Après des années d'absence, voici le nouveau chapitre d'apprends-moi. J'espère qu'il vous plaira et qu'après tant d'absence vous ne serez pas déçu de cette reprise. Je sais que la dernière fois j'ai dit que je reprenais pour de bon et que j'ai à nouveau abandonné mais cette fois-ci ça devrait être la bonne! Même si ma vie est assez chargée je devrais pouvoir dégager assez de temps pour publier assez régulièrement!

Très bonne lecture à tous :)


Aujourd'hui.

Lexa, toujours assise dans le canapé de cuir noir, regardait longuement ses mains avec lesquels elle jouait nerveusement. Elle n'osait pas relever les yeux et se retrouver face à face avec Hanna. La femme quant à elle continuait de la fixer en silence, attendant un signe, une continuité dans l'histoire qui lui était racontée en cette nuit d'été. L'attitude la brune lui donnait de nombreuses indications sur ses sentiments, la timidité, les remords, l'angoisse tant de choses qui montraient à quel point la femme d'affaire se sentait brisée.

- Tu aimerais peut-être faire une pause? Demanda la psychologue.

Au fond d'elle Hanna trouvait cela dommage de s'arrêter là. Certes il était tard, certes la fatigue se faisait sentir pour elle comme pour Lexa mais en même temps la brune se confiait enfin, c'était la première fois qu'elle prenait réellement la parole lors de leur séance et Hanna ne voulait pas couper cela. Il fallait avancer, repasser le film des évènements en partant des moments joyeux pour enfin arriver au nerf du problème, à la dégringolade soudaine de cette vie qui prenait pourtant un tournant si positif.

Lexa leva enfin les yeux et regarda son amie avec une mine décousue. Après s'être raclé la gorge, elle prit à nouveau la parole.

- Non, je peux continuer encore un peu.

- Bien... alors après cette soirée qu'est-ce qu'il s'est passé?

Un an et demi plus tôt:

Lexa passa d'un pas peu assurer les porte automatiques du grand bâtiment abritant Polis. La vie autour d'elle semblait défiler à une vitesse excessive alors que la jeune femme avançait presque au ralenti. Elle se faisait bousculer par les employés pressés sans même un "pardon" ou un regard. Comme si elle ne valait au final pas grand-chose. A l'époque la moindre bousculade lui aurait valu d'innombrable excuses qu'elle n'aurait pas pris la peine d'entendre et aujourd'hui rien pas une once d'intérêt. A la décharge, Lexa avait certainement perdu de sa superbe. Sa silhouette élancée semblait maintenant frêle et bancale, les gens ne la reconnaissaient certainement pas de dos.

La jeune femme passa son badge au portique de sécurité qui s'ouvrit automatiquement, l'agent en place inclina la tête en signe de révérence. A l'époque, la femme d'affaire ne le remarquait même pas, mais ce matin-là, elle fut surprise d'être accueillie presque comme une reine.

Encore quelques pas et elle rentra dans l'ascenseur déjà bondé. Les employés se rapprochèrent afin de lui faire de la place et après un rapide merci, Lexa prit place en contrôlant que le numéro de son étage était allumé.

Les regards autour d'elle la transperçaient, chacune des personnes présentes la reconnaissaient enfin et la dévisageaient longuement. Certaines froncèrent les sourcils comme si elles avaient de la peine à reconnaitre la patronne d'autres ne cachaient pas leur surprise en découvrant l'état de la grande Alexandria Wood. Mais tout cela ne déboussola pas cette dernière, elle revêtait son masque protecteur et bomba le torse. Il ne fallait pas montrer de faiblesse et comme elle l'avait souvent dit à ses employés "laissons les problèmes personnel en dehors de Polis".

La sonnette de l'étage résonna et Lexa s'extirpa de l'ascenseur sans lancer le moindre regard derrière-elle. La jeune femme savait pertinemment que les langues allaient se délier dès son départ. Les gens la critiqueraient, l'analyseraient et trouveront tout type de raison à son état. Mais cela, Lexa n'en avait plus rien à faire, elle ne laisserait plus abattre par la vie.

Sur son chemin elle continua à croiser de nombreuses personnes qui la saluèrent à tour de rôle. Chacun semblait timide en sa présence et baissait la tête nerveusement. Avait-elle toujours eu cet effet sur les autres? Sûrement, on ne devient pas une femme d'affaire réputée en inspirant la compassion et la sympathie.

