note au lecteur :
Voici la 11ème partie... Les 10 précédentes sont disponibles ici : http/reves0.chez.tiscali.fr/ecrits/X-men.htm Si vous le souhaitez je ferai un p'tit résumé : )

Encore 2 parties maximum avant la fin déjà écrite qui donc se fera moins attendre.

Oh, et on va dire que je me répète, mais ce chapitre est comme le précédent dédicacé à Anna. Sans qui vous n'auriez pas eu la suite si vite "

Bonne lecture : )

Tout ce que nous ne serons pas
Partie 11

1-
Les paupières de Charles tombèrent doucement sur son regard bleu. Les yeux fermés mais l'esprit ouvert, il devinait, ressentait la présence de chaque porteur du gène X évoluant sur le globe terrestre. Son être passait de l'un à l'autre, captant bribes de pensées confuses, sensations éparses, douleur, plaisir, peur, apaisement.
Il ne s'y prenait pas de la bonne façon.

Ouvrant les yeux, il ôta son casque, rompant les multiples connexions de son esprit. Il n'avait pas besoin de Cérébro pour se lier à celui de Jean. Il la connaissait. Elle avait été sa toute première élève. Sa préférée sans doute, s'il s'était autorisé à faire ce genre de choix.
Il fit pivoter son fauteuil et se dirigea vers la sortie. Les sous-sols aseptisés et lumineux de l'acamédie ne constituaient pas le lieu idéal.
Alors que l'ascenceur le ramenait à la surface, il tourna la tête et eut un regard grave pour la caméra fixée dans l'angle derrière lui.

Le jeune Drake avait raison : son école se transformait en prison de haute sécurité. Il s'était donné pour mission de préparer les mutants au monde, voila qu'il les en coupait totalement. Et pour quels résultats ? Kurt avait été enlevé et il était incapable de le retrouver.
Au fond, c'était sans doute le monde qu'il fallait préparer aux mutants.

Les portes de la cabine s'ouvrirent sur le bois lambrissé des couloirs, et il avança doucement vers sa chambre, saluant d'un sourire les quelques élèves déjà levés. Même sans effort de concentration, il pouvait ressentir leur trouble à tous.
Les jeunes gens se reconstruisaient moins vite que leur école, songea-t-il.

Pénétrant ses quartiers, il tendit la main vers le verrou de la porte avant de se rétracter. Il se devait d'être disponible à chaque instant. Qui savait ce qui allait encore leur tomber dessus... Charles secoua la tête, comme pour en chasser ce fatalisme naissant qui ne lui ressemblait pas.

A la force des bras, il quitta presque douloureusement son fauteuil roulant pour un second, plus confortable et

-normal.
Il s'étira lentement, détendit chacun des muscles dont il avait encore le contrôle. Et ne ferma pas les yeux.
Jean. Penser à Jean.
Mille souvenirs venaient à lui en même temps, chacun lourd de sa propre signification. Il ne tenta pas de faire le tri et les laissa le traverser, lui arrachant tour à tour un sourire, ou une larme mal contenue.
Un souvenir plus vivace que les autres s'imposa à lui. Plus récent aussi... Une conversation, de professeur à élève puis d'ami à ami, qu'ils avaient eu quelques temps avant sa mort.

- Je crois que j'ai abimé quelque chose...

- Quelque chose ?
- Quelque chose en moi.

Elle lui avait expliqué comment s'être servie du Cérébro pour retrouver Malicia n'avait sans doute pas été sans conséquences.

- Une telle vague de... pouvoir... Le vertige, la douleur...
- Calme toi.

Peu après, elle avait confirmé des doutes qu'il avait toujours eu quant à ce qui s'était réellement passé sur la Statue de la Liberté, près d'un an plus tôt...

- L'autre vague... les radiations de Magnéto... La destruction de la machine n'a pas suffit à la stopper...

C'était elle. Elle qui avait utilisé tout le potentiel de sa télékinésie pour stopper l'onde dévastatrice.

Et c'était sans doute là le point de départ de son évolution...
Là qu'il devait chercher.

Jean...

Alors un souvenir qui ne leur était pas commun, qui n'appartenait qu'à elle, s'imprima sur ses rétines.

