Hello ! Bonne lecture à vous vétérans de cette fanfiction et à vous nouveaux venus ! Milles merci pour votre soutien infaillible !
Je rappelle que je n'ai pas les droits d'auteurs sur les personnages sauf Cocotte !
Bonne lecture !
PDV Livaï
"J'ai un loup..."
Uri fixait le vide d'un air béat.
"J'ai un loup."
Je soupirai bruyamment.
"J'AI UN LOUP!"
Il s'anima et se mit à bondir joyeusement.
"J'AI UN LOUP ET IL EST BLAAAAAAANC!"
"Ca y est, on l'a perdu" murmura Eld.
Nous étions tous réunis dans le salon, reposés et propres comme des sous neufs. La base quoi...
Des explications à tout ce merdier étaient nécessaires. J'attendais juste qu'Uri encaisse le choc. C'était pas gagné. Le gamin sautillait partout comme une pompom girl, extatique. Il venait de choper Pétra pour la serrer contre lui.
"Pétra! J'ai un loup! J'en reviens pas."
Il riait et pleurait à la fois. Pétra lui tapota gentiment le dos. Uri se mit à pousser des glapissements d'excitation. Il se tourna brusquement vers Hanji, assise raide comme un piquet dans un des fauteuils.
"HANJI! ON A REUSSI!"
L'autre timbrée restait étrangement silencieuse. Je me tournai vers elle en fronçant les sourcils. Sa blessure avait pourtant été traitée. Etait-elle plus grave qu'on ne l'avait supposé?
Ignorant le manque de réaction de sa camarade, Uri fonça sur elle, bras ouverts, lèvres en avant.
En une fraction de seconde, Hanji bondit de son fauteuil. Le louveteau allait dérouiller il n'y a pas de doute. Mais au lieu du carnage attendu, elle fila se planquer derrière Gunther.
"AH NON CA SUFFIT HEIN! Va falloir arrêter avec cette manie de bécoter tout le monde!" piailla-t-elle en le foudroyant du regard.
"Qui a été bécoté?" demanda Gunther, perdu.
Eld haussa les épaules. Les vikings se tournèrent vers l'Ange qui secoua la tête, puis vers Pétra.
"Ne me regardez pas comme ça, je ne suis pas au courant!"
Gunther me jeta un rapide coup d'œil.
"Nan, c'est pas Livaï, le gamin serait déjà mort..."
Tous les regards se fixèrent sur une Hanji écarlate.
"EEEH OOOH! J'ai rien fait. C'est l'autre pervers qui a abusé de moi! J'étais en train de mourir et..."
"Hanji, la ferme" ordonnai-je. "J'ai autre chose à foutre que de t'entendre déballer tes conneries."
"Hein? Mais..."
Mon regard se fit polaire, stoppant toute répartie.
"Revenons à ce qui nous intéresse et écoutez moi bien, je ne me répéterai pas. Comme vous le savez, les Loups ont un pelage sombre, variant du brun noir au brun roux. Plus rare, certains Loups peuvent avoir un pelage gris, résultant de croisements génétiques occasionnels avec des Loups blancs. Les Loups au pelage blanc pur sont liés à une seule et unique meute dont on sait peu de choses. Et Uri, bien sûr, il a fallu que tu sois un loup blanc..."
"Tellement blanc que j'ai du mettre des lunettes de soleil pour pouvoir l'admirer" plaisanta Eld.
J'ignorai cette interruption.
"Uri! Tu sais ce que cela signifie n'est-ce pas?"
"Oui Livaï. Ca veut dire que... Farlan ne peut pas être mon père" chuchota-t-il avec des yeux hantés.
"Vous l'avez tous vu. Uri n'est pas issu de cette meute. Dès lors la meute de Farlan n'avait plus aucun droit sur lui. Ce serait sacrilège" énonçai-je.
L'assistance resta silencieuse. Tous savaient par quoi Uri était passé et ce que cela représentait pour lui. La culpabilité de n'avoir jamais pu satisfaire les ambitions de l'Alpha, la honte d'avoir un tel géniteur, les années de souffrance et de harcèlement, tout cela disparaissait pour laisser place à un grand point d'interrogation.
« Mais... comment je me suis retrouvé là ? » balbutia Uri. "Mon pèr...Farlan n'a jamais rien révélé sur ma mère à part qu'elle était morte à ma naissance. Je n'en sais pas plus. Et à qui aurais-pu demander?"
Je réfléchis et envisageai les éventualités.