Enfin elle arriva au bureau central de la réception de l'étage. Nyilah était déjà à son poste et pour la première fois depuis son entrée à Polis aujourd'hui, Lexa fut accueillie par un vrai sourire sincère. Son assistante se leva de sa chaise, une pile de dossiers entre les mains et s'approcha de sa patronne.

- Contente de vous voir Mademoiselle Wood. Lui dit-elle alors que Lexa continuait son chemin en direction de son bureau.

- Contente de vous voir aussi Nyilah. Quel est le programme aujourd'hui?

- Un meeting avec les investisseurs de Joy & Co à 9heures, un déjeuner avec Phillip Mortis et à 16heures 30 vous avez la projection du plan de construction de la 3ème avenue.

Cet emploi du temps bien plus aéré qu'à l'accoutumée n'échappa pas à Lexa. Son assistante avait dû avoir des indications et lui avait libéré bien plus de temps qu'elle en avait besoin. Une partie d'elle-même voulu répliquer et prouver à qui voulait l'entendre qu'elle était apte à reprendre son poste comme avant. Mais à quoi bon gaspiller sa salive?

Lexa déposa sa sacoche sur le bureau et regarda autour d'elle. Rien n'avait changé chaque chose était à sa place comme si jamais elle n'avait quitté la pièce.

Comme un automatisme, Nyilah lui tendit en premier le journal et déposa sur le côté droit du bureau le reste de la pile de documents. Elle fit attention à ce qu'elle soit bien droite avant de se reculer.

- Je sais que je vous l'ai déjà dit, mais vraiment nous sommes tous heureux de vous revoir ici.

Lexa leva les yeux de son journal alors qu'elle s'asseyait sur sa chaise. Elle eut un petit rictus mesquin en fixant son assistante.

- J'imagine que mon remplaçant ne vous a pas rendu la vie facile.

- Monsieur Pike est certainement un très bon actionnaire mais il ne vous arrive vraiment pas à la cheville. Polis est devenu une dictature pendant votre absence.

- Il était temps que je revienne alors?

- Vous n'avez pas idée!

Les deux femme se sourirent et Nyilah commença à tourner les talons avant que Lexa l'interpelle à nouveau.

- Avez-vous réussi à joindre Dylan?

- Toujours son répondeur, je suis navrée.

La femme d'affaire accusa le coup avant de répliquer.

- Je serai absente après le meeting de 9h et je me rendrai directement au déjeuner avec Phillip, si quelqu'un me demande répondez simplement que je suis la patronne et que je n'ai de compte à rendre à personne.

La blonde lui sourit et hocha la tête.

- Bon retour parmi-nous Mademoiselle Wood.

Clarke sorti de la salle de briefing avec une dizaine de collègue qui lui emboitaient le pas. La réunion avait été informelle, un simple rendez-vous que Marcus avait fixé afin de faire le tour de chaque employé et de mettre à jours les prochains évènements. Depuis qu'elle était arrivée dans la galerie, Clarke avait assisté à au moins trois de ces briefing qui au final se trouvait surtout être une excuse pour engloutir des croissants et boire du café.

La jolie peintre sortit rapidement le téléphone de sa poche et tapota sur son clavier avant de se relire.

"Bonne première journée, je suis sûr que tu vas tout déchirer. Tu es la meilleure. Pour fêter ça, passe à l'appartement ce soir?"

Clarke envoya le message et remarqua que les deux Vu passèrent au bleu. Lexa avait donc lu le message. Elle attendit quelque seconde mais aucune réponse ne lui vint en retour. La blonde respira, il ne fallait pas qu'elle s'angoisse si rapidement. C'était le premier jour de la brune elle n'avait certainement pas beaucoup de temps à accorder à sa vie privée.

Alors qu'elle se dirigeait vers l'une des salles d'exposition, elle fut interpelée par Jenny. Une grande rousse élancée aux petites lunettes carrées qui travaillait à la comptabilité. Cette dernière accouru vers la blonde qui maintenait la porte de la salle entrouverte.

- Hey Clarke! Avec l'équipe on comptait aller manger un morceau tous ensemble ce soir. Tu es de la partie?

- Désolée j'ai déjà quelque chose de prévu.

Machinalement, Clarke regarda l'écran de son portable... toujours pas de réponse. Jenny le remarqua et aborda un sourire compatissant.

- Tu ne devrais pas attendre après quelqu'un qui visiblement ne te donne pas tout l'attention que tu mérites. Il y a plein de poissons dans l'océan.