Il vit la main de la jeune femme, tendue à l'extrême devant lui, essayant à nouveaux de stopper les vagues. De tous les sauver. Il vit le Black Bird décoller, poussé vers le ciel par Jean. Il vit, enfin, l'eau meurtrière se déverser sur elle alors que tout son corps s'embrasait, semblant devenir pure énergie...

Il hurla, sans qu'aucun son ne franchissent ses lèvres.

Et puis...
Le blanc. Un néant qui n'en était pas un. Il devinait le temps s'écouler bien plus lentement que dans le néant qu'était leur univers à eux. Les battements de son coeur, très espacés, le confirmaient.
Un éclair coloré traversa son champ de vision. Un éclair roux.

- Jean !

Encore une fois, son cri demeura silencieux.
Il voulu avancer vers la silhouette mais ignorait au juste comment se mouvoir dans ce lieu aux propriétés physiques inhabituelles. Il réalisa alors qu'il n'était plus assis, ni même debout. Ses jambes flottaient dans cet étrange vide brumeux.

La lueur mordorée s'éteignit. Jean avait disparu. Il ferma les yeux, trop lentement pour empêcher deux larmes de rage de s'y échapper. Lorsqu'il les rouvrit, il était de nouveau assis dans le fauteuil que son corps n'avait en réalité jamais quitté.

Il devait y avoir une raison au fait qu'il ne se connectait qu'aux souvenirs de Jean, et non à son esprit même, à ses pensées présentes. Elle devait être plongée dans l'inconscience. Dans la non-conscience même, une forme nouvelle, auquel personne n'avait jamais été confronté.

Il songea, réprimant un frisson, que ce n'était peut-être pas un mal.

2 -

Les pneux crissèrent alors que Logan alignait la voiture à coté de la cylindrée de Scott, manquant la percuter de peu. Sur la banquette arrière, Diablo dormait toujours. Ouvrant la portière, il le prit avec précaution dans ses bras et laissa le hangard pour le hall d'entrée, Ororo sur ses talons.
Il avait à peine passé la porte que la voix à la fois enjouée et inquiète de Malicia parvenait à ses oreilles.

- Logan !

Elle courut dans sa direction, Maddie, la fille qui avait sauvé Scott, la suivant comme son ombre.

- Est-ce que Kurt va bien ? demanda Malicia à la vue du mutant inconscient.

Tornade hocha la tête de coté.

- Je pense qu'il a eu une longue nuit, mais il n'a pas l'air blessé. Il doit simplement se reposer.

Elle déchargea Logan de son fardeau bleu.

- Je vais tout de même l'amener à l'infirmerie, m'assurer que tout va bien.
Sans plier le moins du monde sous le poids de Kurt, elle adressa un signe de tête au petit groupe avant de s'engouffrer dans l'ascenceur.

- Qu'est-ce que vous faites debout si tôt ? demanda alors Logan aux deux jeunes filles.

- On a pas réussi à se rendormir, expliqua Malicia. Pas après notre découverte.

Elle souriait comme jamais Wolverine ne l'avait vue sourire.

- A savoir ?

Elle échangea un regard complice avec Maddie, avant de glisser sa main dans la sienne. Logan eut un mouvement réflexe pour les séparer mais n'en fit rien constatant qu'il... ne se passait rien.

- Nom de Dieu, souffla-t-il.
Mais il sourit vite à son tour.

- Vous en avez parlé au professeur ?

- Pas encore non. Il n'est pas dans son bureau, ni au Cérébro, il doit toujours dormir.

- Ouais... ne tardez pas en tout cas. S'il y en a un qui peut vous aider à ... optimiser les bénéfices de tout ça, c'est lui.
Il arqua un sourcil, s'étonnant lui-même de son vocabulaire apprêté.

- Tu étais buisnessman dans ton ancienne vie Logan ? s'enquit Malicia, amusée.

- Va savoir...
Le visage de la jeune fille s'assombrit soudain, et elle lacha la main de Maddie pour se rapprocher de Wolverine.

- J'ai encore fait un de tes rêves, chuchota-t-elle.

- C'était comment ?

- Douloureux... et sale.

- Désolé.
Il avait marmonné plus que prononcé le mot, mais il n'en était pas moins sincère. Malicia secoua la tête.

- Non, ce n'est pas ce que...

Elle s'interrompit, apercevant du coin de l'oeil Maddie tituber, et poser une main hésitante contre le mur.