« Je sais que la meute d'Altaïr est à part. Ses membres vivent en autarcie et sortent rarement de leur territoire."
"Altaïr?" demanda l'Ange.
"Ouais, c'est quoi ça? Jamais entendu parler!" intervint Gunther en se grattant la barbe.
Je soupirai d'un air blasé.
"Et? Vous n'en avez jamais entendu parler mais pourtant cette meute existe bien. J'ai traîné mes guêtres longtemps je vous le rappelle. J'ai croisé 3-4 Loups Blancs une fois, dans ma période... euh... bref. Je traversais un territoire inexploré et l'accueil n'a pas été franchement amical" énonçai-je avec un sourire en coin. "Bref, après une petite discussion instructive, je les ai défoncés puis j'ai poursuivi ma route et quitté le secteur. C'est la seule fois où j'ai rencontré ce type de spécimen. A l'époque, tout ce que je voulais, c'était me trouver des proies. Mais je me souviens avoir essayé de détecter la meute, en vain."
Je levai les yeux au plafond en me remémorant cet incident. Aaaah... cette louve qui m'avait allumé comme pas possible pour détourner mon attention. Pas le bon choix à l'époque... Elle avait fini en vieille carcasse. Je n'étais pas très enclin à la pitié et à la compassion. Mais pas besoin d'y faire allusion. Je jetai un coup d'œil à Angel avec un sourire en coin. Ça ferait des jaloux.
"Les Altaïr sont une légende chez les Loups Garous, ils sont éminamment respectés. De manière plus imagée la noblesse des Loups. Mais il se trouve que quasiment personne n'en a croisé depuis des plombes et certains pensaient même que la meute avait été effacée de la surface de la Terre. Visiblement ce n'est pas le cas" ironisai-je. "Quant à savoir où Farlan a pu te dégotter, Uri, je n'en sais foutrement rien. Il est peu probable qu'une femelle Altaïr soit tombée raide dingue de ce connard. Connaissant le bougre, il y a assurément une affaire louche là-dessous."
Uri semblait complètement perdu. Toute sa vie prenait un nouveau sens.
"Altaïr..." murmura-t-il. Il se redressa brusquement et plongea ses yeux dans les miens. Je voyais son trouble, son désir d'en savoir plus, et cette nouvelle détermination dans ses prunelles. Je devinai sans peine la suite. Le départ d'Uri s'annonçait plus tôt que prévu finalement.
"L'Alaska gamin. L'Alaska..."
PDV Uri
Son monde était totalement chamboulé. Son Loup avait émergé. Et il l'avait sauvé, tiré de cette obscurité dans laquelle il se noyait. Farlan n'était pas son père. Connie n'était pas son frère. Il ne partageait aucun héritage avec ces deux monstres. L'expérience avait été incroyable. L'énergie qui avait circulé dans toutes les cellules de son corps l'avait régénéré, lavé de toutes les souillures emmagasinées tout au long de sa vie. L'effarement, la culpabilité puis le respect qu'il avait vu dans le regard de la meute l'avaient laissé tremblant. Mais un vide subsistait dans son âme. Qui était-il?
Tandis que Livaï leur contait sa rencontre lointaine, il s'était rendu compte que c'était le seul indice dont il disposait afin de localiser la meute Altaïr. Sa décision était prise. Il irait. Il partirait à la recherche de ses origines.
"Pas question !" protesta une Hanji étrangement agitée.
"Je croyais que t'en avais marre de lui, Hanji" demanda Eld, un sourire moqueur aux lèvres.
Elle l'ignora royalement et se planta face à Uri en gesticulant.
"Bébé loup, tu ne peux pas y aller maintenant, tu commençais tout juste à t'entraîner! Et puis qui te dis que ces Altamachins vont t'accueillir comme un des leurs, hein? Et imagine qu'il n'y ait plus un seul Loup blanc là-bas? T'aurais l'air fin! Tu serais genre le dernier des Mohicans! Et en plus ça caille en Alaska!"
La voix de Livaï claqua comme un fouet: "Oï arrête ton char. Depuis le début il était entendu qu'il ne resterait pas. Accepte le."
Elle tira une tête de 2km de long, le regard pensif. Soudainement elle s'anima et ouvrit la bouche.
"C'est non." répliqua aussitôt Livaï d'une voix cinglante.
"Mais... Tu ne sais même pas ce que j'allais dire !"
"Tu te fous de moi? Faut pas être devin. Si tu pars avec lui tu vas lui attirer plus d'ennuis qu'autre chose."