- Il n'y a pas d'autre poisson pour moi. Répondit elle simplement avant de disparaitre dans la salle.

Lexa monta les trois marches qui la séparaient du porche de cette petite maison en plein cœur de Brooklyn. Elle agrippa le petit sac qu'elle tenait un peu plus fort signe de sa nervosité. Son corps tremblait elle il lui fallut quelques seconde pour le contrôler. Une fois calmée elle sonna d'un doigt peu assuré et attendit de longue secondes avant que la porte ne s'ouvre enfin.

Là devant-elle se dressait une femme brune d'une trentaine d'année bien entamée. Son ventre arrondit était prêt à exploser et Lexa eut du mal à relever les yeux pour la confronter. Elle murmura du bout des lèvres:

- Bonjour Alie.

- Lexa?

La femme enceinte tira alors la brune contre elle dans une étreinte que Lexa eu du mal à réciproquer tellement sa surprise était grande. Dire qu'elle était mal à l'aise aurait été une euphémisme.

- Je savais que j'allais vous voir à ma porte un matin la queue entre les jambes! Je ne pourrais pas être plus heureuse.

Lexa lui sourit timidement. Alie avait toujours réussi à dédramatiser chaque situation, elle était d'une douceur incomparable.

La maîtresse de maison l'invita alors à entrer et l'entraîna rapidement dans la cuisine où elle lui servit une grande tasse de café tout juste préparé malgré les résistances de Lexa. Rien ne pouvait l'arrêter pas même la directrice d'une entreprise valant des milliards de dollars.

Lexa regarda autour d'elle. La jeune femme n'était jamais entrée dans la maison et découvrait le charme de ce petit lieu plein de vie. Les murs tapissés de photos de famille, les jouets jonchant le sol, l'âme de l'amour qui se dégageait de chaque pièce. La brune devait l'avouer, malgré le chantier elle enviait cette vie, cette bulle d'amour dans laquelle chacun pouvait être qui il était vraiment. Elle n'avait jamais imaginé vouloir une chose pareille, une chose que même l'argent ne pouvait lui apporter.

- Alie. Commença Lexa. Je voulais tout d'abord m'excuse pour tout ce qu'il s'est passé. J'ai perdu pied et j'ai fait des choses dont je ne suis pas fière. Jamais je n'ai voulu impacter votre famille comme cela et...

- Je sais Lexa, ne vous en faites pas. Je n'ai pas arrêté de dire à Dylan que vous alliez revenir. Vous le connaissez il est têtu alors quand il voyait le numéro de Polis s'afficher j'avais beau lui demander de répondre il n'en faisait qu'à sa tête. Le fait que vous vous déplaciez aujourd'hui va peut-être le faire changer d'avis

- J'ai été horrible avec lui. Et j'en suis vraiment désolée et je sais qu'il est engagé chez Norman's mais je ferai tout pour qu'il revienne.

Alie explosa de rire, une main sur son ventre rond, l'autre essuyant une larme au coin de son œil.

- Norman's?! Dylan n'a pas tenu une semaine là-bas. Je sais que c'est vous qui l'aviez recommandé mais vous auriez pu vous en passer. Certes vous êtes quelqu'un de dur dans votre métier mais vous avez toujours été respectueuse. Ce qui n'est pas le cas de ces abrutis!

Des pas se firent alors entendre dans les escalier et machinalement, Lexa se leva sa chaise. Elle sentit une bouffée de chaleur l'envahir alors que Dyla arrivait dans la cuisine, une cravate pas encore nouée autour de son cou et sa chemise ressortant de son pantalon pas encore accroché. En voyant Lexa, Dyla se stoppa net, ce grand gaillard ressemblait à s'y méprendre à un petit garçon timide.

La patronne s'avança alors près de lui tandis que son ancien chauffeur s'affairait à se rendre plus présentable. Il lança un rapide coup d'œil à sa femme qui lui sourit tendrement.

Lexa ne trouvait pas les mots et se contenta de lui tendre le petit sac qu'elle n'avait pas lâché depuis son arrivée. Sur la retenue, le chauffeur le saisit et en sorti une petite grenouillère bleu pour bébé. Il passa délicatement ses gros doigt sur le tissu et releva les yeux.

- Nyilah a toujours aussi bon goût. Dit-il simplement en remettant le vêtement dans le sac. Le ton amer n'échappa pas à Lexa qui baissa les yeux.

