Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas et ne voudront jamais m'appartenir parce que je les fais vraiment trop souffrir et qu'ils m'ont pris en grippe. Cette histoire ne devrait pas arranger mon cas…

Titre : Je n'ai plus rien, que m'offres-tu ?

Auteur : Ephemeris

Résumé : Heero, après avoir appris qu'il était atteint du sida, cherche un réconfort chez quelqu'un qui peut lui apporter quelque chose dans sa situation désespérée.

Couples : 1x2

Genre : Deathfic. Comme j'en ai jamais écrit et que j'ai voulu plusieurs fois tuer les personnages sans avoir le courage de le faire, ben c'est ce que j'ai fait dans cette histoire.

Rating : T à cause de la dureté du sujet. Je suis certaine que vous comprenez pourquoi.

Warnings : AU, Yaoi. Sujet plutôt dur, âmes sensibles s'abstenir. Déprimant, ce n'est peut-être pas une bonne idée de lire ça si vous avez des tendances suicidaires. Ça pourrait aggraver votre cas et je ne veux pas avoir de morts sur la conscience…

Chapitre 8

Heero dormit très mal cette nuit-là. L'image de Duo en larmes, recroquevillé contre le mur hantant son esprit. Pour Hilde, ce ne fut pas très différent, excepté qu'elle avait vu défiler toute sa vie en compagnie de Duo, revoyant les visages que son ami avait rendu heureux pour une nuit alors que le sien n'exprimait plus de joie. Et cet homme qui l'avait détruit.

Elle fut réveillée en sursaut lorsque Heero remua brusquement sous l'effet du cauchemar qu'il faisait. Hilde le secoua pour le réveiller et croisa son regard perdu. Ils restèrent un moment ainsi, liés par le regard, sans bouger, Hilde appuyée sur Heero.

Mais ce contact visuel fut rompu lorsque des bruits d'agitation se firent entendre du côté de la chambre de Duo. Ils virent alors Duo sortir en trombe de sa chambre, habillé un peu de travers, et se diriger vers la porte d'entrée. Hilde paniqua en voyant le jeune homme marcher d'un pas décidé tout en étant chancelant. Elle savait où il comptait aller.

"Non Duo, n'y va pas !"

Le garçon se retourna et remarqua la présence de Heero et Hilde sur le canapé. Mais il ne voulait pas écouter. Il attrapa son manteau qu'il essaya d'enfiler du mieux qu'il le pouvait malgré son trouble de la veille qui ne l'avait pas laissé en paix.

"Je fais ce que je veux et si j'ai besoin d'y aller, tu ne m'en empêcheras pas."

Hilde se redressa un peu, encore trop endormie pour se lever.

"Je t'en prie Duo, ne vas pas la voir. Reste ici avec nous."

Mais Duo n'écouta pas et sortit quand même en claquant la porte derrière lui. Hilde éclata en sanglots avant de s'écrouler sur Heero qui n'avait rien compris à l'échange qui venait d'avoir lieu sous ses yeux.

"Ne vas pas la voir."

De qui avait parlé Hilde ? Cela aurait-il un rapport avec les sorties matinales de Duo ? Un regard à la pendule indiqua à Heero que l'heure était juste. Mais il lui avait dit la veille que c'était la dernière fois. Alors pourquoi ? A cause de cet homme qui avait resurgi dans sa vie ? Il devait savoir. Il releva Hilde un peu, histoire de voir son visage qui était baigné de larmes et l'interrogea.

"Qu'est-ce que tu veux dire par 'ne va pas LA voir' ?"

Hilde s'arrêta de pleurer et le regarda dans les yeux. Il était évident que Heero se faisait des idées à cet instant et elle ne le voulait pas. Elle se leva et lui tendit la main pour qu'il se lève aussi.

"Viens, je vais te montrer."

Heero prit la main de la jeune fille, très intrigué et quelque peu inquiet de ce qu'il allait découvrir. Il suivait Hilde qui le fit passer devant un parc où jouaient des enfants, puis lui fit traverser une place encombrée par des voitures pour enfin arriver devant une petite galerie d'art. Heero ne comprit pas ce qu'ils faisaient à cet endroit.

Il interrogea la jeune fille d'un regard auquel elle répondit en ouvrant la porte, le poussant à l'intérieur. Heero se laissa faire, toujours sans comprendre. Ils traversèrent plusieurs salles de tableaux de tous genres jusqu'à ce qu'ils arrivent près d'un renfoncement. En s'approchant, Heero se figea soudainement, saisissant enfin la raison de sa venue dans cet endroit.