Hanji se renfrogna en croisant les bras.
"Comment ça? Je suis un atout indéniable, tu veux dire. Une arme secrète."
Gunther ricana sans aucune discrétion.
"Le pauvre gars, il n'atteindra jamais sa destination. Il va finir zigouillé pour avoir fricoté avec une timbrée comme toi!"
"QUOI?" fulmina la Vampire.
"Oui madame! Je te rappelle que pas plus tard que la semaine dernière le noble de mes deux se trimballait en tenue de Barbie et complètement cuit!"
"Pfff."
Petra intervint d'une voix douce:
"Livaï, Hanji n'a pas tort. Uri pourrait risquer gros... Tout seul... Solitaire..."
"Dans une contrée inconnue. Sans amis..." plaida Eld d'un air affligé.
"Et avec une psychopathe" rappela Gunther, l'index levé.
Uri regarda la troupe qui l'entourait. Il ne voyait que bienveillance sur les visages. Sauf Livaï. Il faisait la gueule.
"Ah parce que vous voulez tous partir en excursion avec Uri maintenant ?" grogna ce dernier, maussade.
"COOOT!" clama la poule, jusque là assoupie dans le panier de fruits posé sur le buffet. Ouvrant un œil embrumé, elle renfloua son plumage, gonflée à bloc.
"J'ai jamais été en Alaska" énonça Gunther.
"Ça peut être intéressant !" ajouta Angel.
"Et voilà. C'est reparti. Vous me faites tous chier. Est ce que c'est clair ?" grommela le caporal.
"Tu n'es pas obligé d'y aller Livaï. On y va, on trouve les loups, et on revient. Vite fait bien fait" tenta l'Ange.
"Ouais, et ensuite on viendra m'emmerder parce que CETTE folle aura provoqué la 3ème guerre mondiale ? Non merci" maugréa Livaï en fusillant du regard Hanji.
Uri, la gorge nouée, se sentit envahie par une vague de reconnaissance. Il savait que quoi qu'il arrive il ne serait plus seul.
"Tch. Inutile de traîner. On part demain matin préparez vous" décida le caporal. Plus vite se serait réglé, mieux ce serait.
Le lendemain :
PDV Livaï
Les secousses de l'avion n'interrompirent pas mes pensées. Le jet privé fonçait plein nord. Petra maniait les commandes avec expertise, secondée par un copilote à plumes d'exception. J'avais localisé notre destination d'après mes souvenirs lointains : le mont Denali, le plus haut sommet d'Amérique du nord. Je n'y avais jamais remis les pieds jusqu'à présent. Je ne suis pas trop fan du froid. Je suis un Vampire me direz-vous. Et alors ? J'aime pas j'aime pas, point. Notre équipement était empaqueté dans la soute. Trois fois rien. Des bricoles, quelques couteaux, 2-3 haches (Gunther avait insisté), des vêtements de rechange, une dose considérable de gel douche made in Hanji. Sait-on jamais, l'odeur des locaux risquait d'être omniprésente. Eeerk.
Je faisais toujours la gueule. Littéralement. Je me demandais depuis 4 bonnes heures ce que je foutais là. Je jetai un regard à mes compagnons. Pas un ne manquait à l'appel. Bordel, depuis quand la troupe avait pris goût aux aventures suicidaires ? Et à la chaîne en plus ! Ils allaient avoir ma peau à la longue. J'avais été tenté de les laisser se démerder et de me la couler douce en attendant. Mais les expériences précédentes m'ont appris que rien n'avait tendance à se passer comme on le souhaitait. Si je voulais régler le problème une bonne fois pour toute, il fallait que je prenne les choses en main. Qui sait quel genre de catastrophe supplémentaire j'évitais ainsi.
Je me levai de mon siège en soupirant et me dirigeai vers le bar à l'arrière de l'appareil où étaient déjà installés Gunther et Eld. Avec deux grosses pintes. Je me servis un café, le trajet allait être long. Les éléments vampiriques de la troupe avaient fait le plein de sang animal avant de partir, histoire d'être sereins durant ce voyage.