- Cette fois-ci elle n'y est pour rien. C'est moi qui l'ai acheté. Elle marqua une pause avant de déglutir et de reprendre. Ecoutez Dylan je suis vraiment désolée pour ce qu'il s'est passé. J'ai dépassé les bornes je le sais et j'ai été injuste mais si vous me laissez une nouvelle chance j'aimerai beaucoup vous réengager.

- Je croyais que le budget était serré? Et puis de toute manière j'ai un entretien d'embauche, je vais être en retard.

Pas de réponse. Lexa baissa à nouveau les yeux et soupira. C'était une mauvaise idée d'être ici, elle n'était pas prête pour un rejet. C'est alors que la voix d'Alie s'éleva.

- Tu vas arrêter de faire ta tête de con Dylan? Elle se met presque à genou pour te reprendre et tu attends ça depuis des semaines! Alors arrête un peu ton cinéma. Elle s'est déplacée visiblement seule jusqu'ici avec un cadeau pour notre bébé qu'elle est allé elle-même choisir, et elle te supplie de revenir alors ne fais pas ta fine bouche car cet entretien d'embauche tu n'en voulais de toute façon pas!

Un silence encore et Dylan prit place également à table. Il ne croisait ni le regard de Lexa ni celui de sa femme. La chef d'entreprise restait quant à elle debout sans savoir quoi faire. Il était tellement plus simple de négocier des dossiers plutôt que de parler de ses sentiments. Lorsque la voix de Dylan résonna une nouvelle fois, elle releva la tête.

- Pas de travail le week-end et pas plus de trois nuits par semaines.

La brune retrouva alors le sourire et son cœur se relâcha enfin comme si un poids lui avait été enlevé d'un coup. Elle hocha la tête en signe d'acceptation.

- Et lorsqu'Alie accouche je veux une semaine de congé.

- Autre chose? Demanda Lexa le sourire toujours aux lèvres.

- Ça ira. Répondit-il

Alors que Lexa pensait que la discussion était close et qu'elle pourrait reprendre le fil de sa journée elle senti alors deux gros bras l'entourer. Jamais elle ne s'était permise une telle chose avec l'un de ses employé. Jamais. Mais lorsque Dylan l'enlaça ainsi elle ne put que le laisser faire un instant. Il lui murmura un "merci" et se recula enfin, gêné de son geste d'affection, il se racla la gorge et gratta sa nuque sous le regard amusé de sa femme.

- Bon... dit Lexa tout aussi gênée. Et si on se mettait en route j'ai un déjeuner sur la cinquième. Elle s'arrêta. A moins que vous préféreriez commencer la semaine prochaine?

- En route mademoiselle Wood. Mais le temps de revenir à Polis vous devrez vous contenter de ma Prius.

La nuit commençait à tomber sur New York, Clarke sortit de la galerie les yeux rivés sur son téléphone. Elle n'avait pas eu de réponse de Lexa, rien. La colère l'envahissait peu à peu et cela elle ne pouvait pas le refreiner. Une partie d'elle se demandait si Lexa ne se fichait pas d'elle, certes elle était prête à faire des efforts, se racheter pour tout le mal qu'elle avait fait mais elle ne pouvait pas accepter d'être torturée ainsi.

Elle sentit alors une main effleurer son épaule et découvrit Jenny à ses côtés. Le reste de l'équipe attendait quelques mètres plus loin dans une ambiance décontractée. Clarke pouvait entendre les rires s'élever dans la rue.

- Tu es sûr que tu ne veux pas venir avec nous? Insista Jenny.

Au même moment, Clarke reconnu la berline noire qui se garait juste devant elle. Son cœur manqua un battement en voyant Lexa sortir de la voiture et ne peut refreiner le sourire tendre qui s'échappe de ses lèvres. En une seconde tout était pardonné: le manque de réponse, l'attente, tout... Clarke se surprit à analyser chaque parcelle de la jeune femme et à la trouver encore plus belle que la veille. Était-ce le blazer? le maquillage? La berline? La façon dont elle se tenait si sûr de soi ? Tout en même temps, Clarke l'ignorait mais elle ne pouvait détacher ses yeux.

- Non ça ira, mon chauffeur est là. Répondit-elle enfin avant de s'approcher de Lexa.

- Je suis vraiment désolée. Commença la brune lorsque Clarke arriva près d'elle. J'ai vu ton message mais j'avais une réunion qui commençait et j'ai dû faire trois magasins de puériculture pour trouver le bon cadeau et je suis passée...

