur ce monde. Et les guignols que j'avais en cet instant en face de moi menaçaient clairement ces règles chèrement imposées.
« Qui êtes-vous ? » clama une voix impérieuse.
Tiens, Kitts Verman, le retour. Pire que de la mauvaise herbe. Je m'installai confortablement dans un fauteuil pour suivre la suite de cette pièce qui s'annonçait divertissante. Il serait ensuite temps d'intervenir.
« Comment osez-vous vous adresser ainsi aux Nobles ici présents ? Comment osez-vous défier l'autorité du Conseil ? Présentez-vous immédiatement, vous et vos gredins ! Et ôtez- moi ces masques de D'Artagnan ! » ajouta-t-il agacé.
Le Vampire qui lui faisait face éclata de rire et s'écarta pour laisser passer un de ses compagnons, resté discret jusque là. Il portait le même masque blanc.
« Et voilà, tu sors enfin de ton trou » murmurai-je en plissant les yeux. Le véritable meneur. Et il ne payait pas de mine, le bougre. Pas fichu de marcher droit, la carrure d'une écolière, et le charisme d'une moule. Pourtant je sentais le pouvoir émaner de sa personne, ce qui m'indiquait qu'il s'agissait d'un vampire très ancien. Et je ne savais foutrement rien de lui.
Il s'approcha lentement de Kitts qui le regardait de haut. Grave erreur. L'autre brandit soudainement une larme courbe qu'il avait glissé dans un fourreau fixé dans son dos. Il la plaça sous la gorge de notre cher juge. Le reste de sa troupe se déplaça et mit en joue le reste des invités.
«Je ne reconnais pas l'autorité de ton Conseil » clama-t-il d'une voix impérieuse. « Tu parles pour tes pairs. Tu vas venir avec moi. »
Sur un signe, vingt de ses hommes se déplacèrent à la vitesse du son aux côtés d'un nombre équivalent de Nobles qu'ils menacèrent de la même manière. Je constatai que Louis XIV se trouvait parmi les heureux élus.
Le chef s'adressa à l'assemblée :
« Vous vous prosternerez bientôt devant moi, n'ayez crainte. »
Il parlait avec un léger accent, indéfini. Ces quelques paroles me confirmèrent que je ne l'avais jamais rencontré auparavant. Le monde est vaste, même pour un vampire qui a traîné ses guêtres aussi longtemps que moi.
« J'exige que le Conseil se soumette ! Je suis votre nouveau Maître. Il est temps pour l'âge d'or de notre espèce d'émerger ! Je mènerai les Vampires là où est leur place. Mais avant cela, nous allons emporter cette petite assurance pour nous assurer de votre coopération. Vous avez 24 heures pour abdiquer. Sans réaction de votre part, je ferai exécuter un Noble par heure. Et je commencerai par ce petit bavard » ricana-t-il en tirant vers lui un Kitts décomposé. « Ensuite je reviendrai et je tuerai tous ceux qui s'opposeront à moi. »
J'étouffais discrètement un bâillement. Ma troupe attendait mes ordres. Est-ce que je devais intervenir ? Je songeai plutôt à rentrer directement au Manoir et à les laisser tous se démerder. Idée séduisante.
Le chef des Anonymous décida pour moi. Après un signe de la main, en moins de 5 secondes, les intrus disparurent après avoir arrosé les murs de la salle de plusieurs rafales de tirs d'armes automatiques. Aussi vite qu'ils étaient arrivés. Leurs otages avec eux. J'entendis au loin le grondement de bateaux surpuissants. Ils avaient du approcher en mode furtif afin de ne pas se faire détecter.
Merde. J'allais devoir monter une opération de secours, non ? Ou pas.
Alors que je pesais le pour et le contre, je remarquai soudain l'attitude d'Hanji. Anormalement silencieuse, elle venait de laisser tomber son masque. Elle était totalement figée, les yeux fous et les lèvres tremblantes. Intrigué, je fis mon inspection sans détecter de blessure apparente.
« Hanji ? »
Elle tourna vers moi un regard hanté.
« Je dois y aller », croassa-t-elle.
« Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ? »
« Je dois y aller Livaï. Que tu le veuilles ou non... J'ai un monstre à tuer » souffla-t-elle alors que la haine envahissait son visage.
Bon il s'en est passé des choses XD
Je vous avouerai que je suis assez fière de ce chapitre mais en même temps il me laisse assez perplexe mais passons XD
J'espère que ce chapitre vous a plu !
LES REVIEWERS EST CE QUE VOUS ETES LA ?! :D
Hum Hum
En tout cas n'hésitez pas à me laisser une petite review et je vous dis à la prochaine pour un nouveau chapitre ! ^^
Tchuss
bisous bisous
Grimmy06