Les heures suivantes, Angel s'occupa à regarder tous les films qui étaient à disposition sur l'écran de son siège alors qu'Hanji et Uri s'amusaient sur des jeux en ligne. Ces deux là étaient d'un ennui mortel. Ils n'arrêtaient pas de se chamailler. Dès qu'Uri avait le malheur de frôler Hanji, elle sautait comme un diable de sa boîte et fusillait du regard le pauvre Loup. Une vraie drama queen. A bien y réfléchir, depuis notre rencontre, je ne l'avais jamais vue porter un intérêt quelconque à quelqu'un. Je parle d'intérêt amoureux, vous me suivez ? Et j'imaginais fort bien que son expérience était nulle en tant que prêtresse égyptienne. Il était clair qu'Hanji était gravement perturbée. J'avais parfaitement capté les regards qu'elle jetait en douce au louveteau. Rien ne m'échappe, étant moi-même un maître de la luxure...
Je retournai à mon siège où je m'installai confortablement. Angel me sourit et saisit ma main. Nos doigts s'entremêlèrent. Mon regard était fixé sur les lignes de sa main. Plus le temps passait, et plus notre connexion s'avérait intense. C'était inexplicable. Mais j'avais depuis longtemps abandonné mes doutes et hésitations. Angel avait raison. Nous allions profiter de chaque jour. Et advienne que pourra. Un sourire carnassier étira mes lèvres. Je me penchai lentement vers lui, alors qu'il tentait de se concentrer sur l'écran. Mais je sentais parfaitement son trouble. J'avais justement très envie de donner un petit cours de luxure là maintenant. Mon souffle effleura le creux de son cou et sa respiration s'accéléra. Ma canine égratigna doucement sa peau sucrée et je léchai la goutte de sang qui perla d'un mouvement suave. L'Ange étouffa une plainte et ses doigts se crispèrent sur les miens. Un petit rire moqueur m'échappa. Mon compagnon me retourna un regard offensé et retira sa main d'un mouvement sec. Mais à ma plus grande surprise, celle-ci se posa délicatement sur ma jambe. Un éclat joueur dans les yeux, il promena ses doigts le long de ma cuisse dans un mouvement lent. Satisfait de l'expression perdue de mon visage, Angel éclata de rire.
"Petit con..." lui soufflais-je, un sourire toujours scotché au visage.
Il apprenait vite le bougre. Je lui saisis brusquement la nuque et lui imposai un baiser profond et langoureux auquel il se soumit en gémissant. Ce son faillit me faire perdre le contrôle. Mais des gloussements me ramenèrent vite à la raison.
"Je te l'avais dit Eld! On aurait du prendre un jet avec chambre" commentait Gunther.
"Tu crois qu'ils se rendent compte qu'on est là?"
"Mmm visiblement non. Sinon ils arrêteraient peut-être de se peloter et de se rouler des pelles toutes les deux minutes."
Je dressai mon majeur sans lever les yeux sur mes détracteurs.
"Livaï, ta poésie me fait rêver" gloussa Eld.
PDV Pétra
L'océan pacifique s'étendait sous l'avion. Ils approchaient de la côte. Ils atteindraient bientôt leur destination. La poule, sur le siège voisin, commença à s'agiter.
"Oui, Cocotte, on arrive bientôt."
Soudainement hystérique, Cocotte battait frénétiquement des ailes, les yeux exorbités fixés sur un point dans le ciel. Pétra suivit son regard et effaré constata qu'une nuée d'oiseaux fonçait droit sur eux. Elle tenta d'augmenter leur altitude dans une stratégie d'évitement mais en vain. Des dizaines d'oiseaux percutèrent le pare-brise, laissant des trainées de sang et d'os. Les soubresauts de l'appareil lui indiquèrent que certains des volatiles avaient été aspirés par les réacteurs. La Vampire comprit que la perte de propulsion du moteur touché allait inévitablement conduire à un atterrissage d'urgence.
Livaï surgit à cet instant et jaugea immédiatement la situation.
"Fais au mieux."
Une brutale secousse anéantit leur espoir d'un possible atterrissage. Le 2e moteur était en feu et menaçait de les lâcher à son tour.
"Livaï, si le feu atteint le réservoir..."
"Oui, je sais."
PDV Livaï
Vraiment, on enchaînait les emmerdes. Je retournai rapidement vers mes compagnons. Uri se relevait en époussetant ses vêtements.
"Mais qu'est ce qu'elle fout ?" beugla un Gunther dégoulinant. "Elle a passé les commandes à Cocotte ou quoi ? J'ai gâché ma bière!"
"Préparez-vous." ordonnai-je. "La bonne nouvelle, c'est qu'on arrive sur la côte. La mauvaise nouvelle, c'est qu'il va falloir sauter."
"QUEUAAAA ?" couina Gunther.