Clarke ne la laissa pas finir elle entoura sa nuque de ses deux bras et se serra contre elle. Lexa en fut surprise et s'arrêta net dans ses explications. De ses deux mains, elle rapprocha la peintre contre elle et prolongea leur étreinte alors que Clarke enfouissait sa tête au creux de son épaule.

- Je suis contente de te voir. Murmura Clarke alors que Lexa la ressert un peu plus contre elle.

- Je suis contente de te voir aussi. Je sais que tu avais prévu de passer la soirée chez-toi mais que dirais-tu de venir chez moi?

Clarke lui sourit et accepta sans avoir besoin d'y réfléchir. Elle monta en premier dans la voiture et salua Dylan joyeusement en se glissant sur la banquette arrière suivit de près par Lexa qui déposa machinalement sa main sur la cuisse de la blonde. Ce geste n'avait rien d'appuyé ou de subjectif il était fait sans arrière-pensée comme un automatisme, mais il représentait en même temps tout ce que Lexa ressentait, l'envie de ne jamais quitter Clarke .

Le trajet dura une bonne vingtaine de minutes. Temps pendant lequel Clarke et Dylan discutèrent gaiement. Lexa ne participa pas, elle les écoutait tranquillement et se laissa bercer par ses sentiment. La réalisation qu'elle était enfin en paix.

Une fois devant l'immeuble, Dylan ouvrit la porte pour les deux femmes et interpela sa patronne.

- Dois-je attendre Mademoiselle Griffin? Murmura-t-il à l'oreille de Lexa

- Vous pouvez prendre votre soirée. Merci Dylan.

Le chauffeur la salua poliment et remonta à bord de sa berline. Alors que la brune rejoignait Clarke dans le hall d'entrée. La blonde l'attendait devant l'ascenseur après avoir salué le réceptionniste. Lexa lui emboita le pas et déposa rapidement sa main autour de la taille de la blonde qui se laissa faire joyeusement.

Aujourd'hui:

- Tu as visiblement repris les devants avec Clarke. Commenta Hanna en prenant quelques note sur son calepin.

- Je crois que j'ai toujours été plus à l'aise dans l'action au final. Je l'ai remarqué pendant ma journée à Polis entre les rendez-vous et les appels. Je dois pouvoir gérer et ne pas attendre que les autres fassent pour moi.

- Et Clarke préfère certainement cela aussi.

- Elle marchait sur des œufs à cette période. En effet ça lui a peut être fait du bien que je m'impose.

- Si je comprends bien lors de cette soirée chacune a repris sa place dans votre couple. Lexa la meneuse et Clarke plus en retrait, plus douce et timide.

- Peut être oui.

Un an et demi plus tôt:

Les deux femmes venaient de dîner sur la terrasse de l'appartement. Un repas simple composé de pâtes à la sauce tomate et d'une salade. Rien de luxueux mais elles l'avaient réalisé ensemble dans une ambiance calme et sereine. Au final Clarke avait plutôt pris place sur un tabouret de bar tandis que Lexa s'affairait devant les fourneaux. La blonde s'occupait de faire la conversation et la brune cuisinait comme si sa vie en dépendait. Une musique de jazz s'échappait du téléphone de la brune et Clarke humait par-dessus la mélodie. Si elle l'avait pu, la blonde aurait voulu que cet instant dure une éternité.

Le repas continua de la même façon, dans le calme, rythmé par des conversations légères. Ce n'est qu'une fois le dessert englouti que la pluie fit son apparition, forçant les deux femmes à rentrer dans l'appartement. Des trombes d'eau déferlaient sur les vitres et alors que Lexa remplissait le lave-vaisselle, Clarke regardait l'orage se déchaîner. Elle avait toujours eu peur de la foudre, les grondements du tonner la faisait sursauté mais ce soir, son cœur ne s'emballait que pour la brune.

Cette dernière s'approcha alors, une fois les assiettes débarrassées, elle tendis à Clarke un verre de rouge et l'entraîna dans le canapé afin de continuer leur conversation.

