Écrit par HateWeasel
31. Les Fantômes Existent !
Daniel et Kristopherson appelèrent les autres garçons par les talkies-walkies pour qu'ils voient cela. Le garçon du tableau avait une ressemblance frappante avec Alois, de ses traits faciaux à ses goûts vestimentaires particuliers.
- Vous voyez ? Exactement comme lui. Mini-short et tout ! dit Daniel.
- Je me demande s'il s'est fait arrêter. C'était très mal vu de s'habiller comme cela à cette époque, songea Preston.
- Qu'est-ce que tu en sais ? Ta famille était toujours en Inde à l'époque Victorienne ! dit Kristopherson dans une tentative de rabaisser le garçon.
Le garçon soupira d'exaspération.
- Va chier, Kris.
- C'est Kristopherson !
- Peu importe.
Alois fixa le tableau pendant un bon moment sans rien dire. Il observa son reflet, se demandant qui il était. Était-il vraiment le sale petit garçon à l'air mauvais de la peinture. Il regarda son compagnon bleuté avec un regard interrogateur.
En réponse, l'autre garçon haussa les épaules. Il ne savait vraiment pas quoi dire. Il se souvenait qu'Alois avait été sa Némésis, son grand rival. Il était si différent à présent, que l'adolescent borgne était à court de mots.
Cela dit, la peinture lui donnait une idée. Une idée de comment ils pourraient gagner cette stupide compétition. Mais il devrait attendre jusqu'à ce que les autres partent pour en faire part à son ami blond.
- Ça a beau être fascinant, nous devrions un peu plus explorer le manoir, dit-il.
- Ouais ! Nous pourrions réussir à en trouver plus sur ce mec ! Allez, Kris !
- C'est Kristopherson ! cria le faux-blond tout en suivant l'aventureux fils de politicien.
- Nous devrions probablement aussi y aller, Travis. Je veux aussi en savoir plus !
Preston n'avait jamais été si excité dans sa vie.
- Ouais.
Soudainement, les deux démons étaient seuls à nouveau. Les autres étaient partis pour en découvrir plus sur le mystérieux garçon. Seulement, il n'en était pas un. Ce n'était pas une coïncidence s'il y avait une forte ressemblance entre lui et le blond se tenant ici aujourd'hui.
- Et maintenant ? demanda-t-il.
Le bleuté marqua une pause.
- Nous pouvons nous en servir.
- Quoi ?
- Maintenant ils savent que cet Alois Trancy a existé. Avec juste un peu de pouvoir démoniaque, nous pouvons nous en servir pour leur donner la peur de leur vie.
Le blond reprit du poil de la bête à cette idée.
- C'est quoi le plan ? demanda-t-il avec un grand sourire.
- Nous leur montrons les souvenirs.
-Et comme ça, tu m'as perdu.
Ciel secoua la tête.
- Ça veut dire ce que j'ai dis. Nous allons dans une pièce, et je m'arrange pour qu'elle montre un flash-back lorsque quelqu'un y entre.
Alois resta silencieux un moment, assimilant ces informations. Il n'était pas sûr d'aimer ce plan. Après tout, il y avait de terribles souvenirs cachés dans cette maison.
- Tu n'as pas à le faire, dit soudainement le bleuté, ramenant le blond à la réalité. Nous pouvons trouver un autre moyen, bien sûr. C'était juste une idée.
Le garçon blond regarda son ami pendant un instant. Réfléchissant à ce qu'il venait juste de dire. Ciel était dur, froid, et désintéressé à l'extérieur, mais à un autre niveau, attentionné. Presque gentil, même. Alois ne pouvait, évidemment, pas dire non à ce garçon.
- Très bien, mais rien... D'extrême, d'accord ?
- Naturellement, répondit le bleuté avec son habituel petit sourire gêné.
C'était lorsqu'il souriait de cette manière, que vous saviez qu'il était sincère.
