Écrit par HateWeasel
20. Clementine.
Le samedi après-midi était arrivé et Ciel était très occupé. Du travail ? Non. Le petit Phantomhive prévoyait d'emmener Alois en ville. Après tout, il ne l'avait pas encore vraiment vu en personne, et rouler en voiture ne comptait pas réellement pour les standards du garçon. Ciel comptait emmener son ami au cinéma, peut-être iraient-ils faire les magasins, manger et finir par faire un tour dans L'Œil de Londres, comme il lui avait promis.
Une minute, cela commence à ressembler à un...
- Jeune maître, l'apparition soudaine de Sebastian fit sursauter le pauvre garçon.
- Dois-je aller réveiller Alois ? Si nous ne nous préparons pas tôt, nous n'aurons pas assez de temps pour tout faire.
- Je sais. Je vais aller le réveiller, dit le garçon, essayant d'oublier ce qui lui été passé par la tête.
- N'êtes-vous pas occupé ?
Ciel s'arrêta un moment alors qu'il quittait la pièce.
- Pas vraiment. Tu devrais préparer la voiture.
- Yes, My Lord.
Le garçon aux cheveux ardoise marcha le long du couloir jusqu'à la chambre d'Alois, l'ancienne chambre d'ami. C'était une large pièce, mais certainement pas autant que celle du maître des lieux. Elle était décorée de divers pourpre que le blond aimait tellement. Il y avait un bureau pour lui permettre de faire ses devoirs (s'il faisait ses devoirs) et sur ledit bureau se trouvait un vieil ordinateur que Ciel comptait jeter. Il y avait également un grand lit avec beaucoup d'oreillers dispersés à sa surface, et parmi eux se trouvait le blond.
Alois était toujours endormi. Contrairement aux deux autres démons de la demeure qui considéraient cela comme un luxe, il avait besoin de sommeil. Il n'était pas encore un démon à part entière, mais c'est une histoire pour une autre fois.
Le blond était allongé dans son pyjama, un t-shirt pourpre tâché et un boxer avec le logo de Batman à l'arrière, cajolant l'un de ses nombreux oreillers. Il avait l'air mignon. Oui, « mignon », il n'y avait pas d'autre mot pour décrire le garçon à cet instant. Ciel pensait souvent qu'Alois ressemblait parfois à un petit golden retriever. Il n'était pas vraiment sûr de savoir pourquoi.
- Alois, réveille-toi, dit-il en secouant légèrement le blond.
En réponse, le garçon blond à moitié endormi chassa la main de l'autre garçon, avant de reprendre son câlin avec son oreiller. Cela agaça Ciel.
- Alois, réveille-toi, dit-il un peu plus fort, mais le blond poussa simplement un gémissement et chassa à nouveau la main.
Ciel eut une idée. Il alla au bout du lit, et saisit la couette. D'un mouvement rapide, la couverture partit, laissant le blond à découvert et sans défense face à l'air froid du matin.
- Nnnn... Enfoiré... dit-il, essayant de se couvrir avec un oreiller.
- C'est tout ce que tu mérites. Maintenant lève-toi et va t'habiller.
Alois roula jusqu'à l'un des bords du lit avant de s'asseoir, et d'abandonner son précieux coin de repos. Il se dirigea faiblement vers l'armoire et prit des vêtements.
- Alors ?
- « Alors » quoi ?
- Tu vas sortir, ou tu veux un spectacle ?
Le garçon aux cheveux ardoise rougit et se retourna pour quitter la pièce.
- J'étais sur le point de partir! déclara-t-il, et après cela, la porte claqua.
Alois gloussa et commença à se préparer convenablement.
Il est si mignon, pensa-t-il.
Il avait choisi une sorte de chemise-plastron punk/rock à manches courtes et une cravate avec des crânes garnie d'épingles à nourrice, portée sans soin, et un slim noir (étant donné que ses shorts n'étaient pas adaptés aux froid). Puis il sortit.
- Alors nous nous rencontrons à nouveau, Sir Phantomhive !
- Arrête de faire l'idiot, nous allons en ville.
- Ooh ! Pour quoi ?