"YES ! Enfin un peu d'action !" s'extasia Hanji en tapant des mains.
"Euh, comment ça sauter ?" interrogea Uri en fronçant les sourcils.
"S-A-U-T-E-R. Comme sortir de l'avion en plein vol" gazouilla sa voisine.
Pétra débarqua avec 2 sacs, suivie d'une Cocotte survoltée.
"On atteint la côte ! Faut y aller ! J'ai mis le pilote automatique mais il ne reste pas beaucoup de temps, on va plonger ! Nous avons 2 parachutes."
Cocotte faisait tourner ses ailes comme un moulinet, visiblement prête.
Je me précipitai et balançai un parachute à Uri et le second à Angel.
"Vous êtes les maillons faibles. Equipez-vous. Vite."
Je me tournai vers mes Vampires :
"On se retrouve en bas. Je compte sur vous !"
"Mais et vous ?" répondirent d'une même voix Angel et Uri.
Hanji tenta de rassurer le jeune Loup :
"T'inquiète, si on garde notre tête...et si notre cœur n'est pas trop malmené...ça passera crème !"
Un violent craquement se fit soudain entendre puis une explosion arracha une partie de la carlingue. Le puissant appel d'air aspira Eld et Pétra qui se laissèrent emporter. Gunther sauta à leur suite en rugissant. Uri était accroché à Hanji qui lui hurlait de lâcher prise. La Vampire était coincée entre deux sièges. Cocotte gifla violemment le visage d'Uri avec son aile et plongea dans l'ouverture avec lui. Je bondis pour dégager Hanji qui sauta à son tour en riant.
"Ouiiii ! Hiiiiiiii !"
Complètement cinglée.
Je regardai frénétiquement autour de moi. Une bonne partie de ma puissance était nécessaire pour résister à l'appel d'air.
"Li...vaï..."
La voix faible attira immédiatement mon attention. Angel était lui aussi coincé. Projeté par le souffle derrière le bar, son sac le retenait et il ne parvenait pas à se dégager totalement. Je fonçai alors que la fumée devenait plus épaisse. L'avion avait commencé à chuter, il n'y avait plus de temps à perdre. Je ne donnais pas cher de notre peau si l'avion explosait. Dans le sens premier du terme, j'entends. Hors de queston de voir mon magnifique visage gâché par des brulures disgracieuses, même pour quelques jours. Ce serait comme donner des coups de pinceau sur une oeuvre d'art. Je saisis le bras de l'Ange et dégageai son parachute, puis je le poussai vers l'ouverture où l'appel d'air nous aspira. Je serrai Angel contre moi, sa tête dans mon cou, pour lui éviter le moindre choc. Il se laissa faire avec une confiance aveugle. Tout se passa très vite. Nous étions à présent dans les airs à plusieurs milliers de pieds du sol.
Je n'avais jamais vraiment tenté de sauter d'un avion en plein vol.
Plus bas, Pétra, Gunther et Eld fonçaient vers la Terre comme des fusées. La côte se trouvait juste en-dessous et ils tentaient visiblement de tomber non pas sur le sol ferme mais dans l'océan. Meilleur choix possible, enfin je crois. Hanji venait de choper Uri qui semblait s'être évanoui. Trop fragile le gamin. Elle actionna son parachute et resta accrochée au harnais pour guider la manœuvre. Cocotte planait tranquillement, les ailes déployées. Elle vivait sa meilleure vie la volaille. Oui, avant de recevoir vos critiques, une poule, ça vole. En tout cas la mienne elle vole.
Je suivis la trajectoire de l'avion qui alla s'écraser dans ce qui semblait être un marécage. On repassera pour la discrétion. Le raffut allait attirer les locaux.
Toujours accroché à l'Ange, j'actionnai son parachute. En vain. Le sac avait été endommagé et le parachute refusait de se déployer. Angel plongea ses yeux dans les miens, me couvrant d'une vague puissante de sentiments qui me submergea. J'ancrai mes prunelles dans les siennes et lui sourit. Calmement je tirai à nouveau sur le déclencheur et enfin le parachute s'ouvrit. Je remarquai immédiatement que la forte tension exercée commençait à déchirer la partie inférieure du harnais qui risquait à tout moment de se rompre. Le harnais ne supporterait jamais nos deux poids. Je vis la peur sur le visage de mon compagnon. Il n'avait pas peur de mourir. Il avait peur que JE meurs. Tch. Il ne me connaissait encore pas suffisamment visiblement. Qu'est-ce que c'est, une chute de quelques kilomètres? Rien que je ne puisse surmonter. En principe.
