Écrit par HateWeasel

33. Rentré.

C'était cette nuit, dans le vieux manoir abandonné, qu'un autre groupe de garçons avaient décidés de tester leur courage. Deux garçons étaient sortis et attendaient maintenant les quatre restant. Deux des garçons toujours à l'intérieur se nommaient Preston, et Travis.

Le garçon qui répondait au nom de Preston commençait à être fatigué. Minuit était passé depuis peu à présent, et ce jeu durait bien trop longtemps à son goût. C'était à cette période que la fatigue du garçon commençait à l'affecter. Il criait à chaque craquement du sol et à toutes les ombres étranges. Tout ce que Preston voulait faire en ce moment c'était rentrer.

Crack !

- Eep ! Qu'est-ce que c'était ?! dit-il dans un chuchotement.

Travis était un grand garçon, à l'air dur qui parlait rarement. Il portait un masque d'indifférence qui rivalisait même avec celui de monsieur Phantomhive, cachant sa propre paranoïa.

- Probablement juste le vent, dit-il simplement.

Crack !

– Ça recommence !

Il semblerait que les bruits qui causaient l'angoisse des garçons venaient de derrière eux. Ils s'arrêtèrent et se tournèrent, faisant briller la lampe de poche dans la zone général, essayant de découvrir sa source. Il n'y avait rien. Juste la même moisissure, la terre et le papier peint sale qui se décollait dans le couloir vide.

- Tu vois ? Ce n'était rien, dit Travis, se retournant pour avancer.

- AAAH ! crièrent les deux garçons d'une même voix.

Là, devant eux, se trouvait quelque chose qui n'était pas là auparavant. Un garçon similaire à celui du tableau, et celui avec qui ils étaient arrivés au domaine. Mais ce garçon, était différent de chacun d'eux.

Pour commencer, ce garçon avait des cornes. Une queue aussi, comme celle d'un singe. De longs ongles noirs, et des oreilles pointus. Il portait également un mini-short noir tout comme ses sosies, mais il avait aussi des cuissardes noires, des mitaines noires qui s'arrêtaient au-dessus des coudes, et une chemise noire, sans manches, qui s'arrêtait à sa cage thoracique, exposant son abdomen. Dans sa main, il tenait une épée. Non, ce garçon était très différent. Les deux garçons similaires, du moins Preston et Travis le pensaient, étaient humains.

- Bonsoir, dit-il, montrant ses canines pointus tandis qu'il souriait.

- S-Salut... réussi à dire Travis d'une voix étranglée.

- Alors, comment puis-je vous aider ?

Les deux garçons humains se regardèrent, puis regardèrent de nouveau le démon, de manière douteuse.

- Quoi ?

Le démon jouait avec le bout de la lame d'un air assez ennuyé.

- Vous devez sûrement savoir, dit-il. Après tout, vous avez fait tout ce chemin jusqu'à mon manoir, n'est-ce pas ?

Preston regarda les mains du garçon, puis de nouveau son visage. Il avait l'air de mourir d'envie d'utiliser cette épée sur quelqu'un.

- N-Nous ne savions pas. N-Nous ne s-savions pas que c-c'était votre manoir... dit-il, sa peur apparente.

Le garçon fronça les sourcils et coinça son épée dans le plancher en bois, dans un accès de colère.

- Alors vous pensez qu'il est normal de simplement faire irruption dans les maisons des autres gens comme il vous chante ?!

Ses yeux brillèrent tandis qu'il hurlait.

- Nous sommes désolé ! Nous sommes désolé ! Nous allons partir maintenant ! Nous allons partir maintenant !

- Dix.

- Hein ?

- Vous avez jusqu'à dix. Après ça, je viendrai et vous attraperai.

Il saisit la poignée de la lame une fois de plus.

- Un... commença-t-il, retirant l'arme du sol en bois.

Pris de panique, les deux garçons crièrent, et s'enfuirent. Le démon n'arriva même pas à « deux » avant qu'ils ne soient complètement hors de vue. Le garçon-démon sourit.

- Eh, Ciel, combien de temps penses-tu qu'ils leur faudra pour déguerpir du manoir ? dit-il.

Un autre garçon sortit de l'ombre, avec des cheveux d'un noir bleuâtre maladroit, portant un cache-œil.

- Qui sait ? Je leur donnerais quelques minutes.

- Tu penses qu'ils vont tomber sur le cannibale ?

- J'en doute. Je sens qu'il est dans la direction opposé, dit-il, regardant au-dessus de son épaule.

Le garçon-démon sourit.

- C'est une bonne chose.

- Alois...

- Ouais ?

- Reprends ta forme humaine.

Pour le bleuté, l'apparence actuel du blond était trop dur à supporter. Ciel pouvait difficilement le regarder sans le reluquer.

Comment la forme démoniaque de quelqu'un peut-elle être si... Révélatrice ? pensa-t-il, cachant son rougissement et détournant le regard.

