Note : plusieurs d'entre vous m'ont fait remarquer qu'il était difficile de différencier les différents paragraphes et il semble que j'ai un problème avec l'interface de mise à jour qui supprime systématiquement mes petites de séparation... aussi je mettrai à présent des chiffres qui indiquent les sous-parties au sein d'un chapitre... J'espère que ça ne genera pas votre lecture... et si quelqu'un connait le truc pour faire accepter sauts de lignes et astérisques à je suis preneuse
Encore merci pour tous vos commentaires, et bonne lecture : )

1 -

Scott ouvrit les yeux. Tout était rouge. Comme il en avait l'habitude. Il repensa à l'émeraude des iris de Jean, au cuivre de ses cheveux... il avait vu ces couleurs pour la première fois, mais c'était depuis toujours que Jean lui apparaissait ainsi dans son écarlate vision du monde.

Je l'ai retrouvée, songea t-il.

Elle était vivante. A cette pensée, c'était comme si le monde entier était en couleur. Scott sentit à nouveau quelques larmes couler le long de ses joues, mais elles n'étaient plus dues à la douleur.

- Jean...

Il prononça son nom à haute voix, comme pour ne pas l'oublier. Il lui semblait qu'il n'avait pas franchi ses lèvres depuis si longtemps. Si seulement elle avait pu répondre à son appel, là, maintenant... Elle lui manquait toujours terriblement mais quelque chose avait changé : il avait à présent l'espoir qu'elle lui revienne.

- Je t'aime Jean, murmura t-il.

Peut-être pouvait-elle l'entendre, non ?

- Reviens...

Une terrible pensée lui coupa presque le souffle : et si elle ne revenait pas ? Il ne pouvait pas supporter l'idée de la perdre une seconde fois, de voir ses minces espérances disparaitre. Jamais il ne pourrait revivre cela. Et il ne lui resterait qu'une voie possible. Qu'il avait déjà emprunté en vérité, mais dont on l'avait écarté. Il était revenu à la vie, et ignorait encore si par ce geste, Madison lui avait offert le plus beau des cadeaux ou l'avait arraché d'un paradis à venir pour le replonger dans la tourmente de l'enfer terrestre. Tout dépendait de ce que lui réserverait l'avenir. Scott était sûr d'une chose cependant : si Jean ne devait pas revenir dans sa vie, il ne laisserait pas Maddie le sauver une seconde fois.

Bien qu'encore affaibli, il se redressa maladroitement et posa ses pieds sur le sol. Une fois debout, les murs qui l'entouraient se mirent à tanguer, mais il s'accrocha fermement au montant de son lit et quelques instants plus tard, son vertige était passé. Ignorant la nausée qui l'assaillait, et parfaitement conscient que le professeur ou Tornade désaprouverait, le jeune homme quitta l'infirmerie. Une fois dans l'ascenseur, il dut de nouveau s'adosser à la paroi pour ne pas perdre l'équilibre. A la surface, il faisait déjà nuit. La plupart des élèves encore debout regagnaient leurs chambres, et le saluaient d'un signe de tête au passage. Scott ne leur avait pas parlé depuis la mort... la disparition de Jean, et certains furent étonnés de le voir, mais de toute évidence, ils ignoraient ce qui s'était passé la nuit dernière. Sauf Madison... Elle apparut au détour d'un couloir, accompagnée par Iceberg et Malicia. Scott attendit que les trois adolescents arrivent à sa hauteur, et posa sa main sur l'avant-bras de la jeune fille à qui il devait la vie.

- Je peux te parler une seconde ?

Maddie acquiesça puis adressa un sourire d'excuse à ses deux amis. Cyclope posa une main sur son épaule et la guida dans l'une des rares salles vides de l'institut, elle aussi en travaux.

- Je te remercie... je suppose.
Elle saisissait parfaitement son propos, mais ne savait pas trop de quelle façon y répondre. Elle hésitait en fait entre présenter ses excuses et simplement hocher la tête, et opta pour la seconde solution.

- Tu vas bien ? demanda t-il ensuite.

- Parfaitement bien, l'assura Madison. Ce qui n'a pas l'air d'être votre cas...

- C'est vrai...

Il consentit à s'asseoir. Elle fit de même.