Comme je le disais, je n'avais jamais encore sauté d'un avion en vol. D'un immeuble oui. D'une falaise, oui. Mais d'un avion... Bref, quand faut y aller ! Je libérai l'Ange avec un dernier sourire moqueur et me laissai tomber en arrière sous ses yeux effarés.
"LIVAIIIII"
Je ne pouvais plus atteindre l'eau. Au sol, je distinguai des bâtiments, une route, des champs et une forêt étendue. Entouré d'un silence étrange, je me sentais étrangement serein. Comme à ma place. L'air faisait voler mes cheveux autour de mon visage détendu. Des images et des bruits intenses vrillèrent soudain mon cerveau. Des éclats de lumière, des armures brillantes, du sang, des cris de bataille. La pression me fit hurler de douleur alors que je chutais à une vitesse vertigineuse. Que...qu'est-ce que cela signifiait ? Ça ne correspondait à aucun de mes souvenirs. Etaient-ce des réminiscences de ma vie de mortel ? Le sol se rapprochait à une vitesse folle alors je monopolisai toute mon énergie et déployai mon aura avec toute la puissance dont je disposais.
15 secondes.
10 secondes.
5 seconde.
PDV Hanji
"Bébé Loup! Réveille-toi! Eeeeh ooooh!"
Hanji giflait allègrement Uri, toujours dans les pommes. Guerrière accomplie, elle avait géré sans problème la chute libre puis l'atterrissage. Uri était depuis lors allongé au sol et ne réagissait pas. Cocotte les avait rejoints, toute guillerette après son vol en solo.
Hanji se pencha sur Uri. Il respirait. Soulagée, elle examina avec attention ses cils recourbés, ses lèvres pleines. Il était mignon, il fallait le reconnaître. Des bras la saisirent soudain et elle bascula en avant. Sa bouche s'écrasa sur celle d'Uri dont les yeux étaient à présent grands ouverts. Choquée, Hanji se jeta en arrière. Avant de balancer son poing dans la figure du Loup.
"Aïeuuuu!"
"On est quittes mon pote ! T'as sauvé mes fesses et je viens de te sauver les miches. Recommence ça et je te la coupe pour la faire frire !"
Un cri l'interrompit. Levant les yeux, elle vit le second parachute en approche, l'Ange accroché au harnais. Visiblement il avait le plus grand mal à se diriger.
"Freine la voile ! Tire ! Reste en ligne droite ! Les jambes souples ! J'AI DIT LES JAMBES SOUPLEUUUU !"
Elle se précipita pour le dégager. Il ne s'en sortait pas trop mal au final. Il venait juste de brouter l'herbe sur 15 mètres.
"Hanji" haletait-il. "Hanji, où sont les autres? Où est Livaï ?"
"Gunther, Eld et Pétra sont tombés dans l'océan. Et Livaï..."
"Où est Livaï, où est-il ?" paniqua-t-il.
"Je ne sais pas, j'étais occupée avec Uri qui était dans les vapes. Et Cocotte était avec nous."
"J'étais pas dans les vapes je te signale, j'étais assommé. Je me suis cogné la tête quand j'ai été éjecté de l'avion. Regarde !"
Uri retira une main maculée de sang de l'arrière de sa tête. Hanji se précipita, hystérique.
"QUOI ? Laisse-moi regarder ! Ne bouge pas, mets-toi assis ! Non, reste couché ! Bouge paaaas !"
Un examen rapide la rassura. Puis elle repoussa brutalement Uri qui la fixait avec des yeux ronds.
Hanji haussa les épaules.
"Ouais ben c'est bon, pas la peine d'en faire tout un plat non plus! Une égratignure, c'est tout..."
"Ah. OK."
Gênée, elle lui tourna le dos.
"On doit trouver les autres ! Cocotte ! Emmène-nous jusqu'à Livaï !"
PDV Gunther
Et de deux !
Gunther allongea Eld sur la terre ferme. Pétra était assise et reprenait ses esprits. Elle vérifia l'état de santé de leur compagnon.
"Il était coincé dans un vieux filet de pêche! Il est encore un peu sonné mais ça va aller" l'informa Gunther.
Eld toussa et recracha de l'eau salée. Il essuya ses yeux d'une main hésitante.
"Ouhouuuu quelle chute ! C'était de la balle ! On recommence quand vous voulez les gars !" cria un Gunther tout excité.