- Pour jouer.
Entendre Ciel utiliser le mot « jouer » était à la fois excitant et effrayant, puisqu'il n'était utilisé que dans un sens sadique, alors Alois s'attendait à voir quelques cadavres.
- Jouer comment ? demanda-t-il, pour être sûr.
- Es-tu déjà aller au cinéma ?
Le blond se mit à danser. Il faisait fréquemment cela lorsqu'il était excité. Surtout en public, où il serait réprimandé pour avoir embarrassé son ami plutôt sérieux. Il ne voyait pas pourquoi c'était aussi embarrassant. Peut-être que si Ciel savait lui-même danser, ce le serait moins, il assumerait. Peut-être qu'il lui apprendrait un de ces jours. Alois était un assez bon danseur, vous savez.
La paume du plus petit des garçons rencontra son front. Ceci arrivait aussi fréquemment que la danse d'Alois, si ce n'est plus souvent.
- Mets juste ton manteau et ton écharpe puis va dans la voiture.
- Oui oui, Capt'aine.
Ils se rendirent en ville, Alois était émerveillé par les lumières, et Ciel regardait à travers la fenêtre, comme d'habitude. Alors qu'ils se rapprochaient du cinéma, le blond posa la question qui l'embêtait depuis un moment :
- Nous n'allons pas voir un... Film d'horreur, n'est-ce pas ? dit-il avec une once de nervosité.
- Je ne sais pas, tu choisis.
- Vraiment ?!
Ciel se tourna pour faire face à son ami.
- Oui, et la prochaine fois, je choisirai. Et tu devras regarder jusqu'à la fin.
Le garçon insista sur les mots-clés, juste pour effrayer Alois. C'était si amusant de lui faire peur. Le visage du blond était inestimable lorsqu'il sursautait et criait devant un film d'horreur.
- Tu... Tu te moques juste de moi ! dit le blond, à moitié incertain de savoir s'il avait faux ou non.
- Tu n'es pas drôle... dit Ciel.
Le blond posa dramatiquement, et accompagna ses mots de sarcasme.
- Je sais, je suis simplement ennuyeux ! Si seulement je me soumettais volontairement à la terreur ! Mais hélas, je suis mort.
- Tu veux dire mort-vivant.
- Je suis un zombie ?!
La voiture s'arrêta devant le cinéma. Ciel roula de l'œil et sortit de la voiture alors que son ami en faisait de même.
- Je t'appellerai lorsque nous serons prêts à rentrer, Sebastian.
- Très bien. Amusez-vous bien, mon jeune maître, dit l'homme derrière le volant avant de partir.
Il comptait se rendre à l'animalerie sur le chemin du retour pour jouer avec des chatons, mais cela n'avait rien avoir avec nos garçons.
- Alors, qu'allons-nous voir, blondinet ?
- Hmmm...
Alois avait pris sa position de réflexion, fronçant les sourcils, frottant son menton avec son index, et plaçant sa main libre sur sa hanche.
- « Les Mondes De Ralph » à l'air pas mal.
Alois aimait les jeux vidéo. Pour le blond qui avait toujours voulu voyager dans d'étranges terres et partir en aventure, ils étaient fantastiques. On pouvait sauver des villages, combattre des monstres, et toutes sortes de choses, depuis son salon. Il en avait encore plus appris sur les jeux après avoir appris comment utiliser Internet, mais ne me faites pas commencer sur le blond et Internet.
- Ça m'a l'air bien, il se tourna vers la dame dans la billetterie, deux billets pour Les Mondes De Ralph, s'il vous plaît.
- Très bien, préférez-vous en normal ou en 3D ?
Ciel sourit, et jeta un œil au blond à l'air confus.
- 3D.
- Très bien, voici vos billets et lunettes. Bonne séance !
Ciel et Alois entrèrent dans le cinéma. C'était assez spacieux, presque comme le manoir de Ciel, sauf qu'il y avait plus de gens, et un snack bar, que les garçons assaillirent rapidement. Alois se tira de son émerveillement assez longtemps pour demander :
- Qu'est-ce que c'est «3D»?