- Crois bien que je te suis reconnaissant de m'avoir sauvé, et je sais aussi ce que ça t'as couté...
La jeune fille savait pertinnement où il voulait en venir mais ne l'interrompit pas.

- Tu aurais pu y rester, poursuivit Scott, et ça ne doit plus se reproduire...

Il s'arrêta une seconde, comme pour reprendre son souffle.

- Ce que j'essaie de dire, c'est que si la situation devait se représenter... je ne veux pas que tu interviennes.

Comme elle ne disait rien, il ajouta :

- Je peux compter sur toi ?

Elle comprenait, ou du moins elle essayait de comprendre ce que le jeune homme pouvait ressentir, mais il lui était difficile de s'imaginer elle-même le laissant mourir alors qu'elle avait le pouvoir de le sauver.

- D'accord, répondit malgré tout Madison. Je respecterai votre choix... si la "situation" est de votre choix.

Scott hocha la tête avec un air très grave que renforçait l'invisibilité de son regard. Sans un mot de plus, il se leva et quitta la pièce. Maddie resta assise quelques instants, troublée par l'étrange promesse qu'elle venait de faire, et se demandant si elle serait capable de la respecter. Elle espéra ne jamais le savoir.

- Tu es encore là ?

Elle se retourna sur Malicia.

- Bobby est allé dormir. Tu viens ?

Considérant que l'infirmerie n'était pas le meilleur endroit où passer la nuit, elle avait offert à Madison de partager sa chambre.

- J'arrive, répondit la jeune mutante avec un sourire de circonstance.

Toutes deux ne dirent rien avant de se retrouver dans l'intimité de la chambre.

- Si ce n'est pas indiscret... que voulait Cyclope ? demanda Malicia tout en installant un matelas de fortune sur le sol.

Elle ne savait pas si elle devait en parler, mais Maddie n'avait pas envie de garder la conversation qu'elle venait d'avoir pour elle. Aussi prit-elle le parti de se confier à sa nouvelle amie, qui saurait sans nulle doute se montrer discrète.

- Il m'a fait promettre de ne rien faire si jamais il...

- Recommençait ?

- C'est ça.

Malicia lui jeta un regard à la fois peiné et surpris.

- Et tu as dit oui ?

- Je n'avais pas tellement le choix. Mais je ne sais pas, si jamais ça arrivait... je n'ai aucune idée de ce que je ferai.

- Peut-être que ça n'arrivera pas.

- Peut-être... mais si ça arrivait... d'après toi qu'est-ce que je devrai faire ? Le laisser mourir ?

Son amie secoua la tête.

- Je n'en sais rien. Mon premier réflexe c'est de dire non, Scott ne peut pas nous laisser, pas alors que nous avons déjà perdu Jean... mais Bobby a raison : la décision lui appartient. Seulement c'est si dur de l'admettre ! C'est déjà... je ne réalise pas encore que le professeur Grey est morte, qu'on ne la reverra plus jamais...

Maddie détourna le regard une seconde. Le chagrin de Malicia, même si elle faisait de son mieux pour le cacher, était perceptible, et c'était une douleur que malgré ses pouvoirs, Madison ne pouvait soulager ni partager. Il lui semblait en cet instant que son don était inutile. A la vérité, même s'il avait permi de sauver des vies, elle souhaitait souvent ne jamais l'avoir eu.

- Les choses seraient tellement plus simples si nous n'étions pas des mutants, murmura t-elle presque malgré elle.

Malicia releva la tête dans sa direction.

- C'est sans doute vrai. Mais être un mutant... je veux dire, il y a des choses que nous pouvons faire, ou que nous pourrions faire si les autres hommes nous permettaient de vivre à visage découvert... des choses biens. Nos pouvoir pourraient améliorer le monde. Regarde-toi, tu peux guérir les gens ! Et moi... moi je peux les tuer.

Elle fixa ses mains avec une expression d'horreur.

- Je pense souvent comme toi. J'aurais voulu ne pas être un mutant. Mais ici j'ai appris à l'accepter et... même si mon pouvoir n'a rien de positif, je sais que je suis l'exception qui confirme la règle. Toi et tous les autres, vous pourriez réellement changer les choses.