Alois resta là et observa l'inconfort évident de l'autre garçon, essayant de ne pas sourire. Il adorait la façon dont il était capable de susciter une telle réaction chez son compagnon. Ce n'était pas comme s'il avait choisit cette forme. C'était juste en quelque sorte arrivé.

- Pourquoi ? demanda-t-il, testant ses limites.

Ciel jeta un coup d'œil au blond.

- Parce que... Parce que c'est honteux ! Un homme ayant une apparence si ridicule est absurde ! Sans oublier, ta queue ! C'est malpoli de montrer à un autre démon ta queue ! C'est discourtois ! fulmina l'adolescent aux cheveux ardoise un peu trop fort.

Le démon blond faisait de son mieux pour contenir son rire. Il avait l'impression qu'il allait craquer à n'importe quelle secondes.

- Peu importe, dit-il, se dirigeant vers son ami. Nous devons toujours attraper un lunatique cannibale, tu te souviens ? dit-il, passant à côté de l'autre.

Il s'assura que sa queue frotte le dessous du menton de l'autre garçon.

Ciel la repoussa trop tard. Des frissons avaient déjà parcourus sa colonne vertébrale.

- Change-toi d'abord !

Avec un soupir, le démon blond se soumit, retournant au clown de classe de l'école privée Warwick : Alois Trancy.

- Tu n'es pas drôle. D'ailleurs, je n'aie pas encore vu ta forme de démon, dit-il, jetant un coup d'œil par-dessus son épaule au bleuté d'une manière suggestive.

- C'est parce que contrairement à toi, j'ai un peu plus de tenue, déclara le garçon, essayant encore une fois, de cacher désespérément son rougissement.

- Pfft. Très bien, monsieur vieux jeu, dit le blond en continuant à marcher. Allons nous occupés du mal, mauvais homme.

- Enfoiré.

- Je t'aime aussi, muffin.

Ils s'aventurèrent plus profondément dans le manoir, marchant sur des meubles cassés, et combattant l'envie d'éternuer à cause de toute la poussière dans l'air. Les garçons ne reculèrent devant rien dans la traque de ce monstre. Ils cherchèrent dans la salle d'archives, le quartier des domestiques, le bureau, sans rien trouver. Ils cherchèrent dans toutes les pièces qu'ils trouvaient, toutes vides, sauf pour les araignées et les occasionnels rongeurs. Finalement, ils arrivèrent à la cuisine Trancy. La pièce semblerait silencieuse pour n'importe quelle personne normale, mais ces garçons, ils entendaient une respiration.

Les garçons n'avaient pas besoin de lampes de poches pour voir à travers l'obscurité, étant eux-même des créatures de l'ombre, ils pouvaient très bien prendre cette personne par surprise. Dans la pièce, il y avait un homme à l'air sale couvert de terre de la tête aux pieds cherchant des ressources utilisables. Il avait une longue barbe, des cheveux gras, sales, crasseux, des ongles monstrueux, et un œil aveugle. Cependant, rien de tout cela n'était la caractéristique la plus distinctive que l'homme possédait. Non, ce devait être le collier de doigts humains comme charmes autour de sa gorge.

Silencieusement, les deux prédateurs s'approchèrent. Ils n'allaient pas exactement manger cet homme ou son âme. Non, ils allaient juste le tuer tout au plus. Clairement et simplement. Et ce fut exactement ce qu'ils firent.

Ils attaquèrent de chaque côtés, perçant l'existence de l'homme avec les lames qu'ils avaient à nouveau empruntées à la demeure. Silencieusement, méthodiquement, et froidement.

Il ne sut même pas ce qui était arrivé. Avec un cri de souffrance, il tomba au sol, et resta étalé dans une piscine de son propre sang. Ils s'assurèrent de l'empaler dans la tête, alors il ne souffrirait pas longtemps. C'était leur façon de montrer de la « bonté » envers cet homme.

D'une perspective réaliste, il n'aurait pas été manqué. Triste, mais vrai. C'était bien trop compliqué de devoir le faire sortir de la demeure pour l'arrêter avec les autres devant, qui attendaient. Ciel et Alois savaient tout cela. C'était une dure réalité, mais ces garçons connaissaient les dures réalités, et ne s'attendaient à aucune gentillesse de la part du monde qui les entourait. Cependant, ils savaient qu'ils pouvaient compter l'un sur l'autre, ce qui était réconfortant.

Alors ils quittèrent le bâtiment pour rejoindre les autres. Ils se séparèrent. Leurs parents étaient sûrement inquiets pour eux. Ça devait être bien. Les deux garçons-démons rentrèrent, de retour à Sebastian, de retour au manoir Phantomhive, là où il n'y avait pas d'araignées, pas de rats, ni de sans abris cannibales. Ils avaient gagnés le jeu, et il n'y aurait plus d'enfants qui disparaîtraient sur ce terrain à nouveau.