- Quelle est la pièce la plus proche où ils seront obligés d'aller ?
- La Salle à manger. On commence là ?
- Bien sûr.
Les garçons lancèrent alors leur plan. Ils disposèrent avec soin leurs cercles diaboliques aux entrées et sorties de ces pièces, et mirent un souvenir. Ciel dessinait le cercle, Alois fournissait un souvenir, Ciel dessinait le cercle, et Alois fournissait un souvenir. Ils continuèrent tandis que leurs amis cherchaient dans la demeure des détails à propos du garçon du tableau. Environ une demi-heure était passée, et le groupe constitué de Daniel et Kristopherson s'approchait de la salle à manger.
- Je ne peux pas croire qu'on ait absolument rien trouvé ! se lamenta Daniel.
- Ferme-la ! J'ai conseillé d'aller dans ce qui ressemblait à la salle d'archives, mais non, « les livres c'est trop ennuyeux ! » Ça ne t'es jamais arrivé de penser que peut-être il y avait un journal ou autre chose là-bas qui pourrait nous en dire plus ?
Kristopherson n'était pas content. Cela faisait une heure et demie depuis qu'ils étaient entrés dans ce manoir, et tout ce qu'ils avaient trouvés, c'était de la terre, de la poussière, et des araignées. Quelle aventure c'était.
- J'espérais voir un fantôme ou autre chose.
- Oh, je t'en prie ! Les fantômes n'existent pas !
Après avoir dit cela, ils entrèrent dans la salle à manger. En y entrant, ils jurèrent qu'elle semblait aussi sale et miteuse que les autres pièces, mais maintenant, en se tenant à l'intérieur, elle avait l'air comme neuve.
- Mais que se passe-t-il ?! chuchota Kristopherson.
La voix du garçon portait plus qu'une once de panique.
- Je ne sais pas ! dit Daniel dans un ton similaire. Attends, qu'est-ce que c'est que ça ?
Le garçon pointa du doigt un garçon assis au bout d'une table, ayant l'air de prendre son petit-déjeuner. Le garçon était blond avec les cheveux balayés vers la gauche, il portait une chemise, un veston vert avec un col noir ainsi que des rayures noires qui chacune descendaient ou montaient, peu importe comment vous regardiez les lignes verticales. Le grand nœud autour de son cou était également noir, comme son short et ses bas. Ce n'était nul autre que le garçon du tableau.
Cependant, il y avait une autre personne dans la pièce. Une servante avec de longs cheveux argentés, et une peau mate se tenait au côté du garçon tandis qu'il jouait avec sa nourriture. Les deux explorateurs n'avaient aucune idée de qui elle était, mais s'accordaient sur le fait qu'elle était magnifique.
Soudain, le garçon parla.
- Hannah.
Il sembla ne pas remarquer les visiteurs.
- Crois-tu qu'il existe une chose plus vulnérable qu'un œuf au plat ? La coquille est brisée, et l'œuf est mis à nu, il est exposé, sans défense, à la vue de tous. Il n'a pas d'yeux, pas d'entrailles, ni d'ailes pour échapper à son destin.
Il transperça le jaune d'œuf avec ses couverts, et il se répandit sur son assiette.
- Je le frôle à peine de mon couteau qu'il se vide de sa substance, dit le garçon en regardant la femme, qui semblait répondre au nom de « Hannah ».
Elle ne lui rendit pas son regard.
Le fantôme regarda à nouveau son repas, jouant avec ses couverts. Il toucha le bout de son verre avec son couteau, le renversant exprès. Le liquide rouge-violacé souilla aussi bien la nappe que les vêtements du garçon.
- Hannah.
La servante jeta un coup d'œil au garçon, et voyant le désordre, accourut pour le nettoyer. Soudain, le garçon poussa un glapissement, suivit d'un cri. Cela attira l'attention de la femme. Elle leva les yeux vers le jeune maître pour voir quel était le problème, ayant un contact visuel avec le garçon.