Maddie aurait voulu la contredire, mais ne trouvait rien à répondre. Elle essayait d'imaginer ce que cela pouvait être que d'être capable d'ôter la vie d'un simple contact, de vivre dans la peur permantente de le faire. Elle ressentit une profonde admiration envers Malicia. Si leurs rôles avaient été inversés, jamais elle n'aurait réussi à surmonter tout ça.

- Je ne sais pas comment tu fais, commença t-elle, mais si tes facultés sont dangereuses, et néfastes... toi tu es fondamentalement quelqu'un de bien. Je sais que tu as le pouvoir de changer les choses. Et ça, ça n'a rien à voir avec ton gène X.

Malicia lui répondit d'un sourire sincère.

- Peut-être que tu as raison...

Comme chaque fois qu'elle ne savait que dire, elle fit machinalement jouer ses doigts dans ses mèches blanches.

- Tes cheveux... c'est en lien avec ton pouvoir ? demanda Maddie.

- Pas de façon directe...

- J'ai lu que les cheveux pouvaient blanchir d'un seul coup à cause d'un choc pyschologique ou émotionnel très violent...

- Il y a un peu de ça... Je m'y suis faite avec le temps, et Bobby trouve ça... joli.

Instinctivement, Maddie comprit que la jeune fille ne tenait pas à parler de ce qui lui était arrivé. Elle fit mine de ne rien remarquer et décida de changer de sujet en continuant sur la lancée de Malicia :
- Bobby est un garçon génial.

- Propriété privée, fit la jeune fille en levant un index.

Madison partit d'un grand éclat de rire. Il lui semblait qu'elle n'avait pas ri depuis très longtemps. Trop longtemps.

- Ne t'inquiète pas, je ne suis pas du genre à jouer les entremetteuses. Et puis lui n'a d'yeux que pour toi...

- Tu crois ?

- Tu en doutes ? répliqua Madie, sincérement étonnée.

- Non, ce n'est pas ça... C'est juste... parfois j'ai peur qu'il s'éloigne de moi.

L'autre baissa les yeux un instant, se remémorant un pénible souvenir.

- A cause de ton pouvoir ? Ca ne doit pas être évident, ni pour lui ni pour toi. Mais il ne partira pas.
- Parfois on se laisse emporter et... j'ai toujours si peur à l'idée de lui faire mal.
Elle secoua la tête et cessa de triturer ses mèches blanches.
- Et toi ?

- Comment ça ?
- Est-ce qu'il y a quelqu'un dans ta vie ?

- Il y avait quelqu'un. Peu de temps avant que mes pouvoirs ne prennent une trop grande ampleur. Ensuite il est parti.

- Parce qu'il ne pouvait plus te toucher ou parce que tu étais une mutante ?

- Un peu des deux je suppose.

Malicia lui adressa un petit sourire compréhensif. Elle ne connaissait que trop bien ce genre de situation. Prenant un air taquin, elle lança :

- Et John ?

- John ? répéta Maddie d'un air innocent.

Malicia fit la moue et haussa les sourcils.

- J'ai vu tes yeux quand tu parles de lui. Et lui est venu te voir pour sauver Cyclope...

- Tu tires vite des conclusions, répondit la jeune fille en détournant le regard.

- Mais ça ne veut pas dire que je n'ai pas raison...

Pour toute réponse, Madison lui jeta son oreiller au visage. Entre rire et larmes, il leur fallut encore plusieurs heures pour trouver le sommeil.

2 -

Kurt Wagner avait perdu toute notion du temps. Les effets du tranquilisant de Mystique s'étaient à présent dissipés, son esprit n'était plus embrumé. De fait il avait longuement réfléchi à un moyen de sortir de sa cellule. Peut-être que s'il parvenait à se téléporter sans la ceinture, celle-ci exploserait avant qu'il ne réaparaisse. Mais il ignorait s'il en était capable, et n'avait pas tellement envie de prendre le risque. Il ne pouvait qu'attendre de voir ce qui allait se passer. Même s'il craignait ce que pouvait lui faire Magnéto, Diablo en venait à souhaiter qu'il le fasse vite. Rester enfermé plus longtemps allait finir par le rendre fou.
Lorsque son voeu fut exaucé et que la lourde porte de sa prison s'ouvrit, il le regretta tant le sourire de la métamorphe lui faisait froid dans le dos.

- Suis-moi, sussura t-elle à l'homme bleu.