Dans ce renfoncement se trouvait un tableau représentant une jeune femme, sans doute une aristocrate de l'époque de Louis XV si l'on se fiait à sa robe. Devant ce portrait se trouvait un banc d'observation où était assis Duo, le visage baigné de larmes. Il regardait le jeune femme du tableau d'un regard empreint de tristesse.

Heero lança un regard à Hilde, attendant des explications, mais la voix de Duo empêcha la jeune fille de parler.

"Il est revenu, cet imbécile. Il est revenu et il voulait... Mais je ne veux plus. Je ne veux plus repenser à tout ça. Je sais que je t'avais dit que je ne reviendrai plus te voir... Je croyais que c'était terminé, mais depuis que je l'ai revu, je me rends bien compte que c'est en moi et que je ne pourrais jamais oublier..."

Et il éclata en sanglots. Heero sentit son coeur se serrer dans sa poitrine et eut un élan vers ce corps secoué de spasmes, mais Hilde le retint.

"Non, n'y va pas."

Elle le tira en retrait pour ne pas se faire remarquer par Duo. C'est alors que Heero se fâcha.

"Maintenant, j'exige des des explications."

Il la regardait avec la rage de ne pouvoir venir en aide à celui qu'il aimait. Il devait savoir. Hilde se décida donc à donner les explications que Heero lui réclamait.

"Par où commencer..."

"Qui est cette femme ?"

"Une noble de l'époque de Louis XV, une marquise je crois."

"Quel rapport avec Duo ?"

"Aucun."

Heero la regarda un peu de travers. Il y avait forcément un rapport entre ce tableau et Duo pour que ce dernier vienne le voir tous les jours.

"Je ne comprends pas."

"Bon, laisse-moi t'expliquer depuis le début. Lorsque Duo a appris qu'il avait le sida, il était dans un état terrible. Il déprimait complètement, se sentant exclu de la société. J'étais la seule à venir le voir et à m'occuper de lui."

Elle s'arrêta un instant, cherchant un peu ses mots.

"Et puis un jour, après être allé se promener, il est revenu différent, comme s'il avait repris espoir. Moi j'étais super contente de le voir reprendre goût à la vie, mais je me demandais ce qui avait pu provoquer un tel changement en lui. Et je le voyais partir tous les matins à la même heure et revenir une heure ou deux plus tard. Tous les jours... J'ai commencé à m'inquiéter parce que quand je lui demandais où il allait, il ne me répondait pas. Alors, un matin, je l'ai suivi et je suis arrivée ici. C'est alors que j'ai compris."

Heero la regarda, perplexe. Qu'avait-elle compris ? Lui ne comprenait absolument pas. Y avait-il quelque chose qui aurait échappé à son regard ?

"Hilde, qu'est-ce qu'il y a à comprendre ?"

La jeune fille le tira vers la salle où se trouvait le tableau et lui dit :

"Regarde le regard de cette femme, ne te fait-il pas penser à quelque chose ?"

Heero observa alors le portrait, détaillant le visage de la marquise jusqu'à arriver à ses yeux. Au début, il n'y vit rien, mais le souvenir de la veille lui revint en mémoire, lorsque Duo s'était détaché de lui pour aller s'enfermer dans sa chambre. Heero sursauta à cette pensée. Cette femme que Duo ne connaissait pas, dont il ne savait sans doute rien, avait le même regard que lui, cette même expression de tristesse et de dépression qui avait pris Duo à l'annonce de sa maladie. Il se tourna vers Hilde.

"Mais pourquoi ne veux-tu pas qu'il vienne voir ce tableau ?"

"Parce que c'est malsain. En étant confronté à son propre regard tous les jours, comment veux-tu qu'il s'en sorte et qu'il pense à autre chose. Et de plus, ça me donne mal au coeur qu'il regarde avec autant d'intensité une autre femme que moi."

"Hilde..."

"Je sais que c'est toi qu'il aime. Je le connais assez pour le savoir. Mais je croyais justement que ta présence l'aurait raisonné, qu'il aurait arrêté ces visites."

Heero se souvint alors que Duo lui avait dit qu'il n'irait plus. Mais, apparemment, la réapparition de cet homme dans la vie de Duo avait replongé celui-ci dans ses souvenirs, ce regard ayant refait surface.

"Il voulait arrêter. Hier, il m'a dit que c'était la dernière fois..."

Hilde fronça alors les sourcils, comprenant bien que c'était l'apparition de la veille qui avait provoqué ce changement d'avis.

"L'enflure, je vais le tuer !"

Il faut croire qu'elle avait dit cette menace un peu plus fort car ils virent Duo apparaître près d'eux, surpris et les traces des larmes encore visibles sur ses joues.

"Qu'est... qu'est-ce que vous faites là ?"

Heero se précipita sur le garçon à une vitesse qui ne permit pas à Duo de réagir et le serra dans ses bras.