- Ca ne va pas ?

- Si si...
La jeune fille se redressa et cligna des yeux à plusieurs reprises, comme pour rétablir sa vision.
- Juste un peu fatiguée...

- Avec les deux nuits que tu viens d'enchainer, rien d'étonnant...

A nouveau, elle lui prit doucement la main, et ce contact autrefois interdit la fit esquisser un joli sourire.
- Je te ramène à ta chambre...

- Moi je vais parler au professeur, lacha Wolverine, partant dans la direction opposée.

Au détour d'un couloir, il percuta Scott, qui articula péniblement deux mots d'excuses. Son regard masqué de quartz, il était impossible de déterminer quelle était au juste cette expression sur son visage. Espoir, crainte, un peu des deux sans doute, songea Logan. Il se racla la gorge.

- Ca va ?

- Va savoir, répondit le jeune homme, répétant sans le savoir les mêmes mots que lui quelques minutes auparavant.
Logan se renfrogna. Il n'aimait pas plus que ça se découvrir des points communs avec Scott.

- Tu sais où est le professeur ? demanda-t-il, plus pour changer de sujet qu'autre chose.

- Je l'ai vu rentrer dans sa chambre y'a une petite heure. Il a du passer la nuit sur Cérébro.

- Okay...

Il laissa repartir Cyclope sans esquisser d'autre geste. Le gamin n'était décidément que l'ombre de lui-même.
Arrivé devant la porte de Xavier, il retint sa main prête à frapper. Si le professeur dormait, il ne tenait pas à le réveiller. Les nouvelles données concernant Jean semblaient l'avoir perturbé plus encore que Scott.

- Bien vu, résonna la voix de Charles dans sa tête.

Logan ne sursauta pas.
A croire qu'il commençait à s'y habituer.

3-

Au fur et à mesure de leur progression, la pression de la main de Maddie se faisait plus lâche, et sa respiration plus saccadée. Malicia n'eut finalement que le temps de passer son bras autour de sa taille pour l'empêcher de tomber.

- Qu'est-ce qui se passe ? s'enquit une voix familière et emprunte d'inquiétude.

Maddie leva vers Bobby un regard se voulant rassurant.

- Un petit coup de barre, rien de plus...

Le jeune homme n'ajouta rien et s'écarta du passage, soucieux de ne toucher aucune des deux mutantes.

- Je te rejoins dans une minute, glissa Malicia à son oreille alors qu'elle arrivait à sa hauteur.

Il acquiesça, leur ouvrit la porte de la chambre et demeura dans le couloir, le dos appuyé contre le mur.

Malicia referma la porte et guida Maddie jusqu'au bord du lit.

- Ca va mieux, l'assura celle-ci.
Déjà son visage retrouvait des couleurs.

- Sûr ? s'enquit tout de même la jeune fille.

- Sûr, répondit son amie. Je suppose que le... transfert pour Scott m'a plus fatiguée que je ne l'ai cru.

- Essaie de dormir un peu d'accord ? Ensuite on ira parler au professeur de ce qui se passe...

Maddie hocha la tête, puis se laissa tomber en position allongée. Il sembla à Malicia qu'elle était endormie avant même que son visage en rencontre l'oreiller.

- Elle va bien ? demanda Bobby alors qu'elle refermait la porte.

- Je crois... On n'a pas beaucoup dormi cette nuit.
Il se releva, soucieux.

- Encore des cauchemars ?

- Oui mais...
Elle lui adressa son sourire le plus lumineux.

- J'ai une bonne nouvelle. On va se poser dans un coin plus tranquille ?

Le garçon hocha la tête, une expression positivement intriguée flottant sur le visage.

Ils traversèrent le couloir jusqu'à sa propre chambre. Mais à peine Bobby avait-il posé la main sur la poignée que son souffle se fit rauque.

- Qu'est-ce ... commença Malicia.

Elle vit le dessin de ses veines se faire plus prononcé sous sa peau, symptôme usuel qui frappait les gens lorsqu'elle les touchait...
Sauf qu'elle ne le touchait pas.
Elle recula, un cri de terreur aux lèvres alors que le garçon s'écroulait, inconscient. Son dos rencontra le mur, et elle s'y laissa glisser jusqu'au sol, laissant sans la voir une longue trainée glacée contre le bois.