Ce dernier obtempéra, estimant inutile de provoquer une confrontation dont il ne pourrait que sortir perdant. Dans la pièce centrale se tenait Magnéto et à ses cotés, un jeune homme que Kurt n'avait pas revu depuis la disparition de Jean. John Allerdyce.

- J'espère que tu es suffisament reposé, commença Magnéto d'un ton qui aurait pu sembler parfaitement sincère si n'y avait percé une pointe de cynisme. Nous allons avoir besoin de toute ta concentration.

Diablo le dévisagea sans dire mot, puis il jeta un regard de dédain qui ne lui ressemblait pas en direction de Pyro. Mais le jeune garçon ne pouvait le voir : ses yeux à lui étaient dirigés vers le sol, et tout en lui exprimait une sorte de gêne qui ne put que surprendre Kurt. C'était comme si John avait soudainement honte d'être là. Mystique manipula quelques secondes un harnais d'une finition plus complexe encore que la ceinture qu'il portait, et lui aussi muni d'une sorte de serrure, puis le mit en place sur les épaules et autour de la taille du téléporteur. Enfin, elle retira le détonateur qui empêchait ce dernier de s'évaporer à sa guise. Diablo connaissait suffisament la métamorphe pour savoir que ce nouvel appareil était lui aussi capable de lui faire du tort s'il tentait de prendre la fuite.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda t-il avec curiosité, masquant sa peur du mieux qu'il pouvait.

- Ne t'inquiète pas, ce n'est pas une bombe, répondit Magnéto de sa voix profonde. Sais-tu de quelle façon fonctionnent tes pouvoirs ?

- Je crois le savoir. Ce n'est que pure théorie.

- Je crois que nos théories se rejoignent, poursuivit le mutant. Cet engin sert à augmenter ton temps de passage dans l'autre monde lors de tes téléportations.

- Et ?

- Je veux que tu utilise ton pouvoir pour nous rapporter quelque chose coincé dans ce monde.

- Pourquoi je coopérerai ? demanda très calmement le mutant à la peau bleue.

Magnéto s'apprêtait à répliquer mais Mystique prit la parole la première.

- Pour ton amie Jean Grey. Tu as le pouvoir de la ramener parmi nous.

Kurt la dévisagea quelques secondes. Il ne croyait pas qu'elle lui mentait, mais ce qu'elle disait relevait de l'impossible.

- Le professeur Grey est morte. Je ne peux rien faire contre ça ! Personne ne le peut. Personne ne le doit.

- Elle est vivante, intervint John. Mais elle est... ailleurs.

- Et toi, lança Diablo à son encontre, où es-tu ? Est-ce que tu le sais ?

Pour toute réponse le jeune homme hocha la tête. Son regard était empli d'une détermination farouche. Magnéto coupa court à cette muette discussion :

- Autre chose : l'appareil limite aussi tes propriétés de téléportations dans l'espace. Quoi que tu fasses, c'est ici que tu réapparaitras.

Le mutant acquiesça d'un signe de tête. Il savait qu'il n'avait pas le choix. Il baissa à demi les paupières sur ses pupilles jaunes, et disparut dans une série d'étincelles et de crépitements métalliques.

Kurt ouvrit les yeux. Autour de lui s'étendait un néant qui n'en était pas un. Certes les lieux étaient vides, mais ce n'était pas le vide. C'était autre chose. Il réalisa alors que sa respiration, ses gestes et même les battements de son coeur étaient ralentis. Il évoluait dans une réalité aux lois physiques différentes de celle qu'il venait de quitter. En vérité il passait par ce lieu à chacune de ses téléportations, de manière trop rapide pour s'en rendre compte, mais il demeurait en lui une sorte de souvenir, une impression fugace de déjà-vu qui rassurait le mutant. Rien de mal ne pouvait lui arriver ici. Flottant plus qu'il ne marchait, il entreprit de parcourir cette curieuse dimension. S'il était vrai que Jean s'y trouvait... Diablo ignorait s'il voulait vraiment retrouver la jeune femme dans cet endroit mais savait qu'une partie de lui-même serait heureuse, tellement heureuse de la revoir...

Très lentement, dans le vide, les contours flous d'un autre décor apparurent. Les formes se précisèrent, et finalement, l'univers de vide disparut totalement. Kurt se retrouva sur le froid sol de pierre. A quelques mètres de lui se tenaient Magnéto, Mystique et Pyro. La téléportation s'était achevée.