"Sans moi, vieux. C'était comme s'écraser sur du béton nom de Dieu ! J'ai les os de mes jambes en miettes. Laissez-moi 10 minutes."
"Je m'en passerai aussi" confirma Pétra.
"Moi j'ai trouvé ça mystique ! C'était comme être dans la peau de Thor ! Sans le marteau. Quelle envolée ! Bon, j'ai un peu mal au cul, mais ça valait le coup."
Pétra se redressa avec peine et regarda au loin, inquiète.
"J'ai vu les deux parachutes descendre sans encombre. Mais pas trace du caporal. Il n'était pas dans la même trajectoire que nous. Il a du chuter sur la terre ferme. Ne perdons pas de temps. Il faut le retrouver."
Eld posa une main sur son épaule.
"S'il y a bien une personne pour qui il ne faut pas s'en faire, c'est lui."
PDV Livaï
J'étais encore sous le choc. J'étais littéralement venu m'écraser sur une grange. J'aurais du sentir mes os se briser sous l'impact, les poumons et le coeur prêts d'éclater. Or rien de tout cela n'avait eu lieu. J'avais traversé le toît, en m'empalant au passage la hanche sur le paratonnerre. Une broutille quoi. Mais au moment précis où j'aurais du toucher le sol, une chose incompréhensible s'était produite. Le temps s'était littéralement suspendu. A 10 cm du sol. Durant quelques secondes, je m'étais retrouvé à flotter, entouré de mon aura déployée à pleine puissance. Durant ce laps de temps, j'avais senti ma conscience s'échapper avant de rapidement revenir à moi. Puis le temps avait repris son cours et j'étais tombé au sol. Cet événement imprévu avait suffi à amortir ma descente, je dirais à 90%.
Allongé sur la paille qui jonchait le sol de la grange, les yeux fermés, j'essayais de comprendre. Un souffle chaud balaya mon visage. De grands yeux bruns m'observaient. Le museau du cheval vint me caresser la joue, humant mon odeur. L'animal frissonna et recula précipitamment en poussant un hennissement nerveux.
"Tout doux. Tu ne risques rien, je ne suis pas en état là" chuchotai-je d'une voix cassée.
Je grimaçai en faisant l'inventaire de mes blessures. Les os de mon bassin étaient brisés par la tige en métal plantée dans mon corps. Je la retirai d'un geste rapide et la blessure commença immédiatement à se régénérer. Très désagréable. J'allais éviter ce genre de défi à l'avenir.
Alerté par des pas en approche, je fermai les yeux et restai immobile au sol. Non pas que je sois lâche. Rien que ce mot me faisait frissonner. Non, rien de mieux qu'une petite sieste avant de déclarer les hostilités. Bon OK, plus sérieusement, je voulais savoir qui était assez inconscient pour venir me chatouiller dans un moment de merde comme celui là. Je me concentrai sur mon environnement. Ils étaient 3. J'ignorais à qui j'avais affaire.
"Il est mort ?"
"Ché pas. Oh putain il respire!"
"Le touche pas, bordel ! Après le crash de l'avion j'ai vu 2 parachutes dans le ciel. Lui n'en avait pas visiblement. Il n'aurait jamais du survivre à une telle chute ! Il n'est pas humain, pour sûr !"
La remarque me mit immédiatement sur mes gardes. Mais je ne ressentais aucune animosité de leur part. Où est ce que j'avais atterri encore...
"Wander, va prévenir Céleste ! Mitch et moi on va rester avec lui en attendant" ordonna le plus âgé.
Le dénommé Wander repartit aussi sec en cavalant.
"Mitch, emmène Rosa dans son enclos." Rosa devait être le charmant équidé dont je venais de faire connaissance.
Je gardai les yeux fermés et j'étendis davantage mes sens en cramant un peu plus de mes ressources. Jusqu'à ce que je comprenne.
Je soupirai.
Des loups-garous.
PDV Hanji
Cocotte fonçait droit devant, son détecteur de Livaï en action. Gunther, Eld et Petra les avaient rejoints sur la route. Malgré les circonstances tout le monde allait relativement bien. En partie. Mais l'inquiétude régnait dans les rangs. Gunther, comme à son habitude, faisait le mariole dans une tentative maladroite de détendre l'atmosphère.
"Uri, parait que t'as piqué un roupillon pendant la descente?"
L'intéressé renifla d'un air dédaigneux et jeta un regard accusateur à sa voisine.
"Hanji! Je croyais qu'on était potes."