Le bleuté regarda le garçon avec un petit sourire.
- Lorsque nous irons dans la salle avec la « télé géante », mets les lunettes que la dame t'a donnée et tu verras.
Il s'assura de vanter ceci de cette façon, pour que le blond technologiquement défié puisse comprendre, et garder la surprise. La manière dont le visage d'Alois s'illuminait lorsqu'il trouvait quelque chose qui « l'emballait » était simplement mignonne.
Le garçon Phantomhive fronça les sourcils.
« Mignonne » ? Pourquoi est-ce que je continue à le trouver « mignon » ? pensa-t-il.
Ses pensées furent brisées par son ami qui attrapa son épaule.
- Ciel ! Ce n'est pas là que va être jouer le film ? demanda-t-il, montrant du doigt une porte avec un panneau lumineux au-dessus, qui affichait le nom du film qu'ils désiraient voir.
Il était quasiment passé à côté.
- Oh, oui. Je ne l'avais pas vu, murmura-t-il.
Son ami blond couvrit son propre œil et dit d'un ton moqueur et de sa meilleure voix de pirate :
- Aaargh ! Devrions-nous aller voir ce film, alors ? Yar...
- Je peux aussi voir avec mon cache-œil ! dit d'un ton brusque l'adolescent aux cheveux ardoise tout en poussant l'autre garçon dans la salle.
- Alors pourquoi l'enlèves-tu ?
- ... Les lunettes 3D ne marcheront pas avec...
- Hah !
Le garçon blond se tourna pour voir l'écran géant devant lui. Il était sans voix devant sa grandeur. C'était comme la plus grande télé dans l'histoire des télés ! Alois n'avait jamais vu une telle chose. Ciel dût le traîner vers une place et le faire s'asseoir, il était si fasciné par l'objet.
- Lunettes, instruit son compagnon, et l'adolescent mit rapidement ses lunettes 3D.
- Whoa...
Ce fut tout ce que le garçon put dire. Même les pubs avant le film étaient en 3D. Il enleva ses lunettes, et les remit, expérimentalement. Il étendit son bras pour essayer de toucher les images qui l'atteignaient. Puis, le film commença.
- WHOAH !
- Sssssh !
Un groupe de personnes plus âgées le fit taire, sifflant comme un groupe de serpents. Alois s'en fichait. Il était trop occupé à regarder ce merveilleux monde nouveau apparaissant devant lui. Ses yeux brillaient et son sourire ne faisait que s'élargir. Lorsqu'un personnage ou spécialement un méchant l'atteignait soudainement, il se baissait pour éviter d'être frappé et criait. En résultat, les serpents sifflaient à nouveau.
Ciel était amusé, rigolant plus de lui que du film. Le blond était beaucoup plus divertissant. Chaque fois que la tension se renforçait à l'écran, il regardait Alois, qui s'accrochait à chaque mot avec une expression concernée. Mignon...
Fais chier, encore ce mot...
Il se reprit encore. Il ne devrait pas penser cela à propos d'Alois, ils étaient tous les deux des garçons ! Mais chaque fois qu'il voyait ce visage, c'était le mot qui lui venait à l'esprit. Il ne pouvait rien y faire. Les pensées du garçon revinrent à ce qu'Alois lui avait dit plus tôt cette semaine.
Je ne suis pas gay, je suis bisexuel.
Il réfléchit à nouveau à propos de ces mots. Ciel pensait que les filles étaient jolies, mais peut-être que les garçons pouvaient aussi l'être ? Était-ce vraiment important pour les démons ? Pas seulement ça, les démons passaient-ils par la puberté ?
- Ciel, tu vas bien ? Ton visage est vraiment rouge...
- L'est-il ? demanda-t-il.
- Ouais. Ça va ?
- Oui, je vais bien.
C'était embarrassant. Ne pouvait-il pas penser au blond de cette manière ? Qu'est-ce qu'Alois pensait de lui ? Il ne pensait pas pouvoir vivre pour l'éternité avec quelqu'un qui ne pourrait jamais retourner cette émotion, ni sans cette personne. Quel casse-tête.