Lexa se confia alors pour la première fois sur son ressenti après cette première journée au travail. Elle parla de son anxiété lorsqu'elle avait pénétré dans le bâtiments et de son énervement en découvrant que son emploi du temps avait été réduit. Elle se sentait capable de travailler comme avant et personne d'autre ne pouvait gérer Polis aussi bien qu'elle le faisait. Elle n'omit rien de sa journée: la visite à Dylan, le déjeuner avec Phillips qui n'avait eu de cesse de regarder sa poitrine. A cela Clarke cru défaillir, la jalousie la frappa de plein fouet et elle ne pouvait imaginer que quelqu'un d'autre pose les yeux sur sa Lexa... Sa Lexa... cela lui semblait si étrange de penser une telle chose. La principale intéressée remarqua que Clarke était partie loin dans ses pensées et la ramena à elle d'une caresse discrète sur le bras. La peintre reprit ses esprit tandis que la chair de poule envahissait son corps. Elle frotta ses mains le longs de ses bras comme pour se réchauffer et continua de poser des question à la brune pour en apprendre davantage.

Vint ensuite le tour de Clarke de parler de sa journée. Elle avait moins à conter mais Lexa semblait réellement intéressée par tout ce qui pouvait rythmer sa vie. Clarke remarqua le regard de Lexa posé sur elle, elle souriait à pleine dent et semblait admirer chaque parcelle de la jeune femme sans pouvoir se contrôler. Clarke remit une mèche de cheveux derrière son oreille avant de parler.

- Qu'est-ce qu'il y a? Qu'est-ce qui te faire rire comme ça?

- Tu es magnifique.

Clarke fut prise un peu au dépourvu et resta immobile quelques seconde. Lexa le lui avait déjà dit de nombreuses fois par le passé mais ce soir-là elle sentait réellement la portée de ces mots. ils étaient fort et tellement profond. Clarke la regarda une seconde de plus et s'approcha machinalement de son visage. Ses yeux braqués sur les lèvres de la brune elle n'arrivait à s'en détacher. Dans un élan de conscience, elle se stoppa et murmura à bout de souffle.

- Je m'apprête à dépasser les limites Lexa, si tu veux que j'arrête il faut que tu me le dise maintenant.

Mais Lexa ne répliqua rien, elle continuait à fixer la blonde. L'air était lourd et électrique et le temps semblait s'être stoppé. Doucement, Clarke mis fin à la distance qui les séparait et déposa ses lèvres sur celle de Lexa. Pour commencer un peu timide, le baiser devint vite appuyer et les deux femmes retrouvèrent rapidement leur marque. Il put durer une seconde comme une heure aucune des deux ne l'aurait remarqué le monde autour d'elle ne tournait plus et tout s'envolait progressivement.

L'intensité de leur baiser décuplait de seconde en seconde et rapidement, Clarke se retrouva à califourchon sur lexa qui caressait tendrement le bas des reins de son acienne amante. Alors qu'elle commençait à placer le bout de ses doigts en dessous du tissus la sonnerie de son téléphone la fit sursauté. Clarke se recula rapidement et repris sa place sur le côté du canapé. Elle haletait et avait du mal à reprendre ses esprit alors que Lexa décrochait. Elle n'arrivait pas vraiment à entendre quoique ce soit, son esprit était embué et ses oreilles comme bouchées. Elle essayait tant bien mal de reprendre son souffle mais ce n'était pas chose facile.

D'une oreille, elle comprit que la personne au bout du fil était Anya et qu'elle s'inquiétait de ne pas avoir de nouvelle. Au fur et mesure que son esprit revenait sur terre, Clarke capta quelques bribes de la conversation. Lexa racontait un résumé bref de sa journée et du fait qu'elle n'était pas seul ce soir. Aux paroles rassurantes de Lexa, Clarke comprit que sa sœur lui demandait de faire attention. Qui ne l'aurait pas fait objectivement? Lexa avait été si mal qu'elle devait se protéger.

Rapidement l'appel prit fin et Lexa raccrocha. Les deux femmes se regardèrent alors intensément dans le blanc des yeux. Personne n'osait parler et la tension se faisait ressentir.

Soudain, Lexa explosa de rire de fut suivie instantanément par Clarke. L'intensité de cette soirée était forte et leur nerfs craquaient ainsi.

- Je suis désolée. Déclara Clarke en caressant la main que Lexa avait laissé trainé sur la cuisse. C'est pas la meilleure des choses à faire quand on est sensées y aller doucement.

- Est-ce que tu m'as entendu me plaindre? Questionna Lexa

Clarke baissa les yeux nerveusement et fut coupée par les lèvres de la brune qui virent caresser les sienne furtivement. Un rapide baiser du bout des lèvres et quand bien même Lexa désirait étendre leur étreinte, elle n'irait pas plus loin.

- Tu vas me tuer. Soupira Clarke,

- Loin de moi cette idée.

Clarke jeta un rapide coup d'œil à l'horloge et réalisa l'heure avancé qu'il était.