"Pffff. De une quand on est potes, on ne s'embrasse pas..." grommela-t-elle.
"Attendez, vous avez remis ça ?" intervint Eld, incrédule.
"HEIN ? QUI A REMIS ÇA ?" brailla une Hanji totalement outrée. "C'est ce foutu Loup ! En plus de l'Ascension, il a récupéré des manières de vieux pervers !"
"Quoi ? Mais euh... je...non...pas du tout... mais t'y vas pas un peu fort là ?" protesta le vieux pervers en question.
Alors qu'ils se chamaillaient encore, ils arrivèrent à l'orée d'une forêt dense. Cocotte n'y pénétra pas et suivit la lisière. Elle pédalait comme une dératée. Et c'était de mauvais augure.
"Dépéchez-vouuuus ! Mon Livaï doit souffrir à l'heure qu'il est. Il est peut-être même mooooort !"
"Ferme-la Hanji, arrête de nous stresser ! Et tu vas nous faire repérer !" aboya Gunther.
Après 15 minutes de course, ils arrivèrent près d'un groupe de bâtisses agricoles. Vraisemblablement une ferme. Cocotte stoppa brutalement au milieu du corps de ferme, désorientée. Ses yeux roulaient dans leur orbite. Elle frissonnait, indécise.
Hanji fit rapidement le point. En tout une dizaine de bâtiments les entouraient. Des cris d'animaux résonnaient dans le silence pesant. Ça sentait aussi l'humain. Il devait y avoir également un ou plusieurs chiens vu la niche qui se trouvait près d'une des granges. Le locataire de ladite niche déboula à cet instant dans la cour et se figea à leur vue.
"Bon chien chien" minauda la Vampire face au Rottweiler. Ce dernier pencha la tête de côté avant d'aller tranquillement se coucher dans la niche.
"Super le chien de garde ! Bon, on se partage le boulot ?"
Les membres de la troupe se mirent en marche d'un même mouvement après avoir chacun choisi un objectif.
PDV Livaï
Le Loup n'était pas une menace. Je m'en étais vite rendu compte. Peut-être le fait qu'il avait pris la peine de tâter mes membres pour évaluer mon état. Il avait aussi essuyé le sang qui maculait mon visage et m'avait recouvert d'une couverture.
"Tu peux ouvrir les yeux mon gars. Je sais que tu es conscient."
J'ouvris alors les yeux sans cérémonie et fixai un regard intense sur mon interlocuteur. J'avais vu juste. Il avait l'apparence d'un homme de 60 ans. Il devait en avoir bien plus si je me fiais à ma première analyse. Car il s'agissait sans aucun doute d'un Loup Garou. Pourtant j'avais eu du mal à l'identifier en tant que tel. Etrangement son odeur ne m'agressait pas les sinus comme celle de ses congénères. Il émit un rire bref.
"Toi tu es un Vampire ! Et pas la moitié d'un idiot si j'en juge par ton comportement de petit rusé."
"Exact papy" me moquai-je en me redressant pour m'asseoir. Une toux rauque gâcha mon effet.
Il rit de bon coeur sous mon regard inquisiteur, nullement vexé par ma répartie légendaire.
"Tu es en train de me jauger, c'est ça ? N'aie crainte, si j'avais voulu te terminer, j'aurais été plus direct" dit-il avec des prunelles soudain flamboyantes.
Un craquement interrompit notre sympathique échange.
Papy détourna son attention et fit face au nouvel arrivant alors qu'une voix menaçante grondait dans la grange.
"Ecartez-vous de lui ! VITE!"
Uri, ramassé sur lui-même, fixait le fermier d'un air sauvage.
Je clignai des yeux. Le louveteau venait à ma rescousse ? On croirait rêver !
"T'emballe pas gamin, je gère." jetai-je, vexé. A quel moment il avait pu penser que j'avais besoin de son aide ?
"JE VOUS AI DIT DE VOUS ECARTER" rugit-il d'une voix résonnant de puissance à l'attention de mon nouvel ami.
Un Mitch en panique débarqua au pas de course, prêt à se jeter sur Uri. Le vieux l'en dissuada d'un geste. Il regardait attentivement Uri, une lueur indéfinissable dans les yeux.
"Dexter, est-ce qu'ils t'ont fait du mal ?" haleta Mitch.
"Chut !"
Papy approcha lentement d'Uri, qui se mit à gronder encore plus fort. Il s'arrêta à un pas de lui et pencha la tête en souriant.
"C'est un des nôtres."