"Je t'aime Duo, je t'aime et je ne permettrais jamais qu'on te fasse du mal. Je t'en prie, viens avec moi, à la maison."

Duo sentit les larmes remonter.

"Mais, je suis malade..."

"Moi aussi, mais ce n'est pas une raison. Nous sommes plus fort que cette maladie et nous allons la combattre ensemble, juste pour l'embêter. La mort n'est pas encore là. Tu m'entends, tu ne mourras pas Duo, pas tant que je serai là."

C'est alors que Heero sentit les bras de Duo remonter dans son dos pour lui rendre son étreinte. Il en soupira de joie.

"Ramène-moi à la maison, s'il te plaît."

Heero acquiesça et, s'écartant de Duo sans pour autant le lâcher, il prit la direction de la sortie, le retenant par les épaules. Ils sortirent de la galerie sans un regard à Hilde qu'ils semblaient avoir oublié. Le jeune fille les regarda s'éloigner, le coeur serré. Cette image était la preuve qu'elle n'avait plus sa place dans la vie de Duo, ce qui la chagrinait profondément.

"Très bien Duo, je ne viendrais plus me mêler de ta vie," dit-elle plus pour elle-même que pour son ancien ami.

Après quelques minutes, elle sortit à son tour de la galerie et prit le chemin de son appartement, un goût amer dans la bouche. Après tout ce qu'elle avait fait pour lui, elle trouvait difficile à accepter le fait que Duo ne voie que Heero alors qu'il le connaissait depuis si peu de temps.

Mais elle l'aimait tant. Pourquoi elle n'avait pas réussi à l'amener à l'aimer, même après toutes ces années ? Et pourquoi un inconnu avait réussi à prendre son coeur alors qu'elle en avait toujours rêvé ? Hilde s'arrêta un plein milieu du trottoir, incapable de faire un pas de plus, et se mit à pleurer.

Puis, elle vira de bord, prenant la direction de l'appartement de Duo. Elle avait besoin de l'entendre de sa bouche. Il lui devait bien ça, après tout ce qu'elle avait fait pour lui, il lui devait bien de lui dire pourquoi il ne l'aimait pas comme il aimait Heero.

-§-§-

Lorsqu'ils furent enfin rentrés dans l'appartement, Heero déposa son amant dans le canapé et partit vers la cuisine pour lui rapporter un verre d'eau. Duo n'avait pas dit un mot depuis qu'ils étaient partis de la galerie et il semblait absent. Il prit le verre que lui tendait Heero sans même le regarder. Il en but le contenu et laissa tomber son bras sur le canapé en lâchant le verre qui fut rattrapé de justesse par Heero avant qu'il n'aille se fracasser au sol.

Heero le posa sur la table basse et prit place à côté de Duo. Il tendit alors sa main vers celle de Duo qui, automatiquement, serra la sienne, emprisonnant l'autre. Heero se sentit soulagé de cette réaction qui prouvait que Duo était conscient. Mais ce sentiment fit place de nouveau à l'inquiétude lorsqu'il vit Duo froncer les sourcils.

"Je le déteste. Je déteste tout ce qui se rapporte à lui. Et je me déteste encore plus d'avoir un jour éprouvé autre chose que de la haine à son égard."

Heero ne sut quoi répondre. Il n'avait rencontré cet homme qu'une fois et ne le connaissait pas. Que pouvait-il dire qui aurait pu rassurer Duo ? Mais il n'eut pas le temps d'y réfléchir vraiment que le jeune homme continua.

"Et je la déteste aussi."

Cette fois, Heero eut un doute sur l'identité de celle dont parlait Duo. Ne connaissant comme femme que Hilde dans l'entourage du jeune homme assis à ses côtés, mais ne pouvant croire qu'il parlait d'elle, il en arriva à la conclusion que Duo parlait de la femme sur le tableau.

"Si tu la détestes, il te suffit de ne plus aller la voir."

Duo acquiesça avant de continuer.

"J'espère qu'on l'a beaucoup fait souffrir. Il faut payer pour avoir un tel regard. Et je souhaite que le peintre qui a fait ce portrait ait autant souffert qu'elle pour avoir osé exposer ce regard et ainsi me faire souffrir encore plus en me le mettant sous le nez."

Heero sentait toute la colère qui émanait de Duo et le laissa dire, pensant que cette rage devait sortir d'une façon ou d'une autre. C'est alors que la porte d'entrée s'ouvrit et que Hilde entra dans l'appartement, venant se planter devant Duo.

"Dis-le moi."

Duo la regarda d'un air perplexe. Apparemment, il comprenait autant que Heero ce que la jeune femme voulait.