- Je devrais y aller. Il est tard.

- Dylan a sa soirée et il est hors de question que tu prennes le métro à une heure pareille, tu es forcée et contrainte de dormir ici

- Ca s'apparente à du kidnapping ce que tu fais.

- Lors d'un kidnapping, il est rare que la victime soit consentante.

- Lexa je ne peux pas rester ici pour la nuit. Honnêtement ça serait trop dur pour moi, je ne pense pas pouvoir me contrôler.

- J'ai une chambre d'amis, et je ne te demande rien d'accord. Il ne se passera rien.

Après avoir analysé toutes les solutions qui s'offraient à elle, Clarke finit par accepter cette solution. Elle suivit Lexa jusqu'à sa chambre s'ami et accepta le pyjama qui lui était proposé. Rapidement elle fit le tour de la décoration. Une chambre simple sans vrai âme. Quelques tableaux aux murs, une parure de lit en soie violette, un tapis au long poils noir. Rien là-dedans ne correspondait ni Clarke ni à Lexa. La brune laissa Clarke se préparer après l'avoir embrassée sur la joue en lui souhaitant bonne nuit. Leur au revoir dura dans le temps sans pour autant qu'elles parlent. Lexa trouva finalement le courage de s'en aller et laissa Clarke seule dans la chambre.

La blonde utilisa la salle de bain attenante afin de se préparer, elle revêtit le pyjama et se brossa les dents avant de passer un rapide coup de brosse dans ses cheveux. Elle se glissa enfin dans les draps froid. Tournant et retournant dans le lit, la peintre ne trouvait pas le sommeil. Était-ce le fait de savoir Lexa à côté? Ou d'être loin de chez-elle? Ou simplement les souvenir de cette tendre soirée qui défilaient dans son esprit.

D'un bras, elle saisit le téléphone posé sur la table de nuit, elle fouilla dans sa galerie et tomba rapidement sur la photo qu'elle avait prise d'elle et Lexa lors de leur soirée à Broadway. Elle la contempla durant de longue minutes, retraçant les contours de la brune, se rappelant de chaque détails et rêvant qu'une nouvelle soirée comme celle-ci les attendrait bientôt.

S'en était trop pour Clarke, elle ne pouvait plus tenir ainsi, elle ne pouvait pas rester loin de Lexa. Cette soirée l'avait prouvé, elle avait besoin d'elle, besoin d'être dans ses bras, besoin de ressentir chaque émotion qui la transperçait.

Elle se jeta en dehors du lit et couru presque à sa porte. Lorsqu'elle l'ouvrit, elle se retrouva nez à nez avec la brune qui tenait son bras levé comme pour toquer à la porte. Les deux se dévisagèrent un instant, surprise de se trouver dans une telle situation. Ni Clarke ni Lexa n'osa bouger durant quelques secondes. Une nouvelle intensité les frappait comme plus tôt avant l'appel d'Anya mais cette fois-ci se fut Lexa qui prit les devants. Le baiser fut passionné immédiatement et leur deux corps n'auraient pu être plus serrés. Lexa attrapa Clarke par la taille et la poussa à pénétrer dans la chambre sans casser ne serait-ce qu'une seconde leur étreinte.

Aujourd'hui:

- Et...? Demanda Hanna qui avait baissé son calepin.

- Et...? Répéta Lexa en souriant.

- Et bien qu'est-ce qu'il s'est passé ensuite? Pressa la femme.

- Tu es ma psy ou tu cherches juste les détails croustillants?

- Techniquement tu ne me paye pas, je ne suis donc pas ta psy et j'ai donc le droit à tous les détails que je veux!

Lexa ne put s'empêcher de pouffer timidement

- Il ne s'est rien passé de plus. On a passé la nuit à s'embrasser mais on n'est pas allé plus loin.

- Petite joueuse. Taquina Hanna en faisant mise de noter.

- Tu dis ça à tous tes patients?

- Une fois de plus, tu n'es pas ma patiente.

Un nouveau silence s'installa pendant lequel Lexa réfléchit à ses émotions. Elle repensa à cette nuit-là. A ce qu'elle avait ressenti, aux douces caresses de Clarke qui étaient pourtant restées chaste. A leur conversation au petit matin entre deux baisers et à tout ce qui avait entouré ce moment privilégier. Lexa reprit alors le cours de la conversation.