- Il est en vie, c'est déjà une bonne chose, marmonna la métamorphe.

- Est-ce que ça a marché ? demanda Magnéto d'une voix pressante.

- Oui, répondit Kurt.

- As-tu vu Jean Grey ?

- Je n'ai pas eu assez de temps.

Pyro intervint dans la conversation.

- Peut être faudrait-il que Diablo se téléporte là où Jean est morte...

Son mentor secoua la tête en signe de dénégation.

- Ce n'est pas nécessaire. Le temps et l'espace ne fonctionnent pas de la même façon là-bas.

- Alors elle peut être n'importe où ! ragea Mystique.

- Mais nous avons un moyen de la localiser, répondit son leader sans se départir une seule seconde de son calme.
Et comme il disait ses mots, Destinée fit son apparition. Elle souriait :

- J'espère que je ne suis pas en retard...

3 -

Elle marchait le long d'un dédale de couloirs de pierre sombre. Elle se sentait totalement perdue, sans savoir pourquoi, c'était comme s'il lui manquait quelque chose. Mes souvenirs. Elle n'avait plus de mémoire. Ne subsistait en son esprit qu'un intense sentiment de confusion. Ses muscles étaient tendus à l'extrême. Elle continuait d'avancer. C'est alors qu'une ombre se mouva sur sa gauche. Les nerfs à vif, elle fit volte face, prête à l'attaque. Et trois longues griffes brillantes jaillirent de chacun de ses poings.
Il n'y avait personne dans le couloir. Juste son reflet sur une porte de verre. Le reflet d'un Wolverine couvert de sang aux yeux étincelants de colère.
Un cri de terreur pure tira Maddie du sommeil. Elle se redressa et vit Malicia s'agiter violemment dans son sommeil. La jeune mutante s'approcha du lit de son amie et la prit par les épaules pour la réveiller. Malicia cessa de se débattre au bout de quelques secondes et ouvrit les yeux, haletante.

- Calme toi, ce n'était qu'un rêve... ce n'était qu'un rêve...

L'autre tentait de reprendre son souffle.

- C'était si... réel...

Tout se brouillait dans sa tête, mais elle était consciente d'une chose : elle n'avait pas vécu un rêve, mais un souvenir. Un souvenir qui appartenait à Logan.

Puis une autre sensation vint l'arracher à tout le reste. Une sensation qu'elle connaissait, mais que Malicia avait cru avoir oublié, tant cela faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas éprouvée.

Dans sa précipitation, Maddie n'avait pas enfilé ses gants, et ses mains touchaient ses épaules nues. Suivant son regard, Madison comprit à son tour. Elle lâcha Malicia et eut un léger mouvement de recul. Les deux jeunes filles échangèrent un regard lourd de sens. Puis, du bout des doigts, Maddie carressa la joue de Malicia.

- C'est...

- Fantastique...

A son tour Malicia posa ses mains sur le visage de son amie, constatant avec bonheur que par ce geste, elle ne lui faisait aucun mal. Mais après quelques secondes, elle la lâcha avec une expression gênée.
- Excuse-moi. C'est juste que ça fait tellement de temps que je n'ai pas pu...

- Je sais, la couppa Madison.
- ...juste prendre un ami dans mes bras sans risquer de le tuer... c'est...
- Je sais, répéta l'autre en un chuchotement.

Malicia quitta la douce chaleur de sa couverture pour s'asseoir à coté de son opposée.

- Comment c'est possible ? Je veux dire, en toute logique, j'aurai du aspirer ta vie en même temps que tu me la donnais... j'aurais du te tuer plus vite que n'importe qui d'autre.

- Je ne l'explique pas non plus. Peut-être que comme le feu et la glace, nos pouvoirs s'annulent du fait de leur caractère contraire.

Le feu et la glace. Malicia songea à Bobby. Et lui, pourrait-elle jamais le prendre dans ses bras ?
- Je sais à quoi tu penses, fit Maddie devant son air songeur.

- Ah oui ? fit la jeune fille avec une esquisse de sourire.

- Je crois savoir en tout cas... parce que je songe à la même chose.

Et elles poussèrent de commun un profond soupir.