"Dis-moi pourquoi, malgré tout ce que j'ai fait pour te plaire, tu en viens encore une fois à préférer un homme que tu ne connais pas plutôt que moi qui pourrait tant t'apporter. Pourquoi Duo, pourquoi ?"

Heero fut plutôt surpris par cette demande, mais sa surprise ne dura pas longtemps, vite remplacée par la peur lorsque, après un coup d'oeil à Duo, il vit passer la même haine qu'il avait vu l'instant précédent dans son regard. Le jeune homme se leva et plongea son regard dans celui de Hilde qui prit peur elle aussi.

"Quoi, mes précédentes explications à ce sujet ne t'ont pas suffi ? Tu tiens tant que ça à ce que je te fasse souffrir ? Je ne t'aime pas comme ça Hilde. Je ne t'ai jamais aimé comme ça et ça ne pourra jamais changé, surtout pas maintenant que j'ai cette putain de maladie."

"Et pourquoi ? Parce que tu risques de mourir avant moi ? Mais tu ne réalises pas que cette excuse est complètement idiote. Personne n'est à l'abri d'un accident, un fou en voiture..."

"Tu ne comprends pas. Ce n'est pas la maladie qui m'empêche de sortir avec toi, mais ce que tu représentes pour moi."

Hilde recula d'un pas, frappé au coeur par la dureté des paroles de Duo.

"Comment, tu me détestes après tout ce que j'ai fait pour toi ? J'ai toujours essayé de t'être agréable."

"C'est bien ça le problème. Tu t'accroches à moi et au rêve que je représente pour toi. Mais je ne t'aime pas Hilde. Alors arrête de te convaincre que les choses pourront changer. Tu me donnes envie de vomir."

"Duo, pourquoi tu ne me regardes pas ?"

Effectivement, Duo avait baissé les yeux et semblait fuir le regard de Hilde. Heero fut pris d'un affreux doute. Etait-il possible que Duo aimât vraiment Hilde, mais qu'à cause de sa maladie, il fasse tout pour l'éloigner de lui ? C'est alors que Duo releva la tête et plongea son regard dans celui de Hilde. Il la fixa ainsi un moment avant de répondre à la jeune fille.

"Parce que quand je te regarde, je vois cette étincelle que j'avais avant et que je n'ai plus. Je fuis ton regard parce qu'il me rappelle en permanence que je peux mourir à chaque instant et que toi, tu peux espérer de merveilleuses et longues années. Moi, je vis tout en étant mort. Toi, tu vis en étant vivante."

Il baissa à nouveau la tête et laissa les larmes qui menaçaient depuis un moment couler sur ses joues. Hilde aussi se mit à pleurer et murmura :

"Pardonne-moi Duo, je n'avais pas compris."

Duo releva la tête et la fixa d'un regard vide.

"Tu ne pourras jamais me comprendre parce que tu ne sais pas ce que c'est que d'avoir le sida."

C'en fut trop pour Hilde qui ne put supporter davantage les paroles et le regard de Duo. Elle tourna donc les talons et repartit là d'où elle était venue.

Heero ne bougeait plus, n'arrivant pas à trouver une issue à tout cela. Il voyait l'homme qu'il aimait en larmes et ne savait pas comment réagir envers lui. Il aurait tout donné pour que Duo arrête de pleurer. Cette vision lui faisait mal. C'est alors que le garçon se retourna vers lui et se jeta dans ses bras.

"Heero, dis-moi que tu seras toujours là pour moi, que cette douleur va s'en aller."

Heero le serra fortement contre sa poitrine, ne voulant pas se défaire de lui.

"Je te promets que tant que je serais en vie, ton existence sera des plus agréables. On sera heureux Duo, c'est une promesse."

Les larmes de Duo s'estompèrent petit à petit, le jeune homme se serrant de plus en plus contre Heero. Un amour si tendrement offert ne se refusait pas. Mais Heero, comme Duo, ne pouvait pas franchir certaines limites qui gênaient leur bonheur. Mais la limite que Duo avait en tête n'était pas encore là. Enfin, il l'espérait.

"Je t'aime Heero."

A suivre...

Note de l'auteur : Et Hilde tire sa révérence ! Ce chapitre m'a donné du fil à retordre, c'est le cas de le dire. J'étais partie sur une idée qui a complètement changé pendant que je l'écrivais. Enfin, c'est le premier chapitre que j'écris sur mon bureau tout neuf, j'espère qu'il m'a bien inspiré... Cette histoire touche à sa fin, j'en ai bien peur. Peut-être encore un chapitre ou deux, je ne crois pas plus. Enfin, en espérant que ce chapitre ait été à votre convenance. Merci de me lire et à bientôt.

-Ephemeris-