- Je crois que c'est à partir de ce moment-là que je me suis sentie entière pour la première fois de ma vie. J'avais tout, mes relations avec Anya étaient enfin ce qu'elles devaient être, mon père était dans un établissement qui correspondait à son état je n'avais plus à me faire du soucis jour et nuit pour lui, j'avais retrouvé mon frère et ma vie sentimentale prenait un nouveau chemin. Je quittais le champs de bataille qu'avait été ma vie avant cela.

- Et si on continuait de parler de cette période? Je pense que ça te ferai du bien de te souvenir des bon moments.

- Tout ce qui accompagne Clarke est un magnifique souvenir. Pour tous te les raconter il me faudrait des mois.

- Alors que dirais-tu d'aller nous coucher et demain matin on reprendra cette conversation.

Lexa hocha de la tête et se leva du canapé. Elle se sentait vidée, épuisée et pour une fois la nuit ne l'inquiétait pas. Alors qu'elle tournait le dos à Hanna cette dernière s'arrêta en chemin avant de quitter la pièce.

- Lexa, tu as beaucoup de lumière dans ta vie, ne laisse pas les nuages t'empêcher de la voir.

La brune retenait ses larme et ne répondit rien. Elle ne retourna même pas pour faire face à Hanna. Ses yeux étaient plongés à travers la baie vitrée comme plus tôt dans la soirée. Elle se perdait dans ses pensées. Soudain elle saisit son téléphone et appuya sur le bouton d'allumage afin d'observer la photo de son fond d'écran. Un cliché simple sans fioriture. Clarke se tenait dans ses bras souriant à pleines dents tandis que Lexa, la tête au-dessus de son épaule ne regardait pas l'objectif . Son regard était tourné vers le visage de sa compagne, elle souriait elle aussi mais bien plus tendrement.

Après de longs instants, Lexa déverrouilla enfin l'appareils et ouvrit son application de messages, elle ne prit pas la peine de lire les nombreux SMS en attente. Tout cela lui importait peu. Elle ouvrit directement la conversation de Clarke et fit défilé les nombreux messages de la blonde resté jusque-là sans réponse. Elle lui disait qu'elle s'inquiétait, lui demandait où elle se trouvait, la suppliait de répondre à ses appels. Mais Lexa n'en avait jamais trouvé le courage. Elle relut le dernier en date qui avait été envoyé 3 jours plus tôt:

"Hanna m'a appelé, prends le temps qu'il te faut, je serai là à ton retour"

Elle tapota alors rapidement sur son clavier et envoya son message qu'elle relu.

" Tu es ma lumière Clarke, j'essaye d'aller mieux pour nous, merci pour tout ce que tu fais"

Clarke pénétra dans l'entrée de la maison, elle referma son parapluie trempé et détacha le Golden Retriever qui se secoua de tout son corps arrosant tout sur son passage. Le chien lui sauta dessus attendant son gâteau de fin de promenade impatiemment mais la jeune femme n'accéléra pas le pas pour autant. La journée avait été longue et angoissante comme toutes celle qui l'avaient précédée depuis plus de trois mois. Elle se contenta de lui caresser le haut de sa tête mouillée et enleva ses baskets. Clarke se rendit alors dans la cuisine et sortit d'une boîte métallique le fameux gâteau. Après une nouvelle caresse elle s'affala sur le canapé dans un râlement d'exaspération. Elle ne prit pas la peine d'allumer la télévision et se couvrit simplement du plaid qui traînait au-dessus de l'accoudoir. Alors que le Golden venait se coucher au pied du canapé, elle entendit son téléphone sonner. Comme à chaque fois elle sursauta et s'empressa de le déverrouillé. Mais pour la première fois depuis des jours, elle ne fut pas déçue de découvrir le message. "Tu es ma lumière Clarke, j'essaye d'aller mieux pour nous, merci pour tout ce que tu fais". Son cœur se serra dans poitrine et une larme perla sur sa joue depuis le temps qu'elle attendait une réponse elle ne pouvait pas être plus soulagée. "j'essaye d'aller mieux" une phrase remplie d'espoir que Clarke prenait comme une victoire.

Elle hésita quelques secondes. Devait-elle répondre? Hanna lui avait dit de lui laisser du temps. Mais elle ne pouvait pas rester muette et se laissa aller à ce que son cœur lui hurlait.

"Je t'aime" Répondit-elle tout simplement avant de relire encore et encore les quelques mots de Lexa.

"Je t'aime aussi" Reçu-t-elle quelques seconde après et enfin elle put s'endormir sans pleureur pour la première fois en trois mois.