Sa bouche se tordit en un sourire narquois, et il gloussa.
- Tu es plus pitoyable que cet œuf au plat.
Le visage du garçon sembla dérangé alors qu'il étendit ses doigts vers la femme. Il ne toucha pas simplement le visage de la femme. Oh, non. Le garçon enfonça ses doigts dans le globe oculaire de la femme, arrachant l'organe et lui dérobant la vue de son côté gauche.
Daniel et Kristopherson regardaient avec horreur la scène, alors que le garçon continuait à sourire. Daniel essaya d'accourir vers le garçon pour l'arrêter.
- Arrête ! cria-t-il, parvenant à attraper l'épaule brouillée de l'enfant pour le forcer à cesser.
À sa surprise, sa main passa à travers le garçon. Il ne pouvait pas l'arrêter. Il n'était pas vraiment là.
Apparemment « l'esprit » n'en tint pas compte, puisqu'il continua à jouer le souvenir.
- As-tu oublié ce que Claude t'a dit ? Une servante ne doit jamais regarder son Maître dans les yeux.
La pauvre femme poussa un gémissement tandis que le garçon continua.
- Désolé, Hannah, dit le garçon, détournant le regard avec une expression feignant le regret, presque comme s'il était désolé. Mais tu connais Claude, si je ne te punis pas comme il faut, il me le reprochera.
Il retira ses doigts et permit à la femme de tomber au sol. Elle ne cria pas, ne pleura pas. Elle s'accroupit juste, serrant la source de son agonie.
Puis, tout disparu. Le garçon et la servante disparurent et la pièce bleue revint à son état normal, avec le papier peint qui se décollait, la poussière et la crasse, ainsi que les araignées. Oh, les araignées.
Kristopherson et Daniel ne pouvaient pas le supporter. Ils crièrent de terreur et coururent vers la sortie. Ils coururent aussi vite que leurs jambes pouvaient les porter, trébuchant occasionnellement sur des décombres. Tournant à un coin, Kristopherson tomba en arrière après avoir heurté un visage familier.
- Ow ! Regarde où tu vas ! cria le garçon blond, alors qu'il se levait, en se frottant le postérieur, désormais douloureux à cause du contact avec le sol.
Il regarda l'autre garçon, assis là où il avait atterri, sans voix, comme le garçon derrière lui.
- Quoi ? On dirait que vous avez vu un fantôme ! dit-il avec un sourire narquois.
La terreur des deux autres fut ranimée alors qu'ils prirent leurs jambes à leur cou et fuirent du manoir. Ils s'arrêtèrent aux portes pour appeler leurs camarades.
- Un fantôme ? répéta Ciel, son oreille sur le talkie-walkie. C'est ridicule, les fantômes n'existent pas.
- Mais nous l'avons vu ! hurla la voix paniquée à l'autre bout. Dans la salle à manger ! Le gamin de la peinture arrachait l'œil d'une dame !
- Tu imagines des choses, leur assura Ciel tout en lançant un regard à son ami blond. C'est impossible.
- Mais c'était le cas ! C'était réel ! insista Kristopherson.
- Peu importe. Mais ne râle pas lundi lorsque tu devras être un esclave.
Et c'est ainsi qu'il éteint l'appareil et le remit dans sa poche.
- Quoi ? demanda Alois, répondant au regard que lui donnait Ciel.
- L'œil de ta servante, vraiment ?
Le blond haussa les épaules avec une expression coupable.
- J'admets que c'était mal. J'étais une terrible personne.
- Ne le sommes nous pas tous les deux ?
- Toujours.
Pour traduire les dialogues de la scène où Alois arrache l'oeil d'Hannah, j'ai utilisé ceux de la VF, comme Hate avait utilisé ceux de la version Anglaise, je me suis dis que ce serait une bonne idée !