- Oh ! Est-ce à cause du baiser vers la fin ? le taquina le blond.
Il était en train de sourire jusqu'aux oreilles.
- Quoi ?! Non !
- Aw, est-ce que Cielinou est toujours inexpérimenté avec ce genre de choses ?
Il riait sottement, à présent.
- Là, là. Ça va, dit-il en tapotant la tête du plus petit garçon.
- Ne me touche pas ! dit le garçon, rougissant en remettant son cache-œil, Si tu n'arrêtes pas, je ne t'emmènerai pas au prochain endroit !
Alois devint immédiatement silencieux. Sa taquinerie s'arrêta. Son tapotement cessa. Son rire se tut.
- Où ?
Un sourire se forma sur le visage de Ciel alors qu'il se levait et étirait ses jambes.
- Je t'ai dit que je t'emmènerai là-bas, pas vrai ?
- La Grande-chose ?!
Il avait l'attention du blond. Alois se leva et regarda l'autre démon avec anticipation.
- Tu veux dire la « Grande Roue », et oui.
L'adolescent blond hurla de joie. Il attrapa rapidement la main de son ami, et tira dessus.
- Eh bien, qu'est-ce qu'on attend ?! Allons-y !
Ciel évita les yeux de l'autre, embarrassé par le contact.
- Bien, allons-y, dit-il, feignant le désintérêt.
Heureusement pour les eux, il connaissait la ville comme sa poche. Ils étaient au Sud de Londres à la tombée de la nuit. Ciel avait espéré que ce serait le cas. Ils auraient la possibilité de voir toutes les lumières de Londres de cette manière, incluant l'illumination de la Roue elle-même. Localisé dans la rive Sud de la Tamise, le monument mesurait environ cent-trente mètres de haut et était à plein régime, rien d'étonnant vu la longueur de la queue pour les billets. Mais, Ciel avait également prévu cela, et avait donc acheté des billets en avance. Se tenir dans une si longue queue avec personne d'autre que le célèbre Alois Trancy aurait très bien pu mal finir ce dernier s'ennuyait trop.
Ils montèrent à bord de la capsule ovale qui les emmènerait au ciel. Il y avait d'autres gens, mais les garçons s'en fichaient. Alois se colla directement contre la vitre, et regarda avec stupéfaction alors qu'ils montaient haut, au-dessus de la ville. Elle brillait comme si elle était en feu, mais ce n'était absolument pas effrayant. Cet enfer était composé de nombreuses couleurs différentes, avec de l'orange, du vert et du bleu. La façon dont les rues brillaient était magnifique, et les fenêtres des immeubles ressemblaient à des lucioles. Tout ceci reflétait l'Œil qui se trouvait près de la rivière, renvoyant la même image comme une toile à l'aquarelle. L'illumination mélangée avec le bleu noirâtre du ciel nocturne donnait une impression presque irréelle. Tout cela semblait si irréel.
La couleur du ciel lui rappelait le bleuté qui l'avait amené ici. Sa chevelure s'y assortissait parfaitement. Ce fut à ce moment qu'il réalisa qu'il tenait toujours la main dudit garçon. Il quitta la magnifique scène pour regarder le garçon, qui profitait aussi de la vue. Il n'avait pas du tout l'air de se préoccuper du contact physique.
Il resserra sa prise sur la main de l'autre garçon pendant un instant, ce qui fut assez pour ramener le garçon aux cheveux ardoise à ses sens. Ce dernier lui rendit son regard, curieux de savoir pourquoi il était observé. La lumière provenant du doux enfer caressait son visage et reflétait son œil visible.
Alois sourit. Il sentait qu'il devait dire quelque chose, pourtant il ne voulait pas ruiner cet instant. Il voulait le graver dans son esprit pour toujours.
Ils étaient comme cette ville, maintenant enveloppée dans le manteau sombre de la nuit. Pourtant il y avait une lumière lumineuse et chaleureuse qu'ils trouvaient en l'un et l'autre qui leur donnait seulement envie de briller encore plus ensemble. Ils n'étaient désormais plus seuls.
- Ciel, ta main est chaleureuse.
